A Karachi, des chrétiens protestent contre les violences dans le Pendjab, vendredi 18 août. (ANSA)
Une journée de prière au Pakistan après les violences contre les chrétiens
Après les assauts dans les quartiers chrétiens du Pendjab dans l’Est pakistanais, les évêques du pays invitent les croyants, dimanche 20 août, à un temps de prière «pour l’harmonie interreligieuse et pour dire non à toute forme de violence».
Vatican News
Une journée spéciale de prière sera organisée dans toutes les communautés catholiques du Pakistan, dimanche 20 août. Elle a été annoncée par la conférence épiscopale du pays après les attaques, ces derniers jours, contre les églises et les habitations de chrétiens, et après l’arrestation de deux d’entre eux accusés de blasphème, à Jaranwala, dans la banlieue de Faisalaba, dans le Pendjab pakistanais. «Tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté sont invités à observer cette journée de prière pour les incidents de Jaranwala et pour la paix et l’harmonie dans notre pays», peut-on lire dans une note de la Conférence épiscopale partagée aux médias.
Mercredi 15 août, des centaines de personnes de confession musulmane, armées de bâtons et de pierres, ont déferlé dans les ruelles du quartier chrétien de Jaranwala, dans la banlieue de la ville industrielle de Faisalabad, poussant les chrétiens à la fuite. Des violences après qu’un groupe de fanatiques religieux eut accusé une famille d’avoir profané le Coran. Le lendemain, le quartier chrétien de Jaranwala a été placé sous surveillance policière.
Une enquête est en cours à l’encontre d’une douzaine de personnes ayant incité par haut-parleur des musulmans à manifester contre des chrétiens, a indiqué un haut responsable de la police. Selon l’agence AFP, 87 domiciles et 19 églises ont été vandalisés lors de cette vague de violence.
La Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan a plusieurs fois souligné que les lois sur le blasphème étaient utilisées comme des armes pour cibler les minorités religieuses et régler des vendettas personnelles, et que ces incidents violents étaient en augmentation constante depuis plusieurs années. Les chrétiens, qui représentent environ 2% de la population, occupent l’un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d’allégations de blasphème, fallacieuses et infondées.
Lahore (Agence Fides) – Musarat Bibi, une chrétienne analphabète employée à la « Girls Higher Secondary School » de la ville d’Arif-Wala, dans la province pakistanaise du Punjab, a été arrêtée avec un musulman, également employé de l’école, sous l’accusation de profanation du Coran.
Les deux hommes nettoyaient les armoires de la réserve de l’école et brûlaient des déchets, de vieux dossiers et des papiers inutilisables sortis des armoires de la réserve.
Sarmand a reconnu parmi les papiers incendiés quelques pages du Coran, en arabe, et a alerté les autorités de l’école.
Lorsque la nouvelle s’est répandue que des pages du Coran avaient été brûlées, certains élèves et enseignants ont commencé à protester. Grâce à l’appel d’un homme qui s’est identifié comme Kashif Nadeem, la police a été alertée et s’est rendue sur les lieux pour enquêter.
L’administration de l’école a relaté l’incident, a remercié les deux travailleurs d’avoir fait de leur mieux pour retirer les pages identifiées et a qualifié l’incident de « tout à fait involontaire ».
La police a toutefois arrêté Musarat Bibi et Mohammad Sarmand pour blasphème, en vertu de l’article 295-b du code pénal, qui punit l’outrage au Coran.
Cette femme veuve a trois filles, dont deux sont mariées et la plus jeune a 14 ans. La plus jeune a été mise en sécurité par les autres membres de la famille. Musarat travaillait à l’école après la disparition de son mari, qui était instituteur. Les chrétiens vivant dans la région d’Arif-Wala craignent désormais pour la sécurité de Musarat et des quelques autres familles chrétiennes qui y vivent, car par le passé, des personnes simplement accusées de blasphème ont été lynchées par des foules de fanatiques religieux.
Selon Javed Sohatara, un avocat qui assiste la famille, l’accusateur, Kashif Nadeem, a porté des accusations de blasphème contre la veuve chrétienne, parce qu’il est imprégné d’une « idéologie religieuse extrémiste » et qu’il éprouve une haine personnelle à l’égard de cette femme. Selon l’avocat, Kashif Nadeem en veut à l’employée chrétienne parce que l’administration de l’école lui a confié la responsabilité de la cantine scolaire, qui était auparavant gérée par un parent de Kashif, lequel a perdu le contrat. « Au Pakistan, l’accusation de blasphème est une accusation qui met la vie en danger.
Avec cette accusation, l’homme voulait écarter définitivement Musarat Bibi de la cantine de l’école et de son travail, et il y est parvenu », a-t-il ajouté.
Selon des sources de Fides, l’administration de l’école et les responsables civils de la ville sont bien conscients de la réalité et soutiennent la chrétienne et le musulman injustement accusés. « Le soutien de la communauté est un facteur important pour la famille de la victime : on peut espérer qu’il conduise à un bon dénouement de l’affaire », note l’avocat.
Commentant l’incident, Joseph Jansen, directeur de l’ONG « Voice for Justice » au Pakistan, souligne que « les violations des droits de l’homme au Pakistan se multiplient à grande échelle et que, dans de nombreux cas, les lois sur le blasphème servent de prétexte ».
Il note en particulier que « des violences sont commises à l’encontre de femmes appartenant à des communautés religieuses minoritaires, à savoir les femmes hindoues et chrétiennes, et ces violences restent impunies ».
« En raison de l’augmentation des fausses accusations, une peur immense s’est installée dans la communauté de la région d’Arif-Wala, en particulier parmi les travailleuses chrétiennes.
Les femmes sont dissuadées de chercher du travail, ce qui accroît les difficultés financières de leurs familles, augmente la pauvreté et la vulnérabilité, et abaisse encore leur statut social », explique-t-il. M. Jansen poursuit : « Dans les affaires de blasphème, les plaignants et les témoins qui ont porté de fausses accusations, lorsqu’elles sont prouvées, n’en subissent pas les conséquences et ne sont pas poursuivis pour parjure.
Cette disposition, si elle est mise en œuvre, pourrait contribuer à changer le climat d’impunité et à rendre les personnes impliquées responsables des accusations portées pour nuire à autrui. Un plan d’action visant à mettre fin à l’utilisation abusive de cette loi, utilisée contre les plus vulnérables, est nécessaire de toute urgence depuis de nombreuses années.
Dans plusieurs cas, des individus fanatiques ont utilisé cette loi pour se faire justice eux-mêmes et lyncher les accusés », rappelle-t-il.
Zara Amoon Gill, porte-parole de « Minorities Rights Watch Pakistan », souligne un autre élément : « Ce sont des officiers de police de haut rang, et non de simples agents, qui devraient enregistrer les plaintes et les accusations de blasphème », convenant de la nécessité de « poursuivre les faux témoins ».
Il note. « Nous demandons instamment au gouvernement d’assurer la sécurité des accusés jusqu’au verdict du tribunal afin de les protéger de la violence extrémiste.
Une photo d’Asia Bibi avant ses années de prison au Pakistan.
Asia Bibi demande au Pakistan de protéger les victimes de la loi anti-blasphème
Dans sa première interview vidéo donnée depuis qu’elle a été acquittée par la Cour Suprême du Pakistan en 2018 , Asia Bibi qui vit désormais en exil au Canada interpelle les agences gouvernementales pakistanaises à enquêter «rigoureusement» sur les affaires liées au blasphème.
Avec Eglises d’Asie
«Protégez les innocents plutôt que de les battre dans les commissariats. Les innocents doivent être libérés. De longues peines pour des accusations sans preuves, c’est une grande injustice dans notre pays», peut-on lire dans cette interview, publiée en ligne le 1er décembre.
Une situation toujours incertaine
Dans cet entretien Asia Bibi revient sur sa nouvelle vie d’exil, confiant occuper un travail modeste en raison de son faible niveau d’éducation et évoque parmi les problèmes d’intégration dans son pays adoptif la barrière de la langue. Aujourd’hui, elle vit dans une maison louée. «Il y a des gens qui ont profité de mon nom mais je n’ai rien eu. Notre communauté aurait dû nous aider. Les gens pensent que nous gagnons beaucoup d’argent depuis qu’on nous a accordé le droit d’asile. Le gouvernement nous a seulement soutenus durant un an», précise-t-elle.
«Même mes filles n’ont pas pu étudier à cause de ma situation, et aujourd’hui elles font face à un avenir incertain. Mes années de souffrances nous ont affaiblis. Mon mari a été opéré de la vésicule biliaire au Pakistan, et il a cherché du travail durant quatre ans» souligne la jeune femme catholique. Trois de ses enfants vivent toujours au Pakistan
Une organisation chrétienne appelle à abroger les lois sur le blasphème
De son côté, le 29 novembre, l’organisation britannique CSW (Christian Solidarity Worldwide) a appelé à réviser les lois draconiennes sur le blasphème lors d’un événement virtuel sur la situation de la liberté de religion et de croyance au Pakistan. Selon CSW, le pays «doit assurer que des amendements sont appliqués afin de minimiser le détournement de ces lois à court terme, et tendre vers une abrogation totale à long terme».
Le blasphème reste une question très sensible au Pakistan. Le Centre pour la justice sociale (CSJ), basé à Lahore, estime qu’au moins 1 949 personnes ont été accusées dans le cadre des lois sur le blasphème entre 1987 et 2021. Un grand nombre de ces affaires doivent encore être jugées.
«Ils ne comprennent ni la bible ni le coran même après les avoir étudiés. Au nom de Dieu, ouvrez vos cœurs à la pitié. Le Pakistan n’est pas que pour les musulmans. Je me sens en colère quand de bons musulmans sont visés pour avoir sympathisé avec des minorités religieuses démunies», ajoute-t-elle.
La jeune femme évoque plusieurs affaires d’assassinats liées à des accusations de blasphème, dont celui de l’ancien gouverneur du Pendjab Salman Taseer, tué en 2011 pour avoir dénoncé la loi sur le blasphème comme une «loi mauvaise», et celui de l’ancien ministre des Minorités Shahbaz Bhatti, assassiné la même année pour avoir appelé à réformer la législation sur le blasphème.
Lors du double attentat de mars 2015 au Pakistan, Akash Bashir s’était sacrifié en barrant la route à un kamikaze voulant entrer dans une église pour se faire exploser. Le Pape l’a reconnu comme « serviteur de Dieu », ouvrant la voie à un processus de canonisation.
Etudiant de 20 ans, Akash Bashir est mort en déclarant au kamikaze devant l’église : « Je vais mourir, mais je ne te laisserai pas entrer ». – Capture d’écran Facebook – Abbé Grosjean
« Je vais mourir, mais je ne te laisserai pas entrer ». Tels ont été les derniers mots du jeune Akash Bashir, 20 ans, qui a donné sa vie en empêchant un terroriste kamikaze de rentrer dans une église du Pakistan avec une bombe le 15 mars 2015. Ce jeune pakistanais vient d’être reconnu par l’Eglise « serviteur de Dieu », lors de la fête de Saint-Jean-Bosco le 31 janvier. Une étape qui marque ainsi le lancement du processus pour sa cause de canonisation.
Akash Bashir devient désormais le premier « serviteur de Dieu » dans l’histoire du Pakistan, où des chrétiens sont particulièrement menacés et visés régulièrement par des attentats. « C’est une grande bénédiction, un honneur et un moment de joie pour l’Église catholique au Pakistan », a déclaré l’archevêque de Lahors Mgr Sebastian Shaw. « Nous louons et remercions Dieu pour ce jeune homme courageux, qui aurait pu s’enfuir ou essayer de se sauver, mais qui est resté ferme dans sa foi et […] a donné sa vie pour sauver plus de mille personnes qui se trouvaient à l’intérieur de l’église pour la messe du dimanche ».
Akash a plaqué le terroriste au sol pour sauver les fidèles
Etudiant à l’institut technique de Don Bosco à Lahore, Akash était impliqué dans la vie paroissiale de l’église St John. Le 15 mars 2015, il servait volontairement comme membre de la sécurité à l’entrée lorsqu’il a remarqué un homme tentant d’entrer avec une ceinture d’explosifs sur lui, rapporte l’agence Fides. « Akash a serré l’homme dans ses bras, le plaquant au sol et le retenant à la porte d’entrée, faisant échouer le plan du terroriste, qui consistait à faire un massacre à l’intérieur de l’église. » Sachant qu’il risquait sa vie, c’est à ce moment-là qu’Akash a dit à l’homme : « Je vais mourir, mais je ne te laisserai pas entrer ». Le kamikaze s’est alors fait exploser, faisant périr le jeune Akash Bashir avec lui.A 500 mètres, un attentat similaire a visé une deuxième église simultanément. Les deux explosions ont fait au total 15 morts et plus de 70 blessés dans ce quartier de Youhanabad où vivent des dizaines de milliers de chrétiens.
« Lorsque je suis allée sur place en mai 2017, Akash était déja considéré comme un martyr et un saint, se souvient Natalie Chambon, qui travaille pour l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED). Ses parents m’ont dit combien ils étaient fiers que leur fils ait sacrifié sa vie pour sauver d’autres personnes. Sa mère m’a même dit : »le connaissant, je n’aurais pas imaginé qu’il ne fasse pas ce geste. J’ai désormais la certitude que mon fils est déjà au ciel ». » Quatrième d’une famille de cinq enfants, Akash a marqué son entourage et il était très impliqué dans les groupes de lecture de la bible et auprès des jeunes de la paroisse.
Un exemple pour les jeunes du Pakistan
Dès 2016, l’archidiocèse de Lahors a lancé des démarches pour demander l’ouverture d’un procès de béatification pour Akash Bashir lors de l’anniversaire des attentats. « Nous sommes particulièrement heureux pour les jeunes du Pakistan », a déclaré Ayyaz Gulzar, coordinateur du mouvement catholique ‘’Jesus Youth Pakistan’’, après la reconnaissance du jeune homme comme « Serviteur de Dieu ». « Akash Bashir est un héros, un exemple, son martyre est un modèle pour tous d’obéissance et de fidélité à l’Évangile. »
Son acte de bravoure a beaucoup inspiré les autres jeunes rescapés de la paroisse. « Ils m’ont dit que s’il fallait recommencer ils le feraient et beaucoup se sont proposés pour assurer la sécurité de l’église », rapporte Natalie Chambon. « Son frère a même ajouté : »ils ont voulu nous faire peur mais ils ont raté leur coup car nous sommes de plus en plus nombreux à aller à la messe ! » ».
Il est très probable que le dossier d’Akash Bashir soit étudié selon le nouveau critère introduit en 2017 par le pape François pour ouvrir un procès en béatification : « l’offrande de sa vie ». Cette voie concerne tous les baptisés qui, « poussés par la charité, ont offert héroïquement leur vie pour le prochain en acceptant librement et volontairement une mort certaine et prématurée avec l’intention de suivre Jésus ». Les trois autres voies ouvrant à la béatification sont le martyre, la pratique des vertus humaines et chrétiennes de manière « héroïque » et plus rarement, la cause « équipollente » (une grande aura acquise de longue date). De « serviteur de Dieu » à « saint », les étapes :
En donnant le titre de « serviteur de Dieu », l’Eglise permet officiellement qu’une enquête soit menée sur la vie d’une personne catholique, le considérant dès lors comme candidat pour une éventuelle canonisation. La première étape est alors la reconnaissance de l’héroïcité de ses vertus, (le candidat est déclaré « Vénérable »), qui ouvre la voie à sa béatification. Pour celle-ci, un miracle doit être reconnu par l’Eglise et le candidat est alors déclaré « bienheureux ». La voie est ainsi ouverte pour sa canonisation, qui nécessite la reconnaissance d’un second miracle. Le bienheureux devient alors officiellement un « saint ».
Au Pakistan, la pauvreté entraîne des conversions forcées
Les inégalités et les discriminations dont sont victimes les minorités religieuses au Pakistan contraignent chaque année des centaines de personnes à se convertir à l’islam afin d’espérer sortir de la pauvreté.
Les témoignages rapportés par le média UCA News sur les conversions forcées au Pakistan pour sortir de la pauvreté sont bouleversants. Shahid Masih, une couturière catholique vivant dans la province du Pendjab, n’arrivait plus à joindre les deux bouts pendant la pandémie. Un homme, Saddam Hayat, lui a alors proposer d’embaucher sa fille adolescente, Nayab Gill, au salaire mensuels de 10.000 roupies (l’équivalent de 57 dollars) pour travailler dans un salon de beauté.
Mais le 20 mai, Gill a disparu. Plusieurs chrétiens ont raconté avoir vu huit personnes, dans Saddam Hayat, l’escorter jusqu’à une camionnette. Mais une semaine plus tard, la jeune Nayab Gill a comparu devant un tribunal, affirmant avoir 19 ans et s’être convertie à l’islam de son plein gré.
Une voie pour sortir de la pauvreté
Le 1er juillet, le juge Shahram Chaudhry de la Haute Cour de Lahore a confirmé une décision accordant la garde de Gill à Saddam Hayat, 30 ans, accusée de l’avoir mariée de force et convertie à l’islam. Tout comme Gill, au moins 1.000 femmes issues de minorités religieuses, essentiellement chrétiennes et hindoues, sont converties et mariées de force chaque année au Pakistan, rapporte encore le média.
Ces conversions forcées dépassent la simple question religieuse, soulignes plusieurs observateurs. Il s’agit pour beaucoup d’une voie pour sortir de la pauvreté. En effet, la plupart des quelque 2,6 millions de chrétiens du Pakistan sont considérés comme des castes inférieures et occupent des emplois modestes tels que nettoyeurs ou ouvriers agricoles. La pauvreté, le manque d’éducation et le faible statut social les rendent particulièrement vulnérables à de nouvelles violations telles que les mariages et les conversions forcées.
PAKISTAN – La croix Kovardo et les symboles de la foi chrétienne dans le nord du Pakistan : de nouvelles études sont en préparation
Multan (Agence Fides) – « Outre la croix trouvée dans le village de Kovardo, dans les montagnes du Skardu-Baltistan, au nord du Pakistan, de nombreuses autres inscriptions, objets et sites archéologiques ont été trouvés ou potentiellement localisés manifestant la richesse culturelle et religieuse des peuples du Pakistan. Lors de notre visite à la croix de Kovardo, nous avons été surpris de voir d’autres symboles de la foi chrétienne sur les montagnes, notamment les symboles d’une croix et d’un agneau. De nombreux autres symboles ont été gravés sur les montagnes et les collines.
Avec l’aide de quelques amis, nous avons pu découvrir l’emplacement des tombes des deux missionnaires qui vivaient dans cette zone, malheureusement transformée en une allée de liaison entre plusieurs maisons privées ; les pierres tombales ont disparu » : c’est ce qu’affirme dans un message envoyé à l’Agence Fides, le père Gulshan Barkat OMI, professeur d’histoire de l’Église à l’Institut national catholique de théologie de Karachi. P. Gulshan Barkat a ajouté : « La croix de Kovardo découverte en juin 2020 (voir Fides 22/06/2020) prouve la présence de nombreuses couches de culture, d’histoire, de mouvements et de traditions religieuses à Skardu. C’est aussi une preuve de la civilisation qui s’est développée à Skardu, qui n’est pas seulement un centre géographiquement important, étant donné la rencontre de l’Hindu Kush, du Karakoram, des chaînes de l’Himalaya et du fleuve Indus ».
Barkat ajoute : « Cette région était liée à la route de la soie, qui reliait la Chine à l’empire perse et, au-delà, à la Syrie et à Constantinople. Depuis 500 après J.-C., la route de la soie est la voie de communication entre la Chine et la Mongolie, à travers ce qui est aujourd’hui le nord du Pakistan et l’Asie centrale ».
P. M. Barkat rapporte : « La croix Kovardo pèse 4 tonnes et est faite de marbre calcaire. Elle mesure 6,7 pieds de haut et 6,4 pieds de large. Il est resté à l’envers jusqu’à ce qu’un groupe d’hommes le retourne. On pense qu’une partie de la croix, à une extrémité, est brisée et reste encore dans le sol où elle a été installée ». Afin de garantir la préservation de la découverte archéologique, « des résidents locaux ont fait don à l’église d’un terrain entourant le site et ont installé des clôtures pour protéger la croix ».
Les prêtres catholiques Fr Robert McCulloch et Fr Gulshan Barkat OMI, qui ont récemment visité le site archéologique de Skardu-Baltistan, ont réalisé une étude et, ces derniers jours, ont donné une conférence sur la Croix de Kovardo à l’Institut Pastoral de Multan aux professeurs de catéchisme de différentes villes du Pakistan.
S’adressant à l’Agence Fides, le Père Robert McCulloch, Procureur général de la Société de Saint Columba, note : » Cette croix est une découverte importante au Pakistan : elle ne concerne pas seulement notre histoire, mais aussi la foi catholique. L’histoire a beaucoup à nous apprendre, et les fouilles et études archéologiques liées à la croix permettront d’élargir et d’approfondir cette connaissance et cette compréhension ». Le prêtre australien, qui est missionnaire au Pakistan depuis plus de 34 ans, note : « La découverte de la croix ne constitue en aucun cas une menace pour la réalité nationale ou religieuse du Pakistan. Il s’agit d’un témoignage important de la réalité des personnes qui ont vécu pendant des milliers d’années dans le Pakistan actuel, notamment à Skardu.
P. M. McCulloch a ajouté : « Les défis intellectuels et archéologiques liés à la découverte de la croix de Kovardo sont très stimulants. Nous attendons avec impatience la possibilité d’un protocole d’accord entre l’Université du Baltistan et l’Institut pontifical d’archéologie chrétienne de Rome, afin de permettre la réalisation d’autres études en rapport avec cette découverte. Il a ajouté : « L’Association internationale des musées a exprimé son intérêt pour la protection du site où la croix a été trouvée. D’éminents archéologues italiens et hongrois espèrent que les travaux archéologiques sur la croix de Kovardo pourront être inclus dans les termes de l’accord culturel italo-pakistanais existant », conclut-il.
PAKISTAN – Les conversions religieuses forcées : un problème grave pour les minorités religieuses
« La question des conversions religieuses forcées est aujourd’hui une source de grande préoccupation pour les minorités religieuses au Pakistan, en particulier les chrétiens et les hindous, mais il semble qu’il y ait un manque de volonté politique pour la résoudre. Cela peut être dû à l’instabilité politique et à la pression des groupes religieux extrémistes ; tout cela crée de graves difficultés pour les minorités religieuses », explique Nasir Saeed, directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), dans un message envoyé à l’Agence Fides. Le récent rejet d’une proposition de loi, visant à endiguer le phénomène de l’enlèvement et de la conversion à l’Islam de jeunes filles mineures chrétiennes et hindoues, a suscité des débats et des protestations dans le pays (voir Fides 9/11/2021).
Nasir Saeed poursuit : « Il n’y a pas de solution rapide aux problèmes des minorités parce que le gouvernement ne leur accorde pas l’attention qu’ils méritent, qu’il s’agisse de la discrimination dans les écoles et les programmes universitaires, de l’emploi, du mariage et du divorce, de l’abus de la loi sur le blasphème ou des conversions forcées ».
La question de la conversion forcée des mineurs chrétiens et hindous est devenue beaucoup plus compliquée après que la Commission parlementaire a rejeté un projet de loi spécial soumis à la Commission pour discussion au Parlement. Le Conseil de l’idéologie islamique et le ministère des affaires religieuses ont déjà émis un avis négatif. « Cela signifie que la question ne pourra pas être portée devant le Parlement pendant longtemps et que, malheureusement, les mineurs chrétiens et hindous continueront à souffrir et à être ciblés et qu’il n’y aura pas de justice », note le directeur de CLAAS.
L’espoir d’obtenir justice est donc entre les mains des tribunaux, qui, cependant, « prononcent des sentences influencées par la charia » (loi islamique), note-t-il. Dans le cas récent d’une jeune chrétienne, Chashman, 14 ans, la Haute Cour de Lahore a déclaré qu’il n’y a pas d’âge minimum pour se convertir à l’Islam et que ni le Saint Coran ni aucun Hadith du Prophète ne fixent d’âge minimum pour la conversion à l’Islam. Il a également déclaré que les juristes musulmans considèrent que la capacité mentale d’un enfant est d’une importance cruciale pour la question de la conversion religieuse. Selon le juge, l’âge de discernement est généralement considéré comme l’âge auquel la puberté est atteinte.
« Ces observations et jugements des tribunaux encouragent les auteurs d’enlèvements de jeunes filles mineures non musulmanes. Ce n’est pas le premier jugement de ce type rendu par des juges de la Haute Cour. Il y en a beaucoup d’autres, comme celles sur les cas de Maira Shahbaz, Huma Younis, Nayab Gill ou Shakina, une jeune fille de 14 ans qui est toujours sous la garde de ses ravisseurs ». Selon le directeur, « il s’agit d’une tendance dangereuse, en particulier lorsque les juges de la Haute Cour rendent des verdicts influencés par la charia, au lieu de faire respecter la loi en vigueur dans le pays, comme la loi de 1929 sur la restriction du mariage des enfants, qui criminalise les mariages de filles de moins de 16 ans. De cette manière, les tribunaux pakistanais continuent à ignorer même les normes internationales ».
En outre, note-t-il, « d’autres factions de la société pakistanaise ont la même conviction et la même mentalité, et la majorité des musulmans sont opposés à la fixation d’un âge minimum pour la conversion à l’islam, car ils estiment qu’une loi contre la conversion forcée serait contraire au Coran et à la Sunna et pourrait créer des troubles sociaux ».
Saeed conclut : « Dans une situation aussi difficile, nous devons nous battre pour la justice et le changement, nous devons travailler dur de manière indépendante, en utilisant toutes les plateformes et alliances aux niveaux national et international. Il est très important que nous continuions à rappeler au Pakistan ses obligations internationales en matière de droits de l’homme, notamment envers les enfants, les femmes et les minorités ».
PAKISTAN – Le projet de loi visant à protéger les femmes est rejeté : campagne de protestation des chrétiens
» Nous devons tous être unis pour défendre et promouvoir la proposition de loi visant à protéger les femmes des minorités religieuses contre les conversions forcées. Non seulement nous voulons que cette proposition devienne une loi, mais nous voulons aussi qu’elle soit mise en œuvre. Rejeter le projet de loi qui vise à mettre fin aux conversions forcées est contraire aux droits de l’homme. Ce rejet a blessé nos sentiments, en particulier ceux des femmes appartenant aux minorités religieuses du Pakistan. Il est de la responsabilité de l’État d’assurer la protection de ses citoyens, en particulier des femmes et des enfants, au milieu des dangers qui menacent leur vie et leur tranquillité d’esprit « , déclare à l’Agence Fides Tabassum Yousaf, avocate catholique de Karachi, active dans la campagne de protestation après le rejet du projet de loi qui visait à protéger les femmes les plus vulnérables et exposées au phénomène du kidnapping et de la conversion forcée (voir Fides 14/10/2021).
Tabassum Yousaf, qui a participé ces derniers jours à la manifestation avec d’autres citoyens au Karachi Press Club, a déclaré à Fides : » Il existe déjà la « loi sur le mariage des enfants » qui interdit le mariage des enfants de moins de 18 ans, mais lorsqu’une jeune fille mineure appartenant à des communautés religieuses minoritaires (chrétiennes ou hindoues) est enlevée et convertie de force et forcée d’épouser un homme deux ou trois fois plus âgé qu’elle, cette loi est ignorée. C’est un signe clair qu’il n’y a pas d’application correcte de la loi lorsqu’il s’agit de femmes non-musulmanes. Il y a une application sélective de la loi. Il s’agit d’une grave discrimination ».
Le chrétien Shabir Shafaqat, président du Christian National Party, qui a mené la manifestation au Karachi Press Club contre le rejet du projet de loi, déclare à Fides : » Nous nous battons pour nos droits fondamentaux, nous lançons un appel au Premier ministre, au pouvoir judiciaire et au chef de l’armée pakistanaise, pour assurer la protection de nos femmes contre les enlèvements pour conversions et mariages forcés « . Il note que « les chrétiens et les hindous se sentent en insécurité en raison de l’augmentation rapide des enlèvements pour mariages forcés et conversions forcées d’adolescentes appartenant à des minorités religieuses au Pakistan. L’intervention de l’État est nécessaire ».
Divers groupes de défense des droits des minorités ont annoncé de nouvelles manifestations pacifiques dans plusieurs villes du Pakistan le 13 novembre 2021.
La Commission parlementaire sur les conversions forcées a rejeté le projet de loi préparé par le ministère des droits de l’homme et a qualifié ce projet de « non islamique » le mois dernier, le 13 octobre 2021.
L’article 3 du projet de loi stipule que tout non-musulman, pour se convertir à une autre religion, doit demander un « certificat de conversion » au juge de première instance dans la région où il réside habituellement ou exerce ses activités. Le juge doit fixer la date de l’entretien dans un délai de sept jours à compter de la réception de la demande et, à la date indiquée, du personnel doit être présent pour s’assurer que la conversion religieuse a lieu librement, sans contrainte et sans tromperie ni déclaration frauduleuse.
L’article précise également que, à la demande du citoyen non-musulman, le juge peut organiser des rencontres avec des érudits ou des chefs religieux de la religion à laquelle la personne souhaite se convertir. Le juge peut accorder une période de 90 jours pour entreprendre une étude comparative des religions. Enfin, le citoyen non-musulman est réputé avoir officiellement changé de religion sur la base du « certificat de conversion » délivré par le juge.
L’article 4 du projet de loi, qui interdit la conversion forcée, dispose que « quiconque, par la force criminelle, convertit une personne à une autre religion commet le délit de conversion forcée et est passible d’une peine d’emprisonnement de cinq ans au minimum et de dix ans au maximum et d’une amende d’au moins 100 000 roupies pakistanaises ». En outre, toute personne qui commet, conduit, dirige, célèbre ou facilite de quelque manière que ce soit un mariage en sachant que l’une des parties ou les deux sont victimes de conversion forcée, est punie d’une peine d’emprisonnement d’au moins trois ans et d’une amende de 100 000 roupies pakistanaises.
L’article 6 du projet de loi stipule que nul ne peut changer de religion avant d’avoir atteint l’âge adulte. Si un mineur déclare avoir changé de religion avant d’atteindre l’âge de la majorité, cette déclaration n’est pas considérée comme valide.
Décédée du covid-19 il y a un an, sœur Ruth Lewis, surnommée la « mère des oubliés », a reçu à titre posthume du gouvernement civil l’une des plus hautes distinctions du pays.
Elle a vécu comme elle s’en est allée, humblement, dans la sérénité de l’espérance. Décédée en juillet 2020 du covid-19, sœur Ruth Lewis, religieuse franciscaine au Pakistan, a reçu fin mars à titre posthume du gouvernement pakistanais l’une des plus hautes distinctions civiles du pays : la « Sitara-e-Imtiaz » (étoile d’excellence, ndlr). Celle que l’on surnommait « la mère des oubliés », avait fondé il y a 50 ans le centre Dar-ul-Sukun à Karachi. Il héberge quelque 150 enfants et adolescents abandonnés par leurs familles car considérés comme des « monstres » en raison de leur handicap ainsi que de leur difformité physique.
Elle a pris soin de nous tous comme une mère s’occupe de ses enfants.
C’est l’un des anciens pensionnaires, prénommé Cookie, qui a reçu la décoration de la religieuse décédée le 23 mars 2021. « Sœur Ruth était la mère de tous les enfants de Dar-ul-Sukun », lui a-t-il rendu hommage dans un discours. « Elle a pris soin de nous tous comme une mère s’occupe de ses enfants ». « Nous sommes heureux et fiers que le gouvernement pakistanais ait accordé à Sœur Ruth Lewis à titre posthume « la Sitara-e-Imtiaz pour ses services à la société de ce pays », s’est réjoui pour sa part l’archevêque émérite de Karachi, le cardinal Joseph Coutts. Évoquant une personne « très calme et humble », il a rappelé que sœur Ruth Lewis avait « développé une force extraordinaire au service de ces enfants handicapés mentaux et physiques ».
Un hommage unanime
Cette distinction est d’autant plus forte pour la communauté chrétienne du Pakistan que les chrétiens du pays, une minorité religieuse, sont souvent stigmatisés et attaqués en raison de leur foi. L’action et le dévouement de la religieuse lui avait déjà permis par le passé de rayonner au-delà de la seule sphère catholique. En 2014 elle avait reçu le prix « Pride of Karachi » et en 2018, le prix « Hakim Mohammad Saeed » du gouverneur du Sind pour son service social « en faveur de l’humanité pauvre et souffrante, sans aucune discrimination ».
Le combat du père d’Arzoo, fillette pakistanaise enlevée, convertie et mariée de force
Arzoo Raja a 13 ans lorsqu’elle est enlevée en octobre 2020 à Karachi (Pakistan) pour être convertie et mariée de force à un voisin musulman. Libérée quelques semaines plus tard grâce à la détermination de ses parents, elle est placée dans un refuge tenu par le gouvernement. Son père, Raja Lal Masih, raconte son combat.
L’histoire d’Arzoo Raja est l’une des plus retentissantes ayant eu lieu au Pakistan en 2020. Cette jeune fille catholique de 13 ans habitant à Railway Colony, un quartier de Karachi (Pakistan), a été enlevée, convertie de force à l’islam et mariée à son voisin musulman Syed Ali Azhar, 44 ans, en octobre 2020. Les parents d’Arzoo affirment qu’elle a été enlevée alors qu’elle jouait devant sa maison. « Mes trois filles ont toutes été enfant de chœur. Arzoo était la plus jeune. Elle venait d’entrer en 5ème« , confie son père, Raja Lal Masih. « J’ai encore avec moi la demande de soutien que j’allais soumettre à l’Église pour obtenir des fournitures et livres gratuits. Nous, ses parents, avions un travail et faisions tout pour offrir un avenir meilleur à nos enfants ».
Le soir même, l’enquêteur m’a dit qu’elle avait accepté l’Islam.
C’est le 13 octobre que sa vie et celle de son épouse bascule. « Après avoir déposé ma femme à l’école où elle travaillait comme assistante maternelle, j’ai reçu un appel téléphonique d’un proche parent qui m’a dit qu’Arzoo avait disparu », raconte-t-il avec émotion. « Après avoir cherché aux alentours, nous avons fait un premier signalement de disparition au poste de police où le personnel nous a fait attendre pendant des heures. De retour à la maison, notre voisin a d’abord affirmé que son fils Azhar avait en quelque sorte épousé notre fille, mais que c’était ‘une erreur’ avant de menacer ouvertement de priver définitivement Arzoo de sa famille. »
Juste après cette discussion, les parents d’Arzoo préviennent à nouveau la police. Mais contre toute attente, la police décide d’abord… de prendre le thé chez ce voisin en question. Elle se rend ensuite chez les parents d’Arzoo pour leurs demander de fournir l’acte de naissance et d’autres documents concernant Arzoo. « Le soir même, l’enquêteur m’a dit qu’elle avait accepté l’Islam », se souvient-il. « Cela m’a bouleversé ».
Depuis cet instant, les parents de la fillette vivent une descente aux enfers. « Nous avons tourné en rond entre les tribunaux. Nous avons perdu nos emplois. Nous avons quitté notre maison pour éviter les questions posées par les amis et les voisins », confie-t-il. « Un pasteur protestant nous a fourni un abri et de l’aide juridique. Les juges n’écoutent que notre avocat et notre fille. C’est comme si nous, ses parents, n’existions pas. À un moment donné, j’ai pensé sauter du deuxième étage de la Haute Cour du Sindh ».
Se livre alors une bataille juridique qui semble sans espoir. « Certains nous ont conseillé de laisser tomber notre avocat musulman », explique-t-il. « Mais nous ne pouvions pas en prendre le risque. Ni une femme, ni un avocat chrétien ne peuvent se battre contre un cas de conversion forcée, aussi intelligent ou influent soient-ils. Des personnalités politiques et d’autres nous ont rendu visite. Nous recevons des appels de soutiens de l’étranger », détaille encore le père d’Arzoo. « Cependant, rien de tout cela n’a de poids au tribunal. Notre avocat musulman fait face à une cinquantaine d’avocats de la partie adverse. Des religieux, livres à l’appui, citent des hadiths [paroles de Mahomet] et des exemples de mariages de prophètes avec des filles mineures ».
Arzoo est placé un mois plus tard, en novembre 2020, dans un refuge. « Tous les samedis, nous rendons visite à notre fille dans le refuge. Elle est complètement désorientée », se désole le père de famille. « Devant la police, elle dit avoir lu la Chahada (la proclamation de foi islamique, ndlr) et affirme qu’elle est maintenant musulmane ». Au tribunal, elle insiste sur le fait qu’elle a épousé Ali Azhar de son plein gré et qu’elle a 18 ans mais lorsque ses parents lui rendent visite « elle est d’accord pour rentrer à la maison ». « Dès que nous la quittons, elle demande par téléphone d’organiser une rencontre avec son beau-frère musulman… Au centre, elle se fait laver le cerveau par des femmes plus âgées. Ce n’est pas un endroit pour une enfant », tranche Raja Lal Masih.
162 cas signalés entre 2013 et 2020
De plus en plus de familles confrontées à des conversions forcées s’expriment désormais et partagent leurs histoires avec les médias. Selon le Centre pour la Justice Sociale de Lahore, 162 cas de conversions douteuses de jeunes filles mineures appartenant à une minorité ont été signalés dans les médias entre 2013 et novembre 2020. « Ce Noël a été vécu comme une agonie », conclut le père d’Arzoo. « Nous avons assisté à la messe, mais il n’y a eu ni joie, ni achats dans les magasins ni de visite aux parents. Une famille a offert des vêtements neufs à nos enfants. Un inconnu nous a plus tard menacés parce que nous avions déposé une plainte contre Azhar. Maintenant, nous cachons nos visages avant de sortir. Je suis désespéré. Que Dieu écoute nos prières ».