Père Francesco Patton, custode de Terre Sainte (image d’archive). (AFP or licensors)

Père Patton: arrêtez de bombarder les civils à Gaza, la vie humaine est sacrée

Depuis Rome, à l’occasion de la Journée des associations de Terre Sainte, le custode de Terre Sainte lance un appel à ne pas alimenter «les idéologies antihumaines et terroristes». Père Francesco Patton confie au micro de Radio Vatican-Vatican News son inquiétude pour les chrétiens de Gaza. 

Tiziana Campisi – Cité du Vatican

«Tout le monde doit coopérer pour arrêter le bombardement de la population civile à Gaza». C’est l’appel que le custode de Terre Sainte, le père Francesco Patton, présent à Rome ce 11 novembre à l’occasion de la 16ème Journée des Associations de Terre Sainte, lance au micro de Radio Vatican – Vatican News. «Il faut revenir au respect de la personne humaine, indépendamment de l’ethnie, de la religion et de la situation personnelle de chacun, il faut à nouveau considérer la personne humaine comme sacrée», affirme le prêtre franciscain qui met en garde contre les «idéologies antihumaines et terroristes». Dans cet entretien, père Francesco Patton décrit avec tristesse les difficultés rencontrées par la communauté chrétienne dans la bande de Gaza.

Quelles sont les dernières nouvelles de Gaza concernant la communauté chrétienne?

La communauté chrétienne de Gaza est aujourd’hui très réduite. Les fidèles grecs-orthodoxes et latins sont mélangés dans les deux paroisses. Il y a les sœurs de Mère Teresa qui s’occupent des personnes vivant avec handicap et les sœurs du Verbe Incarné, il y a également les sœurs du Rosaire, qui s’occupaient d’une grande école ouverte à tous. Actuellement, les chrétiens vivent tous dans l’église, c’est le seul endroit où ils se sentent en sécurité, non pas parce que les murs sont plus épais, mais parce qu’à l’église, ils perçoivent davantage la présence de Dieu… Ils perçoivent l’église comme leur maison et la présence de Jésus-Christ comme leur Sauveur. Ils le disent explicitement! Ils font deux messes par jour, ils récitent le chapelet, ils vivent une vie de prière jour et nuit, précisément pour invoquer le salut pour eux-mêmes, pour leurs frères et sœurs. Voyons comment les choses se passeront dans les prochains jours, espérons qu’au moins le lieu de culte sera respecté et que les chrétiens pourront surmonter cette phase vraiment difficile de leur existence.

Comment voyez-vous l’avenir des chrétiens en Terre Sainte?

Je crains qu’une fois la guerre terminée, il y ait une nouvelle émigration de chrétiens de Terre Sainte vers les États-Unis, le Canada, l’Europe. Même avant de venir à Rome, j’ai senti que beaucoup ne se sentaient plus en sécurité, surtout ceux qui ont des familles et qui ne veulent pas que leurs enfants grandissent dans un environnement de haine, où il n’y a pas d’acceptation mutuelle entre les personnes d’ethnies et de religions différentes.

e peut-on faire pour que les chrétiens continuent à être présents en Terre Sainte?

L’élément fondamental pour que les chrétiens restent est d’ordre spirituel. En d’autres termes, les chrétiens doivent être profondément convaincus qu’être chrétiens en Terre Sainte, ainsi que dans tout le Moyen-Orient, est un appel spécial, une sorte de vocation et non une malédiction. Dans cette période historique, nombreux sont ceux qui pensent que naître au Moyen-Orient est une sorte de malédiction, car ils savent ce qui s’est passé en Irak, en Syrie, au Liban et ce qui se passe actuellement en Israël, en Palestine et à Gaza.

Vous vivez à Jérusalem, à plus de 70 kilomètres de Gaza, quel est le climat actuel?

Le climat à Jérusalem est assez lourd, parce qu’il y a de la peur et de la méfiance réciproque entre ceux qui appartiennent à la communauté israélo-arabe et ceux qui appartiennent à la communauté israélo-juive. Cependant, il y a des signes positifs: certaines personnes continuent d’essayer de maintenir en vie le dialogue et la communication. Les chrétiens jouent un rôle important dans cette situation, car ils ne sont pas perçus comme dangereux par l’un ou l’autre. Par conséquent, s’ils restent, ils pourront contribuer à recoller les morceaux; s’ils partent, l’espace de coexistence sera encore plus réduit.

Quelle est la situation à Jérusalem?

Dans la Vieille ville, la plupart des boutiques de souvenirs et des magasins religieux sont fermés en ce moment parce qu’il n’y a pas de pèlerins. À Bethléem, la situation est encore plus difficile car les chrétiens vivent exclusivement de l’industrie du pèlerinage, or les hôtels et les magasins sont fermés. Je le répète, notre présence continue d’être une présence religieuse, comme elle l’a été au cours de ces huit derniers siècles. Nous sommes toujours restés, même lorsqu’il n’y avait pas de pèlerins, et nous savons qu’il est important de rester dans ces lieux et d’y prier, parce que ces lieux rappellent le mystère de notre rédemption. La rédemption est un fait dramatique, ce n’est pas une promenade de santé, c’est quelque chose qui a coûté la vie à notre Seigneur Jésus-Christ. Par conséquent, nous sommes appelés à le suivre en tant que disciples, même au milieu des difficultés.

Face à la situation actuelle en Terre Sainte, souhaitez-vous lancer un appel?

J’appelle à la coopération de tous pour arrêter les bombardements de la population civile, pour qu’il y ait un retour au respect de la personne humaine, indépendamment de l’ethnie, de la religion et de la situation personnelle. Nous devons recommencer à considérer la personne humaine comme sacrée. Dans l’Antiquité, ce qui était sacré était inviolable. Ici, nous devons recommencer à considérer la personne humaine comme sacrée. En Terre Sainte vivent des croyants de trois religions: juifs, chrétiens et musulmans. Pour les juifs et les chrétiens, l’homme est l’image et la ressemblance de Dieu; pour les musulmans, selon le Coran, l’homme est le calife de Dieu sur cette terre, c’est-à-dire le représentant de Dieu sur cette terre. Les croyants de ces trois religions ont donc une très haute idée de la valeur et de la dignité de la personne humaine. Nous devons tous recommencer à considérer la valeur et la dignité de la personne humaine. Ceci afin d’éviter d’alimenter les idéologies antihumaines et terroristes.

Source : VATICANNEWS, le 12 novembre 2023

P. Francesco Patton: «penser aux nombreuses familles en difficulté»

P. Francesco Patton: «penser aux nombreuses familles en difficulté»

Dans son message de Noël, le Custode de Terre Sainte fait découvrir le sanctuaire de la Grotte du Lait, qui se trouve à une centaine de mètres de la Grotte de la Nativité, à Behléem. Un lieu où Joseph a été contraint de se lever, de prendre avec lui l’enfant Jésus et sa mère Marie et de fuir en Égypte, un lieu où Marie allaite l’enfant Jésus. D’ici, «il est naturel de penser aux nombreuses familles en difficulté aujourd’hui dans divers pays du monde», souligne le religieux franciscain. 

Dans son message de Noël, le P. Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, s’adresse aux fidèles en présentant le sanctuaire de la Grotte du Lait à Bethléem, situé non loin de la basilique de la Nativité. Un lieu émouvant où la Vierge allaita l’Enfant-Jésus et où Joseph reçut en songe l’avertissement de fuir en Egypte, avec Marie et Jésus.

«Pour la deuxième année consécutive, ici à Bethléem, des familles subissent les graves conséquences économiques de la pandémie. Il s’agit de familles dans lesquelles les parents, tout comme saint Joseph et Marie son épouse, essaient de faire tout ce qu’ils peuvent pour s’occuper de leurs enfants dans une période de grande difficulté» souligne le franciscain dans ce message, rappelant que ce sanctuaire est l’occasion de s’adresser à toutes les familles du monde qui sont marquées par les épreuves.

Source: VATICANNEWS, le 24 décembre 2021