« L’Avent, un chemin de conversion »

S. Jean-Baptiste, Angélus du 13 déc. 2020, capture @ Vatican Media

S. Jean-Baptiste, Angélus Du 13 Déc. 2020, Capture @ Vatican Media

« L’Avent, un chemin de conversion », par Mgr Francesco Follo

« Se convertir », c’est « retrouver son identité »

« En ce second dimanche de l’Avent, la liturgie nous invite à la conversion qui est nécessaire pour accueillir le Royaume des cieux qui s’approche », écrit Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco, dans cette méditation des lectures de la messe du dimanche 4 décembre 2023, 2ème dimanche de l’Avent.

« En se convertissant, l’homme ne se perd pas mais retrouve son identité en se libérant des aliénations qui le fascinent mais le détruisent », explique Mgr Follo. Se convertir signifie « rentrer à la maison, se réapproprier son humanité intégrale, retrouver son identité de fils, comme cela se produit dans la parabole du fils prodigue ».

Voici la méditation de Mgr Francesco Follo :

 L’Avent, un chemin de conversion

II Dimanche de l’Avent – Année A – 4 décembre 2022

Is 11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

  1. Attente de Dieu et conversion

En ce second dimanche de l’Avent, la liturgie nous invite à la conversion qui est nécessaire pour accueillir le Royaume des cieux[1]qui s’approche : « Convertissez-vous parce que le Royaume des cieux est proche » (Mt 3,1). Ce Royaume des cieux est Jésus lui-même, par conséquent le « proche » est le Fils de Dieu qui se fait chair dans le sein d’une femme et qui porte le salut à toute l’humanité. Ce salut apporté par le Christ et attendu par nous est justice, joie, paix, amour, vérité, bienveillance, solidarité, fraternité, rectitude, bonté.

Puisque la venue de Dieu dans notre vie est imminente, Jean le Baptiste nous demande avec énergie de nous consacrer à la pénitence qui purifie le cœur, l’ouvre à l’espérance et le rend capable de la rencontre avec Jésus qui vient dans le monde.

Mais il faut garder présent à l’esprit le fait que l’invitation à la conversion en faisant pénitence ne veut pas seulement dire vivre, pendant l’Avent, avec un style de vie plus sobre, avec une prière plus fréquente et une charité plus généreuse. La conversion appelle à un changement intérieur qui commence par la reconnaissance et la confession de son péché. En effet, se convertir indique un changement de l’esprit et du comportement et exige de reconnaître que l’on n’est pas digne que Dieu vienne habiter chez nous.

Il faut aussi garder à l’esprit le fait que la première conversion consiste dans la foi[2], qui n’est pas seulement adhésion au contenu d’un message, mais adhésion à une Personne, qui nous demande de venir dans notre vie et d’être accueillie. La conversion est donc un changement radical et profond de l’homme. Elle n’implique pas seulement un changement moral mais un changement théologique, c’est-à-dire une manière nouvelle de penser Dieu et de vivre en lui. C’est une orientation nouvelle de toute notre personne : esprit et cœur, pensée et action.

D’un côté, cette orientation au Royaume des cieux se situe dans la ligne des prophètes qui entendaient le concret de la conversion dans le détachement radical de tout ce qui, jusqu’ici, avait une valeur. De l’autre, elle va au-delà et montre que la conversion est le fait de se tourner vers le Royaume des cieux, vers une nouveauté qui se présente de façon imminente avec ses exigences et ses perspectives. Il s’agit de donner un tournant décisif à sa vie en l’orientant dans une nouvelle direction : le Royaume des cieux fonde et définit la conversion, et non une série d’efforts humains.

Pour que cette conversion arrive, faisons nôtre la prière que fait le prêtre au début de la messe de ce jour : « Dieu des vivants, suscite en nous le désir d’une conversion pour que, renouvelés par ton Saint Esprit, nous sachions appliquer dans toute relation humaine la justice, la douceur et la paix que l’incarnation de ton Verbe a fait germer sur la terre. Par notre Seigneur Jésus-Christ notre Seigneur » (Collecte du IIème dimanche de l’Avent, Année A). Alors se réalisera le vœu de saint Paul : « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera » (1 Th 5,23-24).

  1. Conversion du haut des étoiles et conversion vers le haut

En ce dimanche, nous sommes appelés à aller spirituellement dans le désert, parce que l’Évangile d’aujourd’hui nous fait écouter la « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. » (Mt 3,3-4). Saint Jean-Baptiste, la voix qui annonce la Parole, est présenté comme un ascète du désert, qui porte des vêtements rugueux, qui a une ceinture de cuir autour des reins et se nourrit d’insectes. Mais s’il ne nous est pas demandé d’être des ascètes vivant la même vie dans le désert, il nous est demandé que notre conversion soit évangélique comme la sienne.

Cette conversion a au moins trois caractéristiques :

La première est la radicalité. La conversion n’est pas un changement extérieur ou partiel, mais une réorientation totale de tout l’être de l’homme. Il s’agit d’un véritable passage de l’égoïsme à l’amour, de l’attitude de tout garder pour soi au don de soi.

La seconde caractéristique est la religiosité : ce n’est pas en se confrontant à lui-même que l’homme découvre la mesure et la direction de son propre changement mais en se référant à Dieu. La première conversion (dans le sens étymologique de ‘se tourner vers pour être avec’) n’est pas celle de la personne humaine vers Dieu mais celle de Dieu vers chaque être humain. C’est un mouvement de grâce qui rend possible le changement de l’homme et en offre le modèle. Dans la nuit et dans la solitude d’une grotte, le printemps de l’humanité va arriver : le Fils de Dieu qui se fait pèlerin du haut des étoiles.

La troisième caractéristique de la conversion évangélique est sa profonde humanité. Se convertir signifie rentrer à la maison, se réapproprier son humanité intégrale, retrouver son identité de fils, comme cela se produit dans la parabole du fils prodigue.

Beaucoup de gens pensent de façon non évangélique que la conversion est comme une perte de ce qui est humain ; et, ce faisant, ils pensent que la personne humaine s’épanouit, si elle ne se convertit pas au Christ. C’est le contraire : en se convertissant, l’homme ne se perd pas mais retrouve son identité en se libérant des aliénations qui le fascinent mais le détruisent.

La conversion est un chemin constant vers le Christ pour renouveler continuellement notre « conduite céleste » par le moyen d’un nouveau désir du ciel. Changeons donc notre cœur en le rendant différent, avec le saint désir du Christ ; ainsi le ciel (le Christ) y trouvera plus d’espace.

Si nous voulons que la vie croisse, fleurisse et parvienne à maturation pour déchirer, un jour, le voile de la caducité, alors, le plus important est que cette vie plonge ses racines toujours plus profondément. Si nous voulons que la plénitude de Dieu nous remplisse de grâces, il est fondamental que notre cœur s’élargisse toujours plus, pour contenir toujours plus.

La conduite chrétienne, et donc pleinement humaine, devient plus parfaite quand elle jaillit d’un désir du ciel plus robuste : « Visite-nous, Seigneur, dans la paix : nos cœurs déborderont de joie » (cf. antienne du Magnificat, premières vêpres du IIème dimanche de l’Avent).

Cette demande « Visite-nous, Seigneur Jésus » doit être faite par tous les chrétiens et les vierges consacrées dans le monde, par le don total de soi au Christ, nous en donnent un bel exemple, grand et généreux. Elles sont conscientes que l’époux cherche sa bien-aimée et elles veillent en son attente et font leur ce passage du Cantique des cantiques : « La voix de mon bien-aimé ! C’est lui, il vient… Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines, mon bien-aimé, pareil à la gazelle, au faon de la biche. Le voici, c’est lui qui se tient derrière notre mur : il regarde aux fenêtres, guette par le treillage. » (2,8-9). « Je dors, mais mon cœur veille… C’est la voix de mon bien-aimé ! Il frappe ! LUI – Ouvre-moi, ma sœur, mon amie, ma colombe » (5,2). « Je suis à mon bien-aimé, mon bien-aimé est à moi » (6,3).

Par leur consécration, ces femmes vierges montrent qu’il est possible, et que c’est source de joie, d’accueillir le Christ comme un hôte doucement attendu, comme l’époux à qui consacrer à jamais sa fidélité. Elles nous montrent avec humilité qu’il est possible de garder toujours allumées les lampes, en attendant avec amour la venue du Sauveur (cf. rituel de consécration des Vierges n° 28 : « Veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure. Conservez avec soin la lumière de l’Evangile, et soyez prêtes à aller à la rencontre de l’Epoux qui vient »).

À leur exemple, je souhaite que, pas seulement en ce temps de l’Avent, nous cherchions tous à être toujours attentifs à la voix du Christ et à l’aimer par-dessus tout.

Lecture Patristique

Saint Augustin d’Hyppone (354 – 430)

Sermon 109, 1 ; PL 38, 636. 

Nous venons d’entendre l’évangile où Jésus critique ceux qui savaient reconnaître l’aspect du ciel, mais n’étaient pas capables de découvrir le temps où il était urgent de croire au Royaume des cieux (cf. Lc 12,54). C’est aux Juifs qu’il disait cela, mais cette parole parvient jusqu’à nous. Or le Seigneur Jésus Christ lui-même a commencé ainsi sa prédication : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 4,17). Jean Baptiste, son précurseur, avait commencé de la même façon : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche (Mt 3,2). Et maintenant le Seigneur les blâme parce qu’ils ne veulent pas se convertir alors que le Royaume des cieux est proche, ce Royaume des cieux dont il dit lui-même qu’il ne vient pas de manière visible (Lc 17,20), et aussi qu’il est au milieu de vous (Lc 17,21).

Que chacun ait donc la prudence d’accepter les avertissements de notre Maître, pour ne pas laisser échapper le temps de sa miséricorde, ce temps qui se déroule maintenant, pendant lequel il épargne encore le genre humain. Car, si l’homme est épargné, c’est pour qu’il se convertisse, et que personne ne soit condamné.

C’est à Dieu de savoir quand viendra la fin du monde : quoi qu’il en soit, c’est maintenant le temps de la foi. La fin du monde trouvera-t-elle ici-bas l’un d’entre nous ? Je l’ignore, et il est probable que non.

Pour chacun de nous le temps est proche, parce que nous sommes mortels. Nous marchons au milieu des dangers. Si nous étions de verre, nous les redouterions moins. Quoi de plus fragile qu’un récipient de verre ? Pourtant on le conserve et il dure des siècles. Car on redoute pour lui une chute, mais non pas la vieillesse ni la fièvre. Nous sommes donc plus fragiles et plus faibles, et cette fragilité nous fait craindre chaque jour tous les accidents qui sont constants dans la vie des hommes. Et s’il n’y a pas d’accidents, il y a le temps qui marche. L’homme évite les heurts, évite-t-il la dernière heure ? Il évite ce qui vient de l’extérieur, peut-il chasser ce qui naît au-dedans de lui ? Parfois n’importe quelle maladie le domine subitement. Enfin, l’homme aurait-il été épargné toute sa vie, lorsqu’à la fin la vieillesse est venue, il n’y a plus de délai.

________________

[1] « Royaume des cieux » est une expression typique de saint Matthieu qui l’emploie trente-trois fois dans son Évangile. C’est une façon de parler juive qui, en signe de respect, substitue « cieux » au nom de Dieu. L’expression « Royaume des cieux » indique que Dieu se révèlera à tous les hommes et avec grande puissance : la puissance de l’Amour qui se donne et ne domine pas.

[2] Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologica, I-IIae, q.113,a.4.

Source: ZENIT.ORG, le 2 décembre 2022

L’Avent, une attente unique au monde (II)

L’Avent, une attente unique au monde (II)

« Le temps de la venue du Messie a été prédit par l’état du peuple juif, par l’état du peuple païen, par l’état du Temple, par le nombre des années : il fallait que les quatre monarchies, le sceptre ôté de Juda et les soixante-dix semaines arrivassent en même temps, et le tout avant que le deuxième Temple ne fut détruit » (Blaise Pascal – Pensées 708 et 709).

Les païens bénéficiant aussi d’annonces partielles, il y a comme une polarisation de l’attention, le sommet d’une attente, improbable selon les catégories habituelles, aux alentours précisément des années où Jésus apparut. C’est un fait historique prouvé : tout inexplicable qu’elle semble, l’attention du monde se concentre, au premier siècle, sur un seul point, cette lointaine province romaine.

Cette attente du monde est celle que Marie porte plus que tout autre en son cœur, dans sa prière auprès du Saint des saints. Elle s’accomplira pour elle et pour tous les chrétiens dans la venue du Sauveur, à la plénitude des temps fixés.

Mais pour ceux qui ne l’ont pas reconnu, le rendez-vous manqué posera longtemps question. Comme l’observe le Talmud lui-même, « toutes les dates qui ont été calculées pour la venue du Messie sont désormais passées » (Traité Sanhédrin 97). Et sous le coup de la déception, les docteurs d’Israël en viendront à tenter de réinterpréter l’attente du Messie.

En attendant, « le temps est accompli, et le règne de Dieu s’est approché » (Mc 1, 14). Le cours des vicissitudes humaines semble comme un instant suspendu et s’immobiliser quand Auguste accorde au monde une des très rares périodes de paix de l’histoire, la pax romana, alors que sur la Palestine brille l’étoile annonçant la venue du Prince de la Paix.

D’après Hypothèses sur Jésus de Vittorio Messori – Mame, 1978

Prions :

Je vous salue Marie, pleine de grâce ;
Le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
Priez pour nous pauvres pécheurs,
Maintenant et à l’heure de notre mort.

Amen

Source: une minute avec Marie

Prière de l’Avent – Fais de nous des veilleurs

Seigneur,
En ce début de l’Avent , viens réveiller notre coeur alourdi, secouer notre torpeur spirituelle.
Donne-nous d’écouter à nouveau les murmures de ton Esprit qui en nous prie, veille, espère.


Seigneur,
Ravive notre attente, la vigilance active de notre foi afin de nous engager partout où la vie est bafouée, l’amour piétiné, l’espérance menacée, l’homme méprisé.


Seigneur,
En ce temps de l’Avent, fais de nous des veilleurs qui préparent et hâtent l’avènement et le triomphe ultime de ton Royaume, celui du règne de l’Amour.

L’Avent : « conversion à une présence qui vient apporter la paix », par Mgr Follo

Mgr Francesco Follo, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo
Mgr Francesco Follo, 17 Déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

L’Avent : « conversion à une présence qui vient apporter la paix », par Mgr Follo

Méditation pour le 1er dimanche de l’Avent

« Le temps de l’Avent: temps de conversion à une présence qui vient pour apporter la paix » : c’est le titre de la méditation proposée par Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco, pour ce dimanche 27 novembre 2022, premier dimanche de l’Avent.

Le temps de l’Avent: temps de conversion à une présence qui vient pour apporter la paix

1er dimanche de l’Avent – Année A – 27 novembre 2022

Is 2, 1-5; Ps 121; Rm 13, 11-14; Mt 24, 37- 44

  • La vigilance et autres dispositions.

Aujourd’hui commence le temps de l’Avent[1] qui prépare la fête de la naissance de Jésus à Bethléem. Ce bref temps liturgique, d’un peu moins de 30 jours, retrace la longue étendue des siècles écoulés dans l’attente du Rédempteur jusqu’à la plénitude des temps.

La liturgie nous aide à vivre ce temps de grâce :

Avec vigilance, c’est à dire avec l’engagement intense et convaincu de qui fait confiance à l’amour miséricordieux de Dieu et se prépare à la rencontre avec le Christ Sauveur.

            Avec la conversion du cœur, parce que sans un cœur tourné vers Dieu, l’attente, l’espérance et la joie pour la venue du Messie ne sont pas possibles.

            Avec un cœur de pauvre, non pas tant pauvre au sens économique qu’au sens biblique[2]de celui qui fait pleinement confiance à Dieu et s’appuie sur lui.

            Avec foi, vertu qui nous soutient pour accueillir, comme Marie, le Fils de Dieu fait chair pour notre salut.

            Avec espérance qui est l’attente confiante d’un bien à venir absolument bon (cf Saint Thomas d’Aquin III Sent, d. 26, q. 2, a. 1, ad 3).

            Avec piété dans la pratique de la prière qui est pendant l’Avent une affectueuse invocation à celui qui est attendu: Viens Seigneur Jésus.

            Avec joie, expression d’une attente joyeuse parce que celui qui est attendu viendra certainement. Dieu est fidèle.

J’ai placé en premier la vigilance, l’attention – c’est à dire la tension à la présence imminente du Christ – parce qu’en ce premier dimanche de préparation à la venue du Fils de l’homme dans notre vie, nous sommes invités à être vigilants. En effet la liturgie d’aujourd’hui nous propose un passage de l’Évangile dans lequel le Christ nous demande d’être attentifs aux événements pour découvrir en eux l’heure de la venue du Fils de l’homme. Le Rédempteur, pour illustrer la manière dont nous devons être attentifs aux événements, recourt d’abord à l’épisode du déluge universel à l’époque de Noé, puis se compare à un voleur qui vient dans la nuit et enfin à un maître de maison qui ne surveille pas son habitation.

Le fait de ne pas connaître le jour et l’heure de la venue du Christ doit nous convaincre de la nécessité de veiller toujours, d’être toujours prêts pour que toute notre vie soit tendue vers cette heure et ce jour. Nous devons arriver préparés à cette rencontre avec le Rédempteur, pour ne pas être pris par surprise mais prêts à accueillir Dieu qui vient sans prévenir, qui arrive quand on s’y attend le moins.

La vigilance est donc l’attitude avec laquelle nous devons vivre chaque fragment de notre vie personnelle et commune comme étant immensément précieux, ou mieux, comme étant le seul à notre disposition parce que c’est le moment présent. Quand on demanda à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, alors qu’elle était sur le point de mourir, si elle n’avait pas peur du voleur qu’elle était sur le point de rejoindre, elle répondit qu’elle l’attendait avec désir et amour. Cette sainte nous donne un exemple de sérénité vigilante dans la charité, de grande ouverture à Dieu, d’intense attente et d’adhésion à lui. La prière d’ouverture de la messe d’aujourd’hui résume bien tout cela: « O Dieu, Père miséricordieux, qui pour réunir les peuples dans ton royaume a envoyé ton Fils unique, maître de vérité et source de réconciliation, réveille en nous un esprit vigilant pour que nous marchions sur tes chemins de liberté et d’amour jusqu’à te contempler dans la gloire éternelle. Par notre Seigneur Jésus Christ. » (Collecte du premier dimanche de l’Avent – année A)

2) La conversion dans la joie.

L’Avent est le temps pendant lequel L’Église célèbre la joyeuse attente du messie ainsi que la forte et véritable certitude de l’Avent du Royaume de Dieu, qui est justice, paix et joie, sans rapport avec le boire et le manger (cf Rm 14, 17). Mais c’est seulement en retournant vers le Seigneur de tout notre cœur, dans l’attente de sa venue et de son retour, que ce Royaume de paix, de justice et de joie s’instaurera en nous et dans le monde.

La vigilance réclame la conversion pour lutter contre la somnolence, l’inattention et l’oubli. Il faut rappeler cependant que la personne vigilante ne désigne pas, comme c’est en revanche habituellement le cas dans le monde grec, la personne qui est éveillée, qui rassemble toutes ses forces et qui trouve en elle-même tout le courage nécessaire pour affronter la nuit et l’éventuel ennemi. Dans le monde biblique, vigilant désigne celui qui est éveillé, qui fait confiance à Dieu et qui s’agrippe à lui, qui s’abandonne à lui. La parole vigilante ne dit donc pas directement quelque chose à faire mais plutôt une façon de vivre et de regarder.

L’hymne de l’Avent: « Levez les yeux vers le ciel » nous fait chanter que « le salut de Dieu est proche » et nous commande : « Réveillez l’attente dans votre cœur pour accueillir le Roi de gloire ». L’impératif de regarder avec un cœur éveillé, c’est à dire avec attention et perspicacité implique la lucidité de ne pas se laisser tromper par les apparences ainsi que la clairvoyance qui nous permettra de reconnaître dans une grotte l’Enfant, « messager de paix », qui « apporte au monde le sourire de Dieu ».

Pour être bibliquement et chrétiennement vigilant, une conversion du cœur et des « yeux » est donc nécessaire. En effet sans une profonde conversion, il n’est pas possible de vivre l’attente, l’espérance et la joie pour la venue du Seigneur. L’esprit de conversion, propre à l’Avent, a des tonalités différentes de celles que réclame le Carême, même si dans ces deux périodes liturgiques, nous sommes invités à pratiquer plus intensément la prière, le jeune et l’aumône (=miséricorde). La substance essentielle est toujours la même mais, alors que le carême est marqué par l’austérité du pardon des péchés, l’Avent est marqué par la joie de la venue du Seigneur.

A cet égard le pape François enseigne. » L’Avent est un temps de joie parce qu’il nous fait revivre l’attente de l’événement le plus joyeux de l’histoire: la naissance du Fils de Dieu de la Vierge Marie. Savoir que Dieu n’est pas loin, mais proche, qu’il n’est pas indifférent mais compatissant, qu’il n’est pas étranger mais Père miséricordieux et qu’il nous suit amoureusement dans le respect de notre liberté: tout cela est le motif d’une joie profonde que les événements quotidiens ne peuvent altérer » (18 décembre 2015).

L’Avent est le temps de l’attente du Dieu éternel qui se fait présence d’amour dans le monde. Et c’est justement pour cette raison qu’il est de façon particulière le temps de la joie, d’une joie intériorisée, qu’aucune souffrance ne peut effacer. La joie parce que Dieu s’est fait enfant. Cette joie, invisiblement présente en nous, nous encourage à continuer notre chemin avec confiance.

L’Avent est par excellence le temps de l’espérance pendant lequel ceux qui croient au Christ sont invités à rester dans une attente vigilante et active, alimentée par la prière et par l’engagement actif et quotidien de l’amour.

Un exemple quotidien de vie dans l’attente du Christ dans une charité active nous vient des vierges consacrées dans le monde. En cela elles suivent l’invitation du pape émérite Benoît XVI:

« Que votre vie soit un témoignage particulier de charité et signe visible du Royaume à venir » (RCV, 30). Faites en sorte que votre personne irradie toujours la dignité du fait d’être épouse du Christ, exprime la nouveauté de l’existence chrétienne, et l’attente sereine de la vie future. Ainsi, par votre vie droite, vous pourrez être des étoiles qui orientent le chemin du monde. Le choix de la vie virginale, en effet, est un rappel du caractère transitoire des réalités terrestres et une anticipation des biens à venir. Soyez des témoins de l’attente vigilante et active de la joie, de la paix, qui est propre à qui s’abandonne à l’amour de Dieu. Soyez présentes dans le monde et cependant en pèlerinage vers le Royaume. La vierge consacrée s’identifie en effet avec cette épouse qui, avec l’Esprit, invoque la venue du Seigneur: « L’Esprit et l’épouse disent « viens »! » (Ap 22, 17). (Discours aux participants du congrès de l’ »Ordo Virginum » sur le thème « Virginité consacrée dans le monde: un don pour l’Église et dans l’Église » 15 mai 2008, n.6).

Lecture patristique

Saint Paschase Radbert ( 790 – 865)

Commentaire sur l’évangile de Matthieu, 11, 24,

PL 120, 799-800

Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure (Mt 25,13). Bien que le Seigneur parle ainsi pour tous, il s’adresse uniquement à ses contemporains, comme dans beaucoup d’autres de ses discours qu’on lit dans l’Écriture. Pourtant, ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d’eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. Il est donc nécessaire que chacun en sorte comme s’il devait être jugé ce jour-là. C’est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu. Car celui que le dernier jour de sa vie trouvera sans préparation, serait encore trouvé sans préparation au dernier jour du monde. Je ne pense donc nullement que les Apôtres aient cru que le Seigneur viendrait juger le monde pendant leur vie; et pourtant, qui douterait qu’ils aient été attentifs à ne pas se laisser égarer, à veiller et à observer tous les conseils, donnés à tous, pour qu’ils soient trouvés préparés?

C’est pourquoi il faut toujours tenir compte d’un double avènement du Christ: l’un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait; l’autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu’il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement. A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés? De savoir si le Seigneur vient, et s’il ne vient pas d’abord dans mon cœur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi?

Alors, oui, il m’est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c’est comme si le second avènement s’était déjà produit, puisque la disparition du monde s’est réalisée en moi, parce que je puis dire d’une certaine manière: Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde (Ga 6,14).

Réfléchissez encore à cette parole de Jésus : Beaucoup viendront en mon nom (Mt 24,5). Seul l’Antéchrist s’empare de ce nom, bien que ce soit mensonger; de même il présente son corps, mais sans le Verbe de vérité, et sans en avoir la sagesse. Dans aucun passage de l’Écriture, vous ne trouverez que le Seigneur ait déclaré: « Moi, je suis le Christ ». Car il lui suffisait de montrer qu’il l’était, par ses enseignements et ses miracles, parce que l’oeuvre du Père était en lui. L’enseignement de sa parole et sa puissance criaient: « Moi, je suis le Christ », plus fort que si des milliers de voix l’avaient crié.

Je ne sais donc pas si vous pourrez trouver qu’il l’a dit en paroles, mais il l’a montré en accomplissant les œuvres du Père (Jn 5,36) et en donnant un enseignement imprégné de piété filiale. Les faux messies en étant dépourvus, ils ne pouvaient employer que leurs discours pour soutenir leurs prétentions mensongères.

[1]L’Avent a quatre dimanches pour le rite romain et six pour le rite ambrosien. Cette année nous sommes dans l’année A selon le cycle liturgique triennal et nous serons accompagnés de l’évangile de Matthieu. Certaines caractéristiques de cet évangile sont  l’amplitude avec laquelle sont retranscrits les enseignements de Jésus (les fameux discours, comme celui de la montagne), et l’attention au rapport Loi-Évangile (l’Évangile est la « nouvelle Loi »). Il est considéré comme l’Évangile le plus « ecclésiastique » par le récit du primat de Pierre et par l’utilisation du terme Église, en grec « Ecclesia » (du verbe ekkalein qui veut dire convoquer, dont le substantif est justement ecclesia= convocation, assemblée) qui ne se rencontre pas dans les trois autres évangiles de Marc, Luc et Jean.

[2] Ce pauvre ou « anawim » comme l’appelle la Bible en hébreux, est le doux et l’humble, dont les principales dispositions sont l’humilité, la crainte de Dieu et la foi.

Source : ZENIT.ORG, le 25 novembre 2022

Calendrier des célébrations liturgiques du temps de Noël au Vatican

Messe de la nuit de Noël 2020 en la basilique saint-Pierre de Rome. Messe de la nuit de Noël 2020 en la basilique saint-Pierre de Rome. (Vatican Media)

Calendrier des célébrations liturgiques du temps de Noël au Vatican

Le calendrier des cérémonies présidées par le Pape François a été dévoilé pour la période du 23 décembre, date des vœux à la Curie romaine, au 9 janvier, jour des baptêmes dans la chapelle Sixtine.

Ce sont des semaines centrales et intenses qui clôturent l’année 2021 et commencent la nouvelle année, du 23 décembre au 9 janvier. La période de Noël est marquée par de nombreuses célébrations présidées par le Souverain pontife et suivies par le monde entier.

Le premier rendez-vous du calendrier annoncé ce samedi par l’Office des célébrations liturgiques est celui du jeudi 23 décembre à 10h00 pour les vœux à la Curie romaine en salle Clémentine du Palais apostolique. Puis, débute le calendrier de Noël.

Vendredi 24 décembre – Solennité de la Naissance du Seigneur

À 19h30, François présidera dans la basilique Saint-Pierre la messe de la Sainte Nuit de Noël.

Samedi 25 décembre – Solennité de la Nativité du Seigneur

Le Saint-Père prononcera son message de Noël et adressera sa traditionnelle bénédiction Urbi et Orbi aux fidèles du monde entier à 12h00.

Vendredi 31 décembre – Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

François présidera à 17h00 les premières vêpres et récitera le Te Deum en action de grâce pour l’année écoulée, en la basilique Saint-Pierre.

La basilique accueillera également des célébrations le 1er janvier et le 6 janvier.

Samedi 1er janvier 2022 – Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

Le Pape présidera une messe à 10h00 en la basilique Saint-Pierre. Il s’agira de la 55ème Journée mondiale de la Paix.

Mercredi 6 janvier  Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

Messe du Pape François à 10h00 en la basilique Saint-Pierre.

Dimanche 9 janvier – Fête du Baptême du Seigneur

À 9h30, le Pape François célèbrera la Sainte Messe et le baptême de quelques enfants avec leurs parents.

Source: VATICANNEWS, le 27 novembre 2021

« L’Avent : temps de conversion », par Mgr Follo

Mgr Follo, 2016 © courtoisie de la Mission du Saint-Siège à l'UNESCO
Mgr Follo, 2016 © Courtoisie De La Mission Du Saint-Siège À L’UNESCO

« L’Avent : temps de conversion », par Mgr Follo

« Toute la vie est un Avent »

Mgr Francesco Follo invite, à la lumière des lectures de la messe de dimanche prochain, 6 décembre 2020, à « comprendre que la conversion, c’est se jeter aux pieds du Seigneur, afin qu’Il nous élève à Lui-même ».

Dans ce commentaire des lectures du deuxième dimanche de l’Avent, l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, fait notamment observer que « toute la vie est un Avent ».

Comme lecture patristique, Mgr Follo propose un passage d’une homélie d’Origène (+ 253) sur saint Luc (22, 1-4), dans laquelle celui-ci fait observer: « Donc Jésus mon Seigneur est venu; il a égalisé nos aspérités et converti en routes unies tout ce qui était chaotique, pour faire de nous un chemin sans danger de chute, un chemin facile et très pur, pour que Dieu le Père puisse progresser en nous et que le Seigneur Jésus Christ fasse en nous sa demeure. »

L’Avent : temps de conversion

1-Jean-Baptiste nous invite à nous convertir à Quelqu’un et non à quelque chose. 

La liturgie de la Parole du premier dimanche de l’Avent nous a invités à être vigilants pour être prêts à la venue de Dieu qui veut être proche de nous. Dimanche dernier, le Christ a répété « à tous : veillez ! » (Mc 13,37). S’il faut être vigilant, cela signifie que nous sommes dans la nuit. « Maintenant nous ne vivons pas dans le jour, mais dans l’attente du jour, parmi l’obscurité et la fatigue. Le jour viendra où nous serons avec le Seigneur. Cela viendra, donc ne soyons pas découragés et veillons, c’est-à-dire attendons le Seigneur qui se fait prochain. Attendre ne doit pas être submergé par le découragement, et cela s’appelle vivre dans l’espérance » (Pape François). L’invitation que le Christ adresse non seulement à ses disciples, mais aussi à nous tous : « Veillez ! (Mt 13, 37) est un rappel utile où la vie n’a pas seulement une dimension terrestre, mais où elle est aussi projetée vers un « au-delà », comme une petite plante qui jaillit de la terre et qui s’ouvre vers le ciel. Une plante pensante (cf. Pascal), un homme, doué de liberté et de responsabilité, par laquelle chacun de nous sera appelé à rendre compte de sa vie, de la manière dont il a utilisé ses capacités : qu’il les garde pour lui ou les fasse fructifier aussi pour le bien des frères.

La liturgie de la Parole de ce deuxième dimanche de l’Avent nous offre la figure de Jean-Baptiste. À travers le récit de l’Évangile d’aujourd’hui, le Précurseur s’adresse à nous tous. Ses paroles claires et dures sont très salutaires pour nous, hommes et femmes de notre temps, où même la façon de vivre et de percevoir Noël est malheureusement affectée, très souvent, d’une mentalité matérialiste. La « voix » du grand prophète Jean nous demande de préparer le chemin du Seigneur qui vient, dans les déserts d’aujourd’hui, les déserts extérieurs et intérieurs, assoiffé de l’eau vive qui est le Christ. Que nous guide la Vierge Marie que nous célébrerons comme l’Immaculée Conception dans quelques jours ! Elle a attendu avec amour la naissance de l’Amour qu’elle portait en son sein, pour une véritable conversion du cœur et de l’esprit, afin que nous puissions faire les choix nécessaires pour nous convertir à la mentalité de l’Évangile. Nous nous tournons également vers Jean-Baptiste, car il était l’homme envoyé par Dieu pour inviter à la conversion, préparer le chemin à la venue imminente de Jésus et le désigner comme l’Agneau de Dieu qui pardonne avec un amour infini. Pour apprendre quelque chose de ce Jean, je répondrai brièvement à trois questions à son sujet : « Où est-il allé, qu’a-t-il dit et fait pour accomplir sa mission ? ».

         Il est allé dans le désert. Pour nous, aujourd’hui, cela signifie aller dans le « désert » de notre cœur et prier en se mettant à l’écoute de Dieu qui conduit l’âme aimée au désert et parle à son cœur (cf Osée 2). Le Précurseur du Christ, « la voix de celui qui crie dans le désert », prêche dans le désert de l’âme qui a soif de sens, d’amour et de paix.

         Il a dit « convertissez-vous », en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés qui nous est donné quand nous le demandons après nous être repentis.

         Il a fait ce geste : il a administré le baptême de conversion quand conversion signifie

  • Inversion, un retour en arrière, un retour à la relation précédente avec Dieu (celle d’avant le péché), prendre la route du retour, du retour chez soi comme l’a fait le Fils prodigue.
  • Aplanissement du chemin du cœur que le pardon purifie et ouvre de nouveau à l’Amour. Il ne s’agit pas d’une route physique, mais de la route du cœur. La route du cœur a deux entrées : la vue et l’ouïe. Plus pur est le regard et plus facilement Jésus, qui est Lumière de la Lumière, entre en chacun de nous, plus l’oreille est tendue et plus il est facile d’entendre la « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers» (Is 40,3). C’est d’abord cette voix qui arrive aux oreilles du cœur, ensuite, après la voix, ou mieux, en même temps que la voix, c’est la parole qui pénètre dans le cœur par le biais de l’ouïe.

Mais avec la naissance de Jésus, la Parole de Dieu peut être non seulement écoutée, mais aussi être vue (cf. G. d’Igny) comme l’ont vue les bergers et les Rois Mages dans la grotte de Bethléem, les pénitents sur les rives du Jourdain, et comme nous pouvons la voir aujourd’hui dans la vie de communion fraternelle de ceux qui croient en Christ.

2-Toute la vie est un Avent

Comme je l’ai écrit plus haut, en ce deuxième dimanche de l’Avent, la liturgie de la Parole nous propose la figure du Précurseur Jean-Baptiste en s’inspirant de ce prophète du Feu.

Imitons Jean-Baptiste en vivant comme un Avent, comme une attente, notre vie tout entière et pas seulement la période qui précède Noël. En effet, le Précurseur vécut sa vie comme un témoin de l’Avent (cf. saint Jean Chrysostome, Homélie 37,1-2 in Mt, PG 57, 419-421), comme une préparation à la rencontre avec Dieu et, quand Jésus arriva auprès de lui, il le désigna aux autres comme la bonne Nouvelle. Oui, bien sûr, parce que l’Evangile, la Bonne Nouvelle, c’est Jésus lui-même, comme le rappelle la troisième lecture de ce dimanche : «Commencement de l’Evangile[1] qui est Jésus : le Christ, le Fils de Dieu » (Mc 1,1). L’Evangéliste saint Marc commence ainsi sa narration pour nous rappeler que la bonne nouvelle c’est le Christ. Lui, il est le centre de notre vie et Il attend seulement que chacun de nous lui ouvre la porte et qu’advienne le début de la vraie vie, pour nous aussi.

Le plus dramatique est que tout seuls nous apprenons seulement que nous devons mourir. La bonne nouvelle, c’est le Christ-Vie qui vainc la mort et dont l’Amour divin nous permet de vivre l’amour humain à jamais et saintement, c’est-à-dire en vérité.

L’Evangile, c’est Dieu qui vient en apportant l’amour, et tout ce qui est « non-amour » est « non-Dieu », est « non-vie » et, par conséquent, la mort. Dieu vient, Il parle au cœur humain.  Voici ce qu’Il enseigne à ses prophètes : « parlez au cœur de Jérusalem, dites-lui qu’il n’y a plus de nuit » (Isaïe), mais il révèle aussi que Jésus est « le plus fort » puisqu’il est le seul qui parle au cœur avec tendresse et puissance tout en désaltérant l’homme de sa soif de justice (cf. Malachie 3,1ss), de liberté (cf. Isaïe 40,1-11) et de vie.

Mais comment pouvons-nous reconnaître le Christ quand il vient ?

En nous fondant sur l’exemple privilégié que nous offre la figure de Jean, il nous est donné de savoir comment rencontrer Dieu, comment reconnaître Jésus Christ, le Sauveur, l’Agneau qui enlève les péchés du monde, en le désignant comme Celui qui pardonne notre mal et nous donne le vrai sens de la vie et de la mort.

Contemplons donc brièvement la figure de Jean-Baptiste, fils de la vieillesse et du miracle. Il fut consacré avant sa naissance par la visite de Marie qui portait Jésus en son sein. Puis, à sa naissance, il fut consacré « Nazireo », c’est-à-dire pur. En grandissant, il ne se coupa jamais les cheveux, ne but jamais de vin, ni ne toucha aucune femme : il ne connut aucun autre amour que l’amour de Dieu. Encore jeune, il quitta la maison de ses parents et se cacha dans le désert. Là-bas, il vécut longtemps tout seul, sans maison, sans tente, sans rien d’autre que ce qu’il portait sur lui : une peau de chameau, une ceinture en cuir. En outre, barbe et cheveux longs, regard enflammé, voix forte, corps brûlé par le soleil du désert, âme brûlée et brûlante du désir du Royaume, il put annoncer le Feu de l’Amour…  Ce « sauvage » fascinant apparaissait à qui allait le voir comme le dernier espoir d’un peuple égaré.

En contemplant cette grande figure, cette force dans la passion, on en vient spontanément à se demander d’où naît une vie intérieure si forte, si droite, si cohérente, toute donnée à Dieu et à Jésus pour préparer ses voies. La réponse est simple : de la relation avec Dieu, de la prière qui est le fil conducteur de toute son existence.

L’annonce de la naissance de Jean-Baptiste se fit dans un lieu de prière, le Temple de Jérusalem, ou plutôt elle advint quand Zacharie, son futur père, se trouvait à l’endroit le plus sacré du temple, le Saint des Saints, pour faire au Seigneur l’offrande de l’encens.

Même la naissance de Jean-Baptiste fut marquée par la prière : ce chant de joie, de louange et de remerciement que Zacharie éleva vers le Seigneur, le « Benedictus ». Ce chant sortit de la bouche et du cœur de Zacharie et l’Eglise le fait réciter tous les matins lors des Laudes pour exalter l’action de Dieu dans l’histoire et indiquer la mission de Jean, son fils : précéder (il est pour cela appelé le Précurseur) le Fils de Dieu qui s’est fait chair pour lui préparer le chemin et préparer le cœur du peuple à la rencontre avec le Seigneur.

L’existence entière du Précurseur de Jésus fut nourrie de sa relation avec Dieu, en particulier pendant la période passée dans le désert. Car s’il est vrai que le désert est le lieu de la tentation, il est vrai qu’il est le lieu où l’homme ressent sa propre pauvreté lorsqu’il est privé de soutien et de sécurité matérielle, et où il comprend que le seul point de repère solide reste Dieu Lui-même.

Jean-Baptiste ne fut pas seulement un homme de prière, en contact permanent avec Dieu, mais il fut aussi un guide à la prière comme moyen de renouer la relation avec Dieu en prêchant la conversion et en indiquant de la voix et du geste de la main : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde ». Il fut aussi un guide pour la prière quotidienne puisque les disciples de Jésus lui demandèrent : « Seigneur apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples » (cf Lc 11,1), et le Fils de Dieu leur enseigna le « Notre Père ».

Prier n’est pas du temps perdu ou dérobé à l’action. La prière est l’âme de chacune de nos actions, comme elle le fut pour Jean-Baptiste. La prière est du travail, parce que, comme le travail humain, sinon davantage, elle transforme les personnes et les choses. « La prière est un échange de vie : Dieu se fait homme et prend sur lui-même notre pauvreté, mais nous prenons de Lui tout ce qu’Il est » (Divo Barsotti). Dieu est Amour. Dieu est Parole. Lui le premier, adresse à l’homme une parole d’amour et nous pouvons « apprendre le cœur de Dieu dans la Parole de Dieu » (Saint Grégoire le Grand).

A l’exemple des vierges consacrées qui le jour de leur consécration ont reçu le bréviaire, afin de prier tous les jours et tout au long de la journée, prenons la Parole pour nous adresser à Dieu, c’est une Parole chargée de tout ce que nous sommes et devenue chair en nous.

En se dédiant chaque jour à la lecture de la Parole, les Vierges consacrées en font le terrain fertile de la prière. Faisons de même.

En se mettant quotidiennement à l’écoute de la Parole, les Vierges consacrées habitent la Parole en vraies disciples. Au moins pour le temps de l’Avent, nous aussi accordons un peu de temps à l’écoute de la Parole afin qu’elle prenne chair en nous.

Apprenons de ces personnes comment imiter Jean-Baptiste : avec humilité. Comme le Précurseur mit en pratique ses paroles : « Il faut que le Christ grandisse et que moi je diminue », les consacrées font humblement cela, par leur vie elles désignent leur Epoux et elles se font petites pour Lui.

Apprenons de ces femmes consacrées à vivre en toute humilité la fête de l’Immaculée Conception qui se célèbre demain, 8 décembre. Le cœur immaculé de Marie est en parfait accord avec la miséricorde de Dieu qui nous connaît tous personnellement par notre nom, un par un, et nous appelle à resplendir de sa lumière. Et ceux qui sont les premiers aux yeux du monde, pour Dieu sont les derniers ; les petits, pour Dieu sont grands comme la Vierge.

A l’exemple de Marie, et par son intercession, « nettoyons » notre cœur de tout ce qui est imparfait et laissons-le libre pour le Christ qui descend parmi nous comme un « enfant ».

Lecture patristique

Homélie d’Origène (+ 253)

Homélies sur saint Luc, 22, 1-4 (SC 67, 300-302…)

Examinons comment l’avènement du Christ est proclamé, et d’abord ce qui est écrit au sujet de Jean: A travers le désert une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Ce qui suit concerne en propre le Seigneur notre Sauveur, car ce n’est pas par Jean Baptiste que tout ravin sera comblé, mais par le Seigneur notre Sauveur. Que chacun se considère soi-même, ce qu’il était avant de croire, et il découvrira qu’il a été une vallée basse, une vallée en pente rapide, plongeant vers les bas-fonds. Mais le Seigneur Jésus a envoyé l’Esprit Saint, son remplaçant. Alors toute vallée a été comblée, par les bonnes oeuvres et les fruits de l’Esprit Saint.

La charité ne laisse pas subsister en vous de vallée, si bien que, si vous possédez la paix, la patience et la bonté, non seulement vous cesserez d’être vallée, mais vous commencerez à être montagne de Dieu. Nous voyons se produire et s’accomplir chaque jour pour les païens cette parole: Tout ravin sera comblé, et pour le peuple d’Israël, qui est tombé de si haut: Toute colline et toute montagne seront abaissées (Lc 3,4-5).

C’est à la faute des fils d’Israël que les païens doivent le salut: Dieu voulait les rendre jaloux (Rm 11,11). Si vous dites que ces montagnes et ces collines qui ont été abattues sont les puissances ennemies qui se dressaient contre les hommes, vous ne vous tromperez pas. En effet, pour que les vallées en question soient comblées, il faut que les puissances ennemies, montagnes et collines, soient abaissées.

Mais voyons si une autre prophétie s’est accomplie à l’avènement du Christ. Car le texte poursuit: Les passages tortueux deviennent droits. Chacun de nous était tortueux, du moins s’il l’était et ne le reste plus aujourd’hui, car, par l’avènement du Christ qui s’est réalisé pour notre âme, tout ce qui était tortueux a été redressé. A quoi peut-il nous se rvir en effet, que le Christ soit venu jadis dans la chair, s’il n’est pas venu aussi jusqu’à notre âme? Prions pour que son avènement s’accomplisse chaque jour en nous, et que nous puissions dire: Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20).

Donc Jésus mon Seigneur est venu; il a égalisé nos aspérités et converti en routes unies tout ce qui était chaotique, pour faire de nous un chemin sans danger de chute, un chemin facile et très pur, pour que Dieu le Père puisse progresser en nous et que le Seigneur Jésus Christ fasse en nous sa demeure et dise: Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. (Jn 14,23).

[1] Au ler siècle le mot évangile (du grec euangelion, bonne nouvelle) n’indiquait pas encore le genre littéraire dont l’œuvre de Marc constitue peut-être le premier exemple  qui sera suivi des évangiles de Matthieu, Luc et Jean, mais il était déjà l’annonce de Jésus par les apôtres puis par la communauté chrétienne. Il est source de joie car il annonce le salut. Parlant de Jésus, il peut s’agir du sujet ou de l’objet de cette annonce.

Source: ZENIT.ORG, le 3 décembre 2020