14.08.2022 – Méditation du 20ème dimanche du Temps Ordinaire C: «Jésus nous conduit à la Vie nouvelle»

Méditation du 20ème dimanche du Temps Ordinaire C: «Jésus nous conduit à la Vie nouvelle»

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du 20ème dimanche du Temps Ordinaire.

Lectures : Jr 38,4-6.8-10      Ps 39        He 12,1-4       Lc 12,49-53

Les textes lus ce dimanche rappellent combien les résistances à accueillir la Parole de Dieu peuvent être fortes. Elles peuvent être fortes dans le monde, dans nos familles et communautés, et en nous-mêmes.

Le prophète Jérémie avait profondément déplu aux va-t’en-guerre de Jérusalem lorsqu’il avait déclaré : « Ainsi parle le Seigneur : Cette ville sera bel et bien livrée aux mains de l’armée du roi de Babylone, qui la prendra. » Jérémie était regardé comme un prophète de malheur, un homme qui invitait ses concitoyens à la reddition devant une armée étrangère … un homme qui annonçait la défaite à un peuple qui s’éloignait du Seigneur. Il fut donc jeté dans une citerne, où la mort l’attendait. Seule une intervention royale le sauva de ce destin.

La lecture du livre des Hébreux entendue aujourd’hui nous rappelle que nous sommes précédés par une multitude de témoins qui ont résisté jusqu’au sang dans leur lutte contre le péché. Dans cette lutte, ils suivent le chemin tracé par Jésus, de la passion à la résurrection.

Enfin, dans l’extrait de l’Evangile de Luc proclamé ce dimanche, nous entendons Jésus dire à ses disciples qu’il est venu apporter un feu sur la terre, qu’il est venu passer par un baptême radical (ce baptême qui se traduira par l’expérience de la passion et de la résurrection). L’itinéraire de Jésus provoquera des divisions, au sein d’une même famille, entre ceux qui accueilleront la vie en Jésus et ceux qui la refuseront.

Ces différentes lectures ne font pas dans la demi-mesure. Elles nous disent la réalité du combat spirituel qui se déroule effectivement dans le monde, dans nos familles et communautés, et en nous-mêmes. Comment vivre ce combat spirituel ? Nous devons faire silence et apprendre à lire les différents mouvements qui agitent nos cœurs : ceux qui nous portent à une joie excitante et éphémère, ceux qui nous laissent perplexes, ceux qui nous conduisent à des décisions radicales et mûrement posées, ceux qui sont accompagnés d’un calme profond et d’une paix intérieure. En fait, ils sont nombreux les mouvements intérieurs qui se donnent rendez-vous dans le quotidien de nos existences, mais il nous faut faire l’effort de nous arrêter de courir à droite à gauche pour les repérer et en découvrir le sens. Nous reconnaîtrons alors que par certains côtés nous sommes attirés vers quelque chose que nous ne parvenons pas à nommer d’un autre mot que « la Vie » et que par d’autres côtés cet appel vers la « Vie » se heurte à tant d’habitudes, de préjugés, de traits de caractère hérités de la culture de nos peuples, de nos milieux d’origine et des choix mal avisés que nous-mêmes avons pu poser à un moment ou à un autre de notre parcours. Nous pourrons reconnaîtrons que « cette Vie » n’est pas une idée, mais qu’elle a un visage : celui de Jésus-Christ. Vivre le combat spirituel, c’est entrer dans une expérience de conversion qui nous fait choisir cette « Vie » (avec un grand V) que nous découvrons, quand bien même cela pourra nous mettre en difficulté avec notre entourage et nous inscrire en porte-à-faux avec l’air du temps.

Nous pouvons regarder comment Jésus, dans les Evangiles, a vécu ce combat spirituel : comment il a appelé ses contemporains à découvrir la miséricorde, comment il a réinséré dans la société ceux qui en étaient exclus, comment il s’est libéré de tout préjugé à l’égard des étrangers, comment il s’est donné lui-même radicalement, comment il s’est tenu dans une écoute permanente de Celui qu’il appelait son Père et qu’il désignait à ses disciples comme leur Père. Le combat spirituel n’est pas une lutte entreprise par quelque super-héros volontariste. Il est la voie empruntée par Jésus pour conduire ses contemporains, quels qu’ils soient, vers une « Vie nouvelle ».

Puissions-nous, nous-mêmes, suivre Jésus sur cette voie.

Père Antoine Kerhuel

Source: VATICANNEWS, le 13 août 2022

Méditation XIe dimanche Ordinaire B : L’espérance et la joie !

candele, chiesa

Méditation XIe dimanche Ordinaire B : L’espérance et la joie !

Le Père Jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du XIe dimanche Ordinaire B

Dans les textes lus ce dimanche résonne une forte invitation à la patience, à l’espérance et à la joie.

La patience tout d’abord. Il en faut du temps pour qu’un jeune cèdre prenne racine, grandisse et se transforme en un arbre magnifique ! Il en faut du temps pour qu’une semence jetée en terre germe, lève et donne naissance à un épi qui, peu à peu, blondira jusqu’à la moisson ! Il en faut du temps pour que d’une toute petite graine de moutarde émerge une plante qui deviendra la plus grande de toutes les plantes potagères ! Ces images bibliques nous aident à comprendre, et à accepter, que notre vie est – elle aussi – prise dans un lent processus de maturation. Il est vain et futile de vouloir tout, et tout de suite. Autrement dit, il est vain et futile de rechercher des raccourcis pour éviter l’épreuve de grandir en humanité. Toute maturation passe, en effet, par des épreuves : l’arbre qui grandit au fil des ans doit traverser les nombreux hivers et les multiples dangers qui menacent parfois jusqu’à sa propre vie ; la semence qui germe doit, elle, accepter de mourir pour donner naissance aux épis dont les grains seront ensuite récoltés. La Bible nous rappelle que l’action de Dieu dans le monde et dans notre vie s’inscrit dans l’amplitude du temps long, dans la longue durée.

L’espérance ensuite. Cette longue durée ne se déploie pas dans ce qui serait la monotonie des jours qui passent. Cette longue durée est nécessaire à la production de véritables fruits qu’il convient de reconnaître lorsqu’ils apparaissent et qu’il convient de savoir cueillir « en leur temps ». L’apôtre Paul écrit, dans la lettre aux Corinthiens que nous entendons ce dimanche : « nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur, tant que nous demeurons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision ». La route peut nous sembler épuisante, et il nous tarde d’arriver au but. Qui d’entre nous ne ressent pas les épreuves de la vie quotidienne ? Et pourtant, c’est bien là – à travers les vicissitudes mais aussi les bonheurs de l’ordinaire – que se construit notre humanité. Les yeux de la foi nous font découvrir le relief de ce que nous qualifions d’ordinaire : nous voyons alors les désolations et consolations qui traversent nos journées, nous repérons le passage de Dieu dans nos vies et la manière dont nous répondons à sa présence. Oui, nous espérons cette présence de Dieu dans nos vies alors même que parfois nous ne nous donnons pas les moyens de la découvrir. Quels sont ces moyens ? faire silence, relire le temps qui passe, être attentifs à Celui qui, au plus intime de nos journées, travaille nos vies.

Ce chemin conduit à la joie. Dans les textes lus ce dimanche, cette joie prend la forme de l’épanouissement d’un cèdre magnifique où les oiseaux du ciel trouvent un abri, de la rencontre de tel ou tel homme juste qui grandit comme un palmier, de l’émerveillement devant l’épi prêt à être moissonné ou devant l’arrivée à maturité d’une plante potagère dont l’ombre généreuse accueille des animaux en quête d’un abri sûr. Le message biblique nous appelle à cette vie pleine de joie, et nous conduit jusqu’à cette joie qui ne trompe pas, car elle est accueil généreux du Dieu créateur.

Nous pouvons en être assurés. Comme disciples de Jésus, nous sommes engagés sur ce chemin. Nous ne cherchons pas à être des personnes édifiantes par elles-mêmes ; nous cherchons à être des personnes qui, marchant à la suite de Jésus, montrent le patient chemin de la joyeuse espérance qui nous est donnée en Jésus. Déjà aujourd’hui, dans notre quotidien … et malgré les épreuves.

Méditation du 11e dimanche du Temps Ordinaire de l’année liturgique B avec le Père Antoine Kerhuel SJ

Conseil | The Society of Jesus

Source: VATICANNEWS, le 9 juin 2021

Méditation du troisième dimanche de Pâques : « Pâques est le lieu où s’accomplissent les Ecritures »

2018.12.05 Bibbia con candela

Méditation du troisième dimanche de Pâques : « Pâques est le lieu où s’accomplissent les Ecritures »

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du troisième dimanche de Pâques de l’année B.

Les textes lus en ce troisième dimanche de Pâques attirent notre attention sur deux aspects du temps liturgique que nous vivons. D’un côté, nous entendons proclamer la bouleversante nouveauté de Pâques. Pierre rappelle solennellement aux hommes d’Israël que Dieu a ressuscité des morts le Prince de la Vie, et Jean invite à l’espérance : « si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ le Juste ». D’un autre côté, il nous est rappelé que cette nouveauté s’inscrit dans l’histoire d’Israël : l’inouï de Pâques plonge donc ses racines dans l’Alliance que Dieu a scellée avec son peuple. Loin d’être un événement qui ferait irruption, avec la soudaineté d’un éclair, dans l’histoire de Dieu avec son peuple, Pâques est comme en germe dans les Ecritures. Pâques est le lieu où s’accomplissent les Ecritures.

“Loin d’être un événement qui ferait irruption, avec la soudaineté d’un éclair, dans l’histoire de Dieu avec son peuple, Pâques est comme en germe dans les Ecritures.”

Revenons sur ces deux aspects. La nouveauté radicale que nous vivons en ce temps pascal est celle de la résurrection, de la victoire de la vie sur la mort, de la découverte du chemin tracé par Jésus pour tous les êtres humains. Cette nouveauté est un événement, bien situé dans l’histoire. Dans l’extrait de l’évangile de Luc que nous entendons aujourd’hui, Jésus se rend présent aux disciples et, devant leurs doutes (car ceux-ci croient voir un esprit), il leur dit : « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai », et puis : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? ». Ce passage met en scène l’étonnement des disciples, voire leur stupeur, devant la résurrection. Les disciples sont profondément troublés devant ce Jésus qu’ils ont bien connu mais qu’ils placent désormais dans l’univers de la mort car ils savent que ce Jésus qu’ils ont bien connu a été soumis au supplice de la croix. Comment ce même Jésus peut-il être devant leurs yeux ? De nombreux passages de l’Evangile insistent sur les difficultés des disciples à reconnaître que Jésus a passé la mort. Les disciples sont pris entre leur joie de croire et les souvenirs qu’ils gardent d’une effroyable désillusion. Il leur faut du temps pour accepter le Ressuscité.

“De nombreux passages de l’Evangile insistent sur les difficultés des disciples à reconnaître que Jésus a passé la mort.”

 En fait, ils ne pouvaient accepter le Ressuscité que si leurs yeux s’ouvraient à l’intelligence des Ecritures. Sans doute étaient-ils pétris d’une tradition qui leur faisait espérer un Messie couvert de gloire et d’honneur, apte à redonner à Israël sa place parmi les nations – c’est-à-dire une place prestigieuse de peuple témoin de l’Alliance scellée avec Moïse. L’arrestation de Jésus, son rejet par les autorités religieuses et politiques de son peuple, sa livraison au pouvoir occupant païen, sa condamnation à mort et son supplice sur la croix … tout cela ne correspondait en rien à l’image qu’ils se faisaient du Messie annoncé. Pourtant, les Ecritures avaient dû les mettre sur la piste du serviteur humble et souffrant, à l’image du Dieu patient et miséricordieux qui n’a jamais cessé de relever son peuple infidèle, de tirer son peuple hors des chemins de mort qu’il s’obstinait à emprunter. Par sa mort en croix et sa résurrection, Jésus accomplissait les Ecritures … on pourrait dire qu’il manifestait, en les parachevant, les enseignements que Dieu avait donnés au peuple de l’Alliance. Nous pouvons le dire aujourd’hui : Jésus porte à sa plénitude la tradition qui préparait le peuple de l’Alliance à l’incroyable nouveauté de la vie reçue de Dieu.

“Nous pouvons le dire aujourd’hui : Jésus porte à sa plénitude la tradition qui préparait le peuple de l’Alliance à l’incroyable nouveauté de la vie reçue de Dieu.”

En ce sens, Pâques est le lieu d’une profonde conversion : conversion à la manière de faire de Dieu, conversion à la forme de vie inaugurée par Jésus et que l’Eglise, corps du Christ, ne cesse d’apprendre au fil des siècles, malgré les cahots de son histoire. Aujourd’hui, demandons au Seigneur qu’il nous aide à entrer dans cette vie nouvelle dont l’Eglise – c’est-à-dire nous tous – sommes appelés à témoigner.

Méditation du troisième dimanche de Pâques avec le Père jésuite Antoine Kerhuel

Conseil | The Society of Jesus

Source: VATICANNEWS, le 14 avril 2021

Méditation du Ier dimanche de Carême : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous»

2020.05.12 speranza, croce, mani

Méditation du Ier dimanche de Carême : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous»

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du premier dimanche de Carême de l’année liturgique B.

En ce premier dimanche de Carême, nous entendons l’apôtre Pierre affirmer : «le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ, lui qui est à la droite de Dieu,
après s’en être allé au ciel, lui à qui sont soumis les anges, ainsi que les Souverainetés et les Puissances ».

Il est important d’accueillir ces paroles alors que nous entrons dans ce temps de préparation au mystère de Pâques qu’est le Carême. Le baptisé n’a pas acquis un statut édifiant comme serait celui concédé à un être regardé comme « pur » ou « parfait ». Engagé envers Dieu avec une conscience droite, le baptisé devient comme un pèlerin qui marche sur une route déjà empruntée par quelqu’un d’autre avant lui : Jésus Christ qui, par sa passion et sa résurrection, est chemin vers la vie. Le Carême nous permet d’examiner où nous en sommes sur cette route … sans doute trouverons-nous des moments où négligences, erreurs voire même trahisons nous ont conduit à l’égarement. Puissions-nous profiter de ce temps pour accueillir la miséricorde de Dieu, toujours offerte dans notre itinéraire de baptisé.

Puissions-nous profiter de ce temps pour accueillir la miséricorde de Dieu, toujours offerte dans notre itinéraire de baptisé.

Pour mener à bien cet exercice, nous avons besoin d’une boussole … et celle-ci nous est donnée, en ce jour, par le mot « alliance ». La première lecture de ce dimanche évoque ce qui ressemble bien à une seconde création. Après le déluge qui a plongé sous les eaux la terre et tous les êtres vivants qui y habitaient (à l’exception de quelques-uns d’entre eux), Dieu – selon le livre de la Genèse – s’adresse ainsi à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche. Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre ». Pour Dieu, le déluge n’est donc pas la fin de l’histoire, mais l’occasion d’établir une alliance avec tous les êtres vivants. Dans la Bible – ne l’oublions jamais, même lorsque nous traversons de lourdes épreuves personnelles ou collectives – le mot « alliance » est central. Celui qui est la source de la vie ne laisse pas la mort dominer sa création. Il fait alliance avec nous, et cette alliance est comme une boussole sur notre route.

Il fait alliance avec nous, et cette alliance est comme une boussole sur notre route.

Dans l’évangile de Marc lu ce dimanche, il nous est dit que, après son baptême, Jésus se trouve poussé au désert par l’Esprit et que, là, il y est tenté pendant quarante jours. Marc ne détaille pas les tentations comme le font les évangélistes Matthieu ou Luc ; il suggère plutôt l’intensité de la lutte menée par Jésus contre l’accusateur Satan. Jésus sort de ce combat avec la mission de proclamer une heureuse nouvelle, la Bonne Nouvelle : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». L’alliance dont il était question dès le récit de la Genèse prend la forme d’une personne : Jésus qui, par ses paroles et par ses actions, conduit l’humanité vers la vie. Nous pourrions dire que, comme baptisés, notre boussole a un visage : celui de Jésus.

Nous pourrions dire que, comme baptisés, notre boussole a un visage : celui de Jésus.

Puissions-nous, durant ce Carême, nous ouvrir à la façon dont Jésus nous guide sur un chemin de profonde alliance avec Dieu. En marchant derrière lui jusqu’à l’expérience de Pâques, nous nous engageons sur une route qui, à travers la passion et la résurrection, conduit à la vraie vie. Nous découvrirons ainsi que Jésus, mort et ressuscité pour nous, est la figure de l’alliance que Dieu scelle avec chacun d’entre nous et avec l’humanité entière.

Méditation du Ier dimanche de Carême de l’année liturgique B avec le Père Antoine Kerhuel, SJ

Conseil | The Society of Jesus

Source: VATICANNEWS, le 16 février 2021

La Sainte Famille : comment ne penserions-nous pas, en ce jour, à nos propres familles ?

Santa Famiglia, Branik

La Sainte Famille : comment ne penserions-nous pas en ce jour à nos propres familles ?

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures du dimanche de la Sainte Famille de l’année liturgique B.

Aujourd’hui nous célébrons la Sainte Famille, c’est à dire la famille constituée autour de Jésus, avec Marie et Joseph. Comment ne penserions-nous pas, en ce jour, à nos propres familles … avec leurs joies et leurs tensions, leurs désillusions et leurs espoirs, leurs épreuves et leurs réussites … bref avec tout ce qui fait leur quotidien ? Souffrances et témoignages d’amour s’entrecroisent dans nos vies familiales, et de manière bien spéciale en cette année 2020 où une crise sanitaire mondiale est venue amplifier la gravité des défis que rencontrent nos sociétés.

La famille de Jésus était, elle aussi, plongée dans un moment difficile de l’histoire. Le peuple d’Israël était en grande souffrance, et il attendait un Messie porteur de salut. C’est précisément ce Messie qui, en Jésus enfant, est présenté au Temple, comme le raconte l’extrait de l’Evangile de Luc proclamé ce dimanche. Joseph et Marie se rendent au Temple avec l’enfant Jésus pour présenter en sacrifice, selon la Loi, un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Là, ils rencontrent un vieillard, Syméon, qui attendait depuis longtemps l’arrivée du Messie promis. Syméon reconnaît en Jésus celui qui apporte le salut. Cependant, il ajoute que cette mission n’ira pas sans peines ni souffrances pour Jésus lui-même et pour sa mère. Les résistances que Jésus rencontrera aboutiront, nous le savons, à l’expérience de Pâques où passion et résurrection sont étroitement mêlées. Les parents de Jésus sont certainement troublés par ces étonnantes paroles de Syméon, mais ils les accueillent et rentrent chez eux pour éduquer leur enfant jusqu’à ce que, vers trente ans, celui-ci entre dans la phase publique de sa mission. Trente années … c’est long ! Nous ignorons les détails de la vie de Jésus durant ces trente années, mais nous savons que cette période a été rythmée par le respect des prescriptions de la Loi (la découverte de la Bible, les pèlerinages à Jérusalem, la fréquentation de la synagogue) et l’apprentissage du métier de charpentier. Marie, Joseph et Jésus ont sans doute connu, comme toute famille humaine, un quotidien fait de joies et de tensions, de désillusions et d’espoirs, d’épreuves et de réussites. Leur vie était cependant habitée de la prophétie, pleine d’espérance, entendue lors de la présentation au Temple. Autrement dit, leur quotidien n’était pas écrasé, aplati, avalé, englouti par les événements qui survenaient. De ce fait, la Sainte Famille est pour nous une référence : celle d’une famille modelée par une espérance qui oriente l’ordinaire des jours. Pendant trente ans, Marie, Joseph et Jésus vivent leur quotidien en ayant foi dans l’accomplissement de la prophétie de Syméon qui est Bonne Nouvelle pour Israël et pour le monde. Quels que soient les problèmes rencontrés au fil des jours, leur quotidien avait la saveur de l’espérance.

L’orientation de fond qui vient d’être rappelée nous permet d’entendre les prescriptions morales développées dans les deux autres lectures de ce jour. Le texte de Ben Sirac le Sage invite tout être humain à honorer père et mère, et fait du respect témoigné par chacun à son père la marque d’une existence bénie de Dieu. Dans sa lettre aux Colossiens, saint Paul donne à l’épouse, à l’époux et aux enfants des instructions de comportement fort précises, qui rejoignent les manières de vivre de son temps  … mais il inscrit ces recommandations dans un horizon beaucoup plus large que le contexte de son époque : celui d’une vie familiale où règnent douceur, patience, pardon et amour.

Puissent nos familles croître dans ce climat de douceur, de patience, de pardon et d’amour décrit par saint Paul et se laisser transformer par l’espérance de salut offerte à chacun ! Puissions-nous tous entrer dans l’année 2021 avec cette espérance !

Méditation du dimanche de la Sainte Famille de l’année liturgique B avec le Père Antoine Kerhuel, SJ

Conseil | The Society of Jesus

Source: VATICANNEWS, le 26 décembre 2020

Toussaint : « Nous sommes tous appelés à la sainteté »

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures de la Toussaint Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures de la Toussaint  

Toussaint : « Nous sommes tous appelés à la sainteté »

Le Père jésuite Antoine Kerhuel nous introduit à la méditation avec les lectures de la Toussaint 

Aujourd’hui 1 novembre, nous honorons tous les saints – c’est-à-dire tous les hommes, les femmes et les enfants dont l’Eglise a pu, et su, reconnaître un attachement au Christ si fort que, sans doute possible, ils participent pleinement à la Vie reçue de Dieu. Ces personnes ont été officiellement proclamées saintes, mais nous savons que, au sein de la communauté chrétienne, d’autres personnes – qui demeurent inconnues du grand public – peuvent elles aussi être des modèles pour nous. Nous sommes tous appelés à la sainteté.

Tirée du livre de l’Apocalypse, la première lecture dresse un tableau splendide et solennel de la gloire des élus, issus de toutes les nations, races et langues de la terre. Tirée de la première lettre de saint Jean, la deuxième lecture rappelle, avec une grande sobriété, notre dignité d’enfants de Dieu, tout en précisant que cette dignité sera pleinement accomplie lorsque nous verrons le Fils de Dieu tel qu’il est ; nous serons alors semblables au Fils de Dieu.

Face à des perspectives aussi grandioses, le texte de l’Evangile proclamé aujourd’hui évoque une réalité plus rude, et commune à tous les temps et à tous les lieux : celle des personnes en grande souffrance. L’Evangile des Béatitudes parle des pauvres de cœur, des doux, de ceux qui pleurent, de ceux qui ont faim et soif de la justice, des miséricordieux, des cœurs purs, des artisans de paix, de ceux qui sont persécutés pour la justice, de ceux qui sont insultés, calomniés et persécutés pour leur attachement à Jésus. Tous se trouvent plongés dans les épreuves, et cependant Jésus les déclare bienheureux. Les Béatitudes semblent dévoiler à nos yeux l’itinéraire que les disciples de Jésus sont appelés à suivre … mais comme ce chemin paraît au-delà de nos forces humaines ! Les Béatitudes seraient-elles réservées aux seuls saints ? Lorsque nous fêtons les saints, prétendons-nous qu’ils ont vécu toutes les Béatitudes ? Qui peut prétendre vivre l’ensemble des Béatitudes ? Si nous y pensons bien, nous pouvons reconnaître qu’une seule personne a vécu pleinement chacune des Béatitudes, et cette personne, c’est Jésus lui-même. Lorsque nous entendons proclamer le texte des Béatitudes, sachons reconnaître – comme en filigrane – l’itinéraire suivi par Jésus. Les Béatitudes n’énoncent pas des préceptes moraux. Les Béatitudes n’invitent pas à considérer des souffrances comme des événements heureux ; les souffrances demeurent des maux. Les Béatitudes nous appellent plutôt à suivre la manière de faire de ce Jésus qui, comme un serviteur souffrant, porte à tous la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu qui vient. Nos existences en sont transformées ! Telle est la voie que les saints et bienheureux ont empruntée et qu’ils nous montrent.

En ce jour de la Toussaint, nous célébrons donc tous ceux et celles qui nous ont précédés dans cette aventure à la suite du Christ. Tous ont, d’une manière ou d’une autre, été exemplaires dans la manière dont ils ont accepté que le Christ bouleverse leur existence. Ils se sont laissés prendre par celui qui a enseigné les Béatitudes à ses disciples et qui a lui-même donné chair à ces Béatitudes. Ces saints et bienheureux, ils sont morts … et nous, nous sommes vivants. Ils sont pour nous comme autant de grands frères et de grandes sœurs dont nous pouvons nous sentir proches. Nous pouvons leur demander de prier pour nous le Seigneur qu’ils ont aimé et servi. Comme nous, ils sont pécheurs, mais ils ont su accueillir la miséricorde de Dieu dans leur quotidien, et ils ont accepté que cette expérience renouvelle radicalement leur manière de voir le monde et de s’engager dans leur vie.

En ce jour, réjouissons-nous donc pour les multiples manières dont le Seigneur travaille nos vies, tant celles des saints et saintes à qui nous demandons de prier pour nous que les vies de chacun d’entre nous. Comme les saints, laissons le Seigneur bouleverser nos cœurs !

Méditation de la solennité de Tous les Saints avec le Père Antoine Kerhuel, SJ

Conseil | The Society of Jesus

Source: VATICANNEWS, le 30 octobre 2020