Méditation de la solennité du Christ-Roi: «Que le Seigneur règne sur nos vies»

Méditation de la solennité du Christ-Roi: «Que le Seigneur règne sur nos vies»

Le père jésuite Jean-Paul Savi nous introduit à la méditation, avec les lectures de la solennité du Christ-Roi de l’Univers, le 34e dimanche de l’année liturgique B

Lectures: Dn 7, 13-14      Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5      Ap 1, 5-8       Jn 18, 33b-37

Chers Frères et Sœurs,

Nous célébrons aujourd’hui la fête du Christ-Roi de l’Univers. Cette fête, qui clôture l’année liturgique, a été instituée par le pape Pie XI en 1925 pour réaffirmer la souveraineté du Christ dans un monde marqué par la montée des idéologies athées et des mouvements de sécularisation. Mais cette fête est-elle encore pertinente aujourd’hui ?

En effet, en jetant un regard sur notre monde marqué par ses maux et la loi de la jungle, en voyant l’état de nos relations très souvent marquées par l’égoïsme et les mésententes, en méditant sur notre propre vie chrétienne, la fête d’aujourd’hui nous interpelle et nous invite à un examen de conscience: qu’est-ce qui a de l’emprise sur ma vie? Quel esprit règne sur moi, mes amitiés, ma famille, notre monde?

Dans la première lecture, Daniel s’adresse au peuple d’Israël qui traversait un moment douloureux d’occupation et de persécution. Au cœur de cette situation désespérée, Daniel vient encourager le peuple à tenir bon et à garder l’espérance. Il cherchait à leur dire: aujourd’hui vous êtes écrasés, mais votre libération approche et elle sera définitive. Cette vision de Daniel s’adresse aussi à nous aujourd’hui pour nous encourager et nous fortifier. Malgré nos situations douloureuses, malgré nos épreuves, ne nous laissons pas envahir par l’esprit du mal qui ne produit que peur, tristesse, haine, colère, violence, division, etc. Daniel nous invite plutôt à la sérénité, car le règne qui vient, est un règne de paix et de joie dont la domination sera éternelle.

Dans le même sens, saint Jean, s’adressant à des chrétiens persécutés et mis à mort, annonce le triomphe de la paix et de l’amour. Au cœur de la persécution, le message de l’Apocalypse a pour but d’encourager et de fortifier en présentant le Christ glorifié qui a triomphé sur les puissances du mal. Mais comment garder la foi en ce Christ malgré nos traversées du désert? Au cœur de nos situations difficiles, comment continuer à croire en un lendemain meilleur alors que nous n’arrivons même pas à percevoir une lueur d’espoir? En ce jour, nous sommes invités à fixer nos regards sur le Christ-Roi.

En cette solennité du Christ-Roi, l’évangile soumis à notre méditation peut nous surprendre. Alors que nous célébrons le Christ-Roi de l’Univers, l’évangile nous présente Jésus qui comparait devant Pilate. Le procès tourne autour de la royauté de Jésus. Et on a l’impression d’assister à un dialogue de sourds. Jésus qui s’est toujours dérobé chaque fois qu’on a voulu le prendre pour roi, devant Pilate où il n’en avait pas l’air, affirme: «tu le dis, je suis roi». Comment Jésus, tel qu’il apparaît dans le Prétoire, pouvait-il être roi? Pilate n’en croit pas. En effet, Jésus n’est pas roi à la manière du monde. Comme il le disait à ses disciples: «le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mc 10, 42-45).

La royauté du Christ est donc une royauté de service et d’abnégation. C’est un règne de paix et d’amour. En ce jour de fête, nous sommes appelés à devenir artisans de ce royaume pour un monde plus pacifié, pour des relations plus amicales et plus réconciliées, pour une vie plus joyeuse. Honorer le Christ-Roi, ce n’est pas le louer des lèvres. Honorer le Christ-Roi, c’est plutôt écouter sa voix et conformer notre vie à la sienne, car quiconque appartient à la vérité écoute sa voix.

En ce jour du Seigneur, demandons que le Christ règne toujours sur notre vie, sur nos pensées et sur notre monde. Amen!


Père Jean-Paul SAVI, S.J.

Source : VATICANNEWS, le 23 novembre 2024

Méditation Christ-Roi de l’Univers B: « Une royauté de service et d’abnégation »

Cristo Re dell'universo, Gesu Cristo

Méditation Christ-Roi de l’Univers B: « Une royauté de service et d’abnégation »

Le père Jésuite Jean-Paul Savi nous propose une méditation avec les lectures de la solennité du Christ-Roi de l’Univers de l’année B.

Chers frères et sœurs,

Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Christ, Roi de l’Univers. Cette fête, qui clôture l’année liturgique, a été instituée par le pape Pie XI (1925) pour soutenir le combat de l’Église contre les idéologiques politiques et sociales du monde moderne ; et restaurer la souveraineté du Christ sur le monde. En ce jour, la célébration de cette fête nous interpelle aussi : qu’est-ce qui a de l’emprise sur ma vie aujourd’hui ? Qu’est-ce qui règne sur moi, mes amitiés, ma famille, notre monde ? Est-ce le Christ ? ou quelque chose d’autre ?

En cette fête du Christ-Roi, les lectures que nous propose la liturgie peuvent paraître paradoxales. La première lecture décrit une vision. Cette vision s’adressait au peuple d’Israël qui vivait un moment douloureux de son histoire. Le peuple était sous domination étrangère et il était persécuté pour sa foi. Dans cette situation, des questions surgissent : où est-il notre Dieu ? Où retrouver notre paix et notre joie ? C’est au milieu de ce désespoir que survient la vision de Daniel pour encourager et redonner espoir. Daniel parle de la gloire du Fils d’homme dont la royauté et la domination sont éternelles. La vision de Daniel vient aussi à nous aujourd’hui dans nos diverses situations de la vie pour nous encourager et nous fortifier. Le découragement, la détresse, les épreuves de la vie n’auront pas le dernier mot car le règne du Fils d’homme est éternel. Voilà pourquoi dans la deuxième lecture, saint Jean nous apaise : « à vous, la grâce et la paix de la part de Jésus-Christ…le prince des rois de la terre » (Ap 1, 5). Ce grand souhait était adressé à des chrétiens persécutés. C’est bien le souhait que triomphe sur leur vie et sur le monde la grâce, la paix et l’amour du Christ. Car, notre monde est souvent dominé par la loi de la jungle où les puissants font sentir leur pouvoir. Mais la royauté du Christ s’exprime-t-elle de la même manière ?

En cette solennité du Christ-Roi, le texte de l’évangile peut nous surprendre. Jésus est face à Pilate. Le procès tourne autour de la royauté de Jésus. En effet, Jésus s’est toujours dérobé chaque fois qu’on a voulu le prendre comme roi. Mais devant Pilate où il est n’en avait plus l’air, il affirme : « tu le dis, je suis roi ». Comment Jésus, tel qu’il apparaît dans le Prétoire, peut-il être roi ? Pilate n’en croit pas. Mais en fait, Jésus n’est pas roi à la manière du monde. Car si c’était le cas, ses gardes se seraient battus pour qu’il ne soit pas livré. La royauté du Christ est donc aux antipodes de celle du monde. C’est une royauté de service et d’abnégation. C’est un règne de paix et d’amour. Voilà pourquoi le pape Pie XI dit que le débordement des maux sur l’univers provient de ce que la plupart des hommes et des femmes ont écarté Jésus-Christ et sa loi des habitudes de leur vie individuelle, aussi bien que de leur vie familiale et publique. Une ferme espérance de paix durable entre les peuples ne pourra luire sur le monde que dans la mesure où les individus et les nations accepteront de reconnaître et de proclamer la souveraineté du Christ (Quas Primas, n°1).

Aujourd’hui, nous sommes peut-être nombreux à refuser encore cette royauté du Christ sur notre vie et sur notre monde où règne plutôt le moi, le plus fort, ou les idéologies. Il nous arrive aussi de laisser le découragement, la détresse, la haine, le passé régner sur nous. En cette fête du Christ-Roi, demandons que le Christ règne toujours sur notre vie et sur notre monde.

Amen.

Méditation Christ-Roi avec Père SAVI SJ

Père Atsu Jean-Paul Savi/DR

Source: VATICANNEWS, le 20 novembre 2021

Méditation du dimanche du Corps et du Sang du Christ: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang »

2010.01.15 A Catholic parish in Kerala has sent its “miracle” Host to Rome for further studies as part of a process to declare it as a Eucharistic miracle.

Méditation du dimanche du Corps et du Sang du Christ: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang »

Le Jésuite Père Jean-Paul Savi nous introduit à la méditation avec les lectures de la solennité du Corps et du Sang du Christ, année B

Chers frères et sœurs,

Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Corps et du Sang du Christ. Après la fête de la Pentecôte et de la Sainte Trinité, l’Église nous propose de méditer sur le don précieux que le Christ nous a laissé : le don de l’Eucharistie. La fête d’aujourd’hui nous donne l’occasion de nous arrêter un moment pour réévaluer l’importance de la présence du Christ dans notre vie. Que signifie pour nous communier au Corps et au Sang du Christ ? Quelle est la plus-value que Jésus-Eucharistie apporte à notre vie ?

Dans la première lecture, nous avons le récit de l’alliance que Dieu a conclue avec son peuple à travers le sacrifice du sang versé. Ce qui est important dans ce récit n’est pas le sacrifice en soi. Mais c’est l’alliance que Dieu conclut avec son peuple et la réponse de ce dernier à l’amour de Dieu. En ce dimanche de la Fête-Dieu, ce récit nous interpelle sur nos engagements. Devant le sacrifice suprême de Jésus, comment évaluons-nous notre vie chrétienne ? Quelle est aujourd’hui notre réponse à l’amour que Dieu nous a manifesté dans le don total de Jésus-Christ ? En effet, sans amour, nos prières et nos sacrifices ne sont que peine perdue. La fête d’aujourd’hui nous permet de méditer de nouveau sur la manière dont Jésus fait alliance avec nous et nous manifeste son amour.

La deuxième lecture nous rappelle la grandeur du sacrifice du Christ. C’est le sacrifice de son propre sang. En effet, le sang représente la souffrance, la mort. Il symbolise aussi la vie. Cela signifie qu’à travers sa souffrance et sa mort, Jésus nous donne la vie. Par son sang, Jésus nous purifie de toutes nos infidélités et nous guérit de tout mal. La fête du Corps et du Sang du Christ nous rappelle donc à quel prix nous avons été rachetés. En contemplant Jésus dans l’Eucharistie, nous contemplons la source de notre salut. L’Eucharistie est le sacrement de notre foi. L’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie chrétienne (Vatican II, Lumen gentium, n°11). La fête d’aujourd’hui nous permet de prendre conscience de ce qui nourrit notre vie spirituelle afin de revivre notre expérience de foi avec Dieu.

Et l’évangile de ce dimanche nous situe dans le contexte de cette expérience de foi avec Dieu. Jésus nous offre son Corps à manger et son Sang à boire. Sans la foi, nous ne pouvons pas saisir l’importance de ces paroles.

En ce dimanche, dans un bref moment, prenons le temps de contempler Jésus sur la Croix en essayant d’entendre ses propres paroles : ceci est mon corps, ceci est mon sang. Voyons quel grand amour jaillit de ce sacrifice. Nous sommes invités aujourd’hui à prendre de nouveau conscience du grand amour de Dieu pour nous. Communier au Corps et au Sang du Christ, c’est nous engager à le suivre et à donner aussi notre vie pour les autres.

Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est le sacrement de l’unité. Voyons comment les grains de froment se fondent dans l’hostie pour devenir le pain de la vie. Voyons comment les grappes de raisins se pressent pour produire un même vin. Nous ne pouvons pas recevoir le même Corps et le même Sang du Christ et rester désunis. « La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps de Christ ». (1 Cor 10, 16).

En ce dimanche de la Fête-Dieu, prions les uns pour les autres, afin qu’en communiant au Corps et au Sang du Christ, nous devenions de plus en plus conscients de nos engagements chrétiens et de l’amour que nous devons avoir les uns envers les autres. Il y a un seul pain, et nous sommes tous un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain (1 Cor 10, 17).

Méditation du dimanche du Corpus Christi année B avec le Père Jean-Paul SAVI, SJ

Père Atsu Jean-Paul Savi/DR

Source: VATICANNEWS, le 6 juin 2021

Dimanche de la miséricorde : « La paix soit avec vous »

2018.10.22 Nunzio Apostolico in Tanzania, Mons. Marek Solczynski Messa in Diocesi di Musoma, Tanzania

Dimanche de la miséricorde : « La paix soit avec vous »

Le Père jésuite Jean-Paul Savi nous introduit à la méditation avec les lectures du dimanche de la miséricorde de l’année B.

Chers frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui le dimanche de la miséricorde. Et comme nous le révèlent les Écritures, la miséricorde est caractéristique de l’amour de Dieu. La miséricorde est ce qui explique tout le dessein de salut de Dieu pour notre humanité. Dieu est sensible à nos misères, et à nos souffrances. La miséricorde de Dieu ne se traduit donc pas par l’amour d’un instant comme cela apparaît souvent dans nos relations humaines. C’est plutôt un amour qui nous est toujours donné malgré nos égarements. Comme le dit le pape François, « la miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre » (Misericordiae Vultus, n°2). Et c’est ce que Jésus a fait dès le jour de sa résurrection.

“L’expérience des disciples après la mort de Jésus peut être aussi la nôtre aujourd’hui.”

La première phrase de l’évangile de ce dimanche est très significative : « c’était après la mort de Jésus ». Cette phrase nous situe dans les péripéties de la vie. Nous pouvons prendre le temps de méditer sur cette phrase. Quelle est la situation de ma vie aujourd’hui ? Nous savons ce que peut représenter pour nous la mort d’un proche, la souffrance, la déception, la misère, le remord, la maladie. Nous connaissons peut-être la douleur d’un cœur meurtri. L’expérience des disciples après la mort de Jésus peut être aussi la nôtre aujourd’hui. Souvent face à des difficultés, nous nous renfermons sur nous-mêmes.

En ce dimanche de la miséricorde, le Christ ressuscité vient nous rejoindre dans nos enfermements pour nous offrir sa paix : « La paix soit avec vous ». Prenons le temps de laisser cette parole de Jésus résonner dans notre cœur et ne soyons pas incrédule. Jésus nous offre réellement sa paix et nous appelle à faire l’expérience de la Résurrection. Car, une réelle expérience avec le Christ ressuscité produit la paix, la joie, la réconciliation, le courage. Cependant, faire l’expérience du Ressuscité, ne veut pas dire que nous n’avons plus de problème. Faire une réelle expérience de la Résurrection, c’est plutôt avoir, grâce au don de l’Esprit Saint, un nouveau regard sur notre vie, sur nos difficultés, et même sur nos frères et sœurs. C’est relire avec les yeux de la foi notre histoire que nous voyons souvent comme une vallée de larmes.

“C’est relire avec les yeux de la foi notre histoire que nous voyons souvent comme une vallée de larmes.”

Aujourd’hui encore, Jésus répand sur nous son Esprit, nous appelant à nous libérer mutuellement en pardonnant les uns aux autres. Par le don de l’Esprit Saint, nous sommes désormais des messagers de la miséricorde divine. Faire une véritable expérience du Christ ressuscité, c’est rivaliser d’amour les uns envers les autres et devenir ses vrais disciples, comme il nous le dit lui-même : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35).

“L’amour de Dieu et du prochain n’est-il pas le commandement par excellence ?”

Chers frères et sœurs, nous avons encore aujourd’hui un témoignage à donner au monde. Et la première communauté chrétienne nous donne un bel exemple : « la multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun » (Ac 4, 32). L’amour, l’unité, le partage, la réconciliation caractérisaient la première communauté chrétienne. Et dans la deuxième lecture, saint Jean nous dit que lorsque nous aimons Dieu, nous accomplissons ses commandements (1Jn 5, 2). L’amour de Dieu et du prochain n’est-il pas le commandement par excellence ?

En ce dimanche de la miséricorde, laissons nos cœurs se remplir de l’amour et de la miséricorde de Dieu afin que nous puissions offrir à nos frères et sœurs la paix de Dieu.

Seigneur Jésus, toi qui es Lumière, toi qui es Paix, toi qui es Amour, mets en nos ténèbres ton esprit d’Amour, Amen !

Méditation du dimanche de la miséricorde de l’année liturgique B avec le Père Jean-Paul Savi, SJ

Père Atsu Jean-Paul Savi/DR

Source: VATICANNEWS, le 10 avril 2021