Les pensées du Pape pour le Soudan et l’Ukraine

De la fumée s'élève au-dessus des bâtiments dans le sud de Khartoum, le 19 mai 2023. De la fumée s’élève au-dessus des bâtiments dans le sud de Khartoum, le 19 mai 2023. (AFP or licensors)

Les pensées du Pape pour le Soudan et l’Ukraine

Après la prière du Regina cæli en ce dimanche 21 mai, solennité de l’Ascension du Seigneur, le Pape François a tourné ses pensées vers le Soudan qui vit une situation grave de crise. François qui ne cesse de réitérer son appel pour la paix en Ukraine, a également invité à ne «pas s’habituer à la guerre et aux conflits».

Depuis la fenêtre du Palais apostolique, le Pape François a eu une pensée particulière pour le Soudan qui fait face à une grave crise liée à de violents affrontements entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont fait plus d’un millier de morts et plus d’un million de déplacés et de réfugiés.

Une situation «triste»

«C’est triste, un mois après le début de la violence, la situation continue d’être grave», a déploré l’évêque de Rome encourageant «les accords partiels». François a aussi appelé à faire taire les armes qui tuent de nombreux innocents.

Un cessez-le-feu d’une semaine a été conclu entre les belligérants au Soudan, où des frappes aériennes ont secoué plus tôt la capitale soudanaise.

La nouvelle, anticipée hier soir, a été confirmée par les États-Unis et l’Arabie saoudite dans une déclaration commune à l’issue de pourparlers à Djeddah. L’accord entrera en vigueur 48 heures après l’entente, soit le lundi 22 mai à 21h45, heure locale. Cependant, depuis le début des affrontements en avril dernier, les deux parties s’étaient déjà entendues sur la protection des civils et l’aide humanitaire aux personnes touchées par le conflit, mais des cessez-le-feu similaires ont été rompus. Selon le département d’État américain, l’arrêt des armes «pourrait être prolongé avec l’accord des parties».

Favoriser le dialogue

À l’issue de cette prière du Regina Cæli, le Pape est également revenu sur la situation de guerre en Ukraine, invitant la communauté internationale à ne ménager aucun effort «pour faire prévaloir le dialogue et alléger les souffrances de la population». «Ne nous habituons pas aux conflits et à la violence! Ne nous habituons pas à la guerre! Et continuons à soutenir le peuple ukrainien martyr», a-t-il déclaré. Le 13 mai dernier, François a reçu en audience au Vatican, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Lors de cette rencontre, il a été évoqué la nécessité de poursuivre les efforts pour parvenir à la paix et mettre fin au conflit.

Source : VATICANNEWS, le 21 mai 2023

SOUDAN – La cathédrale d’El-Obeid touchée par des roquettes

Khartoum (Agence Fides) – La cathédrale Marie Reine d’Afrique, dans le diocèse d’El-Obeid, a été touchée lors de violents affrontements entre les forces de l’armée soudanaise et le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF).


Selon le père Peter Suleiman, secrétaire général de la Conférence des évêques du Soudan et du Sud-Soudan (SSSCBC), au moins deux roquettes ont touché la cathédrale le 27 avril.

La première roquette a touché une partie du presbytère et la seconde a explosé contre le portail principal de la cathédrale, détruisant les vitraux.


« Nous remercions Dieu que l’évêque n’ait pas été dans la pièce à ce moment-là, parce que la pièce est complètement endommagée, et l’autre roquette a explosé devant la porte principale de la cathédrale et a touché le bâtiment, causant des dommages aux vitres », rapporte le père Suleiman.


L’attaque s’est produite alors que l’évêque d’El-Obeid, Mgr Yunan Tombe Trille Kuku Andali, et d’autres prêtres étaient en train de faire la prière d’adoration devant le Saint Sacrement dans l’église.


« Nous remercions Dieu qu’ils soient sains et saufs, mais la situation dans la ville est grave : les habitants manquent de nourriture, d’eau et d’électricité », ajoute le secrétaire général, qui précise que l’évêque d’El-Obeid et d’autres prêtres sont toujours à leur place, à l’exception des religieuses de l’école Saint-François qui se trouvent à proximité des casernes de l’armée qui ont été évacuées en divers endroits.


« Pour autant que je sache, les sœurs de l’école Saint-François sont proches des casernes militaires, et on leur a donc demandé de déménager dans un autre endroit où elles seront un peu plus en sécurité. Mais sinon, tout le personnel de l’Église est en place ».

Le secrétaire général de la Conférence des évêques du Soudan et du Sud-Soudan déclare que le conflit au Soudan détruit les bâtiments historiques de la ville et appelle les Soudanais et les Sud-Soudanais à prier pour la paix.


Alors que l’attention de la presse internationale est focalisée sur les combats dans la capitale Khartoum, plusieurs autres régions du Soudan sont également touchées par les affrontements entre l’armée et les FDR, notamment au Darfour, bastion de ces dernières.

Source : Agence Fides, le 2 mai 2023

Le nonce apostolique au Soudan craint une guerre civile

Vue sur Khartoum, touchée par des explosions, le 17 avril 2023. Vue sur Khartoum, touchée par des explosions, le 17 avril 2023. (AFP or licensors)

Le nonce apostolique au Soudan craint une guerre civile

Depuis Khartoum, Mgr Muñoz Cárdaba, nonce apostolique au Soudan, se dit préoccupé par une situation qu’il qualifie de «grave». Les combats ont également touché la nonciature, où des groupes de soldats ont fait irruption pendant la messe du dimanche 16 avril. Les religieux Comboniens sont quant à eux enfermés dans leurs maisons, sans possibilité de sortir. 

John Baptiste Munyambibi et Antonella Palermo – Cité du Vatican

Les affrontements entre l’armée gouvernementale et les forces paramilitaires au Soudan se sont intensifiés ces derniers jours. Le syndicat des médecins du Soudan rapporte le nombre de 942 morts, dont des civils et des militaires. Le chef de la mission de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, s’est dit «extrêmement déçu» que les deux parties n’aient adhéré que «partiellement» à la «trêve humanitaire» de trois heures qu’elles avaient déclaré accepter dimanche, au lendemain du début des hostilités au Soudan.

L’armée du général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil souverain de transition – chef d’État de facto du Soudan après le coup d’État du 25 octobre 2021 -, mais aussi les milices paramilitaires (FSR) du général Mohamed Hamdan Dogolo, alias Hemeti, ont d’énormes intérêts économiques. L’armée contrôle une grande partie de l’activité économique du pays, les FSR ont quant à elles plusieurs mines d’or entre leurs mains, dont une qu’elles partagent même avec des mercenaires russes du groupe Wagner. Hemeti entretient des liens étroits avec Moscou, tandis que le premier partenaire commercial du Soudan reste la Chine. Les deux n’ont jamais entrepris de coopération sincère, mais gardent seulement l’intérêt contingent d’évincer les civils du pouvoir.

Des soldats dans les jardins de la nonciature

Dans le centre de Khartoum, la capitale, il y a eu ce lundi matin «des bombardements aériens, des tirs d’obus et des tirs de missiles sol-sol», a rapporté l’agence de presse italienne Ansa. Les hôpitaux de Khartoum et d’autres villes du pays ont été attaqués avec des canons et des armes à feu, et plusieurs d’entre eux ont été «complètement inactifs»pendant les affrontements. Joint par téléphone, le nonce apostolique, Mgr Luís Miguel Muñoz Cárdaba, a expliqué que «c’est aujourd’hui le troisième jour de ces combats, en fait une guerre entre les militaires des Forces armées et les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Après des jours et des semaines de tension, une guerre de facto a malheureusement éclaté. La situation est grave, vraiment grave, avec des combats dans la capitale mais aussi dans d’autres villes du pays. Des combats violents, intenses, avec de l’artillerie, des avions…. Nous sommes dans une situation inquiétante et qui met en danger la vie des populations civiles. Les gens sont enfermés chez eux, sans pouvoir sortir, sans pouvoir aller sur les marchés pour acheter parce que c’est vraiment risqué».

Près de la nonciature, située dans une zone traditionnellement «paisible et sereine» au nord de la capitale, où se trouvent les ambassades et la résidence du Premier ministre (actuellement absent), «malheureusement hier, la situation dans la matinée était très grave», a rapporté le nonce. «Les combats ont été très rapprochés. Trois groupes de soldats sont entrés dans la nonciature pendant la messe, les soldats sont arrivés, ils voulaient peut-être utiliser le jardin de la nonciature comme poste pour combattre les autres, les ennemis. Mais, Dieu merci, au bout d’une demi-heure, ils sont repartis sans incident. Ici les balles volent comme dans toute la ville», a-t-il décrit. «Plusieurs soldats (…) sont entrés, peut-être en fuyant les autres, ont escaladé la clôture de la Nonciature et sont restés une demi-heure ici. D’autres sont passés, fuyant, mais sans incident particulier».

Un risque d’embrasement du pays

Mgr Muñoz Cárdaba a aussi interpellé les «acteurs de la guerre», leur demandant «d’arrêter les combats et de trouver des solutions de dialogue et de paix». Un message partagé par de nombreux autres groupes, pays et organisations internationales «qui tentent de servir de médiateurs et de mettre fin à cette tension», a fait remarquer le nonce apostolique, pensant qu’en raison de «ces affrontements, la possibilité de parvenir à un accord politique entre les différentes parties, les groupes armés et la société civile est peut-être réduite à néant. Il y avait de l’espoir, au début du mois d’avril, on s’attendait à ce que cet accord de transition démocratique soit signé et qu’un nouveau gouvernement civil soit formé. Mais malheureusement, il y a maintenant un risque que cela explose et que ce conflit se prolonge et provoque même, Dieu nous en préserve, une guerre civile, espérons que non».

La population civile est en souffrance. Plus d’un tiers des 45 millions d’habitants du Soudan avaient déjà besoin d’une aide humanitaire avant le déclenchement de cette crise.

Les religieuses encerclées

Les missionnaires comboniennes présentes dans le pays vivent elles aussi des jours de grande inquiétude. Depuis Rome, la conseillère générale de la Congrégation, sœur Eleonora Reboldi, a confié: «Nos sœurs qui se trouvent dans la ville de Khartoum sont enfermées dans leur maison depuis trois jours sans aucune possibilité de sortir. La lumière a été coupée, elles sont pratiquement encerclées et il y a des tirs continus».«Il y a des groupes qui se battent principalement pour atteindre l’aéroport. Les sœurs sont sur place et demandent la prière. Elles attendent que la situation se calme un peu. Elles sont en contact avec les autres congrégations du pays et avec les autres communautés par téléphone», a-t-elle expliqué.

Actives surtout dans les secteurs de l’école et de la santé, les sœurs comboniennes sont une trentaine au Soudan, dont sept ou huit à Kharthoum. Tant dans la maternité, qu’elles gèrent dans la capitale, que dans les écoles, les religieuses tentent d’exercer leur ministère dans ce climat de tension.

Cette situation, a conclu sœur Eleonora, «ramène les gens à une condition de grande souffrance parce que l’absence de paix met tout le monde dans le découragement, et pour ces pays, où la paix fait défaut depuis si longtemps, la paix est un rêve que les gens portent dans leur cœur».

Source : VATICANNEWS, le 17 avril 2023

Deux religieuses tuées au Soudan du Sud: le Pape exprime ses condoléances

Le Pape recevant les leaders du Soudan du Sud au Vatican le 11 avril 2019.Le Pape recevant les leaders du Soudan du Sud au Vatican le 11 avril 2019. (Vatican Media)

Deux religieuses tuées au Soudan du Sud: le Pape exprime ses condoléances

Une embuscade le 16 août a fait cinq morts non loin de la frontière ougandaise. Parmi les victimes figurent deux religieuses du Sacré Coeur. 

Le Pape François a envoyé un télégramme de condoléances à Mgr Mark KADIMA, chargé d’Affaires à la nonciature apostolique de Juba au Soudan du Sud au lendemain de la mort de deux religieuses du Sacré Coeur, tuées dans une embuscade par des hommes armés. 

«Sa sainteté le Pape François a été profondément attristé d’apprendre l’attaque brutale contre un groupe de sœurs du Sacré cœur de Jésus dimanche dernier, entraînant la mort de Sœur Mary Abud et de Sœur Regina Roba» lit-on dans ce communiqué signé par le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin. 

Le Pape «présente ses sincères condoléances à leurs familles et à leur communauté religieuse à la suite de cet acte de violence insensé. Confiant que leur sacrifice fera avancer la cause de la paix, de la réconciliation et de la sécurité dans la région, sa sainteté prie pour leur repos éternel et le réconfort de ceux qui pleurent leur perte» peut-on encore lire dans le télégramme. 

L’attaque s’est produite dans l’État de l’Equateur, non loin de la frontière avec l’Ouganda. Les religieuses, ainsi que quelques sœurs et plusieurs fidèles, rentraient à Juba après avoir participé à la célébration du centenaire de la création de la paroisse de Loa, dans le diocèse de Torit, où l’église est dédiée à Notre-Dame de l’Assomption et où la congrégation a une mission.

Ils voyageaient dans un bus qui a été attaqué par des hommes armés non identifiés. Sœur Mary, Sœur Regina et trois autres personnes ont été tuées et plusieurs autres ont été blessées.

Source: VATICANNEWS, le 17 août 2021

Une immense cathédrale médiévale découverte au Soudan

cathédrale du soudan

© PCMA UW/Mateusz Rekłajtis

Des chercheurs polonais ont retrouvé les vestiges d’une grande cathédrale médiévale au nord du Soudan en Afrique.

Une immense cathédrale médiévale découverte au Soudan

Des archéologues polonais ont fait une découverte tout à fait exceptionnelle. Une cathédrale médiévale vient d’être retrouvée au Soudan, sur les bords du Nil. Un sanctuaire de grande dimension qui témoigne de la christianisation de cette région dès le VIe siècle par des missionnaires chrétiens. 

C’est une découverte rare que viennent de faire des archéologues polonais au nord du Soudan. Les fondations d’une immense cathédrale chrétienne, construite à l’époque médiévale dans le royaume de Dongola, viennent d’être retrouvées sous le sable. Fondé au Ve siècle, le royaume de Dongola — appartenant à la Nubie chrétienne — a connu un développement très rapide grâce à son commerce prospère. Exploitation des mines, oasis, contrôle des voies d’échanges… le royaume de Dongola — aussi appelé Makurie — a bénéficié d’une emplacement idéal sur les bords du Nil. 

La conversion du royaume au christianisme semble attestée dès le VIe siècle grâce à l’arrivée de missionnaires provenant d’Anatolie (Asie mineure). C’est en tout cas ce qu’avancent les chercheurs de l’Université de Varsovie qui, en 2018, avaient déjà retrouvé une église et un monastère lors de précédentes fouilles. La découverte, en mai dernier, de cette vaste cathédrale médiévale semble donc bien confirmer une présence chrétienne dès le VIe siècle avant que les agressions grandissantes de l’Égypte musulmane entraînent la chute du royaume. 

Un sanctuaire de grande dimension

Incroyablement grande, les dimensions de la cathédrale laissent penser qu’il s’agissait certainement d’un important sanctuaire. En comparaison, sa taille est cinq fois plus grande que la cathédrale retrouvée dans les années 1960 dans la ville de Faras située plus au sud. C’est dans cette dernière que de magnifiques fresques chrétiennes ont été retrouvées dont certaines sont aujourd’hui conservées à Varsovie. On peut y admirer des représentions de saint Michel archange, de sainte Anne, la mère de la Vierge, dans une attitude étonnante, ou encore une représentation de la Nativité.

Reconstitution 3D de la cathédrale par le Centre polonais d’archéologie méditerranéenne de l’université de Varsovie. 

© PCMA UW/ Agnieszka Wujec

La découverte d’une tombe, à l’intérieur de la cathédrale de Dongola — probablement de l’un des premiers évêques — confirme qu’il s’agissait certainement d’un grand sanctuaire. Grâce à une reconstitution 3D, les chercheurs supposent que la cathédrale s’élevait sur trois niveaux et possédait au moins un dôme. Des murs peints, réalisés autour du Xe – XIe siècles, ont également été retrouvés lors des fouilles. Ils représentent des personnes alignées, peut-être des apôtres. Les fouilles, qui vont se poursuivre jusqu’en 2023, vont permettre de dater avec plus de précision la construction de la cathédrale et accroître davantage les connaissances sur ces communautés chrétiennes médiévales d’Afrique dont les vestiges demeurent rares.

Source: ALETEIA, le 7 juillet 2021