27.04.2025 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 20, 19-31

Touche mes plaies

Évangile selon saint Jean 20, 19-31

Homélie par le Fr. Laurent Mathelot

Un vieux frère me racontais autrefois qu’il n’appréciait pas vraiment le tableau du Caravage qui illustre l’Évangile d’aujourd’hui, où l’on voit littéralement le Christ se saisir de la main de Thomas pour la plonger dans la blessure de son côté. Il n’aimait pas sa connotation très chirurgicale, son côté crûment charnel. Je crois que c’est précisément ce qui me fait l’aimer. Rencontrer le Ressuscité, c’est littéralement toucher les plaies du Christ. C’est rencontrer, toucher le Christ, au creux de ses plaies. De ses propres plaies.

On a pour habitude de cacher sa souffrance, comme s’il y avait là quelque chose de honteux. Combien sont-ils parmi nous qui pleurent une fois seuls ; combien sont-elles qui endurent des blessures sans rien dire ?

Touche mes plaies. « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté. » Le Christ n’a pas honte de sa crucifixion. Le Ressuscité ne cache rien de ses souffrances. Il a pourtant été humilié, traité comme un moins que rien. Jésus ne cache pas ses blessures, son humiliation, sa mort. Au contraire, il les montre.

Les psychologues nous diront sans doute qu’il est normal d’avoir honte d’une agression, d’une violence ou d’un mépris subis ; que c’est là le reflet d’un sentiment d’impuissance, celui de n’avoir pas pu un temps faire face, la honte d’avoir subi un mal sans pouvoir ou savoir réagir. De même, en ce qui concerne la maladie ou la dépression : toute souffrance est humiliante et, sans doute, faut-il avoir déjà ressuscité de ses blessures pour oser les exhiber. Touche mes plaies. « Avance ta main, et mets-la dans mon côté. »

Beaucoup de miracles apparaissent comme la guérison inexpliquée de maladies corporelles – on pense notamment aux guérisons de Lourdes – actuellement, je crois que nous sous-estimons les miracles spirituels, la guérison de dépressions, le relèvement presque incompréhensible de gens spirituellement à bout. Il semble que la maladie de notre temps soit le burn-out, l’épuisement de l’esprit qui induit celui du corps. C’est sans doute un symptôme de notre monde déspiritualisé. Avez-vous remarqué que c’est le mécanisme inverse de la foi – elle qui relève les corps par le ravissement de l’Esprit ? Touche mes plaies, toi qui n’en peux plus, toi qui n’a plus d’espoir, toi qui ne crois plus en rien. Touche mes plaies.

Il faut – je crois – nous efforcer de témoigner de nos souffrances et de nos blessures guéries. Il faut , parce que cela va en aider d’autres, dire comment de drames nous avons été relevés, comment la foi nous a permis de tenir bon, de maintenir une lampe allumée au fond du désespoir, de refaire spirituellement surface, de revivre !

N’ayons pas honte de vos blessures, montrons vos plaies, assumons vos faiblesses passées et allons dire au monde nos guérisons. Montrons comment, de la peine, on regagne la joie.

Et même si la souffrance nous a un temps incliné au péché, et même si, n’en pouvant plus, nous avons sombré dans des quêtes de satisfactions tant désordonnées qu’immédiates, acceptons une certaine mise à nu de notre âme. Allons dire aux gens que le Christ relève les morts et qu’il va rechercher ceux qui s’égarent. Témoignons de la puissance miraculeuse et miséricordieuse de Dieu. Racontons nos retours de fils prodigues et nos résurrections.

Notre communion autour de l’autel est une communion de faibles redevenus forts, de gens blessés que la foi a rendus à l’espérance et à la vie. Le Christ lui-même est l’un des nôtres, lui qui ne voulait que l’amour et a été injustement méprisé. Tous et toutes sans doute, nous avons subi le mal. Parmi nous, certains s’affrontent-ils peut-être encore à de la souffrance et de la désespérance.

C’est pour eux qu’il convient d’abandonner la honte de nos épreuves passées ; c’est pour eux qu’il faut tomber toute fausse pudeur sur nos souffrances guéries ; c’est pour eux que nous devons être témoins du pouvoir de résurrection de l’amour divin.

C’est, d’ailleurs, essentiellement comme cela que nous convaincrons les incrédules : en témoignant du pouvoir résurrectionnel de la foi. Ce n’est pas par de longs discours et de volumineux traités de doctrine que nous rallierons au Christ les égarés ; c’est en leur disant : « Voilà mes souffrances, tel était mon chagrin, ma perte, et voici comment Dieu m’en a relevé. »

Jamais Thomas l’incrédule n’a été aussi proche du Christ que le doigt posé sur ses blessures. Jamais personne qui n’y croit plus, ne revient à la vie, sans un témoignage tangible de résurrection. Or c’est de la rencontre du Christ au plus profond de nos blessures que surgit le plus éclatant témoignage.

Touche mes plaies. « Avance ta main, et mets-la dans mon côté. »

Fr. Laurent Mathelot OP

Source : RÉSURGENCE.BE, le 23 avril 2025

27.04.2025 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 20, 19-31

Dimanche de la divine miséricorde

Textes bibliques : Lire

Pistes pour l’homélie par le père Jean Compazieu

En ce dimanche qui conclut l’octave de Pâques, nous entendons Jésus nous souhaiter la paix. Ce n’est pas un salut ni un simple vœu ; c’est un don qu’il offre à ses disciples et à chacun de nous. Cette paix, c’est la victoire de l’amour sur le mal ; c’est le fruit du pardon et de la miséricorde de Dieu. Cette paix, Jésus l’adresse à des disciples qui l’avaient abandonné. Ils l’avaient laissé seul face à la souffrance et à la mort. Eux-mêmes se sentaient menacés. Ils s’attendaient à être arrêtés et condamnés en même temps que leur Maître. C’est pour se protéger de ce danger qu’ils se tiennent cachés et enfermés en un lieu secret.

C’est alors que Jésus les rejoint là où ils en sont. Il les rejoint pour leur donner un message de paix : c’est la paix de la résurrection, la paix de la miséricorde qui pardonne, la paix qui touche le cœur. C’est ce message de paix que Christ ressuscité nous adresse aujourd’hui. Nous en avons bien besoin car nous vivons dans un monde hostile ou indifférent à la foi des chrétiens. La tentation reste grande de se replier et de rester entre nous.

En continuant la lecture de cet Évangile, nous découvrons que Jésus a fait une chose encore plus incroyable : Il envoie ses disciples en mission. “De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie…” Il aurait pu se dire qu’il ne peut pas compter sur eux car ils ne sont pas fiables. Or voilà que malgré leurs faiblesses et leur trahison, il leur renouvelle toute sa confiance. Il leur donne son Esprit Saint pour qu’ils puissent répandre dans le monde le pardon des péchés, ce pardon que Dieu seul peut donner.

Aujourd’hui comme autrefois, l’Église est envoyée pour transmettre aux hommes le pardon des péchés. Elle a reçu pour mission de faire grandir le Royaume de l’Amour et de semer la paix dans les cœurs. C’est ainsi que l’Esprit du Christ ressuscité chasse la peur dans le cœur des apôtres. Il les pousse à sortir du Cénacle pour annoncer l’Évangile à tous. Ce même Esprit Saint nous est donné pour témoigner de notre foi en Jésus ressuscité. Nous ne devons plus avoir peur d’être chrétiens et de vivre en chrétiens. Le Seigneur nous assure de sa présence et nous pouvons toujours compter sur lui.

Les apôtres ont répondu à l’appel de Jésus. Ils se sont mis à annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. La première lecture nous montre des communautés chrétiennes qui ont accueilli la miséricorde du Seigneur. Leur rencontre avec lui a complètement changé leur vie. Ils comprennent qu’ils sont appelés à devenir une communauté de partage, de prière et de découverte de Dieu. C’est cette miséricorde que nous sommes invités à l’accueillir dans notre vie. C’est comme une lumière qui doit briller au milieu des hommes pour qu’ils rendent gloire à Dieu.

La deuxième lecture est extraite du livre de l’Apocalypse. Pour la comprendre, il faut savoir que ce livre a été écrit pour des chrétiens persécutés. Saint Jean les invite à tenir bon malgré les épreuves qu’ils ont à souffrir. La priorité absolue c’est de revenir au cœur de la foi au Christ mort et ressuscité. C’est en regardant vers la croix que nous commençons à comprendre. Par sa mort et sa résurrection, il est vainqueur de la mort et du péché. C’est à cette victoire qu’il veut nous associer.

Ce message d’espérance nous rejoint dans un monde où beaucoup de chrétiens sont persécutés ou tournés en dérision. Mais le Seigneur est toujours là. Il nous rejoint dans nos épreuves et nos doutes. En nous rassemblant à l’église, nous apprenons à reconnaître en Jésus « Mon Seigneur et mon Dieu ». Il ne demande qu’à nous rejoindre pour nous aider à sortir de nos enfermements et à grandir dans la foi. Cette foi que nous sommes invités à proclamer est source de paix, de joie et d’amour. Elle est par-dessus tout, source d’une union personnelle et intime avec Jésus ressuscité. Et par lui, nous sommes unis à notre Père du ciel.

Nous avons tous besoin de réapprendre à vivre de cet amour miséricordieux qui est en Jésus. Et surtout, nous sommes envoyés pour en être les témoins et les messagers dans ce monde qui en a bien besoin. Beaucoup ne connaissent pas la miséricorde. Les coupables sont enfoncés dans la honte et l’échec. Nous, chrétiens, nous sommes invités à nous ajuster à Jésus qui veut à tout prix sauver tous les hommes, même ceux qui ont commis le pire. Comme il l’a fait pour les disciples, il nous envoie. Mais le principal travail, c’est lui qui le fait. Il est à l’œuvre ; nous, nous ne sommes que les manœuvres.

Pour conclure, voici une parole du pape François : « Dieu ne se lasse jamais de pardonner… le problème, c’est que nous, nous nous lassons, nous ne voulons pas, nous nous lassons de demander pardon. Dieu ne se lasse jamais de pardonner… Le nom de Dieu est Miséricorde ». « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. » Qu’il soit avec nous pour annoncer au monde qu’un pardon est toujours possible.

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 19 avril 2025

07.04.2024 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – Jean 20,19-31

Avoir Dieu dans la peau

Par le Fr. Laurent Mathelot

Qu’est-ce qu’avoir la Foi ; qu’est-ce que croire ?

Dans l’Évangile, Thomas a besoin d’une preuve tangible de la Résurrection, que le Christ lui donne. Plus tôt, dans ce même chapitre de l’Évangile de Jean (20, 8), il est dit du disciple que Jésus aimait, alors qu’il entrait dans le tombeau vide : « Il vit et il crut ». Et ce qu’il voit, c’est une absence – l’absence de Jésus parmi les morts. Enfin, la lecture d’aujourd’hui se conclut par cette parole du Ressuscité : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Clairement les textes nous parlent d’une foi issue de l’expérience pour les uns, et fondée en dehors de tout constat pour les autres.

Remarquons que la science fonctionne aussi comme cela : il y a des choses que nous savons d’expérience – la gravitation universelle vous est sans doute apparue de manière percutante, dès votre première chute – et il y a des choses que nous croyons en dehors de toute expérience personnelle, sur base de témoignages auxquels nous donnons foi : nous n’avons rien vu du Big Bang, par exemple, sinon que certains nous disent en déceler les traces encore aujourd’hui.

Tout discours est un regard direct ou indirect sur des faits, auquel je donne foi ou pas. Il peut m’arriver de ne pas croire ce que je vois – il peut m’arriver de me tromper – ; il peut m’arriver de donner foi à un discours sur des faits dont je n’ai pas été témoin, de croire simplement ce qu’on me raconte. C’est le cas de nombreux disciples du Christ : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

La foi chrétienne ne se mesure pas à l’expérience directe que l’on fait de la rencontre avec le Christ ressuscité – tout le monde ne vit pas une expérience tels les apôtres dans le passage que nous venons de lire ou Paul sur le chemin de Damas.

Dans la Première lettre de saint Jean, il est dit : « celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu » (1 Jn 5,1). A Nicodème, Jésus dira qu’il faut renaître de l’Esprit (Jn 3, 1-8). Ce terme de naissance contient en lui-même la notion d’incarnation. Naître c’est s’incarner. Jésus est le verbe incarné de Dieu.

Ainsi croire, c’est naître de Dieu et c’est incarner son amour. Vous savez que, dans la Bible, « connaître » revêt un caractère intime et charnel. Quand il est dit qu’Adam connut Eve, on parle bien d’un corps à corps intime au point de ne faire qu’un. Il ne s’agit en rien d’une connaissance par la seule pensée, ni même d’une philosophie de l’amour. Il s’agit de concrètement faire l’amour. C’est exactement cela que signifie, entre époux, se connaître.

Ainsi pour nous, il s’agit de croire que Jésus est le Christ, avec notre corps, avec nos tripes oserai-je dire. C’est cela que signifie être né de Dieu, c’est incarner dans sa chair la vie de l’Esprit. Sans doute savez-vous que le terme « miséricorde » en hébreux fait d’abord référence aux entrailles d’une mère qui sent vivre, en elle, son enfant. L’image est profonde, qui dit que Dieu nous aime avant tout avec ses entrailles, son ventre, sa matrice. Ainsi, croire c’est avoir, nous aussi, Dieu dans la peau. En effet, le texte poursuit : « Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. »

La foi n’est donc pas un énoncé – simplement accepter pour vraie l’idée que Dieu nous sauvera –, ni un pari positif portant sur l’espérance – simplement espérer que être sauvés. La foi c’est éprouver maintenant quelque chose de l’effectivité du salut ; c’est incarner l’espérance aujourd’hui ; c’est vivre quelque part déjà sauvé par l’amour de Dieu.

La foi c’est aimer Dieu. Il y a quelque chose de la légèreté amoureuse à croire en Dieu. Comme, il y a quelque chose de la crainte amoureuse de le perdre.

Ainsi, pour sonder sa foi, la seule question que le croyant doit se poser c’est : « Est-ce que j’aime Dieu ? » Et, à mesure que la réponse sera incarnée, il saura qu’elle est authentique.

Êtes-vous amoureux, amoureuses de Dieu ? L’aimez-vous avec vos entrailles, vos tripes ? Avez-vous Dieu dans la peau ?

Fr. Laurent Mathelot OP

Source : RÉSURGENCES.BE, le 3 avril 2024

07.04.2024 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – Jean 20,19-31

DIMANCHE DE LA MISÉRICORDE

Par l’Abbé Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire


Ce deuxième dimanche de Pâque est pour toute l’Église celui de la divine miséricorde. Cette fête a été instituée par le pape Jean Paul II le 30 avril 2000 à l’occasion de la canonisation de Sœur Faustine. Et conformément aux demandes du Seigneur, elle est célébrée tous les ans le premier dimanche après Pâques. Ce thème de la miséricorde est très présent dans chacune des lectures bibliques de ce jour.

Le texte du livre des Actes des Apôtres nous dit que les premiers chrétiens vivaient “d’un seul cœur” et “d’une seule âme”. Dans cette communauté, tout se partage. Les apôtres sont devenus de vrais témoins de la résurrection. Tout est devenu merveilleux. Si les choses sont ainsi, ce n’est pas à cause de leurs mérites, mais parce qu’au départ, le Seigneur leur a fait miséricorde. Voilà un message très important pour nous. Quand tout va bien et que nous sommes fiers de notre réussite, nous ne devons pas oublier que rien ne serait possible sans la miséricorde du Seigneur. D’ailleurs, la suite du livre des Actes des Apôtres nous dit que ce temps merveilleux n’a pas duré. Il y aura des rechutes. Les chrétiens auront toujours besoin de cette miséricorde du Christ.

Le psaume 117 nous invite précisément à rendre grâce au Seigneur pour cette miséricorde : “Rendrez grâce au Seigneur, il est bon ! Éternel est son amour.” Si Dieu s’est manifesté comme libérateur et sauveur, c’est parce qu’il nous aime. Il nous a tant aimés qu’il nous a donné son Fils unique. Jésus se présente à nous comme celui qui est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il veut que notre destin soit divin. C’est cette miséricorde du Seigneur que nous fêtons en ce temps de Pâques.

Nous avons ensuite la lettre de Saint Jean. En raison de sa grande miséricorde, le Christ nous a libérés de nos péchés ; il nous a fait entrer dans une vie nouvelle, la vie de Dieu. Nous sommes invités à donner notre foi au Christ ressuscité, vainqueur du monde par sa mort et sa résurrection. C’est un combat de tous les jours contre les forces du mal. Nous vivons dans un monde difficile. Mais le Seigneur ne nous abandonne pas. Saint Paul a écrit que rien ne peut nous séparer de son amour. C’est à cela que nous devons nous raccrocher chaque jour.

Avec l’évangile, nous sommes plus que jamais dans la miséricorde de Jésus. Rappelons-nous : quelques jours plus tôt, Judas l’a trahi ; Pierre l’a renié. Tous l’ont abandonné. Et maintenant, ils se cachent, ils s’enferment ; En effet, ils ont peur d’être recherchés par ceux qui ont condamné leur Maître. Or voilà que Jésus ressuscité les rejoint. Il aurait pu leur faire des reproches. Or c’est la paix qu’il leur apporte. Cette paix c’est le pardon, c’est la réconciliation. Avec Jésus ressuscité, le mal ne peut avoir le dernier mot. C’est la miséricorde qui triomphe. Voilà une bonne nouvelle très importante pour nous : quand nous nous sommes détournés du Seigneur, il est toujours là ; il ne cesse de nous rejoindre pour nous apporter sa paix.

Il reste le cas de l’apôtre Thomas. Nous avons l’habitude de le désigner comme “l’incrédule” ; ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. Il avait demandé à voir et à toucher les plaies de Jésus. En fait, il n’en a pas eu besoin. Les autres disciples avaient vu le Seigneur. Thomas va plus loin : il a été le premier à reconnaître en lui “Mon Seigneur et mon Dieu.” La rencontre et la parole de Jésus vont provoquer la profession de foi de l’incrédule. Jésus lui a fait miséricorde pour son incrédulité. Nous aussi, nous nous reconnaissons dans ce disciple qui cherche des preuves. Mais le Seigneur nous redit les mêmes paroles : “Heureux ceux qui croient sans avoir vu.”

Quand nous lisons cet évangile, il y a un détail très important qui risque de passer inaperçu. Saint Jean nous dit que c’était après la mort de Jésus, le soir du “premier jour de la semaine”. C’est du dimanche qu’il s’agit. Thomas n’était pas présent ce soir-là. Il devra attendre huit jours plus tard, c’est-à-dire le dimanche suivant. C’est chaque dimanche que Jésus rejoint les communautés rassemblées en son nom. Il vient pour nous recréer, nous renouveler. Sa résurrection a été pour nous “une lumière radieuse” (Isaïe 60. 1). Elle vient changer le regard que nous portons sur notre vie et celle des autres. Avec Jésus ressuscité, nous apprenons, nous aussi à faire miséricorde.

En ce dimanche, nous te prions, Seigneur : rends-nous plus disponibles à la force de la foi. Sois avec nous pour que nous soyons plus courageux dans le témoignage. Garde-nous plus généreux dans la pratique de la charité fraternelle. “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen

Abbé Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.0RG, le 1er avril 2024

16.04.2023 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 20,19-31

HOMÉLIE

Par Fr. Raphaël Devillers, dominicain

Évangile de Jean 20, 19-31

Croire pour Vivre

Comment une nouvelle aussi incroyable que la résurrection d’un crucifié dont on a bien constaté la mort a-t-elle pu être admise et se soit répandue avec une telle rapidité dans un monde qui n’avait pas notre système de communications ? Déjà en 51 (20 ans après la mort de Jésus), Paul, de retour à Corinthe, s’émerveille de la foi des Thessaloniciens qui croient en Jésus mort pour le pardon des péchés, ressuscité, Seigneur, Messie qui reviendra pour le jugement final. Tous partagent la joie de la Bonne Nouvelle et acceptent de souffrir pour l’Evangile. En 64, à Rome, l’empereur Néron fait brûler les chrétiens comme des torches.

Pourtant il semblait si aberrant d’accepter pareille information ! N’était-ce pas une fabulation des disciples déçus par la disparition de leur maître ? Oui mais dans ce cas, pourquoi l’avaient-ils inventée ? Dès le début ils furent critiqués, menés au tribunal, flagellés, mis à mort. Leurs familles se déchiraient, ils étaient rejetés des synagogues, surveillés par les Romains qui craignaient une insurrection.

Et en relisant les Actes puis les Lettres suivantes des apôtres, il est tout aussi stupéfiant de constater à quelle vitesse le mystère de Jésus s’est déployé : il n’était pas un prophète condamné et revenu à la vie.

« Jésus, de condition divine, s’est dépouillé…devenant obéissant jusqu’à la mort sur une croix…Et Dieu l’a élevé afin que toute langue proclame que le Seigneur, c’est Jésus-Christ » (Phil 2,06) …

« Vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ » (Gal 3, 28)… 

« Dieu a voulu réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ » (Eph 1, 10)…

Jusqu’ à l’Apocalypse qui se termine par l’appel : « Amen, viens, Seigneur Jésus » (22, 20).

Pour nous faire comprendre comment parvenir à croire sans voir, Jean termine son évangile par le célèbre épisode de Thomas. Celui-ci est le prototype des multitudes infinies qui, comme nous, n’ont pas bénéficié d’une apparition : comment nous instruit-il encore aujourd’hui ?

Le Ressuscité retrouve son Eglise

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint et il était là au milieu d’eux.

Complètement sidérés par ce qu’ils viennent de vivre et qui était à mille lieux de ce qu’ils auraient jamais pu imaginer, les disciples cependant ne se sont pas dispersés dans la nature. Ils se sont rassemblés dans une maison, toutes portes closes, la peur au ventre car ils soupçonnent que les autorités sont à leur recherche. Tout à coup le Maitre est présent au milieu d’eux. Pas de fulgurance. Mais c’est bien lui. Il n’était pas là, il n’est pas leur fabrication, il est au milieu. Il devient leur milieu.

Il leur dit : «  La paix avec vous » et il montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Il leur dit : « La paix avec vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». Ayant ainsi parlé il répandit sur eux son souffle : «  Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ».

Celui qui n’a pas vu

Thomas, un des douze, n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! ». Mais il leur déclara : «  Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous et la main dans son côté, non, je n’y croirai pas ». Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient dans la maison et Thomas était avec eux ; Jésus vient, toutes portes closes, il était là au milieu d’eux ; il dit : « La paix avec vous ». Il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté. Cesse d’être incrédule mais croyant. Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Jésus lui dit : «  Parce que tu m’a vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Remarquons que, à la différence du tableau du Caravage, il n’est pas dit que Thomas a touché les plaies : il les a vues et il a cru. Jésus lui reproche son incrédulité : il aurait dû faire confiance à l’affirmation unanime de ses confrères. Comment donc cet épisode nous apprend-il à être heureux de croire sans voir ?

Depuis longtemps peut-être, vous avez abandonné la pratique chrétienne inculquée dès votre jeune âge : comme la majorité aujourd’hui vous avez estimé que c’était une histoire dépassé. Et voilà que curieusement la question de la foi peu à peu vous interpelle : la figure de Jésus est tellement belle, son message si évidemment vrai. Mais vous achoppez sur la fin : comment accepter la résurrection ? Que vous apprend Thomas ? Bardé de vos réticences et de vos refus, osez rejoindre la communauté des pratiquants du dimanche. Car saint Jean insiste fortement sur ces conditions.

Les discussions de Thomas avec ses collègues ayant échoué, ils lui ont prescrit de rejoindre la communauté, qui se réunit dans un local le premier jour de la semaine. Donc dès le début, les chrétiens, qui étaient en majorité des Juifs célébrant le sabbat, ont effectué une révolution. Pour eux désormais, puisque Jésus était apparu le lendemain du sabbat, c’est donc en ce jour qu’il fallait se retrouver pour l’accueillir et ils l’appelèrent « domenica dies » qui donna le mot « dimanche ». Pour nous chrétiens, le week-end est vendredi-samedi. Et le dimanche inaugure la semaine nouvelle. Comme une nouvelle création : « Que la lumière soit : premer jour ».

Et qu’a vu Thomas ? Ses collègues auraient pu craindre de subir un terrible châtiment puisqu’ils venaient d’abandonner lâchement Jésus et même de le renier. Mais voilà qu’il leur était présent et leur montrait ses plaies : son horrible crucifixion étaient la source de son pardon. « Shalom …et il leur montra ses plaies ». Il ne les obligeait même pas à lui demander pardon. Leur honte d‘avoir péché se muait en ravissement du pardon immérité. D’un coup la miséricorde infinie les renouvelait, les re-suscitait. Les endeuillés sautaient de joie !!

Comme Dieu avait soufflé sur Adam et Eve pour les rendre vivants, le Seigneur Jésus maintenant envoyait son souffle sur les apôtres. Il ne fallait plus attendre des apparitions sporadiques mais être habités par l’Esprit-Saint. Non pour jouir d’une présence mais pour être emportés dans le monde, à destination de tous les hommes afin de leur offrir ce même don de l’Esprit qui les pardonnait. A condition évidemment qu’ils acceptent ce don, car il n’y a pas d’automatisme du salut : Dieu respecte notre liberté qui va jusqu’à pouvoir refuser Dieu !

Ainsi l’humanité qui avait été, par la création, soufflée hors de Dieu et qui avait péché, commence son retour à lui. Car il n’’y a qu’une mission : le Père envoie le Fils qui envoie l’Esprit sur quelques hommes et femmes afin qu’eux-mêmes envoient cet Esprit. La foi est un privilège mais qui impose un devoir. L’histoire est spirituellement l’expansion de l’Amour à tous les peuples. Si les hommes restent tentés de se déchirer et de se combattre, les chrétiens sont tenus de s’immiscer dans tous les milieux afin d’apporter la Paix.

Ne répliquons pas que nous sommes pécheurs donc incapables. Pierre, Thomas et les autres l’étaient avant nous. C’est pourquoi il n’est pas normal de commencer nos messes avec toutes ces répétitions : « Je confesse…Prends pitié… ». Elles restent inefficaces puisque nos assemblées ne montrent pas qu’elles sont transfigurées par la joie. La piété ne consiste pas à prendre un air compassé de carême.

Fin et But de l’Evangile

Les dernières lignes, essentielles, de ce chapitre 20 constituent la conclusion de l’évangile de Jean car le chapitre 21 est manifestement une addition de certains disciples.

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence de ses disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Jean ne se prétend pas un historien, il ne raconte pas la vie de Jésus. Il est un de ses disciples qui témoigne de certaines paroles et activités de Jésus. Il a compris que ces faits étaient des « signes » qui dépassaient souverainement leur simple compte-rendu. C’est pourquoi seul un témoin qui a compris leur signification peut tenter de les mettre par écrit.

Jean a fait un choix, il n’a pas voulu raconter tout car il ne s’agit pas de connaître Jésus et de lire l’évangile avec curiosité comme on lit la vie d’un hommes célèbre.

L’enjeu en effet en énorme, il s’agit en toute liberté de conduire le lecteur afin qu’il découvre peu à peu la personnalité de l’homme de Nazareth qui s’est montré comme un prophète mais qui dépasse infiniment ce titre pour être confessé comme « Messie », « Fils de Dieu ». Ainsi de Thomas qui longtemps incrédule a fini par exprimer la plus haute confession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Parfois l’incrédule tenace monte plus loin que le pratiquant routinier.

Alors ce lecteur a la Vie éternelle. Et il est « heureux ».

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Source : RÉSURGENCES.BE, le 11 avril 2023

16.04.2023 – HOMÉLIE DU 2ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 20,19-31

Réjouissons-nous, Christ est ressuscité

Il nous rassemble ! Alléluia !

Homélie

Par l’Abbé Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire

En ce 2ème dimanche de Pâques, l’Église nous invite à tourner notre regard vers le mystère de la « divine miséricorde ». Parmi les textes de ce jour, seule la seconde lecture, la lettre de saint Pierre nous en parle explicitement. Elle nous invite à louer Dieu qui, “dans sa grande miséricorde… nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus pour une vivante espérance”. Mais en y regardant de plus près, nous voyons bien que cette miséricorde divine transparaît également dans les autres textes bibliques de ce jour. Toute la liturgie de la Parole prolonge la bonne nouvelle de la résurrection par l’amour miséricordieux du Père.

La première lecture nous donne le témoignage de l’Église primitive. Elle ne cesse de s’agrandir dans la force de l’Esprit Saint. Par la bouche des apôtres, le Christ annonce la bonne nouvelle. Il guérit et il chasse le mal. Le même Esprit Saint continue à agir dans l’Église d’aujourd’hui. Il nous précède dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route. Comme les premiers chrétiens, nous sommes tous envoyés pour annoncer que le salut en Jésus Christ est là, mais le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de chacun.

Avec le psaume 117, nous rendons grâce au Seigneur dont l’amour est éternel. Cet amour est plein de miséricorde. Dieu ne cherche qu’à nous combler, non à cause de nos mérites mais parce qu’il nous aime. Il veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché. Il veut nous faire participer à la joie du Salut. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Alors oui, plus que jamais, nous pouvons chanter et proclamer : “Rendez grâce au Seigneur, il est bon, éternel est son amour.”

L’évangile nous invite à faire un pas de plus dans la découverte de cette miséricorde divine. C’était au soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche soir. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur ; en raison du climat de haine et de violence qui régnait sur Jérusalem depuis la mort de Jésus, ils craignaient pour leur sécurité. Cette peur, nous la connaissons bien : Dans certains pays, les chrétiens sont massacrés. Ailleurs, ils sont tournés en dérision. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, l’incroyance et la “mal croyance”. Or c’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés pour témoigner de notre foi en Jésus Christ.

Comme il l’a fait pour les apôtres puis pour Thomas, le Seigneur ressuscité nous rejoint dans nos enfermements. Pour lui, toutes les barrières qui nous enferment, ça ne compte pas. Il est toujours là, et il ne demande qu’à nous rejoindre au cœur de nos vies et de nos déroutes. Il reste Emmanuel, “Dieu avec nous”. Nous avons vu que Thomas a eu beaucoup de mal à croire en cette bonne nouvelle. Pour lui, ce n’était pas possible. Il avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressusciterait. Nous n’avons pas à sourire de son incrédulité. Si nous avions été à sa place, nous n’aurions pas fait mieux.

Mais voilà que Jésus lui-même rejoint ses apôtres au cœur même de leurs doutes et de leur détresse. Sa première parole est un message de paix. Cette paix, c’est la joie retrouvée, c’est la miséricorde et le pardon, c’est la réconciliation. Au moment de les envoyer en mission, il veut les libérer de cette angoisse qui les obsède. Il veut leur redonner force et courage car ils auront une longue route à parcourir. Ils seront envoyés pour annoncer au monde entier que tous sont appelés à se convertir à Jésus Christ et à accueillir la miséricorde qu’il ne cesse de vouloir nous offrir.

Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes les héritiers de ce témoignage des apôtres et nous sommes envoyés, nous aussi, pour le communiquer autour de nous, dans nos familles, nos lieux de travail et nos divers milieux de vie. Notre foi ne sera vraiment vivante que si elle rayonne. Le Seigneur nous attends dans notre monde, à l’endroit où il nous a placés pour que nous portions du fruit. Il aime réaliser des merveilles dans notre vie ordinaire et rien ne peut nous séparer de son amour.

En ce jour, notre regard se porte une fois de plus vers la première communauté des croyants. Comme eux, nous sommes invités à appuyer notre vie chrétienne sur quatre piliers :

– Fidélité à l’enseignement des apôtres pour approfondir notre foi et permettre à la bonne nouvelle de transformer notre vie de baptisés.

– Fidélité à la communion fraternelle pouvant aller jusqu’au partage des biens.

– Fidélité à la fraction du pain et donc à l’Eucharistie.

– Fidélité à la prière, soit à la maison, soit en communauté.

Ces quatre fidélités sont nécessaires. C’est grâce à elles que nous pourrons donner le vrai témoignage de notre vie de baptisés.

Chaque dimanche, le même Seigneur ressuscité rejoint les communautés rassemblées en son nom pour l’Eucharistie. Nous venons “puiser à la Source” de celui qui est l’Amour. Qu’il soit avec nous pour que nous soyons plus courageux dans le témoignage. Qu’il nous garde plus généreux dans la pratique de la charité fraternelle. « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen

Abbé Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 8 avril 2023

25.09.2022 – HOMÉLIE DU 26ÈME DIMANCHE ORDINAIRE- LUC 16, 19-31

Évangile de Luc 16, 19-31

Il s’appelait Lazare

Quel est le pauvre qui agonise sur mon seuil pendant que je me distrais ? L’Évangile utilise une image choquante pour la culture de l’époque. Littéralement il parle d’un pauvre qui se fait « lécher par les chiens ». C’est éminemment répugnant dans l’Orient ancien. Cet évangile est scandaleux pour l’auditoire de Jésus. Quel est le pauvre qui meurt comme un chien sur mon seuil pendant que je m’amuse ?

Quels sont, non seulement les pauvres que je ne vois pas, mais les pauvres que je ne veux pas voir ? Quels sont celles et ceux alentours qui meurent dans mon indifférence ? Pas seulement physiquement, mais qui meurent de manque d’amour, qui meurent de solitude, de blessure humaine ou de chagrin ? Mettons, si vous le voulez bien, derrière le terme de ‘pauvre’, toutes les pauvretés, celles du corps comme celles de l’âme.

Ne vous est-il jamais arrivé de détourner le regard d’un pauvre ? ou détourner vos pas ? … Ne vous est-il jamais arrivé de vous inventer une de ces raisons que l’on invente pour ne pas donner de l’argent à ceux qui nous mendient ? … « Elle va le boire » « Il va s’acheter de la drogue ». Sans parler de la légende urbaine du mendiant qui a refusé le sandwich qu’on lui tendait. Comme si un pauvre devait toujours manger la nourriture que d’autres choisissent pour lui …

Je l’ai fait. Récemment encore, j’ai détourné le regard quand je me suis aperçu qu’il allait croiser celui du pauvre que je regardais. Je n’ai pas voulu que nos yeux se rencontrent. C’est un péché constant de ne pas vouloir voir les pauvres … Leur regard nous renvoient à nos propres pauvretés. Et ce n’est pas toujours plaisant.

Que dire alors de ceux qui ne supportent pas de voir la pauvreté à leur porte ? Je connais cet état d’esprit où, parce que l’on souffre soi-même, toute souffrance devient insupportable – la nôtre mais aussi celle des autres. Je sais que parfois, on n’en peut plus de voir la souffrance.

Le prophète Amos considère quant à lui le problème sous une autre ampleur ; il s’adresse aux dirigeants, à ceux qui sont en position d’agir. « Malheur à vous qui vivez bien tranquilles, qui vous croyez en sécurité, vautrés dans le luxe, pendant que le désastre s’abat sur le pays » ; « Malheur à vous qui profitez des avantages du pouvoir, alors que la catastrophe frappe à nos portes » … Oui malheur à celui qui préfère jouir, plutôt qu’agir ; à celle qui est en position d’aider, mais préfère s’amuser.

En situation de crise, les profiteurs sont mal vus. C’est avant tout la corruption du pouvoir qui est cause de malheur. Mais la corruption n’est pas que de profiter de sa position pour s’enrichir. Il y a la corruption des élites intellectuelles qui produisent des discours négationnistes ; il y a la corruption affective qui profite des sentiments ; il y a la corruption religieuse, l’idolâtrie d’un leader, le culte du chef, voire le sentiment de toute puissance et d’intouchabilité.

« Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! » dit Paul à Timothée.

« Empare-toi de la vie éternelle ! » « Mène le bon combat, celui de la foi. » Quel est ce bon combat ? Et quelle est cette vie éternelle dont il faut s’emparer ? C’est de croire que l’amour triomphe de toutes les pauvretés.

Toutes les pauvretés reflètent un manque d’amour. Ça ne veut pas dire que c’est le manque d’amour qui les cause toutes. Tous, nous sommes nés nus et pauvres, et nous serions morts si, par amour, quelqu’un ne nous avait pas nourri et soigné. Il y a une pauvreté naturelle de l’humanité. Et comme le Pape l’a rappelé : « un linceul n’a pas de poches » ; nous n’importons rien dans la mort, sinon l’amour.

La pauvreté est toujours un creuset pour l’amour et c’est parce qu’ils reflètent notre dureté de cœur que nous ne voulons pas voir les pauvres qui nous entourent. A cet égard, ils cristallisent comme un caillou piquant le commandement d’aimer de Dieu. Et c’est d’abord sur celles et ceux que nous pouvons aider mais que nous essayons de ne pas voir, qu’achoppe notre refus de Dieu. La parabole que donne le Christ est très sévère à cet égard.

Un riche, habillé comme un prince, fait chaque jour des festins somptueux. « Ils boivent le vin à même les amphores, vautrés sur leurs divans » avait dit le prophète Amos. Un pauvre espère à sa porte recevoir les miettes de cette vie de luxe et il meurt léché par les chiens. Le riche meurt aussi. C’est notre pauvreté commune : tous nous mourrons. Le texte dit : « Le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. » C’est subtil mais l’un est au ciel tandis que l’autre retourne à la terre, à la poussière, vers l’Enfer.

Que s’est-il passé ? Le pauvre n’a jamais perdu la foi. Il a persisté à croire, comme Dieu le lui demandait, en l’amour humain, même si, comme le Christ, il en est mort. Voilà pourquoi il est dit que des anges l’emportent aux cieux. Le riche lui a concrètement perdu la foi en Dieu, son refus de voir la misère à sa porte et son enfermement dans l’auto-satisfaction, l’ont muré dans son égoïsme. Tellement étourdi par les distractions et les plaisirs qu’il se donne, il est devenu incapable d’aimer quelqu’un d’autre que lui-même.

Sans doute l’avez-vous remarqué, la parabole ne donne pas le nom du riche ; seulement celui du pauvre. Je n’ai pas fait grand-chose d’humain en donnant à un pauvre de quoi manger, si je n’ai même pas pris la peine de demander son prénom. Comme Dieu, connaissons-nous le prénom des pauvres sur notre seuil ?

Il s’appelait Lazare, ce qui signifie ‘Dieu m’a aidé’.

Fr. Laurent Mathelot

Source: RÉSURGENCES.BE le 17 septembre 2022

25.09.2022 – HOMÉLIE DU 26ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – LUC 16,19-31

Homélie – Malheureux, êtes-vous les riches !

Par l’Abbé Jean Compazieu


Textes bibliques : Lire


La liturgie de ce dimanche nous fait entendre la voix du prophète Amos. Le prophète c’est quelqu’un qui parle de la part de Dieu. Sa mission n’est pas d’enfoncer le pécheur dans son mal mais de l’appeler à se convertir. Amos se montre implacable envers la société corrompue de son temps. Il critique d’une manière virulente l’exploitation des pauvres par les riches et les puissants. Quand le droit et la justice sont bafoués, le pays court à sa perte.

Ces paroles très dures sont pourtant celles d’un amour qui ne veut que le bonheur de son peuple. Mais quand on aime, on se met parfois en colère. Dieu ne supporte pas qu’une petite minorité s’enrichisse au détriment des plus pauvres. Si Amos revenait, il dénoncerait tout ce gaspillage qui est une gifle tous ceux et celles qui n’ont pas de quoi survivre. Dans son encyclique “Laudato si”, le pape François nous invite tous à une véritable conversion.

C’est aussi l’appel que nous retrouvons dans l’Évangile de ce dimanche : il nous montre un homme riche qui fait bombance tous les jours. Cet homme ignore le pauvre Lazare qui reste couché devant son portail. Dieu ne peut pas tolérer cette situation dramatique. Il a créé le monde pour que tous les hommes y vivent ensemble en frères. Il nous invite à partager les biens qu’il a créés en abondance. Il ne supporte pas qu’une infime minorité possède plus de la moitié des richesses globales.

Entendons-nous bien : la richesse n’est pas nécessairement mauvaise. Mais elle peut nous entrainer au péché quand elle nous rend sourds et aveugles. Les nouveaux pauvres sont de plus en plus nombreux dans nos villes mais aussi dans nos campagnes. Ils ont besoin d’une aide matérielle, oui, bien sûr. Mais ils attendent surtout que nous les regardions et que nous leur parlions.

Le péché du riche c’est qu’il n’a pas vu. Ses richesses lui ont fermé les yeux, bouché les oreilles et fermé le cœur. C’est absolument dramatique parce que c’est son avenir éternel qui est en jeu : il n’y aura pas de séance de rattrapage ; il verra plus clair parce que la mort lui aura enlevé toutes les richesses qui l’aveuglaient ; ce jour-là, il ne pourra plus repartir à zéro. L’Évangile nous parle d’un grand abîme entre lui et Lazare ; cet abîme infranchissable, c’est lui, le riche, qui l’a creusé. Cette solitude dans laquelle il se trouve, c’est lui qui l’a organisée. Il s’y est complètement enfermé. Maintenant, personne ne peut rien pour lui.

Il nous faut recevoir cet Évangile comme un appel pressant à nous convertir. Le Seigneur compte sur nous pour que nous ouvrions nos yeux, nos oreilles et surtout notre cœur à tous ceux et celles qui souffrent de la précarité, du mépris et de l’exclusion. Nous ne devons pas attendre qu’une apparition vienne nous dire qui est Lazare et où le trouver : il est à notre porte, même s’il habite au bout du monde. Si nous ne le voyons pas, c’est que nous sommes aveuglés. Il devient urgent de combler les ravins d’indifférence, de raboter les montagnes de préjugés et d’abattre les murs d’égoïsme.

La grande priorité c’est de construire des ponts, de tracer des routes et d’aller à la rencontre des autres. Le Christ est là pour nous accompagner car il sait bien que c’est au-dessus de nos forces personnelles. Sa grande mission a été de réconcilier les hommes avec le Père mais aussi entre eux. Il nous veut unis à lui et entre nous. C’est le grand commandement qu’il nous laisse : “Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés” (autant que je vous ai aimés). Nous n’aurons jamais fini de nous ajuster à son regard d’amour sur les personnes qui nous entourent. C’est pour tous que le Christ a livré son corps et versé son sang.

Dans la seconde lecture, saint Paul nous dit que nous serons jugés sur nos actes. À travers son disciple Timothée, c’est aussi à chacun de nous qu’il s’adresse. Il nous invite à garder le commandement du Seigneur. Il s’agit pour nous de vivre “dans la foi et dans l’amour, la persévérance et la douceur”. Les disciples sont appelés à mener “le bon combat” et à “s’emparer de la Vie Éternelle”. Le Royaume divin à venir est déjà dans ce combat.

L’Eucharistie qui nous rassemble nous annonce un monde où il n’y aura plus de pauvres. Dans ce monde nouveau, tous, riches et pauvres se retrouveront à la même table ; ils partageront ce qu’ils possèdent. Personne n’y manquera du nécessaire. Tous auront assez pour entrer dans la fête. Le monde que l’Eucharistie annonce c’est celui-là même que le Christ est venu instaurer. Rendons-lui grâce et ÉCOUTONS-LE.

Abbé Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 17 septembre 2022

24.04.2022 – HOMÉLIE DU DEUXIÈME DIMANCHE DE PÂQUES-Évangile de Jean 20, 19 – 31

Par Raphaël Devillers

Heureux ceux qui croient sans avoir vu

Textes bibliques: lire

Il est sans doute très dommageable que l’Église ait allongé le jeûne initial du vendredi-saint en un long carême voué à 40 jours d’ascèse préparatoire – ce dont les Évangiles ne parlaient pas. Au contraire Luc et les Actes insistent fortement sur la cinquantaine postpascale où il s’agit moins d’accomplir des actes pour Dieu que de recevoir son Esprit qui, seul, a la force de nous accomplir en Dieu. Plus qu’un faire pour Dieu, la foi est un laisse faire.

La Cinquantaine après Pâques

Ainsi les apôtres ont eu beau multiplier les affirmations de leur fidélité à leur maître, devant la croix ils ont tous craqué et l’ont lâchement abandonné. Après la fête de la Pâque qui tombait en ce sabbat où leur foi était anéantie, tout à coup, le lendemain, le 3ème jour, Marie-Madeleine rapporte l’incroyable nouvelle : la pierre a roulé, la tombe est vide. Pierre et Jean confirment le fait. Le soir venu, le groupe s’est enfermé, toute porte cadenassée, crispé sur sa stupeur, étreint d’angoisse. Qua va-t-il se passer ? Après le maître, les autorités ne vont-elles pas tout tenter pour retrouver et arrêter ses disciples ? Ou si le Seigneur vit comme on l’assure, ne va-t-il pas surgir afin de châtier et condamner ceux qui l’ont renié ?

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix avec vous ». Il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.

Il ne s’agit donc pas d’une hallucination, d’une fabulation inventée par le groupe pour compenser sa désillusion. « Jésus vient et il est au milieu » : c’est bien lui, ils le reconnaissent. Mais son état est tout autre, libéré des contraintes spatio-temporelles. Il n’éclate pas en reproches, ne déchaîne pas sa colère, n’exige pas des prosternements et des demandes de pardon.

« Shalom » : le Ressuscité chasse les peurs et donne sa paix. Et tout de suite il indique la source de cette paix : « il leur montre ses plaies et son côté ». Les hommes m’ont livré à un supplice épouvantable mais c’est ainsi que je me suis livré par amour pour vous, pour vous pardonner vos péchés, vous combler de ma miséricorde.

D’un coup, les affres des peurs et des angoisses des disciples se dissipent . Les plaies deviennent source de vie et d’une joie toute nouvelle qui plus jamais ne les quittera ainsi qu’il leur avait promis lors de son discours d’adieu: « Maintenant vous êtes dans l’affliction, mais je vous verrai à nouveau, votre coeur alors se réjouira et cette joie, nul ne vous la ravira » (Jean 16, 22)

La Recréation par l’Esprit

Jésus leur dit de nouveau : « Paix à vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : «  Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ».

La venue de Jésus sur terre n’était pas une simple manifestation mais une tâche, une mission reçue du Père : loin d’être achevée par la croix, cette mission va se poursuivre par les disciples et s’étendre dans le monde entier jusqu’à la fin des temps. Elle consiste à transmettre le Souffle, le Dynamisme, l’Amour du Père qui a animé le Fils.

L’Église est donc missionnaire par nature et elle ne peut l’être qu’à la façon du Fils, non en étalant sa splendeur, non en s’imposant de force mais en proposant d’enlever le péché, l’obstacle qui sépare l’homme de Dieu, et en lui offrant l’Esprit qui le restitue enfant du Père. Cette mission évidemment s’effectue dans la liberté, elle se propose, elle persiste avec une infinie patience, ne s’étonne pas des réticences, des doutes, des colères. Rejetée pendant un temps, elle revient avec douceur ; elle ne condamne jamais ; elle fait comprendre la tristesse du plus grand malheur : être séparé de Dieu. Elle est contagieuse dans la mesure où elle se manifeste dans la joie des disciples. Le sérieux de la foi ne transparaît pas dans des cérémonies ennuyeuses ni sur la morosité des visages fermés. Ne refermons pas les cadenas que le Ressuscité a fait sauter.

L’incroyance de Thomas

L’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie « jumeau ») n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres lui disent : » Nous avons vu le Seigneur ! ». Mais il répliqua : «  Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas ».

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ». Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; cesse d’être incrédule, sois croyant ». Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

L’épisode de Thomas a pour but de corriger la multitude indéfinie de ses « jumeaux » qui continuent à affirmer : « Je ne croirai pas si je ne vois pas ! ». D’abord il souligne l’énorme difficulté de faire accepter le message de la Résurrection. Tous les apôtres ont beau asséner leur certitude et manifester leur joie nouvelle : rien n’y fait, Thomas reste inébranlable. Ne nous étonnons donc pas de nos échecs dans la transmission mais toutefois ne cessons pas d’essayer et d’affirmer notre foi.

Ensuite le fait qu’il faille attendre 8 jours pour retrouver le groupe au complet montre qu’à l’époque de Jean, les chrétiens ont adopté le nouveau rythme de la semaine. Le 3ème jour après la crucifixion, le lendemain du sabbat, jour où Jésus est apparu vivant, est devenu le pivot de la vie de l’Église. C’est le Jour du Seigneur, domenica dies en latin, dimanche en français : jour de la réunion de la communauté, jour de l’Église qui n’exige pas de voir mais reconnaît son Seigneur dans le partage du Pain eucharistique.

Il est remarquable que le Ressuscité ne condamne pas vertement son disciple incrédule, comme s’il comprenait sa résistance. Et contrairement à la peinture hyperréaliste du Caravage, il n’est pas dit que Thomas obéisse à l’invitation de Jésus et touche les plaies. Bien plutôt il proclame la plus haute des confessions de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu » : ainsi il couronne toute la recherche de l’évangile qui s’interroge sur la personnalité de Jésus et il fait écho au Prologue : « Au commencement était le Logos, et le Logos était Dieu…Tout fut par lui…en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes… ».

Et tout le récit se termine sur une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Après des siècles, les croyants ont une foi de même valeur que les apôtres. Alors comment recevoir ce bonheur ?: en lisant et relisant l’évangile. C’est ce que Jean proclame dans la conclusion de son livre.

La conclusion finale de l’Évangile de Jean

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis pour que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que par votre foi vous ayez la Vie en son nom. »

A la différence des autres évangiles, Jean n’emploie jamais les mots miracles ou actes de puissance. Jésus a fait des « signes » c.à.d. que le lecteur ne doit pas s’arrêter au côté spectaculaire qui l’arrête dans l’admiration stérile ou le perd dans le dédale des doutes mais il doit s’interroger sur la personnalité de l’auteur de ces actions.

Jean n’a pas écrit une biographie complète : il a opéré un choix de 7 signes qui conduisent à la réflexion et peuvent faire naître la foi. Tel est le but : le récit ne s’impose pas, il porte « une signification » qui oriente la décision. Celle-ci est essentielle puisque par la foi, le lecteur aura la vraie Vie au nom de Jésus vivant reconnu comme Messie, Fils de Dieu.

Il y a certes à la suite un chapitre 21 mais il a été ajouté par des disciples.

Le Dimanche de la Miséricorde

Le pape François a instauré ce 2èmedimanche après Pâques comme « Dimanche de la Miséricorde ». En effet

le Ressuscité apparaît immédiatement non comme le juge implacable de ses apôtres lâches et infidèles mais il leur montre ses plaies comme le signe authentique de son pardon. Ma croix est votre pardon : croyez-le et vous serez comblés de ma Paix, libérés de la prison de vos scrupules et de votre honte. Alors cette paix vous remplira de la joie pascale et vous deviendrez une communauté missionnaire.

A tout homme, vous offrirez cette paix et cette joie. Vous ne condamnerez plus vos confrères incrédules, vous aurez à leur égard la patience que le Seigneur a eue pour vous. En approfondissant les signes écrits dans l’évangile, vous deviendrez serviteurs à l’image du Seigneur : la miséricorde vous rapprochera des petits, des pauvres, des malades.

Votre joie dans le service de la miséricorde témoignera de la vérité de la croix libératrice et de la révélation de la Résurrection.

Fr Raphael, dominicain.

Source: RÉSURGENCES, le 19 avril 2022