Cameroun : Messe présidée par le cardinal Sarah  Le 7 avril prochain, au Centre de retraite « Parole de Dieu »

Cardinal Robert Sarah © Mouvement de l’incarnation

Cameroun : Messe présidée par le cardinal Sarah  Le 7 avril prochain, au Centre de retraite « Parole de Dieu »

Le 7 avril prochain, au Centre de retraite « Parole de Dieu »

Le cardinal Robert Sarah, Préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, présidera pour le Mouvement de l’Incarnation (Groupes Parole de Dieu), une célébration eucharistique au Centre de retraite Parole de Dieu dans le diocèse d’Obala au Cameroun. Cette messe prévue le 7 avril 2024 à 10h, se situe dans le cadre de la visite du 2 au 12 avril dans le Diocèse d’Obala, suite à l’invitation de Mgr Sosthène Bayemi, Ordinaire des lieux. Le Mouvement de l’Incarnation est une association publique de fidèles, dont la spiritualité consiste à Vivre la Parole de Dieu. Il a initié depuis 2007 un projet de construction d’un lieu de rassemblements de ses membres pour le recueillement et la prière, pouvant abriter 2000 participants pour les retraites. A tiers chemin de la réalisation de ce projet, le Centre de Retraite Parole de Dieu, accueillera son Eminence pour la messe dominicale Cette célébration marque un évènement unique et très attendu par la grande communauté des fidèles. En outre, pour les membres du Mouvement et particulièrement de leur fondateur, c’est avec beaucoup ferveur et de joie que l’événement se prépare.  Mouvement de l’Incarnation

Source : ZENIT.ORG, le 20 mars 2024

Cardinal Sarah : “L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”

“L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”20 septembre 2023

Le cardinal Sarah a publié un article important dans la revue Communio intitulé “The Inexhaustible Reality : Joseph Ratzinger and the Sacred Liturgy” (vol. 49, hiver 2022), dont The New Liturgical Movement a publié les passages suivants :

pp. 639-40

L’une des contributions “inaperçues” mais importantes de [Joseph Ratzinger] L’esprit de la liturgie est sa réflexion sur l’autorité – en particulier l’autorité papale – et la liturgie sacrée. Notant que la liturgie occidentale est quelque chose qui (en empruntant les mots de J. A. Jungmann, SJ) “est venu à être”, c’est-à-dire “une croissance organique” et non “une production spécialement conçue”, “quelque chose d’organique qui croît et dont les lois de croissance déterminent les possibilités de développement ultérieur”, le cardinal Ratzinger observe qu’à l’époque moderne “plus la primauté [pétrinienne] était vigoureusement affichée, plus la question de l’étendue et des limites de cette autorité, qui bien sûr n’avait jamais été envisagée, se posait”. Après le Concile Vatican II, on a eu l’impression que le pape pouvait vraiment faire n’importe quoi en matière liturgique, surtout s’il agissait sur mandat d’un concile œcuménique. Finalement, l’idée du caractère donné de la liturgie, le fait que l’on ne peut pas en faire ce que l’on veut, a disparu de la conscience publique de l’Occident. En effet, le Concile Vatican I n’avait nullement défini le pape comme un monarque absolu. Au contraire, il l’a présenté comme le garant de l’obéissance à la Parole révélée. L’autorité du pape est liée à la Tradition de la foi, et cela vaut aussi pour la liturgie. Elle n’est pas “fabriquée” par les autorités. Même le pape ne peut être qu’un humble serviteur de son développement légal, de son intégrité et de son identité permanentes. . . . L’autorité du pape n’est pas illimitée, elle est au service de la Sainte Tradition”.

En affirmant l’objectivité de la liturgie sacrée dans ses formes rituelles développées et le devoir de la plus haute autorité de l’Église de respecter cette réalité, le cardinal Ratzinger a posé les fondements théologiques permettant d’envisager une réforme de la réforme liturgique, voire de laisser légitimement de côté les rites réformés en faveur de leurs prédécesseurs. L’obéissance non critique à l’autorité papale – déjà abandonnée depuis longtemps en de nombreux endroits, mais à laquelle d’autres s’accrochent comme garantie d’orthodoxie en des temps troublés – a reçu un coup, au moins en ce qui concerne la réforme liturgique, de la part d’un des prélats les plus haut placés dans l’Église (bien qu’écrivant à titre privé).

pages 643-45 :

L’acte de gouvernance liturgique le plus célèbre du pape Benoît a été, bien sûr, son motu proprio Summorum pontificum (2007), “Sur l’usage de la liturgie romaine avant la réforme de 1970”, établissant que les rites liturgiques plus anciens n’ont “jamais été abrogés” et peuvent donc être librement utilisés, et que les demandes de groupes de fidèles pour leur célébration doivent être acceptées. Les évêques ne peuvent plus exclure a priori leur célébration. La réglementation de ces principes par le pape Benoît était permissive, marquant un changement radical par rapport à l’approche parcimonieuse de trop d’évêques jusqu’alors.

La “Lettre aux évêques à l’occasion de la publication de la Lettre apostolique ‘Motu Proprio’ Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine avant la réforme de 1970”, qu’il a accompagnée à la même date, traitait habilement de l’opposition bruyante que cette mesure avait suscitée avant même sa parution ; il notait la réalité pastorale selon laquelle “les jeunes aussi ont découvert cette forme liturgique, en ont ressenti l’attrait et y ont trouvé une forme de rencontre avec le mystère de la très sainte Eucharistie, particulièrement adaptée à eux”, et il lançait un appel aux évêques : “Ouvrons généreusement nos cœurs et faisons place à tout ce que la foi elle-même permet”. Le pape s’est exprimé clairement,

“Dans l’histoire de la liturgie, il y a croissance et progrès, mais pas de rupture. Ce que les générations précédentes considéraient comme sacré, reste sacré et grand pour nous aussi, et ne peut pas être tout à coup entièrement interdit ou même considéré comme nuisible. Il nous appartient à tous de préserver les richesses qui se sont développées dans la foi et la prière de l’Église, et de leur donner la place qui leur revient”.

Là encore, pour qui connaît la pensée liturgique de Joseph Ratzinger, cette prise de position n’est pas une surprise. Son ouverture aux réalités concernées – historiques, théologiques et pastorales – est évidente. Mais pour ceux qui ne partageaient ni sa vision ni son ouverture, il s’agissait d’actes rétrogrades remettant en cause le Concile Vatican II et sa réforme liturgique.

L’argument, tel qu’il était, a été gagné au fil du temps par ce qui est désormais connu comme “la paix liturgique de Benoît XVI”, dans laquelle les “guerres liturgiques” des décennies précédentes qui avaient établi des factions “ancien rite” et “nouveau rite” se sont apaisées et, certainement grâce à de nombreux évêques de la jeune génération, ont fait place à une coexistence pacifique, à la tolérance et même à un certain degré d’enrichissement mutuel entre les formes liturgiques qui a duré bien au-delà de la fin de son pontificat, réparant dans une certaine mesure l’unité de l’Église et la renforçant tout en respectant les différences légitimes d’expression au sein de l’Église de Dieu.

Il est profondément regrettable que le motu proprio Traditionis custodes (16 juillet 2021) et les Responsa ad dubia (4 décembre 2021), perçus par beaucoup comme des actes d’agression liturgique, semblent avoir porté atteinte à cette paix et pourraient même constituer une menace pour l’unité de l’Église. Si les “guerres liturgiques” postconciliaires reprennent, ou si les gens vont simplement chercher ailleurs l’ancienne liturgie, ces mesures se retourneront contre eux. Il est trop tôt pour faire une évaluation approfondie des motivations qui les sous-tendent, ou de leur impact final, mais il est néanmoins difficile de conclure que le pape Benoît XVI s’est trompé en affirmant que les formes liturgiques plus anciennes ” ne peuvent pas être tout à coup entièrement interdites ou même considérées comme nuisibles “, en particulier lorsque leur célébration sans entrave a manifestement porté de bons fruits.

Source : Riposte catholique, le 20 septembre 2023

Cardinal Sarah : Aucun synode ne peut inventer un « sacerdoce féminin »

Cardinal Robert Sarah.
Le cardinal Robert Sarah célébrant une messe dans la basilique Saint-Pierre pour son 50e anniversaire de prêtrise en 2019. | Credit: Evandro Inetti/CNA.

D’Ana Paula Morales sur ACI Prensa via Catholic News Agency :

Cardinal Sarah : Aucun synode ne peut inventer un « sacerdoce féminin ».

Le cardinal Robert Sarah, préfet émérite du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, a souligné que « le sacerdoce est unique » et a averti qu' »aucun concile, aucun synode » ne peut « inventer un sacerdoce féminin ».

Dans sa conférence sur le sacerdoce, intitulée « Joyeux serviteurs de l’Évangile » et donnée le 3 juillet au séminaire conciliaire de Mexico, le cardinal a assuré que personne « n’a le pouvoir de transformer ce don divin, de l’adapter et de réduire sa valeur transcendante au domaine culturel et environnemental ».

« Aucun concile, aucun synode, aucune autorité ecclésiastique n’a le pouvoir d’inventer un sacerdoce féminin (…) sans porter gravement atteinte à la physionomie pérenne du prêtre, à son identité sacramentelle, dans le cadre de la vision ecclésiologique renouvelée de l’Église, du mystère, de la communion et de la mission », a-t-il souligné.

Sarah a souligné que « la foi catholique professe que le sacrement de l’ordre, institué par le Christ Seigneur, est un, il est identique pour l’Église universelle. Pour Jésus, il n’y a pas de sacerdoce africain, allemand, amazonien ou européen. Le sacerdoce est unique, il est identique pour l’Église universelle ».

Le sacerdoce, un don

Dans sa conférence, le préfet émérite a également réfléchi sur le fait d' »être prêtre » et a souligné que « le sacerdoce est un grand, grand mystère, un don si grand que ce serait un péché de le gaspiller. » 

« C’est un don divin qui doit être reçu, compris et vécu, et l’Église a toujours cherché à comprendre et à approfondir l’être réel et propre du prêtre, en tant qu’homme baptisé, appelé à être un alter Christus, un autre Christ, et plus encore un ipse Christus, le Christ lui-même, à le représenter, à se conformer à lui, à être configuré et médiatisé dans le Christ avec l’ordination sacerdotale », a-t-il expliqué.

Pour le prélat guinéen, « le prêtre est un homme de Dieu qui est jour et nuit en présence de Dieu pour le glorifier, pour l’adorer. Le prêtre est un homme immolé en sacrifice pour prolonger le sacrifice du Christ pour le salut du monde ».

Le cardinal a déclaré que la « première tâche » des prêtres « est de prier, car le prêtre est un homme de prière : Il commence sa journée par l’office des lectures et la termine par l’office ».

« Un prêtre qui ne prie pas est sur le point de mourir. Une Église qui ne prie pas est une Église morte », a-t-il averti.

Concernant le manque de vocations sacerdotales, il a encouragé les fidèles à prier car « ce n’est pas parce que nous sommes peu nombreux ».

« Le Christ en a ordonné 12 pour le monde entier. Combien d’entre nous sont prêtres aujourd’hui ? Nous sommes près de 400 000 prêtres dans le monde. Nous sommes trop nombreux », a-t-il déclaré, citant la même observation faite par le pape Grégoire le Grand au VIIe siècle.

« Beaucoup ont accepté le sacerdoce, mais ils ne font pas le travail du prêtre », explique Sarah.

« En réponse, nous devons donc prier.
Lui demander d’envoyer des ouvriers à sa moisson, prier. Et montrer que nous, les prêtres, sommes heureux, car si les jeunes hommes voient que nous sommes tristes, nous n’attirerons personne », a-t-il insisté. « Nous devons être heureux, même si nous souffrons.

Cet article a d’abord été publié par ACI Prensa, le partenaire de CNA pour les nouvelles en langue espagnole. Il a été traduit et adapté par CNA.

Source : Catholic News Agency, le 5 juillet 2023

Hommage à Benoît XVI: le cardinal Sarah dénonce les «loups» du Vatican

Hommage à Benoît XVI: le cardinal Sarah dénonce les «loups» du Vatican

«Il possédait un regard de père et un sourire d’enfant», se souvient le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements, dans Il nous a tant donné, un livre rendant hommage à la figure de Benoît XVI, édité par Fayard et publié le 12 avril 2023. Le cardinal insiste sur l’héritage du pape allemand dans le domaine liturgique et dénonce des manœuvres au sein de la Curie romaine.

L’ouvrage de 250 pages rassemble des méditations du cardinal guinéen sur celui qu’il décrit comme son «maître spirituel» ainsi que dix textes du 265e pontife. La préface et un essai de 40 pages, intitulé Portrait mystique de Benoît XVI, sont les seules contributions inédites.

Sans s’arrêter aux détails biographiques, le cardinal Sarah dresse le portrait d’un Benoît XVI qu’il a admiré, un homme «heureux d’une joie céleste» au «regard lumineux». Il se souvient aussi de «sa voix douce, tremblante devant le mystère» de l’existence de Dieu. Il rend aussi hommage à sa «paternité», exercée en tant que prêtre, cardinal puis pape, une autorité affectueuse vécue selon lui «dans la discrétion» en raison de son «extrême pudeur».

Source et suite : CATH.CH, le 12 avril 2023

Sarah : « Personne ne peut nous interdire de célébrer l’Eucharistie ».

UN NOUVEAU LIVRE

Sarah : « Personne ne peut nous interdire de célébrer l’Eucharistie ».

24-01-2023

Dans le nouveau livre qu’il a publié – Catéchisme de la vie spirituelle (Cantagalli) – le cardinal Robert Sarah indique un itinéraire de conversion à travers les sacrements comme moyen de construire une relation forte avec Dieu et de servir une Église en crise de foi. Placer l’Eucharistie au centre, sans laquelle nous ne pouvons pas vivre. 

Si, depuis des années, l’Église vit dans la confusion, pour ne pas dire l’apostasie, ces derniers mois, nous avons assisté à une accélération qui ne peut que créer désorientation et amertume chez les simples fidèles. On parle beaucoup de la lutte contre les abus sexuels, puis on assiste impuissant à une méga-opération au plus haut niveau de l’Église pour protéger le père Marko Rupnik, jésuite et artiste, déjà reconnu coupable d’abus et dont l’excommunication a été mystérieusement levée en un temps record. Entre-temps, nous sommes confrontés à la possibilité réelle qu’un évêque qui épouse des thèses hérétiques devienne même le gardien de l’orthodoxie catholique : il s’agit de l’Allemand Heiner Wilmer, qui, en décembre, semblait destiné à diriger la Congrégation pour la doctrine de la foi, une nomination  » freinée  » par l’intervention auprès du pape d’une vingtaine de cardinaux, mais qui semble aujourd’hui à nouveau possible. Et encore, le triste spectacle qui se dégage du procès en cours au Vatican pour l’affaire du palais londonien au centre d’opérations financières très douteuses, dans lequel c’est l’image du pontife régnant lui-même qui est clairement écornée.

Et ce ne sont là que quelques exemples de ce qui se passe – auxquels on pourrait ajouter la honte de la  » voie synodale  » allemande, la guerre contre la liturgie qui appartient à la tradition de l’Église, une préparation plus qu’ambiguë du Synode sur la synodalité, les révélations et dénonciations contenues dans les témoignages de ces semaines de Monseigneur Gänswein, des cardinaux Müller et Pell – et qui donnent l’idée d’une Église transformée en champ de bataille.

Alors comment un simple croyant, mais aussi un consacré, un évêque et même un cardinal ne se laisserait-il pas entraîner dans des diatribes qui risque d’être toute  » horizontales  » ? Ne pas se laisser décourager par une Église qui semble obscurcir la présence du Christ au lieu de la révéler, dans laquelle la « trahison des apôtres », leur « souillure », comme l’a dit un jour le cardinal Ratzinger, est dramatiquement d’actualité ?

Se concentrer sur la tâche de notre vie, qui est la conversion. C’est ce que nous rappelle le livre du cardinal Robert Sarah, Catéchisme de la vie spirituelle (Edizioni Cantagalli), en librairie à partir du 27 janvier prochain, qui commence précisément par les paroles de Jésus, citées par l’évangéliste Marc :  » Repentez-vous et croyez à l’Évangile « . Ce que propose le cardinal Sarah est un itinéraire pour faire l’expérience de Jésus, absolument incontournable pour ceux qui, en ces temps de grands bouleversements, dans le monde et dans l’Église, désirent un point solide et éternel sur lequel construire leur vie.

Ce que propose le cardinal Sarah est une « marche dans le désert » car « le désert, qui creuse le vide, la soif et le silence dans l’homme, le prépare à écouter Dieu et sa Loi », le désert est un lieu « où l’on peut faire une profonde expérience mystique de rencontre avec Dieu qui transforme et transfigure ». La sainteté, qui est notre but, exige ce corps à corps avec Dieu. Ce désert est un itinéraire spirituel incontournable si l’on veut vivre sérieusement : « Si nous acceptons de le parcourir, sur les traces d’Abraham, de Moïse, des prophètes et du peuple élu, nous mourrons à nous-mêmes pour ressusciter plus vivants, porteurs des fruits de l’esprit ».

Et l’itinéraire, à travers lequel se déroule ce livre, est celui des sept sacrements : baptême, confirmation, mariage, sacerdoce, pénitence ou confession, eucharistie et onction des malades. Car c’est ce que Jésus nous a laissé pour vivre toujours en sa présence. « Par ses sacrements, le Christ nous a pris par la main pour nous conduire au Paradis ». Vivre pleinement cette expérience, grandir dans une foi personnelle à l’épreuve du monde, c’est aussi le meilleur service que nous puissions rendre à l’Église : « Nous avons déjà beaucoup trop d’éminents spécialistes et docteurs en sciences religieuses », dit le cardinal Sarah, « Ce qui manque dramatiquement à l’Église aujourd’hui, ce sont des hommes de Dieu, des hommes de foi et des prêtres qui soient des adorateurs en esprit et en vérité.

Il ne s’agit pas de fuir le monde, les problèmes et les contradictions, de se réfugier dans une spiritualité qui écarte une réalité que l’on ne sait pas accepter. Loin de là : le voyage au désert, l’expérience de la rencontre avec Jésus, sert à « retourner dans le monde pour annoncer Jésus-Christ ». Nous sommes dans le monde, mais « à la lumière de la foi, le monde nous apparaît tel que Dieu le voit, bien différent de ce qu’il apparaît aux yeux de ceux qui jugent selon leurs propres capacités ».

Cela donne la capacité de porter un jugement clair et très concret sur ce qui se passe dans le monde. Et le Cardinal Sarah nous le démontre dans de nombreuses pages de ce livre, par exemple dans le chapitre consacré à l’Eucharistie, que l’on pourrait définir comme le cœur de ce volume. « L’Eucharistie, nous dit le préfet émérite du culte divin, est un besoin primordial, une nécessité vitale. (…) Un chrétien sans sacrements et sans Eucharistie est un cadavre ambulant. Comme le disaient les martyrs d’Abitène (…) : « Nous, chrétiens, ne pouvons pas vivre sans l’Eucharistie ». (…) Sans la présence de Jésus Eucharistie, le monde est condamné à la barbarie, à la décadence et à la mort ». De cette conscience découle un jugement clair sur ce qui s’est passé ces dernières années, à l’époque du Covid, dont nous rapportons de larges extraits :

« Aucun gouvernement, aucune autorité ecclésiastique ne peut légitimement interdire la célébration de l’Eucharistie. Dans de nombreux pays, la fermeture récente d’églises pour des raisons de santé n’est pas la première tentative dans l’histoire de la part des pouvoirs en place d’étouffer et de détruire définitivement l’Église de Dieu, ni de remettre en cause le droit fondamental des hommes d’honorer Dieu et de lui offrir le culte qui lui est dû. (…) Trop de chrétiens croient que pour être des hommes de leur temps et y participer activement, il faut mettre leur foi et leur relation à Dieu entre parenthèses, comme si celles-ci ne relevaient que de la sphère privée, trop souvent décrite comme une fuite de leurs responsabilités et une manière d’abandonner lâchement le monde à son drame. D’où la passivité avec laquelle la banalisation de la foi et de la pratique religieuse a été acceptée par des peuples autrefois chrétiens, comme l’illustre tristement la manière dont tant de gouvernements ont empêché les croyants, pour des raisons de santé, de célébrer dignement, solennellement et communautairement les grands mystères de leur foi. Les gens se sont soumis sans résistance à des arrangements qui ne se souciaient pas de Dieu.

(…) Nos sociétés ont été saisies par la panique face à la mort. La vie, répète-t-on habituellement, est le bien le plus précieux, à protéger à tout prix. Mais vivre, est-ce vraiment simplement rester en vie ? Quelle est cette vie pour laquelle tout peut être sacrifié ? Sommes-nous arrivés au point où, pour ne pas perdre la vie, les gens ont paradoxalement cessé de vivre, de bouger, de se parler, de s’entraider, de montrer leur visage et leur sourire, de se serrer la main et de s’embrasser, de prier ensemble ? Pour quel genre de survie devrions-nous renoncer à entrer dans la maison du Seigneur pour l’adorer dignement et recevoir l’Eucharistie, source de vie, « drogue de l’immortalité », comme l’appelaient les Pères ? Quelle est la valeur de la vie qui nous reste, si nous ne pouvons même plus accompagner les personnes âgées vers la mort et leur offrir du réconfort ?

(…) Certes, au cours d’une épidémie, il faut prendre toutes les précautions hygiéniques nécessaires, mais pas au point de supprimer toute expression extérieure de charité en nous, ni de renoncer à l’Eucharistie, source de vie, présence de Dieu au milieu de nous, extension de la Rédemption à tous les fidèles, aux vivants comme aux morts. Tout en prenant les précautions nécessaires contre la contagion, les évêques, les prêtres et les fidèles doivent s’opposer de toutes leurs forces aux lois sanitaires qui ne respectent pas Dieu et la liberté de culte, car ces lois sont plus mortelles que le coronavirus ».

Source : la Nuova Bussola Quotidiana, le 24 janvier 2023

Quand le cardinal Sarah évoque le pape Benoît XVI, son ami

«Benoît XVI, mon ami», par le cardinal Robert Sarah

(Robert Sarah*, Le Figaro) Pour la plupart des commentateurs, Benoît XVI laissera le souvenir d’un immense intellectuel. Son œuvre durera. Ses homélies sont déjà devenues des classiques à l’instar de celles des Pères de l’Église. Mais à ceux qui ont eu la grâce de l’approcher et de collaborer avec lui, le pape Benoît XVIlaisse bien plus que des textes. Je crois pouvoir affirmer que chaque rencontre avec lui fut une véritable expérience spirituelle qui a marqué mon âme. Ensemble, elles dessinent un portrait spirituel de celui que je regarde comme un saint et dont j’espère qu’il sera bientôt canonisé et déclaré docteur de l’Église.

À son arrivée à la curie romaine en 2001, le jeune archevêque que j’étais – j’avais alors 56 ans – regardait avec admiration la parfaite entente entre Jean-Paul II et celui qui était alors le cardinal Ratzinger. Ils étaient tellement unis qu’il leur était devenu impossible de se séparer l’un de l’autre. Jean-Paul II était émerveillé par la profondeur de Joseph Ratzinger. De son côté, le cardinal était fasciné par l’immersion en Dieu de Jean-Paul II. Tous les deux cherchaient Dieu et voulaient redonner au monde le goût de cette quête.

Joseph Ratzinger était reconnu comme un homme d’une grande sensibilité et pudeur. Je ne l’ai jamais vu afficher le moindre mépris. Au contraire, alors qu’il était submergé de travail, il se rendait tout entier disponible pour écouter son interlocuteur. S’il avait l’impression qu’il avait offensé quelqu’un, il cherchait toujours à lui expliquer les raisons de sa position. Il était incapable d’un acte tranchant. Je dois dire aussi qu’il faisait preuve d’un grand respect pour les théologiens africains. Il acceptait même volontiers de rendre des services pratiques, ou de faire passer un message à Jean-Paul II. Cette profonde bienveillance et délicatesse respectueuse envers chacun sont caractéristiques de Joseph Ratzinger.

À partir de 2008, j’ai remplacé le cardinal Dias, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples dans un certain nombre de rencontres, car il souffrait d’une maladie invalidante. Dans ce contexte, j’ai eu la chance d’avoir de nombreuses séances de travail avec le pape Benoît XVI. En particulier, je devais lui présenter les projets de nomination d’évêques des plus de 1000 diocèses des pays de mission. Nous avions des séances parfois assez longues, de bien plus d’une heure. Il fallait discuter et soupeser des situations délicates. Certains pays vivaient en régime de persécution. D’autres diocèses étaient en crise. J’ai été frappé par la capacité d’écoute et l’humilité de Benoît XVI. Je crois qu’il a toujours fait confiance à ses collaborateurs. Cela lui a d’ailleurs valu des trahisons et des déceptions. Mais Benoît XVI était tellement incapable de dissimulation qu’il ne pouvait croire qu’un homme d’Église soit capable de mentir. Le choix des hommes ne lui était pas aisé.

De ces longs entretiens répétés, j’ai acquis une meilleure compréhension de l’âme du pape bavarois. Il y avait en lui une parfaite confiance en Dieu, ce qui lui donnait une paix tranquille et une joie continue. Jean-Paul II montrait parfois de saintes colères. Benoît XVI restait toujours calme. Il était parfois blessé et souffrait profondément de voir les âmes s’éloigner de Dieu. Il était lucide sur l’état de l’Église. Mais il était habité par une force paisible. Il savait que la vérité ne se négocie pas. En ce sens-là, il n’aimait pas l’aspect politique de sa fonction. J’ai toujours été frappé par la joie lumineuse de son regard. Il avait d’ailleurs un humour très doux, jamais violent ni vulgaire.

Je me souviens de l’Année sacerdotale qu’il avait décrétée en 2009. Le pape souhaitait souligner les racines théologiques et mystiques de la vie des prêtres. Il avait affronté avec vérité et courage les premières révélations quant aux affaires de pédophilie dans le clergé. Il voulait aller au bout de la purification. Cette année a culminé dans une magnifique veillée sur la place Saint-Pierre. Le soleil couchant inondait la colonnade du Bernin d’une lumière dorée. La place était pleine. Mais contrairement à l’habitude, pas de familles, pas de religieuses, uniquement des hommes, uniquement des prêtres. Quand Benoît XVI est entré en papamobile, d’un seul cœur tous se sont mis à l’acclamer en l’appelant par son nom. C’était saisissant, toutes ces voix masculines scandant à l’unisson «Benedetto». Le pape était très ému. Quand il s’est retourné vers la foule après être monté sur l’estrade, ses larmes coulaient. On lui a apporté le discours préparé qu’il a laissé de côté et il a librement répondu aux questions. Quel moment merveilleux! Le père plein de sagesse enseignait à ses enfants. Le temps était comme suspendu. Benoît XVI s’est confié. Il a eu ce soir-là des paroles définitives sur le célibat sacerdotal. Puis la soirée s’est achevée par un long moment d’adoration du Saint-Sacrement. Car il voulait toujours entraîner à la prière ceux qu’il rencontrait.

Benoît XVI a aimé passionnément les prêtres. La crise du sacerdoce, la purification du sacerdoce était son chemin de Croix quotidien. Il aimait rencontrer les prêtres, leur parler familièrement.

Il aimait aussi particulièrement les séminaristes. Il était rarement plus heureux qu’entouré par tous ces jeunes étudiants en théologie qui lui rappelait ses jeunes années de professeur. Je me rappelle cette mémorable rencontre avec les séminaristes des États-Unis lors de laquelle il riait aux éclats et plaisantait avec eux. Tandis qu’ils scandaient «We love you», la voix du pape s’est brisée et il leur a dit avec émotion paternelle: «Je prie pour vous chaque jour.»

Ce pape avait un profond sens chrétien de la souffrance. Il répétait souvent que la grandeur de l’humanité réside dans la capacité à souffrir par amour pour la vérité. En ce sens-là, Benoît XVI est grand !

La prière, l’adoration était au centre de son pontificat. Comment oublier les JMJ de Madrid? Le pape était resplendissant de joie devant une foule enthousiaste de plus d’un million de jeunes du monde entier. La communion entre tous était palpable. Au moment où il commençait son discours, un terrible orage éclatait. Le décor menaçait de s’écrouler et le vent avait emporté la calotte blanche de Benoît XVI. Son entourage a voulu le mettre à l’abri. Il a refusé. Il souriait sous une pluie battante dont un pauvre parapluie le protégeait à peine. Il souriait en regardant cette foule dans le vent et la tempête. Il est resté jusqu’au bout. Quand les éléments se sont apaisés, le cérémoniaire lui a apporté le texte qu’il devait prononcer, mais il a préféré omettre le discours préparé pour ne pas entamer le temps prévu pour l’adoration eucharistique. Quelques instants après l’orage, le pape était à genoux devant le Saint-Sacrement, entraînant la foule dans un silence impressionnant et plein de ferveur.

En 2010, je rentrais d’un voyage en Inde. J’avais rendez-vous avec Benoît XVI pour une audience privée. C’est là qu’il m’annonça son intention de me créer cardinal au consistoire suivant et ma nomination à Cor Unum (le dicastère chargé des œuvres de charité). Je n’oublierai jamais la raison qu’il m’en donna: «Je vous ai nommé car je sais que vous avez l’expérience de la souffrance et du visage de la pauvreté. Vous serez le mieux à même d’exprimer avec délicatesse la compassion et la proximité de l’Église avec le plus pauvre.» Ce pape avait un profond sens chrétien de la souffrance. Il répétait souvent que la grandeur de l’humanité réside dans la capacité à souffrir par amour pour la vérité. En ce sens-là, Benoît XVI est grand! Il n’a jamais reculé devant la souffrance. Jamais reculé devant les loups. On a cherché à le faire taire. Il n’a jamais eu peur. Sa démission en 2013 n’est pas le fruit du découragement mais plutôt de la certitude qu’il servirait plus efficacement l’Église par le silence et la prière.

Après ma nomination par François comme préfet du culte divin en novembre 2014, j’ai encore eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois le pape émérite. Je savais combien la question de la liturgie lui tenait à cœur. Je l’ai donc souvent consulté. Il m’a vigoureusement encouragé plusieurs fois – en effet, il était persuadé que «le renouveau de la liturgie est une condition fondamentale pour le renouveau de l’Église».

Je lui portais mes livres. Il les lisait et donnait son appréciation. Il a d’ailleurs bien voulu écrire la préface de La Force du silence. Je me souviens du jour où je lui ai annoncé mon intention d’écrire un livre sur la crise de l’Église. Ce jour-là, il était fatigué, mais son regard s’est éclairé. Il faut avoir connu le regard de Benoît XVI pour comprendre. C’était un regard d’enfant, joyeux, lumineux, plein de bonté et de douceur, et pourtant rempli de force et d’encouragement. Jamais je n’aurais écrit sans cet encouragement. Un peu plus tard, nous avons collaboré de près en vue de la publication de notre réflexion sur le célibat sacerdotal. Je garderai dans le secret de mon cœur le détail de ces jours inoubliables. Je garderai dans les profondeurs de ma mémoire sa profonde souffrance et ses larmes, mais aussi sa volonté farouche et intacte de ne pas céder au mensonge.

Quel portrait dessinent ces souvenirs? Je crois qu’ils convergent vers l’image du Bon Pasteur que Benoît XVI aimait tellement. Il voulait qu’aucune de ses brebis ne se perde. Il voulait les nourrir de la vérité et ne pas les abandonner aux loups et aux erreurs. Mais surtout il les aimait. Il aimait les âmes. Il les aimait parce qu’elles lui avaient été confiées par le Christ. Et plus que tout, il aimait passionnément ce Jésus à qui il a voulu consacrer les trois tomes de son œuvre maîtresse Jésus de Nazareth. Benoît XVI aimait celui qui est la vie, le chemin et la vérité.

* Préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Dernier livre paru Catéchisme de la vie spirituelle (Fayard).

Source : LE FIGARO, le 5 janvier 2023

Traditionis custodes : le cardinal Sarah défend le motu proprio

M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC – Cardinal Robert Sarah.

Traditionis custodes : le cardinal Sarah défend le motu proprio

Le but du pape François « n’est absolument pas de supprimer la liturgie ancienne », a indiqué le cardinal Robert Sarah dans un entretien accordé au Figaro, faisant référence au motu proprio « Traditionis custodes ».

Le motu proprio Traditionis custodes n’en finit plus de faire réagir. Dans un entretien au Figaro accordé à l’occasion de la sortie de son livre Pour l’éternité, le cardinal Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin, s’est à nouveau exprimé sur le texte du Pape. « Je crois que le pape François a clairement expliqué son intention dans les diverses visites ad limina des évêques français et polonais », a-t-il rappelé. « Son but n’est absolument pas de supprimer la liturgie ancienne. Il est conscient que de nombreux jeunes et des familles y sont intimement attachés. Et il est attentif à cet instinct de la foi qui s’exprime dans le peuple de Dieu. »

Et il le rappelle : « Le Pape a demandé d’appliquer ce texte avec souplesse et sens paternel. Il sait bien que ce qui a été sacré pour tant de générations ne peut du jour au lendemain se trouver méprisé et banni. » Le pape François attend ainsi « que la liturgie actuelle s’enrichisse de ce que la liturgie ancienne a de meilleur. De même, il attend clairement que la liturgie ancienne soit célébrée dans l’esprit de Vatican II, ce qui est parfaitement possible. » Selon lui, « elle n’est pas et ne doit pas devenir un prétexte pour les contestataires du concile ».

Source: ALETEIA, le 24 novembre 2021

Cardinal Sarah : « Je ne sais pas si l’Eglise a déjà connu de telles périodes »

Cardinal Sarah : « Je ne sais pas si l’Eglise a déjà connu de telles périodes »

Abus sexuels, corruption, crise du sacerdoce… Dans cet entretien vidéo à Famille Chrétienne, le cardinal Robert Sarah s’interroge sur la figure du prêtre dans notre monde sécularisé et dans une Eglise minée par les scandales.

A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage «  Pour l’éternité », le cardinal Robert Sarah, ancien préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, médite sur la figure du prêtre et sur sa vocation à la sainteté dans un monde marqué par la disparition progressive de Dieu. « On ne sait plus quelle est l’identité du prêtre. Il est entré dans une crise difficile, unique, inédite, explique le cardinal guinéen dans cet entretien vidéo accordé à Famille Chrétienne. Or, poursuit le prélat, « le prêtre n’est vraiment lui-même que s’il aspire profondément à la sainteté. Il n’est autre que Jésus Christ, présent, prolongé, aujourd’hui ». Le cardinal Sarah adresse un message de soutien aux prêtres et aux séminaristes dans cette vidéo : « Soyez toujours fidèles. Ne vous découragez pas par l’aspect massif de ces accusations », faisant référence à la crise des abus sexuels qui secoue l’Eglise, particulièrement en France depuis la publication du rapport de la Commission indépendante présidée par Jean-Marc Sauvé.

Voir aussi: Card. Robert Sarah, des prêtres ont détourné le sacerdoce pour en faire l’ instrument de leur perversion.

Source: FAMILLECHRETIENNE, le 19 novembre 2021