En Irak, François a réalisé le rêve de Jean Paul II
Que ce soit par ses paroles, les lieux visités ou ses actes, le pape François a semé l’espérance en Irak lors de son déplacement début mars.
Par son voyage en Irak, ces jours-ci, le pape François a semé un message d’espérance et de paix au cœur d’une terre dévastée par la guerre. Il a réalisé le rêve de Jean Paul II en venant dans ce pays affronté à des défis fondamentaux : une tentative d’éradication des plus anciennes communautés de l’histoire du christianisme, et le déchainement d’un terrorisme embrigadé se réclamant de l’Islam.
Des graines de respect, d’unité et d’espérance
S’exprimant à l’intérieur d’une église détruite dans une ville en ruines, puis devant une foule de fidèles pleins d’une joyeuse et douce reconnaissance, le Saint-Père a pu dire en toute clarté qu’ »hostilité, extrémisme et violence sont des trahisons de la religion ». Comme on a pu le constater, il a semé des graines de respect, d’unité et d’espérance, en faveur d’un peuple bafoué depuis des décennies par les puissants et par les violents de ce monde.
François a pu effectuer cette visite au pays d’Abraham sous le signe de la paix fraternelle sans qu’aucune violence ne s’y déchaîne. Il a défini ce pèlerinagesur les pas de l’ancêtre commun des croyants comme « un devoir envers une terre martyrisée depuis tant d’années ». Quelques années auparavant, il était allé en Égypte, autre pays en proie à des persécutions violentes : comme en Irak, il y avait commencé un dialogue avec des autorités religieuses locales issues de la tradition musulmane, en signe de paix, pour s’opposer à la haine et à la guerre.
Avant lui, Jean Paul II et Benoît XVI étaient venus apporter un message de paix comparable au Liban, cet autre pays souche de l’aventure chrétienne sans cesse menacée. Cet autre pays martyr, dans notre monde en flammes, en quête d’un avenir humain.
Le Haut Comité pour la Fraternité humaine salue la visite du Pape en Irak
Le voyage apostolique de François en Irak est un pas important pour promouvoir les valeurs de la fraternité humaine. Le Haut Comité décrit également ce déplacement comme historique et important pour le monde entier.
Vatican News
Dans un communiqué rendu public au lendemain du retour du Pape François au Vatican le Haut Comité pour la Fraternité humaine évoque la rencontre interreligieuse d’Ur lors de laquelle le Saint-Père a appelé à revivifier les valeurs de la fraternité humaine.
Selon Mohamed al-Mahrasawi, président de l’université d’Al-Azhar et membre du Haut Comité, cette visite en Irak fut «un baume sur les blessures du peuple irakien après des années de guerres et de destructions», et agirait comme «un appel à la tolérance et à la convergence des valeurs de citoyenneté et de coexistence entre tous les Irakiens et tous les peuples de la région». C’est aussi selon l’universitaire, «la meilleure réponse aux appels à la haine et à l’extrémisme qui a pris les vies de tant de personnes et déplacé des millions d’innocents».
«Cette visite est une application concrète du Document sur la fraternité et un exemple de ce que la fraternité humaine peut accomplir face aux appels à la division, à la haine et à l’extrémisme», considère pour sa part Mohamed Khalifa al-Mubarak, autre membre du Haut Comité.
Le secrétaire général du comité, le juge Mohamed Adelsalam, souligne quant à lui que «la visite historique du Pape François en Irak a mis en lumière la diversité religieuse et culturelle de l’Irak et de la région et comment cette diversité pouvait être un moyen pour atteindre la paix et la cohésion entre les communautés».
Le Haut Comité prépare une étude sur les résultats de cette visite afin d’en tenir compte dans ses plans et programmes futurs, au bénéfice de tous les Irakiens.
Irak : programme du pape François, dimanche 7 mars 2021
Dans les « stigmates de la guerre »
Au troisième jour du pèlerinage du pape François en Irak, ce dimanche 7 mars 2021, après la journée à Nadjaf et Ur, le pape se rend dans le nord du pays, dans la région autonome du Kurdistan irakien où les chrétiens se sont réfugiés lors de l’avance de daesh et qui est occupé en partie par des troupes turques.
Mais le pape se rendra aussi, en hélicoptère, à Mossoul, épicentre de la tragédie, où l’heure est au retour et à la reconstruction : le pape y priera pour les victimes de la guerre.
En hélicoptère toujours, le pape se rendra ensuite à Qaraqosh « la chrétienne », dans la cathédrale restaurée: une ville défendue par le Kurdes, en 2014, mais tombée aux mains de Daech le 7 août. Elle s’est en une nuit vidée de sa population et 14 églises de la province ont été détruites dont sept remontant aux Ve, VIe et VIIe siècles.
La journée s’achèvera par une messe au stade Franso Hariri d’Erbil, en présence de quelque 10 000 personnes (au lieu de 30 000 selon la capacité du stade).
Plus que jamais le pape met en pratique ce qu’il recommande à toute l’Eglise : être une « Eglise en sortie », aux « périphéries », et un « hôpital de campagne », lui qui vient, comme le disait le président Barham Saleh, vendredi 5 mars 2021 : « avec nous pour soigner nos blessures ». C’est aussi ce dont témoigne Anan Alkass Yousif. C’est « Pierre » qui vient « affermir ses frères ».
L’archevêque chaldéen catholique de Mossoul et Aqra Mgr Najeeb Michaeel, a confié à l’AFP-TV5Monde que le pape François serait accueilli « dans la joie », même si les trois années d’occupation du groupe Etat islamique (EI), à partir de l’été 2014, ont laissé des « stigmates »: « une croix brisée sur la flèche d’une église, un calice ou une icône abîmés exposés dans une vitrine… Autant de preuves gardées en l’état pour « dépasser le passé », en « pardonnant mais sans oublier ».
L’archevêque a lui-même « sauvé des manuscrits anciens des griffes de l’EI dans ce qui fut leur fief en Irak, dans le nord du pays, en les emmenant au Kurdistan, de nuit, sur des pistes accidentées ».
Dimanche 7 mars 2021
BAGDAD – ERBIL – MOSSOUL – QARAQOSH –
ERBIL – BAGDAD
7h15
Départ en avion pour Erbil
8h20
Arrivée à l’aéroport d’Erbil
8h20
Accueil du président de la Région autonome du Kurdistan irakien et des autorités religieuses et civiles à l’aéroport d’Erbil
8h30
Rencontre avec le président et le Premier ministre de la Région autonome dans la Presidential Vip Lounge de l’aéroport d’Erbil
9h
Départ en hélicoptère pour Mossoul
9h35
Arrivée au terrain d’atterrissage à Mossoul
10h
Prière pour les victimes de la guerre sur la place Hosh al-Bieaa (place de l’Eglise) à Mossoul
10h55
Départ en hélicoptère pour per Qaraqosh
11h10
Arrivée au terrain d’atterrissage de Qaraqosh
11h30
Visite à la Communauté de Qaraqosh dans l’église de l’Immaculée Conception à Qaraqosh
Le pape accueilli par une délégation enthousiaste au Kurdistan irakien
Costumes traditionnels, chants et palmes
Des chants, des palmes, des rires… une petite foule d’enfants, de jeunes et d’autorités du Kurdistan irakien, en vêtements traditionnels, ont accueilli le pape François à son arrivée à Erbil, ce 7 mars 2021, troisième jour de son voyage en Irak.
Le pape a pris ce matin l’avion depuis Bagdad, où il réside à la nonciature apostolique, pour se rendre à Erbil à bord d’un avion de la compagnie Iraqi Airways. Il y a atterri aux alentours de 8h20 heure locale (6h20 à Rome), et a été salué sur le tapis rouge par deux enfants qui lui ont offert des fleurs, ainsi que par le président de la région autonome Nechirvan Barzani, et le premier ministre Masrour Barzani.
Autour du tapis rouge, plusieurs centaines de personnes, toutes générations confondues, exprimaient leur enthousiasme à l’arrivée du premier pape sur cette terre, qui plus est durement éprouvée par la guerre. L’archevêque d’Erbil des chaldéens, Mgr Bashar Matti Warda, et l’archevêque d’Erbil des syriens, Mgr Nizar Semaan, étaient également présents.
Dans une salle de l’aéroport, le pape a échangé avec les autorités du Kurdistan irakien, puis a pris un hélicoptère, survolant les terres dévastées et les villages en ruines jusqu’à Mossoul, le long d’une zone sous haute protection militaire. Là, dans les décombres de la ville, il a participé à une prière pour les victimes de la guerre.
Icône de la Salus Populi Romani dans la chapelle Pauline de la Basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.
Le Pape confie son voyage en Irak à la Vierge Marie
Le Pape a confié son pèlerinage de trois jours en Irak à la Vierge Marie, se rendant jeudi 4 mars, veille de son départ, en la Basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.
La veille de son départ pour Bagdad, François s’est rendu à la Basilique de Sainte-Marie-Majeure de Rome pour prier devant l’icône de la Vierge Salus Populi Romani. C’est l’acte de confiance par lequel le Pape «remet» le 33ème voyage apostolique, du 5 au 8 mars, à la gardienne de la Mère du Ciel. Il s’agit d’un rendez-vous traditionnel et habituel auquel le Pape ne renonce jamais, ni avant ni après ses voyages à l’étranger.
Un don de fleurs à Marie
Avant de se recueillir en prière à l’intérieur de la chapelle Pauline où est placée l’icône mariale, le Pape a déposé un bouquet de fleurs sur l’autel, devant l’image sacrée de la Salus populi romani, c’est-à-dire le Salut du peuple romain.
«En pèlerin pénitent»
Le voyage vers cette «terre, antique et extraordinaire berceau de la civilisation» est pour François un pèlerinage pénitent de paix afin «d’implorer du Seigneur le pardon et la réconciliation après des années de guerre et de terrorisme, pour demander à Dieu la consolation des cœurs et la guérison des blessures».
Andrea Tornielli @ Catholic Center For Studies And Media, Jordanie
Irak: « Repartir d’Abraham pour se reconnaître comme frères », par A. Tornielli
« Le voyage raté de Jean-Paul II est resté une plaie ouverte »
« Repartir d’Abraham pour se reconnaître comme frères », titre Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère romain pour la communication, et historien de formation, à l’avant veille du voyage du pape François en Irak (5-8 mars 2021).
*****François se prépare au voyage le plus difficile et le plus important de son pontificat, qui manifestera à la fois la proximité aux chrétiens, le soutien à la reconstruction du pays dévasté par les guerres et par le terrorisme, et une main tendue aux musulmans. Ainsi se réalise le rêve de Jean-Paul II.
Les chrétiens irakiens attendaient le Pape depuis 22 ans. C’est en 1999 que saint Jean-Paul II avait prévu un pèlerinage bref mais significatif à Ur des Chaldéens, première étape du voyage jubilaire vers les lieux du Salut. Il voulait partir d’Abraham, du père commun reconnu par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Beaucoup l’ont déconseillé au vieux pontife polonais, lui demandant de ne pas faire un voyage qui risquerait de renforcer Saddam Hussein, encore au pouvoir après la première guerre du Golfe. Le Pape venu de Cracovie tenait à ce projet, malgré les tentatives de dissuasion, notamment de la part des États-Unis. Mais en fin de compte, ce voyage éclair d’une nature essentiellement religieuse n’a pas été fait à cause de la situation du président irakien.
En 1999, le pays était déjà à genoux en raison de la guerre sanglante contre l’Iran (1980-1988) et des sanctions internationales consécutives à l’invasion du Koweït et à la première guerre du Golfe, mais le nombre de chrétiens en Irak était alors plus de trois fois supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. Le voyage raté de Jean-Paul II est resté une plaie ouverte. Le Pape Wojtyla a élevé la voix contre la deuxième expédition militaire occidentale dans le pays, la guerre éclair de 2003, qui s’est terminée par le renversement du gouvernement de Saddam Hussein.
Lors de l’Angélus du 16 mars 2003, il avait déclaré: «Je voudrais rappeler aux pays membres des Nations-Unies, et en particulier à ceux qui composent le Conseil de sécurité, que le recours à la force représente le dernier recours, après avoir épuisé toute autre solution pacifique, selon les principes bien connus de la Charte des Nations-Unies elle-même». Puis il a livré ce plaidoyer: «J’appartiens à cette génération qui a vécu la Seconde Guerre mondiale et qui a survécu. J’ai le devoir de dire à tous les jeunes, à ceux qui sont plus jeunes que moi, qui n’ont pas fait cette expérience: « Plus jamais la guerre », comme l’a dit Paul VI lors de sa première visite aux Nations unies. Nous devons faire tout ce qui est possible.»
Il n’a pas été entendu par ces «jeunes» qui faisaient la guerre et étaient incapables de construire la paix. L’Irak a été frappé par le terrorisme, avec des attaques, des bombes, des dévastations. Le tissu social s’est désintégré. Et en 2014, le pays a vu la montée de l’État islamique autoproclamé proclamé par Daech, accentuant la dévastation, la persécution, la violence, avec des puissances régionales et internationales engagées dans la lutte sur le sol irakien, avec la multiplication des milices hors de contrôle. La population sans défense, divisée en fonction de ses appartenances ethniques et religieuses, en paie le prix, avec un coût élevé en vies humaines.
En regardant la situation irakienne, on touche du doigt le caractère concret et réaliste des paroles que François a voulu graver dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti: «Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible “guerre juste”. Plus jamais la guerre ! Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal.»
Au cours de ces années, des centaines de milliers de chrétiens ont été contraints d’abandonner leurs foyers et de chercher refuge à l’étranger. Dans une terre de première évangélisation, dont l’ancienne Église a des origines qui remontent à la prédication apostolique, les chrétiens attendent aujourd’hui la visite de François comme une bouffée d’air frais. Depuis quelque temps, le Pape avait annoncé sa volonté d’aller en Irak pour les réconforter, suivant la seule «géopolitique» qui l’émeut, c’est-à-dire celle de manifester la proximité avec ceux qui souffrent et de favoriser, par sa présence, les processus de réconciliation, de reconstruction et de paix.
C’est pourquoi, malgré les risques liés à la pandémie et à la sécurité, et malgré les récents attentats, François a jusqu’à présent maintenu ce rendez-vous à son agenda, déterminé à ne pas décevoir tous les Irakiens qui l’attendent. Le cœur du premier voyage international après 15 mois de blocus forcé dû aux conséquences du Covid-19, sera le rendez-vous à Ur, dans la ville d’où est parti le patriarche Abraham. Une occasion de prier avec les croyants d’autres religions, en particulier les musulmans, pour redécouvrir les raisons de la coexistence entre frères, afin de reconstruire un tissu social au-delà des factions et des groupes ethniques, et de lancer un message au Moyen-Orient et au monde entier.
Poster Du Voyage Du Pape François En Irak (5-8 Mars 2021)
Programme officiel du pèlerinage du pape François en Irak
Bagdad, Nadjaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh…
Voici, jour après jour, le programme du voyage du pape François en Irak (5-8 mars 2021): Bagdad, Nadjaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh.
Le pape présidera pour la première fois dans l’histoire des papes, une messe en rite chaldéen à Bagdad.
Il rencontrera aussi le grand ayatollah chiite Al-Sistani à Nadjaf et il présidera une prière interreligieuse à Ur.
A Mossoul, le pape présidera une prière pour les victimes de la guerre, et à Erbil, une messe au stade, en présence de quelque 10 000 personnes.
AB
Les lieux où le pape François se rendra @ Avvenire.it
Vendredi 5 mars 2021
ROME – BAGDAD
7h30
Départ en avion de l’aéroport international de Rome/Fiumicino pour Bagdad
14h
Arrivée à l’aéroport international de Bagdad
14h
Accueil officiel à l’aéroport international de Bagdad
14h10
Rencontre avec le Premier ministre dans la salle VIP de l’aéroport international de Bagdad
15h
Cérémonie officielle de bienvenue au palais présidentiel à Bagdad
15h15
Visite de courtoisie au président de la République dans le bureau privé du palais présidentiel à Bagdad
15h45
Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique au palais présidentiel à Bagdad
16h40
Rencontre avec les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, les séminaristes et les catéchistes dans la cathédrale syro-catholique Notre-Dame de l’Intercession à Bagdad
Samedi 6 mars 2021
BAGDAD – NADJAF – UR – BAGDAD
7h45
Départ en avion pour Najaf
8h30
Arrivée à l’aéroport de Nadjaf
9h
Visite de courtoisie au grand ayatollah Sayyid Ali Al-Husaymi Al-Sistani à Nadjaf
10h
Départ en avion pour Nassiriya
10h50
Arrivée à l’aéroport de Nassiriya
11h10
Rencontre interreligieuse dans la plaine d’Ur
12h30
Départ en avion pour Bagdad
13h20
Arrivée à l’aéroport international de Bagdad
18h
Messe dans la cathédrale chaldéenne Saint-Joseph à Bagdad
pape François à l’issue de l’audience générale du 03.03.2021
Le Pape demande aux fidèles de prier pour son voyage en Irak
À l’issue de l’audience générale du 3 mars, le Saint-Père a rappelé l’importance du voyage apostolique qu’il entamera vendredi 5 mars, souhaitant que cette visite porte «les fruits espérés».
À deux jours de son départ pour Bagdad, le Pape François a rappelé l’importance de ce voyage apostolique pour le peuple irakien et souhaité être accompagné par la prière de chacun pour que cette visite soit une réussite.
«Après-demain, si Dieu le veut, je partirai en pèlerinage de trois jours en Irak, a t-il confié à l’issue del’audience générale. «Depuis un certain temps, je voulais rencontrer ce peuple qui a tant souffert; rencontrer cette Église martyre sur la terre d’Abraham. Avec les autres chefs religieux, nous ferons également un pas de plus vers la fraternité entre les croyants. Je vous demande d’accompagner de vos prières ce voyage apostolique, afin qu’il se déroule de la meilleure façon possible et porte les fruits espérés».
«Le peuple irakien nous attend, a ajouté le Saint-Père, il attendait Saint Jean-Paul II, à qui l’on a interdit de partir. Nous ne pouvons pas décevoir un peuple pour la deuxième fois. Prions pour que ce voyage se déroule dans de bonnes conditions».
Les cinq choses à savoir sur le voyage du pape François en Irak
Le pape François sera en Irak du 5 au 8 mars. Voici les cinq choses à savoir sur ce voyage symbolique et historique.
Le pape François entame ce vendredi son 33e voyage apostolique hors d’Italie. Il sera le premier successeur de Pierre à fouler le sol de l’Irak, du 5 au 8 mars. Retour en cinq points sur un voyage historique.
1. L’IRAK : LE VOYAGE TANT ESPÉRÉ DE JEAN PAUL II
Le pape François est sur le point de réaliser l’un des rêves que Jean Paul II n’avait pas pu assouvir. Pour le Jubilé de l’an 2000, le pontife polonais prévoyait de se rendre à Ur, à 300 kilomètres au sud de Bagdad, pour se recueillir sur les lieux où Abraham, le Père des croyants, vécut. Pour des raisons sécuritaires et politiques, son vœu n’avait pas pu se réaliser. Un crève-cœur que le pape François a en tête. Début février, à des journalistes américains, il confiait que son prédécesseur avait « pleuré » de ne pas pouvoir fouler le sol de Mésopotamie. Il ajoutait ne pas vouloir décevoir une seconde fois le peuple irakien.
« C’est un grand signe qu’il puisse se rendre dans la patrie d’Abraham vingt ans après ce désir de Jean Paul II », se réjouit Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. « Le site d’Ur est un lieu essentiel de l’Histoire du Salut, un lieu où les trois monothéistes peuvent se reconnaître dans ce qui les unit, c’est à dire, la postérité et la spiritualité d’Abraham. Ce sera l’un des moments forts de ce voyage », souligne celui qui est aussi vicaire général des catholiques orientaux en France.
2. LE PREMIER VOYAGE PAPAL À L’ÈRE DU COVID-19
Mercredi 23 janvier 2019. Le Pape à sa sortie de l’avion.
26 novembre 2019. Le Pape descend de son avion qui le ramène du Japon et de Thaïlande. Personne ne se doute alors que le pontife argentin ne se déplacera plus à l’étranger pendant plus d’un an. La crise du Covid-19, survenue quelques semaines plus tard, a en effet mis à plat tous les projets de visites apostoliques du souverain pontife – des voyages en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie ont par exemple dû être annulés.
Pour le chef de l’Église catholique, la crainte est que sa présence entraîne des déplacements de foule qui favoriseraient la propagation de l’épidémie. « Je ne peux pas, en conscience, provoquer des rassemblements », assurait-il dans un entretien télévisé en janvier dernier. Il y évoquait même la possibilité d’ajourner sa visite en Irak, si la situation sanitaire le demandait.
3. QUINZE HEURES DANS LE CIEL, NEUF VOLS AU PROGRAMME
À 84 ans, le pape François s’apprête à faire un 33e voyage hors d’Italie fatiguant. Récemment diminué par une sciatique douloureuse, le pontife devra monter et descendre à neuf reprises d’un avion ou d’un hélicoptère. Outre les 3.000 kilomètres qu’il devra parcourir pour relier Rome à Bagdad (6.000 km aller-retour), le pontife argentin fera près de 1.500 kilomètres de déplacements à l’intérieur de l’Irak, à chaque fois par les airs. Il voyagera à deux reprises dans un hélicoptère militaire – pour se rendre à Mossoul et à Qaraqosh. En Irak, le vol le plus long durera un peu plus d’une heure (Baghdad – Erbil) ; le plus rapide, entre Mossoul et Qaraqosh, ne durera que vingt minutes. En quatre jours seulement, l’évêque de Rome passera environ quinze heures dans le ciel.
4. DES CONDITIONS SANITAIRES ET SÉCURITAIRES (TRÈS) INCERTAINES
Une épidémie de Covid-19 qui repart à la hausse et des graves incidents sécuritaires… La visite du Pape en Irak s’inscrit dans un contexte pour le moins délicat. « On est loin d’être dans le meilleur des scénarios », glisse un bon connaisseur du pays. Sur la plan sanitaire d’abord, alors que le nombre de contaminations avait atteint un plateau très bas à la mi-janvier, la courbe s’est clairement inversée et inquiète le pouvoir qui a pris des mesures draconiennes (couvre-feu et confinement les vendredis, samedis et dimanches jusqu’à la fin de la visite du Pape, le 8 mars).
Si le Pape vient en Irak, c’est bien parce que le pays souffre.
Sur le plan sécuritaire ensuite, l’attentat suicide en plein cœur de Bagdad le 21 janvier dernier ou bien les attaques aux roquettes survenues à la mi-février dans la région d’Erbil – où doit être célébrée une messe papale dans un stade –, illustrent l’instabilité d’un pays qui connaît le bruit des armes depuis tant d’années. « Le contexte est particulier, certes, mais rappelons que si le Pape vient en Irak, c’est bien parce que le pays souffre », confie le frère Olivier Poquillon, dominicain de Mossoul. « Vous savez, en Orient, quand on veut honorer les gens, on ne les invite pas chez soi mais on va à leur rencontre. C’est exactement ce que le Pape veut faire : venir visiter les membres souffrants de sa famille », poursuit le religieux qui définit ce voyage comme « une visite de compassion ».
5. UNE RENCONTRE HISTORIQUE AU PROGRAMME
L’ayatollah Ali al-Sistani.
La rencontre entre le pape François et l’une des plus hautes autorités chiites au monde sera très certainement l’un des grands moments de la visite papale. Le 6 mars, au lendemain de son arrivée en Irak, le pontife argentin s’entretiendra avec le grand ayatollah al-Sistani, 90 ans, dans sa modeste demeure de Najaf, ville sainte de l’islam chiite qui abrite le mausolée de l’imam Ali.
S’il ne faut pas s’attendre à une déclaration commune à l’issue de la rencontre – comme ce fut le cas entre le Pape et le sunnite al-Tayyeb en 2019 – ce rendez-vous revêt une grande importance. « Pour l’islam chiite devenu minoritaire aujourd’hui, cette rencontre avec le pape François est fondamentale car elle signifie que toute la famille de l’islam est désormais considérée », décrypte le père Christopher Clohessy, docteur à l’Institut Pontifical d’Études Arabes et d’Islamologie, (PISAI). L’éminent spécialiste de l’islam chiite considère que le Pape, par ce geste, « envoie un message aux chiites pour leur dire qu’ils ne sont pas oubliés et leur assure qu’ils font partie intégrante du processus de dialogue et de paix dans le monde ».