INDE – Ostension extraordinaire de la dépouille de Saint François Xavier : un message de foi, de simplicité et d’espérance

Dans la mémoire collective des fidèles indiens est encore gravée la figure du saint homme qui parcourt les villages avec une petite cloche et, en attirant l’attention des enfants et des adultes, enseigne les prières les plus simples, le Notre Père, l’Ave Maria, le Confiteor ou les rudiments de la foi comme le signe de la croix et les dix commandements. François Xavier (1506-1552), dont la fête est célébrée aujourd’hui, 3 décembre, se voit attribuer des définitions grandiloquentes telles que « géant de l’évangélisation », « le plus grand missionnaire des temps modernes », ainsi que les titres officiels que lui a conférés l’Église : patron de l’Orient, de l’œuvre de la propagation de la foi et, avec sainte Thérèse de Lisieux, des missions.


L’Église en Inde, avec l’exposition extraordinaire de sa dépouille mortelle – qui est en cours à Goa et durera jusqu’au 5 janvier 2023 – entend rappeler à tous précisément l’aspect de simplicité et d’essentialité de la foi, car « Dieu se révèle aux petits et aux humbles ».

François Xavier a été envoyé pour évangéliser en Orient, mais il avait aussi la mission officielle de « légat du pape » pour les colonies portugaises des Indes orientales. Son service en tant que « nonce apostolique », il l’a vécu au sens étymologique du terme, comme un véritable disciple et missionnaire : en donnant la Bonne Nouvelle aux souffrants, aux esclaves, aux malades, il s’est également occupé des « pàravi », les pêcheurs de perles qui, harcelés par les musulmans, étaient devenus chrétiens, mais sans avoir reçu une éducation adéquate, car leur langue n’était pas bien connue.

Avec difficulté, il a traduit les prières et les vérités de la foi les plus importantes, parcourant les villages et baptisant, enseignant les prières, fondant des églises et des écoles.

Avec émotion, il a rencontré des personnes qui connaissaient déjà Jésus-Christ (il s’agissait de ceux que l’on appelait les « chrétiens de saint Thomas », l’apôtre de Jésus qui était venu en Inde) : le Seigneur l’avait « précédé en Galilée ».


C’est ce saint que vénèrent et aiment aujourd’hui les pèlerins indiens qui affluent à la basilique de Bom Jesus à Goa, où est conservée sa dépouille mortelle. Le Cardinal Felipe Neri Ferrao, archevêque de Goa et Daman, a annoncé solennellement l’exposition du corps du cofondateur de la Compagnie de Jésus, le saint apôtre de l’Orient qui, né en 1506 à Javier, en Espagne, a évangélisé l’Inde, la péninsule de Malacca, l’Indonésie et le Japon et est mort le 3 décembre 1552 sur l’île chinoise de Sancian, à l’âge de 46 ans.


Le corps de François Xavier a été exposé pour la première fois à la vénération publique dans l’église Saint-Paul de Goa du 16 au 18 mars 1554, peu après son arrivée dans la ville de l’Inde occidentale. Il fut ensuite transféré dans l’actuelle basilique, construite en 1594, et placé dans une tombe en argent et en verre en 1637. Depuis lors, le coffret d’argent est ouvert tous les dix ans pour l’événement tant attendu de six semaines d’exposition publique. La dernière a eu lieu en 2014.


Avec l’exposition d’aujourd’hui, l’Église indienne, au lendemain de la pandémie, veut attirer l’attention sur les anciennes pratiques de dévotion populaire telles que le pèlerinage, la prière et la vénération des saints. Pendant plus d’un mois, le corps de Xavier est placé sur un podium pour que les pèlerins s’en approchent, invoquent des grâces, demandent une protection spéciale.

« Le sens de l’événement dévotionnel est de ramener chaque âme à une rencontre personnelle avec le Christ, de réfléchir au parcours de foi de François Xavier et d’imiter son zèle pour l’annonce de l’Évangile », a écrit le Cardinal Ferrao, rappelant que quelque quatre millions de personnes ont visité les reliques lors de la dernière ostension.

En outre, l’ostension de cette année, prévue avec deux ans d’avance sur le calendrier habituel, sert également à préparer celle déjà prévue pour 2024, ce qui donnera aux fidèles le temps d’entreprendre  » leur propre et profond voyage spirituel intérieur: le pèlerinage est le point culminant d’un voyage spirituel, un voyage de renouveau et d’espoir que chaque personne, chaque famille, chaque paroisse est appelée à entreprendre « , explique le père Barry Cardoza, directeur du centre diocésain de communication de Goa.

Ce pèlerinage, note-t-il, n’est pas seulement un acte individuel, mais il est pleinement synodal, dans la mesure où l’on veut « marcher aux côtés des pauvres et des marginaux, avec des personnes de toutes les confessions et cultures, et en harmonie avec la création ».


Le pèlerinage pour visiter les restes du saint est, en fait, également un événement interreligieux : comme les années précédentes, les pèlerins catholiques, hindous et musulmans marchent ensemble pendant huit jours depuis le Maharashtra et le Karnataka pour atteindre Goa et avoir « une rencontre spirituelle avec le saint ». C’est une expérience qui, disent-ils, implique profondément les hommes et les femmes qui ont été guéris de maux physiques et spirituels grâce à l’intercession du jésuite espagnol, ou qui placent une prière ou une demande spéciale entre ses mains.


Aujourd’hui, dans le vieux Goa, au milieu de la mobilisation générale, même des autorités civiles, les habitants de différentes cultures, traditions, castes ou religions, connaissent, vénèrent et aiment la figure qu’ils appellent amicalement « Goencho Saib », c’est-à-dire « protecteur de Goa ».

C’est à lui, qui a dépensé toutes ses énergies pour apporter le message d’amour du Ressuscité, que les Indiens baptisés s’inspirent pour témoigner du salut accordé par le Christ Jésus, qui remplit et transforme la vie de chaque personne.

Source : Agence Fides, le 3 décembre 2022

Inde: les Missionnaires de la Charité privées de financement étranger

Des Missionnaires de la Charité à Calcutta le 28 décembre 2021.Des Missionnaires de la Charité à Calcutta le 28 décembre 2021. (AFP or licensors)

Inde: les Missionnaires de la Charité privées de financement étranger

Le gouvernement indien n’a pas renouvelé la licence permettant aux Missionnaires de la Charité de recevoir des fonds étrangers, invoquant des «éléments défavorables».

Linda Bordoni – Service anglophone de Vatican News

Le jour de Noël, la nouvelle d’une décision du gouvernement indien de bloquer les fonds étrangers des Missionnaires de la Charité (les sœurs de Mère Teresa) a déclenché des réactions d’inquiétude à un moment où le parti BJP, au pouvoir dans le pays au niveau fédéral, est accusé de promouvoir des attaques haineuses contre les minorités religieuses.

Selon une déclaration publiée lundi par le ministère indien de l’Intérieur, la congrégation fondée par Mère Teresa, canonisée par le Pape François en 2016, ne remplit pas les conditions prévues par les lois locales. Il a donc refusé la demande de renouvellement d’une licence qui permet à l’organisation caritative de recevoir des fonds de l’étranger.

Le communiqué indique que la raison en est que l’organisme ne remplit pas les conditions d’éligibilité prévues par la loi sur la réglementation des contributions étrangères après que des «éléments défavorables ont été constatés», sans donner plus de détails. Lundi, le ministère de l’Intérieur a ajouté qu’aucune «demande de révision n’a été reçue de la part des Missionnaires de la Charité pour le refus de renouvellement». En attendant, l’enregistrement existant reste en place jusqu’au 31 décembre 2021.

La nouvelle a suscité une indignation immédiate, conduisant à des allégations selon lesquelles le ministère de l’Intérieur aurait gelé tous les comptes bancaires des Missionnaires de la Charité en Inde, une action qui aurait un impact dramatique pour des dizaines de milliers de patients et d’employés qui se retrouveraient sans nourriture ni médicaments. Le ministère de la Santé a cependant publié une déclaration lundi, précisant que le ministère de l’Intérieur n’avait pas gelé ses comptes en tant que tels, mais seulement les transferts venant de l’étranger, le temps d’évaluer la situation.

Un durcissement des règles

La législation régissant les contributions étrangères aux organisations caritatives indiennes a été durcie en 2020 par le gouvernement de Narendra Modi, créant des difficultés pour de nombreuses organisations internationales opérant en Inde.

Dans le climat politique actuel, les minorités religieuses sont confrontées à des obstacles croissants dans un climat de division fomenté par les nationalistes hindous qui accusent les organisations catholiques de prosélytisme.

Les chrétiens et d’autres membres de minorités religieuses ont déclaré que la justification de la prévention des conversions est fausse et font remarquer que les chrétiens ne représentent que 2,3 % des 1,37 milliard d’habitants de l’Inde, alors que les hindous sont la majorité écrasante, représentant près de 80 % de la population du pays.

Lauréate du prix Nobel de la Paix en 1979, Mère Teresa, décédée en 1997, a fondé les Missionnaires de la Charité en 1950. Cette congrégation compte actuellement plus de 3 000 religieuses dans le monde qui gèrent des hospices, des cuisines communautaires, des écoles, des léproseries et des foyers pour enfants abandonnés.

Source: VATICANNEWS, le 29 décembre 2021

INDE – Violence contre les chrétiens, « violation flagrante de la Constitution »

INDE – Violence contre les chrétiens: « violation flagrante de la Constitution »

Les attaques contre les fidèles chrétiens indiens sont des violations claires et flagrantes de la Constitution, et en tant que telles, elles doivent être poursuivies et arrêtées : c’est ce qu’affirment les prêtres, les religieux, les promoteurs des droits de l’homme dans la société indienne au lendemain de la publication du Rapport, édité par un groupe d’organisations chrétiennes, qui indique plus de 300 épisodes de violence contre les chrétiens en Inde en 2021. Le rapport, envoyé à Fides, a été rédigé par des ONG telles que « United Against Hate », « Association for Protection of Civil Rights » et « United Christian Forum », entre autres.


« Ce qui arrive aux chrétiens en Inde n’est pas nouveau. Cela se produit avec une régularité effrayante dans les États gouvernés par le Bharatiya Janata Party (BJP) depuis plus de 20 ans », commente à l’Agence Fides le Père Cedric Prakash, un universitaire et écrivain jésuite, actif dans la défense et la promotion des droits de l’homme. « Cependant, depuis 2014, les éléments liés à l’idéologie « Hindutva » (qui prône un nationalisme religieux hindou) ont poursuivi leur agenda avec des violences et une propagande haineuse contre les minorités religieuses, comme les chrétiens et les musulmans, en bénéficiant d’une plus grande impunité », explique-t-il. « Même les leaders hindous les plus intransigeants se cachent derrière l’immunité en disant : nous sommes les leaders, personne ne peut nous toucher, rien ne nous arrivera », dit le père Prakash.
« Les attaques et les menaces ont augmenté de façon spectaculaire. Cela est totalement contraire à la Constitution, à l’éthique démocratique et au tissu pluraliste du pays. Le peuple indien doit se lever pour arrêter ce fanatisme immédiatement avant qu’il ne soit trop tard », dit-il.


Selon le rapport intitulé « Christians under attack in India », publié le 21 octobre, trois États du nord de l’Inde, l’Uttar Pradesh, l’Uttarakhand, l’Haryana et Delhi, sont le théâtre de la plupart des attaques contre les chrétiens.


« Les craintes et les suspicions concernant la conversion des hindous par les chrétiens sont totalement infondées. Des attaques brutales ont eu lieu dans 21 États. La plupart des incidents se produisent dans les États du nord et 288 cas sont des violences de masse. C’est une situation effrayante, qui soulève des questions critiques sur le rôle de la Commission nationale des droits de l’homme (NHRC) et du ministère de l’Intérieur et sur leur incapacité à mettre fin à cette violence », déclare le dirigeant catholique A.C. Michael, ancien membre de la Commission des minorités à Delhi et désormais coordinateur national du Forum chrétien uni (UCF).


Plus de 49 plaintes ont été enregistrées dans les commissariats de police, mais aucune action n’a été entreprise, note le texte. L’enquête a montré que la plupart des violences étaient dirigées contre des chrétiens appartenant aux communautés dalits et tribales. Les auteurs de ces attaques sont des groupes nationalistes hindous qui accusent les chrétiens de convertir les hindous par la flatterie, l’argent ou d’autres formes d’aide. Comme le souligne Minakshi Singh, secrétaire général du groupe protestant « Unity in Christ » basé à Delhi, qui a contribué au rapport, « ce n’est pas vrai du tout, en fait il n’y a pas eu de changement significatif dans le pourcentage de la population chrétienne, au contraire, son nombre est en baisse ».


Le père Ajaya Kumar Singh, prêtre catholique, avocat et défenseur des droits de l’homme, a déclaré à Fides : 
 » La liberté de religion ou de croyance est un droit fondamental. C’est la pierre angulaire de tous les droits, car elle implique la conscience. Les groupes hindutva accusent les chrétiens depuis plus d’un siècle de faire du prosélytisme sans preuves et sans réelles motivations ». Accuser les chrétiens de convertir de force les autres au christianisme est une pure propagande et un prétexte à la violence. Chacun a le droit de choisir ses propres croyances. La preuve de la liberté de religion est le droit de se convertir », déclare le prêtre à Fides.  
« Dans certains villages, les églises chrétiennes ont été dévastées, dans d’autres les pasteurs ont été battus ou maltraités. Des assemblées de fidèles ont été dispersées par des foules violentes et des chrétiens se sont retrouvés à l’hôpital avec des blessures. La police est également accusée de menacer les fidèles, de les traîner dans les commissariats et de mener des raids pendant les services de prière du dimanche », a déclaré le prêtre, commentant le rapport.


« Les faits réels doivent être mis en lumière autant que possible, avec des enquêtes indépendantes. Personne ne doit s’excuser ou avoir honte parce qu’il exerce son droit de choisir sa religion ou ses convictions. Nous apprécions le fait que des groupes indépendants de la société civile, qui protègent les libertés individuelles, se joignent à cette campagne pour mettre en lumière les problèmes », conclut le père Singh.
Lors d’un incident récent, un groupe de 30 militants appartenant au Vishwa Hindu Parishad (Conseil hindou mondial) et au Bajrang Dal (Parti des durs et des forts) a forcé une école catholique de l’État indien du Madhya Pradesh à installer une statue de Saraswati, la déesse hindoue du savoir, sur le campus. Le Madhya Pradesh, qui est gouverné par le parti nationaliste hindou BJP, a également connu de nombreux cas de violence à l’encontre de chrétiens, de prêtres et de religieuses dans le passé.
Selon le recensement indien de 2011, l’Inde compte 966 millions d’hindous sur une population de 1,3 milliard d’habitants. Il y a 172 millions de musulmans et 29 millions de chrétiens.


Source: Agence Fides, le 27 octobre 2021

INDE – Dirigeants catholiques : « La politique incite à la haine religieuse, la violence est orchestrée »

INDE – Dirigeants catholiques : « La politique incite à la haine religieuse, la violence est orchestrée »

 » La violence qui sévit dans 13 endroits des États du nord de l’Inde n’est ni aléatoire ni le fait d’éléments isolés. Ils constituent un travail systématiquement orchestré et synchronisé pour intimider la communauté chrétienne, en particulier contre les petites communautés vulnérables et isolées, dans des États indiens connus pour ces violences ciblées ». C’est ce qu’a déclaré à l’Agence Fides l’écrivain et journaliste catholique John Dayal, ancien président de la All India Catholic Union, en commentant la  » journée noire  » du 3 octobre, au cours de laquelle 13 attaques contre des communautés chrétiennes ont été enregistrées. Selon Dayal, « les violences font suite aux menaces exprimées publiquement par des éléments de groupes extrémistes, tels que le Sangh Parivar, qui appellent à priver les communautés chrétiennes et musulmanes indiennes de leurs droits de citoyenneté.  


Dayal note : « La situation est préoccupante car des autorités politiques de haut niveau, telles que des ministres fédéraux et d’État, membres du Bharatiya Janata Party (BJP) au pouvoir, incitent ouvertement à la violence et apprennent aux gens à considérer les agriculteurs, les adivasis (tribus), les dalits et les minorités religieuses comme des ennemis de l’État. « Il s’agit d’une situation alarmante qui menace l’État de droit, la démocratie, la liberté d’expression et la liberté de religion et de croyance », avertit Dayal. 
A.C. Michael, un laïc catholique, coordinateur national du United Christian Forum et ancien membre de la Commission des minorités de Delhi, a ajouté : « La politique en Inde a connu un déclin général. Nos politiciens prononcent des mots et des phrases qui blessent les gens ou créent des divisions et des discriminations. Je pense qu’il est du devoir et de la responsabilité des élus d’administrer le gouvernement du pays, de donner la priorité à l’harmonie nationale et de prononcer des mots qui unissent plutôt que de créer la haine dans la société ».


A. C. Michael s’attarde notamment sur l’épisode de Roorkee, dans l’Uttarakhand, où environ 500 extrémistes ont fait irruption dans une salle où 15 fidèles s’étaient réunis pour la prière dominicale, attaquant et blessant des chrétiens, dont l’un se trouve à l’hôpital dans un état critique. « C’est le résultat des déclarations irresponsables de certains individus et groupes politiques et sociaux qui incitent à la haine religieuse. Il y a des organisations qui semblent fournir des plateformes idéologiques pour la violence », note-t-il. « Ces personnes diffusent une propagande infondée et mensongère selon laquelle les chrétiens procèdent à des conversions religieuses par des moyens frauduleux, allégations qui ont été démenties à plusieurs reprises par les tribunaux. Je tiens à souligner qu’à ce jour, aucun tribunal n’a jamais jugé un chrétien coupable de convertir quelqu’un par des moyens frauduleux », conclut Michael. 


Les chrétiens en Inde représentent 2,3% (29 millions) des quelque 1,3 milliard d’habitants, dont la grande majorité est hindoue. 

Source: Agence Fides, le 5 octobre 2021

Inde: le Premier ministre «d’accord pour inviter le pape»

Drapeau indien Pl. Saint-Pierre lors d'une audience du mercredi © Vatican Media
Drapeau Indien Pl. Saint-Pierre Lors D’une Audience Du Mercredi © Vatican Media

Inde: le Premier ministre « d’accord pour inviter le pape »

Les défis affrontés par l’Eglise catholique en Inde

Le Premier ministre indien, M. Modi est « d’accord pour inviter le pape », a indiqué l’agence vaticane Fides, le 20 janvier 2021.

Une éventuelle visite du pape François en Inde était en effet à l’ordre du jour d’une rencontre entre trois cardinaux indiens et le Premier Ministre, Narendra Modi, mardi 19 janvier.

Les cardinaux Oswald Gracias, archevêque de Bombay et président de la Conférence épiscopale de l’Inde, George Alencherry, archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly des syro-malabares, et Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum des syro-malankares ont aussi abordé les défis inhérents à la mission de l’Eglise en Inde, indique la même source.

« Il s’est agi d’un dialogue sur des thèmes de vaste ampleur. Nous avons parlé des différentes œuvres menées par l’Eglise en Inde, au niveau national, en particulier de la manière dont les institutions catholiques œuvrent dans les divers secteurs de l’instruction, de l’assistance médicale et sociale. Nous nous sommes confrontés sur la manière dont l’Eglise peut collaborer avec le gouvernement » a déclaré le cardinal Gracias à l’issu de la visite.

Pour ce membre du Conseil des cardinaux, « N. Modi est d’accord sur le fait d’inviter le Pape en Inde. Le Premier Ministre doit trouver un moment approprié où le Pape peut être invité, vu les conditions actuelles de santé et de sécurité en Inde » marquées par la pandémie.

Le cardinal Gracias a également soulevé la question des paysans, souhaitant que « soit trouvée une juste solution », le Premier Ministre déclarant de son coté que le gouvernement fait tous les efforts possible pour cela.

Un autre des problèmes évoqués a été l’affaire du père jésuite Stan Lourduswammy, arrêté pour son engagement social. Le Premier ministre a déclaré connaître la situation indiquant cependant que le cas était géré par une agence indépendante et que le gouvernement ne désirait pas interférer dans cette question, a encore indiqué le cardinal Gracias.

Les cardinaux ont aussi informé le Premier ministre de l’importante action menée par l’Eglise au cours de la pandémie de Covid-19. L’Eglise et les organismes qui en dépendent ont en effet dépensé plus de 15,2 millions de roupies indiennes (soit près de 172 000 €) pour prendre soin des pauvres durant la pandémie. Les différentes Caritas présentes en Inde ont aidé plus de 2 millions de personnes. « Nous poursuivrons notre engagement dans le domaine des soins d’urgence au peuple indien » a indiqué le président de la Conférence épiscopale.

Parlant des minorités religieuses – chrétienne, musulmane et autres – présentes en Inde, le cardinal Alencherry a partagé avec N. Modi sa réflexion « sur la nécessité d’une distribution équitable des biens et services » insistant par la suite auprès du Premier Ministre sur l’urgence de promouvoir l’harmonie religieuse. A ce propos, le Premier Ministre s’est déclaré d’accord.

Quant au Foreign Contribution Regulation Act (FCRA) – qui entrave l’arrivée de fonds étrangers y compris aux organismes et organisations catholiques – le Premier ministre a affirmé que « il existait de nombreuses agences qui reçoivent de l’argent depuis l’étranger sans tenir de comptabilité adéquate » justifiant ainsi la mesure.

Le cardinal Thottunkal a demandé à ce que les fonds mis en place par le gouvernement fédéral pour les pauvres soient distribués de manière équitable.

Les cardinaux ont également soulevé le problème de la promotion des dalits en particulier des membres chrétiens de cette communauté. « Il s’agit de groupes de personnes qui ont besoin de soins et d’être intégrés dans la société » ont-ils déclaré, rencontrant, sur ce thème également, l’accord du Premier Ministre. En ce qui concerne l’accès des dalits à l’instruction, aux bénéfices sociaux et à l’intégration, les Cardinaux ont suggéré au Premier Ministre d’adopter dans ce processus d’assistance des critères économiques et non pas religieux.

Enfin, toujours selon Fides, le cardinal Gracias a déclaré avoir expliqué à N. Modi que « l’Eglise ne fait pas de politique, qu’elle n’appuie aucun parti politique et qu’elle est toujours a-politique. Ce que nous cherchons toujours est un bon gouvernement. Nous cherchons la prise en considération des pauvres, la croissance économique et le développement des personnes, la justice et le progrès du pays ».

Source: ZENIT,ORG, le 21 janvier 2021