Un prêtre italien tué par les nazis sera béatifié

Les huit futurs vénérables et le futur bienheureux BeottiLes huit futurs vénérables et le futur bienheureux Beotti

Un prêtre italien tué par les nazis sera béatifié

Le Pape François a autorisé le dicastère pour la Cause des saints à promulguer le décret reconnaissant le martyre du père Giuseppe Beotti, prêtre italien tué pendant l’occupation nazie. Sont également reconnues les vertus héroïques de huit serviteurs de Dieu, dont quatre laïcs, devenus vénérables, parmi eux un Camerounais.

Paolo Ondarza – Cité du Vatican

L’Église aura bientôt un nouveau bienheureux, le prêtre de Piacenza Giuseppe Beotti, tué par les nazis le 20 juillet 1944. Au cours de l’audience de ce samedi 20 mai avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère pour la Cause des saints, le Pape François a autorisé la promulgation du décret reconnaissant son martyre. Ont également été reconnues les vertus héroïques de huit serviteurs de Dieu qui deviennent ainsi vénérables: il s’agit de deux prêtres (le Camerounais Simon Mpeke et l’Espagnol Pedro de la Virgen del Carmen), de deux religieux (la Brésilienne Tereza Margarida do Coração de Maria et l’Italienne Edda Roda) et de quatre laïcs (le jeune séminariste brésilien Guido Vidal França Schäffer, le catéchiste italien Arnaldo Canepa et deux Italiennes, Maria Cristina Ogier et Lorena D’Alessandro, décédée d’un cancer à un jeune âge).

Aide aux personnes fuyant le nazisme

Giuseppe Beotti est né en 1912 dans une famille d’agriculteurs et est devenu prêtre diocésain le 2 avril 1938. Il s’est immédiatement distingué par son travail caritatif assidu en faveur des nécessiteux et par son engagement en faveur de l’éducation des jeunes. Il offre son aide à tous: partisans, juifs, soldats, blessés. Pendant l’occupation allemande, il a défendu les droits de ses paroissiens et a fait l’objet de poursuites pénales qui se sont soldées par une nullité.

Il héberge et sauve des soldats en fuite, des prisonniers échappés de la guerre, des persécutés, dont une centaine de juifs qu’il cache dans des chalets avec l’aide de ses paroissiens. Face au danger des rafles et des représailles nazies, il ne s’enfuit pas, mais reste une référence dans son église de Sidolo, dans la province de Parme, assidu à la prière. Il fut arrêté et fusillé le 20 juillet 1944 à Sidolo avec un prêtre et un séminariste qui s’étaient réfugiés avec lui dans l’église. Son assassinat est motivé par la haine des nazis envers les transgresseurs de leur loi criminelle antisémite.

L’Évangile dans les montagnes du Cameroun

Parmi les fondateurs de l’Union sacerdotale Iesus-Caritas de saint Charles de Foucauld au Cameroun figure le serviteur de Dieu Simon Mpeke, né au début du siècle dernier dans une famille de paysans païens de l’ethnie Bakoko. Fasciné par le christianisme dans sa jeunesse, il se convertit, quitte sa fiancée et entre au séminaire pour devenir prêtre en 1935. Il se distingue par la profondeur de sa vie spirituelle et son engagement pastoral. Parlant couramment plusieurs langues, il fut le premier missionnaire fidei donum camerounais dans le nord du pays, habité par des populations d’origine soudanaise, sous l’influence des musulmans et dont les populations montagnardes étaient liées à des religions traditionnelles.

Appelé « Baba (père) Simon » par la population locale, il parcourt les montagnes et prêche l’Évangile au peuple autochtone des Kirdi. Fascinée par son exemple, une communauté chrétienne fervente est née grâce à lui. Proche des pauvres et des malades, il évangélise par des œuvres telles que la prédication et la construction d’écoles. Le père Simon Mpeke voyait dans le Christ la réalisation d’espoirs également présents dans d’autres confessions religieuses: c’est avec cette conviction qu’il a favorisé le lent passage des non-chrétiens à la connaissance de Jésus. Il s’est également engagé en faveur du progrès humain, surmontant de nombreux préjugés, comme celui qui considérait la maladie comme une punition divine.

Source : VATICANNEWS, le 20 mai 2023

La religieuse française Marie Rivier va être canonisée

Le Pape François a promulgué de nouveaux décrets, lundi 13 décembre 2021. Le Pape François a promulgué de nouveaux décrets, lundi 13 décembre 2021.

La religieuse française Marie Rivier va être canonisée

La fondatrice de la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie est une future sainte. Au cours d’une audience accordée lundi 13 décembre au cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le Pape François a autorisé la promulgation du décret correspondant. La religieuse italienne Maria Carola Cecchin sera également béatifiée, tandis que trois prêtres et une religieuse polonaise deviendront vénérables.

Isabella Piro – Cité du Vatican

La vie de Marie Rivier a été marquée par la souffrance et la charité. Elle n’avait que 16 mois lorsqu’elle est tombée du lit, s’est blessée à la hanche et a eu de graves problèmes pour grandir. C’était en 1770. Pendant des années, elle a été incapable de se tenir debout, finissant par se traîner sur le dos, s’aidant de ses mains. Ce n’est qu’en 1774 qu’elle a pu se lever à l’aide de béquilles et ce n’est que trois ans plus tard qu’elle s’est complètement rétablie. Mais la maladie lui a donné une intuition: consacrer le reste de sa vie à Dieu. Née à Montpezat-sous-Bauzon, en France, le 19 décembre 1768, après avoir reçu sa première communion, Marie Rivier mûrit le désir de se consacrer au Seigneur et demande à entrer dans la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Pradelles mais, à cause de sa santé, elle n’est pas jugée apte.

De petite et frêle à sainte

Elle décide d’ouvrir une école, ce qu’elle fait en 1768, et de se consacrer aux soins des malades et des pauvres. Lorsque la Révolution française éclate, elle s’installe à Thueyts où elle rassemble quelques jeunes femmes: malgré la fermeture des ordres religieux par les révolutionnaires, le 21 novembre 1796, Marie fonde une petite communauté. Cinq ans plus tard, en 1801, avec l’approbation de l’évêque de Vienne, la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie voit le jour et, en quelques années, elle ouvre 46 maisons. Marie Rivier est décédée le 3 février 1838 à Bourg-Saint-Andéol. Saint Jean-Paul II l’a béatifiée le 23 mai 1982. Le miracle reconnu, attribué à son intercession, concerne la guérison d’une fillette nouveau-née souffrant d’une «hydrops embryo-fœtal généralisé précoce non immunologique», qui a eu lieu en 2015 aux Philippines.

L’Italienne Maria Carola Cecchin béatifiée

Maria Carola Cecchin, née Fiorina, religieuse professe de la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph Benoît Cottolengo, sera béatifiée. Née le 3 avril 1877 à Cittadella, dans la province de Padoue, elle a fait sa profession religieuse le 6 janvier 1899, après être entrée dans la Petite Maison de la Divine Providence de Turin. En 1905, elle est envoyée au Kenya, avec quatre religieuses Cotolenghi et deux missionnaires de la Consolata. Catéchiste infatigable dans de nombreux villages, des forêts aux steppes arides de Kikuyo, de la savane aux landes de Meru, Maria Carola était toujours prête à ouvrir les portes de nouvelles missions. Elle a vu toutes sortes de misères et de souffrances, a subi de grandes privations, mais a tout enduré, avec un amour infini, animée par le zèle missionnaire. Entre-temps, elle a été nommée supérieure et envoyée dans différentes communautés, dont la dernière était Tigania, où elle est tombée gravement malade. Il est décidé de la renvoyer en Italie, mais Maria Carola meurt pendant le voyage en bateau à vapeur le 13 novembre 1925, à l’âge de 48 ans. Les règles d’hygiène de l’époque exigeaient que son corps soit jeté dans les eaux de la mer Rouge. Le miracle reconnu pour sa prochaine béatification et attribué à son intercession concerne le retour à la vie d’un bébé né en «absence prolongée d’activité cardiaque, respiratoire et neurologique». L’événement s’est produit à Meru, au Kenya, en 2013.

Vénérable Père Bernardo Sartori, réfugié parmi les réfugiés

Parmi les décrets promulgués lundi 13 décembre par la Congrégation pour les Causes des Saints, figurent aussi ceux concernant trois prêtres et une religieuse, qui sont devenus Vénérables avec la reconnaissance de leurs vertus héroïques. Le témoignage de Bernardo Sartori, prêtre profès des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus, se distingue particulièrement. Né le 20 mai 1897 à Falzé di Trevignano, dans la province de Trévise, il est entré dans la Congrégation des Comboniens en 1921. Il a été ordonné prêtre en 1923 et, après un travail missionnaire dans le sud de l’Italie, il est envoyé en 1934 à West Nile, dans le nord-ouest de l’Ouganda, environnement à prédominance musulmane. Dans les années suivantes, il a fondé de nouvelles missions et écoles, tandis qu’en 1962, il a promu la consécration à la Vierge Marie de tous les missionnaires comboniens en Afrique. Il a vécu les événements turbulents qui ont suivi la chute du dictateur ougandais Amin et, en 1979, il a suivi son peuple au Zaïre, devenant un réfugié parmi les réfugiés. Après un court séjour en Italie, il est retourné au Zaïre en 1982, à l’âge de 85 ans, pour rester proche de son peuple. Infatigable dans son travail apostolique et dans l’aide à son prochain, il est décédé le 3 avril 1983, dimanche de Pâques, à Ombaci, en Ouganda. Son corps a été retrouvé sans vie dans l’église, devant le tabernacle.

Vénérable Maria Malgorzata, la force de la foi en temps de guerre

L’histoire de Maria Malgorzata, mourant dans le jardin de Gethsémani (née Ludovica Banaś), une religieuse professe de la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille de Nazareth, est également particulière. Née le 10 avril 1896 à Klecza Dolna, en Pologne, elle est entrée dans la Congrégation le 15 février 1917 et a fait sa profession perpétuelle le 31 juillet 1926. En 1937, elle a été transférée à Nowogródek (aujourd’hui Bélarus), où elle a travaillé à l’hôpital. Son engagement dans l’apostolat envers les pauvres, les nécessiteux, les orphelins et les prisonniers était grand. Après l’occupation de la ville par les troupes soviétiques en 1939, les sœurs ont été expulsées de leur couvent et retirées de l’hôpital. Contraints de porter des vêtements profanes, ils ont dû chercher un logement dans des familles amies. Deux ans plus tard, douze religieuses ont été convoquées par les Allemands au poste de police et fusillées dans le bois adjacent. Ferme et inébranlable dans sa foi, Maria Malgorzata réussit à se sauver et, après la retraite des Allemands en 1944, elle fit exhumer les corps des onze sœurs assassinées et leur donna une sépulture digne de ce nom dans l’église. Saint Jean Paul II les a béatifiés en 2000. À la fin de la guerre, les territoires de la Pologne orientale ont été incorporés à l’Union soviétique. Maria Malgorzata n’est pas retournée dans son pays natal, comme beaucoup d’autres, mais est restée à Nowogródek pour poursuivre sa mission, en tant que seule gardienne de l’église et de la tombe de ses sœurs. C’est là qu’elle s’est éteinte le 26 avril 1966, à l’âge de 70 ans, après une longue maladie qu’elle a supportée avec patience et sérénité.

Vénérable Carlo da Abbiategrasso, exemple de piété, d’humilité et de charité

La vie de l’Italien Carlo da Abbiategrasso (né Gaetano Antonio Vigevano), prêtre profès de l’Ordre des Frères Mineurs Capucins, est également exemplaire. Né le 30 août 1825 à Abbiategrasso, il se distingue dès son plus jeune âge par sa religiosité et le zèle avec lequel il enseigne le catéchisme à ses contemporains. Il a immédiatement ressenti la vocation à la vie consacrée, mais sa frêle constitution et la tuberculose ont ralenti sa progression. La profession solennelle dans l’Ordre des Frères Capucins n’a eu lieu que le 30 mars 1855. Le 26 décembre de la même année, il est ordonné prêtre et se consacre en particulier à l’exercice de la charité. Pendant les années où le choléra se répandait à Milan, même s’il était atteint de fièvre, Charles demandait à genoux la permission de se rendre à l’hôpital pour aider les malades.  En 1858, il est transféré au Sanctuaire de Notre-Dame des Capucins à Casalpusterlengo, où il se distingue par son extraordinaire piété, son humilité et sa charité, acquérant également une réputation de thaumaturge. Compte tenu de sa réputation de sainteté, le gouvernement autrichien a demandé sa destitution, mais l’évêque de Lodi, Mgr Gaetano Benaglio, a refusé catégoriquement. Il tombe malade de broncho-pneumonie et de consomption et meurt le 21 février 1859.

Vénérable Andrea Garrido Perales, apôtre des prisonniers

Enfin, l’Espagnol Andrea Garrido Perales, prêtre profès de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de Mercede, est également devenu Vénérable. Né le 29 novembre 1663 à Vallada, il était un théologien expert et a consacré sa vie à la prédication, à l’administration du sacrement de la réconciliation et à l’aide aux marginaux, aux orphelins, aux pauvres, aux malades, aux prisonniers, aux gitans et aux sans-abris. Souffrant d’une forme grave d’arthrite qui déformait son corps, il a fait preuve d’une force d’âme exemplaire, nourrie par une prière constante. Fidèle au charisme mercedarien, il a répandu l’Évangile parmi les prisonniers comme moyen de libération de la captivité de la marginalisation sociale et du mépris, encourageant leur réintégration dans la société et leur chemin de foi. Il est mort à Xátiva le 23 février 1728, à l’âge de 65 ans.

Source: VATICANNEWS, le 13 décembre 2021

Pia Luciani, nièce de Jean-Paul Ier: il nous apprenait l’humilité

Jean-Paul Ier, Pape du 26 août 1978 au 28 septembre 1978.Jean-Paul Ier, Pape du 26 août 1978 au 28 septembre 1978.

Pia Luciani, nièce de Jean-Paul Ier: il nous apprenait l’humilité

«Il était un second père pour moi». La nièce du Pape Luciani réagit à la promulgation du décret qui reconnaît la guérison miraculeuse attribuée à l’intercession de Jean-Paul Ier. Le Pape Luciani sera prochainement proclamé bienheureux. 

Debora Donnini – Cité du Vatican

«Nous l’avons toujours considéré comme un saint, même de son vivant, et maintenant qu’il a été reconnu comme bienheureux, c’est une grande satisfaction pour nous». C’est avec des mots vibrants d’émotion et d’affection que la nièce de Jean-Paul Ier, Pia Luciani, réagit à l’autorisation donnée par François à la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret qui reconnaît un miracle attribué à l’intercession de Jean-Paul Ier. Pia Luciani est la première des 12 enfants d’Edoardo, le frère d’Albino Luciani. Elle a rendu visite à son oncle à de nombreuses reprises dans les différents endroits où il a été appelé à servir l’Église.

Qui était votre oncle pour vous?

Il était un second père pour moi. Lui et mon père étaient complètement différents. Mon père était bon pour certaines choses, mon oncle était bon pour d’autres: mon oncle avait plus de patience pour écouter. Nous nous tournions vers lui quand nous avions besoin d’un bon mot. Quand on se disputait avec mon père, il était toujours le point de référence. Même pour des conseils lorsque nous devions prendre des décisions, nous lui demandions.

Albino Luciani était un homme de foi profonde: quel héritage a-t-il laissé en ce sens à vous, neveux, le Pape du sourire?

Il était toujours souriant, même quand il avait des pensées, il nous encourageait même quand nous avions des difficultés. Il nous a écoutés, nous a donné des conseils, puis nous a encouragés à être patients, à faire face aux choses et à croire en l’aide du Seigneur. C’était donc très agréable de lui parler et de se confier à lui. Je lui rendais souvent visite. Il disait que nous devions être patients et bien nous comporter, non seulement pour nous-mêmes devant le Seigneur, mais aussi pour donner un bon exemple aux autres.

Avez-vous rendu visite à votre oncle pendant les années où il était patriarche de Venise, et ensuite aussi Pape, à Rome?

J’ai fréquenté l’université de Lumsa et, plus tard, chaque année, l’université proposait des cours de mises à jour pour les enseignants -j’enseignais dans le secondaire- et c’est pour ces raisons que je suis toujours allée à Rome. Cette année-là, je suis aussi descendu pour le cours et à cette occasion, je suis aussi allée voir mon oncle. On a déjeuné ensemble, on a parlé… C’est la dernière fois que je l’ai vu. Quand il était patriarche de Venise, j’y allais souvent, mais j’avais commencé à lui rendre visite même quand il était à Vittorio Veneto. Il était une personne de grande charité envers les autres, ainsi que fidèle au Seigneur. Une fois, lorsque je suis allé lui rendre visite à Venise, la religieuse m’a demandé de dire à son oncle de lui permettre d’acheter des chaussettes pour lui: «Ses chaussettes sont toutes abimées», a-t-elle dit. J’ai dit: «Demandez-lui, vous qui êtes ici…». La religieuse m’a dit qu’elle avait essayé, mais qu’il lui avait dit: «Ma sœur, vous êtes si douée avec une aiguille, trouvez un moyen de les réparer à nouveau et ensuite, avec cet argent, nous rendrons un pauvre homme heureux. Quand elles ne tiendront vraiment plus, voyons ce que nous pouvons faire».

Il avait donc beaucoup d’attention pour les pauvres. Il avait également été en Afrique….

Il avait des relations avec des personnes de presque tous les pays du monde. Je peux vous le dire car je collectionnais les timbres et il mettait de côté les enveloppes avec le timbre. Certains venaient d’Australie, d’autres d’Afrique, d’autres encore d’Amérique latine. L’un d’eux venait de Pologne, du secrétariat de celui qui allait devenir, après lui, le Pape Jean-Paul II. Il avait donc déjà de nombreuses relations. Il avait une vision très large et était au courant de situations pratiquement partout dans le monde. Il était très intéressé et essayait de conseiller ses prêtres également: s’il y avait un besoin en Afrique, si quelqu’un voulait descendre…

L’expérience du Concile Vatican II a également été forte pour lui…

C’était une expérience merveilleuse pour lui. Il aimait beaucoup être parmi tous ces gens, aussi parce qu’il avait beaucoup de curiosités, il voulait élargir ses connaissances. Donc, s’il trouvait quelqu’un qui était aussi prêt à parler, à exprimer ses expériences, à les raconter, peut-être qu’il lui disait: avant de rentrer, viens je t’emmène chez mon frère, viens je t’emmène dans mon diocèse pour te présenter mon pays et te présenter le diocèse.

Le mot Humilitas se détache sur ses armoiries. L’humilité: un mot central dans la vie de votre oncle ?

Il avait l’habitude de dire qu’il faut rester «bas, bas», parce que chacun de nous a ses limites et ses défauts -qu’il faut essayer d’éliminer, bien sûr- mais même par rapport aux autres, il ne faut pas se croire supérieur. Bien qu’il ait une grande culture, bien qu’il ait d’énormes talents, il était toujours «dans le coin». Une fois, je l’ai accompagné à une réunion. À un moment donné, quelqu’un a dit: «Je ne comprends pas, le patriarche de Venise n’est pas là, il n’est pas encore arrivé, il est habituellement à l’heure…». Puis ils ont découvert qu’il était au fond de la pièce. Ils pensaient qu’il arrivait en voiture avec beaucoup de faste, mais au lieu de cela, il était dans un coin, à réciter le chapelet en attendant que l’assemblée commence.

Comment avez-vous vécu sa mort, après seulement 33 jours de pontificat?

Nous l’aimions beaucoup et c’était donc une grande détresse pour moi. J’ai été la première à être informée car mon père, qui était alors président de la Chambre de commerce de Belluno, se trouvait en Australie. Heureusement, avant de partir en Australie, il était venu à Rome pour dire au revoir à son frère. Comme il n’était pas là et que j’étais la fille aînée, j’ai été informée de la mort de mon oncle. Ce fut un énorme choc pour tout le monde.

Quel est, selon vous, l’héritage, la parole, que le Pape Luciani porte pour l’Église aujourd’hui?

Il dirait qu’il est nécessaire de faire le plus grand effort possible et de laisser le reste au Seigneur. De même, lorsque nous avions des problèmes, il nous disait: «Comporte-toi comme ça, même si les autres ne sont pas toujours corrects avec toi, essaie de l’être, essaie d’aimer les gens».

Source: VATICANNEWS, le 13 octobre 2021

À Casamari, la béatification de six moines cisterciens

Icône des martyrs de CasamariIcône des martyrs de Casamari  (RAPH@SUOR)

À Casamari, la béatification de six moines cisterciens

Dans les pages de L’Osservatore Romano, le postulateur général de l’ordre cistercien, le père Pierdomenico Volpi, présente quelques traits caractéristiques des six religieux – Siméon, Modeste, Mathurin, Albertin, Domenico, et Zosimo- qui sont béatifiés ce samedi 17 avril dans cette abbaye cistercienne du Latium par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la cause des saints.

par Pierdomenico Volpi

Le martyre a une connotation précise, comme nous le lisons dans le Catéchisme de l’Église catholique: il est « le témoignage suprême rendu à la vérité de la foi, le martyr est un témoin qui arrive jusqu’à la mort». On peut ainsi inclure dans ce témoignage les six religieux de Casamari: Siméon, Modeste-Marie, Maturin, Albertin, Domenico, et Zosimo.

Ayant entendu parler des violences commises par l’armée française lors de son retrait du Royaume des Deux-Siciles, de nombreux moines choisirent de quitter le monastère de Casamari. Conscients du risque, seuls les six religieux restèrent et accueillirent le groupe de soldats le 13 mai 1799.

Ils avaient pourtant des raisons valables de quitter le monastère: parmi eux, un moine qui n’avait pas prêté serment à la Constitution civile du clergé (le père Siméon Marie Cardon), un déserteur de l’armée républicaine française (le frère Mathurin Marie Pitri), un moine bohémien appartenant à l’Empire autrichien, ennemi acharné de la République française (le père Domenico Maria Zawrel), un religieux de l’abbaye de Sept-Fons qui s’était réfugié à Casamari (le frère Modeste Marie Burgen), un autre religieux français qui n’avait pas pu vivre sa vocation en France (le frère Albertino Marie Maisonade), et enfin, un jeune religieux de Milan (le frère Zosimo Maria Brambat).

Ils n’eurent même pas eu la «joie» de vivre le martyre. Les martyrs voient dans la souffrance la possibilité de verser leur sang pour le Christ, de lui ressembler dans la mort: chez les six religieux de Casamari, il n’y eut rien de tout cela, seulement de l’incertitude, de la peur et de la douleur ; ils accueillirent et nourrirent le groupe de soldats français, et furent tués comme de véritables «martyrs de l’accueil», morts comme ils ont vécu: dans la simplicité. Le père Siméon et ses compagnons étaient un «signe vivant de la présence de Dieu». Ils avaient tous suivi le Seigneur à l’école de Saint Benoît, à la manière cistercienne. Le père Siméon avait quitté la France parce qu’il ne pouvait pas vivre pleinement sa vocation de moine et avait affronté les ennemis de la foi catholique.

Le père Domenico avait abandonné à la fois sa patrie et l’ordre dominicain pour vivre plus résolument son appel à la sainteté. Un signe de la présence de Dieu est aussi le frère oblat Mathurin qui, guéri d’une grave maladie, avait quitté l’armée française pour consacrer sa vie à Dieu. Il ne fait aucun doute que tous les martyrs de Casamari, ayant choisi de se consacrer au Seigneur selon la règle bénédictine, étaient déjà un signe éloquent de la présence de Dieu et le martyre constitua un achèvement généreux de leur consécration.

L'abbaye cistercienne de Casamari

L’abbaye cistercienne de Casamari

étaient aussi un «signe pour la vie éternelle». Les mots que le père Siméon dit à ses sauveteurs avant de mourir sont à cet égard significatifs: «quand j’ai pris cet habit, j’ai renoncé à l’aide des hommes. Me soumettant à Dieu seul, je ne ferai rien qui puisse abréger ma vie ou la prolonger». Le frère Zosimo est également un signe plein de sens de la vie éternelle: mortellement blessé, il réussit à se cacher pendant trois jours puis se met en route pour Boville Ernica, à la recherche d’un prêtre qui pourrait lui administrer les derniers sacrements. Il dut cependant s’arrêter en chemin et, assisté par des paysans, il mourut là.

En tant que témoins de la vie monastique, puis en versant leur sang, nos martyrs sont aujourd’hui «une graine qui a donné un fruit efficace». Après leur martyre, de nombreux fidèles affluèrent sur leurs tombes et beaucoup parmi eux obtinrent des grâces. L’affluence était telle que le supérieur de l’époque leur imposa, en vertu de leur vœu d’obéissance, de ne plus accorder de faveurs pour leur intercession.

Aujourd’hui, les témoignages des fidèles dans le livre d’or installé près de leurs tombes sont très évocateurs : «chers frères martyrs, aujourd’hui nous parlions de vous, en souhaitant votre canonisation. Maintenant, dans le silence paisible de votre sépulcre, une seule phrase coule de mon cœur : ‘Tout est accompli’. Je comprends que je désire ce qui a déjà été, et qui est. Veuillez intercéder pour votre communauté, pour ce district, pour le diocèse, pour toute l’Église».

Enfin, les cisterciens de Casamari sont des «signes de contradiction». Le martyr est un témoin du Christ, lumière du monde, mais le monde choisit les ténèbres, préférant le mensonge à la vérité. «En Occident, l’on préfère souvent une visibilité discrète dans les médias, on propose un christianisme doucereux et conciliant qui n’a pas le courage de dire le ‘oui, oui ; non, non’ évangélique. C’est pourquoi les chrétiens eux-mêmes, pour ne pas aller ‘trop’ à l’encontre de la mentalité actuelle, préfèrent ignorer l’existence des martyrs». Les martyrs de Casamari répètent, en contradiction avec le monde, que la voie du monde n’est pas la voie du Seigneur; Jésus-Christ l’affirme clairement lorsqu’il proclame bienheureux les persécutés. Benoît XVI a écrit: «même ce XXIe siècle s’est ouvert sous le signe du martyre. Lorsque les chrétiens sont vraiment le levain, la lumière et le sel de la terre, ils deviennent eux aussi, comme cela est arrivé à Jésus, l’objet de persécutions» ; comme lui, ils sont des «signes de contradiction». La coexistence fraternelle, la foi, les choix en faveur des plus petits et des plus pauvres, qui marquent l’existence de la communauté chrétienne, suscitent parfois une violente aversion.

Nos martyrs ont accepté la haine du monde parce qu’ils savaient que cette haine était due à leur foi. De certains d’entre eux, nous ne connaissons que le nom et quelques brefs traits, mais comme il a été dit : «les martyrs brillent comme des étoiles, leur témoignage est fort, encourageant et devient un suprême témoignage d’amour».

Source: VATICANNEWS, le 17 avril 2021