«Le monde laisse mourir le peuple syrien», estime Mgr Mourad

Des dégâts considérables causés par la guerre dans la ville de Homs en Syrie.

«Le monde laisse mourir le peuple syrien», estime Mgr Mourad

Après la suspension du plan d’aide du Programme alimentaire mondial à partir du 1er janvier 2024 en Syrie, l’archevêque de Homs Mgr Jacques Mourad lance un appel au monde, souligant que «les familles syriennes mangent une fois par jour, elles ont oublié ce qu’est le chauffage et l’eau chaude, ce qu’est une société». Ces familles vivent dans l’obscurité, sans lumière, témoigne-t-il dans une interview accordée à Radio Vatican – Vatican News. 

Jean-Charles Putzolu et Francesca Sabatinelli – Cité du Vatican

«Le peuple syrien est condamné à mourir sans pouvoir rien dire», tel est le constat dramatique de Mgr Jacques Mourad, archevêque de Homs depuis un an, la troisième ville de Syrie. «C’est une décision terrible et injuste», poursuit le prélat -après la décision du Programme Alimentaire Mondial (PAM) de suspendre son aide au pays-qui se demande pourquoi l’on en est arrivé là. «Pour nous, c’est comme si le monde disait au peuple syrien « vous êtes condamnés à mourir, sans élever la voix, sans rien direPour quelle raison? Quelle est la faute du peuple syrien?», s’interroge-t-il.

L’Église ne peut pas couvrir tous les besoins

Pour Mgr Mourad, cette décision «a été prise pour plonger le peuple syrien dans le désespoir le plus complet, pour éteindre toute lumière qui pouvait rester allumée grâce à notre foi et grâce à l’espérance». Des paroles sincères de l’archevêque de Homs, qui pense aux souffrances que le peuple a enduré toutes ces années, et qu’il continuera d’endurer. Une douleur générée par une guerre qui ne semble pas vouloir se terminer et qui continue de briser toute espérance.

Ces dernières annéesles organisations non gouvernementales et l’Église catholique ont en effet fait des «miracles», en soutenant la population de toutes les manières possibles. Aujourd’hui, face à la suspension de l’aide humanitaire qui a servi à près de 2/3 de la population, l’on se demande s’il y a encore de l’espérance pour empêcher les gens de mourir de faim. 

«Des finances limitées»

«L’Église, ainsi que les organisations non gouvernementales, ne peuvent pas couvrir tous les besoins du peuple syrien», poursuit Mgr Mourad, «leur capacité de financement est limitée». De plus, il est impossible de faire entrer de l’argent en Syrie, en raison des sanctions imposées par les Etats-Unis et l’ONU. «Alors que faisons-nous? Comment le peuple syrien peut-il vivre? De nombreuses familles syriennes ne mangent déjà qu’une fois par jour. Nous avons oublié ce qu’est le chauffage, parce que nous ne pouvons pas acheter du diesel ou du bois, nous avons oublié ce qu’est l’eau chaude, ce qu’est une société. Et nous vivons dans l’obscurité totale, les villes de Syrie sont sans lumière», déplore Mgr Mourad, précisant que les quartiers riches qui ne comptent que 5 % de la population, ne sont certainement pas représentatifs de la situation du peuple syrien.

«Qu’avons-nous fait de mal pour être condamnés à mourir?»

Pour l’archevêque de Homs, la solution ne doit pas venir seulement l’Église catholique. Le prélat espère que l’Union Européenne prenne une position claire, dictée par «une sensibilité humaine et sincère». «Pourquoi voulez-vous que ce peuple meure?», une question que pose Mgr Mourad au monde: «Il n’est pas possible que le monde entier abandonne le peuple syrien, qu’avons-nous fait de mal pour être condamnés à mourir?»

Supension de l’aide du PAM en Syrie 

Il y a six mois, le PAM avait déjà diminué de presque la moitié, le nombre de bénéficiaires de colis alimentaires: ceux-ci n’avaient été alloués qu’à 3,2 millions de Syriens. Depuis le 1er janvier, le plan d’aide de l’agence des Nations unies chargée de l’assistance alimentaire dans le monde à la Syrie a donc été suspendu. 

Plus de cinq millions de personnes dépendaient de l’approvisionnement en nourriture et produits de première nécessité, dans un pays qui entre dans sa treizième année de guerre (mars 2024) et qui a été encore plus affaibli en février 2023 par un tremblement de terre dans les régions limitrophes de la Turquie. À l’origine de cette décision, explique le PAM, il y a le manque de fonds, mis en péril par l’épidémie de Covid, la guerre en Ukraine et maintenant aussi celle à Gaza, qui ont réduit à néant le budget disponible. Aujourd’hui, le nombre de personnes en situation grave d’insécurité alimentaire en Syrie est estimé à plus de 12 millions.

Source : VATICANNEWS, le 3 janvier 2024

Alep: le frère Jallouf ordonné évêque, un symbole pour les Syriens

La consécration épiscopale du frère Hanna Jallouf, OFM, vicaire apostolique d’Alep pour les fidèles de rite latin.

Alep: le frère Jallouf ordonné évêque, un symbole pour les Syriens

Le préfet du dicastère pour les Églises orientales, avec le nonce en Syrie et le patriarche latin de Jérusalem, a célébré hier l’ordination épiscopale du curé franciscain de Knaye, à quelques kilomètres d’Idlib, depuis 22 ans. Une communauté qu’il n’a jamais abandonnée, malgré la récurrence des menaces. «Vous êtes un symbole pour la Syrie», a déclaré Mgr Gugerotti, puis l’appel pour le peuple syrien: «Maudies soient les armes. Repentez-vous ceux qui, par la violence, prétendent imposer la paix».

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Le premier à être ému aux larmes, c’est lui, le père Hanna Jallouf. Le furent aussi les participants à la messe: les fidèles dont il s’occupe depuis 22 ans comme curé de Knaye au nord de la Syrie, ceux de la communauté latine d’Alep dont il est désormais le vicaire apostolique, ainsi que les évêques de diverses Églises orientales catholiques et orthodoxes.

Hier, dimanche 17 septembre, dans la cathédrale d’Alep, le futur cardinal Claudio Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, ainsi que le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, et le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa – également parmi les cardinaux qui seront créés lors du Consistoire du 30 septembre – ont présidé l’ordination épiscopale de ce «petit» franciscain de la Custodie de Terre sainte, enlevé en 2014 par les miliciens d’Al-Nosra et devenu ces dernières années un symbole d’espérance pour l’Église en Syrie, pour n’avoir jamais abandonné, malgré les difficultés, les communautés qui lui étaient confiées. Au contraire, il a continué à assurer son service dans un territoire toujours sous le contrôle des forces rebelles islamiques de Hayat Tahrir al-Sham, où les chrétiens ont été fortement opprimés et où leur vie est en danger.

Des drames vécus sur sa propre peau

Idlib a également vécu un drame dans le drame avec le terrible tremblement de terre du 6 février dernier, qui a causé le plus de dégâts dans le gouvernorat du même nom. À cette occasion, le père Jallouf se trouvait à Damas et, à son retour, il a trouvé devant lui un panorama de dévastation totale. Le frère mineur n’en n’était pas à sa première tragédie. Des drames, il en a même vécu en personne, menacé à plusieurs reprises, il fut détenu en prison. C’est pour cette raison que son ordination épiscopale comme vicaire épiscopal d’Alep des Latins, voulue par le Pape François en juillet dernier, qui lui avait déjà remis la « Fleur de la gratitude » au Vatican en décembre 2022 pour son engagement auprès des plus faibles, a eu un large retentissement. Un choix, celui du Pape, qui a d’abord surpris le père Jallouf. «Je suis un petit curé d’une région difficile du nord de la Syrie et je n’aurais jamais pensé que le Saint-Père puisse me choisir pour cette tâche très importante», a-t-il commenté à Vatican News – Radio Vatican immédiatement après la nomination.

L’homélie de Mgr Gugerotti

«Je suis venu de loin, et avec moi beaucoup d’autres, parce que le père Hanna m’a demandé de célébrer avec vous ce jour d’espérance lumineuse et de vous apporter l’étreinte, la bénédiction et l’affection du Pape François. On ne pouvait pas dire non à cette invitation», a commencé Mgr Gugerotti dans son homélie.

Ce fut une journée d’espérance avant tout «pour tous les catholiques, pour les chrétiens et pour tous les Syriens, depuis si longtemps assoiffés de paix et d’une vie digne d’un être humain, une vie faite d’amour, de travail, d’éducation, d’accès à la santé, de sérénité, en un mot: de dignité« , a déclaré le préfet, dénonçant «les luttes politiques, internes et externes à votre pays» qui «ont créé la mort et la fuite, la destruction et la misère». Elles sont «une insulte à cette dignité qui est la vôtre».

Le nouveau vicaire apostolique et les fidèles réunis lors de sa messe d'ordination épiscopale.

Le nouveau vicaire apostolique et les fidèles réunis lors de sa messe d’ordination épiscopale.

Maudites soient les armes

Mgr Gugerotti interpelle les habitants de la Syrie tourmentée «vous êtes un peuple doux et généreux, depuis longtemps vous avez appris à vivre ensemble, comme des enfants de la paix ; même si des religions différentes peuplent la Syrie, cette convivialité a été le secret de votre sérénité et nous vous avons admirés pour cela». Ce patrimoine humain a été défiguré par les armes, par la division des familles, par le «meurtre de tant de personnes, même au nom de Dieu», par la souffrance des enfants et par «tant de solitude». Et récemment encore, le tremblement de terre qui, selon le futur cardinal, «a ajouté des ruines aux ruines».

«Maudites soient les armes», s’est exclamé le prélat, «ce sont des instruments construits uniquement pour la mort». En ces temps que nous appelons modernes, nous continuons à utiliser des armes non pas pour nous défendre contre les dangers naturels, mais pour frapper d’autres hommes, des frères, aimés de Dieu, appelés à construire la « maison de la paix »».

Maison de la paix

« Ici c’est une maison de paix et vous n’entrez pas les armes au poing», voilà ce que le père Hanna a dit à ceux qui étaient entrés violemment dans sa maison à Knaye, voilà ce qu’a rappelé Mgr Gugerotti. «Aujourd’hui, l’Esprit de guidance te consacrera père de ce peuple et gardien de cette maison de paix qu’est l’Église, où l’on n’entre pas les armes au poing, mais avec l’arme désarmée de la foi».

«Malheur à ceux qui tentent de violer cette maison», a poursuivi le préfet, «que tous ceux qui prétendent imposer la paix par la violence se repentent. De même ceux qui, dans le monde, se croient missionnaires de la paix et obligent les pauvres à vivre mille difficultés, sans lumière, parfois sans eau, sans combustible et surtout sans développement, en isolant un peuple, votre peuple. Ceci – a fait remarquer Monseigneur Gugerotti – ne concerne pas les puissants de ce monde, mais les pauvres, toujours plus nombreux, en les privant des échanges qui leur permettent de vivre au moins une vie normale et digne».

Un père tendre mais fort

C’est pour ces visages concrets que le père Jallouf a été ordonné évêque. Des personnes auprès desquelles il s’est déjà montré «un bon père, tendre mais aussi fort si nécessaire». «Tu as été appelé à être le fils de saint François et donc le plus petit, le plus petit parmi les hommes. Rappelle-toi ce tau, ce signe de croix que tu as trouvé dessiné sur le mur de la prison où tu étais détenu. C’est le signe de ton identité» a affirmé Mgr Gugerotti.

Une «blague de Dieu»

D’où une demande de pardon pour la «plaisanterie de Dieu» qui a consisté à avoir jusqu’à trois cardinaux présents (deux, dit-on, au prochain Consistoire) à la célébration que le père Hanna avait demandé d’être la plus simple possible et, en effet, «sans cardinaux». «Et au lieu de cela, l’un d’entre eux, le nonce apostolique, est cardinal depuis un certain temps – signe de son extraordinaire dévouement au peuple syrien et de l’amour particulier que notre Pape, porte à ce pays martyr. Et juste après votre nomination épiscopale, le Pape nous a également appelés, le patriarche latin de Jérusalem et votre ancien supérieur, et moi-même, à être cardinaux dans quinze jours».

«Vous et votre peuple, a conclu le chef du dicastère, recevez ce sourire du Seigneur comme une invitation à garder le sourire malgré tout… Meilleurs vœux, Père Hanna, meilleurs vœux chers catholiques de Syrie. L’Eglise est avec vous et avec tout votre peuple».

La joie de Mgr Jallouf.

La joie de Mgr Jallouf.

Source : VATICANNEWS, le 18 septembre 2023

SYRIE – « Pour l’amour de Jésus et le salut des musulmans ». L’archevêque Jacques Mourad raconte le cœur missionnaire du Père Dall’Oglio, 10 ans après sa mort

Rome (Agence Fides) –  » C’est là notre plus grande croix : nous être consacrés à la perfection, tout en traînant nos défauts à travers les jours ». C’est par ces mots évocateurs que Jacques Mourad, moine syrien de la Communauté Dei Mar Musa et aujourd’hui Archevêque de Homs des Syriaques, a ouvert son intense discours lu à l’autel de l’église romaine San’Ignazio de Campo Marzio, à l’issue de la liturgie célébrée 10 ans après la disparition du père Paolo Dall’Oglio, jésuite romain et fondateur de la communauté monastique de Deir Mar Musa, enlevé le 29 juillet 2013 par des ravisseurs inconnus alors qu’il se trouvait à Raqqa, à l’époque fief syrien des milices djihadistes de l’État islamique (Daesh). La liturgie, célébrée dans la soirée du samedi 29 juin et présidée par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, a réuni, entre autres, les proches du père Paolo – dont ses 3 frères et 4 sœurs -, les moines et moniales de la communauté Deir Mar Musa d’al-Nabek et des amis venus  » de Syrie, d’Europe et de partout « . 

Paolo Dall’Oglio s’était rendu à Raqqa pour accomplir ce qu’il avait lui-même décrit comme la décision du Père Paolo d’aller à Raqqa », a déclaré l’archevêque Jacques, rappelant avec des mots sans pareil d’un frère et d’un fils spirituel le cœur chrétien du jésuite disparu dans la Syrie déchirée par la guerre, et la source intime de ses actions, « n’était pas seulement un choix personnel libre, mais la mise en œuvre d’un ordre de Dieu, d’une obéissance à Dieu. Le père Paul s’est rendu à Raqqa pour atteindre le but pour lequel il avait été appelé par Dieu, par amour pour son Maître et Seigneur Jésus-Christ, pour le salut des musulmans ». Le jésuite romain mort à Raqqa « était conscient de son destin et répétait constamment qu’il était prêt, comme s’il s’agissait d’une prophétie, à suivre l’exemple de notre maître et de notre Dieu Jésus, pour s’offrir directement au monde islamique ». 

Le Père Paul », poursuit Mgr Jacques Mourad, évoquant l’aspect le plus intime de sa mystérieuse disparition, « a choisi d’être badal, ‘substitut de beaucoup’. L’icône de l’offrande de soi pour les autres est essentielle dans la foi et la vocation de l’Eglise, elle perdurera donc jusqu’à la seconde venue du Christ ».

Avec la liturgie qui a réuni à Rome les paroissiens et les amis de Paolo Dall’Oglio 10 ans après sa mort », a souligné Mgr Mourad dans son discours, « nous exprimons notre suite au Père Paul, témoin de la vérité de Jésus-Christ ». Jacques Mourad « est un témoin non seulement pour les chrétiens, mais aussi pour les différentes nations, appartenances idéologiques et nationales, en particulier pour les musulmans. Où qu’il soit, ce qui rendra le Père Paul heureux, c’est l’unité de notre position en tant que chrétiens et musulmans, chrétiens d’Orient et d’Occident, Arabes et Européens, et les musulmans présents en solidarité avec nous ». Par ailleurs, l’archevêque de Homs des Syriaques catholiques, a tenu à souligner notre Église syriaque est fière que le père Paul ait choisi d’être l’un de ses prêtres et que, dans son discernement, il ait choisi l’Église la plus petite et la plus proche du peuple dans l’expression de sa foi et de sa tradition. Notre communauté monastique trouve en son fondateur un exemple et une bénédiction pour tous ses membres et pour notre éparchie de Homs, Hama, al-Nabek et le territoire des syriaques catholiques ».

Dans la dernière partie de son discours, Mgr Mourad a rappelé que le « Divin Sacrifice » offert dans l’église romaine de Saint-Ignace était célébré « à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de notre Père Paul, pour renouveler notre amour pour lui et, à travers lui, pour le Christ. Nos prières sont pour lui, afin qu’il intercède avec son frère martyr jésuite, le père Frans van der Locht, et tous les martyrs sincères de l’Église. Elles le sont aussi pour ce qui se passe grâce aux initiatives audacieuses du Pape François sur le chemin de la fraternité avec les musulmans ».

Source : Agence Fides, le 1er août 2023

Syrie: après le séisme, la Via Crucis des chrétiens alépins

Alep, dévastée par la guerre et le séisme du 6 février 2023.Alep, dévastée par la guerre et le séisme du 6 février 2023.

Syrie: après le séisme, la Via Crucis des chrétiens alépins

En ce Vendredi Saint, nous vous proposons les témoignages d’un prêtre jésuite et d’un frère franciscain à Alep en Syrie, pays frappé par douze ans de guerre; et le 6 février dernier, par un séisme qui a touché le sud de la Turquie et le nord de la Syrie où il a engendré dans ce pays la mort de près de 6 000 personnes. 

Jean-Charles Putzolu, Myriam Sandouno – Cité du Vatican

À Alep, les habitations déjà fragilisées par les bombardements se sont effondrées lors du séisme du 6 février dernier. Des milliers d’autres édifices ont été endommagés et ont contraint les habitants à quitter leur domicile. Aux déplacés de la guerre, qui dure depuis douze ans, se sont ajoutés les déplacés du tremblement de terre.

Dans cette agglomération de 2 millions d’habitants, les Églises restent mobilisées pour apporter une aide à la fois spirituelle et matérielle à des gens qui n’ont plus rien, et qui rencontrent chaque jour mille difficultés pour se procurer de l’eau et de la nourriture.

La collecte de Terre Sainte pour les victimes du séisme

Cette année, la collecte du Vendredi Saint sera destinée aux victimes du séisme. Elle sera «d’une grande importance, et en fonction des fonds récoltés nous pourrons construire des nombreux projets humanitaires», confie depuis Alep le frère Bahjat Elia Karakach, de la Custodie de Terre Sainte. «Habituellement, les Syriens ne sont pas seulement des bénéficiaires de la collecte, mais ils y participent activement chaque année. Malheureusement, je ne m’attends pas à ce que cela se produise dans notre pays cette annéeLes gens sont ici tous en dessous du seuil de pauvreté», ajoute le curé latin d’Alep. 

De fait, la situation économique dégradée a amplement impacté la vie des Syriens, et des Alépins en particulier, plus encore après le séisme.

Pour le jésuite Michel Daoud, la population alépine vit tous les jours un chemin de Croix. Comme Simon de Cyrène qui est venu aider Jésus à porter sa Croix, «nous essayerons autant que possible de contribuer un peu, de porter la croix de ces gens autant qu’on le peut. Ce n’est pas toujours facile. Les besoins des gens sont énormes», dit-il en expliquant que les personnes qu’il croise ne viennent pas uniquement chercher une aide spirituelle mais également un soutien matériel, «parce que vivre au quotidien est un besoin urgent. Avoir du pain, avoir de la viande… On ne mange plus de viande, on reste au niveau du riz, au niveau du blé, au niveau des légumes, mais très peu de fruits, très peu de viande, très peu de fromage. Le fromage coute de 30 à 40 000 livres par kilo. C’est très cher. La viande à 70 000 livres. Autrefois elle coûtait 20 livres, 30 livres, mais hier, elle était à 70 000 livres». Des prix insoutenables dans un contexte où le salaire moyen est de l’ordre de 130 000 livres, soit à peine plus de 20 dollars par mois.

Églises et couvents ouverts aux déplacés

Le père Daoud se démène avec ses confrères de la compagnie de Jésus, pour fournir une aide quotidienne à environ 8 000 déplacés dans un camp dont le JRS, le service des Jésuites pour les réfugiés, s’occupe. L’une des priorités, confirmée par frère Bahjat, est de tenter de dissuader les chrétiens d’émigrer. «Toute la jeunesse est en train de quitter le pays», constate amèrement le père Michel. «Nous avons beaucoup de personnes âgées maintenant, très peu de jeunes. Les étudiants, une fois qu’ils ont fini l’université, préparent leur voyage en Europe ou en Amérique. Sinon, ils se sentent un peu abattus. Ils ne se sentent pas encouragés pour préparer leur avenir ici, car tout est un peu en panne, tout est par terre», regrette le jésuite.

Au lendemain de la secousse du 6 février, les Franciscains ont ouvert les portes de leur monastère et de leur église devant les personnes terrifiées, abandonnant leurs maisons dans des circonstances difficiles avec le froid, l’obscurité, la pluie et la peur. «Les gens ont été accueillis dans nos trois monastères situés à Alep, dans différents quartiers de la ville, et les frères ont fourni aux gens, en plus d’un abri et de la chaleur, de la nourriture, des matelas et des couvertures. Ils ont également organisé des séances de soutien psychologique, des prières et des chants pour les soulager», rapporte le frère Bahjat Elia Karakach.

Malgré ce soutien et les efforts déployés par les Églises, beaucoup d’Alépins ne reçoivent aucune aide, «mais il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup des gens comme la veuve dans la Bible qui ne seront pas avares d’offrir l’argent qu’ils possèdent pour le partager avec les familles les plus pauvres. Alors, ce que nous attendons, c’est la consolation qui vient des familles qui ont le cœur pur et des intentions sincères», dit le franciscain en référence à la collecte du Vendredi Saint.

Des vocations qui ne cèdent pas au découragement

Apporter un témoignage d’espérance n’est pas une mission simple dans le contexte actuel du pays. Au milieu des décombres d’Alep, le découragement est au coin de la rue. «Je ne peux pas nier que quelquefois nous sommes un peu découragés. Mais grâce à notre engagement, nous essayons vraiment de nous soutenir par notre vie personnelle, notre vie spirituelle, pour avoir un peu d’élan et continuer», admet le père Daoud. «Je crois que le Seigneur est là pour nous dire: “réveillez vous!”. Quand Jésus était en agonie, Il a trouvé ses disciples endormis et il est venu les réveiller. J’essaie aussi, avec la communauté, d’être autant que possible réveillé pour répondre un peu aux besoins de ces gens», poursuit-il.

La foi du frère Bahjat aussi s’en est retrouvée secouée. «Il ne fait aucun doute que les événements douloureux qui ne nous quittent pas en Syrie nous font nous poser des nombreuses questions. Pourquoi cela nous arrive t il? Où est le Seigneur? Etc. Mais je me retrouve, comme beaucoup ici, à ressentir la main, l’attention et la miséricorde du Seigneur pour nous. Nous sentons que cette douleur nous fait partager sa douleur et c’est le chemin qui nous mènera à sa rencontre et au bonheur à ses côtés», dit le franciscain ajoutant que tout au long de la Semaine Sainte, il invite son troupeau «à prier le Christ crucifié afin que nous puissions jouir de sa paix et nous réjouir de sa résurrection».

Être une source d’espérance

L’engagement du père Daoud est total: «J’essaie de dire à tous ces gens que nous chrétiens, où nous le sommes à fond, où nous ne le sommes pas. Si vous voulez être vraiment chrétien, il faut être témoin dans les moments de peine et dans les moments de joie, dans les jours difficiles comme dans les jours heureux». Après les célébrations pascales «en musique et avec tout ce qu’on peut imaginer comme festivité populaire», le père Daoud retrouvera ses fidèles dans leur vie ordinaire. «J’essaie le plus possible de faire quelque chose pour aider ces groupes, pour qu’ils restent éveillés, pour qu’ils sentent autant que possible que nous chrétiens, nous ne pouvons pas être des gens immobiles quand il y a des crises. Au contraire, c’est une occasion de nous renouveler et de nous recréer de nouveau grâce à l’Esprit-Saint qui est en nous». Le père Daoud sent en lui le désir de transmettre «le goût de vivre, le désir de vivre, une joie de vivre». Sans ce désir, conclut-il «ça ne vaut pas la peine d’être chrétien».

Source : VATICANNEWS, le 7 avril 2023

Mgr Jacques Mourad a été ordonné archevêque de Homs

Le père Jacques Mourad lors d'une séance de dédicace. Le père Jacques Mourad lors d’une séance de dédicace.

Mgr Jacques Mourad a été ordonné archevêque de Homs

Le nouvel archevêque syriaque catholique de Homs a reçu l’ordination épiscopale ce vendredi 3 mars à Homs, dans l’ouest de la Syrie. Alors que le pays traverse une période particulièrement éprouvante après le séisme survenu il y a moins d’un mois, cette ordination vient raviver l’espérance des fidèles. 

Vatican News (avec Fides)

Une nouvelle fois, Mgr Jacques Mourad «a remis sa vie entre les mains du Seigneur», «pour être le père spirituel qui sanctifie les âmes par les sacrements du salut et les guide tous dans la prière et le jeûne», «le frère patient et aimant, le professeur sage et averti». C’est ainsi que Mgr Flavien Rami Al-Kabalan, procureur du Patriarcat d’Antioche des Syriens près le Saint-Siège, a décrit dans son homélie la mission du nouvel archevêque syriaque catholique de Homs.

Né à Alep le 28 juin 1968, le prêtre et moine catholique syrien Jacques Mourad, qui fut otage de Daech en 2015, avait été choisi par le synode de l’Église d’Antioche des Syriaques pour prendre la tête de l’archidiocèse syrien. Une nomination à laquelle le Pape François avait donné son accord début janvier dernier.

L’ordination épiscopale s’est tenue ce vendredi 3 mars en la cathédrale du Saint-Esprit, à Homs. La liturgie était présidée par le patriarche syrien catholique Ignace Youssif III Younan, avec à ses côtés le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique à Damas, le patriarche grec catholique melkite Youssef Absi, le patriarche syriaque orthodoxe Mar Ignatius Aphrem II, et des dizaines d’autres d’évêques. Une foule de fidèles – venus du Liban, d’Irak, de France, d’Allemagne, de Rome et de toutes les régions de Syrie – a rempli la cathédrale.

Un pasteur humble et confiant

L’ordination de Mgr Mourad est un motif d’espérance pour le peuple syrien, à bout de forces après plus d’une décennie de guerre, et un séisme meurtrier en février dernier. Dans ces épreuves, a rappelé Mgr Flavien Rami, les baptisés sont amenés à reconnaître que leur «maison est le ciel. Et notre espérance demeure dans le Seigneur, qui est vivant et qui guérit nos blessures, sèche nos larmes, réconforte nos cœurs. Nous restons le peuple de l’espérance, parce qu’Il nous a rassurés dans l’Évangile: « N’ayez pas peur, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde »», a déclaré le prélat.

Mgr Rami s’est également ému de «l’humilité et de la gratuité particulières» qui caractérisent l’existence du nouvel archevêque, fils spirituel du père Paolo Dall’Oglio, jésuite romain fondateur de la communauté monastique de Dei Mar Musa, disparu fin juillet 2013 alors qu’il se trouvait à Raqqa, à l’époque bastion de Daesh en Syrie. Mgr Mourad a lui-même été retenu plusieurs mois par l’organisation terroriste.

L’archevêque de Homs, dans sa nouvelle mission au service du Christ et de l’Église, continuera d’œuvrer pour la pacification de son pays natal, en s’appuyant sur la grâce de Dieu. «J’ai aussi besoin, écrivait-il dans le livre-témoignage où il raconte les mois de cohabitation forcée avec les djihadistes, de répéter à chaque instant mon abandon absolu entre les mains du Seigneur, j’ai besoin d’accepter que je ne contrôle rien, j’ai besoin de crier vers lui pour qu’il me sauve : « Seigneur Jésus, aie pitié de moi, pécheur ! ». Cette demande de miséricorde est la seule réalité immuable de notre vie. Un jour, tout aura une fin, même nos plus belles œuvres, même nos plus belles vies, tout aura une fin pour l’homme, sauf le besoin de la miséricorde divine : nous aurons toujours besoin d’être sauvés par Dieu».

Source : VATICANNEWS, le 3 mars 2023

Syrie, une triple tragédie : le tremblement de terre, la guerre et les sanctions scandaleuses

De Nicola Scopeliti sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Syrie, une triple tragédie : le tremblement de terre, la guerre et les sanctions scandaleuses

« La situation était déjà très difficile en raison d’un conflit qui dure maintenant depuis douze ans. Les gens sont désespérés », explique à la Nuova Bussola la soeur Siba al Khoury d’Alep. De nombreuses régions touchées par le tremblement de terre sont sous le contrôle des rebelles et donc inaccessibles. Et puis il y a les sanctions occidentales : « Les sanctions sont inhumaines », déclare le père Francesco Patton, Custode de Terre Sainte. « et je trouve scandaleux qu’en un moment aussi tragique, nous soyons incapables de lever ou de suspendre les sanctions. Des gens meurent en Syrie ». 

« La situation était déjà très difficile en raison d’un conflit qui dure maintenant depuis douze ans. De nombreuses maisons avaient déjà été détruites par la guerre. Aujourd’hui, avec le violent tremblement de terre du 6 février, de nombreux autres bâtiments se sont effondrés ou ont subi de nouveaux dégâts importants. Les gens sont désespérés. Ils demandent de l’aide, mais sur leur visage, en plus de tant de souffrance, il y a de l’abattement et du désespoir. Lorsque nous parlons aux gens, nous entendons la question suivante : pourquoi cette terrible tragédie nous est-elle à nouveau arrivée ? Il est difficile de répondre, mais, en tant que sœurs, en plus de l’aide matérielle, nous avons également le devoir d’offrir une aide psychologique et spirituelle. Le Seigneur nous donnera la force d’affronter aussi cette grave situation ». S’adressant à La Nuova Bussola Quotidiana, Sœur Siba al Khoury, une religieuse des Sœurs enseignantes de Sainte Dorothée-Filles des Sacrés Cœurs de Vicence, qui vit à Alep. « Nous étions au lit quand nous avons senti la secousse du tremblement de terre. Nous sommes immédiatement descendus dans la rue et sommes restés sur la route pendant plus de quatre heures, jusqu’à ce que les autorités nous donnent la permission de rentrer, pour récupérer nos affaires les plus essentielles ». Leur maison a été endommagée et l’administrateur apostolique, le père Raimondo Girgis o.f.m., les a emmenées avec d’autres religieuses dans les locaux du vicariat.

De nombreux bâtiments se sont effondrés à cause de la forte secousse. D’autres, jugés dangereuses en raison des dégâts, sont en cours de démolition. « De nombreux Syriens qui se sont retrouvés sans abri abandonnent leur pays et cherchent refuge ici, à Alep. Des églises ont été ouvertes pour accueillir les personnes déplacées », explique Sœur Siba. Mais aussi des jardins d’enfants et des écoles. De même, les couvents accueillent de nombreuses familles. De nombreuses personnes ont passé les nuits dans des lieux de culte. Il fait très froid et nous sommes occupés, avec d’autres volontaires, à apporter de la nourriture et des couvertures ». Elle poursuit : « Il y a un besoin d’assistance médicale, en particulier pour les personnes âgées, les femmes et les enfants ». À Alep, comme dans le reste de la Syrie, il y a tant de pauvreté causée par l’embargo et les sanctions internationales. Et maintenant, il y a la difficulté de recevoir des aides. L’électricité est fournie en hoquet, pendant quelques heures par jour, poursuit Sœur Siba. Les hôpitaux sont peu nombreux, et malheureusement, il y a tant de « blessés ». Les gens errent dans les rues, confus et cherchant de l’aide. Ils ont peur de rentrer chez eux. Ils vivent des heures d’angoisse car ils ne savent pas s’il y aura d’autres secousses, peut-être de forte intensité comme le prédisent les « experts ».

À Alep, il y a l’hôpital catholique Saint-Louis qui fournit des soins médicaux gratuits aux Syriens les plus pauvres et les plus vulnérables. Il a reçu la visite du cardinal Mario Zennari, nonce apostolique. « Sa présence parmi nous est un signe fort de la proximité du pape et nous sommes particulièrement émus », déclare le père Bahjat Karakach, curé de la paroisse latine, « Le cardinal a également pu voir de près les destructions causées par le tremblement de terre ». Un vrai drame ». En Syrie, entre autres, 90 % de la population se trouvent en dessous du seuil de subsistance, et cette énorme catastrophe a rendu la population encore plus pauvre. Il est plus que jamais nécessaire que l’aide internationale atteigne la population épuisée. Malheureusement, il y a tellement d’accrocs. Difficultés d’acheminement des marchandises, difficultés d’acheminement des produits de première nécessité dans les endroits touchés par le tremblement de terre. « À Alep, poursuit Sœur Siba, les gens continuent de creuser avec leurs mains à la recherche de survivants. Dans la partie orientale de la ville, la plus bombardée pendant la guerre, de nombreux bâtiments étaient déjà précaires, maintenant avec les répliques, beaucoup se sont effondrés ».

Une partie des zones touchées par ce tremblement de terre est sous le contrôle des rebelles opposés au régime de Bashar al Assad, d’autres zones sont sous le contrôle du gouvernement d’Assad. Outre les difficultés causées par le conflit, toujours en cours, les routes, endommagées par le tremblement de terre, sont aussi partiellement inutilisables en raison des chutes de neige de ces derniers jours. Les équipes de secours peinent à atteindre les localités, notamment dans les territoires du nord-ouest de la Syrie, où opère le groupe djihadiste « Hayat Tahrir al Sham » (HTS), dirigé par Mohammad al Jolani et défini par les Nations unies comme un mouvement terroriste.

Les sanctions sont inhumaines », a déclaré le père Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, la Custodie est en effet présente en Syrie avec les communautés de la vallée de l’Oronte, d’Alep et de Lattaquié, « et je trouve scandaleux qu’en un moment aussi tragique, nous soyons incapables de lever ou de suspendre les sanctions ». Des gens meurent en Syrie. L’aide qui arrive provient de pays islamiques, comme l’Égypte, l’Iran, l’Algérie… L’Occident loupe à nouveau le train ». Le père Patton poursuit en soulignant qu’il semble que la plupart des aides internationales « aillent à la Turquie et que la Syrie soit coupée du circuit international précisément à cause des sanctions décidées par les États-Unis et l’Union européenne ».

Il convient également de noter que la première secousse et l’essaim sismique qui a suivi ont également été ressentis en Israël. Mercredi, une secousse sismique de magnitude 3,3 a été ressentie à environ 20 kilomètres au sud-est de la ville d’Ariel, en Cisjordanie, comme l’a enregistré le Service géologique israélien. Il s’agit de la dernière d’une série de secousses de gravité variable qui ont frappé la région ces derniers jours.

Source : la Nuova Bussola Quotidiana, le 10 février 2023

SYRIE – Patriarches et chefs d’Eglise : après le tremblement de terre, plus de sanctions et d’embargo contre le peuple syrien

Damas (Agence Fides) – Après le tremblement de terre qui a frappé lundi 6 février de vastes zones du nord de la Syrie, les embargos économiques et les sanctions imposés par les pays et organismes occidentaux à l’encontre de la République arabe de Syrie doivent être immédiatement levés. La demande péremptoire émane des Patriarches et des Chefs d’églises et de communautés ecclésiales résidant en Syrie.


Le séisme a fait des milliers de victimes en Syrie, semant la destruction et multipliant les souffrances du peuple syrien, déjà courbé sous le poids de la guerre, de la pandémie, de l’inflation et du manque de ressources naturelles, de médicaments et de produits de première nécessité. Face à une terre et une nation aussi dévastées, les Patriarches et les Chefs d’Églises et de communautés ecclésiales présents en Syrie lancent un appel à l’ONU, ainsi qu’un appel direct aux nations qui imposent depuis des années des sanctions et des embargos économiques à la Syrie dirigée par Bachar al Assad, leur demandant de supprimer immédiatement ces mesures définies comme « iniques » et de lancer au contraire des initiatives humanitaires exceptionnelles et opportunes pour aider les populations syriennes accablées par des catastrophes insoutenables.


La demande des dirigeants chrétiens est confiée à un communiqué, signé, entre autres, par Mar Ignatius Aphrem II, Patriarche d’Antioche des syriaques orthodoxes, Yohann X, Patriarche d’Antioche des grecs orthodoxes, et Youssef I Absi, Patriarche d’Antioche des grecs catholiques melkites. « Nous appelons également, lit-on dans le communiqué, qui porte la date du mardi 7 février, les personnes de conscience vivante du monde entier à élever la voix pour demander la fin des souffrances du peuple syrien et permettre aux citoyens syriens de vivre dans la dignité, comme le stipule la Déclaration Universelle des Droits de l’homme. »
Le tremblement de terre », lit-on dans la déclaration des Patriarches et Chefs d’Églises en Syrie, « a détruit des lieux de culte, des centres de santé et des centres d’assistance sociale, alimentant une nouvelle augmentation du nombre de sans-abri et de personnes déplacées à l’intérieur du pays, au moment même où l’hiver est le plus rude.


Dans leur déclaration, les Patriarches et Chefs d’Églises ont assuré de leurs prières les victimes du tremblement de terre et leurs familles, ont prié pour la guérison des blessés et pour tous ceux qui participent au secours, demandant aux gouvernements, aux institutions internationales et aux organisations humanitaires d’intervenir pour aider le peuple syrien, indépendamment de toute considération et de tout calcul politique.


Les sanctions et les blocus économiques imposés depuis des années par les pays occidentaux à l’encontre du gouvernement de Damas, instaurés dès 2011, ne cessent d’être prolongés dans l’intention de provoquer l’effondrement du système dirigé par le président Bachar al Assad.

Au fil des ans, à d’innombrables occasions, les organismes ecclésiastiques et les Patriarches et Evêques ont sévèrement critiqué ces dispositions, qui ont de graves conséquences sur la vie quotidienne de millions de Syriens, et ont demandé leur suspension ou leur abolition.  » Perpétuer les sanctions contre la Syrie « , déclarait à Fides en novembre 2021 Mgr Georges Abou Khazen, vicaire apostolique (désormais émérite) d’Alep pour les catholiques de rite latin,  » signifie condamner à mort de nombreuses personnes  » (voir Fides 20/11/2021).

Après le tremblement de terre, le Conseil des Églises du Moyen-Orient (Middle East Council of Churches-MECC, un organe de liaison œcuménique des Églises et des communautés ecclésiales présentes dans les pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord) a également demandé « la levée immédiate des sanctions contre la Syrie et l’accès à toutes les ressources, afin que les sanctions ne se transforment pas en un crime contre l’humanité ».

Source : Agence Fides, le 9 février 2023

SYRIE – Le moine (et prochain évêque) Jacques Mourad : le tremblement de terre, la « pleine mesure » de la douleur, et le mystère de notre foi

« Il ne manquait que ce tremblement de terre pour remplir à ras bord la coupe de la souffrance. Et maintenant, dans cette même situation, l’espoir, la charité, la solidarité entre tous passe encore, grâce à Dieu.

Aujourd’hui, le mystère de notre foi passe par ces ruines ». Le père Jacques Mourad, le moine syrien du monastère de Deir Mar Musa, sera ordonné Archevêque de Homs des Syriaques catholiques au début du mois de mars. Mais hier, mardi 7 février, il se trouvait dans les rues dévastées d’Alep. Son témoignage, recueilli par l’Agence Fides, raconte les nouvelles blessures ouvertes par le tremblement de terre dans la ville martyre, qui est aussi sa ville natale.

Et en même temps, sans ajouter de mots inutiles, il raconte aussi sa foi.
Pendant les années de guerre, le père Jacques, membre de la communauté monastique fondée par le jésuite romain Paolo Dall’Oglio, a vécu une expérience sans pareille. En 2015, il a été enlevé et retenu en otage pendant de nombreux mois par des miliciens djihadistes de l’autoproclamé État islamique (Daesh), qui ont ravagé et profané le monastère Mar Elian de Quaryatayn, dont il était le prieur.

Après sa libération, il a vécu longtemps à Sulaymanyia, au Kurdistan irakien, dans la maison locale de sa communauté monastique. Pendant cette période, il a aidé spirituellement et matériellement de nombreux réfugiés chrétiens irakiens qui avaient fui Qaraqosh et d’autres villes de la plaine de Ninive face à l’avancée des djihadistes de Daesh.

Or, lorsqu’il se réfère aux douleurs de la guerre pour donner la mesure de la souffrance causée par le tremblement de terre, le Père Jacques n’utilise pas des mots au hasard. Il sait de quoi il parle. Et sa sagesse spirituelle en tant que moine syrien apporte également un éclairage précieux sur les nouvelles tragédies qui frappent la vie de multitudes de personnes entre la Syrie et la Turquie. « J’essaie d’être proche, il y a tellement de douleur et de peur dans le cœur de chacun. Ce que ce tremblement de terre a fait est incroyable. La peur des gens est plus forte que lorsqu’il y avait la guerre. »

Dans les visages de nombreuses personnes, le Père Jacques voit des expressions de renoncement et de dépression totale. Et puis, dans une impuissance qui ne trouve en elle-même aucune force pour réagir, le courage resplendit à nouveau, aide gratuite envers les plus blessés. « Les secousses, hier, pouvaient encore être ressenties. Il fait froid, il fait humide, tant de gens sont déjà malades, tant de gens vont tomber malades. Mais les gens vivent et s’entraident dans les églises, dans les mosquées, dans les rues, dans les voitures ».

Source: Agence Fides, le 8 février 2023

L’aide internationale indispensable pour les chrétiens de Syrie

Homs, en grande partie détruite par la guerreHoms, en grande partie détruite par la guerre

L’aide internationale indispensable pour les chrétiens de Syrie

L’Archéparchie de Homs des Melkites, comme pour les églises des autres rites catholiques et confessions chrétiennes, a subi de lourds dégâts au cours la guerre. Le soutien international à la reconstruction des édifices religieux a été, et reste, fondamental. Sans églises, il est difficile d’envisager le retour des communautés chrétiennes.

Vatican News

ACN International, la fondation pontificale ‘Aid to the Church in Need’ dont le siège est en Allemagne, est présente dans vingt-trois pays et connue en France sous l’appellation ‘Aide à l’Église en détresse’. Récemment, AED a alloué 5 millions d’euros pour des programmes au Liban et en Syrie. Ils seront utilisés pour financer de nouveaux projets, grands et petits, dans les deux pays. Sans ce soutien, les communautés chrétiennes de Syrie, tourmentées par plus de 10 ans de guerre, ne pourraient pas retourner prier dans leurs églises, qui ont été endommagées, pillées ou même bombardées.

En 2014, il restait 20 chrétiens à Homs

Ainsi, ces dernières années, AED a consacré des fonds à la reconstruction de l’Archéparchie de Homs des Melkites et de la cathédrale au cœur de la troisième ville la plus peuplée du pays. «Lorsque je suis revenu à Homs, je n’ai pas pu entrer dans le siège épiscopal car il était toujours assiégé par des hommes en armes. La première fois que j’ai pu entrer dans les bâtiments diocésains, c’était le 9 mai 2014 et la ville de Homs était complètement détruite, toutes les maisons étaient à terre et il ne restait plus que 20 chrétiens dans toute la ville», témoigne Mgr Jean Abdo Arbach, archévêque Grec-Melkite de Homs.

Mgr Jean Abdo Arbach, archevêque Grec-Melkite de Homs

Mgr Jean Abdo Arbach, archevêque Grec-Melkite de Homs

Mgr Arbach a retroussé les manches pour participer activement à la reconstruction de plusieurs habitations d’abord, puis de la résidence épiscopale, et de la cathédrale. Grâce à cela, des familles chrétiennes de différentes confessions ont pu revenir s’installer en ville. Elles sont encore peu nombreuses, mais c’est déjà un signe. L’Église Grecque Orthodoxe a également repris des couleurs, avec 140 familles. Avant la guerre, c’était la plus importante communauté chrétienne. La reconstruction de l’église orthodoxe a révélé une belle découverte: une ancienne église souterraine datant de l’époque des premiers chrétiens de la région, qui se cachaient pour prier dans des cavités creusées sous terre.

Ave Maria, dans l’église découverte sous la cathédrale Grecque Orthodoxe

Pendant la guerre, la situation était moins grave

Mgr Jean Abdo Arbach prend du papier et un crayon pour, en quelques chiffres, expliquer que la situation actuelle est plus difficile que pendant la guerre, qui s’est terminée à Homs en 2014 après un accord entre les belligérants. «Pendant la guerre,explique l’évêque, la situation était une chose et après la guerre, c’en est une autre. Pendant la guerre, nous pouvions en quelque sorte remercier Dieu de ne nous faire manquer de rien. Les frontières avec le Liban et la Jordanie étaient ouvertes et nous pouvions nous déplacer. Cela semble paradoxal, mais en réalité, le coup de grâce est venu après la guerre, avec la crise économique et la pandémie qui a entraîné la fermeture de la frontière avec le Liban voisin». La crise s’est par ailleurs aggravée avec les sanctions imposées à la Syrie, à savoir le ‘Caesar Act’ promulgué par le président américain Donald Trump en 2019 et entré en vigueur en juin 2020. Depuis lors, toutes les entreprises étrangères se sont retirées, laissant les Syriens à leur propre sort. «Nous nous sommes retrouvés comme assiégés», raconte le prélat, «nous ne pouvions plus nous déplacer, nous n’avions plus d’argent liquide entre les mains, il n’y avait plus importations ni exportations, et les prix ont explosé». Les gens ont touché le fond.

Le café ou le thé est toujours servi aux hôtes en signe de bienvenue

Le café ou le thé est toujours servi aux hôtes en signe de bienvenue

Les familles se sont retrouvées en situation de grande pauvreté en très peu de temps. Situation observée dans un premier temps dans les villages des périphéries de Homs, Damas et Alep, car personne n’avait plus assez d’argent pour s’y rendre, ou pour en sortir. Parallèlement, les services de santé se sont détériorés, faute de moyens. Écrivant les chiffres sur le papier, Mgr Arbach attire l’attention sur le coût d’une opération chirurgicale. De 200 000 livres syriennes avant la guerre, une intervention coûte désormais 2 millions. Il en va de même pour les médicaments, qui sont inaccessibles pour l’écrasante majorité des familles, atteignant des prix exorbitants.

Une coupure d’électricité interrompt Mgr Arbach dans ses explications. Immédiatement, un générateur entre en fonction. «À Homs, nous n’avons que deux heures d’électricité par jour», dit-il.  Pour la plupart des familles qui ne peuvent s’offrir les services d’un générateur privé ou collectif, pour lequel elles doivent payer le carburant, tout s’arrête dans la maison : réfrigérateur, lave-linge, télévision.  À l’approche de l’hiver et du froid, le chauffage est un luxe hors de portée en raison du prix du mazout.

10 familles parties pour la Biélorussie

Ce contexte n’aide en rien le retour des chrétiens. Pire, il finit par faire fuir ceux qui ont résisté jusqu’à présent. Les plus jeunes n’imaginent pas leur propre avenir dans le pays. Nombreux sont ceux qui ont développé une pathologie dépressive et de l’anxiété. «Nous avons récemment eu 10 familles qui ont tout vendu pour aller en Biélorussie», poursuit Mgr Arbach. «Elles sont maintenant bloquées à la frontière avec la Pologne et ne peuvent aller nulle part. Que vont-elles devenir ?» se demande-t-il.

Une école occupée et pillée par les djihadistes pendant la guerre à Homs

Une école occupée et pillée par les djihadistes pendant la guerre à Homs

L’accès à l’éducation

Enfin, reste la question de l’éducation. De nombreux enfants, garçons et de filles, ne vont plus à l’école, contraints de travailler pour compléter le revenu familial afin de permettre à leurs familles de se nourrir. Outre cette nécessité vitale, il faut aussi prendre acte que la plupart des écoles ont été gravement endommagées et peu ont été reconstruites. «Que pourra devenir un enfant plus tard s’il n’a pas accès à l’éducation ? C’est très dangereux», prévient l’évêque.

Favoriser le retour des chrétiens sur leurs terres

Par conséquent, ajoute-t-il, «nous devons réfléchir et demander à Dieu de réveiller les consciences des gouvernants pour qu’ils lèvent les sanctions imposées à la Syrie afin que le pays puisse à nouveau s’ouvrir au monde». A travers un programme de reconstruction, l’évêque soutient qu’il serait possible de créer des emplois, d’espérer un salaire décent, la restitution de la dignité et la consolidation de la paix. La fin des sanctions favoriserait également le retour des chrétiens. Mgr Arbach considère que leur présence est très importante non seulement pour la Syrie, mais aussi pour les autres pays du Moyen-Orient. «En tant qu’évêques et serviteurs de Dieu, conclut-il,nous devons travailler avec les associations caritatives comme Aide à l’Église en détresse, l’Œuvre d’Orient, et toutes les autres organisations afin de renforcer et d’enraciner notre présence, notre droit, et notre dignité de citoyens dans notre pays, et sur nos terres».

Source: VATICANNEWS, le 3 janvier 2022

Homs: le discernement ignacien à rude épreuve

un appartement 'reconstruit' dans un immeuble de Homs détruit par la guerre.un appartement ‘reconstruit’ dans un immeuble de Homs détruit par la guerre.

Homs: le discernement ignacien à rude épreuve

La compagnie de Jésus est installée au cœur de Homs, en Syrie. Elle a payé un lourd tribut pendant la guerre avec la mort du père Franz Van Der Lugt, en 2014, tué par les djihadistes. Elle s’efforce aujourd’hui, non sans difficultés, à offrir aux jeunes une source d’espérance.

Vatican News

Homs a été longtemps le carrefour des routes commerciales et industrielles de la Syrie. Située à mi-chemin entre Damas et Alep, la ville est aussi une porte vers le Liban voisin et c’est aussi de là que partent les voies principales pour les côtes syriennes de la méditerranée. La troisième ville de Syrie, avec environ 700.000 habitants avant la guerre, est également l’une des plus abimées par 10 années de conflit. Des quartiers entiers dévastés, éventrés, et le sa sensation que la guerre s’est arrêtée hier. Le temps semble figé depuis quatre ans. Difficile de dire combien d’habitants compte l’agglomération aujourd’hui, il n’existe aucune statistique fiable. Mais au vu des destructions, du nombre de maisons réduites en tas de gravats, et prenant en compte la fuite massive des syriens vers l’étranger ou dans les camps de réfugiés du Liban, tout proche, qui accueillent 1,5 millions de personnes, la population de Homs s’est sensiblement réduite.

On estime qu’environ un tiers de la ville de Homs a été détruite pendant la guerre

On estime qu’environ un tiers de la ville de Homs a été détruite pendant la guerre

Encore une fois, comme cela s’est souvent produit dans la région lorsque les tensions atteignent des points de non-retour, les chrétiens sont les premiers à prendre les routes de l’exil. Les «terroristes» ont développé des méthodes d’intimidation sanguinaires, ne laissant guère le choix à la minorité chrétienne.

Un lieu de rencontre pour les jeunes

Chez les jésuites de Homs, les jeunes chrétiens, mais aussi des musulmans, se retrouvent presque tous les jours de la semaine pour participer aux différentes activités de la paroisse «ignacienne». Le père Vincent de Beaucoudrey est l’un des pères jésuites de Homs qui reçoit Vatican News dans la petite cour carrée de la résidence, en débutant par un temps de recueillement devant la tombe du père Franz Van Der Lugt, égorgé seul, ici, dans la cour, le 7 avril 2014. Ses compagnons étaient partis loin des combats, mais lui avait décidé de rester pour continuer à accueillir tous ceux qui pendant la guerre, auraient souhaité un temps de prière, de dialogue ou de réconfort. Les djihadistes n’ont eu aucune pitié. Ses compagnons l’ont enterré sur le lieu de son martyr. Une tombe en forme de croix permet aujourd’hui de se recueillir et de ne pas oublier.

la tombe du père Franz Van Der Lugt

la tombe du père Franz Van Der Lugt

Le père Vincent, Mansour en arabe, nous étale les difficultés des gens que les jésuites côtoient. Elles sont liées au manque de travail, de perspective et d’espérance. «Nous vivons avec eux, autant que nous le pouvons» dit-il. «Nous essayons de les aider spirituellement, et bien-sur – ajoute-t-il – nous souffrons avec eux».

Le jésuite précise que sa communauté opère sur deux niveaux : social et pastoral, et qu’une nette distinction est faite entre les deux. Ainsi, au total, un millier de jeunes se retrouvent pour jouer au Basket dans la cour, pour jouer au foot, pour des activités théâtrales, des camps ou des fêtes. Autant de moments de détente que les compagnons partagent avec ces jeunes, mais qui sont bien distincts des temps pour Dieu. «S’ils viennent, ils savent pourquoi ils viennent. Pour jouer, ou pour prier ou un temps d’écoute. Nous ne souhaitons pas mélanger les deux», explique le prêtre. Homs est tellement dévastée que les espaces de détente sont quasiment inexistants, et le couvent des jésuites peut offrir cet espace : «Ils sont nombreux, 20% de plus chaque année. On pourrait dire que nos activés ont du succès. Mais on sait aussi que si nous n’étions pas là, ils n’auraient rien d’autre à faire».

le père Vincent de Beaucoudrey sj

le père Vincent de Beaucoudrey sj

Pas lumière au bout du tunnel

En revanche, les temps d’écoute, de partage et de prière suivent un autre calendrier. Et c’est ici que le père Vincent se laisse déborder par l’émotion: «je n’en sais rien, je ne sais pas», répond-il lorsqu’on lui demande quel peut être l’avenir de ces jeunes, puis il ajoute : «On ne peut pas être focalisé sur le long terme, on essaie de vivre, de se laisser toucher par l’Évangile. Le charisme des jésuites c’est d’aider les gens à prendre des décisions, et quand on est aumônier d’étudiants, on se dit qu’on va aider les gens à construire leur vie. Mais qu’est-ce qu’on fait quand on ne sait pas ce qui peut être décidé ? C’est compliqué».

Vincent de Beaucoudrey reprend ses esprits et développe : «une de nos plus grandes difficultés est d’aider au discernement. Lorsqu’on propose à quelqu’un de choisir, cela signifie qu’il peut opérer un choix entre deux bonnes choses. Mais on ne peut pas parler de choix lorsque toutes les issues sont bouchées. Ils n’ont rien à choisir dans ce contexte sans lumière au bout du tunnel».

Les limites du discernement

Les étudiants se retrouvent souvent dans des filières qui ne les intéressent pas vraiment. Ils n’ont pas choisi leurs études pour la plupart, mais se sont adaptés aux moyens de transports disponibles dans leur quartier, et aux universités desservies. «Quand on connait cela, que l’on parle avec eux, que l’on essaie d’évoquer leur avenir, ils nous répondent ‘oui, et après ?’. Ils n’ont plus aucune source d’espérance», regrette le père De Beaucoudrey. «Il nous faut donc descendre plus bas, dans les petits détails du quotidien. Ce sont nos activités sociales qui peuvent constituer pour eux un début d’espérance». Mais cette espérance est comme enfermée dans une boite, et le jésuite admet que cette condition l’amène à toucher les limites du discernement ignacien. «On ne peut aider au discernement uniquement lorsqu’ils ont à choisir entre deux bonnes choses. Il n’y a aucune décision à prendre, devant le Seigneur, entre une bonne et une mauvaise chose, vous choisissez la bonne. Mais ce n’est plus du discernement», dit-il, avant de poursuivre : «Ici les jeunes peuvent choisir éventuellement entre deux petits boulots, s’ils ont la chance d’avoir ce choix. Mais comment peut-on les aider au discernement lorsqu’ils doivent choisir entre faire leur service militaire [ndr : ce qui implique rester plusieurs années dans l’armée, jusqu’à 7 ou 8 ans, parce que le pays est en guerre] et partir pour l’étranger ? Lorsqu’ils viennent me demander s’ils doivent rester ou partir, je suis incapable de répondre. Je ne peux que leur dire de prendre soin d’eux, et que Dieu les accompagne».

Homs et Ma’aloula, les traces de la guerre

Source: VATICANNEWS, le 30 décembre 2021