Le Pape en Irak: une visite de compassion et de prière

Le Souverain pontife argentin est attendu en Irak du 5 au 8 mars 2021. Le Souverain pontife argentin est attendu en Irak du 5 au 8 mars 2021.   (AFP or licensors)

Le Pape en Irak: une visite de compassion et de prière

Le Pape François est attendu en Irak du 5 au 8 mars prochain. Cette visite, de quatre jours, le mènera à Bagdad, la capitale, dans la plaine d’Ur, à Erbil au Kurdistan Irakien, ainsi qu’à Mossoul et Qaraqosh. Le frère Olivier Poquillon décrit l’importance de ce voyage apostolique pour l’ensemble de la population irakienne.

Entretien réalisé par Hélène Destombes – Cité du Vatican

Jean-Paul II l’avait tant souhaité, François est sur le point de réaliser le premier voyage d’un Pape sur la terre d’Abraham et de Jonas. Le saint-Père, du 5 au 8 mars, rencontrera les différentes communautés qui composent l’Irak, pays exsangue ayant subi, ces dernières années, la guerre et la présence des djihadistes du groupe État islamique.

Tout au long de ce pèlerinage, le Pape ira clamer «Vous êtes tous frères», le thème de ce déplacement, placé sous le signe de la fraternité humaine. Le frère Olivier Poquillon, dominicain à Erbil, évoque «une visite de compassion et de prière» pour retisser des liens,«rebâtir la confiance» et «s’engager dans le dialogue».

Entretien avec frère Olivier Poquillon 

Comment se prépare ce voyage historique?

La préparation de l’événement bat son plein. Nous sommes en train de procéder à l’enregistrement paroisse par paroisse. Les gens vont vers leur paroisse et après se rendent à l’université catholique d’Erbil pour finaliser l’inscription. Il y a évidemment un contrôle assez étroit en termes de sécurité. Tout le monde ne pourra pas participer à la messe avec le Pape mais il y a un très grand engouement dans toutes les communautés que ce soit parmi les Chaldéens, les Syriaques, les Arméniens ou les latins.

Un peu comme lors de chaque voyage du Pape dans un pays, l’on crée des chorales pour l’occasion, on cherche des volontaires pour assurer l’organisation et là il y a un très grand engouement notamment de la part des jeunes. Il ne faut pas oublier que la population est très jeune: 3,5 % de la population a plus de 65 ans, 40%, moins de 14 ans. Les chrétiens aussi, sont une population très jeune, assez enthousiaste, et qui entend bien ne pas rater cet événement unique en 2 000 ans de christianisme.

Que représente cette visite pour les chrétiens, et plus largement, pour l’ensemble de la population irakienne, encore meurtrie par des années de guerre et la présence de Daesh?

La visite du Pape François dans la plaine de Ninive est un événement majeur. En Orient, lorsque l’on veut honorer quelqu’un on ne l’invite pas chez soi, on lui rend visite. Le Pape, donc le chef de l’Église catholique, se rend auprès d’un parent souffrant. Cette visite à Mossoul sera une visite de compassion, de prière, non pas avec un discours politique mais un moment de prière pour les victimes, dans un cadre où aujourd’hui chrétiens et musulmans essaient de travailler ensemble à la reconstruction de trois édifices majeurs de la vieille ville: la grande mosquée, la cathédrale Al-Tahira et le couvent des dominicains.

Décréter l’union entre les religions est une chose, la vivre est une autre. Et je pense que ce que va faire le Pape, c’est se rendre au contact de ces hommes et femmes qui sont engagés ensemble au quotidien pour trouver des solutions aux difficultés vécues au quotidien. Le dialogue interreligieux peut être au niveau politique, au niveau théologique, mais il se situe d’abord au niveau de la fraternité humaine. C’est ce témoignage que le Pape va rendre à Ur sur les traces d’Abraham, et à Ninive, sur les traces de Jonas.

Le Pape va visiter un pays fracturé où il y a une perte de confiance, de capacité de dialogue. Cette présence du saint-Père peut-elle créer des ponts entre les différentes communautés?

Ce voyage du Pape est le premier dans la région, mais il se situe à la suite du voyage à Abou Dhabi et cette Déclaration commune sur la Fraternité humaine avec le Grand Imam d’al-Azar, à la suite du voyage en Égypte et au Maroc, avec cette thématique de passer du statut de minorité à la pleine citoyenneté.

Avant de reconstruire des villes comme Mossoul, Kirkouk ou d’autres qui ont été impactées parfois violemment par les combats de ces dernières décennies, il faut rebâtir la confiance. Et le Pape nous lance deux appels: un appel à la confiance pour les chrétiens et un appel à s’engager dans le dialogue avec nos voisins, aves nos frères qui vivent au quotidien avec nous. Oui, il reste des traces. Évidemment, la confiance ne se décrète pas. Mais je pense que ce que nous faisons, c’est d’essayer de multiplier les occasions d’activités communes, de vie commune, à travers les activités universitaires, mais aussi le déblayage ou la reconstruction.

Les chrétiens en Irak représentent aujourd’hui entre 300 et 400 000 personnes, ils étaient près 1,4 millions en 2003, cette visite du Saint-Père sur leur terre ancestrale peut-elle encourager les retours et éviter d’autres départs?

Cela peut certainement être un encouragement pour ceux qui souhaitent revenir. Nous sommes contactés assez régulièrement par des jeunes qui souhaitent revenir mais ici il n’y a pas que les chrétiens qui souhaitent partir. Beaucoup de jeunes de la région, quasiment tous les jeunes -je pense à mes anciens étudiants- ne rêvaient que d’une chose c’est d’aller voir à l’extérieur, de se confronter à d’autres réalités que les leurs. Aujourd’hui, tout le monde est sur les réseaux sociaux donc les références changent.

L’idéal pour les jeunes Irakiens est peut-être davantage de vivre comme dans les monarchies du Golfe que de vivre comme en Europe. Leurs aspirations ne sont pas forcément les mêmes. Alors pour les chrétiens, il me semble que c’est un faux-débat aujourd’hui. Ce qui me semble important n’est pas de savoir s’ils veulent partir ou rester. Ils sont comme tous les Irakiens, s’ils ont des perspectives économiques et la possibilité de jouer un rôle dans la société, ils resteront, et s’ils n’en trouvent pas, ils chercheront à émigrer. C’est le cas pour les Kurdes, pour les Arabes du sud qu’ils soient chiites, mandéens ou yézidis, les aspirations sont les mêmes.

En revanche, je pense que ce voyage est une véritable occasion de se rendre compte de l’engagement des chrétiens. Ils s’engagent beaucoup auprès des plus pauvres, des personnes en situation de handicaps, dans des activités qui permettent l’épanouissement personnel. Les chrétiens ne sont pas une force majeure. Ils sont une petite composante de la société irakienne mais ils peuvent permettre un dialogue entre les grands groupes en évitant le face-à-face.

À un niveau plus personnel, que signifie pour vous ce voyage apostolique, qu’en attendez-vous?

Nous voyons se concrétiser le rêve, qui était déjà celui de Jean-Paul II de venir sur la terre d’Abraham parce que le salut est offert à tous. C’est le message d’Abraham et de Jonas. J’espère que chacun à notre rythme, nous pourrons converger vers ce Dieu qui nous sauve, un Dieu d’amour et de miséricorde, qui a choisi cette terre pour s’incarner.

Cette visite cherche à rendre possible le dialogue et la fraternité. Or la fraternité est un peu comme une mosaïque, chacune a sa couleur, mais c’est ensemble que nous allons créer un dessin. Ce dessein commun, le dessein de Dieu, est l’épanouissement de tous les hommes. C’est ce que le Pape vient essayer de susciter ici.

Source: VATICANNEWS, le 2 mars 2021

Le Pape en Irak: repartir d’Abraham pour se reconnaître comme frères

Les rues de Bagdad décorées d'affiches à quelques jours de la visite du Pape François.Les rues de Bagdad décorées d’affiches à quelques jours de la visite du Pape François.  (ANSA)

Le Pape en Irak: repartir d’Abraham pour se reconnaître comme frères

François se prépare au voyage le plus difficile et le plus important de son pontificat, qui manifestera à la fois la proximité aux chrétiens, le soutien à la reconstruction du pays dévasté par les guerres et par le terrorisme, et une main tendue aux musulmans. Ainsi se réalise le rêve de Jean-Paul II.

Andrea Tornielli – Cité du Vatican 

Les chrétiens irakiens attendaient le Pape depuis 22 ans. C’est en 1999 que saint Jean-Paul II avait prévu un pèlerinage bref mais significatif à Ur des Chaldéens, première étape du voyage jubilaire vers les lieux du Salut. Il voulait partir d’Abraham, du père commun reconnu par les juifs, les chrétiens et les musulmans. Beaucoup l’ont déconseillé au vieux pontife polonais, lui demandant de ne pas faire un voyage qui risquerait de renforcer Saddam Hussein, encore au pouvoir après la première guerre du Golfe. Le Pape venu de Cracovie tenait à ce projet, malgré les tentatives de dissuasion, notamment de la part des États-Unis. Mais en fin de compte, ce voyage éclair d’une nature essentiellement religieuse n’a pas été fait à cause de la situation du président irakien.

En 1999, le pays était déjà à genoux en raison de la guerre sanglante contre l’Iran (1980-1988) et des sanctions internationales consécutives à l’invasion du Koweït et à la première guerre du Golfe, mais le nombre de chrétiens en Irak était alors plus de trois fois supérieur à ce qu’il est aujourd’hui. Le voyage raté de Jean-Paul II est resté une plaie ouverte. Le Pape Wojtyla a élevé la voix contre la deuxième expédition militaire occidentale dans le pays, la guerre éclair de 2003, qui s’est terminée par le renversement du gouvernement de Saddam Hussein. Lors de l’Angélus du 16 mars 2003, il avait déclaré: «Je voudrais rappeler aux pays membres des Nations-Unies, et en particulier à ceux qui composent le Conseil de sécurité, que le recours à la force représente le dernier recours, après avoir épuisé toute autre solution pacifique, selon les principes bien connus de la Charte des Nations-Unies elle-même». Puis il a livré ce plaidoyer: «J’appartiens à cette génération qui a vécu la Seconde Guerre mondiale et qui a survécu. J’ai le devoir de dire à tous les jeunes, à ceux qui sont plus jeunes que moi, qui n’ont pas fait cette expérience: « Plus jamais la guerre », comme l’a dit Paul VI lors de sa première visite aux Nations unies. Nous devons faire tout ce qui est possible.»

Il n’a pas été entendu par ces «jeunes» qui faisaient la guerre et étaient incapables de construire la paix. L’Irak a été frappé par le terrorisme, avec des attaques, des bombes, des dévastations. Le tissu social s’est désintégré. Et en 2014, le pays a vu la montée de l’État islamique autoproclamé proclamé par Daech, accentuant la dévastation, la persécution, la violence, avec des puissances régionales et internationales engagées dans la lutte sur le sol irakien, avec la multiplication des milices hors de contrôle. La population sans défense, divisée en fonction de ses appartenances ethniques et religieuses, en paie le prix, avec un coût élevé en vies humaines.

En regardant la situation irakienne, on touche du doigt le caractère concret et réaliste des mots que François a voulu graver dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti«Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible “guerre juste”. Jamais plus la guerre ! Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal.»

Au cours de ces années, des centaines de milliers de chrétiens ont été contraints d’abandonner leurs foyers et de chercher refuge à l’étranger. Dans une terre de première évangélisation, dont l’ancienne Église a des origines qui remontent à la prédication apostolique, les chrétiens attendent aujourd’hui la visite de François comme une bouffée d’air frais. Depuis quelque temps, le Pape avait annoncé sa volonté d’aller en Irak pour les réconforter, suivant la seule «géopolitique» qui l’émeut, c’est-à-dire celle de manifester la proximité avec ceux qui souffrent et de favoriser, par sa présence, les processus de réconciliation, de reconstruction et de paix.

C’est pourquoi, malgré les risques liés à la pandémie et à la sécurité, et malgré les récents attentats, François a jusqu’à présent maintenu ce rendez-vous à son agenda, déterminé à ne pas décevoir tous les Irakiens qui l’attendent. Le cœur du premier voyage international après 15 mois de blocus forcé dû aux conséquences du Covid-19, sera le rendez-vous à Ur, dans la ville d’où est parti le patriarche Abraham. Une occasion de prier avec les croyants d’autres religions, en particulier les musulmans, pour redécouvrir les raisons de la coexistence entre frères, afin de reconstruire un tissu social au-delà des factions et des groupes ethniques, et de lancer un message au Moyen-Orient et au monde entier.

Source: VATICANNEWS, le 2 mars 2021

Prière du cardinal Sako pour la venue du Pape en Irak

Préparatifs avant la venue du Pape en Irak, le 26 février 2021 à Bagdad.Préparatifs avant la venue du Pape en Irak, le 26 février 2021 à Bagdad.  (AFP or licensors)

Prière du cardinal Sako pour la venue du Pape en Irak

Une semaine avant la visite apostolique du Pape François en Irak, prévu du 5 au 8 mars, le Patriarche des Chaldéens demande aux chrétiens irakiens de prier afin que le Saint-Esprit soutienne et illumine les gestes et les paroles du Saint-Père durant son voyage, en touchant les cœurs de tous ceux qui le rencontreront.

Le Patriarcat de Babylone des Chaldéens invite les chrétiens d’Irak, à partir de ce vendredi et chaque jour précédant la visite apostolique du Pape dans leur pays du 5 au 8 mars, a prié pour remettre entre les mains du Seigneur ce prochain déplacement. «Que le Saint-Esprit soit dans ses gestes et dans ses paroles et dans les cœurs de ceux qui le rencontrent et l’écoutent afin que se répandent les dons de l’encouragement, de la consolation, de la rencontre entre ethnies, cultures et religions différentes avec l’engagement de faire des pas courageux en direction de la réconciliation et de la collaboration pour le bien commun», poursuit la prière diffusée sur les plateformes d’informations du patriarcat. Dans ce court texte, le cardinal Louis Raphaël Sako demande à Dieu que «soit donné à l’Église en Irak le réconfort, la lumière et la force afin de ne jamais nous lasser à construire des liens de fraternité et de paix» ; il le supplie de libérer son pays et ceux du Proche-Orient de la haine et de la violence.

Neuvaines pour la venue du Pape

Le cardinal irakien avait déjà composé une prière spéciale que l’Église locale a récité au mois de janvier pour que le voyage du Pape puisse se réaliser indépendamment des conditions sécuritaire ou sanitaire. Le 17 janvier dernier, il lançait une pressante invitation à «prier pour le retour de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le pays et dans la région, après toutes les guerres et les conflits qui les ont consumés».

Après un double attentat dans le centre de Bagdad, l’attaque la plus meurtrière depuis trois ans dans la capitale irakienne, le cardinal Sako avait proposé aux fidèles de renforcer leur pratique religieuse, en instaurant le 25 janvier trois jours de jeûne et de prière.

Lors de son voyage le Pape est attendu à Bagdad, dans la plaine d’Ur, à Erbil, ainsi qu’à Mossoul et Qaraqosh dans la plaine de Ninive. Sur place, selon des chiffres d’Aide à l’Église en Détresse mis à jour le 12 janvier dernier, plus de 45% des familles qui avaient pris la fuite face à l’arrivée des djihadistes du groupe État Islamique en 2014, ont pu retourner chez elles. Grâce au soutien de nombreuses associations catholiques, 57% des maisons détruites ont pu être reconstruites. La fondation pontificale de l’AED a notamment reconstruit une salle polyvalente et une école syro-catholique à Bashiqa grâce à un don du Pape de 200 000 euros, obtenu après la vente d’une voiture de luxe qui lui avait été offerte en 2017.

L’espoir de paix et d’une reconnaissance

Des neuvaines et des rencontres de prière sont convoquées de part le monde pour confier à la Vierge et à l’Esprit saint ce voyage auprès des chrétiens d’Orient. Ce vendredi, rapporte l’agence Fides, les fidèles américains sont également invités à prier. À Chicago, le cardinal Blase Joseph Cupich publie chaque jour les intentions de prière de la neuvaine promue par son archidiocèse sur Twitter. Il rappelle qu’avant l’intervention américaine en Irak pour chasser Saddam Hussein en 2003, le pays comptait 1,5 million de chrétiens contre moins de 400.000 aujourd’hui.

«Les personnes en Irak savent peu de choses nous concernant», affirme de son côté l’archevêque d’Erbil, Mgr Bashar Warda à l’AED. Il espère qu’avec la venue du Pape l’opinion publique soit davantage sensibilisée à leur sort et que le respect du peuple irakien envers leur communauté croisse, pour qu’enfin les chrétiens ne soient plus perçus comme des «croisés». Mgr Warda souligne l’importance à cet égard de la rencontre prévue entre le Pape et le chef des chiites irakiens, le Grand Ayatollah Ali Al-Sistani.

Source: VATICANNEWS, le 26 février 2021

Irak : le gouvernement dément la rumeur d’un report du voyage du pape

Le card. Parolin en Irak © Vatican Media

Irak : le gouvernement dément la rumeur d’un report du voyage du pape

«La visite du pape en Irak est dans les délais et sera historique»

Un porte-parole du ministère irakien des Affaires étrangères, Ahmed Al-Sahhaf, a démenti les informations selon lesquelles la visite du pape en Irak aurait été reportée, indique le site italien proche du Vatican Il Sismografo le 16 février 2021.

Dans un bref communiqué reçu par Alsumaria News le 16 février, Al-Sahhaf a déclaré: « La visite du pape en Irak est dans les délais et sera historique. »

Le voyage prévoit 6 étapes, du 5 au 8 mars 2021: Bagdad, Najaf, Nassiriya, Erbil, Mossoul, Qaraqosh.

Le pape François reprend ainsi ses voyages apostoliques après 15 mois d’interruption: ce sera le premier voyage du pape depuis novembre 2019.

Réagissant de son côté dans les colonnes de l’agence hispanophone Efe, le cardinal Louis Raphaël Ier Sako, a déclaré qu’en dépit des restrictions dues à la pandémie (un couvre-feu vient d’être instauré) et aux derniers actes de violence (l’attentat de Bagdad, le 21 janvier et une attaque par tirs de roquette, le 15 février, dans la région du Kurdistan irakien), le voyage du pape François en Irak allait « bien se passer ».

Plus encore, affirme le patriarche de Babylone des Chaldéens, ce voyage aura « un grand impact sur la coexistence entre musulmans et chrétiens « .

« N’ayez pas peur. Le voyage du Pape se passera bien. Les restrictions dues à la pandémie ne seront pas un problème pour nous », insiste le cardinal chaldéen.

Le gouvernement irakien a en effet annoncé, le 14 février, de nouvelles mesures pour lutter contre la pandémie: couvre-feu, port du masque dans l’espace public, fermeture des écoles et des centres commerciaux.

A Najaf, le pape doit être reçu par le Grand ayatollah chiite Ali al-Sistani, qui a recommandé, lors de sa rencontre, en janvier 2019, avec  les responsables de la Commission d’enquête de l’ONU sur les crimes de daesh, d’enquêter en particulier sur les « crimes abominables » perpétrés par les miliciens contre des yézidis à Sinjar, des chrétiens à Mossoul et des turkmènes à Tal Afar.

Enfin, soulignons que vendredi dernier, 12 février, Muqtada Al-Sadr, chef d’un mouvement chiite nationaliste présent au Parlement irakien et populaire, a quant à lui réaffirmé, sur son compte twitter en anglais @Mu_AlSadr que le pape était « le bienvenu en tant qu’homme épris de paix ».

Source: ZENIT.ORG, le 17 février 2021

Les chrétiens de Bagdad rêvent d’exil avant la visite du pape

Les chrétiens de Bagdad rêvent d’exil avant la visite du pape

Un mois avant la visite historique du pape à Bagdad, les chrétiens perdent espoir de rester sur leurs terres. Poussés à l’exode par deux décennies de persécutions, beaucoup veulent fuir un pays qui les marginalise et ne leur assure plus aucune protection.

Dans sa petite maison en périphérie de Bagdad, Nenous Najeeb rejoint péniblement son canapé, perché sur des béquilles. Son moignon dépasse de sa djellaba grise, stigmate de la guerre contre l’Iran.

« Ma vie n’est qu’une succession de drames », lâche le père de famille. Édenté, les cheveux blancs, ce syriaque de 57 ans ressemble déjà à un vieillard. « Je n’ai pas les moyens de me soigner. Les 500 dollars (417 €) par mois de ma pension d’invalidité parviennent à peine à nourrir ma famille. » Sans emploi depuis quatre ans, Nenous Najeeb rêvait d’ouvrir un restaurant. « Tous mes amis m’en ont dissuadé. À raison. Personne ne viendrait manger chez un chrétien. »

Un exode massif

Dans ce quartier autrefois majoritairement peuplé de fidèles syriaques et chaldéens, il ne reste que la famille Najeeb. Depuis l’invasion américaine en 2003 et la montée en puissance des extrémistes, leurs voisins ont progressivement déserté la capitale. « Certains sont partis à Erbil (capitale de la région semi-autonome du Kurdistan irakien, NDLR). Les autres ont émigré à l’étranger. » Un exode massif provoqué par la montée des exactions contre cette minorité pourchassée par les groupes djihadistes et mise au ban de la société. « Des pauvres comme nous, qui n’ont pour seul choix que de vivre en enfer. »

D’une main ferme, Nenous Najeeb tend deux photos, à défaut de pouvoir raconter l’indicible. Sur chacune d’elles, un petit enfant criblé de balles baigne dans une flaque de sang. En 2005, des hommes armés ont fait irruption dans leur maison et tué leurs deux fils aînés. Depuis, la famille vit recluse et rêve d’exil. « J’ai essayé d’obtenir le statut de réfugié en Jordanie, mais il fallait rester sur place pendant toute la procédure. Je n’avais pas les moyens. »

« À quoi bon faire des études ? Il n’y a pas d’avenir en Irak »

D’une voix presque inaudible, son épouse confie ne quitter le domicile que pour se rendre à l’église. « Dans la rue, j’ai peur. Tout le monde me regarde car je ne porte pas de voile. » Si deux de ses enfants vont encore à l’université, elle a préféré retirer le troisième de l’école. « Ses camarades étaient très violents, raconte Nenous. Et puis, à quoi bon faire des études ? Il n’y a pas d’avenir en Irak. »

Il y a trois mois, leur foyer a été pillé alors qu’ils dormaient. Sur les caméras de surveillance du quartier, le père a reconnu un voisin. « Quand il a appris qu’on l’avait identifié, il est venu canarder notre maison », soupire Nenous, qui a préféré ne pas porter plainte. « Si je parle, il nous tuera. » Épuisé, il espère que la visite du pape mettra en lumière le calvaire des chrétiens d’Irak. « Si j’ai la chance de lui parler, je lui raconterai mon histoire. S’il m’écoute, il comprendra qu’il faut sortir les chrétiens de ce pays. »

Après Daech, les milices chiites

Au rythme des fermetures d’églises et des exils, la disparition des chrétiens d’Irak n’est pour beaucoup plus qu’une question d’années. Après deux décennies de persécutions par les djihadistes sunnites d’Al-Qaida puis de Daech, la minorité vit désormais sous la menace des milices chiites.

« Pour l’instant, nous avons encore des écoles, des hôpitaux, un rôle dans la société. Mais pour combien de temps ? », s’interroge le frère Rami Simun, qui constate impuissant l’islamisation de la société irakienne : « Je rencontre beaucoup de jeunes chrétiens qui connaissent mieux la liturgie chiite que leur propre religion. »

Assis dans son couvent sous protection policière, le responsable des dominicains de Bagdad se rappelle avec nostalgie des années 1980, une période prospère où Saddam Hussein leur assurait une relative liberté de culte. Le prêtre ne regrette pas l’homme ni son régime, déjà discriminatoire à plusieurs égards envers les chrétiens. Mais il prend acte de la lente agonie de sa communauté depuis cette époque : « Comme les juifs, nous finirons par disparaître, et le pays s’accommodera très bien de notre départ. L’Irak manquera à beaucoup d’entre nous, mais nous ne manquerons pas à l’Irak. »

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L’inexorable disparition des chrétiens de Bagdad

1968. L’islam devient religion d’État.

1979. Saddam Hussein prend le pouvoir.

1988. Le génocide de l’Anfal contre les Kurdes frappe aussi les chrétiens. 2 000 Assyriens meurent gazés.

À partir de 2003. La chute du régime baasiste entraîne la montée en puissance de groupes islamistes. Des églises et des évêchés sont attaqués, des responsables religieux assassinés.

31 octobre 2010. Al-Qaida attaque la cathédrale syriaque catholique de Bagdad pendant une messe et prend les fidèles en otages, faisant 68 morts et 78 blessés.

2014. L’avènement de Daech porte un coup fatal à la communauté. Après 1 800 ans de présence à Mossoul, la ville est vidée de ses chrétiens.

Noé Pignède (à Bagdad)

Source: La-Croix Africa, le 8 février 2021

Pourquoi la rencontre entre le pape François et l’ayatollah Ali al-Sistani sera historique

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SABAH ARAR / AFP – L’ayatollah Ali al-Sistani.

Pourquoi la rencontre entre le pape François et l’ayatollah Ali al-Sistani sera historique

Si le voyage du pape François en Irak est maintenu début mars 2021, le souverain pontife devrait rencontrer l’ayatollah Ali al-Sistani. Un moment qui s’annonce historique.

Annoncée par le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche des chaldéens, le 28 janvier 2021, la rencontre entre le pape François et l’ayatollah Ali al-Sistani devrait bel et bien avoir lieu à l’occasion du voyage du pape en Irak du 5 au 8 mars 2021 si ce dernier est maintenu. Deux ans après avoir rencontré le Grand Imam d’Al-Azhar, le sunnite Ahmad Al-Tayeb, le pape François poursuivrait ainsi son rêve de fraternité en s’entretenant avec l’une des plus grandes autorités chiites au monde.

Un temps évoquée mais jamais confirmée, la rencontre entre le pontife argentin et l’ayatollah Ali al-Sistani devrait avoir lieu le samedi 6 mars, a annoncé Sa Béatitude Louis Raphaël Sako lors d’une conférence de presse organisée par l’Œuvre d’Orient en partenariat avec la Conférence des évêques de France. Cette rencontre se tiendra juste avant la visite du pontife dans la plaine d’Ur, région d’Abraham, le père des Croyants, où doit se tenir une cérémonie interreligieuse avec des représentants chiites et sunnites.

Al-Sistani, une sorte de « pape » pour les chiites

Le Pape fera donc bien une halte à Nadjaf, la ville sainte de l’islam chiite où se trouve le mausolée de l’imam Ali et dans laquelle réside l’ayatollah Ali al-Sistani. D’après le cardinal Sako, la rencontre devrait rester privée et les deux dignitaires pourraient parler de l’importance de la fraternité et de la réconciliation. Toutefois, il n’est pour l’instant pas prévu qu’une déclaration commune sur la fraternité soit signée, comme ce fut le cas à Abou Dabi, lors de la rencontre en 2019 entre l’évêque de Rome et l’autorité sunnite Ahmad Al-Tayeb.

Mais cet événement aura une résonance mondiale compte-tenu de la personnalité et de l’influence de l’ayatollah dans le monde musulman. « Ali al-Sistani est la plus haute autorité spirituelle pour les chiites irakiens, c’est en quelque sorte leur “pape” », confiait à I.MEDIA, Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient, peu de temps avant que la rencontre ne s’officialise.

À 90 ans, le chef religieux est en effet une figure tutélaire extrêmement respectée et influente en Irak et au-delà. « Pour donner un exemple, après leur intervention en Irak en 2003, les responsables américains à Bagdad sont régulièrement allés le voir pour lui soumettre leur vision et entendre ses réflexions, notamment sur la nouvelle constitution du pays », explique Georges Malbrunot. L’ex-otage de l’Armée islamique en Irak insiste encore sur l’influence réelle qu’a le leader religieux sur des centaines de milliers de croyants. « Il est celui qui, en 2014, a publié une fatwa – un décret religieux – appelant à la mobilisation de la population pour aller combattre Daech. Il est donc capable de faire lever des foules importantes ».

« Que le Pape n’aille pas le voir, cela aurait été un peu comme si le Dalaï-Lama voyageait en Italie sans prendre la peine de venir saluer le Pape », explique pour sa part un bon connaisseur du pays. « En tant que marja, il est le maître spirituel d’une communauté de fidèles très importante dans le monde musulman », poursuit-il.

Rendez-vous compte ce qu’une telle rencontre représenterait pour nous.

Dans un programme non officiel qui circulait depuis décembre dernier, cette rencontre au sommet n’apparaissait pourtant pas. Inquiets, beaucoup se sont alors activés – tant du côté chiite que du côté de l’Église catholique en Irak – pour que la rencontre figure bien dans l’agenda.

Fait notable, Ali al-Sistani, qui a toujours refusé de rencontrer un chef d’État, fait donc une exception – en recevant davantage le successeur de Pierre que le chef de la Cité du Vatican.

Outre le cardinal Sako, l’une des personnalités qui a œuvré dans l’ombre pour que cette rencontre puisse avoir lieu est le Père Amir Jajé, dominicain à Bagdad et membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Joint par I.MEDIA peu avant l’annonce par le cardinal irakien de la rencontre, il expliquait que des représentants chiites l’avaient contacté sitôt l’annonce de la visite du pape en Irak.

Des membres de la communauté chiite avaient fait comprendre que l’absence de rencontre paraissait inconcevable. « Un chef chiite m’a confié : “Rendez-vous compte ce qu’une telle rencontre représenterait pour nous. Que ces deux hommes bénis puissent se saluer donnerait beaucoup de forces à ceux qui travaillent pour le dialogue et la fraternité dans le monde” », rapportait le dominicain, qui espérait alors qu’un texte comparable à la déclaration d’Abou Dabi puisse être signé à cette occasion.

Le cardinal Sako a reconnu que cette possibilité n’était pas, à ce stade, d’actualité. Sur ce sujet, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, a confirmé que, d’ordinaire, de telles déclarations communes advenaient après un long processus de dialogue et qu’il s’agirait ici seulement d’une première rencontre.

Une rencontre aux enjeux géopolitiques importants pour les chiites irakiens

Si le caractère prophétique de cette rencontre – qui s’inscrit dans l’esprit de la dernière encyclique du Pape sur la fraternité humaine – est réel, la dimension politique et diplomatique de ce passage à Nadjaf l’est tout autant. De nationalité iranienne, l’Ayatollah Ali al-Sistani est reconnu pour son indépendance et son désir de voir l’Irak retrouver sa souveraineté en s’affranchissant des tutelles étrangères. « Ses relations avec l’Iran, pays qui interfère très largement dans les affaires irakiennes, sont donc très difficiles », explique Georges Malbrunot.

Ne pas se présenter à Nadjaf aurait été un « vrai faux-pas », confirme une personne qui suit attentivement ces questions. « Cela aurait mis les chiites irakiens dans une situation très délicate », détaille cette source.  Car une lutte d’influence se joue au sein du chiisme, une rivalité qui procède de deux écoles de pensée distinctes, celle de Qom, en Iran, et celle de Nadjaf, en Irak.

La première s’inscrit dans l’héritage de l’ayatollah Khomeini, arrivé au pouvoir en Iran à la suite de la révolution de 1979. Ce courant, toujours en place en Iran, considère notamment qu’il ne faut pas opérer de séparation entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. Tel n’est pas le cas de l’école de Nadjaf, incarnée par Ali al-Sistani. Dans ce contexte, certains soulignent que ne pas rencontrer Ali al-Sistani aurait été perçu comme un affront, voire même, comme un soutien implicite à l’Iran.

Source: ALETEIA, le 30 janvier 2021

Le cardinal Sako dévoile le programme du pape en Irak

Osservatore Romano | AFP – Le pape François en avion.

Le cardinal Sako dévoile le programme du pape en Irak

Le cardinal Louis Raphaël Sako a présenté ce jeudi le programme pour le voyage du pape François en Irak prévu du 5 au 8 mars 2021, sous réserve que les conditions sanitaires le permettent.

Le pape François va rencontrer le chef religieux Ali al Sistani, plus haute autorité chiite d’Irak, à Nadjaf, en Irak, le 6 mars 2021, a annoncé le cardinal Louis Raphaël Sako lors d’une conférence de presse organisée par l’Œuvre d’Orient le 28 janvier à Paris. Le détail du voyage du pontife en Irak, prévu du 5 au 8 mars 2021 si les conditions sanitaires le permettent, a été déroulé par le haut prélat. Le Vatican n’a toutefois pas officialisé ce programme.

À son arrivée à Bagdad, le 5 mars, le pape François sera reçu par le président de la République irakienne, Barham Salih, ainsi que par Moustafa al-Kazimi, premier ministre. Là, le pontife devrait prononcer un discours devant les autorités civiles dans lequel il les invitera, selon le patriarche Sako, à mettre fin à la guerre civile et à la corruption et à promouvoir la réconciliation civile. « J’espère qu’il sera entendu et que l’Irak sera différent après son passage », a souhaité le cardinal Sako.

S’en suivra une rencontre avec des membres du clergé irakien en la cathédrale syriaque catholique Notre-Dame-de-l’Intercession de Bagdad le 5 mars au soir. En ce lieu, en 2010, une soixantaine de chrétiens avait perdu la vie à la suite de l’attaque d’un commando terroriste appartenant à l’organisation État islamique.

Le samedi 6 mars, le chef de l’Église catholique devrait poursuivre sa visite par un entretien historique avec le dignitaire religieux Ali al Sistani, plus haute autorité chiite d’Irak. Durant cette rencontre privée, les deux hommes devraient évoquer l’importance de la fraternité, de la réconciliation et la nécessité de ne pas user de la violence les uns contre les autres, a exprimé le cardinal irakien. S’il a dit souhaiter personnellement que cette rencontre se déroule en public et qu’elle aboutisse à la signature du « Document sur la fraternité humaine« , il a toutefois confié qu’un tel événement n’était pour l’instant pas au programme.

La visite à Mossoul confirmée

Le même jour, le pape se rendra à Ur, une destination liée à la mémoire d’Abraham, figure commune du judaïsme, du christianisme et de l’islam, pour participer à une rencontre interreligieuse. Des représentants chiites et sunnites devraient alors être présent. Le pontife argentin devrait ensuite présider une messe à Bagdad.

Le 7 mars, l’évêque de Rome se rendra à Erbil, capital du Kurdistan irakien, où il rencontrera les autorités civiles kurdes. Il visitera ensuite la vieille ville de Mossoul qui était il y a peu la capitale de l’État islamique en Irak. Il se rendra ensuite à Qaraqosh, grande ville chrétienne de la plaine de Ninive où résidaient avant 2014 près de 50.000 chrétiens. Il reviendra ensuite à Erbil pour déjeuner au séminaire et célébrera une messe en rite latin dans le stade de la ville, avant de revenir à Bagdad où il repartira pour Rome le 8 mars.

Source: ALETEIA, le 28 janvier 2021

L’Irak attend les paroles de réconfort et d’espoir du pape François

Patriarche Raphaël Sako, chaldéen © Vatican Media

Patriarche Raphaël Sako, Chaldéen © Vatican Media

L’Irak attend les paroles de réconfort et d’espoir du pape François

Le card. Sako prépare le voyage avec le gouvernement

Le prochain voyage du pape François en Irak est « un événement très important pour nous, chrétiens » mais dans le pays, « tout le monde attend cette rencontre, y compris les musulmans, les autres réalités religieuses et les dirigeants du gouvernement ». C’est ce qu’affirme le patriarche de Babylone et des Chaldéens, le cardinal Louis Raphaël I Sako, au micro de Radio Vatican.

Malgré les récents attentats dans le pays du Golfe, les Irakiens attendent donc le pape François qui, selon le patriarche chaldéen, « vient dire : “Assez, assez de guerres, assez de violence, recherchez la paix et la fraternité et la protection de la dignité humaine !“ ». « Nous préparons tout avec le gouvernement », ajoute-t-il.

Pour le cardinal, nul doute que « c’est un événement extraordinaire pour tous » qui apportera « le réconfort et l’espérance qui nous ont été refusés jusqu’à maintenant ». « Je dirais donc, ajoute-t-il, que c’est une visite de caractère plutôt spirituel, dans laquelle l’importance ne sera pas tellement donnée au folklore, à la fête. Ce serait perdre le véritable sens de la visite. »

En Irak, daesh est revenu sur le devant de la scène la semaine dernière, revendiquant la double attaque suicide dans le centre de Bagdad, qui a fait 32 morts et plus de cent blessés.

Ce nouvel acte de violence, que le pape a condamné, a suscité « préoccupation » et « tristesse » parmi la population, déplore le cardinal Sako. « Les personnes qui ont été tuées sont des gens pauvres, vraiment pauvres. Malheureusement, ces attaques ont une fin politique, elles sont un message adressé au gouvernement et également au nouveau président américain. Entretemps, le gouvernement a pris des mesures. »

Pourtant, estime le pasteur, l’espoir de la paix subsiste en Irak : « Les gens demandent toujours quand viendra la paix, la défense de la dignité humaine, même si, depuis pratiquement 20 ans, nous sommes dans cette situation, c’est la confusion, l’anarchie. Il faut du temps ». Mais « avant le temps, souligne-t-il, il faut de la bonne volonté de la part des politiques. Sans cela, il n’y aura pas de paix. Les milices aussi doivent obéir au gouvernement irakien et le gouvernement doit imposer le retrait des armes. Tout doit rester dans les mains du gouvernement et non des partis politiques ».

Si les chrétiens n’ont pas été visés, depuis déjà quelques années, ils souffrent comme les autres, explique le patriarche : « Nous faisons partie de l’Irak, nous ne vivons pas seuls, nous sommes avec tout le monde. Leur souffrance est la nôtre. Par conséquent, nous sommes frères et sœurs d’une grande famille qui s’appelle l’Irak. »

Quant au sens des trois jours de prière et de jeûne, « nous voulons dire que nous sommes tous fils de Dieu, le Dieu de toute l’humanité. C’est pourquoi ce geste d’aller à Ninive en prière a une double signification : avant tout, affirmer que Dieu nous regarde tous sans distinction ; et puis c’est une requête forte adressée au Seigneur afin qu’il nous sauve de la pandémie actuelle. Bien que la moyenne des contagions ne soit pas élevée – entre 500 et 600 cas par jour – « aujourd’hui, nous vivons dans une grande peur du coronavirus. Nous devons donc prier et demander l’aide de Dieu pour être sauvés et pour que finisse cette pandémie pour le monde entier. Nous ne pensons pas seulement à nous en Irak, mais à tous les hommes dans le monde. »

Source: ZENIT.ORG, le 26 janvier 2021

Les chrétiens d’Irak appelés à prier pour la visite du Pape

Des chrétiennes irakiennes en prière dans une église de Bagdad lors de la messe de Noël, en 2019.Des chrétiennes irakiennes en prière dans une église de Bagdad lors de la messe de Noël, en 2019.  (ANSA)

Les chrétiens d’Irak appelés à prier pour la visite du Pape

Le patriarche chaldéen Louis Raphaël Sako demande aux paroisses de l’Église locale de prier pour le maintien de la visite du Pape François, prévue du 5 au 8 mars prochains.

Les chrétiens irakiens attendent le Pape François et prient pour que sa visite puisse avoir lieu début mars, aux dates prévues, et porte des fruits de dialogue et de paix grâce à la collaboration de tous. En effet, le pays ne cesse d’enregistrer des tensions surtout aux frontières avec la Syrie, mais aussi à l’intérieur du pays, notamment dans la région de Mossoul, capitale du soi-disant « État islamique », entre 2014 et 2017, où les traumatismes de l’oppression djhadiste sont encore vifs.

«Depuis quelque temps, nous vivons dans la peur, mais aussi dans l’espérance», a déclaré le patriarche de Babylone des Chaldéens, dès que le voyage du Pape a été officialisé, le 7 décembre dernier. Il affirmait voir dans cette annonce un signe de renaissance pour le pays, «un nouveau Noël».

Aujourd’hui, dans ce même esprit, le cardinal Louis Raphaël Sako a composé une prière demandant, par le biais du patriarcat, que les fidèles la récitent ensemble lors des messes tous les dimanches à partir du prochain, le 17 janvier.

«Seigneur notre Dieu, accorde au Pape François santé et prospérité afin qu’il puisse mener à bien cette visite tant attendue, écrit le cardinal Sako dans cette prière. Bénis ses efforts pour renforcer le dialogue et la réconciliation fraternelle et pour instaurer la confiance, consolider les valeurs de paix et de dignité humaine, en particulier pour nous, Irakiens, témoins des événements douloureux qui nous ont touchés.»

«Seigneur, notre créateur, éclaire nos cœurs de ta lumière afin que nous puissions voir la bonté et la paix et commencer à les réaliser», écrit le cardinal irakien avant de confier son peuple à la Vierge Marie, et de conclure avec cette supplication: «Que le Seigneur nous accorde la grâce de vivre en pleine communion nationale, en coopérant fraternellement pour construire un avenir meilleur pour notre pays et ses citoyens.»

Une chance à saisir pour l’Irak

Déjà au début du mois de décembre, le patriarche Sako, dans une lettre adressée au peuple irakien, avait demandé à ce dernier de se préparer adéquatement à la visite du Pape, qui ne sera pas un «voyage touristique», mais un pèlerinage chargé d’un «message de réconfort pour tous en un temps d’incertitude»«Nous devons en faire une occasion de grand retournement, afin que la foi et l’espérance en nous deviennent un engagement», avait-il souligné.

Le pèlerinage du Pape François en Irak, à l’invitation des autorités civiles et de l’église catholique locale, a été officiellement annoncé début décembre, marquant la reprise des voyages apostoliques, interrompus tout au long de l’année 2020 en raison de la pandémie de coronavirus.

Les dates prévues sont du 5 au 8 mars, avec comme étapes Bagdad, la plaine d’Ur, liée à la mémoire d’Abraham, la ville d’Erbil, ainsi que Mossoul et Qaraqosh, dans la plaine de Ninive. Quatre jours intenses pour se rapprocher d’un peuple qui a souffert et continue de souffrir de la guerre dans un pays qui a vu les chrétiens quitter lentement leurs terres.

Depuis 2019, le Pape François a évoqué à plusieurs reprises ce voyage comme une priorité de son pontificat. Saint Jean-Paul II avait également prévu de se rendre en Irak en 1999, alors que Saddam Hussein était encore au pouvoir, mais ce déplacement avait été annulé en raison de la situation politique.

Source: VATICANNEWS, le 15 janvier 2021

Cardinal Sako: le Pape vient encourager les chrétiens du Moyen-Orient à rester

Le Pape recevant en audience le cardinal Sako 8archives)Le Pape recevant en audience le cardinal Sako 8archives)  (ANSA)

Cardinal Sako: le Pape vient encourager les chrétiens du Moyen-Orient à rester

C’est une nouvelle majeure qui a été communiquée par le Saint-Siège ce lundi 7 décembre: le Pape François se rendra en Irak du 5 au 8 mars 2021, pour son premier voyage apostolique depuis novembre 2019. Joint par téléphone, le cardinal Sako, patriarche chaldéen, témoigne de l’émotion et de la joie de tout un pays.

Entretien réalisé par Manuella Affejee – Cité du Vatican

Jamais un successeur de Pierre n’avait foulé la terre d’Abraham. En visitant Bagdad, la plaine d’Ur, Erbil, Mossoul et Qaraqosh, le Saint-Père pose un geste historique de proximité avec une population harassée par les épreuves et les conflits, encore traumatisée par l’oppression de Daech et le régime de terreur qu’il instaura durant trois ans.

Gardiens d’une civilisation plurimillénaire et emblèmes des souffrances de leur pays, les chrétiens d’Irak attendent la venue de leur «père» avec «impatience», assure le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche de Babylone des Chaldéens. Car «le moment est crucial» au regard des nombreuses crises qui minent la région tout entière. Aussi, le message du Pape ne touchera-t-il pas seulement l’Irak, mais aussi les États voisins, et surtout, les chrétiens qui s’y trouvent. «Notre présence en Irak, au Liban et en Syrie est menacée et il vient pour nous dire:“non, vous avez une vocation ici, vous devez persévérer et rester”», pour témoigner de l’Évangile.

Et le patriarche insiste: le message de fraternité dont sera porteur le Souverain Pontife est attendu autant par les chrétiens que par les musulmans.

La réaction du cardinal Louis Raphaël Sako

Source: VATICANNEWS, le 7 décembre 2020