Cardinal Parolin: le monde s’effrite, le Pape pour un nouvel élan de la COP28

Le cardinal Pietro Parolin en partance pour Dubaï, où s’est ouvert la COP28 jeudi 30 novembre 2023.

Cardinal Parolin: le monde s’effrite, le Pape pour un nouvel élan de la COP28

Le Secrétaire d’État du Saint-Siège, qui se rend vendredi 1er décembre à Dubaï pour participer à la COP28, partage avec les médias du Vatican les préoccupations et les espérances du Pape face à la crise climatique, aux guerres et aux divisions qui déchirent la planète. Concernant les crises au Proche-Orient et la guerre entre la Russie et l’Ukraine, il réitère l’engagement constant du Saint-Siège en faveur de la paix. 

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Le Secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, ouvrira les travaux de la délégation vaticane à la COP28, la Conférence des Nations-unies sur le changement climatique qui se tient à Dubaï. Le cardinal est attendu aux Émirats arabes unis dans la journée du 1er décembre, le jour même où François aurait du se rendre sur place, avant de devoir renoncer «avec grand regret» pour éviter une aggravation de l’inflammation pulmonaire qui l’affecte depuis plusieurs jours. 

Éminence, le Pape ne pourra pas participer à la Conférence internationale sur le climat à Dubaï comme il l’aurait souhaité. Quelles sont les attentes et les espérances de François pour la COP28?

Le Pape est conscient de la nécessité d’agir pour prendre soin de la Maison commune, de l’urgence d’adopter des positions courageuses et de donner un nouvel élan aux politiques locales et internationales afin que l’humanité ne soit pas menacée par des intérêts partisans, à courte vue, ou prédateurs. La COP28 est appelée à donner une réponse claire de la communauté politique en s’attaquant avec détermination à la crise climatique dans les délais urgents indiqués par la science. Le Saint-Père n’a pas pu se rendre à Dubaï, mais la décision de s’y rendre, la première fois pour un Pape, trouve clairement sa source dans Laudate Deum.

Son exhortation rappelle que huit années se sont écoulées depuis la publication de la lettre encyclique Laudato si’, dans laquelle il souhaitait partager avec tous les souffrances de la planète et les «préoccupations sincères» pour le soin de la Maison commune. Le Pape explique qu’«au fil du temps … nos réactions sont insuffisantes, alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture» (n° 2). Non seulement les études scientifiques mettent en évidence les graves conséquences du changement climatique produit par les comportements anthropogéniques, mais il est désormais quotidien d’assister à des phénomènes naturels extrêmes dans le monde entier qui affectent gravement la qualité de vie d’une grande partie de la population humaine, et en particulier de la composante la plus vulnérable à la crise climatique qui a été la moins responsable de sa provocation.

Le Saint-Père a invoqué à plusieurs reprises le «courage», demandant aux gouvernements de mettre en place des politiques en faveur d’une écologie intégrale, afin de protéger l’homme et la Maison commune. Qu’attend-on de la COP28?

Là encore, Laudate Deum est très claire: «Si nous avons confiance dans la capacité de l’être humain à transcender ses petits intérêts et à penser en grand, nous ne pouvons renoncer à rêver que cette COP28 conduira à une accélération marquée de la transition énergétique, avec des engagements effectifs et susceptibles d’un suivi permanent. Cette Conférence peut être un tournant si elle démontre que tout ce qui a été fait depuis 1992 était sérieux et en valait la peine, sans quoi elle sera une grande déception et mettra en péril tout le bien qui a pu être accompli jusqu’à maintenant.» (n. 54).

En effet, l’espoir est que la COP28 puisse donner des indications claires pour encourager cette accélération. La transition énergétique peut être déclinée de différentes manières, en commençant par la réduction progressive et rapide des combustibles fossiles par une plus grande utilisation des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, ainsi que par un plus grand engagement en faveur de l’éducation à l’écologie intégrale.

Il est bon de rappeler ce que le Saint-Père et le Saint-Siège ont souvent répété: les moyens économiques et techniques pour lutter contre la crise climatique sont nécessaires, mais ils ne sont pas suffisants; Il est indispensable qu’ils soient accompagnés d’un processus éducatif qui influence les changements dans les styles de vie, les moyens de production et de consommation visant à promouvoir un modèle renouvelé de développement humain intégral et de durabilité basé sur l’attention, la fraternité, la coopération entre les êtres humains et le renforcement de l’alliance entre les êtres humains et l’environnement qui, comme l’a dit Benoît XVI dans Caritas in veritate, «doit être le reflet de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons» (no. 50).

Le Pape a rappelé qu’après la conférence de Paris en 2015, il y a eu en effet un déclin, un désintérêt. Vous avez suivi ces événements de près. Le monde se rend-il compte des dangers?

La crise climatique est complexe, mais il s’agit d’un «problème social global qui est intimement lié à la dignité de la vie humaine» (Laudate Deum, n° 4). Elle est en outre liée au comportement humain d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui ont des conséquences à long terme. Elles remontent à la période pré-révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, mais se sont fortement accentuées au fil du temps. Comme l’indique le GIEC, l’organe scientifique de l’ONU qui étudie le changement climatique, plus de 42% des émissions nettes totales depuis 1850 se sont produites après 1990. Il s’agit là de délais qui vont bien au-delà des courts cycles électoraux auxquels les politiciens doivent répondre. Il s’agit certainement d’un premier problème.

En outre, depuis 2015, il y a eu une série de crises, il suffit de penser à la Covid ou aux problèmes humanitaires persistants qui imprègnent notre société. Les conflits en Ukraine et dans la zone israélo-palestinienne ne sont que deux exemples frappants de la manière dont des conflits localisés ont non seulement un impact inacceptable et dévastateur sur les populations civiles locales, mais aussi de profondes répercussions économiques et sociales à l’échelle mondiale. Deuxième problème: ces crises risquent de détourner l’attention de la communauté internationale de la question du climat.

Malheureusement, le changement climatique se poursuit et n’attend pas que la «bonne volonté» humaine soit mise en pratique. Il est nécessaire que la communauté internationale non seulement en prenne acte mais réalise concrètement que pour lutter contre la crise climatique, nous gagnerons ensemble ou nous perdrons ensemble. Lors de la COP26 à Glasgow, le Saint-Père a envoyé un message dans lequel il indique que «les blessures infligées à l’humanité […] par le phénomène du changement climatique sont comparables à celles qui résultent d’un conflit mondial. Tout comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il est nécessaire aujourd’hui que l’ensemble de la communauté internationale fasse de la mise en œuvre d’actions collégiales, solidaires et clairvoyantes une priorité». Le véritable ennemi à combattre, ce sont les comportements irresponsables qui ont des répercussions sur toutes les composantes de notre humanité d’aujourd’hui et de demain. La réponse doit être rapide et cohérente.

Il serait bon que la COP28 contribue à mettre en pratique le souhait exprimé par le Pape dans Laudato si’: «Alors que l’humanité de l’époque post-industrielle sera peut-être considérée comme l’une des plus irresponsables de l’histoire, il faut espérer que l’humanité du début du XXIème siècle pourra rester dans les mémoires pour avoir assumé avec générosité ses graves responsabilités.» (n°165). Il y a de l’espoir, car l’humanité possède les moyens et les capacités d’assumer de telles responsabilités.

La COP28 se déroule aux Émirats arabes unis, alors que le conflit entre Israël et le Hamas se poursuit. Quel est le point de vue du Saint-Siège sur cette situation?

L’attaque terroriste perpétrée le 7 octobre par le Hamas et d’autres organisations palestiniennes contre la population d’Israël a causé une blessure grave et profonde aux Israéliens et à nous tous. La sécurité de cette population a été gravement compromise de manière brutale et incroyablement rapide. Le Saint-Père l’a dit dès le début: «Le terrorisme et l’extrémisme n’aident pas à trouver une solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens, mais alimentent la haine, la violence, la vengeance, et ne font que faire souffrir les uns et les autres» (Audience générale, 11 octobre 2023).

Et en effet, le processus de paix israélo-palestinien, qui souffrait déjà de ralentissements et de stagnations, est devenu encore plus complexe. D’autre part, peut-être était-ce le but des terroristes, puisque, comme ils l’ont toujours déclaré, les miliciens du Hamas n’ont pas de paix avec Israël à l’horizon, au contraire -de manière irresponsable- ils voudraient sa disparition. Cela ne correspond pas à la volonté que l’Autorité de l’État de Palestine, en particulier le président Mahmoud Abbas, nous a toujours assurée, c’est-à-dire de vouloir un dialogue avec l’État d’Israël pour une pleine réalisation de la solution à deux États, promue depuis tant d’années par le Saint-Siège avec un statut spécial pour la Ville sainte de Jérusalem.

C’est pourquoi j’espère qu’à l’avenir, il y aura des voies de dialogue sincères, même si je les vois très étroites aujourd’hui. Dans les jardins du Vatican, il y a cet olivier planté en 2014 par le président israélien Shimon Peres et le président palestinien Mahmoud Abbas, ainsi que par le Pape François et le patriarche Bartholomée. Nous continuons à l’arroser avec l’eau de l’espérance, qui coule de la prière et aussi du travail diplomatique.

Toutefois, ces derniers jours, nous avons vu une lueur d’espoir dans les négociations qui ont permis une trêve et la libération de plusieurs otages israéliens et autres. Malheureusement, nous avons appris aujourd’hui que les combats ont repris. Le Saint-Siège espère que toute violence cessera dès que possible.

Je crois qu’il faut vraiment saluer les efforts de dialogue déployés par l’Égypte et le Qatar, ainsi que les États-Unis d’Amérique, et la volonté du gouvernement israélien de trouver une solution pour tous les otages le plus rapidement possible. Je suis vraiment heureux de voir que ces personnes peuvent retrouver leur famille. Je prie également pour les autres familles qui ne peuvent toujours pas embrasser leurs proches, toujours kidnappés à Gaza, et je compatis à leur angoisse. Nous espérons qu’ils seront tous libérés rapidement.

Dans le même temps, la situation humanitaire dans la bande de Gaza préoccupe vivement le Saint-Siège. Des milliers de victimes, nous parlons de plus de 15 000 personnes, blessées ou disparues. Il semble qu’il n’y ait aucun endroit sûr, même les écoles, les hôpitaux et les lieux de culte sont mal utilisés et deviennent des lieux de bataille. Plus d’un million de personnes sont sans abri, obligées de se déplacer vers le sud de cette petite bande de terre palestinienne. Le rôle de l’Égypte, qui fournit et coordonne l’arrivée de l’aide humanitaire, ainsi que celui de la Jordanie, du Qatar et des Émirats arabes unis, qui l’envoient et tentent d’aider la population palestinienne, est tout à fait louable. Nous ne pouvons pas oublier et qu’encourager l’effort humanitaire que les agences de l’ONU déploient à Gaza. Il faut donc maintenant que les combats cessent pour de bon et que d’autres moyens soient trouvés pour que le Hamas et les autres organisations palestiniennes puissent désarmer et ne plus constituer une menace terroriste pour les Israéliens, mais aussi pour les Palestiniens eux-mêmes.

Comme l’a déjà dit le Saint-Père, ce conflit, qui touche la Terre Sainte, touche le cœur et les émotions de chacun. On ressent très fortement la colère de tant de personnes pour ce qui s’est passé le 7 octobre en Israël, mais aussi pour ce qui se passe à Gaza, et maintenant pour les horribles reflets que ce conflit produit dans les sociétés de certains pays. Je pense en particulier au nombre croissant d’actes d’antisémitisme qui se sont produits dans de nombreux pays. Comme le Saint-Père l’a dit à maintes reprises et avec une grande détermination: l’antisémitisme est un déni des origines, une contradiction absolue, car un chrétien ne peut pas être antisémite. Nos racines sont communes. Ce serait une contradiction de foi et de vie. Et pas seulement pour les chrétiens: pour tous, défendre la liberté des autres de professer leur foi est un acte humain, alors que l’outrager est inhumain, comme cela s’est produit dans la période honteuse de la Shoah.

Le Saint-Siège continue également de suivre de près la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Comment le travail de la diplomatie vaticane se poursuit-il dans ce contexte?

L’engagement du Saint-Siège reste inchangé et continue de se concentrer sur les questions humanitaires, en particulier le rapatriement des mineurs ukrainiens. Les différents échanges d’informations entre les parties ukrainienne et russe, par l’intermédiaire des nonciatures apostoliques présentes dans les deux pays, ont permis de connaître le sort de dizaines d’enfants. Un résultat encourageant, obtenu également grâce à l’implication explicite du Saint-Siège, comme l’indique le Bureau du Commissaire présidentiel pour les droits de l’enfant de la Fédération de Russie, a été le rapatriement de Bogdan Yermokhin, qui a eu lieu la veille de ses 18 ans. Par ailleurs, le mécanisme mis en place à la suite de la mission du cardinal Zuppi est en train d’être affiné, ce qui promet de meilleurs résultats. Nous espérons que cet effort ouvrira la voie au dialogue sur d’autres questions également.

Éminence, vaut-il encore la peine d’espérer en ces temps complexes, déchirés par les guerres, les violences et les privations?

Face aux tragédies qui continuent d’affliger l’humanité, nous nous sentons tous perdants et sommes tentés de céder au désespoir et au fatalisme. Avec le Pape, je veux aussi répéter: «Ne nous laissons pas voler l’espérance», surtout lorsque le chemin de la vie se heurte à des problèmes et à des obstacles qui semblent insurmontables. Bien sûr, l’espérance exige du réalisme. Il exige que nous appelions les problèmes par leur nom, en sachant que les nombreuses crises morales, sociales, environnementales, politiques et économiques que nous traversons sont interconnectées, et que ce que nous considérons comme des problèmes individuels est en fait une cause ou une conséquence d’autres problèmes.

Mais l’espérance exige ensuite le courage d’agir, l’audace de jeter son cœur par-dessus l’obstacle, de renoncer au mal et de sortir de l’espace étroit des intérêts personnels ou nationaux; de faire chaque jour ces petits pas possibles vers le bien pour essayer d’améliorer des situations compliquées et de semer la paix avec patience et confiance.

Source : VATICANNEWS, le 1er décembre 2023

Cardinal Parolin: François en Mongolie, pèlerin de l’espérance pour le monde entier

Cardinal Parolin: Le Pape attendu en Mongolie

Cardinal Parolin: François en Mongolie, pèlerin de l’espérance pour le monde entier

Le Pape se rend en Mongolie pour confirmer dans la foi la communauté catholique «petite et vivante» de Mongolie et pour renforcer les liens entre le Saint-Siège et ce pays asiatique. C’est ce qu’a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, sur la visite apostolique à Oulan-Bator. La paix, la rencontre et le dialogue seront les trois pierres angulaires de ce voyage.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

La Mongolie est prête à accueillir un Pape pour la première fois de son histoire, «l’attente est grande»: le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, dans un entretien accordé aux médias du Vatican, évoque l’enthousiasme avec lequel la petite communauté catholique de ce pays asiatique se prépare à accueillir le Saint-Père.

Au cours de ce 43e voyage apostolique, François sera du 31 août au 4 septembre à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, pays de 1,5 million de km2 et peuplé d’environ 3,3 millions d’habitants, frontalier de la Russie et de la Chine. La devise « Espérer ensemble » est essentielle pour comprendre ce voyage, car il y a un grand besoin d’espérance, «une espérance qui n’est pas une attente vide, mais qui se fonde, au moins pour nous chrétiens, sur la foi, c’est-à-dire sur la présence de Dieu dans notre histoire, et qui se transforme en même temps en un engagement personnel et collectif», explique le cardinal Parolin.

Éminence, quelles sont les attentes du Saint-Père?
Ce voyage au cœur de l’Asie répond à l’invitation des autorités du pays et de la communauté catholique. Les attentes sont grandes, tant de la part du Saint-Père que de la Mongolie, qui voit pour la première fois un Successeur de Pierre fouler son sol. L’intérêt du Pape est de rencontrer cette communauté, réduite en nombre, mais jeune, vivante, fascinante, par son histoire et sa composition particulières. De plus, la dimension interreligieuse sera très importante dans ce pays à grande tradition bouddhiste.

Le Pape confirmera dans la foi quelque 1 500 catholiques présents en Mongolie. Quelle est l’importance de la présence de François pour cette petite communauté missionnaire?
L’enthousiasme avec lequel les catholiques se préparent à accueillir le Saint-Père est palpable. Sa présence est attendue à la fois comme une confirmation et un encouragement sur le chemin de la vie chrétienne, sur le chemin de la foi, de l’espérance et de la charité, mais aussi comme une confirmation de l’accomplissement d’une période fascinante d’inculturation missionnaire. En effet, si nous pensons à l’histoire de cette Église, nous ne pouvons qu’être admiratifs. Je dirais même émus. Après des siècles d’absence, au début des années 1990, suite à la transition démocratique pacifique du pays, elle est repartie pratiquement de zéro. Les premiers missionnaires sont arrivés en pionniers, apprenant la langue, et commençant à célébrer dans les foyers. Ils ont senti que la voie à suivre devait être celle de la charité et ont étreint la population locale comme s’il s’agissait de leur propre peuple. C’est ainsi qu’après seulement quelques décennies, il existe une communauté catholique au sens propre du terme, une communauté « universelle »,composée de membres locaux, mais aussi de membres de différents pays, qui, avec humilité, douceur et sens de l’appartenance, souhaitent être une petite graine de fraternité.

L’accent sera également mis sur la rencontre œcuménique et interreligieuse du dimanche 3 septembre.
Comme l’a rappelé à plusieurs reprises le Saint-Père, la voie interreligieuse, du dialogue œcuménique, ne sont pas des choix d’opportunité ou de commodité, mais des chemins que, depuis le Concile, l’Église catholique suit sans syncrétisme. De ce point de vue, la rencontre avec des représentants d’autres religions a toujours pour but de construire la paix et la fraternité. Nous savons combien nous avons besoin aujourd’hui de cet effort pour construire la paix et la fraternité! Bien entendu, cette visite marque également un moment important de rencontre avec le bouddhisme qui, en Mongolie, bénéficie d’une présence et d’une histoire très significatives, caractérisées par une sage recherche de la vérité, mais également marquées par de grandes souffrances dans le passé.

Ces dernières années, à côté du mode de vie traditionnel, nous assistons à une urbanisation croissante. Dans le contexte de ce changement social, quel rôle la visite du Saint-Père peut-elle jouer?
Le Pape souligne souvent l’importance de la recherche de l’harmonie. Par cette expression, il entend suggérer une croissance globale, totale, c’est-à-dire une croissance humaine, sociale et spirituelle qui se tient à l’écart des risques d’homologation, sachant au contraire intégrer les différences et les changements comme facteurs de croissance, de sorte que la rencontre des contraires et des différences l’emporte sur l’affrontement et l’opposition. La société mongole traverse une période historique difficile, où la sagesse bien enracinée dans le peuple est appelée à combiner tradition et modernité, sans perdre ses racines et en promouvant le développement de tous. Le Pape, qui, en signe d’amitié et de grand respect, est heureux de rencontrer le peuple mongol, sera attentif à ces aspects.

Le dialogue entre le Saint-Siège et la Mongolie remonte à quelques 800 ans, à l’époque d’Innocent IV. Quelle est la nature de ces relations aujourd’hui?
Dans le sillage des précédents historiques que vous venez de mentionner, la convergence d’intérêts a conduit à l’établissement formel de relations diplomatiques en 1992. Et la coopération qui s’est établie alors -même à un niveau formel- continue de progresser! Des progrès significatifs ont été réalisés dans des domaines d’intérêt commun, comme cela a été mis en évidence par la visite officielle de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales, en juin dernier. Cela va continuer. Le prochain voyage apostolique est donc une occasion propice pour renforcer encore ces liens, qui visent à promouvoir le bien commun, la liberté religieuse, la paix, le développement humain intégral, l’éducation, les échanges culturels, ainsi qu’à relever les défis communs qui affectent la région et la communauté internationale.

En ce sens, pouvons-nous nous attendre à un nouvel appel à la paix de la part du Saint-Père, en ces temps où le monde entier est déchiré par des conflits?
Le Saint-Père continue d’appeler à la paix, pourquoi? Parce qu’il porte dans son cœur la douleur atroce causée par ce qu’il a lui-même longtemps appelé la « troisième guerre mondiale en morceaux ». Au-delà des appels explicites à la paix que le Pape pourrait lancer à cette occasion, il me semble que c’est la présence même du Pape en Mongolie qui constitue une invitation à la paix. Et ce, en raison de la place significative que ce pays occupe dans le grand contexte asiatique. Cette visite porte en elle l’appel au respect de chaque pays, petit ou grand, à l’observation du droit international, à la renonciation au principe de la force pour régler les différends, à la construction de relations de collaboration, de solidarité et de fraternité entre voisins et avec tous les pays du monde.

La Chine est un grand pays limitrophe de la Mongolie, une nation que François considère avec beaucoup d’intérêt. Un voyage en République populaire de Chine est-il envisagé, même si ce n’est pas dans un avenir proche?
Tout le monde connaît l’intérêt que porte le Pape François à la Chine. Et en ce qui concerne votre question, je peux dire qu’il y a dans le cœur du Saint-Père ce grand désir, un désir tout à fait compréhensible qu’il a déjà manifesté publiquement à plusieurs reprises, de se rendre dans ce noble pays. À la fois pour visiter la communauté catholique et l’encourager sur le chemin de la foi et de l’unité, mais aussi pour rencontrer les autorités politiques, avec lesquelles il a déjà eu l’occasion d’échanger des points de vue. Ces autorités politiques avec lesquelles le Saint-Siège a établi depuis longtemps un dialogue, confiant que, malgré les difficultés et les obstacles sur le chemin, c’est précisément par cette voie du dialogue et de la rencontre, plutôt que par celle de l’affrontement idéologique, que l’on peut obtenir de bons fruits pour tous.

Le Saint-Père est revenu récemment des JMJ de Lisbonne où, comme il l’a souligné, l’espérance est devenue visible chez les jeunes. Où nous mène ce voyage en Mongolie?
La devise du voyage -nous le savons- est « Espérer ensemble » et donc, une fois de plus, l’accent est mis sur l’espérance, qui sera également le thème du Jubilé de 2025. Pourquoi tant d’insistance sur l’espérance? Évidemment, parce que notre monde en a tellement besoin! Notre monde manque d’espérance, face aux nombreux drames personnels et collectifs qu’il vit. Une espérance qui n’est pas une attente vide, attendre que les choses s’améliorent, presque sous une forme magique, mais qui se fonde, au moins pour nous chrétiens, sur la foi, c’est-à-dire sur la présence de Dieu dans notre histoire, et qui se transforme en même temps en un engagement personnel et collectif, un engagement actif, pour l’amélioration du monde, et cela nous pouvons le faire ensemble, croyants et laïcs, tous ceux qui sont convaincus de cette possibilité. Ici, il me semble que le fait que le Pape parte pour des pays géographiquement éloignés et qu’il affronte aussi les inconvénients qui en découlent, c’est précisément pour signifier son désir de témoigner activement et de promouvoir concrètement l’espérance dans le monde d’aujourd’hui.

Éminence, quelle est votre espérance, quelles sont vos attentes?
Je partage les attentes du Saint-Père, celles que je viens d’essayer de décrire. Il me semble en outre que les voyages apostoliques du Pape, du Successeur de Pierre, sont d’une grande importance et d’une grande efficacité pour attirer l’attention de toute l’Église sur certaines communautés qui la composent et qui, comme dans le cas de la Mongolie, sont numériquement peu nombreuses et courent donc le risque, d’une part, de ne pas être toujours suffisamment connues, appréciées et prises en considération; et d’autre part, cela permet à ces communautés d’offrir leur contribution à l’Église dans son ensemble, en attirant l’attention sur ce qui est fondamental pour sa vie et pour sa mission. Je dirais qu’elles sont un peu comme les premières communautés chrétiennes dont nous devons nous inspirer. Je suis convaincu que cela se produira, et que cela se produira également en cette occasion. Et je prie en ce sens.

Source : VATICANNEWS, le 30 août 2023

Le cardinal Parolin: l’humilité au service de la paix contre l’esprit de vengeance

Le cardinal Parolin plantant un arbre de la paix le 14 août dans le jardin de la cathédrale de Juba. Le cardinal Parolin plantant un arbre de la paix le 14 août dans le jardin de la cathédrale de Juba.

Le cardinal Parolin: l’humilité au service de la paix contre l’esprit de vengeance

Le Secrétaire d’État du Saint-Siège a célébré la messe de l’Assomption dans la ville de Malakal, au Soudan du Sud, exhortant chacun à mettre de côté les pensées de vengeance et à embrasser un service humble au nom de la paix.

Devin Watkins-Cité du Vatican

Pour son deuxième jour au Soudan du Sud, le cardinal Pietro Parolin s’est rendu dans la ville de Malakal, dans l’État du Nil Supérieur, où il a célébré la messe dans la cathédrale Saint-Joseph, en la fête de l’Assomption. Le secrétaire d’État du Saint-Siège a entamé lundi 14 août une visite de quatre jours dans ce pays africain, où il cherche à promouvoir le processus de paix pour lequel le Pape François et l’Église locale plaident depuis plusieurs années.

Dans son homélie pour la messe de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, le cardinal Parolin a partagé les salutations du Pape et sa proximité avec le peuple du Soudan du Sud. «Le Saint-Père se souvient encore très bien de sa visite au Soudan du Sud en février de cette année», a déclaré le cardinal, «et il porte dans son cœur ce pays, son peuple, ses difficultés et ses blessures, ainsi que ses attentes et ses espoirs».

Le cardinal Parolin a déclaré que sa visite dans le pays visait à transmettre «la communion et la solidarité de l’Église universelle» et à rappeler aux Sud-Soudanais qu’aucun chrétien n’est jamais seul puisque nous sommes tous unis dans le Christ.

«Et si un membre souffre, il ou elle a un droit plus grand que les autres à l’attention, aux soins, à l’amour», a-t-il déclaré. «J’aimerais que vous ressentiez l’attention, le soin et l’amour de toute l’Église ce matin!»

Vaincre le «fléau de la vengeance» par la foi, l’espérance et la charité

Le cardinal-secrétaire d’État a ensuite déploré les nombreuses guerres qui affligent les populations dans diverses parties du monde, y compris la guerre civile au Soudan du Sud. Il a rappelé les nombreuses personnes qui ont fui leurs maisons à cause du conflit, notant le «grand fléau de la vengeance» qui, selon lui, «détruit vos communautés».

Toutefois, a ajouté le cardinal Parolin, l’Assomption de Marie rappelle aux chrétiens que le mal n’a jamais le dernier mot et que le pouvoir de ceux qui humilient les autres est éphémère, car leur «orgueil, leurs armes et leur argent ne les sauveront pas».

Il a encouragé les habitants du Soudan du Sud à se tourner vers le Christ et sa mère pour se rappeler que l’espérance en Dieu ne déçoit jamais, en particulier lorsque les chrétiens associent leur espérance à la foi et à des actions concrètes d’humble service au nom de la paix.

«La foi, la charité, l’humilité et la douceur, a encore déclaré le cardinal, sont le chemin de l’Évangile, le chemin sur lequel Marie a marché et qui l’a conduite à la place resplendissante de Reine, à la droite de son Fils Jésus, pour être un signe de consolation et d’espérance pour le monde entier».

Le cardinal Parolin reçu par Salva Kiir

Le cardinal Parolin reçu par Salva Kiir

Violences intercommunautaires 

Plus tard dans l’après-midi, le cardinal Parolin devait visiter un centre d’accueil pour les réfugiés revenant du Soudan. Malakal a connu récemment plusieurs incidents de violence intercommunautaire qui ont causé la mort de plusieurs personnes et d’importants dégâts matériels. La semaine dernière, un affrontement dans un camp a tué au moins 13 personnes et en a blessé plus de 20 autres.

L’incident s’est produit sur un site de protection des civils géré par l’UNMISS, la mission de maintien de la paix des Nations-unies au Soudan du Sud. Plus de 37 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays résidaient dans le camp de Malakal en décembre 2022.

Rencontre avec les autorités 

Le Secrétaire d’Etat du Saint-Siège a passé la journée du 14 août  dans la capitale, Juba, où il a rencontré le président Salva Kiir Mayardit et le premier vice-président Riek Machar, ainsi que le cardinal Gabriel Zubeir Wako, archevêque émérite de Khartoum, et l’archevêque Stephen Ameyu Martin Mulla de Juba.

Selon un communiqué de presse du cabinet du président, le cardinal Parolin a transmis un « message de bonne volonté de la part de sa Sainteté le Pape François« . Le président et le cardinal ont discuté de diverses questions liées au processus de paix et aux élections générales prévues pour 2024. A cette occasion, le cardinal Parolin a «appelé le peuple sud-soudanais à embrasser l’esprit de paix et de réconciliation afin de construire une société harmonieuse dans le pays».

Plantation d’arbres à la cathédrale de Juba

Le cardinal a également participé à une cérémonie de plantation d’arbres à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, lundi, en signe de la volonté du peuple sud-soudanais de rechercher la paix dans leur pays. Dans une brève allocution, il a remercié les paroissiens locaux pour leur accueil chaleureux lors de cette troisième visite dans le pays, après juillet 2022 et le voyage apostolique du Pape François du 3 au 5 février derniers.

Source : VATICANNEWS, le 15 août 2023

JMJ, cardinal Parolin: «Le Pape attend beaucoup de la rencontre avec les jeunes»

JMJ, cardinal Parolin: «Le Pape attend beaucoup de la rencontre avec les jeunes»

Les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une occasion importante pour les jeunes de rencontrer Jésus. C’est ce qu’a déclaré le cardinal secrétaire d’État du Vatican Pietro Parolin, lors d’un entretien avec les médias du Vatican à la veille de son voyage à Lisbonne. Pour lui, François à Fatima, sera proche des malades et invitera à la prière pour la paix.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Les jeunes arrivés à Lisbonne attendent François pour vivre ensemble les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse, les premières après la pandémie de Covid-19. François part au Portugal conscient que ces «rassemblements ont une grande force en eux-mêmes, voire la force de changer la vie de certains». C’est ainsi que le cardinal Parolin partage avec les médias du Vatican les pensées du Saint-Père qui rencontrera, écoutera et parlera aux jeunes venus du monde entier pour cette grande fête de la foi. Le Saint-Père sera dans la capitale portugaise du 2 au 6 août. Il s’agira de son 42e voyage international, précisément à l’occasion des JMJ.

Le secrétaire d’État du Vatican invite tous ceux qui ne pourront pas participer physiquement aux JMJ à «se sentir impliqués et pleinement protagonistes», et explique que l’étape de Fatima a été voulu pour être proche des malades et des personnes souffrantes et pour prier pour la paix.

Votre Éminence, François sera avec les jeunes des JMJ à Lisbonne, au Portugal. Comment le Pape se prépare-t-il à cette rencontre?

Le Saint-Père attend beaucoup de ces prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, et dans plusieurs messages vidéo, il a déjà invité les jeunes à se joindre à lui dans ce pèlerinage et à préparer cet événement ecclésial, surtout dans la prière. Il prie pour tous les jeunes qui se sont déjà mis en route pour Lisbonne ces jours-ci, avec la conviction et la certitude que ces rencontres, ces rassemblements ont une grande force en eux-mêmes, voire la force de changer, la vie de quelqu’un. Il a lui-même récemment déclaré: «on grandit beaucoup dans des journées comme celles-ci». C’est donc avec beaucoup d’espoir que le Saint-Père se prépare aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse encourageant les jeunes à avoir la même attitude face à tous les moments qu’il vivra avec eux. Il y a quelques semaines, il a reçu le sac à dos que les jeunes pèlerins recevront plus tard à Lisbonne.

Les Journées Mondiales de la Jeunesse sont nées d’une intuition de saint Jean-Paul II. Quelle est le sens de cette rencontre mondiale en 2023?

 dirais que le choix de Jean-Paul II était sans aucun doute un choix prophétique, une intuition prophétique, qui disait précisément que l’Église veut accompagner les jeunes, elle veut les accompagner pour leur annoncer l’Évangile, pour faciliter leur rencontre avec le Christ; que l’Église doit se sentir de plus en plus engagée, au niveau mondial, en faveur des jeunes, en faveur de leurs inquiétudes et préoccupations, de leurs espérances, pour correspondre à leurs attentes, toujours dans cette perspective de la rencontre avec le Christ qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Ainsi, cette intuition prophétique me semble se manifester dans toute son actualité même à notre époque.

Cette intuition prophétique garde toute sa pertinence aujourd’hui encore parce qu’elle veut réaffirmer l’engagement de l’Église auprès des jeunes générations. Dans notre monde, qui connaît de profondes mutations, qui a fait l’expérience tragique de la pandémie de Covid et qui connaît de multiples conflits, aujourd’hui, sur toute la planète, il est plus que jamais nécessaire que les jeunes rencontrent Jésus Christ, connaissent sa Parole de salut et deviennent ses disciples. Ainsi, les Journées Mondiales de la Jeunesse se révèlent toujours être un instrument et une occasion d’évangélisation importante pour le monde de la jeunesse. Elles présentent également un aspect de fraternité universelle, dans la mesure où ces jeunes, originaires de différents pays et donc de différentes cultures, langues et modes de vie, peuvent se rencontrer et échanger leurs expériences et leurs dons.

Nous devons donc être reconnaissants que cette expérience se poursuive depuis 40 ans et qu’elle ait aujourd’hui une grande chance d’avoir un impact sur la vie des jeunes.

Que peut apprendre l’Église aux jeunes d’aujourd’hui?

Je crois que l’Église est confrontée au grand défi de la transmission de la foi au monde entier. Et je crois que dans cette tâche qui incombe à l’Église, les jeunes ont quelque chose à nous dire.

Dans le monde d’aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ne connaissent pas Jésus-Christ ou qui l’ont peut-être rejeté, de sorte que le nombre de ceux qui ont perdu la foi et qui se comportent comme si Dieu n’existait pas augmente. Le Pape a souvent parlé de cette rupture dans la transmission de la foi entre les générations du peuple de Dieu, expliquant qu’il est un peu normal qu’ils se sentent presque déçus par l’Église et cessent de s’identifier à la tradition catholique. Il y a un nombre croissant de parents qui ne baptisent pas leurs enfants, qui ne leur apprennent pas à prier, ou qui vont vers d’autres communautés de foi (EG 70).

Le cardinal Parolin, lors de son entretien aux médias du Vatican.

Le cardinal Parolin, lors de son entretien aux médias du Vatican.

Ainsi, cette situation, dont il faut en tenir compte et prendre en considération, touche de près l’existence des jeunes, qui portent en eux beaucoup de questions, beaucoup de doutes et beaucoup d’interrogations auxquelles ils ne savent pas répondre. Par conséquent, ce que les jeunes demandent à l’Église, c’est qu’elle renouvelle son élan apostolique et qu’elle s’engage sans crainte sur le chemin de la conversion pastorale et missionnaire, tant souhaitée par le Saint-Père. Il faut être créatif, il faut trouver le courage et le langage adéquat pour présenter Jésus-Christ aux jeunes d’aujourd’hui, dans toute sa fraîcheur, dans toute son actualité, de telle sorte que même les jeunes d’aujourd’hui, qui ont une sensibilité, le style, des manières de faire différentes de celles de leurs camarades dans le passé, puissent le rencontrer et vivre une profonde expérience de foi, et de cette profonde expérience de foi naîtra ensuite le désir de la partager avec tous leurs camarades. Une invitation donc à ne pas rester tranquilles dans nos murs, mais à devenir vraiment missionnaires auprès des jeunes et à les impliquer davantage dans ce chemin de foi.

Le monde traverse tant de crises: guerres, pauvreté, indifférence, abandon, égoïsme, laïcité… Les jeunes peuvent-ils surmonter ces défis?

Oui, et je crois que l’indication nous est donnée dans le message du Saint-Père a adressé aux jeunes pour les JMJ, où il présente la Vierge Marie qui, après l’Annonciation, se lève en hâte et se rend (Lc 1, 39) chez sa cousine Élisabeth, pour l’aider dans ses besoins. Ici, donc, la Vierge nous montre, elle montre surtout aux jeunes, le chemin de la proximité et de la rencontre. Et je crois que les jeunes, précisément lorsqu’ils parcourent ces chemins, ces chemins de proximité et de rencontre, ont en eux la capacité d’affronter et d’aider à résoudre et à surmonter les nombreux défis de notre société.

J’ai à l’esprit les témoignages de tant de jeunes qui, comme la Vierge, n’ont pas eu peur d’abandonner leur confort pour se rendre proches de ceux qui sont dans le besoin, de ceux qui sont dans le besoin, ils ne se referment pas sur eux-mêmes mais choisissent d’utiliser leurs talents, leurs dons, leurs capacités, ce qu’ils ont reçu pour les autres et cherchent à travers des choix, qui peuvent aussi sembler même des choix limités, plutôt petits, à faire grandir le bien dans le monde. Voilà, je crois, la contribution que les jeunes peuvent apporter aux grands défis de notre temps.

Les JMJ 2023 à Lisbonne au Portugal.

Les JMJ 2023 à Lisbonne au Portugal. 

L’étape de Fatima a été ajoutée aux JMJ. Quel est le sens de cette visite au sanctuaire de la Vierge?

Il s’agit d’une visite importante au cours de laquelle le Saint-Père rencontrera les jeunes malades et priera le Saint Rosaire avec eux. C’est un moment intense. Je crois que le Pape veut réitérer le message de la Vierge aux trois enfants bergers lors de son apparition en 1917. Il s’agissait de paroles de consolation, de paroles d’espérance dans un monde en guerre, qui n’est pas très différent de la réalité que nous vivons aujourd’hui. Et la Vierge Marie invitait les petits bergers et, à travers eux, les hommes à prier et à réciter, en particulier, le Saint Rosaire avec une grande confiance pour obtenir la paix dans le monde.

Le Pape François, qui porte toujours dans son cœur le drame des personnes impliquées dans les conflits, nous demande donc, avec cette visite au sanctuaire de Fatima pendant les JMJ, de ne pas perdre courage et de persévérer dans la prière et dans la prière spécifique du Saint Rosaire.

Les JMJ peuvent et doivent être un moment d’écoute. Selon vous, que peut-il ressortir de cette rencontre?

C’est la grâce de Dieu qui agit dans le cœur des hommes et dans le cœur des jeunes, mais je voudrais souligner qu’il y a trois moments de rencontre qui me semblent très importants. Le premier est l’écoute du Seigneur, de son appel. Un moment particulièrement significatif en ce sens est la Veillée, la célébration du samedi soir, au cours de laquelle nous vivons également un temps d’adoration eucharistique. Rencontrer le Seigneur présent dans l’Eucharistie, et se laisser rencontrer par Lui présent dans l’Eucharistie, signifie être prêt à écouter aussi sa Parole: une rencontre  qui peut vraiment changer la vie de beaucoup de jeunes.

Le deuxième moment d’écoute est l’écoute du Pape. Nous savons combien le Pape a la capacité d’entrer en contact et d’être à l’écoute des jeunes, combien il est capable de leur parler, de leur dire des mots qui peuvent les secouer, les encourager, les stimuler à donner le meilleur d’eux-mêmes. Même la rencontre avec le Successeur de Pierre, en tant que témoin et maître de la foi, peut devenir un tournant dans la vie des jeunes.

Et le troisième moment est celui de la rencontre et de l’écoute des jeunes entre eux: chaque Journée Mondiale de la Jeunesse est aussi l’occasion de rencontrer, comme je l’ai dit, des jeunes venus d’autres pays, de découvrir comment leurs pairs vivent leurs différences et comment ils peuvent s’enrichir mutuellement.

Que dire aux nombreux jeunes qui ne seront pas à Lisbonne, bien qu’ils le souhaitent?

Oui, nous savons que pendant que les JMJ qui se dérouleront à Lisbonne, il y aura aussi des événements sur place et il sera possible de suivre les JMJ à travers les médias. Ceux qui ne peuvent pas – pour diverses raisons – se rendre à Lisbonne doivent, je les invite à s’unir spirituellement au Pape et à leurs pairs qui sont au Portugal et à vivre, même si c’est à distance, fortement cette expérience en priant avec eux et pour eux, pour ceux qui sont à Lisbonne. Ainsi, eux aussi doivent se sentir partie prenante de ces JMJ!

Je voudrais conclure en disant que, comme l’a dit le Saint-Père, les Journées Mondiales de la Jeunesse ne sont pas des «feux d’artifice», c’est-à-dire des moments d’enthousiasme, peut-être de grand enthousiasme, mais qui cependant restent fermés sur eux-mêmes: ils doivent être intégrés dans la pastorale ordinaire de la jeunesse. C’est pourquoi, avant chaque JMJ, il doit y avoir un travail pastoral de la part des diocèses et des paroisses qui sont appelés à préparer les rassemblements mondiaux, travail qui doit ensuite être suivi. Je crois qu’à ce moment-là, tous les jeunes, même ceux qui ne peuvent pas être physiquement présents à Lisbonne, doivent se sentir impliqués et pleinement protagonistes.

Source : VATICANNEWS, le 1er août 2023

Polémique autour des propos du pape concernant une mission auprès de l’Ukraine et la Russie

Card. Pietro Parolin, discours à l'ONU © Vatican Media

Card. Pietro Parolin, Discours À L’ONU © Vatican Media 

Polémique autour des propos du pape concernant une mission auprès de l’Ukraine et la Russie

Le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Vatican, réagit

Après la « confusion diplomatique » qui a suivi une déclaration du pape sur le vol de retour de Budapest, le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, a répondu à la polémique. Il l’a fait dans le cadre de la présentation d’un livre à Rome.

Répondant aux questions des journalistes, le cardinal Parolin a reconnu que « le pape a dit qu’il y aura une mission qui sera annoncée lorsqu’elle sera publique et je répète les mêmes expressions qu’il a utilisées. Je n’entrerai pas dans les détails. Le pape a parlé en ces termes, laissons-lui le soin de donner plus d’informations. »

Cependant, le secrétaire d’État s’est dit surpris par les réactions de la Russie et de l’Ukraine, car selon lui, les deux parties « pour autant que je sache, sont au courant. Ensuite, vous savez comment ces choses se passent, au milieu du labyrinthe de la bureaucratie, les communications peuvent ne pas arriver là où elles sont censées parvenir. Cependant, mes propos ne sont que des interprétations ; je sais que les deux parties ont été informées ».

Le cardinal Parolin a également déclaré que la présence du numéro deux de l’Église orthodoxe russe à l’audience générale du pape François le mercredi 3 mai sur la place Saint-Pierre n’a rien à voir avec la mission évoquée par le pape lors de la conférence de presse.

Source : ZENIT.ORG, le 5 mai 2023

Accord entre le Saint-Siège et la Chine: entretien avec le cardinal Parolin

Prière dans l'église catholique Xuamwumen de PékinPrière dans l’église catholique Xuamwumen de Pékin

Accord entre le Saint-Siège et la Chine: entretien avec le cardinal Parolin

Entretien avec le cardinal Secrétaire d’État du Saint-Siège sur le renouvellement pour deux ans de l’accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, «un accord sur les biens essentiels à la vie quotidienne de l’Église en Chine».

Entretien réalisé par Andrea Tornielli

«Le cœur de l’accord bien sûr a trait à la consolidation d’un bon dialogue institutionnel et culturel, mais il concerne surtout des biens essentiels à la vie quotidienne de l’Église en Chine». C’est par ces mots que le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, interrogé par L’Osservatore Romano et Radio Vatican-Vatican News, explique les raisons qui ont conduit le Saint-Siège à signer et à renouveler pour la deuxième fois l’accord provisoire avec la République populaire de Chine.

Éminence, que pouvez-vous nous dire du chemin qui a conduit le Saint-Siège à choisir de renouveler l’accord provisoire ?

Pour répondre, il est nécessaire de rappeler un fait: le 22 septembre 2018, le Saint-Siège et le gouvernement de la République populaire de Chine ont signé un accord provisoire sur la nomination des évêques. Cet accord est «provisoire» car nous sommes encore en période d’expérimentation. Comme c’est toujours le cas, les situations difficiles et délicates nécessitent un temps de mise en œuvre suffisant pour pouvoir vérifier l’efficacité du résultat et identifier les améliorations éventuelles. En outre, comme nous le savons, la pandémie de Covid-19 a créé des obstacles compréhensibles aux réunions entre les délégations, qui suivent de près et évaluent la mise en œuvre de l’accord. Pour ces raisons, la validité de l’accord a été prolongée une première fois en 2020 et est à nouveau prolongée de deux ans. Le Pape François, avec détermination et une patiente clairvoyance, a décidé de poursuivre sur cette voie, non pas dans l’illusion de trouver la perfection dans les règles humaines, mais dans l’espoir concret de pouvoir assurer aux communautés catholiques chinoises, même dans un contexte aussi complexe, la conduite de pasteurs dignes et aptes à la mission qui leur est confiée.

Pour nommer de nouveaux évêques en Chine, des procédures spéciales ont été convenues avec le gouvernement de Pékin. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet?

L’histoire nous enseigne que le Saint-Siège est souvent parvenu, dans la délicate et importante question de la nomination des évêques, à s’accorder sur de procédures qui tiennent compte des conditions particulières d’un pays, sans toutefois jamais manquer à ce qui est essentiel et fondamental pour l’Église, à savoir la nomination de pasteurs bons et dignes. La procédure prévue par l’accord a été soigneusement étudiée, en tenant compte des caractéristiques particulières de l’histoire et de la société chinoises et du développement consécutif de l’Église en Chine. A cet égard, je ne peux manquer de rappeler les nombreuses situations laborieuses et, parfois, de lacération dans lesquelles se sont trouvées les communautés catholiques au cours des dernières décennies. Il a donc semblé prudent et sage de tenir compte à la fois des besoins exprimés par les autorités du pays et des besoins des communautés catholiques.

Si l’on considère ces quatre premières années depuis l’entrée en vigueur de l’accord provisoire, quels fruits ont été récoltés?

Dans l’immédiat, je pense qu’il y a trois fruits principaux, mais j’espère que d’autres viendront à l’avenir. Le premier est que, conformément à l’accord, depuis septembre 2018, tous les évêques de l’Église catholique en Chine sont en pleine communion avec le Successeur de Pierre et qu’il n’y a plus d’ordinations épiscopales illégitimes. Pour les simples fidèles, cela est perceptible chaque jour dans la Sainte Messe célébrée par n’importe quel prêtre chinois: en effet, le Pape est explicitement mentionné dans la prière eucharistique, ce qui était impensable il y a quelques années. Le second fruit est constitué par les six premières ordinations épiscopales qui ont eu lieu dans l’esprit de l’accord et conformément à la procédure établie qui laisse au Pape le dernier mot décisif. Le troisième fruit est qu’au cours de cette période, les six premiers évêques «clandestins» ont également été enregistrés. Ils ont donc vu leur position officialisée, et son reconnus comme évêques par les institutions publiques.

Ces réalisations peuvent sembler modestes mais, pour ceux qui regardent l’histoire avec les yeux de la foi, elles constituent des pas importants vers la guérison progressive des blessures infligées à la communion ecclésiale par les événements du passé. Il convient donc de souligner encore une fois, si besoin est, que le cœur de l’accord a trait bien sûr à la consolidation d’un bon dialogue institutionnel et culturel, mais qu’il concerne surtout des biens essentiels à la vie quotidienne de l’Église en Chine. Je pense, par exemple, à la validité des sacrements célébrés et à la certitude pour des millions de fidèles chinois de pouvoir vivre leur foi en pleine communion catholique, sans être soupçonnés de ne pas être des citoyens loyaux envers leur propre pays.

Au cours de ces quatre années, il y a eu 6 nouvelles ordinations épiscopales suite à l’accord provisoire. Cela ne vous semble-t-il pas peu?

Ce sont les premières, tandis que d’autres procédures sont en cours. En même temps, nous sommes conscients qu’il y a encore beaucoup de diocèses vacants et que d’autres ont des évêques très âgés. Il y a aussi des diocèses dans lesquels le chemin de la réconciliation, tant souhaité par le Pape François, marque le pas. Enfin, il existe des diocèses dans lesquels, malgré les efforts et la bonne volonté, il n’est pas possible d’avoir un dialogue fructueux avec les autorités locales. Nous espérons sincèrement qu’au cours des deux prochaines années, nous pourrons continuer à identifier de bons candidats à l’épiscopat pour l’Église en Chine selon la procédure établie. Évidemment, nous ne pouvons pas faire fi des nombreuses difficultés qui touchent la vie concrète des communautés catholiques, auxquelles nous accordons la plus grande attention. Pour qu’une bonne solution soit trouvée, de nouvelles avancées sont nécessaires dans un esprit de collaboration entre de nombreux acteurs: le Saint-Siège, les autorités centrales, les évêques avec leurs communautés et les autorités locales.


À la lumière d’une grande confiance dans la Providence de Dieu et réconfortés également par les témoignages douloureux et lumineux de tant de chrétiens chinois, les Souverains Pontifes de notre époque (Saint Jean-Paul II, Benoît XVI, le Pape François), ont décidé d’entreprendre et de poursuivre, au-delà de toute opposition, la voie du dialogue constructif avec la Chine, dans laquelle l’accord provisoire pour la nomination des évêques occupe une part limitée mais significative. Le but ultime de ce parcours est que le «petit troupeau» des catholiques chinois progresse dans la possibilité de vivre une vie chrétienne sereine et libre, faite de l’annonce de l’Évangile, d’une solide formation, de la célébration joyeuse de l’Eucharistie, ainsi que d’un témoignage assidu de charité, afin d’être proche de ceux qui ont le plus de difficultés à faire face à la vie, comme ce fut le cas pendant la difficile période de pandémie.

Source : VATICANNEWS, le 22 octobre 2022

Un voyage du Pape à Kiev n’est pas exclus, elon le cardinal Parolin 

Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège.Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège. 

Un voyage du Pape à Kiev n’est pas exclu, selon le cardinal Parolin 

Le secrétaire d’État du Saint-Siège, en marge d’un événement au siège de Radio Vatican, a commenté les récentes nouvelles en provenance d’Ukraine et confirmé la possibilité d’un voyage du Pape à Kiev, mais une prudente évaluation reste en cours. Il a également évoqué la préparation d’une rencontre avec le patriarche Kirill. 

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

«Tout doit être fait pour éviter une escalade» de la violence en Ukraine, a répété le cardinal Pietro Parolin à des journalistes, en marge de la présentation d’un projet multimédia sur l’autisme ce jeudi 7 avril dans les locaux de Radio Vatican.

L’espoir d’une solution négociée

Le cardinal italien, interrogé sur les récentes affirmations d’une « OTAN globale » par son secrétaire général, Jens Stoltenberg, a réitéré «le principe de la légitime défense», mais en évitant un engrenage destructeur. «La réponse armée, toujours proportionnelle à l’agression, comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, peut conduire à un élargissement du conflit qui peut avoir des conséquences désastreuses et mortelles», a-t-il rappelé. Il s’agit d’espérer que «nous reviendrons tous à la raison et trouverons un moyen négocié de mettre fin à cette aventure sans retour», a déclaré le secrétaire d’État du Saint-Siège à propos de la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Boutcha, un tournant

Le cardinal Parolin a également commenté les atrocités commises contre des civils à Boutcha, ville située à environ 60 kilomètres de Kiev, qualifiées de «massacre» par le Pape François lors de la dernière audience générale. «Il est inexplicable que la population civile soit attaquée de cette manière. Je crois vraiment, comme beaucoup l’ont souligné, que ces épisodes marquent un tournant dans cette guerre. Et j’espère qu’ils marqueront un tournant dans un sens positif, c’est-à-dire qu’ils feront réfléchir tout le monde sur la nécessité de mettre fin aux combats le plus rapidement possible et non de durcir les positions comme certains le craignent».

Un voyage du Pape à Kiev possible mais délicat

Le prélat s’est ensuite exprimé sur l’«opportunité» d’une visite du Souverain Pontife dans la capitale ukrainienne. «Il doit y avoir les conditions. Qui semblent exister, parce que du côté ukrainien, on nous a toujours donné de larges assurances qu’il n’y aurait aucun danger et on fait référence aux voyages effectués par d’autres dirigeants et qui sont toujours en cours. Il me semble que le président du Parlement européen y est allé, et que le président de la Commission ira», a-t-il expliqué.

«Je pense qu’au final un voyage à Kiev n’est pas prohibitif, cela peut se faire», estime le secrétaire d’État du Saint-Siège. Cependant, les «conséquences» d’un tel déplacement sont en cours d’évaluation. Il s’agit notamment des relations avec l’Église orthodoxe russe, une situation que le cardinal juge «délicate». «Bien sûr, a-t-il précisé, le Pape n’irait pas prendre position en faveur de l’un ou l’autre, comme il l’a toujours fait dans cette situation qui s’est créée. Toutefois, cet aspect devra aussi être pris en compte dans l’examen global de la possibilité d’effectuer ou non le voyage».

Vers une rencontre avec Kirill?

Toujours dans le cadre des relations avec le Patriarcat de Moscou, le cardinal Parolin a confirmé qu’une «certaine programmation avait déjà commencé» pour qu’ait lieu une rencontre entre le Saint-Père et le patriarche Kirill, après celle du 12 février 2016 à Cuba. «D’après ce que j’ai compris, on continue dans cette préparation», a-t-il affirmé, expliquant que la recherche pour le moment consiste pour le moment à trouver un «terrain neutre». «C’est la condition. Mais rien n’est décidé. Un travail est effectué, de notre part, notamment par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui est le Dicastère compétent», a ajouté le cardinal Parolin.

François s’est déjà entretenu avec le patriarche Kirill au sujet de la guerre en cours, lors d’un entretien en visioconférence le 16 mars dernier. 

Bientôt une visite de Mgr Gallagher à Kiev

En ce qui concerne le travail de la diplomatie vaticane, le secrétaire d’État du Saint-Siège a précisé qu’il n’y a actuellement aucune «initiative particulière», mais «la disponibilité offerte il y a quelque temps pour une médiation ou toute autre forme d’intervention qui pourrait, d’une part, faciliter un cessez-le-feu et, d’autre part, le début des négociations» est toujours valable. «Nous réfléchissons maintenant à d’autres moyens de traduire cette disponibilité en initiatives plus concrètes, y compris parce que cette offre doit être acceptée par les deux parties», a-t-il ajouté. Un voyage à Kiev de Mgr Paul Richard Gallagher, le secrétaire pour les relations avec les États, reste une possibilité concrète. Invité avant même le début de la guerre, en raison de laquelle il a dû annuler son voyage, Mgr Gallagher pourrait être en Ukraine «dans un avenir proche», a annoncé le cardinal Parolin, avant de préciser: «Je ne crois pas, cependant, qu’une date ait été fixée».

Source: VATICANNEWS, le 7 avril 2022

Le cardinal Parolin s’exprime sur voyage du Pape François à Malte

Le cardinal Pietro Parolin à l'occasion des 40 ans de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni, à Rome, le 29 mars 2022. Le cardinal Pietro Parolin à l’occasion des 40 ans de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Royaume-Uni, à Rome, le 29 mars 2022. (Vatican Media)

Le cardinal Parolin s’exprime sur voyage du Pape François à Malte

Dans un entretien accordé à Vatican News, à la veille du 36e voyage apostolique du Pape François à Malte, le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin est revenu sur les objectifs de ce déplacements du Saint-Père. Une visite axée sur les personnes dans le besoin, le phénomène de migration et sur l’espoir que cesse la guerre en Ukraine, a-t-il exprimé.

Massimiliano Menichetti – Cité du Vatican

Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. À l’occasion de la visite du Pape à Malte, le Secrétaire d’État du Saint-Siège, Pietro Parolin, a rappelé les quatre verbes que François a utilisé pour embrasser ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la violence ou qui cherchent un avenir meilleur, invitant toute l’Europe à partager et à prendre ses responsabilités. La proclamation de l’Évangile est au cœur de la visite pour donner «des raisons de vivre et l’espoir dont nous avons tant besoin dans le monde d’aujourd’hui».

Ce voyage, reporté en 2020 en raison de l’épidémie de Covid-19, se déroule pendant la guerre en Ukraine. Le cardinal Parolin, qui sera comme d’habitude aux côtés du Pape, a réitéré la tristesse de François face au conflit en cours, et son espoir de voir les armes se taire.

Votre Éminence, dans quel esprit le Pape se prépare-t-il à partir ?

«Il s’agit certainement d’un voyage très attendu, parce qu’il a déjà été reporté une fois à cause du Covid. Et il a en même temps lieu dans ce contexte de guerre qui préoccupe énormément le Saint Père. J’imagine qu’il fera ce voyage avec la forte tristesse qu’il a déjà manifestée à de nombreuses reprises ces derniers mois et ces dernières semaines pour ce qui se passe en Ukraine. Et il réitérera, j’imagine, son appel à l’arrêt des combats, au silence des armes et à la poursuite du dialogue car les négociations sont déjà en cours même si elles ne semblent pas avoir abouti à un résultat concret. Ce voyage [se tiendra] donc dans d’un esprit de douleur et de participation à la souffrance de cette population et d’une invitation à mettre fin à la guerre.»

Malte se trouve au milieu du «désert bleu» comme le Pape a appelé la Méditerranée. Un lieu qui rappelle le drame de la migration. L’Europe fait beaucoup pour les réfugiés ukrainiens, que peut-elle faire de plus pour ceux qui traversent la Mare Nostrum en quête d’espoir ?

«Nous remercions le Seigneur car nous assistons à un véritable concours de solidarité avec les réfugiés d’Ukraine. Ce que les différents pays européens font pour eux est vraiment admirable. J’espère que cette expérience tragique pourra réellement aider à sensibiliser les autres migrants aussi, ceux qui viennent du sud. Et il me semble qu’à cet égard, il n’y a pas d’alternative à la coopération et au partage de la responsabilité des « fardeaux », appelons-les ainsi, entre tous les pays européens, surtout entre ceux d’arrivée, de première arrivée et ensuite ceux de transit et de destination.

Ainsi, tout d’abord, la priorité – le Pape l’a souvent répété – est de sauver des vies, de sauver des vies en mer et cela peut être fait en augmentant les routes disponibles pour la migration régulière. Et puis, plus en amont, œuvrer pour que personne ne soit contraint de quitter sa patrie en raison d’un conflit, de l’insécurité ou du sous-développement. Par conséquent, il convient d’investir dans les pays d’origine, notamment en termes de développement économique, de stabilité politique, de bonne gouvernance et de respect des droits de l’Homme. Dans un même temps, [nous devons] combiner ces quatre verbes que le Pape nous a indiqués : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, et le faire vraiment ensemble. Aucun État ne peut assumer seul cette responsabilité. Nous avons besoin d’un engagement commun qui doit être également partagé avec la société civile, y compris les groupes religieux et l’Église catholique en particulier.»

Après la Grèce et Chypre, le Pape arrivera sur l’île du naufrage de saint Paul. Une autre étape sur les traces du grand «Apôtre des Gentils». Nous sommes entrés dans la dixième année de ce pontificat : quel bilan peut-on dresser, en regardant notamment l’Église sortante que veut François ?

«Il me semble significatif qu’en cette dixième année de son pontificat se tienne ce voyage à Malte, car Malte est liée à la figure de saint Paul, qui est l’évangélisateur par excellence. Et s’il y a une note qui a caractérisé avec insistance le pontificat de François, c’est précisément celle de l’appel, de l’invitation de l’Église à devenir toujours plus missionnaire, à porter l’annonce de l’Évangile à tous, dans toutes les situations.

Cette action missionnaire présente donc deux caractéristiques qui, à mon avis, sont typiques du Pape François, à savoir aller vers les gens concrets et les rencontrer sur place dans les situations qu’ils vivent, qu’elles soient positives, négatives ou critiques. Bien sûr, son invitation est précisément celle d’une conversion missionnaire, et se convertir demande du temps et de la bonne volonté. Mais je crois que cet appel a eu un effet profond sur la vie de l’Église. Il y a ainsi une volonté de la plupart [de ces personnes] de s’engager dans cette direction pour annoncer l’Évangile aux gens d’aujourd’hui, et donner, surtout à travers l’annonce de l’Évangile, des raisons de vivre et d’espérer dont nous avons tant besoin dans le monde.»

Le Pape François sera le troisième pontife à se rendre à Malte, pays où l’Église est aussi confrontée aux défis classiques des sociétés occidentales. Comment les vivre en conjuguant identité et dialogue ?

«L’Église de Malte est confrontée aux problèmes auxquels l’Église de tous les pays occidentaux doit faire face. Il y a une grande tradition religieuse de proximité avec les gens et leurs besoins. Il suffit de penser aux nombreuses œuvres qui existent à Malte en termes de charité, d’attention aux plus démunis, d’attention aux malades, aux handicapés et puis toute l’éducation, le problème même de l’émigration que nous avons mentionné plus tôt et l’attention de l’Église. D’autre part, on constate un certain déclin de la pratique religieuse et un certain effritement des valeurs chrétiennes sur lesquelles la société a été fondée.

Je crois que la réponse est celle que nous avons évoquée précédemment, qui peut être – et le Pape François le propose naturellement – formulée dans le binôme disciple-missionnaire. (…) Le disciple indique l’identité, une identité chrétienne forte qui vient d’une relation personnelle avec Jésus-Christ. Le chrétien s’identifie et cette identité et au fait d »être disciple de Jésus-Christ. Et en même temps, cette ouverture doit se traduire surtout par un dialogue avec le monde d’aujourd’hui. Un dialogue à la fois accueillant et critique, même pour les aspects les moins positifs de notre réalité et de notre société.»

Quatre-vingt-cinq pour cent de la population de Malte est catholique. Le Pape va les confirmer dans la foi, quel est l’espoir ?

«Je souhaite que Malte se laisse confirmer dans la foi et que cette foi se traduise par un témoignage, par une forte conscience de la nécessité pour les chrétiens maltais de témoigner de leur foi au sens de la proclamation. Nous pourrions rappeler ce que saint Paul a dit : « Opportune et importune ». A tout moment, dans toute situation, qu’on le veuille ou non, j’annonce Jésus-Christ, j’annonce son Évangile. Donc un témoignage qui va dans ce sens et un témoignage qui va dans le sens d’incarner sa propre foi dans la charité, et dans l’accueil des autres.»

Source: VATICANNEWS, le 31 mars 2022

Cardinal Parolin: le bombardement d’un hôpital pédiatrique en Ukraine est inacceptable

Le cardinal Parolin en novembre 2021 Le cardinal Parolin en novembre 2021 (AFP or licensors)

Cardinal Parolin: le bombardement d’un hôpital pédiatrique en Ukraine est inacceptable

Le secrétaire d’État du Saint-Siège, répondant aux questions des journalistes en marge d’une conférence à Rome mercredi 9 mars, a exprimé son désarroi face au bombardement d’un hôpital pour enfants à Marioupol, en Ukraine. Le cardinal Parolin a réaffirmé que le Saint-Siège était disposé à jouer un rôle de médiateur dans le conflit s’il y était invité. 

Vatican News

«Le bombardement d’un hôpital pédiatrique est inacceptable. Il n’y a pas de motivations». C’est ce qu’a déclaré le cardinal Pietro Parolin en marge d’une conférence à Rome mercredi 9 mars, exprimant aussi son inquiétude face à une guerre totale. La déclaration du secrétaire d’État du Saint-Siège est intervenue après un raid aérien russe qui, selon le chef de l’administration militaire régionale de Donetsk, a détruit un hôpital de Marioupol doté de services de maternité et de pédiatrie, faisant au moins 17 blessés.

Le cardinal Parolin a par ailleurs reconnu que l’espace pour les négociations reste limité, mais il a espère qu’une position négociée pourra être atteinte. Faisant référence à l’appel téléphonique qu’il avait eu la veille avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, le Secrétaire d’État du Saint-Siège a déclaré que la conversation n’avait fourni aucune garantie, en particulier sur les corridors humanitaires.

Le Saint-Siège disponible pour une médiation

Le prélat italien a toutefois réaffirmé que le Saint-Siège avait montré sa volonté de prendre des mesures sur le front diplomatique afin de trouver des solutions pour mettre fin à la guerre. Le Saint-Siège a notamment demandé l’arrêt du conflit et la poursuite des négociations, en se rendant disponible pour une médiation, si celle-ci est jugée utile.

Comme l’a expliqué le cardinal Parolin, la présence en Ukraine de deux cardinaux, l’aumônier apostolique Konrad Krajewski et le préfet par intérim du Dicastère pour le service du développement humain intégral, Michael Czerny, est un signe que le Pape veut apporter sa contribution non seulement sur un plan proprement diplomatique et spirituel, mais aussi sur celui de l’aide humanitaire. Enfin, se référant aux propos du patriarche orthodoxe russe Kirill, le cardinal Parolin a déclaré que ces déclarations n’encouragent pas et ne favorisent pas l’entente. Au contraire, elles risquent d’enflammer encore plus les esprits et de conduire à une escalade qui ne permettra pas de résoudre la crise de manière pacifique.

Source: VATICANNEWS, le 10 mars 2022

Cardinal Parolin: le Pape sera un pèlerin de l’unité et de la fraternité

Le cardinal Parolin, interrogé par Vatican News.Le cardinal Parolin, interrogé par Vatican News. 

Cardinal Parolin: le Pape sera un pèlerin de l’unité et de la fraternité

François apportera à Chypre et à la Grèce la joie de l’Évangile et la lumière de l’espérance, exhortant l’Europe et toute l’humanité à l’unité et à ne pas abandonner ceux qui sont dans le besoin. Tels sont les propos du cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin à la veille du 35e voyage international du Pape.

Massimiliano Menichetti

Derniers préparatifs sur l’île de Chypre, qui accueillera demain le Pape François pour la première fois, et après deux jours, il se rendra en Grèce. Le voyage, qui s’achèvera le 6 décembre, verra le Saint Père «un pèlerin aux origines de l’Eglise». Le Pape apportera la lumière et l’espérance du Christ, et l’exhortation – souligne le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat du Saint-Siège – «à transformer la Méditerranée d’un espace qui divise en une opportunité de rencontre»

Éminence, dans quel esprit le Pape se prépare-t-il à partir ?

Il nous l’a révélé lui-même dans les mots qu’il a adressés aux deux pays qu’il visitera dans les prochains jours. Et c’est l’esprit de rencontre qui caractérise tous les voyages du Pape, je dirais même toutes ses activités, à commencer par les audiences et les autres initiatives ici à Rome, c’est-à-dire ce désir de rencontrer les autres. Il a terminé son message vidéo en disant : «J’ai hâte de vous rendre visite, j’ai hâte de vous rencontrer» Il souligne très bien cet esprit de rencontre et de pèlerinage. Il se sent comme un pèlerin, un pèlerin des origines de l’Église. On se souvient que ces pays ont été marqués par des itinéraires apostoliques de grande importance, ceux qui font référence aux apôtres Barnabé et Paul. Il s’agit d’un retour aux origines, d’une «redécouverte», dit-il, de «la joie de l’Évangile», un thème qui a traversé tout le pontificat, dès le premier document. Le Pape, comme toujours, confie son pèlerinage à la prière et demande à tous de prie

La première étape sera à Chypre. Depuis 1974, l’île a vu la division des deux communautés, chypriote grecque et chypriote turque. Lors de l’Angélus du 30 août, le Pape a exprimé les encouragements du Saint-Siège aux négociations de réunification. Que signifiera la présence de François dans cette situation ?

Oui, c’est une situation très, très délicate et inquiétante… En avril de cette année, des négociations ont eu lieu en Suisse avec le président de la République de Chypre, les autorités de la partie nord de Chypre, sous les auspices de l’ONU et avec la présence des pays garants, qui sont la Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne. Malheureusement, même ce cycle de négociations n’a pas donné de résultats satisfaisants et concrets, il s’est pratiquement terminé par une impasse. Je crois que le Pape va réitérer la position, l’espoir, l’exhortation du Saint-Siège, à savoir que le problème chypriote peut être résolu par un dialogue sincère et loyal entre les parties concernées, en tenant toujours compte du bien de toute l’île. Il s’agit donc d’une confirmation de la ligne du Saint-Siège, en la réitérant sur place, avec l’espoir que cela aura un effet différent que de la proclamer de loin. 

Le Pape se rendra ensuite en Grèce, patrie de la culture classique, comme il l’a rappelé dans son message vidéo pour cette visite, soulignant que l’Europe ne peut ignorer la Méditerranée, cette mer qui a vu la diffusion de l’Évangile et le développement de grandes civilisations…

La Méditerranée éloigne, la Méditerranée rapproche, mais ce qui doit être l’effort de tous les pays, de tous les peuples qui vivent autour de ce bassin, c’est de le transformer d’un espace qui divise en une opportunité de rencontre. Malheureusement, nous assistons aujourd’hui au phénomène inverse : tant de tensions au niveau géopolitique qui ont pour centre la Méditerranée et ensuite le phénomène de la migration. Le Pape dit quelque chose de très beau qui reprend un peu l’idée qu’il a développée au moment de la pandémie, à savoir quand il dit : «Nous sommes dans un seul bateau»… Et dit : «Nous devons naviguer ensemble ». À mon avis, cette invitation à naviguer ensemble signifie : regardez, nous sommes confrontés à tant de problèmes, nous avons des urgences, comme celles de la pandémie, dont nous ne sommes pas encore tout à fait sortis, comme celles du changement climatique – nous l’avons entendu à Glasgow ces derniers jours – ou nous avons des phénomènes chroniques, comme la guerre, la pauvreté, la faim… Donc, face à ces grands phénomènes, ces grands problèmes et difficultés, nous devons présenter un front uni, nous devons avoir une approche commune, partagée, multilatérale. C’est la seule façon de résoudre les problèmes du monde d’aujourd’hui.

Il s’agit donc d’un voyage qui parle à l’ensemble de l’humanité…

Je dirais que le Pape veut s’adresser avant tout à l’Europe, en l’invitant à redécouvrir ses racines et son unité au-delà des différentes visions qui peuvent coexister. Et, en même temps, il s’adresse à l’ensemble de l’humanité, parce que je pense que le phénomène de la migration remet en question et met en lumière notre humanité : comment nous abordons cette réalité, comment nous abordons les gens. Ces derniers jours, le Pape a beaucoup insisté sur ce point et je crois qu’il insistera encore sur ce point, également lié à sa visite à Lesbos, où il s’est rendu il y a cinq ans. Il s’agit donc d’un retour aux sources, un retour aux sources de notre humanité la plus profonde.

Éminence, quel est votre souhait pour ce voyage ?

Mon souhait est le même que celui exprimé par le Pape, à savoir que ce soit un retour à la source de l’Évangile, à la source de la fraternité. Je me réfère surtout à la rencontre avec nos frères orthodoxes, tant avec l’Église orthodoxe de Chypre qu’avec l’Église de Grèce, en la personne du Primat de Chypre et de l’Archevêque d’Athènes. Et puis évidemment à la source de la fraternité aussi avec les catholiques, le Pape le dit clairement. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont une communauté vivante, dont la composition est multiethnique, et en cela aussi nous voyons la richesse de l’Église catholique. C’est aussi un retour aux sources, comme je l’ai dit, de notre humanité. Je crois que ce sont les souhaits que nous pouvons formuler pour cette visite du Pape à Chypre et en Grèce.

Source: VATICANNEWS, le 1er décembre 2021