Que l’espérance et la paix demeurent au Soudan du Sud

Le Pape a invité à prier la Vierge, Reine de la PaixLe Pape a invité à prier la Vierge, Reine de la

Que l’espérance et la paix demeurent au Soudan du Sud

Avant de quitter le Soudan du Sud et à l’issue de la messe célébrée ce dimanche matin au mausolée «John Garang», le Pape François a tenu remercier les Sud-Soudanais pour leur accueil. Il les a assurés qu’il resterait avec ses frères Justin Welby et Iain Greenshields à leurs côtés sur le chemin de la paix. 

Xavier Sartre – Cité du Vatican

C’est l’heure des adieux. Le Pape, après avoir célébré la messe devant quelque cent mille fidèles, désire exprimer sa «reconnaissance pour l’accueil reçu et pour tout le travail accompli pour préparer cette visite». Il tient aussi à remercier les Sud-Soudanais pour leur «affection», pour leur «foi», leur «patience», «pour tout le bien que vous faites et pour les efforts que vous offrez à Dieu sans vous décourager, sachant aller de l’avant», pour être venu à sa rencontre, malgré les difficultés du voyage, qui a pu prendre parfois plusieurs jours.

François évoque alors la figure de sainte Joséphine Bakhita, «qui a transformé en espérance la souffrance endurée». Citant son prédécesseur Benoît XVI, le Pape veut laisser aux Sud-Soudanais, cette parole, «espérance», «comme un don à partager, comme une semence qui porte du fruit». «Comme nous le rappelle la figure de sainte Joséphine, l’espérance, ici en particulier, est sous le signe de la femme et je voudrais remercier et bénir de façon spéciale toutes les femmes du pays».

Poursuivre les efforts de paix

À cette espérance, le Saint-Père veut associer la paix. Remerciant l’archevêque de Canterbury Justin Welby, et Iain Greenshields, modérateur de l’Église d’Écosse, qui l’ont accompagné dans ce pèlerinage au Soudan du Sud, le Pape rappelle qu’ils sont venus ici et qu’ils continueront à accompagner les pas des Sud-Soudanais «en faisant tout notre possible pour que ce soit des pas de paix, des pas vers la paix».

François invite ensuite à prier une autre femme, la Vierge Marie, Reine de la Paix pour lui confier «la cause de la paix au Soudan du Sud et dans tout le continent africain. Confions également la paix dans le monde à la Vierge, en particulier les nombreux pays qui se trouvent en guerre comme l’Ukraine meurtrie».

Le remerciement des Sud-Soudanais

Avant les mots d’adieux du Pape, Mgr Stephen Ameyu Martin Mulla, archevêque de Juba, a pris la parole pour remercier François de sa «visite historique», «signe de solidarité»avec les Sud-Soudanais, et preuve du «désir de restaurer la tranquillité dans le pays». Il a rappelé l’appel du Pape aux dirigeants politiques «à travailler pour la paix et pour le bien commun du Soudan et du Soudan du Sud», et le geste accompli par le Saint-Père en 2019, au Vatican, quand il s’est agenouillé pour baiser les pieds de Salva Kiir et de Rik Machar. Malgré ce geste spectaculaire, Mgr Ameyu a regretté que le processus de paix n’ait pas progressé plus vite.

Car la guerre civile a ravagé le pays: pillage, viols, détérioration de l’économie, déplacements de personnes, sans compter «la destruction indiscriminée des vies humaines et la destruction de biens comme les maisons et le bétail», a rappelé l’archevêque de Juba.

Cette situation n’a pas empêché l’Église du Soudan et du Soudan du Sud de grandir depuis un siècle. Mgr Ameyu a évoqué les deux saints du pays: saint Daniele Comboni et sainte Joséphine Bakhita. Il a aussi parlé des martyrs de la première guerre civile, entre 1956 et 1972 et de ceux tués lors du dernier conflit. Sœur Veronika Teresa Rackova, une religieuse slovaque, assassinée en 2016, sœur Mary Abbud et sœur Regina Roba, tuées en 2021.

C’est parce que le pays souffre réellement de la guerre civile que les Sud-Soudanis recherchent la paix et la réconciliation a affirmé l’archevêque. «Cependant, la paix dont notre pays a si grand besoin, n’est pas une paix purement humaine basée sur les intérêts personnels, mais bien plus une paix de Jésus», «qui doit être guidée par la vérité et l’amour».

Source : VATICANNEWS, le 5 février 2023

05.02.2023 – MESSE ET ANGÉLUS AU SOUDAN SUD

Nous pouvons changer l’histoire, exhorte le Pape à Juba

Pour son dernier rendez-vous au Soudan du Sud dimanche 5 février, le Pape François a célébré la messe au mausolée John Garang en présence de 100 000 fidèles. Dans son homélie, il les a invités à être le sel de la terre et la lumière du monde, une exhortation à s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation dans un pays encore marqué par les divisions et des années de guerre civile. 

Xavier Sartre – Cité du Vatican

François a voulu venir au Soudan du Sud comme saint Paul s’est rendu dans la communauté de Corinthe pour proclamer Jésus, pour confirmer les Sud-Soudanais en Lui, «car l’annonce du Christ est une espérance»«Jésus vous connait et vous aime» affirme le Pape. «Si nous demeurons en Lui (…) toute croix se transformera en résurrection, toute tristesse en espérance, toute lamentation en danse».

Dans son homélie, le Saint-Père a fait sienne les paroles de Jésus: «Vous êtes le sel de la terre (…). Vous êtes la lumière du monde». Le sel, tout d’abord, est «symbole de la sagesse» explique-t-il. Ainsi, l’un des principaux enseignements que Jésus donne avec les Béatitudes qui «révolutionnent les critères du monde et de la manière ordinaire de penser», est que «pour être bienheureux, […] nous ne devons pas chercher à être forts, riches et puissants, mais humbles, doux et miséricordieux; ne faire de mal à personne, mais être des artisans de paix pour tous». Le Pape invite alors à ne pas seulement donner une bonne saveur à notre vie, «mais aussi à la société, au pays où nous vivons».

Conserver l’alliance avec Dieu

Le sel, à l’époque du Christ, est un moyen de conserver les aliments. Mais c’est aussi un moyen de préserver «un bien essentiel qui devait être conservé avant tout autre: l’alliance avec Dieu». Le sel permet de garder le lien avec Dieu, «parce qu’Il nous est fidèle, son alliance avec nous est incorruptible, inviolable et durable». Le disciple de Jésus, sel de la terre, «est témoin de l’alliance qu’Il a réalisée et que nous célébrons à chaque messe: une alliance nouvelle, éternelle, immuable», souligne François.

Il est nécessaire de témoigner de cette alliance «dans la joie, avec gratitude, en montrant que nous sommes des personnes capables de créer des liens d’amitié, de vivre la fraternité, de construire de bonnes relations humaines, pour empêcher que règnent la corruption du mal, la maladie des divisions, l’infamie des affaires illégales, la plaie de l’injustice».

Ne pas se décourager

Face à cette tâche, «la tentation de vous sentir incapables vous assaille»concède le Pape, mais alors, «essayez de regarder le sel et ses minuscules grains» encourage-t-il. Et d’exhorter: «Nous chrétiens, bien qu’étant fragiles et petits, même lorsque nos forces nous semblent peu de chose face à la grandeur des problèmes et à la furie aveugle de la violence, nous pouvons offrir une contribution décisive pour changer l’histoire».

François insiste: «nous ne pouvons pas reculer, parce que sans ce peu, sans notre peu, tout perd son goût». Et d’appeler les Sud-Soudanais: «déposons les armes de la haine et de la vengeance pour embrasser la prière et la charité; surmontons ces antipathies et aversions qui, au fil du temps, sont devenues chroniques et qui risquent d’opposer les tribus et les ethnies; apprenons à mettre sur les blessures le sel du pardon, qui brûle mais guérit. Et, même si le cœur saigne à cause des torts reçus, renonçons une fois pour toutes à répondre au mal par le mal, et nous serons bien intérieurement; accueillons-nous et aimons-nous avec sincérité et générosité, comme le fait Dieu avec nous».

Nous pouvons changer l’histoire, exhorte le Pape à Juba

Pour son dernier rendez-vous au Soudan du Sud dimanche 5 février, le Pape François a célébré la messe au mausolée John Garang en présence de 100 000 fidèles. Dans son homélie, il les a invités à être le sel de la terre et la lumière du monde, une exhortation à s’engager en faveur de la paix et de la réconciliation dans un pays encore marqué par les divisions et des années de guerre civile. 

Xavier Sartre – Cité du Vatican

François a voulu venir au Soudan du Sud comme saint Paul s’est rendu dans la communauté de Corinthe pour proclamer Jésus, pour confirmer les Sud-Soudanais en Lui, «car l’annonce du Christ est une espérance»«Jésus vous connait et vous aime» affirme le Pape. «Si nous demeurons en Lui (…) toute croix se transformera en résurrection, toute tristesse en espérance, toute lamentation en danse».

Dans son homélie, le Saint-Père a fait sienne les paroles de Jésus: «Vous êtes le sel de la terre (…). Vous êtes la lumière du monde». Le sel, tout d’abord, est «symbole de la sagesse» explique-t-il. Ainsi, l’un des principaux enseignements que Jésus donne avec les Béatitudes qui «révolutionnent les critères du monde et de la manière ordinaire de penser», est que «pour être bienheureux, […] nous ne devons pas chercher à être forts, riches et puissants, mais humbles, doux et miséricordieux; ne faire de mal à personne, mais être des artisans de paix pour tous». Le Pape invite alors à ne pas seulement donner une bonne saveur à notre vie, «mais aussi à la société, au pays où nous vivons».

Conserver l’alliance avec Dieu

Le sel, à l’époque du Christ, est un moyen de conserver les aliments. Mais c’est aussi un moyen de préserver «un bien essentiel qui devait être conservé avant tout autre: l’alliance avec Dieu». Le sel permet de garder le lien avec Dieu, «parce qu’Il nous est fidèle, son alliance avec nous est incorruptible, inviolable et durable». Le disciple de Jésus, sel de la terre, «est témoin de l’alliance qu’Il a réalisée et que nous célébrons à chaque messe: une alliance nouvelle, éternelle, immuable», souligne François.

Il est nécessaire de témoigner de cette alliance «dans la joie, avec gratitude, en montrant que nous sommes des personnes capables de créer des liens d’amitié, de vivre la fraternité, de construire de bonnes relations humaines, pour empêcher que règnent la corruption du mal, la maladie des divisions, l’infamie des affaires illégales, la plaie de l’injustice».

Ne pas se décourager

Face à cette tâche, «la tentation de vous sentir incapables vous assaille»concède le Pape, mais alors, «essayez de regarder le sel et ses minuscules grains» encourage-t-il. Et d’exhorter: «Nous chrétiens, bien qu’étant fragiles et petits, même lorsque nos forces nous semblent peu de chose face à la grandeur des problèmes et à la furie aveugle de la violence, nous pouvons offrir une contribution décisive pour changer l’histoire».

Un appel à s’engager et montrer l’exemple

Après cette exhortation à la paix et à l’engagement pour y parvenir, François poursuit son interpellation envers les Sud-Soudanais, «lumière du monde», ce qui veut dire qu’en «accueillant la lumière du Christ, la lumière qu’est le Christ, nous devenons lumineux, nous rayonnons de la lumière de Dieu». De la même manière qu’à l’époque de Jésus les lumières étaient allumées et posées en hauteur dans les maisons ou dans les villages situées sur le sommet des collines, «nous sommes appelés à resplendir comme une ville située en altitude, comme un lampadaire dont la flamme ne doit pas être éteinte». «Nous devons briller, explique François, éclairer par notre vie et par nos œuvres les villes, les villages et les lieux que nous habitons, les personnes que nous fréquentons, les activités que nous menons».

Grâce à cet engagement au quotidien, en vivant comme des enfants et des frères sur la terre, «les gens découvriront qu’ils ont un Père dans les cieux. Il nous est donc demandé de brûler d’amour: qu’il n’arrive pas que notre lumière s’éteigne, que l’oxygène de la charité disparaisse de notre vie, que les œuvres du mal enlèvent de l’air pur à notre témoignage. Cette terre, très belle et meurtrie, a besoin de la lumière que chacun de vous possède».

Sur ce chemin d’engagement en faveur du bien et de la paix, le Pape l’affirme: «Je suis avec vous».

Source : VATICANNEWS, le 5 février 2023

Soudan du Sud. « Si je rencontre le Pape, je le remercierai de nous avoir apporté de l’espoir »

(Image : «Aide à l’Église en détresse (ACN)»)

Soudan du Sud. « Si je rencontre le Pape, je le remercierai de nous avoir apporté de l’espoir »

Sœur Beta Almendra, une missionnaire combonienne portugaise installée à Wau, au Soudan du Sud, peut difficilement cacher son enthousiasme pour la visite du pape François, qui commence ce vendredi 3 février. 

Dans un message envoyé au bureau national portugais de la fondation «Aide à l’Église en détresse (ACN)», elle explique qu’elle est déjà en route pour parcourir les 800 km qui séparent Wau de la capitale, Juba. Heureusement, dit-elle, c’est la saison sèche, ce qui facilite les choses, car les chemins de terre seront plus praticables.

« Nous sommes en route pour Juba. Nous sommes si heureux de nous préparer à accueillir le Pape. Nous voyageons en convoi, et il devrait nous falloir deux jours pour atteindre Juba. Nous sommes bien préparés », dit-elle. Cette visite est une étape importante dans l’histoire du plus jeune pays de la planète, qui n’a obtenu son indépendance qu’en 2011. Personne ne veut être laissé de côté, explique Sœur Beta. « Tout le monde est très attentif aux nouvelles, les attentes sont élevées, il y a beaucoup de joie et d’espoir. Beaucoup d’espoir ! ».

« Ceux qui se rendent à Juba veulent participer, ils veulent voir le pape et prier avec les autres chrétiens, et ceux qui sont restés suivront l’événement à la radio ou à la télévision, s’ils le peuvent. Ils ne veulent rien manquer de ce qui se passe ces jours-ci, c’est tellement important pour le Soudan du Sud ».

La paix n’est pas encore une réalité
Le pape François se rend au Soudan du Sud avec un message d’unité et de paix, ce qui est vital pour un pays divisé par les appartenances ethniques et qui a été en guerre pendant la majeure partie des 50 dernières années, y compris pendant la décennie qui a suivi l’indépendance.

« Les combats se poursuivent dans certaines régions du pays, la paix n’est pas encore une réalité. C’est quelque chose que nous essayons d’obtenir, et c’est pourquoi le Pape vient en pèlerinage, avec d’autres responsables chrétiens. Ils viennent demander, ils viennent promouvoir le dialogue pour que la paix devienne une réalité concrète, une réalité qui doit être conquise peu à peu », souligne la religieuse portugaise. Dans cet esprit, elle ajoute que si elle a la chance d’échanger quelques mots avec le Pape, elle sait ce qu’elle dira. « La première chose que je ferai sera de le remercier. Merci d’être venu au Soudan du Sud pour rendre visite à ces gens, pour prier avec nous et pour nous donner une véritable espérance, au nom de toute l’Église et du monde. Il est bon de savoir que nous sommes unis, que nous sommes solidaires et que c’est une Église synodale qui marche ensemble et où les gens s’entraident pour atteindre leurs objectifs ».

Le pape François sera au Soudan du Sud du 3 au 5 février.

Source: ACN, le 2 février 2023

SOUDAN DU SUD – « Savoir souffrir pour l’Afrique ». Le Pape exalte l’aventure missionnaire de Daniele Comboni

par Gianni Valente

Juba (Agence Fides)  » Je n’ai que le bien de l’Église dans mon cœur. Et pour la conversion de mes chers Africains, je donnerais cent vies, si je le pouvais ». C’est ce que Daniele Comboni avait l’habitude de dire de lui-même, révélant son tempérament volcanique et impétueux à travers les expressions fortes de son discours.

En raison de sa passion missionnaire, il raconte qu’il a dû  » lutter contre les potentats, contre les Turcs, contre les athées, contre les Phrammaque, contre les barbares, contre les éléments, contre les prêtres… mais toute notre confiance est en celui qui choisit les moyens les plus faibles pour accomplir ses œuvres « .

Aujourd’hui, le Pape François a rappelé la mémoire de Saint missionnaire à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, où il a rencontré des évêques, des prêtres, des diacres, des hommes et des femmes consacrés et des séminaristes, au deuxième jour de son voyage apostolique au Sud-Soudan.

« Nous pouvons nous souvenir – a dit le Pape à la fin de son discours – de Saint Daniel Comboni, qui avec ses frères missionnaires a réalisé une grande œuvre d’évangélisation sur cette terre : il disait que le missionnaire doit être prêt à tout faire pour le Christ et pour l’Évangile, et qu’il faut des âmes audacieuses et généreuses qui savent souffrir et mourir pour l’Afrique ».


Daniele Comboni, l’un des plus grands missionnaires de l’histoire récente, béatifié en 1996 et proclamé saint par Jean-Paul II le 5 octobre 2003, était issu d’une famille d’agriculteurs. Né à Limone sul Garda, seul survivant d’une famille de huit enfants, il était entré au séminaire de Vérone et avait ensuite fréquenté l’institut missionnaire fondé par le père Nicola Mazza. Le prêtre, avec le soutien de la Congrégation de Propaganda Fide, avait fait venir en Italie quelques jeunes Africains pour les former et les encourager ensuite à partir en expédition missionnaire dans les régions d’Afrique centrale.


Ordonné prêtre le 31 décembre 1854, le mois de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception de Marie, Daniel, âgé de 26 ans, était le plus jeune des cinq prêtres que le père Mazza envoya en mission trois ans plus tard. « Rappelez-vous, leur dit-il avant de partir, que l’œuvre à laquelle vous vous consacrez est Son œuvre. Ne travaillez que pour Lui, aimez-vous les uns les autres et aidez-vous les uns les autres, soyez unis en tout, et la gloire de Dieu, la gloire de Dieu seul promeut et entend toujours, que tout le reste est vanité ».

Après ce long voyage, qui comprenait également un pèlerinage en Terre Sainte, les jeunes missionnaires sont arrivés à Khartoum puis, en bateau sur le Nil blanc, ils ont parcouru plus au sud, 1 500 kilomètres, jusqu’à Sainte-Croix, la dernière station missionnaire face à la forêt impénétrable. Mais très vite, trois des cinq personnes meurent d’épuisement et de fièvre.

L’expédition missionnaire se solde par un échec. Propaganda Fide confie le terrain au Vicariat Apostolique d’Alexandrie.
À son retour en Italie, d’autres tribulations arrivent. Après avoir prié à Saint-Pierre, Comboni a élaboré un « plan missionnaire » qui prévoyait la création des premiers postes missionnaires le long des côtes et l’engagement de femmes missionnaires pour annoncer l’Évangile aux populations de l’Afrique subsaharienne qui ne connaissaient pas Jésus. Mais entre-temps, l’évêque de Vérone, après la mort du père Mazza, interdit à l’institut missionnaire qu’il avait fondé d’accepter de nouveaux séminaristes.


Dans le climat anticlérical croissant de l’État italien naissant, Comboni réussit à mettre en place le nouvel Institut pour les Missions du Niger grâce au soutien de Pie IX et du Cardinal Barnabò, préfet de Propaganda Fide. L’Institut a été fondé à Vérone en 1867. Et dans le temps qui suivit, Comboni voyagea à travers l’Europe pour chercher une aide matérielle et spirituelle pour la nouvelle œuvre. Il fréquentait des couvents cloîtrés et dînait dans des maisons aristocratiques. Il a confié l’institut à St Joseph. Il remerciera plus tard dans ses écrits le père putatif de Jésus, « qui ne m’a jamais permis de faire faillite et ne m’a jamais refusé aucune grâce temporelle ».


L’hostilité, la calomnie et les attaques cléricales et anticléricales se déchaînent rapidement autour de l’œuvre de Comboni (qui, en 1872, fonde également l’Institut féminin des pieuses mères de Nigrizia à Vérone). Ses intuitions missionnaires, entre autres, croisaient dangereusement les intérêts qui circulaient depuis des siècles sur les routes de l’esclavage en Afrique.
Dans ses lettres à ses amis, Comboni se montre conscient des « tromperies, illusions, mensonges, suggestions coupables » qui tournent autour de lui. Pourtant, Propaganda Fide soutient son dévouement inconditionnel à la mission. En 1877, il est ordonné évêque et, en décembre de la même année, il entame une expédition avec un grand groupe de missionnaires qui le mènera à Khartoum après presque un an de voyage.

Ce seront les quatre dernières années de travail intense pour lui, une période au cours de laquelle il aura la joie de visiter et de voir fleurir les missions au sud de Khartoum : Delen, Gondokoro, Gebel, Nuba, Sainte-Croix, El Obeid… Même à cette époque, alors que des troubles physiques commençaient à affecter inexorablement sa santé, l’hostilité et la malveillance dont il était l’objet de la part des milieux ecclésiastiques lui pesaient lourdement. Dans une lettre adressée à un prêtre, il écrit que le climat extrême d’El Obeid lui permet difficilement de dormir et de manger. Et il raconte les « pilules amères » qu’il a dû avaler, « que c’est un miracle si je peux survivre ». Je travaille pour la gloire de Dieu et pour les pauvres âmes de mon mieux, et je vais de l’avant sans me soucier de rien d’autre, certain que toutes les croix que j’ai à porter le sont par la volonté de Dieu, et que par conséquent elles me seront toujours chères ».


En juillet 1881, de terribles orages et des fièvres croisées lors du voyage de retour d’El Obeid à Khartoum minent définitivement sa santé. Dans les derniers mois de sa vie, il a vu ses amis et collaborateurs les plus proches mourir de ces fièvres malignes. Pendant ce temps, l’inquiétude grandit quant à la situation politique au Soudan, où incubent des conflits et des révolutions dramatiques comme le soulèvement anti-britannique mené par le leader islamique Mohammed Ahmed el Mahdi. Dans une lettre au Préfet de Propaganda Fide, Comboni écrit que « les œuvres du Seigneur sont nées et ont grandi de cette façon », et lui raconte l’histoire « de notre frère laïc Paolo Scandi de Rome, qui aidait la mission comme ferrailleur ». Il n’était guère plus qu’un garçon. Il est mort en disant : « Je suis heureux ». La douceur est ce « fiat » qui dit tout, comprend tout, embrasse tout ».
Peu de temps après, Comboni termina lui aussi ses jours à l’âge de cinquante ans, après avoir appelé les siens au chevet de son lit de mort pour les remercier et leur demander pardon. Avant de perdre connaissance, raconte le prêtre qui l’a assisté dans la phase finale de sa maladie, il voulait embrasser la croix… il s’est endormi placidement, comme un enfant ».

Source : Agence Fides, le 4 février 2023

Prière oecuménique avec le pape François au Soudan du Sud

Le Soudan du Sud, un exemple universel pour le chemin d’unité des chrétiens

Au terme de la deuxième journée de son pèlerinage de paix au Soudan du Sud, le Pape François a participé à un temps de prière œcuménique dans la capitale de ce pays majoritairement chrétien. Dans son discours, le Souverain pontife a appelé les fidèles à «prier, agir et marcher», pour que vienne la paix de Dieu, une paix qui «promeut l’unité dans la diversité».

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

C’était l’heure du crépuscule à Juba. Environ 50 000 personnes ont participé à ce temps de prière qui s’est déroulé au Mausolée «John Garang», lieu de sépulture de l’homme politique et militaire soudanais, fondateur et dirigeant de l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) durant les vingt-deux années de guerre qui ont opposé cette rébellion du Soudan du Sud au régime de Khartoum.

François était accompagné de Justin Welby, archevêque de Canterbury, et de Iain Greenshields, modérateur de l’Église d’Écosse, autres protagonistes de ce pèlerinage œcuménique de paix et de réconciliation. Le président de la République du Soudan du Sud, Salva Kiir, était lui aussi présent. 

Durant la prière d’intercession, chaque lecteur a versé de l’eau au pied des arbres plantés auparavant comme acte de paix.

Dans son discours, le Pape a insisté sur trois aspects importants pour l’avènement de la paix: prier, agir et marcher.

Une paix qui intègre les diversités

Prier, en premier lieu, car cela «donne la force d’avancer, de surmonter les peurs, d’entrevoir, même dans les ténèbres, le salut que Dieu prépare», a assuré le Pape. «De plus, la prière attire le salut de Dieu sur le peuple». Le Seigneur de la paix intervient, a rappelé François, en réponse à «une prière tenace, d’intercession constante», comme l’a fait Moïse parmi son peuple.

Et François d’inviter les chrétiens à prier «assidûment et unanimement» pour que le Soudan du Sud «soit comblé de cette paix promise mais, malheureusement, pas encore advenue».

La prière est indissociable de l’action «pour la cause de la paix». Le Saint-Père a souhaité que vienne «la paix de Dieu: non seulement une trêve entre les conflits, mais une communion fraternelle, qui vient de l’union, non de l’absorption; du pardon, non de la domination ; de la réconciliation, non de l’imposition».Une paix «qui intègre les diversités, qui promeut l’unité dans la pluralité», en particulier dans ce pays multiethnique.

Abandonner l’esprit de vengeance

Le Souverain pontife a également dénoncé «toute vision tribale de la religion», demandant aux fidèles de «répandre le style de non-violence de Jésus, afin qu’il n’y ait plus de place pour une culture fondée sur l’esprit de vengeance chez ceux qui se professent croyants». «Travaillons à cela: travaillons pour la paix en tissant et en recousant, jamais en coupant et en déchirant», a-t-il insisté.

Enfin le Saint-Père a parlé de «marcher», en tant que confessions chrétiennes unies dans le Christ. «L’héritage œcuménique du Soudan du Sud est un trésor précieux, une louange au nom de Jésus, un acte d’amour à l’Église son épouse, un exemple universel pour le chemin d’unité des chrétiens», a-t-il salué. Puis ce souhait: «Que le tribalisme et le sectarisme qui alimentent les violences dans le pays n’affectent pas les relations interconfessionnelles; au contraire, que le témoignage d’unité des croyants se reverse sur le peuple».

Le Pape a également recommandé de marcher en suivant les traces de «ceux qui vous ont préparé la route», c’est-à-dire en conservant la «mémoire». Et aussi avec «engagement», autrement dit en apportant un soutien à la population dans les domaines essentiels.

«Très chers amis, mes frères et moi nous sommes venus en pèlerins parmi vous (…). Même si nous sommes loin physiquement, nous serons toujours proches de vous», a conclu le Saint-Père. «Repartons chaque jour de la prière les uns pour les autres et avec les autres, en œuvrant ensemble comme témoins et médiateurs de la paix de Jésus, en marchant sur la même route, en faisant des pas concrets de charité et d’unité. En tout, aimons-nous intensément, de tout cœur», a-t-il demandé.

Source : VATICANNEWS, le 4 février 2023

Rencontre du pape François avec des personnes « déplacées internes » du Soudan du Sud

Rencontre du pape François avec des personnes « déplacées internes » du Soudan du Sud

Ce samedi 4 février 2023 à 15h30 (UTC+1), 16h30 (heure de Juba), le pape François rencontre des personnes « déplacées internes » dans le Freedom Hall de Djouba. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, sur les 12 millions d’habitants, 1,5 million de personnes sont des déplacées internes, du fait des cinq années de conflits. Entre août et décembre 2022, au moins 20 000 personnes ont dû quitter leur foyer du fait du conflit dans la région du Haut-Nil. La crise des réfugiés est actuellement la plus critique d’Afrique, selon les Nations Unies.

Soudan du Sud: le Pape invite les religieux à élever la voix contre l’injustice

Soudan du Sud: le Pape invite les religieux à élever la voix contre l’injustice

Le Pape François a rencontré les évêques, les prêtres, les diacres, les religieuses et séminaristes Sud-Soudanais en la Cathédrale Sainte Thérèse à Juba, samedi 4 février. Le Saint-Père les a exhortés à la docilité et à l’intercession, les invitant également à «élever leurs voix contre l’injustice». 

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

François qui depuis longtemps, nourrissait le désir de rencontrer les membres du clergé du Soudan du Sud,  a tout d’abord exprimé sa gratitude à Mgr Tombe Trille, évêque d’El Obeid et président de la Conférence épiscopale du Soudan et du Soudan du Sud, devant 1000 personnes rassemblées dans la cathédrale sainte Thérèse, et environ 5000 personnes devant l’édifice. Une présence qui pour certains de ces fidèles et religieux, a nécessité plusieurs jours de voyage.

Dans son discours, s’appuyant sur le parcours de Moïse qui a conduit le peuple de Dieu à travers le désert, le Saint-Père a invité à se demander ce que signifie «être ministres de Dieu» dans une histoire traversée par la guerre, la haine, la violence, la pauvreté; et également à s’interroger sur: «comment exercer le ministère sur cette terre, sur les rives d’un fleuve baigné de tant de sang innocent», alors que les visages des personnes sont striés par les larmes de la souffrance. Deux attitudes de Moïse attirent l’attention du Pape: la docilité et l’intercession.

Le piège de compter sur ses propres forces

Le premier élément marquant de l’histoire de Moïse réside dans sa docilité à l’initiative de Dieu, note François, rappelant cependant que cela n’a toujours été pas ainsi. Au début, précise le Pape, il avait la prétention de mener seul la tentative de lutter contre l’injustice et l’oppression.

Sauvé des eaux du Nil par la fille du Pharaon, Moïse se laisse toucher par la souffrance et l’humiliation de ses frères lorsqu’il découvre son identité, si bien qu’un jour il décide de se faire justice tout seul, en frappant à mort un égyptien qui maltraite un juif. Suite à cet épisode il doit fuir et rester dans le désert de nombreuses années. Il y fait l’expérience d’une sorte de «désert intérieur».

Moïse avait pensé affronter l’injustice par ses seules forces, explique le Saint-Père, et maintenant, en conséquence, il se retrouve comme un fugitif devant se cacher, vivant dans la solitude, éprouvant le sentiment amer de l’échec. En effet, il commet une erreur, lance le Pape, celle de «penser qu’il était le centre, ne comptant que sur ses propres forces». Mais il était ainsi devenu prisonnier des pires méthodes humaines, comme celle de «répondre à la violence par la violence».

«Nous pensons que nous sommes le centre»

A travers l’histoire de Moïse, le Pape pointe du doigt, devant les membres du clergé Sud-Soudanais, une attitude dans leur vie qui parfois démontre «que nous pensons que nous sommes le centre, que nous pouvons compter, sinon en théorie du moins en pratique, presque exclusivement sur notre talent»; ou, en tant qu’Église, «que nous trouvons la réponse aux souffrances et aux besoins du peuple dans des moyens humains, comme l’argent, la ruse, le pouvoir», ajoute le Pape, rappelant «qu’au contraire, notre œuvre vient de Dieu: Il est le Seigneur et nous sommes appelés à être des instruments dociles entre ses mains».

Être docile et se laisser guider par le Seigneur

Et cela, Moïse l’apprend lorsqu’un jour, Dieu vient à sa rencontre, en lui apparaissant dans «la flamme d’un buisson en feu» (Ex 3, 2). Il se laisse attirer, il fait place à l’émerveillement, il se met dans une attitude de docilité pour se laisser éclairer par le charme de ce feu devant lequel il pense: «je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire: pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas?» (v. 3). Pour le Pape, c’est là un modèle de docilité nécessaire au ministère: «s’approcher de Dieu avec émerveillement et humilité, se laisser attirer et diriger par Lui», car, souligne François, «la primauté ne nous revient pas, mais à Dieu, en nous en remettant à sa Parole avant d’utiliser nos propres mots, en accueillant docilement son initiative avant de nous concentrer sur nos projets personnels et ecclésiaux».

Poursuivant, le Pape François explique que le fait de «se laisser docilement modeler nous fait vivre le ministère d’une manière renouvelée». Devant le Bon Pasteur, «nous comprenons que nous ne sommes pas des chefs tribaux, mais des pasteurs compatissants et miséricordieux; non pas les maîtres du peuple, mais des serviteurs s’abaissant pour laver les pieds des frères et sœurs; non pas une organisation mondaine administrant des biens terrestres, mais la communauté des enfants de Dieu».

Se dépouiller et avoir une intimité avec Dieu

L’évêque de Rome exhorte à suivre l’exemple de Moïse sous le regard de Dieu: «enlevons nos sandales avec un humble respect (cf. v. 5), dépouillons-nous de notre présomption humaine, laissons-nous attirer par le Seigneur et cultivons la rencontre avec Lui dans la prière», invitant également ces prêtres, religieux, religieuses et séminaristes du Soudan du Sud, à être plus proches du mystère de Dieu, «afin qu’Il brûle les broussailles de l’orgueil et de nos ambitions démesurées et faire de nous d’humbles compagnons de route de ceux qui nous sont confiés», affirme François.

L’intercession

Tout comme Moise qui a fait l’expérience d’un Dieu compatissant, ne restant pas indifférent au cri de son peuple, descendu pour le délivrer, ainsi, «ceux qui font son expérience sont amenés à l’imiter». Et Moïse, qui «descend» au milieu des siens, l’a fait plusieurs fois au cours de la traversée du désert. C’est en effet, dans les moments les plus importants et les plus difficiles, qu’il monte et descend de la montagne de la présence de Dieu afin d’intercéder pour le peuple, c’est-à-dire de se mettre à l’intérieur de son histoire pour le rapprocher de Dieu.

Soulignant cet aspect important de l’intercession, le Pape explique qu’intercéder «ne signifie pas simplement prier pour quelqu’un, comme nous le pensons souvent». Étymologiquement, cela signifie «faire un pas au milieu, faire un pas pour se mettre au milieu d’une situation». Intercéder, ajoute-t-il, c’est donc «descendre pour se mettre au milieu du peuple, pour “devenir des ponts” qui le relient à Dieu».

Être une Église au milieu de la souffrance du peuple

Le Pape invite également ces pasteurs de l’Église à développer l’art de «marcher au milieu» de la souffrance et des larmes, de la faim de Dieu et de la soif d’amour des frères et sœurs. «Notre premier devoir n’est pas d’être une Église parfaitement organisée, mais une Église qui, au nom du Christ, se tient au milieu de la vie souffrante du peuple et se salit les mains pour les gens», dit-il, déconseillant de ne jamais exercer le ministère en recherchant «le prestige religieux et social», mais en «marchant au milieu et ensemble, en apprenant à écouter et à dialoguer, en collaborant entre nous ministres et laïcs».

Cultiver l’amour et le respect mutuel dans le clergé

Le Saint-Père exhorte également à fournir des efforts pour surmonter «entre nous la tentation de l’individualisme, des intérêts partisans», déplorant que des pasteurs ne soient pas capables «de communion, ne réussissent pas à coopérer, voire s’ignorent mutuellement!». «Cultivons le respect mutuel, la proximité, la coopération concrète. Si cela ne se produit pas entre nous, comment pouvons-nous le prêcher aux autres?», s’interroge François.

Se focalisant à nouveau sur le cheminement de Moïse, à travers l’intercession, le Pape met en lumière trois images de l’Écriture: Moïse avec le bâton à la main, Moïse avec les mains tendues, et Moïse avec les mains levées vers le ciel. La première, selon lui, «nous montre qu’il intercède par la prophétie», accomplissant avec ce bâton, des prodiges, des signes de la présence et de la puissance de Dieu au nom duquel il parle, «dénonçant avec force le mal dont souffre le peuple et demandant au Pharaon de le laisser partir».

Élever la voix contre l’injustice

«Pour intercéder en faveur de notre peuple, nous sommes également appelés à élever la voix contre l’injustice et la prévarication», qui, déclare François, écrasent les gens et utilisent la violence pour gérer les affaires à l’ombre des conflits. Dans ce pays de 12 millions d’habitants, qui a sombré dans une guerre civile en décembre 2013 lorsque le Président Salva Kiir a accusé son ancien Vice-Président Riek Machar d’avoir tenté un coup d’Etat, le Pape invite les pasteurs de l’Église à «ne pas rester neutres face à la douleur causée par les injustices et les violences», car «là où une femme ou un homme est lésé dans ses droits fondamentaux, le Christ est offensé», souligne-t-il.

Dieu, proche de nous

En ce qui concerne la deuxième image, celle de «Moïse avec les mains tendues», François relève que les mains de Moïse sont le signe que Dieu est sur le point d’agir. L’Écriture nous dit qu’il «étendit les bras sur la mer» (Ex 14, 21). Ensuite, Moïse tiendra les tables de la Loi dans ses mains (cf. Ex 34, 29) pour les montrer au peuple. «Ces mains tendues indiquent la proximité de Dieu qui est à l’œuvre et qui accompagne son peuple», dit le Pape.  En effet, pour libérer du mal, la «prophétie ne suffit pas, il faut tendre les bras à ses frères et sœurs, soutenir leur marche», note-t-il.

Tendre la main à nos proches

Après quarante ans, Moïse devenu vieux, reste proche des siens: «voilà la proximité», affirme le Souverain pontife. La tâche n’a certes pas été facile pour lui: il a souvent dû relancer un peuple découragé et fatigué, affamé et assoiffé, s’abandonnant aux murmures et à la paresse. Et pour accomplir cette tâche, François ajoute que Moïse a dû aussi lutter contre lui-même, car il a parfois connu des moments d’obscurité et de désolation, comme lorsqu’il a dit au Seigneur: «pourquoi traiter si mal ton serviteur?»

A l’instar de Moïse qui n’a pas reculé, restant toujours proche de Dieu, ne s’étant jamais éloigné des siens, «nous aussi, déclare le Saint-Père, nous avons ce devoir: tendre la main, relever nos frères, leur rappeler que Dieu est fidèle à ses promesses, les exhorter à avancer». «Nos mains ont été “ointes de l’Esprit” non seulement pour les rites sacrés, mais pour encourager, aider, accompagner les personnes à sortir de ce qui les paralyse, les enferme, les rend craintives», rappelle-t-il aux membres du clergé Soudanais.

«Les mains levées vers le ciel»

L’autre qualité de Moïse évoquée par François est sa patience. Lorsque le peuple tombe dans le péché, l’idolâtrie et se fabrique un veau d’or, Moïse remonte sur la montagne et prononce une prière, comme une véritable lutte avec Dieu pour qu’il n’abandonne pas Israël. Il va jusqu’à dire: «ce peuple a commis un grand péché: ils se sont fait des dieux en or. Ah, si tu voulais enlever leur péché! Ou alors, efface-moi de ton livre, celui que tu as écrit.» (Ex32, 31-32).

Confronté à une telle situation, l’homme de Dieu n’abandonne pas son peuple. Il reste aux côtés du peuple jusqu’au bout. Il lève la main en sa faveur. Il ne pense pas à se sauver seul. Il ne vend pas le peuple pour ses propres intérêts. Il intercède, lutte avec Dieu et garde les bras levés en prière pendant que ses frères se battent dans la vallée (cf. Ex 17, 8-16). «Soutenir les luttes du peuple par la prière devant Dieu, implorer le pardon, administrer la réconciliation en tant que canaux de la miséricorde de Dieu qui pardonne les péchés: tel est notre devoir d’intercesseurs!» affirme le Souverain Pontife.

Une mission de Dieu avec des risques et sacrifices

Dans la mission que le Seigneur confie, être prophète, accompagnateur, intercesseur, montrer par sa vie le mystère de la proximité de Dieu avec son peuple «peut même coûter la vie», souligne François. «Beaucoup de prêtres, de religieuses et de religieux ont été victimes de violences et d’attaques au cours desquelles ils ont perdu la vie» dit-il. Ces hommes et femmes consacrés, estime le Saint-Père, ont en réalité offert leur existence pour la cause de l’Évangile, et leur proximité avec leurs frères et sœurs est «un merveilleux témoignage qu’ils nous laissent, et qui nous invite à poursuivre leur chemin».

Le Pape se souvient ainsi de Saint Daniele Comboni qui, avec ses frères missionnaires, a réalisé une grande œuvre d’évangélisation sur ces terres: il disait que «le missionnaire doit être prêt à tout pour le Christ et l’Évangile, et qu’il faut des âmes audacieuses et généreuses qui sachent souffrir et mourir pour l’Afrique».

Au terme de son intervention, François à adressé ses remerciements à tous les évêques, prêtres, diacres, consacrés, religieuses et séminaristes Sud-Soudanais, pour leur dévouement et leurs efforts fournis au «milieu de tant d’épreuves». Il les a exhortés à être toujours des pasteurs et des témoins généreux, armés uniquement de la prière et de la charité. Des prophètes qui se laissent docilement surprendre par la grâce de Dieu et qui deviennent des instruments de salut pour les autres, des accompagnateurs pour le peuple, «des intercesseurs aux bras levés».

Source : VATICANNEWS, le 4 février 2023

«Assez de destructions, c’est l’heure de la construction!»: le cri du Pape à Juba

«Assez de destructions, c’est l’heure de la construction!»: le cri du Pape à Juba

Dans son premier discours prononcé à Juba, François a expliqué le sens de son pèlerinage oecuménique au Soudan du Sud et exhorté les responsables du pays à un engagement véritable et concret en faveur de la paix et de la réconciliation. 

Olivier Bonnel – Cité du Vatican

Depuis le jardin du palais présidentiel de Juba, le Pape François a prononcé vendredi après-midi son premier discours au Soudan du Sud, devant les autorités politiques du pays ainsi que les membres de la société civile et représentants du corps diplomatique. Aux côtés de l’archevêque de Canterbury Mgr Justin Welby et du modérateur de l’Église d’Écosse Iain Greenshields, le Souverain pontife a rendu hommage à la jeune nation tout en exhortant avec force ses dirigeants à s’engager vers une paix véritable. 

«Je viens comme pèlerin de réconciliation, avec le rêve de vous accompagner sur votre chemin de paix, un chemin tortueux mais qui ne peut plus être reporté», a d’emblée expliqué le Pape, précisant que ce «pèlerinage œcuménique de paix» a pu être possible «après avoir écouté le cri de tout un peuple qui, avec grande dignité, pleure à cause de la violence qu’il subit, du perpétuel manque de sécurité, de la pauvreté qui le frappe et des catastrophes naturelles qui sévissent».

François a déploré que le Soudan du Sud ne soit toujours pas débarrassé de la guerre et regretté que «les processus de réconciliation semblent paralysés et que les promesses de paix restent inaccomplies» en raison de la violence chronique qui secoue le pays.

Regarder le Nil

Comme il le fait régulièrement pour décrire un pays qui l’accueille, le Pape a choisi une métaphore naturelle, en prenant l’image du Nil qui traverse le Soudan du Sud, pour mieux y évoquer les défis du pays. «Ce que l’historien de l’antiquité Hérodote disait de l’Égypte, qu’elle est un “don du Nil”, vaut aussi pour le Soudan du Sud», a-t-il ainsi expliqué. «Comme on le dit ici, cette terre est vraiment une “terre de grande abondance”. Je voudrais donc me laisser porter par l’image du grand fleuve qui traverse ce pays récent mais à l’histoire ancienne. Au cours des siècles, les explorateurs se sont introduits sur le territoire où nous sommes pour remonter le Nil Blanc à la recherche des sources du fleuve le plus long du monde. C’est par la recherche des sources du vivre ensemble que je voudrais commencer mon parcours avec vous. Parce que cette terre, qui regorge de tant de biens dans le sous-sol, mais surtout dans les cœurs et les esprits de ses habitants, a besoin d’être à nouveau désaltérée par des sources fraîches et vitales».

“Vous êtes appelées à régénérer la vie sociale, comme des sources limpides de prospérité et de paix, car c’est de cela dont ont besoin les enfants du Soudan du Sud: de pères, non de maîtres; d’étapes stables de développement, non de chutes continuelles”

Filant la métaphore, François a ainsi lancé un appel aux dirigeants sud-soudanais, invités à «régénérer la vie sociale, comme des sources limpides de prospérité et de paix, car c’est de cela dont ont besoin les enfants du Soudan du Sud: de pères, non de maîtres; d’étapes stables de développement, non de chutes continuelles». Solennellement, le Pape a expliqué aux responsables politiques du pays que leurs enfants se rappelleront d’eux «dans la mesure où vous aurez fait du bien à cette population qui vous a été confiée pour la servir».

Dans un Soudan du Sud qui peine à tourner la page de la guerre civile, la violence «fait reculer le cours de l’histoire» a par ailleurs déploré l’évêque de Rome. Son discours s’est alors transformé en supplique urgente aux responsables du pays «pour que cette terre ne se réduise pas à un cimetière, mais redevienne un jardin florissant».

«Il est temps de tourner la page»

«Il est temps de dire assez, sans “si” et sans “mais”: assez de sang versé, assez de conflits, assez de violences et d’accusations réciproques sur ceux qui les commettent, assez d’abandonner le peuple assoiffé de paix. Assez de destructions, c’est l’heure de la construction! Que le temps de la guerre soit rejeté et que se lève un temps de paix!» a lancé François, avant de dresser le portrait d’un politique vertueux: le but du pouvoir est de servir la communauté. Le Saint-Père a ainsi mis en garde contre toute tentation de s’en servir pour ses propres intérêts. Le développement démocratique est fondamental pour la vie d’une République, a-t-il poursuivi, rappelant que «la démocratie suppose également le respect des droits humains, protégés par la loi et son application, et en particulier la liberté d’exprimer ses idées».

«Le Nil, après avoir quitté ses sources, traverse des zones accidentées créant des cascades et des rapides, et une fois entré dans la plaine sud-soudanaise, à proximité de Juba, il devient navigable, pour ensuite pénétrer dans des zones plus marécageuses, a repris François en poursuivant sa métaphore. Par analogie, j’espère que le chemin de paix de la République ne progressera pas avec des hauts et des bas, mais, qu’à partir de cette capitale, il deviendra praticable, sans rester enlisé dans l’inertie». Pour le Pape, «il est temps de passer des paroles aux faits, de tourner la page», le processus de paix et de réconciliation nationale mérite un nouveau sursaut. Le Souverain Pontife a souhaité ainsi que ce pèlerinage oecuménique entrepris puisse poser «un changement de rythme» et «qu’il soit l’occasion, pour le Soudan du Sud, de recommencer à naviguer sur des eaux tranquilles, en reprenant le dialogue, sans duplicités ni opportunismes». 

“La jeune histoire de ce pays déchiré par des affrontements ethniques, a besoin de retrouver la mystique de la rencontre, la grâce du fait d’être ensemble”

Le rôle des femmes et des jeunes

Dans sa supplique, le Pape a souhaité que les jeunes puissent jouer un rôle décisif, que des espaces libres pour débattre soient assurés, et pointé aussi le rôle crucial à ses yeux des femmes dans la construction d’une nation sud-soudanaise vivant dans la paix: «que les femmes, les mères qui savent comment l’on donne et conserve la vie, soient également davantage impliquées dans les processus politiques et décisionnels. Qu’il y ait du respect à leur égard, car celui qui commet une violence contre une femme la commet contre Dieu, qui d’une femme a pris chair».

Le Christ, le Verbe incarné, nous a enseigné que plus on se fait petit, en donnant de l’espace aux autres et en accueillant le prochain comme un frère, plus on devient grand aux yeux du Seigneur a encore souligné François, expliquant que «la jeune histoire de ce pays déchiré par des affrontements ethniques, a besoin de retrouver la mystique de la rencontre, la grâce du fait d’être ensemble». Le Pape a encore rendu hommage aux missionnaires qui ont évangélisèrent le Soudan, arrivés par le Nil. Et c’est toujours en utilisant l’image du fleuve qu’il a déploré les inondations et catastrophes naturelles, et une création blessée, pointant «la nécessité de lutter contre la déforestation causée par l’avidité du gain».

L’urgence de prendre soin des citoyens

«Pour éviter les inondations d’un fleuve, il est nécessaire de garder son lit propre» a encore dit le Souverain Pontife: «Par métaphore, le nettoyage dont le cours de la vie sociale a besoin est la lutte contre la corruption». Et de dénoncer avec fermeté l’incurie de certains: «Circuits financiers injustes, intrigues cachées pour s’enrichir, affaires clientélistes, manque de transparence : voilà le fond pollué de la société humaine, qui fait manquer les ressources nécessaires à ceux qui en ont le plus besoin».

Pour que les eaux de vie ne se transforment pas en dangers de mort, il est essentiel de doter un fleuve de digues adéquates, a expliqué François, à commencer par la lutte contre la prolifération des armes, mais aussi, a-t-il pointé, de mener des politiques de santé adaptées, et de faire un effort sur l’alphabétisation et l’éducation. Le Pape a enfin invité le Soudan du Sud à cultiver de bonnes relations avec les autres pays, à commencer par ses voisins.

«Je sais que certaines de mes expressions peuvent avoir été franches et directes, a conclu le Souverain Pontife, mais je vous prie de croire que cela naît seulement de l’affection et de la préoccupation avec lesquelles je suis vos vicissitudes, avec les frères avec lesquels je suis venu ici, pèlerin de paix».

Sources : VATICANNEWS, le 3 février 2023

Les leaders œcuméniques demandent au Soudan du Sud d’agir maintenant pour la paix

L’archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur de l'Eglise d'Ecosse Iain Greenshields aux côtés du Pape et du président sud-soudanais.L’archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur de l’Eglise d’Ecosse Iain Greenshields aux côtés du Pape et du président sud-soudanais. (ANSA)

Les leaders œcuméniques demandent au Soudan du Sud d’agir maintenant pour la paix

L’archevêque de Canterbury et le modérateur de l’Assemblée générale d’Écosse sont au Sud-Soudan aux côtés du Pape François. A l’instar du Souverain pontife, ils ont eu des paroles franches à l’intention les dirigeants du pays lors de la rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique à Juba.

Linda Bordoni-Cité du Vatican

S’exprimant devant les autorités du Soudan du Sud après le puissant discours du Pape, l’archevêque de Canterbury a rappelé avoir été témoin de la dévastation de la guerre dans le pays, de la souffrance et du chagrin qu’elle a causés lorsqu’il a visité la nation il y a neuf ans.

L’archevêque Justin Welby a rappelé aux personnes présentes qu’avec un précédent modérateur de l’Église d’Écosse, le Pape François a organisé une retraite au Vatican en 2019 pour les dirigeants du Soudan du Sud.

«Nous avons prié pour que ce soit un espace où le Saint-Esprit puisse travailler, et dans cette rencontre, nous avons vu la possibilité d’un espoir. Le Pape François s’est agenouillé pour embrasser les pieds de chaque homme politique. Près de cinq ans plus tard, nous venons à vous de cette manière à nouveau: à genoux pour laver les pieds, pour écouter, servir et prier avec vous».

Cependant, se souvenant des engagements pris en 2019, l’archevêque anglican se dit attristé par ce qu’il voit et entend. «Nous avons espéré et prié pour plus que cela; nous attendions plus ; vous avez promis plus. On ne peut pas choisir telle ou telle partie d’un accord de paix. Chaque partie doit être réalisée par chacun, et cela a un coût» a t-il expliqué. 

La paix est entre vos mains

L’archevêque de Canterbury a poursuivi en soulignant que «la réponse à la paix et à la réconciliation ne se trouve pas dans des visites comme celle-ci, mais elle est entre vos mains». «Le peuple héroïque, brave et courageux du Soudan du Sud, qui a lutté si longtemps pour sa liberté et l’a gagnée», est certainement un peuple «qui a le courage de lutter pour la paix et la réconciliation», a-t-il précisé.

Dans son discours, le révérend Dr Iain Greenshields, modérateur de l’Église d’Écosse, a souligné la nécessité de la paix du Christ. «Aujourd’hui, nous avons besoin de cette paix. Nous avons besoin d’églises et de dirigeants qui soient généreux de cœur, libéraux d’amour et prodigues de la grâce de Dieu», s’est-il exclamé.  «Nous avons besoin de dirigeants qui se soucient des valeurs qui animent nos pays, qui se soucient des conditions de vie des gens et qui mettent leur foi en pratique en travaillant avec les plus vulnérables et les plus marginalisés».

«Que tous les dirigeants politiques, civiques et internationaux s’unissent pour rechercher la promesse holistique de Dieu d’une vie en plénitude pour tout le peuple de Dieu» a encore souhaité le modérateur de l’Église d’Ecosse.

Source : VATICANNEWS, Le 4 février 2023

Le président sud-soudanais, se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix

Le président Sud-Soudanais Salva Kiir accueillant le Pape François au Soudan du Sud, le 3 février 2023. Le président Sud-Soudanais Salva Kiir accueillant le Pape François au Soudan du Sud, le 3 février 2023.

Le président sud-soudanais, se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix

Le chef de l’État du Soudan du Sud, Salva Kiir, saluant la visite du Pape François, qu’il qualifie «d’étape historique», se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix, sous la médiation de la communauté de Saint Egidio, avec les groupes d’opposition non signataires.

Paolo Ondarza – Cité du Vatican

Vendredi 3 février, après l’arrivée du Pape François à Juba, Salva Kiir a estimé que la visite du Souverain pontife constituait «un jalon historique», espérant que les «groupes de résistance», de leur côté, «réagissent à ce geste et s’engagent sincèrement, pour parvenir à une paix inclusive», dans ce pays le plus jeune au monde, fondé en 2011. Ces derniers mois, le gouvernement local avait suspendu les négociations menées par la communauté de Saint Egidio en relevant le «manque d’engagement» des groupes Nsssog, (groupes d’opposition non signataires du Soudan du Sud).

Le chemin de la paix

Le président Salva Kiir se souvient de la retraite spirituelle au Vatican en 2019 où le Pape François pour demander la paix a embrassé ses pieds et ceux des vice-présidents désignés présents, dont Riek Machar. Aujourd’hui, dit-il, «Riek et moi-même sommes assis ici, travaillant ensemble pour mettre en œuvre l’accord de paix signé en 2018».

Dialogue et défis

Salva Kiir se dit conscient que tout le monde n’est pas satisfait de la mise en œuvre dudit accord. L’important, déclare-t-il, «c‘est que nous, les parties, travaillons ensemble dans un esprit de dialogue pour surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés». Le président sud-soudanais se dit encore engagé à rétablir fermement la paix au Soudan du Sud. Il rappelle que dans la profonde volonté de poursuivre un «processus politique inclusif dans lequel les voix du peuple sont entendues, en septembre dernier», la «feuille de route-2022 élaborée, se prolonge sur la période de transition de 24 mois» afin de laisser le temps «d’établir des institutions qui permettent des élections transparentes et crédibles».

Après sa rencontre avec le Pape, vendredi 3 février, Salva Kiir a annoncé dans un décret qu’il graciait 71 prisonniers, dont 36 condamnés à mort, mais sans donner davantage de détails.

Importance du pèlerinage œcuménique

Le président du Soudan du Sud espère que la recherche de la paix et de la réconciliation sera favorisée par le pèlerinage œcuménique du Pape, de l’archevêque de Canterbury Justin Welby, et du modérateur de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse Iain Greenshields dans son pays. La visite historique de ces éminents dirigeants chrétiens, affirme-t-il, devrait nous inciter à réfléchir en profondeur à notre histoire récente, notamment en ce qui concerne la noble tâche de consolider la paix et les importants projets de «réconciliation et de pardon au sein de notre peuple».

L’accord de paix revitalisé a été signé le 12 septembre 2018 après 15 mois de négociations. Certains groupes d’opposition, n’y ont pas adhéré. La communauté de Saint Egidio dans sa médiation est intervenue en 2020 en lançant «l’Initiative de Rome». Le 12 janvier de la même année, ces groupes ont signé la Déclaration de Rome qui, pour la première fois, a réuni tous les partis politiques du pays, pour signer un accord de cessez-le-feu. Depuis lors, toujours en présence de la communauté de Saint Egidio, a eu lieu le premier cycle de négociations, la signature de l’Accord politique de Juba, résultat de l’entente entre Salva Kiir et Riek Machar qui a ouvert la voie à un gouvernement d’unité nationale, et la rédaction de la Déclaration de principes politiques.

La période de transition qui devait conduire le pays à des élections en 2023, après plusieurs reports, a été prolongée de 24 mois début août en raison de l’absence de progrès substantiels sur de nombreuses dispositions de l’accord, tandis que les combats entre milices rivales dans les États du Nil supérieur et de Jonglei ont repris le même mois. En novembre dernier, le gouvernement de Juba avait annoncé la «suspension de sa participation aux pourparlers de paix de Rome», accusant les groupes d’opposition Sud-Soudanais non signataires d’un «manque d’engagement».

Source : VATICANNEWS, le 4 février 2023