Irak : le président de la région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, reçu par le pape

Nechirvan Barzani en audience privée avec le pape François, 13 avril 2023 © kurdistan24.net
Nechirvan Barzani En Audience Privée Avec Le Pape François, 13 Avril 2023 © Kurdistan24.Net

Irak : le président de la région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, reçu par le pape

Le pape salue « la culture de coexistence pacifique » entre les communautés religieuses

Le président du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, a été reçu en audience privée par le pape François, ce jeudi 13 avril 2023, au Vatican, indique le Saint-Siège.

Premier ministre de la région autonome du nord de l’Irak de 2006 à 2009 et de 2012 à 2019 et président du gouvernement régional du Kurdistan depuis le 10 juin 2019, Nechirvan Barzani a déjà été reçu par le pape François en 2015 et 2018.

Rappelons que le pape François a visité Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, lors de son voyage apostolique en Irak (5-8 mars 2021). « Aujourd’hui, je peux voir et toucher du doigt le fait que l’Église en Irak est vivante, que le Christ vit et œuvre dans ce peuple saint et fidèle qui est le sien », a affirmé le pape en célébrant la messe dans le stade d’Erbil, le 7 mars 2021.

Dans un communiqué officiel, publié par la Présidence de la région du Kurdistan ce jeudi 13 avril, on lit que le pape François « a salué la culture de coexistence pacifique et d’acceptation entre les communautés religieuses et ethniques, soulignant que cette culture doit être sauvegardée dans la région du Kurdistan et en Irak ». Le pape « a qualifié son dernier voyage en Irak et dans la région du Kurdistan de souvenir heureux ».

Au cours de l’audience, le président Barzani a présenté au pape « un aperçu de la situation dans la région du Kurdistan et en Irak, ainsi que le statut des communautés religieuses et ethniques dans le pays ».

Il a également « évoqué l’importance et l’impact de la visite du pape François en Irak et dans la région du Kurdistan » et a souligné que la région du Kurdistan « protège les droits et les libertés de toutes les communautés religieuses et ethniques, et restera un pays de coexistence pacifique et de tolérance pour tous ».

À la fin de son audience, le président Barzani a remis au pape François un tableau réalisé par un artiste kurde « qui illustre la coexistence entre les communautés religieuses et ethniques dans la région du Kurdistan ».

Rudaw Media Network indique qu’il s’agit d’une peinture de l’artiste kurde Khairy Adam, représentant des personnes des différentes ethnies et religions de la région du Kurdistan participant à la danse traditionnelle kurde de « Halparke ». L’arrière-plan du tableau représente une mosquée, un monastère et un temple yézidi, illustrant les relations fraternelles entre les différentes religions de la région du Kurdistan.

Un autre tableau intitulé « La colombe comme symbole du Saint-Esprit » de l’artiste Shanaz Jamal a également été offert au pape François. La peinture est faite à la main de tissu de laine, de pierres et des éléments de vêtements kurdes, tous datant d’au moins 70 ans. Jamal a déclaré que la peinture montre que la culture kurde favorise la coexistence entre tous, quelles que soient les ethnies et les religions.

Source : ZENIT.ORG, le 13 avril 2023

Irak: première messe depuis 20 ans au monastère Saint-Michel

Une église catholique syriaque de Mossoul en ruines le 27 février 2021, après le passage de Daech en 2017. Une église catholique syriaque de Mossoul en ruines le 27 février 2021, après le passage de Daech en 2017. (AFP or licensors)

Irak: première messe depuis 20 ans au monastère Saint-Michel

Les chrétiens de Mossoul dans le nord de l’Irak qui, depuis des années n’ont pas pu prier dans les églises et monastères en raison des violences et de l’insécurIté, ont assisté pour la première fois le 26 mars dernier à une célébration eucharistique au monastère Saint-Michel, a rapporté le média Al-Jazeera, la première en vingt ans, depuis l’invasion américaine du pays en 2003. 

Avec agences

La messe célébrée dans le monastère de Saint-Michel par l’archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Najeeb Moussa Michaeel, accompagné de l’évêque d’Alqosh, Mgr Paolo Thabit Mekko, représente une étape importante sur le chemin de la renaissance. Pour Mgr Moussa qui a exprimé sa joie, cette liturgie ouvre la voie à la reconstruction du monastère, qui «se fera dans un avenir proche», et avec elle, «le retour de la prière dans un lieu qui nous est cher».

«Le groupe État islamique a pillé tous les biens du monastère, les a délibérément vandalisés et dégradés avec des graffitis», raconte l’archevêque, soulignant que le lieu de culte a également fait l’objet de bombardements aériens, car les miliciens djihadistes «l’ont utilisé comme un abri et un entrepôt pour stocker des armes et fabriquer des explosifs».

Des cas de violences depuis 2003

Les chrétiens de Mossoul et de la plaine de Ninive, depuis des années, n’ont pas pu avoir accès aux églises et monastères en raison des violences et de l’insécurité dans le nord de l’Irak. Ils ont depuis l’invasion américaine de l’Irak en 2003, vécu des enlèvements, des explosions et des meurtres. 

Après 2003, en tant que chrétiens, «nous restions chez nous pendant de longues périodes et évitions d’aller dans les églises à cause des mauvaises conditions sécuritaires et des menaces contre les chrétiens», témoigne un fidèle ajoutant que les chrétiens étaient fréquemment visés et de nombreuses personnes ont émigré. De nombreux prêtres ont aussi été tués, affirme-t-il.

Entre soulagement et craintes 

Aujourd’hui, la situation «semble s’être au moins partiellement améliorée, et en tant que communauté, nous sommes heureux et soulagés de pouvoir retourner célébrer la messe» dans le monastère Saint-Michel. Les propos de Hamid Tuzi, repris par Al-Jazeera, relatent les sentiments et l’état d’esprit d’une communauté, celle des chrétiens du nord de l’Irak qui, après des années de violences et de persécutions, vivent à nouveau leur foi, avec un mélange de joie et de crainte.

L’archevêque chaldéen de Mossoul, Mgr Najib Mikhael Moussa, espère que «les fidèles chrétiens pourrontcontinuer à prier dans toutes les églises et tous les monastères qui ont été détruits». Plusieurs églises d’Irak parmi les plus anciennes dans le monde, sont en cours de reconstruction grâce à un financement des organisations internationales et de donateurs.

Source : VATICANNEWS, le 1er avril 2023

Cardinal Sako : la lumière de Pâques illumine les ténèbres de la guerre

Le cardinal Louis Raphael Sako , Patriarche de l'Église chaldéenne, s'exprime devant les médias à l'occasion de la venue du Pape François en Irak, à Bagdad, le 3 mars 2021.
Le cardinal Louis Raphael Sako , Patriarche de l’Église chaldéenne, s’exprime devant les médias à l’occasion de la venue du Pape François en Irak, à Bagdad, le 3 mars 2021. (AFP or licensors)

Cardinal Sako : la lumière de Pâques illumine les ténèbres de la guerre

Dans un message prononcé à l’occasion de la Semaine Sainte et à quelques jours de Pâques, le cardinal Louis Raphael Sako, Patriarche de l’Église chaldéenne d’Irak s’est adressé depuis Bagdad à tous les chrétiens. Il invite à regarder la résurrection du Christ comme la seule lumière qui puisse éclairer les ténèbres du temps présent, marqué par les présages d’une «guerre mondiale dévastatrice».

Vatican News

Au moment de Pâques, qui cette année coïncide en partie avec le Ramadan (mois de jeûne et de prière dans le calendrier islamique), «tout croyant en Dieu, et en particulier les chrétiens, doit rejeter la logique mortifère de la guerre.» L’appel du Cardinal Louis Raphael Sako, Patriarche de l’Église chaldéenne, invite ce mois d’avril 2022 à regarder la résurrection du Christ comme la seule lumière qui puisse éclairer les ténèbres du temps présent, marqué ces derniers mois par les présages d’une «guerre mondiale dévastatrice».

La résurrection, salut pour toute l’humanité

Se référant explicitement aux guerres qui déchirent la scène internationale, le Patriarche chaldéen invite «tous les croyants, chrétiens et musulmans, qui jeûnent actuellement pour le Ramadan, et aussi les juifs, à regarder la tragédie en Ukraine et dans les pays du Moyen-Orient, leur humiliation et le démantèlement de leur belle mosaïque». Aujourd’hui plus que jamais, souligne le cardinal irakien, la célébration de Pâques est une occasion propice pour reconnaître également en ce temps «l’amour de Dieu pour les hommes, sa proximité et sa miséricorde infinie envers tous», qui se manifeste «à travers la résurrection du Christ», qui a eu lieu «pour le salut de l’humanité».

La résurrection du Christ «vient éclairer ceux qui sont dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et diriger nos pas sur le chemin de la paix», rappelé le cardinal Sako, reprenant les paroles du chant évangélique de Zacharie, père de Jean Baptiste. C’est la résurrection du Christ qui fait fleurir les gestes gratuits de charité envers nos frères et sœurs, et nous rassemble, comme ce fut le cas pour les disciples de Jésus, «qui étaient unis quand il est ressuscité, et partageaient avec amour tout ce qu’ils possédaient», exprime-t-il.

Appel au dialogue en Irak

«Les présidents, les autorités religieuses et les communautés sociales», ajoute le Patriarche dans son discours, et faisant référence au conflit sanglant au cœur de l’Europe, «devraient œuvrer pour mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine, pour résoudre le conflit avec les outils de la diplomatie, au lieu des armes. Il devrait être mis fin à la guerre, aux victimes, à la douleur, à la destruction, aux migrations, à la pauvreté et aux maladies. Il faut mettre fin à la production d’armes mortelles partout», et «toute personne décente doit rejeter cet enfer».

Source: VATICANNEWS, le 13 avril 2022

IRAQ – Le mouvement de Muqtada al Sadr relance sa campagne de restitution des maisons et des terres illégalement prises aux chrétiens et aux mandéens

Plus de quatre-vingts propriétés immobilières – terrains et maisons – ont déjà été restituées à leurs propriétaires légitimes en vertu de la campagne promue par le leader chiite Muqtada al Sadr en faveur des citoyens chrétiens et mandéens qui, ces dernières années, avaient subi une usurpation arbitraire et illégitime de leurs biens par des individus ou des groupes organisés.

Hakim al Zamili, membre éminent du Mouvement sadriste (le groupe politique dirigé par Muqtada al Sadr), qui a également dirigé par le passé la commission parlementaire irakienne pour la sécurité et la défense, a fait état des résultats obtenus jusqu’à présent par l’initiative inspirée par Muqtada al Sadr.


Dans une déclaration, relancée mercredi 25 août par divers médias irakiens, al Zamili a précisé que les dernières propriétés immobilières rendues à leurs propriétaires légitimes chrétiens et mandéens sont concentrées dans la région de Bagdad, et que jusqu’à présent, le comité promu ad hoc sur les instructions d’al Sadr pour effectuer le travail de restitution a recueilli plus de 140 demandes de restitution faites par des citoyens chrétiens et mandéens qui, dans les phases récentes et convulsives de l’histoire irakienne, avaient également subi l’expropriation illégale de leurs biens immobiliers.


Au début de l’année 2021, comme le rapporte l’Agence Fides (voir Fides 4/1/2021), le leader chiite irakien Muqtada al Sadr (chef de la formation politique sadriste qui jouit d’une forte représentation au Parlement de Bagdad) avait ordonné la création d’une commission ad hoc,

Ce comité était chargé de recueillir et de vérifier les informations et les plaintes concernant des cas d’expropriation abusive de biens immobiliers ces dernières années par des propriétaires chrétiens et mandéens (ces derniers appartenant à une minorité religieuse qui suit des doctrines gnostiques) dans diverses régions du pays. Le but de l’opération parrainée par le leader chiite était de rétablir la justice et de mettre fin aux violations des droits de propriété de ses « frères chrétiens », même lorsque ces violations étaient commises par des membres du mouvement sadriste.

La demande de signaler les cas d’expropriations illégales subies a également été étendue aux familles chrétiennes qui ont quitté le pays ces dernières années, avec la demande d’envoyer au comité les rapports des usurpations frauduleuses subies avant la fin du prochain Ramadan.

Le phénomène du vol illégal des maisons des chrétiens a pu s’installer grâce à la connivence et à la couverture de fonctionnaires corrompus et malhonnêtes, qui se mettent au service d’imposteurs individuels et de groupes organisés de fraudeurs (voir Fides 23/7/2015).

Le vol « légalisé » des biens des familles chrétiennes est étroitement lié à l’exode massif des chrétiens irakiens, qui s’est intensifié depuis 2003, après les interventions militaires menées par les États-Unis pour renverser le régime de Saddam Hussein. De nombreux fraudeurs se sont appropriés des maisons et des terrains laissés sans surveillance, comptant sur le fait qu’aucun des propriétaires ne reviendrait réclamer la propriété.


Le leader chiite controversé Muqtada al Sadr est également connu pour avoir été le fondateur de l’Armée du Mahdi, la milice – officiellement dissoute en 2008 – créée en 2003 pour combattre les forces armées étrangères présentes en Irak après la chute du régime de Saddam Hussein. Les analystes ont enregistré plusieurs changements de rythme au cours des dix dernières années de la part du dirigeant, qui a dissous sa milice en 2008 et ne semble pas s’aligner sur l’Iran.

Dans le passé, dans les scénarios politiques irakiens de ces dernières années, Muqtada al Sadr a également essayé de se profiler comme un médiateur potentiel. Sa visite en Arabie saoudite en juillet 2017 pour rencontrer le prince Mohammed bin Salman a également été interprétée dans cette perspective.

Source: Agence Fides, le 26 août 2021

Irak : il y a sept ans, l’exode des chrétiens de la plaine de Ninive

Une vue du clocher de la cathédrale de l'Immaculée Conception à Qaraqosh, le 5 mars 2021.Une vue du clocher de la cathédrale de l’Immaculée Conception à Qaraqosh, le 5 mars 2021.  (AFP or licensors)

Irak : il y a sept ans, l’exode des chrétiens de la plaine de Ninive

Durant l’été 2014, l’offensive de l’organisation État islamique avait contraint une grande partie de la population du nord de l’Irak à quitter son domicile. Aujourd’hui des milliers d’Irakiens, parmi lesquels de nombreux chrétiens, attendent encore avant de regagner leurs terres d’origine. Mais la visite du Pape François a relancé une dynamique d’espérance.

Giancarlo La Vella – Cité du Vatican

«Des dizaines de milliers de chrétiens irakiens de la plaine de Ninive ont été contraints de quitter leurs terres. L’avancée des miliciens de l’autoproclamé État islamique a provoqué un exode biblique. Et aujourd’hui encore, beaucoup doivent rentrer chez eux. Nous ne devons pas laisser les Irakiens de la plaine de Ninive seuls», a déclaré Don Renato Sacco de Pax Christi à Radio Vatican, sept ans après l’offensive de Daech. «La reconstruction et le retour seront longs et difficiles», reconnaît le prêtre italien.

Don Renato Sacco, il y a sept ans, l’enfer a éclaté pour les chrétiens irakiens dans la plaine de Ninive. Que s’est-il passé cette nuit-là?

Dans la nuit du 6 au 7 août, il y a sept ans, jour de la Transfiguration et anniversaire de la bombe atomique d’Hiroshima, le soi-disant État islamique, qui occupait déjà ce territoire depuis un certain temps – Mossoul était déjà sous le contrôle de ce groupe – a chassé 100 000 personnes de la plaine de Ninive. Il s’agissait principalement de chrétiens et d’un exode biblique. Presque tous sont allés vers Erbil. J’en ai entendu parler parce que le matin j’ai parlé avec le patriarche, Louis Sako, et d’autres personnes, puis j’ai téléphoné aux agences de presse et à de nombreux journalistes, mais ils m’ont fait comprendre que ce n’était pas une information intéressante. Le seul média qui a rapporté la nouvelle est Radio Vatican.

Et puis, quand le fait est sorti, les mêmes journalistes, qui m’avaient snobé, m’ont rappelé parce qu’ils ont compris que quelque chose de dramatique s’était produit. C’était un exode vraiment biblique. N’oublions pas que les années précédentes, en 2008, l’évêque chaldéen de Mossoul, Mgr Faraj Raho, avait été enlevé et tué, et l’année précédente, le père Rashid Ghani, un très jeune homme, avait été tué avec trois de ses compagnons. De nombreuses personnes ont souffert de cette tragédie. De nombreuses femmes ont été enlevées, transformées en esclaves sexuelles, et des milliers d’entre elles se trouvent toujours dans cette situation tragique.

Quand les chrétiens ont-ils réussi à retourner à Ninive?

C’était il y a longtemps, car beaucoup sont restés pendant des années, surtout à Erbil, et beaucoup y sont encore aujourd’hui. Puis, lorsque l’État islamique est tombé, beaucoup sont revenus avec difficulté. Mais n’oublions pas que, tout d’abord, les destructions ont été énormes et qu’il est impossible de reconstruire en deux minutes, puis il y a eu les bombes non explosées, les maisons minées, les pièges, de sorte que vous ne pouviez pas retourner dans vos maisons comme après une inondation.

Je dirais que les centres que je connais le mieux comme Qaraqosh et Mossoul, lentement et récemment, reviennent à la vie. Mais par exemple à Mossoul, il y a une partie qui est complètement détruite, elle n’est plus habitable, certaines maisons sont encore occupées, donc certaines personnes ne peuvent pas retourner chez elles. Disons qu’il y a un retour, mais il est encore assez lent et laborieux, même s’il est plein d’espoir.

Le Pape a souhaité personnellement apporter du réconfort aux chrétiens et aux habitants de la plaine de Ninive lors de son voyage en mars dernier. Que reste-t-il de cette rencontre?

Comme nous l’avons titré dans le magazine de Pax Christi Mosaïque de la paix, je crois vraiment que ce voyage a été bouleversant pour les gens sur place, pour l’Occident, pour ce que le Pape a dit et pour ce qu’il a fait. Une religieuse m’a dit que pendant ces jours du voyage de François, il n’y avait pas de diversité religieuse, tout le monde était irakien, car la tragédie concerne tous les Irakiens.

Je pense donc qu’il est important que le Pape soit perçu comme un signe, une présence d’espoir pour tous et je dirais même pour l’Occident, car il a fait un bel appel à notre conscience. Aucun dirigeant politique au monde n’a fait ce que le Pape François a fait: il est allé voir l’ayatollah Al-Sistani, il a dénoncé la guerre, il a dénoncé les marchands d’armes. Puis, à son retour, il nous a posé, à nous Occidentaux, la question quelque peu provocatrice: «Qui a vendu les armes?». Toutes ces destructions ont évidemment été effectuées en réponse aux intérêts majeurs des marchands d’armes dans lesquels nous sommes personnellement impliqués.

Peut-on dire, alors, qu’avec le voyage du Pape, l’espérance est véritablement revenue pour tous les Irakiens?

Il s’agit certainement d’une injection d’espérance qui restera en circulation et qui a mis quelque chose de positif en eux. Ce que nous devons faire, c’est ne pas les laisser seuls, car les problèmes sont nombreux: la lutte pour le redressement, la cohabitation, la lutte contre la corruption au niveau politique. N’oublions pas qu’en octobre, il y aura également des élections générales en Irak, un pays déchiré d’abord par la guerre et maintenant par la corruption.

Il y a donc des signes d’espoir, mais, je le répète, nous ne devons pas les laisser seuls comme nous l’avons toujours fait, en faisant la guerre ou en volant des matières premières comme le pétrole. Nous devons nous rappeler, comme le dit le Pape François, que nous sommes frères. Ainsi, les chrétiens irakiens de rite chaldéen ou autre, les musulmans ou les Yazidis sont nos frères et sœurs. Ils doivent garder cet espoir.

Sans oublier que l’Irak, comme tous les autres pays du monde, est aux prises avec la crise du coronavirus, avec la pandémie…

Oui, en plus de tout cela, ils doivent faire face au coronavirus, avec une souche encore plus importante. C’est pourquoi nous ne devons pas les oublier.

Source: VATICANNEWS, le 6 août 2021

« La joie est possible en Irak », entretien avec le p. Ephrem Azar

P. Ephrem Azar, dominicain irakien © Zenit / AKM

P. Ephrem Azar, Dominicain Irakien © Zenit / AKM

« La joie est possible en Irak », entretien avec le p. Ephrem Azar

Le pape a relié le pays du nord au sud

« La joie est possible en Irak », affirme le dominicain irakien Ephrem Azar, au lendemain du voyage du pape François dans le pays. Dans un entretien à Zenit, il appuie sur la nécessité de l’éducation des jeunes, pour leur ouverture à l’autre et pour leur enracinement dans une culture « qui a pu être rayonnante pour le monde entier ».

Le p. Ephrem Azar évoque sa « grande émotion » lors de sa rencontre avec le pape dans l’église de Qaraqosh : « Je l’ai salué longuement, en le regardant en face, en lui serrant la main très fortement… Il y avait du monde qui s’attroupait autour de lui, c’était indiscret de lui dire quelque chose qui me tenait à coeur, mais j’aurais bien aimé lui dire : voyez cette cathédrale, on vient de la restaurer, et maintenant c’est l’être humain qu’il faut aussi restaurer. »

Les chrétiens sont des passeurs

Le dominicain retient de la visite papale « trois axes importants » : tout d’abord, « la joie est possible en Irak ». « Les médias, fait-il observer, étaient habitués depuis des décennies au visage de la guerre, de la violence ». Or durant ces journées c’est la joie qui a triomphé, et pas seulement chez les chrétiens : « Les musulmans aussi étaient heureux d’accueillir un pape chez eux. »

« Les Irakiens, poursuit-il, ont vu les images d’un homme bon, d’un homme de paix qui va semer la paix… La chaleur de cet homme, sa bonté, son humanité, ont joué un rôle fondamental dans ce voyage. »

Pour le religieux qui a participé à la prière interreligieuse à Ur en Chaldée (6 mars), le pape a une mission essentielle dans un pays où de nombreuses villes ont été vidées des chrétiens : « Voir parmi eux un responsable chrétien, c’est faire ressurgir la présence chrétienne dans la mémoire des Irakiens. »

Les chrétiens, ajoute-t-il, « sont les fondateurs de ce pays, bien avant l’islam », ils sont « des passeurs, qui ont joué un rôle fondamental dans la culture arabo-musulmane », ils ont « toujours agi comme un ferment » au Proche-Orient. Et ils « ont des droits comme tous les autres, ils ne sont pas des gens de seconde classe », affirme le p. Ephrem Azar qui déplore les articles « nettement contraires aux minorités » dans la constitution irakienne actuelle et certains programmes scolaires à l’école primaire. Il est notamment illégal pour un homme chrétien d’épouser une femme musulmane sans se convertir à l’islam. Les conversions ne sont pas interdites mais dans les faits un converti peut être poursuivi pour blasphème, ou tué par des militants djihadistes.

Dans les ruines, l’espoir de la restauration

Le deuxième axe de ce voyage, c’est la reconstruction par le dialogue, que le p. Ephrem Azar voit dans deux moments : la visite chez le grand ayatollah Al-Sistani à Nadjaf, haut lieu du chiisme irakien, et la prière pour les victimes des guerres à Mossoul.

« C’est là, s’enthousiasme le dominicain, dans les ruines, à 300 m de là où Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé l’Etat islamique (5 juillet 2014, dans la mosquée Al-Nouri, ndlr) que le pape a souligné la possibilité de la restauration, du dialogue, pas dans la violence mais dans le respect des autres… Comme Jonas à Ninive, le pape a voulu venir leur dire : je suis là, je suis parmi vous. »

Enfin le troisième axe du voyage est spirituel, il invite à « un chemin » de fraternité, d’ouverture. Aujourd’hui, estime le religieux, « c’est aux dirigeants irakiens de décider : soit ils choisissent la voie de la fraternité et de l’ouverture, soit ils gardent les choses telles quelles, sur la voie de l’anarchie, de la violence et de la corruption ».

Est-ce qu’après cela les chrétiens qui ont quitté l’Irak vont pouvoir revenir ? « Cela reste une question », répond le p. Ephrem Azar, qui est témoin de la « dépression » des exilés, sans racines, en Occident. « J’ai appris que cinq familles étaient rentrées à Qaraqosh. Ce sera peut-être des retours de reconstruction, non pas pour y rester indéfiniment, mais par sens de l’appartenance. L’élément chrétien est indispensable pour l’Irak. Les chrétiens comme les autres minorités ethniques et religieuses sont là pour dire aux musulmans que c’est en reconnaissant l’autre différent dans ses richesses culturelles et religieuse que nous pourrons construire le pays. »

Le pape a relié le pays du nord au sud

Au fil de ce déplacement, « le pape François a relié l’Irak dans son entier, du sud au nord, depuis Ur et la culture summérienne, babylonienne, en passant par Ninive et la culture assyrienne, sunnites et chiites, arabes et kurdes…. c’est l’Irak que j’ai toujours connue », confie le dominicain né à Mossoul.

Fondateur de l’association « Entre Deux Rives, la passerelle France-Orient », il s’inquiète surtout pour les jeunes, qui vivent des choses « dramatiques ». En visitant des écoles restaurées par son association – où les élèves sont à majorité musulmane – dans la plaine de Qaraqosh, il recommande l’éducation : « J’ai cité au directeur un verset du Coran où Dieu demande au prophète Mohammed de lire. “Lis au nom de ton Dieu qui a appris à l’homme ce qu’il connaît pas”. Pour faire sortir les enfants de l’ignorance de l’obscurantisme, il faut leur apprendre à lire, les éduquer pour s’ouvrir aux autres. Sinon Daesh est de retour. »

« Si vous éduquez vos enfants, vous gagnez ; si vous ne transmettez rien, le pays sera détruit, la culture va mourir », prévient le p. Ehprem Azar, s’attristant du chômage qui touche plus de 40% des jeunes, dont ses propres neveux et nièces qui « terminent l’université sans avenir ». Alors même « qu’en Irak, il y a tellement de richesse humaine, culturelle, sociale, il y a un potentiel inimaginable ».

Source: ZENIT.ORG, le 17 mars 2021

L’espérance de l’Irak dans le sourire d’une petite fille

Photo prise à Mossoul, le dimanche 7 mars 2021.Photo prise à Mossoul, le dimanche 7 mars 2021.  (Fotografico Vatican Media)

L’espérance de l’Irak dans le sourire d’une petite fille

Le voyage du pape en Irak a jeté une lumière nouvelle sur une terre dévastée par une guerre qui dure depuis dix ans, montrant au monde la soif de paix et de fraternité d’une population qui souhaite recommencer à vivre.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

«Pour nous, c’était comme de se réveiller d’un cauchemar, nous n’en croyions pas nos yeux, le pays peut vraiment se relever». Ces simples mots contiennent l’espoir de tout un peuple, le peuple irakien, qui a accueilli le Pape du 5 au 8 mars dernier. S’il ne fallait retenir qu’une image de ce voyage, ce serait un instantané pris à Mossoul, grande ville du Nord dont le groupe État islamique avait fait sa capitale irakienne, où les décombres sont criblés de milliers de balles, où en regardant les églises, les maisons, les mosquées détruites et défigurées, on touche du doigt la violence des combats, la fureur de l’homme qui détruit, piétine, anéantit son frère.

Dans ce contexte, où l’horreur a semblé prévaloir, le Pape a été accueilli par le chant d’enfants brandissant des branches d’olivier, tandis que d’autres, non loin de la réunion, jouaient sur un chemin de terre ; l’asphalte ne subsiste que dans les rues centrales. C’est là qu’une petite fille de quatre ou cinq ans, vêtue d’une combinaison rose à fleurs et d’une paire de sandalettes, se détache de son groupe de compagnons et marche à reculons. Inconsciemment, elle s’arrête devant les jambes d’un soldat. Elle le regarde, ses yeux balayent sa silhouette de bas en haut.

Le soldat muni de bombes accrochés à sa taille, d’un casque, de lunettes pour se protéger du soleil, courbe le cou et croise le regard de la petite fille, le visage sali par la terre comme le reste de son corps. Derrière eux, seulement les décombres de ce qui furent des maisons. Leurs regards se croisent malgré ces sombres lunettes, l’homme caresse la petite fille sur la tête et la soulève. Elle éclate en un sourire, qu’il lui rend un instant plus tard. Dans cette image, il y a tout le présent et l’avenir de l’Irak.

Le voyage de François, le premier Pape à avoir mis les pieds sur la terre d’Abraham, fut mémorable. Le Saint-Père a encouragé et confirmé dans la foi la communauté chrétienne qui, avec les musulmans et les minorités présentes, comme les Yézidis, a connu des souffrances indicibles. Ce fut un voyage historique en raison du pont jeté avec chiites après celui jeté avec les sunnites à Abou Dhabi, en raison de l’accueil qu’a reçu le Saint-Père, mais surtout pour la lumière –du bien et de la rédemption- qu’il a apportée dans un lieu dévasté par la guerre, la violence et les persécutions perpétrées par Daesh, et qui vit aujourd’hui les fléaux de la pauvreté et de la pandémie du covid-19.

Ce qui frappe, c’est la militarisation: partout se trouvent des hommes en tenue de guerre, avec d’épais gilets pare-balles, des ceintures dotées de grenades, des casques munis de visières de précision et des armes lourdes ; des dizaines de pick-up le long des rues avec des mitrailleuses, des tanks et des voitures blindées. Le long des rues, alors que la procession papale passait, les personnes qui n’étaient pas autorisées à se tenir sur les bords avec des drapeaux et des bannières se trouvaient à des dizaines de mètres, les mains derrière le dos. Le long des murs emprisonnés dans du fil barbelé, de nombreux drapeaux du Vatican, or et blancs, avaient été déployés à Bagdad, Nasiriya, Ur, Mossoul, Qaraqosh, Erbil.

En 2020, l’Irak a subi environ mille quatre cents actions terroristes, il est difficile de trouver du travail, les difficultés économiques sont une réalité dramatique, mais le pays ne se résume pas à cela, même si c’est le récit dominant, souvent le seul. Cette histoire ne laisse aucune place à ceux qui aident les autres, à ceux qui s’engagent dans une réalité de partage et de reconstruction.

Le voyage du Pape a jeté une lumière différente sur le pays et, pour la première fois depuis des décennies, on a parlé de l’Irak en termes positifs, d’accueil, de perspectives, d’avenir. Les chrétiens et les musulmans ont remis à François leurs souffrances, mais aussi leur foi, leur force, leur désir de rester, en remettant sur pied une terre qui, dans le passé, a été le berceau d’anciennes civilisations et un exemple de coexistence pacifique. Tous écoutaient ce qu’ils ont défini comme étant «les grandes paroles» prononcées par un sage.

Les chrétiens se sont retrouvés en prière avec le Successeur de Pierre, devenant ainsi une lumière pour le monde entier. Un peuple concret, marqué par des histoires de souffrance indicible, qui cherche à surmonter la haine et n’accepte pas de devenir un réservoir de terreur et de fondamentalisme. Le Pape a apporté un ferment nouveau, dans une réalité habituée à être racontée en couleurs sombres et mortelles. À Bagdad, où les murs et les périmètres blindés protègent les fidèles dans les églises et les mosquées, les bâtiments partiellement habités alternent avec des places illuminées de façon festive ou des quartiers très pauvres. L’architecture montre la discontinuité des styles et les fissures des combats.

François a fait mémoire des martyrs, condamnant toute forme de fondamentalisme, il s’est fait proche de la communauté chrétienne tout comme de chaque personne ayant souffert et continuant de souffrir. Malgré la pandémie, des familles entières se sont rassemblées derrière des véhicules blindés appelés à former des cordons de séparation, ne serait-ce que pour voir un instant «l’homme de paix» venu de loin. À Ur, où s’est tenue la très attendue rencontre interreligieuse, alors que le vent du désert soufflait à travers les filets de protection placés le long du parcours depuis l’aéroport de Nasiriya. Ici, où la tradition indique ce se trouvait la maison d’Abraham derrière laquelle se dresse l’une des plus grandes ziggurats du monde, on a vu en plein jour les étoiles du ciel, le firmament que le Pape a indiqué comme une boussole, pour marcher sur la terre, pour construire des chemins de rencontre, de dialogue et de paix.

Les personnes présentes ont parlé d’une «rencontre extraordinaire, inimaginable», rendant grâce à Dieu en différentes langues. La joie et l’émotion de la communauté de Qaraqosh où la majorité des habitants sont chrétiens, était inoubliable. Le Pape a écouté les blessures et le témoignage de foi de ceux qui ont vu le groupe État islamique tuer leurs enfants, leurs femmes, leurs frères. Il a entendu demander pardon pour les meurtriers. Ici, sur les visages des personnes âgées et des jeunes, qui avaient revêtus leurs habits de fête pour l’occasion, les larmes ont coulé lorsque le Pape a scandé les mots «Vous n’êtes pas seuls». Le salut d’espérance adressé par l’Irak au Pape est devenu visible dans le grand stade d’Erbil, au Kurdistan irakien, où de nombreux Irakiens et Syriens ont trouvé refuge. Plus de 10 000 personnes, arrivées de toutes les régions du pays, ont prié avec François, dans le recueillement et le silence, avec un nouvel espoir dans leur cœur: qu’un Irak différent soit possible.

Source: VATICANNEWS, le 15 mars 2021

À Qaraqosh, ces « youyous » qui ont salué le passage du Pape

Vincenzo PINTO / AFP – Le 7 mars 2021, le pape François est accueilli par les fidèles dans l’église de l’Immaculée Conception, à Qaraqosh (Irak).

À Qaraqosh, ces « youyous » qui ont salué le passage du Pape

Lors du passage du Pape à Qaraqosh, le 7 mars 2021, au cours de son voyage apostolique en Irak, de nombreux « youyous » ont résonné, manifestant la joie des femmes à la venue du pontife argentin. 

Aigus, vibrants, longs et peins de joie. Les « youyous », ces cris poussés par les femmes dans de nombreuses régions du monde, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont résonné  dans les rues de Qaraqosh, accompagnant le passage du Pape lors de son voyage apostolique en Irak.

Fraternité en Irak, association humanitaire qui vient en aide aux minorités religieuses victimes de violences, a publié plusieurs vidéos dans lesquelles on entend de façon très nette ce cri joyeux qui manifeste une émotion collective. Les femmes poussent des « youyous » le plus souvent lors d’évènements heureux, plus rarement lors de funérailles. À Qaraqosh, elles étaient toute à la joie de la venue du pontife argentin et ont su le manifester joyeusement, selon leur tradition.

Lors du passage du Pape à Qaraqosh, le 7 mars 2021, au cours de son voyage apostolique en Irak, de nombreux « youyous » ont résonné, manifestant la joie des femmes à la venue du pontife argentin. 

Aigus, vibrants, longs et peins de joie. Les « youyous », ces cris poussés par les femmes dans de nombreuses régions du monde, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ont résonné  dans les rues de Qaraqosh, accompagnant le passage du Pape lors de son voyage apostolique en Irak.

Fraternité en Irak, association humanitaire qui vient en aide aux minorités religieuses victimes de violences, a publié plusieurs vidéos dans lesquelles on entend de façon très nette ce cri joyeux qui manifeste une émotion collective. Les femmes poussent des « youyous » le plus souvent lors d’évènements heureux, plus rarement lors de funérailles. À Qaraqosh, elles étaient toute à la joie de la venue du pontife argentin et ont su le manifester joyeusement, selon leur tradition.

Source: ALETEIA, le 7 mars 2021

Le pape accueilli par une délégation enthousiaste au Kurdistan irakien

Le pape accueilli par les autorités du Kurdistan irakien, 7 mars 2021, Erbil © Vatican Media
Le Pape Accueilli Par Les Autorités Du Kurdistan Irakien, 7 Mars 2021, Erbil © Vatican Media

Le pape accueilli par une délégation enthousiaste au Kurdistan irakien

Costumes traditionnels, chants et palmes

Des chants, des palmes, des rires… une petite foule d’enfants, de jeunes et d’autorités du Kurdistan irakien, en vêtements traditionnels, ont accueilli le pape François à son arrivée à Erbil, ce 7 mars 2021, troisième jour de son voyage en Irak.

Le pape a pris ce matin l’avion depuis Bagdad, où il réside à la nonciature apostolique, pour se rendre à Erbil à bord d’un avion de la compagnie Iraqi Airways. Il y a atterri aux alentours de 8h20 heure locale (6h20 à Rome), et a été salué sur le tapis rouge par deux enfants qui lui ont offert des fleurs, ainsi que par le président de la région autonome Nechirvan Barzani, et le premier ministre Masrour Barzani.

Autour du tapis rouge, plusieurs centaines de personnes, toutes générations confondues, exprimaient leur enthousiasme à l’arrivée du premier pape sur cette terre, qui plus est durement éprouvée par la guerre. L’archevêque d’Erbil des chaldéens, Mgr Bashar Matti Warda, et l’archevêque d’Erbil des syriens, Mgr Nizar Semaan, étaient également présents.

Dans une salle de l’aéroport, le pape a échangé avec les autorités du Kurdistan irakien, puis a pris un hélicoptère, survolant les terres dévastées et les villages en ruines jusqu’à Mossoul, le long d’une zone sous haute protection militaire. Là, dans les décombres de la ville, il a participé à une prière pour les victimes de la guerre.

Source: ZENIT.ORG, le 7 mars 2021

Rencontre historique entre le Pape François et le grand ayatollah Al-Sistani

Rencontre historique entre le Pape François et le grand ayatollah Al-Sistani

Le Saint-Père s’est entretenu pendant près de 45 minutes avec la principale autorité religieuse chiite en Irak, ce samedi 6 mars. 

Delphine Allaire et Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

Au lendemain de son arrivée sur le sol irakien, le Pape François a pris ce samedi matin la direction de Najaf, la ville sainte chiite située à 160 kilomètres environ au sud de Bagdad, et lieu de résidence du grand ayatollah Sayyid Ali Al-Husayni Al-Sistani. Le Saint-Père l’a rencontré pendant près de 45 minutes, contre une demi-heure prévue initialement. Comme le souligne un communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège, le Souverain Pontife a évoqué au cours de cet entretien privé «l’importance de la collaboration et de l’amitié entre les communautés religieuses afin qu’en cultivant le respect réciproque et le dialogue, on puisse contribuer au bien de l’Irak, de la région et de l’humanité entière».

«La rencontre a été l’occasion pour le Pape de remercier le Grand Ayatollah Al-Sistani car, avec la communauté chiite, face à la violence et aux grandes difficultés des années passées, il a élevé sa voix en faveur de la défense des plus faibles et des persécutés, en affirmant la sacralité de la vie humaine et l’importance de l’unité du peuple irakien», poursuit la déclaration de Matteo Bruni, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège.

«En prenant congé du Grand Ayatollah, le Saint-Père a réitéré sa prière à Dieu, Créateur de tous, en faveur d’un avenir de paix et de fraternité pour la bien-aimée terre irakienne, pour le Moyen-Orient et pour le monde entier», lit-on en conclusion.

De son côté, le grand ayatollah a confirmé son intérêt à ce que les citoyens chrétiens vivent en Irak, comme tous les citoyens, «dans la sécurité et la paix et dans le plein respect de leurs droits constitutionnels». Dans une déclaration publiée par son bureau de presse, le dignitaire chiite s’est arrêté lors de leur entretien sur le rôle des chefs religieux pour endiguer les «tragédies» dont souffre le pays et ceux de la région: «l’injustice, l’oppression, la pauvreté, la persécution religieuse et intellectuelle, la suppression des libertés fondamentales et de l’absence de justice sociale» et évidemment les guerres ou blocus – il mentionne dans sa déclaration le sort des Palestiniens. Les dignitaires religieux doivent, selon lui, exhorter les parties concernées, notamment «les grandes puissances», afin qu’elles privilégient la raison et la sagesse, qu’elles rejettent le langage de la guerre et ne fassent pas prévaloir leur propre intérêt sur le droit des peuples à vivre dans la liberté et la dignité. Le grand ayatollah Al-Sistani y remercie enfin le Saint-Père d’être venu jusque Najaf pour le rencontrer et lui souhaite beaucoup de bonheur ainsi qu’aux chrétiens lors de son voyage en Irak.

Favorable aux minorités chrétiennes en Irak

François est donc le premier Souverain Pontife à rencontrer le chef suprême des chiites d’Irak. Une étape interreligieuse très forte dans ce voyage apostolique, qui a suscité l’enthousiasme dans le pays. Elle a été saluée par le président irakien Barham Saleh comme «une expression religieuse profonde de modération».

Ali Al Sistani, âgé de 90 ans, a un rôle central dans la construction de la paix. Cette autorité politique et religieuse de référence du pays a déjà pris des positions favorables aux minorités chrétiennes d’Irak: dans plusieurs de ses fatwas, il insiste sur respect et la protection de toute minorité religieuse, et alerte chaque vendredi contre le risque de guerre civile dans le pays.

Selon le cardinal Fernando Filoni, ancien nonce apostolique en Irak qui témoignait récemment sur nos ondes, le Pape et le grand ayatollah sont un peu comme deux piliers prêts à former un arc, un même pont de paix. Plusieurs figures bibliques communes peuvent aider en ce sens. Abraham bien sûr, mais aussi le prophète Ezéchiel très respecté dans cette province de Babylone où il est enterré, dans un sanctuaire partagé entre les 3 monothéismes.

Source: VATICANNEWS, le 6 mars 2021