5ème Dimanche Ordinaire C : «Désormais, ce sont des hommes que tu prendras»

5ème Dimanche Ordinaire C : «Désormais, ce sont des hommes que tu prendras»

Le Père Jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures du 5ème dimanche du Temps ordinaire de l’année liturgique C.

Chers Frères et Sœurs,
L’Évangile d’aujourd’hui nous relate le récit de la rencontre et de l’appel des premiers disciples de Jésus, au nombre desquels se trouve Simon-Pierre. La scène se déroule au bord du lac de Génésareth, appelé aussi lac de Tibériade ou mer de Galilée. Alors que Jésus était pressé par la foule venue écouter la bonne nouvelle, il se tourne vers Simon et lui demande de mettre à sa disposition la barque, l’outil de son travail, pour que la foule puisse continuer à bénéficier de la bonne nouvelle. Et ce qui frappe dans cet Évangile, ce qu’il n’est pas fait mention du contenu du message de Jésus à la foule. Saint Luc insiste plutôt sur l’implication de la disponibilité de Simon-Pierre et la transformation que cela produit dans sa vie : d’abord la pêche abondante, alors qu’il a peiné toute la nuit sans rien prendre. Mais, plus important encore, la prise de conscience et la reconnaissance de son état de pécheur, face à ce nouveau prophète, qui fait toute chose nouvelle.
Ce message de l’Évangile se retrouve aussi dans la première lecture de ce dimanche. Là aussi, le prophète Isaïe fait l’expérience de sa petitesse et de son état de péché devant la manifestation du Seigneur. Alors que ses yeux voient le Seigneur dans sa grandeur, il déclare : « malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures… et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ». C’est aussi, d’une certaine manière, l’expérience de Paul, dans la deuxième lecture : il a conscience qu’il a persécuté l’Église de Dieu ; et, pour cela, il ne sent pas digne d’être appelé Apôtre.
Face à toutes ces expériences de leur petitesse et de leur péché, Pierre, Isaïe et Paul expérimentent la miséricorde et la bonté de Dieu, qui s’engage, non seulement à se manifester à eux, mais aussi, à faire d’eux la bonne nouvelle pour les autres. À Pierre, le Seigneur-Jésus dira : « Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras ». À Isaïe, l’un des Séraphins dira : « et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné », le rendant ainsi prêt à répondre à la voix du Seigneur, disant : « Me voici, envoie-moi ! ». Quant à Paul, il reconnaitra que ce qu’il est lui vient, non pas de ses propres forces, mais de la grâce de Dieu, toujours féconde dans sa vie.

“À Pierre, le Seigneur-Jésus dira : « Sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras »”

Les lectures de ce jour nous invitent donc à nous associer à l’œuvre de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui. Comme à Pierre, il nous est demandé de mettre à la disposition du Seigneur le peu que nous avons, le peu que nous sommes, pour qu’il en fasse une bonne nouvelle pour ceux qui nous entourent. Car, si parfois, comme Pierre, nous avons l’impression que nos labeurs et nos peines restent sans fruit, c’est peut-être parce que nous n’avons pas encore appris à laisser le Seigneur les utiliser à sa guise ; nous n’avons pas encore appris à laisser le Seigneur agir en nous. C’est pourquoi nos péchés et nos limites semblent être un handicap et un obstacle pour nous engager en faveur de ceux qui attendent du Seigneur la bonne nouvelle du salut. Si nous mettons nos vies, telles qu’elles sont, à sa disposition, il saura en tirer une pêche abondante. Seulement, nous devrions apprendre que l’abondance de cette pêche, l’effectivité de cette bonne nouvelle ne répondra pas nécessairement à nos critères de réussite. Car, comme Paul en a fait l’expérience, ce ne sera pas nous qui produirons ces fruits, mais la grâce de Dieu agissant en nous. Et cette grâce ne peut jamais être stérile.

En ce cinquième dimanche du temps ordinaire, prions donc et demandons au Seigneur de nous donner de faire l’expérience de sa miséricorde, pour que la bonne nouvelle du salut devienne une réalité à travers nos vies.

 Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ

Père Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ

Source: VATICANNEWS, le 4 février 2022

Méditation 29ème dimanche B : « Tenons ferme l’affirmation de notre foi ! »

2020.08.01 Bibbia. Sacra Scrittura

Méditation 29ème dimanche B : « Tenons ferme l’affirmation de notre foi ! »

Le Père Jésuite Adrien Lentiampa nous propose une méditation avec les lectures du 29ème dimanche du temps ordinaire B

Chers Frères et Sœurs,

Nous connaissons bien l’évangile qui est proposé à notre méditation en ce dimanche : la requête de Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui se comptent parmi les premiers disciples de Jésus : ils veulent une place de choix dans la gloire. Et pour bien comprendre le problème que pose cette requête, il est bon de se rappeler le passage de l’évangile qui vient juste avant. Il s’agit de l’annonce que Jésus fait, pour la troisième fois, de sa prochaine passion à Jérusalem.

C’est dans ce contexte que les deux fils de Zébédée font leur requête à Jésus : ils veulent être placés en bonne position dans la gloire de Dieu. Est-ce donc qu’ils ont bien compris que la mort du Christ instaurera une gloire éternelle ? Ce n’est pas si sûre que cela ! Manifestement, ils n’ont pas saisi la gravité de ce que Jésus annonce. Ils sont plutôt dans la recherche d’une gloire facile et factice. Ce qui les intéresse, ce n’est pas tant le chemin suivi par le Christ, que la gloire qu’ils espèrent en tirer, dans l’immédiat ; ils ne réalisent pas encore que cette gloire du Christ passe essentiellement par l’abaissement, l’humilité et le service. Ils oublient ce que la première lecture de ce jour nous a rappelé, en évoquant l’image du Serviteur souffrant, qui remet sa vie en sacrifice pour la multitude.

L’évangile de ce dimanche nous invite ainsi à nous mettre véritablement à la suite du Christ, en adoptant ses échelles de valeurs : « vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations commandent en maîtres… Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ! ». Ainsi donc, le Christ nous engage à transformer notre regard sur ce qui doit être notre gloire : comme lui, nous devons être de ceux qui trouvent leur gloire dans le service et le don d’eux-mêmes aux autres. La gloire du chrétien, de celui qui se dit et se veut disciple du Christ, c’est le service : « celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ». La grandeur du chrétien, c’est dans le service humble pour l’instauration du règne de Dieu.

C’est dans ce contexte qu’il nous faut entendre l’invitation qui nous est adressée dans la deuxième lecture de ce dimanche : « Tenons ferme l’affirmation de notre foi ! ». Il s’agit de nous rappeler que notre foi se fonde sur le Christ, venu dans notre chair pour nous sauver et nous libérer de l’esclavage du péché et de la convoitise. Notre force et notre assurance dans l’accomplissement de son règne trouvent son ancrage dans la foi en celui qui s’est offert pour nous sauver. Si nous nous remettons totalement en Dieu en sacrifice, nous verrons la lumière de Dieu resplendir dans nos cœurs. Avec le Christ, nous réalisons que ce qui apparait comme un échec aux yeux des hommes, peut devenir source de bénédiction pour nous-même et pour notre monde. Pour cela, tenons ferme l’affirmation de notre foi en celui qui est mort et ressuscité pour nous donner la vie.

AMEN

Médiation Père Lentiampa SJ 29ème dim ord B

Source: VATICANNEWS, le 15 octobre 2021

Méditation du IIIe dimanche de Carême : «nous ‘contenter’ du Christ crucifié»

2020.08.01 Bibbia. Sacra Scrittura

Méditation du IIIe dimanche de Carême : «nous ‘contenter’ du Christ crucifié»

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures du troisième dimanche de Carême de l’année liturgique B.

Chers Frères et Sœurs,

Nous sommes déjà au troisième dimanche du temps de carême, à mi-chemin vers Pâques. C’est pourquoi les différentes lectures de ce jour tournent autour du mystère de la mort et résurrection du Seigneur Jésus-Christ.

Il en est ainsi de l’évangile qui est proposé à notre méditation : il est encadré par l’évocation des deux pâques. Au début, il est question de la Pâque juive, qui célèbre la libération du peuple d’Israël de l’Égypte. La fin de l’évangile parle du sanctuaire du corps du Christ, et de sa résurrection des morts. À travers cette nouvelle Pâque vécue dans son propre corps, le Christ s’offre pour nous libérer de tout esclavage. Il renouvelle et accomplit l’alliance dont il est fait mémoire dans la première lecture. Quant à la deuxième lecture, Saint Paul nous y rappelle que c’est par sa crucifixion que Jésus se révèle à nous comme puissance et sagesse de Dieu. C’est pourquoi nous ne devons rien chercher d’autre en dehors de ce mystère (je dirai, nous « contenter » du Christ crucifié), quand bien même cela peut paraitre une folie ou un non-sens pour certains. Ainsi donc, à travers toutes ces lectures, nous sommes invités à faire du Christ crucifié notre unique fierté et notre unique gloire.

“C’est pourquoi nous ne devons rien chercher d’autre en dehors de ce mystère (je dirai, nous « contenter » du Christ crucifié), quand bien même cela peut paraitre une folie ou un non-sens pour certains.”

Et comment savoir concrètement que le Christ, mort et ressuscité, est notre unique fierté ? Les gestes de Jésus au Temple, que nous relate l’Évangile d’aujourd’hui, nous répondent. Rappelons d’abord que le commerce qui se faisait au Temple de Jérusalem permettait l’acquisition des bêtes pour le sacrifice rituel. En renversant ce commerce, Jésus interroge la manière de vivre la religion, et, pour nous aujourd’hui, la manière de vivre notre carême : il ne s’agit pas de se limiter à des pratiques extérieures, consistant en l’accomplissant de quelque rituel. Il nous faut nous attacher au sanctuaire même du corps du Christ, devenu l’unique lieu de notre salut. Pour cela, nous devons renoncer à tout ce qui, petit à petit, peut prendre la place de cet attachement exclusif au Christ, mort et ressuscité. Alors que, parfois, nous sommes tentés de chercher ailleurs signes et sagesses, Saint Paul nous invite à ne chercher que le Messie crucifié ; car c’est sur la croix que Jésus nous révèle le vrai nom de Dieu – « Abba, Père ! » –, faisant de nous des fils dans l’Unique Fils.

“Saint Paul nous invite à ne chercher que le Messie crucifié ; car c’est sur la croix que Jésus nous révèle le vrai nom de Dieu – « Abba, Père ! » –, faisant de nous des fils dans l’Unique Fils.”

Ainsi donc, puisque le temps de carême nous prépare à célébrer la gloire du crucifié, nous sommes invités à nous départir de toute idolâtrie et de toute fausse religiosité et divinité. Le livre de l’Exode nous le rappelle : « Je suis le Seigneur, ton Dieu (…), tu n’en auras pas d’autres ! ». Profitons donc de ce temps qui nous reste dans notre marche vers Pâques pour identifier les nombreuses idoles qui peuplent nos vies et nos pratiques religieuses ; toutes ces idoles devant lesquelles, jour après jour, nous nous prosternons, avilissant ainsi notre identité des fils de Dieu. Demandons au Seigneur de nous aider à nous en débarrasser. Qu’il nous donne de trouver dans la Pâque du Christ-Jésus notre unique fierté et notre unique joie.

AMEN

 Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ
Père Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ

Méditation du IIIe dimanche de Carême de l’année liturgique B avec le Père Adrien Lentiampa, SJ

Source: VATICANNEWS, le 6 mars 2021

Baptême du Seigneur : Jean le Baptiste proclame la véritable identité de Jésus de Nazareth

Le Pape baptisant un petit bébé dans la chapelle Sixtine (archives 2019) Le Pape baptisant un petit bébé dans la chapelle Sixtine (archives 2019)   (ANSA)

Baptême du Seigneur : Jean le Baptiste proclame la véritable identité de Jésus de Nazareth

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures de la Solennité du Baptême du Seigneur de l’année liturgique B.

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, l’Église célèbre le Baptême du Seigneur. Cette solennité clôture les célébrations autour de la Nativité. Et, d’une certaine manière, le baptême du Seigneur nous permet de recueillir toute la richesse du mystère de l’incarnation : Dieu s’est fait homme et il se tient parmi nous ; avec l’Emmanuel, Dieu nous associe de manière indéfectible à sa propre vie, et fait de nous ses enfants.

L’Evangile de ce dimanche nous manifeste cela. Jean le Baptiste y proclame la véritable identité de Jésus de Nazareth. Il est celui qui vient avant toute chose ; celui qui mérite tout honneur et toute gloire, au point que nul n’est digne de s’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ; celui qui apporte l’Esprit Saint, l’Esprit qui nous associe à la vie de Dieu.

Et pourtant Jésus, cet Oint de Dieu, choisit de se mettre avec nous sur le rang des pécheurs, pour nous en faire sortir. En effet, le baptême que proposait Jean était un baptême de conversion, de purification. C’est dans ce baptême que Jésus, fils de Dieu, sans péché, demande à être plongé. En s’associant ainsi à la file des gens qui reçoivent ce baptême, Jésus, l’Emmanuel, accepte de prendre place parmi nous, pécheurs, pour que notre purification soit œuvre de son amour. On peut donc dire qu’en recevant le baptême, le Christ accomplit ce geste de conversion et de renouvellement pour nous, annonçant par-là l’offrande de sa vie, source de notre libération et de notre salut. Aussi, saint Paul peut-il dire, comme nous le lisons dans la deuxième lecture de ce jour : « c’est lui, Jésus Christ, qui est venu, par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang ».

Par son baptême, Jésus nous montre aussi comment vivre en enfant de Dieu, de manière à ce que le Père trouve en chacun de nous sa joie, comme c’est le cas avec son Fils unique à qui il dit « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ». En cette solennité du baptême de Jésus, qui rappelle notre propre baptême par lequel nous sommes devenus enfants de Dieu, chacun est invité à se poser la question de savoir si notre Père peut trouver sa joie en lui. Nous sommes invités à nous poser la question de savoir si nous sommes encore attentifs à la voix de l’Esprit Saint qui crie en nous, disant à Dieu : « Abba, Père ! ». Il s’agit, pour chacun, de raviver l’alliance qui nous lie à Dieu, et de chercher le Seigneur. Car, il n’est pas sûr que notre vie est toujours une recherche constante du Seigneur. Le Prophète Isaïe nous invite pourtant à cette démarche : « cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver, dit-il ; invoquez-le tant qu’il est proche ». Il nous faut revenir constamment au Seigneur pour gouter à sa miséricorde. C’est cela qui devrait être le leitmotiv tout au long du temps ordinaire qui s’ouvre avec cette solennité du Baptême de Jésus. « Pourquoi dépenser notre énergie pour ce qui ne nourrit pas ? », nous dit encore le Prophète.

Prions donc le Seigneur pour que cette fête du baptême du Seigneur nous fasse prendre la mesure de notre propre baptême. Que nous soyons, en raison de notre engagement chrétien, des hommes et des femmes en qui l’on peut reconnaitre des fils et de filles bien-aimés de Dieu ; c’est-à-dire en qui le Seigneur peut trouver toute sa joie.

Amen!

 Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ
Père Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ

Méditation de la Solennité du Baptême du Seigneur avec le Père Adrien Lentiampa, SJ

Source: VATICANNEWS, le 9 janvier 2021

Méditation du 33e dimanche ordinaire : « j’ai eu peur ! »

2020.01.04 Bibbia, Vangelo, Parola di Dio

Méditation du 33e dimanche ordinaire : « j’ai eu peur ! »

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures du 33e dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique A.

Chers Frères et Sœurs,

Nous connaissons tous la parabole dite des talents, qui nous raconte comment un maitre de maison distribue à ses serviteurs différentes parts de sa fortune pour que ceux-ci puissent les fructifier. C’est cette parabole qui est proposée à notre méditation en ce dimanche. Quel enseignement pouvons-nous en tirer pour notre vie aujourd’hui ?

Une phrase peut servir de point de départ à notre méditation de cet évangile : « j’ai eu peur ! ». Le serviteur qui a enfui son unique talent a eu peur de son maitre dont il a l’image d’un « homme dur » … Et pourtant l’attitude du maitre à l’égard de ses serviteurs laisse supposer le contraire : il n’hésite pas à leur confier son trésor, sa fortune, en tenant bien compte des capacités de chacun. Nous sommes donc en présence d’un maitre très prévenant, connaissant bien ses serviteurs et prêt à les associer à ses affaires. N’est-ce pas là l’image de Dieu qu’ont tous ceux qui croisent le regard de Jésus venu nous révéler son Père plein d’amour et de miséricorde ? Le serviteur infidèle ne connait décidément pas son maitre ! Recroquevillé et enseveli dans sa peur, il enfouit par le fait même le règne de Dieu sous terre ; il l’enterre et en fait une œuvre stérile.

À chacun de nous de se poser la question de son attitude pour l’avènement du Royaume de Dieu, alors que nous nous préparons à fêter, le dimanche prochain, le Christ-Roi de l’univers. De quel royaume sommes-nous des serviteurs ? Vivons-nous dans la peur devant Dieu ? La peur conduit inévitablement à une stérilité spirituelle ; la peur nous fait enfouir les dons de l’Esprit destinés à nous rendre capables de participer à l’œuvre de Dieu.

Ne confondons donc pas la peur et la crainte de Dieu, dont il est fait l’éloge dans la première lecture. La peur est un instinct de conservation, une réaction face à une menace contre notre vie. La peur nous enferme en nous-mêmes, et nous fait oublier que nous devons nous confier d’abord à la miséricorde divine.

La crainte, quant à elle, est un composant de la foi : elle nait de la prise de conscience de ce qu’est Dieu pour nous : de sa grandeur et de sa miséricorde. C’est l’étonnement, l’émerveillement mêlé d’admiration devant de ce que fait le Seigneur et qui nous donne de répondre par amour à son immense amour. C’est ce qu’ont compris les deux premiers serviteurs qui ont pris le risque de fructifier les dons de leur maitre, puisqu’il leur a manifesté tant de confiance. Là où il y a la confiance, là où il y a crainte de Dieu, il n’y a pas place pour la peur, sachant que le Christ est mort une fois pour toutes pour nous.

Nous comprenons donc pourquoi, dans la première lecture de ce dimanche, la crainte du Seigneur est considérée comme l’unique critère de la femme parfaite, c’est-à-dire le modèle de notre rapport avec Dieu : c’est la crainte du Seigneur qui fait notre vraie valeur devant Dieu, et donne sa vraie saveur à notre vie chrétienne.

Plus la crainte de Dieu diminue, plus la peur des hommes augmente. Si donc, aujourd’hui, notre monde est habité par l’angoisse, fille ainée de la peur, c’est parce qu’on y a évacué la crainte de Dieu. « Heureux qui craint le Seigneur ! », nous dit le psaume de ce jour. Les deux disciples bons et fidèles de la parabole l’ont compris, eux qui ont mis leur bonheur à prendre le risque pour la croissance du Royaume. Demandons, nous aussi, la grâce de la sainte crainte du Seigneur, qui produit une grande liberté intérieure et engage à tout risquer pour que la vie de Dieu resplendisse dans notre monde. AMEN ! 

 Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ
Père Adrien LENTIAMPA SHENGE SJ

Méditation du 33ième dimanche du Temps Ordinaire de l’année liturgique A avec le Père Adrien Lentiampa, SJ

Source: VATICANNEWS, le 14 novembre 2020

Méditation du 17ème dimanche ordinaire : « Faire un choix en faveur du Royaume »

« Le Royaume des cieux » (Vatican News)

Méditation du 17ème dimanche ordinaire : « Faire un choix en faveur du Royaume »

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures du 17ème dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique A.

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, l’Eglise nous propose de méditer sur trois paraboles qui font, toutes, références au « royaume des cieux ». L’expression, « royaume des cieux », revient souvent dans les évangiles : elle indique le contraste entre les valeurs de la vie chrétienne et le royaume de la terre. Elle est une invitation à tendre, en toute chose, vers le Royaume où nous vivrons avec le Père. Nos actes et nos choix de chaque jour doivent avoir comme finalité ultime l’avènement de ce royaume et son accomplissement en nous.

L’Evangile d’aujourd’hui nous donne le motif du choix de ce royaume. La première parabole le présente comme un trésor caché ; la seconde le compare à la perle fine trouvée par un négociant ; et dans la troisième parabole, le royaume des cieux est illustré en terme des poissons de grande valeur. Dans l’un comme dans l’autre cas, il s’agit de faire un choix en faveur de ce royaume, puisqu’on y reconnait une richesse inouïe. La reconnaissance de sa valeur fait que l’on est prêt à tout sacrifier pour l’obtenir. Ainsi, celui qui a trouvé un trésor dans un champs est prêt à tout vendre pour le racheter. Il en est de même du marchand qui trouve une perle de grande valeur ; ou du pêcheur qui sait choisir les bons poissons et déverser le reste dans la mer.

A nous, aujourd’hui, de nous poser la question sur notre adhésion à ce royaume ; sur notre adhésion au Christ. Si nous reconnaissons vraiment en lui le véritable trésor, ce qui donne son véritable sens à nos vies, nous le préférerons à tout et serons prêts à tout pour être attaché à lui. Le psaume qui accompagne les lectures de ce dimanche dit justement : « Ma part d’héritage, c’est toi ! (…). J’ai pour consolation ton amour ! ». C’est aussi ce que Salamon a compris, lorsqu’il ne demande au Seigneur, non pas une richesse personnelle, mais ce qui lui permettra d’accomplir sa mission en toute fidélité.

Aimer les volontés de Dieu

A noter que, dans toutes les paraboles de ce jour, le choix du royaume est faite dans la joie : on y adhère, non pas par une quelconque contrainte ou fatalité, mais parce que l’on reconnait sa valeur et sa richesse. Notre adhésion au Christ doit être marquée par la joie. Non pas qu’une telle adhésion soit toujours facile et sans peine. Le choix pour le royaume de cieux impliquera parfois sacrifices et contradictions. Mais, parce que nous reconnaissons que dans ce choix se trouve notre bonheur, ces éventuelles difficultés n’entameront en rien notre joie et notre détermination. Le psalmiste dit à ce propos : « j’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux ».

Comme aux scribes, aujourd’hui, Jésus nous lance à nous aussi l’invitation à savoir faire le tri dans notre vie, pour écarter tout ce qui nous éloigne de ce royaume, et promouvoir ce qui fait de nous ses dignes disciples. L’évangile de ce dimanche, à travers les diverses paraboles, nous invite à un esprit de discernement pour savoir choisir ce qui nous rapproche, jour après jour, du Christ. Demandons donc au Seigneur de nous donner, en ce temps des vacances, de savoir faire le point dans nos vies, pour garder ce qui est bon et nous fait avancer vers son royaume, et rejeter ce qui ne vaut rien et nous y éloigne. AMEN.

Source: Vaticannews, le 25 juillet 2020

Méditation de la solennité de la Sainte Trinité : « Au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit »

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation de la solennité de la Sainte Trinité.

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui l’Église nous donne de contempler le mystère de la Trinité. Cette solennité nous rappelle que toute notre vie chrétienne a sa source et son terme « au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». S’il est vrai que la solennité d’aujourd’hui nous conduit à méditer ce qu’est Dieu en lui-même, il faut bien dire aussi que ce mystère de la Sainte Trinité nous concerne directement, en ce qu’elle nous invite à vivre de la vie même Dieu, en devenant fils et filles du Père, par le Christ notre Seigneur, et en nous laissant conduire, jour après jour, par l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’amour, dont Jésus nous a fait le don sur sa croix glorieuse.

En ce sens, la révélation faite à Moïse sur la montagne du Sinaï, l’objet de la première lecture de ce dimanche, est très parlante. En effet, le Dieu d’Israël se présente à Moïse comme le Seigneur miséricordieux. Le vrai nom de Dieu, l’unique visage qui lui convient, est donc la miséricorde et la tendresse. C’est certainement parce qu’il a bien saisi cela que Moïse peut demander au Seigneur de marcher au milieu du peuple dont il avait reçu mission de conduire à la terre promise : bien qu’il soit conscient que ce peuple a la nuque raide, il sait aussi que le Seigneur, étant un Dieu d’amour et de miséricorde, saura lui pardonner et faire de lui son héritage.

Et si Moïse a fait cette demande uniquement pour le peuple d’Israël, l’Évangile de ce jour nous révèle que cette requête se réalise et s’accomplit pleinement pour nous en Jésus Christ. En effet, c’est en Jésus que Dieu se fait vraiment l’un de nous pour marcher au milieu de nous. Voilà pourquoi je disais tout à l’heure que ce mystère de la Trinité nous concerne directement : en Jésus, Dieu manifeste son amour débordant pour chacun nous, au point de faire de nous ses fils et ses filles bien-aimés. En naissant parmi nous, en devenant l’un de nous, mourant sur la croix pour nous, Jésus nous associe de manière définitive à sa propre vie, qui est la vie même de Dieu. C’est cela le sens de ce beau verset de l’Évangile de ce jour : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle ». Nous avons donc en nous la vie éternelle, dès maintenant, si nous acceptons d’être frères et sœurs de Jésus.

Mais que veut dire avoir en nous la vie éternelle dès maintenant ? La réponse nous est donnée dans la deuxième lecture de ce jour : c’est être dans la joie, vivre dans la perfection de l’amour et dans la paix… En un mot, il s’agit, pour chacun de nous, d’avoir les mêmes attitudes que celles qui se vivent au sein de la Trinité Sainte : l’accord parfait et l’amour mutuel.

Nous l’avons donc compris, chers Frères et Sœurs : fêter la solennité de la Sainte Trinité, c’est s’engager à vivre de la même manière que la Trinité Sainte ; c’est vouloir vivre, dès maintenant, la vie même de Dieu. Aurions-nous le courage d’inviter le Seigneur à marcher au cœur de nos vies, comme l’a fait Moïse sur la montagne du Sinaï ? À chacun d’y répondre. Mais sachons que c’est là la condition pour que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de son Père, et la communion de leur Esprit demeurent toujours avec nous !

AMEN

Source: Vaticannews, le 7 juin 2020

https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-06/meditation-de-la-solennite-de-la-sainte.html

Méditation du 2ième dimanche de Pâques : Dimanche de la Miséricorde

2020.04.17 Divina Misericordia S. Spirito in Sassia

Méditation du 2ième dimanche de Pâques : Dimanche de la Miséricorde 

Le Père jésuite Adrien Lentiampa nous introduit à la méditation avec les lectures du deuxième dimanche de Pâques

Chers Frères et Sœurs,


En ce deuxième dimanche de Pâques, nous lisons le récit des apparitions qui conduisent à la profession de foi de l’apôtre Thomas. Ce récit nous fait voir, d’une certaine manière, le chemin à parcourir dans notre foi au Christ-Ressuscité, pour trouver en lui notre Paix et notre Joie.
En effet, l’Evangile de ce jour met en évidence le parcours de foi de l’Apôtre Thomas, le Didyme, le jumeau. S’il est jumeau, cela veut dire qu’il y a un autre derrière son personnage, quelqu’un avec qui il a partagé le cordon ombilical. Ce jumeau de Thomas, de qui le récit garde silence, n’est autre que chacun de nous.
La particularité de notre jumeau, Thomas, dans ce récit, c’est d’avoir besoin du temps pour réaliser et vivre de la Résurrection du Christ. Il lui faudrait pratiquement une octave, huit jours après la nuit de la Résurrection, pour reconnaitre son Seigneur et son Dieu. C’est que les événements de la passion de Jésus l’ont tellement bouleversé, que sa foi est mise à dure épreuve ; la mort de son Maître lui a fait perdre tout repère. Et, c’est qui est admirable, c’est le fait que le Ressuscité se met à son niveau et se soumet à ses exigences : il l’invite à mettre son doigt dans la marque laissée par les clous de sa passion, et de placer sa main dans son côté transpercé. Thomas voulait une preuve que le Ressuscité est bien celui qui avait souffert la passion. Et celui-ci le laisse expérimenter cela. N’oublions pas que si Jésus a les mains trouées par les clous, s’il a le côté transpercé par l’épée, c’est parce qu’il a accepté de mourir pour les siens par amour : « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1).
En ce deuxième dimanche de Pâques, Pâques si particulière cette année où beaucoup n’ont pu participer aux célébrations liturgiques, l’évangile nous invite à faire le pas et à reconnaitre le Christ Ressuscité au cœur de ce monde si fortement désemparé. Nous savons que le Christ souffre ce moment avec nous. Nous savons aussi que, quel qu’en soit l’issu, le Christ en est vainqueur, et nous avec lui. Comme à Thomas, nous sommes invités à nous réfugier dans son côté transpercé, et à trouver notre force dans ses mains percées par les clous de la croix, pour annoncer au monde son espérance.
Plus que jamais, nous sommes invités à prendre conscience de notre mission de chrétien : délier le monde de son obscurité et de son péché ; plus que jamais, entendons le Seigneur nous dire : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ! ». Si donc le Christ Ressuscité souffle sur nous et nous donne son Esprit, c’est pour que nous témoignions de la transformation qu’apporte la résurrection du Seigneur ; transformation dont témoigne la première communauté des chrétiens ayant fait l’expérience du Ressuscité à laquelle fait allusion la première lecture de ce dimanche. Et une telle transformation se manifestera par la paix du Christ qui doit nous caractériser au cœur de ce temps trouble ; la paix étant le principal don qu’apporte le Christ ressuscité aux siens. Voilà pourquoi, Frères et Sœurs, même en ce temps où le monde est désemparé, nous pouvons, avec notre jumeau, l’Apôtre Thomas, reconnaitre en Jésus et lui dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »


 Méditation dominicale avec le Père Adrien Lentiampas, SJ

Source: Vaticannews le 18 avril 2020