Être missionnaire martyr, un charisme du cœur et de proximité

La ville syrienne kurde de Kobane, aussi appelée Ain al-Arab, au nord du gouvernorat d'Alep, le 25 février 2021. La ville syrienne kurde de Kobane, aussi appelée Ain al-Arab, au nord du gouvernorat d’Alep, le 25 février 2021.   (AFP or licensors)

Être missionnaire martyr, un charisme du cœur et de proximité

Chaque 24 mars, l’Église universelle célèbre une journée de prière et de jeûne pour les missionnaires martyrs dans le monde. Témoignage de la religieuse Carole Shawah, de la Fraternité des Petites Sœurs de Jésus, syrienne d’Alep. 

Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican

Instaurée depuis 1993, jour de l’assassinat de saint Oscar Romero, archevêque de San Salvador tué en 1980 alors qu’il célébrait la messe, la journée de prière pour les missionnaires martyrs vise à mettre en lumière la vocation de ces religieux et religieuses qui tissent la fraternité aux quatre coins du monde, souvent dans des contextes de guerre, violence et pauvreté, inouïs.

En 2020, 20 missionnaires ont été tués in odium fidei, en haine de la foi, selon le rapport annuel de l’agence de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples paru le 30 décembre. Parmi eux, six laïcs, engagés dans la pastorale: un pourcentage qui a considérablement augmenté ces dernières années. À leurs côtés, huit prêtres ont perdu la vie de manière violente, trois religieuses, deux séminaristes, et un religieux.

En termes de répartition géographique de ces martyrs, le continent américain arrive le premier avec huit décès, l’Afrique suit avec sept victimes, l’Asie trois, et l’Europe avec deux prêtres tués, tous deux en Italie. 

Le Pape François rappelle d’ailleurs constamment, depuis le début de son pontificat, combien le martyre est une réalité contemporaine et non pas un épisode antique du passé.

Alors que l’Église célèbre saint Étienne, le premier martyr, nos pensées se tournent vers les nombreux chrétiens qui sont encore aujourd’hui victimes de violence en raison de leur …

«Il est douloureux de se souvenir que, en ce moment, il existe de nombreux chrétiens qui subissent des persécutions en différentes zones du monde et nous devons espérer et prier afin que leurs tribulations cessent aussi vite que possible. Ils sont nombreux: les martyrs d’aujourd’hui sont plus nombreux que ceux des premiers siècles. Nous exprimons à ces frères et sœurs notre proximité: nous sommes un seul corps et ces chrétiens sont les membres ensanglantés du corps du Christ qui est l’Église», affirmait par exemple le Saint-Père au printemps 2020 lors de l’audience générale du 29 avril.

Entretien avec la religieuse syrienne Carole Shawah, Petite Sœur de Jésus d’Alep. Elle témoigne de tout l’apport de la mission pour sa foi, tantôt fébrile, tantôt solide.

Témoignage de sœur Carole Shawah, religieuse syrienne d’Alep

Source: VATICANNEWS, le 25 mars 2021

Pakistan: il y a dix ans, le défenseur des chrétiens Shahbaz Bhatti était assassiné

Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses du Pakistan, assassiné le 2 mars 2011 à Islamabad. Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses du Pakistan, assassiné le 2 mars 2011 à Islamabad.  

Pakistan: il y a dix ans, le défenseur des chrétiens Shahbaz Bhatti, assassiné

Dix ans après l’assassinat du ministre pakistanais des minorités, Shahbaz Bhatti (1968-2011), son frère, Paul Bhatti, revient sur l’héritage de cet ardent défenseur des droits des marginaux et des opprimés, figure de la liberté religieuse dans son pays. Le diocèse d’Islamabad a ouvert la cause en béatification de Shahbaz Bhatti il y a cinq ans. 

Francesca Sabatinelli – Cité du Vatican

Une condamnation à mort marquée par un engagement à défendre la liberté religieuse et sa conviction de devoir modifier la loi anti-blasphème; loi qui avait conduit en 2010 à la peine de mort pour Asia Bibi, dont il avait fermement soutenu la défense.

Clement Shahbaz Bhatti a été tué à l’âge de 42 ans à Islamabad le matin du 2 mars 2011, alors qu’il allait travailler, à son poste de ministre des minorités, seul ministre catholique du gouvernement nommé sous le président Asif Ali Zardari. Au cours de ces années, il a notamment pris de nombreuses mesures pour soutenir les minorités religieuses. Shahbaz Bhatti était également à la tête de la Consultation nationale interconfessionnelle, organisation rassemblant des chefs religieux de toutes les confessions du Pakistan, ayant rédigé une déclaration commune contre le terrorisme.

Un travail infatigable aux côtés des «derniers»

Son action a toujours été inspirée par la bonté envers les marginaux et les opprimés, par une adhésion totale à la lutte pour l’égalité humaine, la justice sociale et la liberté religieuse. Son assassinat a été revendiqué par le groupe Tehrik-i-Taliban Pakistan, le mouvement des Talibans au Pakistan, qui l’a qualifié de blasphémateur de Mahomet.

Cinq ans après sa mort, une cause de béatification a été ouverte en 2016. Paul Bhatti, son frère, ministre de l’harmonie et des minorités de 2011 à 2014, perpétue depuis dix ans le souvenir et les initiatives de Shahbaz, seule issue selon lui au terrorisme et à la violence.  

Entretien avec Paul Bhatti

Paul Bhatti – En ce qui concerne ce qu’il a commencé, en termes de lutte contre l’injustice, on entend encore répéter son message, et toute cette bataille n’est pas seulement pour la protection des chrétiens, mais contre toute injustice envers quiconque, qu’il s’agisse de musulmans, de sikhs, d’hindous, au Pakistan comme dans d’autres pays, où, au nom de la religion ou de l’extrémisme, il y a tant d’injustices.

Toutes les personnes qui veulent défendre la dignité humaine et l’égalité des droits pour tous, comprennent que l’idée de Shahbaz est très importante. Il a commencé comme la voix de la justice, puis cette bataille a éclaté contre l’extrémisme et le terrorisme. Maintenant, il y a la crise sanitaire, mais avant cela, nous avions le terrorisme et le fanatisme partout dans le monde, surtout dans les sociétés les plus pauvres, comme le Pakistan, où les chrétiens étaient marginalisés, ils étaient les opprimés, non intégrés dans la société.

Shabahz a commencé par l’idée d’intégrer les plus pauvres, les plus faibles dans la société, pour rendre leur vie plus digne, pour leur faire comprendre qu’ils avaient eux aussi leurs droits, car beaucoup de gens vivaient tellement opprimés qu’ils croyaient que c’était leur destin. Il a essayé de faire comprendre à ces personnes qu’elles avaient des droits comme tout le monde. Tout cela s’est manifesté au Pakistan avec divers changements et réformes. Deux exemples parmi d’autres: avant son entrée en politique, au Pakistan, il n’était pas prévu que les minorités religieuses puissent être présentes au Sénat, il a fait en sorte, par son combat, qu’elles puissent l’être aujourd’hui. Le deuxième changement important au Pakistan a été l’intégration des personnes les plus faibles, c’est-à-dire la possibilité d’accéder aux concours publics, pour lesquels les musulmans sont normalement sélectionnés, représentant la majorité.

Les marginaux et les opprimés le sont restés, quand il a vu la difficulté pour ces personnes de s’intégrer, précisément parce qu’elles ne pouvaient pas accéder aux concours, il a demandé de fixer un quota de 5% pour les minorités, et aujourd’hui il y a beaucoup de ces personnes dans l’État, les rôles gouvernementaux, y compris des avocats et des juges.

Votre frère Shahbaz, était un homme de grande foi et c’est lui qui, outre la capacité de s’engager pour la défense des droits de l’homme, a surtout été le premier dans le pays à parler de dialogue interreligieux…

P.B – C’est vrai, en fait c’est lui qui a lancé ce message en impliquant le gouvernement pakistanais dans ce qui était la seule façon possible d’intégrer le Pakistan au reste du monde. Avec son ministère (des minorités, ndlr), il avait créé un programme pour promouvoir le dialogue interreligieux, et c’est grâce à cela qu’aujourd’hui de nombreux imams et chefs religieux font partie de cette initiative qu’il a promu.

Immédiatement après sa mort, je suis venu voir le Pape Benoît XVI (le 6 avril 2011 ed.) avec un imam, qui était l’un des plus grands amis de mon frère, une amitié qui continue maintenant avec moi.  Par la suite, de nombreuses organisations sont nées qui ont commencé à promouvoir le dialogue, il y a en tout cas une énorme sensibilité. Cela existait probablement déjà dans d’autres pays, mais au Pakistan, il a été le premier à le faire.

Au Pakistan, la situation présente encore des aspects très difficiles pour les minorités en général, il y a un manque de respect, on ne peut certainement pas parler de liberté religieuse, des conversions forcées ont lieu, vous avez vous-même dénoncé à de nombreuses reprises la mentalité discriminatoire actuelle, le message de votre frère dans le pays aujourd’hui est toujours d’actualité. Y a-t-il quelqu’un qui se souvient encore et qui transmet l’exemple de Shahbaz?

P.B – Oui, il y a beaucoup de musulmans, beaucoup de dirigeants politiques, qui célèbrent seuls l’anniversaire de mon frère. Le fait est qu’aujourd’hui, il y a encore de l’injustice et peu de respect pour les minorités, mais cela est dû au fait qu’au Pakistan, une génération a grandi à qui on a inculqué un message de haine, une génération qui a pris en otage toute la population pakistanaise. Aujourd’hui, le problème n’est pas seulement celui des chrétiens, mais celui de tout le pays. Le Pakistan a beaucoup régressé économiquement, politiquement il est instable, tandis que le développement, en ce qui concerne les différents secteurs du pays, est très lent, et tout cela est dû à ce genre d’idéologie, qui a freiné le progrès. C’est tout le pays qui paie ce prix élevé, pas seulement les chrétiens ou les minorités. Malheureusement, cette mentalité sera difficile à éliminer immédiatement, mais nous y travaillons.

Il importe avant tout d’instaurer un changement dans l’éducation, c’est-à-dire un type d’enseignement, de culture, qui n’inculque pas le message de haine envers d’autres êtres humains, envers ceux d’une autre foi.

C’est un danger non seulement pour le Pakistan ou pour les chrétiens, mais aussi pour le monde entier. Parce que cette vision de la différence comme un ennemi, si elle est inculquée aux enfants, en grandissant, ils développeront à leur tour la haine et la division. C’était le message très fort que Shahbaz avait donné à ce moment-là; c’est un danger que nous devons arrêter.

Source: VATICANNEWS, le 2 mars 2021

Causes des saints : le p. Fornasini, martyr sous l’occupation nazie

Le p. Giovanni Fornasini @ paxchristibologna.it

Le P. Giovanni Fornasini @ Paxchristibologna.it

Causes des saints : le p. Fornasini, martyr sous l’occupation nazie

Connu pour ses œuvres de charité

Le pape François a reconnu le martyre du p. Giovanni Fornasini (1915-1944), prêtre diocésain italien tué « en haine de la foi » sous l’occupation nazie à San Martino di Caprara, le 13 octobre 1944, à l’âge de 29 ans. La reconnaissance de son martyre ouvre la voie à sa béatification sans qu’il y ait besoin d’un miracle ultérieur.

En recevant, le 21 janvier 2021, le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le pape a autorisé ce dicastère à promulguer les huit décrets concernant le martyre et 7 « vertus héroïques » de trois laïcs de France, d’Espagne et d’Italie, d’une religieuse anglaise, d’un séminariste italien et de deux prêtres italiens.

Giovanni Fornasini est né à Pianaccio, près de Bologne, le 23 février 1915, lit-on dans sa courte biographie publiée en italien dans Avvenire ce jeudi 21 janvier 2021. Il entre au séminaire en 1931 et est ordonné diacre en 1941, puis il est envoyé à Sperticano pour aider l’archiprêtre âgé.

Ordonné prêtre le 28 juin 1942, il est nommé vicaire de la même paroisse. Lorsque l’archiprêtre meurt en août de la même année, le p. Fornasini est appelé à lui succéder à la direction de la paroisse.

Dans la période de l’Occupation nazie, le jeune prêtre transforme sa paroisse en « cour de charité », se mettant à la disposition de tous ceux qui ont besoin d’aide. Il s’occupe en particulier des personnes déplacées, des personnes âgées et des enfants. Plusieurs fois, il intervient auprès des Allemands pour aider les prisonniers ou pour libérer des personnes injustement emprisonnées.

Le prêtre est tué le 13 octobre 1944 près de la chapelle de San Martino, à Marzabotto, alors qu’il se rend pour porter les sacrements et enterrer les morts au cimetière.

En 1950, la médaille d’or de la vaillance civile est décernée à sa mémoire.

Source: ZENIT,ORG, le 21 janvier 2021

PAKISTAN – Meurtre de deux jeunes chrétiennes, tuées pour ne pas avoir voulu abandonner leur foi selon le pasteur de leur communauté protestante

Pakistan Christian Post – Les deux soeurs assassinées

PAKISTAN – Meurtre de deux jeunes chrétiennes, tuées pour ne pas avoir voulu abandonner leur foi selon le pasteur de leur communauté protestante

Lahore (Agence Fides) – « Le meurtre perpétré sans pitié d’Abida et de Sajida constitue une tragédie qui montre combien la vie des minorités religieuses au Pakistan tient à un fil voire même est privée de toute valeur. Viols, enlèvements, conversions forcées et même meurtres de jeunes chrétiennes sont des phénomènes préoccupants. Le gouvernement ne doit pas le nier et a le devoir de mettre un terme à la violence à l’encontre des chrétiens ». C’est ce qu’affirme dans une note transmise à l’Agence Fides Nasir Saeed, Directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid Assistance & Settlement), commentant le cas remontant à ces derniers jours qui a provoqué l’indignation et la protestation de la communauté des fidèles au Pakistan.


Deux jeunes sœurs chrétiennes, Abida, 26 ans, et Sajida, 28 ans, résidant dans le quartier chrétien de Makhan, dans les environs de Lahore, ont été assassinées en décembre dernier après avoir refusé tenacement de se convertir à l’islam. La police a procédé à l’arrestation de deux musulmans, Mumtaz Khan et Muhammad Naeem, soupçonnés d’avoir tué les deux jeunes femmes. Ainsi que l’a appris Fides, Mushtaq Masih, le mari de Sajida, a indiqué que les deux sœurs travaillaient dans une usine de fabrication de médicaments et qu’elles avaient disparu le 26 novembre 2020. La famille a déposé plainte suite à cette disparition, faisant mention à la police de ses craintes d’enlèvement, dans la mesure où les deux sœurs avaient indiqué avoir été souvent harcelées sexuellement et d’avoir reçu de la part de deux collègues de travail, Muhammad Naeem et Mumtaz Khan, la demande, toujours rejetée, de se convertir à l’islam.


La nouvelle du double meurtre a été confirmée par la police ces jours derniers. Selon les agents, qui ont trouvé les corps, les deux sœurs auraient été tuées de la même manière, à savoir étranglées après avoir été menottées. Les enquêteurs soupçonnent que les deux hommes arrêtés aient enlevé et tué les deux sœurs, continuant à mener l’enquête.


Selon Nasier Saeed, bien que le Premier Ministre de la province du Pendjab, Usman Buzdar, ait demandé un rapport d’enquête à l’Inspecteur général de la Police, « il n’existe pas de grandes chances pour que la famille puisse obtenir justice, dans la mesure où cela est très coûteux au Pakistan, les procès étant longs et les familles pauvres n’étant pas en mesure de faire face aux dépenses légales. En outre, lorsque l’auteur d’un crime est musulman et sa victime chrétienne, persuader les juges est très difficile parce que la religion joue son rôle dans toutes les strates sociales du Pakistan ».


Le pasteur protestant Amir Salamat Masih, qui suivait la famille des victimes, indique à Fides que la majeure partie de la population du quartier de Makhan est composée de chrétiens pauvres et analphabètes qui « n’ont pas d’autre choix que de travailler comme ouvriers dans les usines des environs, pour y produire des vêtements, des chaussures, des médicaments, des matériaux variés ». Là souvent, explique le pasteur, « les travailleuses chrétiennes sont maltraitées, affrontent la haine et sont considérées comme inférieures aux musulmanes, alors que les jeunes chrétiennes – surtout si elles sont avenantes – sont harcelées sexuellement et font l’objet d’attentions indues de la part des musulmans. Le cas de Sajida et d’Abida n’est pas isolé mais met en évidence une pratique très commune sur les lieux de travail. De tels cas arrivent quotidiennement dans différentes parties du pays mais ils sont difficilement signalés ». « Ces deux sœurs – conclut-il – sont mortes seulement parce qu’elles étaient chrétiennes et qu’elles n’ont pas voulu abandonner leur foi dans le Christ même au prix de leurs vies ».


Chiosa Nazir. S. Bhatti, Directeur du Pakistan Christian Post, journal local qui a suivi l’affaire, indique : « En théorie et sur le papier, les minorités au Pakistan jouissent de l’égalité des droits reconnus par la Constitution. Le Premier Ministre, Imran Khan, s’est engagé à faire en sorte que les minorités soient en sécurité et vivent heureuses au Pakistan. Lorsque nous assistons à des cas de fausses accusations de blasphème, à des enlèvements, à des conversions forcées et à l’homicide de jeunes chrétiennes, il faut souligner que, dans les faits, ceci n’est pas vrai et que la condition des chrétiens au sein de la société empire actuellement ». (PA)

Source: Agence Fides, le 12 janvier 2021

02.06.2020 – Saints du jour

Saint Pothin, évêque 
Sainte Blandine, vierge 
et leurs compagnons
Martyrs († 177)

Pothin fut le premier évêque de Lyon. Il venait de l’Asie, avait été formé à l’école de saint Polycarpe, évêque de Smyrne, et envoyé par lui dans les Gaules. Pothin, après avoir gagné un grand nombre d’âmes à Jésus-Christ, fut arrêté sous le règne de Marc-Aurèle. Il était âgé de quatre-vingt-dix ans, faible et tout infirme ; son zèle et le désir du martyre soutenaient ses forces et son courage. Conduit au tribunal au milieu des injures de la populace païenne, il fut interrogé par le gouverneur, qui lui demanda quel était le Dieu des chrétiens : « Vous le connaîtrez si vous en êtes digne » répondit l’évêque. À ces mots, la multitude furieuse se précipite contre lui ; ceux qui étaient plus près le frappèrent à coups de pieds et à coups de poings, sans aucun respect pour son âge. Le vieillard conservait à peine un souffle de vie quand il fut jeté en prison, où il expira peu après.

Le récit du martyre des compagnons de saint Pothin est une des plus belles pages de l’histoire de l’Église des premiers siècles. Le diacre Sanctus supporta sans faiblir toutes les tortures, au point que son corps était devenu un amas informe d’os et de membres broyés et de chairs calcinées ; au bout de quelques jours, miraculeusement guéri, il se trouva fort pour de nouveaux supplices. Il ne voulait dire à ses bourreaux ni son nom, ni sa patrie, ni sa condition ; à toutes les interrogations il répondait : « Je suis chrétien ! » Ce titre était tout pour lui ; livré enfin aux bêtes, il fut égorgé dans l’amphithéâtre. Maturus eut à endurer les mêmes supplices que le saint diacre ; il subit les verges, la chaise de fer rougie au feu, et fut enfin dévoré par les bêtes féroces. Le médecin Alexandre, qui, dans la foule des spectateurs, soutenait du geste le courage des martyrs, fut saisi et livré aux supplices. 

Attale, pendant qu’on le grillait sur une chaise de fer, vengeait les chrétiens des odieuses imputations dont on les chargeait indignement : « Ce ne sont pas, disait-il, les chrétiens qui mangent les hommes, c’est vous ; quand à nous, nous évitons tout ce qui est mal. » On lui demanda comment s’appelait Dieu : « Dieu, dit-il, n’a pas de nom comme nous autres mortels. »

Il restait encore le jeune Ponticus, âgé de quinze ans, et l’esclave Blandine, qui avaient été témoins de la mort cruelle de leurs frères ; Ponticus alla le premier rejoindre les martyrs qui l’avaient devancé ; Blandine, rayonnante de joie, fut torturée avec une cruauté particulière, puis livrée à un taureau, qui la lança plusieurs fois dans les airs ; enfin elle eut la tête tranchée.

Saints Pothin et tous tes compagnons priez pour nous !

Entre cohérence et confiance, Charles de Foucauld vu par le père Ardura

Le futur saint Charles de Foucauld. En arrière plan, la carte de l'Algérie et la ville de Tamanrasset.Le futur saint Charles de Foucauld. En arrière plan, la carte de l’Algérie et la ville de Tamanrasset. 

Entre cohérence et confiance, Charles de Foucauld vu par le père Ardura

Charles de Foucauld sera bientôt saint. Ce prêtre parti vivre au coeur du Sahara au début du XXe siècle, a eu un parcours mouvementé, marqué par une conversion et le choix d’une vie radicalement ancrée dans le Christ. Le père Bernard Ardura, postulateur de la cause en canonisation du père de Foucauld, revient sur cette décision de la congrégation pour les Causes des Saints.

Entretien réalisé par Hélène Destombes – Cité du Vatican

Par le décret du 26 mai 2020 de la congrégation pour les Causes des Saints, le Pape François a autorisé la canonisation du bienheureux père Charles de Foucauld, béatifié le 13 novembre 2005 par Benoît XVI.

Ce futur saint de l’Église catholique est connu pour avoir mené une vie d’ermite au milieu des Touaregs dans le Sahara au début du XXe siècle, témoignant l’Évangile au coeur de populations musulmanes, dans un environnement hostile et particulièrement exigeant.

Cette figure qui dépasse de loin les frontières de l’Église, dont l’action s’inscrit aussi dans le contexte politique de son époque, celle de la colonisation française de l’Afrique du Nord et d’une grande partie du Sahara, est riche de significations tant sur plan de la spiritualité, du dialogue avec l’islam, de la mission évangélisatrice de l’Église et de la quête personnelle de Dieu.

Le père Bernard Ardura, président du comité pontifical des Sciences historiques, postulateur de la cause en canonisation de Charles de Foucauld revient sur le sens de cette annonce :

«C’est un événement très important pour la vie de l’Église en Algérie. Ne l’oublions pas, les chrétiens présents en Algérie sont une infime minorité, mais c’est une Église composée d’étrangers qui est extrêmement vivante et qui vit en quelque sorte les conditions même qu’a vécues Charles de Foucauld, non pas en prêchant dans les rues mais en donnant le témoignage de ce que signifie être chrétien, être disciples du Christ, être des missionnaires de son amour. Alors je crois que c’est un événement très important pour l’Église universelle.

En tout cas, en ce qui concerne l’Algérie, quand on reparcourt l’histoire de l’évangélisation de ce pays -l’envoi des missionnaires- on se rend compte qu’il s’agit ici et maintenant de semer par le témoignage de l’amour. Et puis, c’est le Seigneur qui fera croître cette moisson avec l’espérance qu’un jour cette Église de l’Algérie soit encore plus fleurissante qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Lors de la messe célébrée en décembre 2016 à l’occasion du centenaire de l’assassinat de Charles de Foucauld, le Pape François avait salué son témoignage «qui a fait du bien à l’Église». Comment définir l’apport de Charles de Foucauld à l’Église universelle ?

D’abord, je dirai que Charles de Foucauld est un homme qu’on prend sérieux, et on prend son message au sérieux parce qu’il a vécu, au jour le jour, le contenu même de sa foi. Il ne s’est pas perdu dans d’innombrables paroles, bien qu’il ait beaucoup écrit. Il a été le porteur d’une grande cohérence de vie. C’est un thème que l’on retrouve beaucoup chez le Pape François : cohérence entre ce que l’on croit, ce que l’on professe et ce que l’on vit.

Et puis, Charles de Foucauld, à une époque où on ne parlait pas d’œcuménisme et encore moins de dialogue interreligieux, sans avoir à parler sur le plan théologique avec ceux qui ne partageaient pas sa foi, a été un interlocuteur qui a été l’homme de la charité. C’est bien cela, Charles de Foucauld frère universel.

La vie de Charles de Foucauld a été marquée par l’altérité, par de nombreuses résistances. Qu’a-t-on à apprendre de son charisme missionnaire radical ?

Charles de Foucauld nous enseigne qu’il ne faut pas nous attendre à avoir des résultats immédiats. De fait, il n’a baptisé personne. Mais Charles de Foucauld a vécu de cette vertu d’espérance très proche la foi, qui est cette confiance dans l’action de Dieu dans les âmes. Charles de Foucauld a su reconnaître cette action de Dieu et c’est ce qui lui a permis, sans se lasser, de continuer à être présent. Il nous rappelle aussi que c’est notre façon d’être qui est fondamentale dans le témoignage de notre foi et dans le témoignage missionnaire qui devrait être le nôtre.

Des différentes intuitions spirituelles de Charles de Foucauld, quelles est celle qui aujourd’hui décrit le mieux son charisme ?

Ce qui est le plus général et qui ne vieillit pas chez Charles de Foucauld, c’est cette rencontre du Christ dans l’écriture et dans l’eucharistie. Pour lui, la présence du Christ est centrale et donc c’est une invitation à nous qui venons d’être privés de la célébration de l’eucharistie pendant plusieurs mois, de recentrer toute notre vie sur cette rencontre du Christ dans l’Évangile et dans l’eucharistie. C’est un élément qui ne peut pas vieillir, qui fait partie de l’essence de notre vie chrétienne et qui était au cœur de la vie de Charles de Foucauld.

Pauvreté, pénitence mais aussi enfouissement ont caractérisé la vie de Charles de Foucauld. En cette période d’isolement liée à la pandémie, de quelle manière Charles de Foucauld peut-il nous aider à traverser cette épreuve ?

Charles de Foucauld a vécu cela lui-même dans son désert. Il est resté très longtemps sans pouvoir célébrer la messe et l’eucharistie. Alors je crois qu’en ce temps qui est le nôtre, il est très important de nous confier à l’intercession de ceux qui, comme Charles de Foucauld, ont été les témoins de cette présence du Christ et qui ont vécu réellement de cette présence, qui se sont nourris de l’eucharistie et de la médiation de l’Évangile.

Source: Vaticannews, le 28 mai 2020