Baptême de Jésus, « fils de Dieu et frère de nous tous », par Mgr Follo

Le Baptême du Christ (Le Pérugin) Chapelle Sixtine, capture CTV

Le Baptême Du Christ (Le Pérugin) Chapelle Sixtine, Capture CTV

Baptême de Jésus, « fils de Dieu et frère de nous tous », par Mgr Follo

Prolongement de l’Epiphanie

« Avec la fête du Baptême de Jésus, la liturgie de ce dimanche prolonge l’Épiphanie (c’est-à-dire la manifestation) du Christ. En cette fête, des paroles solennelles résonnent. Elles nous invitent à revivre le moment où Jésus, baptisé par Jean, sort des eaux du Jourdain et où Dieu le Père le présente comme son Fils unique, l’Agneau qui prend sur lui le péché du monde », explique Mgr Francesco Follo.

Il rappelle que cette fête du Baptême du Christ est pour nous « une invitation à être témoin du Christ dans une existence vécue dans la joie, parce que dans le Fils, nous sommes fils nous aussi, nous sommes aimés et pardonnés ».

Comme lecture spirituelle, Mgr Follo propose le Sermon sur la sainte Théophanie, par saint Hippolyte.

Baptême de Jésus,

Fils de Dieu et frère de nous tous.

9 janvier 2022

  • Baptême de joie et de miséricorde

Avec la fête du Baptême de Jésus, la liturgie de ce dimanche prolonge l’Épiphanie (c’est-à-dire la manifestation) du Christ. En cette fête, des paroles solennelles résonnent. Elles nous invitent à revivre le moment où Jésus, baptisé par Jean, sort des eaux du Jourdain et où Dieu le Père le présente comme son Fils unique, l’Agneau qui prend sur lui le péché du monde. Une voix se fait entendre du ciel, tandis que le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe se pose sur Jésus, qui commence publiquement sa mission de salut. C’est une mission caractérisée par le style du serviteur humble et doux, prêt au partage et au dévouement total : « Il ne criera pas, ni n’élèvera le ton… Il ne brisera pas un roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, Il proclamera le droit avec fermeté » (Is 42, 2-3).

Après le mystère de l’Épiphanie où le Fils de Dieu se manifesta petit enfant aux mages venus l’adorer à Bethléem, aujourd’hui nous sommes appelés à faire mémoire du Christ adulte, baptisé par Jean le Baptiste. Le Christ « fut baptisé, il est vrai, comme homme ; mais prit sur lui les péchés comme Dieu ; non parce qu’il avait besoin de purification, mais pour apporter la sainteté par les eaux mêmes du baptême. » (Saint Grégoire de Naziance, Oraison, 29, 19-20),

Cette épiphanie de Jésus a comme témoin non seulement Jean le Baptiste, les disciples de ce dernier, et les pécheurs qui étaient venus recevoir un baptême de pénitence, mais aussi la Sainte Trinité : le Père (l’Aimant) – la voix venue d’en haut – révèle Jésus comme le Fils Unique (l’Aimé) consubstantiel au Père, et tout cela se réalise en vertu de l’Esprit Saint (l’Amour) qui descend sur le Messie sous forme de colombe.

En effet, au moment où, Jésus, sorti de l’eau du Jourdain, est recueilli en prière, l’Esprit Saint descend sur lui comme une colombe et, le ciel s’ouvrant, on entend la voix du Père, qui, d’en haut, dit à Jésus : « Toi, tu es mon fils bien aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Luc 3, 22) La traduction italienne emploie le mot « complaisance » (1) qui correspond à quelque chose de profond ; je ne crois pas qu’on puisse la réduire à une sorte de convergence des sentiments ou bien à une identité d’opinions. La « complaisance » de Dieu c’est vraiment le Père qui se reflète dans le fils et qui s’identifie à lui.

La première conséquence « pratique » pour nous sera de faire nôtre la prière par laquelle le prêtre commence la prière de ce dimanche : « Dieu éternel et tout puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain et que l’Esprit Saint reposa sur lui, tu l’as désigné comme ton Fils bien-aimé ; accorde à tes fils adoptifs, nés de l’eau et de l’Esprit, de persévérer toujours dans « ta joie amoureuse et bienveillante » (2). » De cette manière, la fête du baptême de Jésus ne sera pas seulement pour nous un moment où nous nous mettrons à l’écoute de son Évangile de joie, mais aussi une invitation à être témoin du Christ dans une existence vécue dans la joie, parce que dans le Fils, nous sommes fils nous aussi, nous sommes aimés et pardonnés.

  • Epiphanie de la Trinité

Selon Saint Jérôme, il y a trois raisons qui expliquent pourquoi le Christ s’est fait baptiser par Jean. « La première, parce qu’étant né homme comme les autres, il devait respecter la Loi avec justice et humilité. La seconde, pour démontrer par son baptême, l’efficacité du baptême de Jean. La troisième, pour montrer la venue de l’Esprit Saint lors du baptême des croyants, les eaux du Jourdain ayant été sanctifiées par la descente de la colombe. »  (Commentaire de Matthieu 1, 3, 13)

Mais il est important de garder à l’esprit aussi, deux autres enseignements que l’on peut retirer de cette fête. D’abord, en se faisant baptiser par Jean avec d’autres pécheurs, Jésus a déjà commencé à prendre sur lui le poids de la faute de toute l’humanité, comme agneau de Dieu qui « enlève » (littéralement qui « prend sur lui ») le péché du monde (cf Jn 1, 29). Et enfin, par son baptême dans le Jourdain, Jésus nous révèle le Père, le Fils et le Saint Esprit qui descendent parmi les hommes et manifestent leur amour riche de miséricorde qui pardonne et recrée.

L’évènement du baptême du Christ (3) est donc non seulement la révélation de sa filiation divine et de son incarnation mais aussi la révélation de la Trinité : « Le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit dans la colombe. » (Saint Augustin, In Io. Ev. Tr 6,5) A ce sujet Saint Chromace d’Aquilée dit : « Quel grand mystère dans ce baptême céleste ! Le Père se fait entendre du ciel, le Fils apparaît sur terre, le Saint Esprit se manifeste sous forme de colombe : on ne peut pas parler, en effet, de vrai baptême et de vraie rémission des péchés là où il n’y a pas la vérité de la Trinité, et on ne peut pas non plus accorder la rémission de péchés là où on ne croit pas à la Trinité parfaite. » (Discours 34, 1-3)

Voici donc une seconde conséquence « pratique » : faisons nôtre la prière de Saint Hilaire de Poitiers : « Conserve intacte cette foi pure qui est en moi, jusqu’à mon dernier soupir, donne-moi aussi cette voix de ma conscience, afin que je reste toujours fidèle à ce que j’ai professé dans mon retour à la vie, quand j’ai été baptisé dans le Père, le Fils et le Saint Esprit. » (De la Trinité, XII, 57, CCL 62/A, 627) Quand une personne est baptisée au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, elle est plongée en Dieu. Et « qui est plongé en Dieu est vivant parce que Dieu – dit le Seigneur – est un Dieu non pas des morts mais des vivants et s’il est le Dieu de ceux-ci, il est le Dieu des vivants ; les vivants sont vivants parce qu’ils sont dans la mémoire, dans la vie de Dieu. C’est précisément ce qui arrive dans notre condition de baptisés : nous devenons insérés dans le nom de Dieu, de sorte que nous appartenons à ce nom et Son Nom devient notre nom et nous aussi nous pourrons, avec notre témoignage, être des témoins de Dieu, signe de qui est ce Dieu, nom de ce Dieu. » (Benoit XVI, Lectio Divina, 11 juin 2012).

  • Baptême et consécration

La mission du Christ se résume en ceci : nous faire baptiser dans l’Esprit Saint pour nous libérer de l’esclavage de la mort et « nous ouvrir le ciel », c’est-à-dire l’accès à la vraie vie qui sera « une immersion toujours nouvelle dans l’immensité de l’être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie. » (Benoit XVI, Spe salvi, 12).

Nous pourrions donc dire que le baptême suffit pour être de bons chrétiens et qu’une nouvelle consécration, comme celle des vierges consacrées dans le monde, n’est pas nécessaire ? A ce sujet, le Pape François précise : « Nous sommes tous consacrés à Lui par le Baptême. Nous sommes tous appelés à nous offrir au Père avec Jésus et comme Jésus, en faisant un don généreux de notre vie, en famille, au travail, au service de l’Eglise, dans les œuvres de miséricorde. Cependant, cette consécration est vécue d’une manière particulière par les religieux, les moines, les laïcs consacrés, qui par la profession des vœux appartiennent à Dieu entièrement et exclusivement. Cette appartenance au Seigneur permet à ceux qui la vivent de façon authentique d’offrir un témoignage spécial à l’Évangile du Royaume de Dieu. Totalement consacrés à Dieu, ils sont totalement livrés aux frères, pour apporter la lumière du Christ là où les ténèbres sont les plus épaisses et pour répandre son espérance dans les cœurs découragés. » (2 février 2014).

Si ensuite nous regardons les vierges consacrées dans le monde, nous voyons qu’elles « sont un signe de Dieu dans les différents domaines de la vie, elles sont un levain pour la croissance d’une société plus juste et fraternelle, elles sont une prophétie de partage avec les petits et les pauvres. Comprise et vécue ainsi, la vie consacrée nous apparaît comme elle est réellement : un don de Dieu, un don de Dieu à l’Église, un don de Dieu à son Peuple ! Toute personne consacrée est un don pour le Peuple de Dieu en chemin. » (Id.)

L’Église et le monde ont besoin de ce témoignage de l’amour et de la miséricorde de Dieu. Les consacrés, les religieux, les religieuses sont le patient témoignage que Dieu est bon et miséricordieux. C’est pour cela que le Pape François a voulu une année dédiée à la vie consacrée. (30 novembre 2014 – 2 février 2016) et le 2 février 2021 il a invité les consacrés (femmes et hommes) à la patience : « Regardons la patience de Dieu et celle de Siméon pour notre vie consacrée. Et nous nous demandons : qu’est-ce que la patience ? Certes, ce n’est pas la simple tolérance des difficultés ou une endurance fataliste à l’adversité. La patience n’est pas signe de faiblesse : c’est la force d’esprit qui nous rend capables de « porter le fardeau », de porter : porter le poids des problèmes personnels et communautaires, nous fait accueillir la diversité de l’autre, nous fait persévérer dans eh bien même quand tout semble inutile, il nous maintient sur la route même quand l’ennui et la paresse nous assaillent ».

Celui qui se consacre, s’engage à montrer et à anticiper dans sa propre vie, cette façon de vivre, cette forme d’humanité dont nous vivrons tous au Paradis. En attendant, sur cette terre, nous avons besoin de témoins qui montrent qu’il est possible de donner entièrement sa vie au Christ, pour que Dieu se révèle et que s’accomplisse sa mission d’amour et de miséricorde.

L’amour consacré dans la virginité c’est « garder les bras ouverts à tous sans jamais les refermer pour enserrer quelqu’un à soi » (Fr Roger de Taizé), c’est fermer les bras pour joindre les mains en prière et confier à Dieu les personnes qu’on aime. En effet la virginité est une valeur quand c’est un amour chaste qui ouvre à l’Amour et qui est illuminé par l’Amour. Grâce à l’exemple des personnes vierges, les familles auront leurs portes et leurs cœurs grands ouverts à l’amour.

Notes : 1° Dans le verbe « se complaire » comme dans le substantif « complaisance », il y a l’idée de joie. C’est comme si Dieu disait : « Toi, mon fils, tu me plais, je te regarde et je suis heureux. » Il se réalise ensuite ce dont Isaïe avait eu l’intuition, la jubilation de Dieu pour moi, pour toi, « comme la fiancée fait la joie du fiancé, ainsi tu seras la joie de ton Dieu. » (Isaïe, 62, 5) Voir aussi la note 2.

2° Je traduis par « joie » la parole « beneplacitum » parce qu’en latin, elle ne veut pas seulement dire « complaisance » ; tant et si bien que la traduction officielle liturgique emploie le terme « amour ». Beneplacitum est la traduction de la parole grecque « eudochia » qui a ces différentes significations : 1. Bonne volonté, intention bienveillante, bienveillance. 2. Délice, plaisir, satisfaction. 3. Désir.

On la trouve neuf fois dans le Nouveau Testament et à chaque fois traduite avec des nuances diverses selon le contexte mais toujours en lien avec celles citées.

3° Messie en grec se traduit par « Christ » et en italien par « Oint », mais n’oublions pas que Jésus ne fut pas oint avec de l’huile à la manière des rois et des grands prêtres d’Israël mais par l’Esprit Saint.

Lecture patristique

Saint Hippolyte (+ 236)

Sermon sur la sainte Théophanie 6-9

PG 10, 858-859.

Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau; voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j’ai mis tout mon amour » (Mt 3,16-17).

Voyez, mes bien-aimés, combien nous aurions subi la perte de biens nombreux et importants, si le Seigneur avait cédé à l’invitation de Jean et n’avait pas reçu le baptême. Auparavant les cieux étaient fermés, notre patrie d’en haut était inaccessible. Après être descendus au plus bas, nous ne pouvions plus regagner les hauteurs. Le Seigneur n’a pas été seul à recevoir le baptême. Il a renouvelé le vieil homme et il lui a confié de nouveau le sceptre de l’adoption divine. Car aussitôt les cieux s’ouvrirent. Les réalités visibles se sont réconciliées avec les invisibles; les hiérarchies célestes ont été comblées de joie; sur la terre les maladies ont été guéries; ce qui était demeuré caché s’est révélé; ce que l’on rangeait parmi les ennemis est devenu amical. Car vous avez entendu l’évangéliste vous dire: les cieuxeux-mêmes s’ouvrirent, pour les trois merveilles que voi ci. Il fallait ouvrir au Christ, l’Époux, les portes de la chambre nuptiale. Semblablement, comme l’Esprit descendait sous la forme d’une colombe et que la voix du Père retentissait en tout lieu, il fallait que s’élèvent les portes du ciel(cf. ps 23,7). Et voici que les cieux s’ouvrirent et qu’une voix se fit entendre, qui disait: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j’ai mis tout mon amour. « 

Ce Fils bien-aimé, qui apparaît ici-bas, ne s’est pourtant pas séparé du sein du Père: il est apparu sans apparaître. Ce qui apparaissait était différent, car, à ce qu’il semblait, le baptiseur était supérieur au baptisé. C’est pourquoi le Père envoya l’Esprit Saint sur le baptisé. Car, de même que, dans l’arche de Noé, la colombe a manifesté l’amour de Dieu po ur les hommes, ainsi maintenant, l’Esprit, descendant sous cette apparence, pareil à celle qui apportait une pousse d’olivier, s’est arrêté au-dessus de celui à qui il rend témoignage. Pourquoi? Pour que l’on constate avec certitude que c’est bien la voix du Père, et que l’on ajoute foi à la prédiction prophétique annoncée longtemps auparavant. Quelle prédiction? La voix du Seigneur domine les eaux, le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre, le Seigneur domine la masse des eaux (Ps 28,3). Que dit cette voix? Celui-ci est mon Fils bien-aimé; en lui j’ai mis tout mon amour.

Je vous en prie, écoutez-moi attentivement: je veux remonter à la source de la vie et contempler la source d’où jaillissent les guérisons. Le Père de l’immortalité a envoyé dans le monde son Fils vivant, son Verbe. Celui-ci est venu vers l’homme pour le laver dans l’eau et dans l’Esprit. Il l’a fait renaître pour rendre incorruptibles son âme et son corps, il a éveillé en nous son souffle de vie, il nous a revêtus d’une armure incorruptible.

Je proclame donc, avec la voix du héraut: Venez, toutes les tribus des nations, au bain de l’immortalité! Par ce joyeux message, je vous annonce la vie, à vous qui demeurez encore dans la nuit de l’ignorance. Venez de la servitude à la liberté, de la tyrannie à la royauté, de la corruption à l’incorruptibilité. Vous voulez savoir comment? Par l’eau et par l’Esprit Saint, cette eau par laquelle l’homme régénéré est vivifié, cet Esprit, ton Défenseur, envoyé pour toi, afin de montrer que tu es Fils de Dieu.

Source: ZENIT.ORG, le 7 janvier 2022

« Trois questions et un conte pour comprendre l’Epiphanie », par Mgr Follo

Epiphanie 2020, angélus © capture de Zenit / Vatican Media

Epiphanie 2020, Angélus © Capture De Zenit / Vatican Media

« Trois questions et un conte pour comprendre l’Epiphanie », par Mgr Follo

« Dieu manifesté à ceux qui le cherchent »

Mgr Francesco Follo invite à « célébrer l’Épiphanie comme mémoire d’un fait que Dieu a manifesté à ceux qui le cherchent, suivant les étoiles, l’intelligence et le cœur ».

EPIPHANIE – 2 janvier 2022

Nostalgie de la maison et fidélité au signe.

Dieu, les Rois Mages et Nous.

 1) Trois questions et un conte pour comprendre l’Epiphanie :

Avec la fête de l’Epiphanie[1] les fêtes de Noël ont leur achèvement qui donne au mystère de l’Incarnation la nouvelle perspective d’universalité du salut, sa signification la plus consolante d’espoir infini.  En effet, à la question : « A qui Dieu veut-il faire connaître son Fils Incarné? » La réponse qui nous est proposée aujourd’hui est : « A tous ». Mais alors, « pourquoi n’est-t-il pas reconnu par tous? » Parce qu’il ne suffit pas de savoir ce l’Ecriture que dit  sur le Messie pour croire en Jésus. C’est qui arriva aux prêtres interrogés par Hérode sur la naissance du Messie. Ils donnèrent la réponse juste mais n’allèrent pas à la grotte de Bethléem. Ils ne peuvent même pas le rencontrer qui Le sent comme ennemi potentiel, comme Hérode qui voulait savoir où Jésus était né pour l’éliminer.

Comme les pasteurs et les gens simples à Noël, seuls les Rois Mages  – et aujourd’hui ceux qui ont la même attitude – trouvent Jésus qui se manifeste comme l’objectif de leur voyage (Epiphanie signifie  manifestation). Mettons-nous en route nous aussi, il ne nous arrivera pas de ne pas le rencontrer et de ne pas l’accueillir, tandis que des étrangers viendront de loin pour nous demander où le Roi est né.

Qu’avaient-ils en commun les Pasteurs et les Rois Mages? Le désir du salut, reconnu dans un Enfant à qui les premiers  donnèrent du  lait et de la laine et  les seconds de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais surtout ils donnèrent soi-même, en s’agenouillant et en adorant.

Aujourd’hui nous sommes appelés à avoir la même attitude de chercheurs de l’Infini et d’adorateurs de la Vérité qui se manifeste dans cet amour d’Enfant. Dieu ne se manifeste pas comme un enfant, Lui est cet Enfant, qui manifeste le coeur du Père, qui nous le donne pour qu’il devienne nourriture pour notre chemin, médicament pour nos faiblesses, ami de notre conversation.

Cet enfant grandira, sera un jeune homme, adulte, sera Maître et opérateur de miracles, sera moqué, refusé, abandonné, enterré, ressuscitera parmi les morts, à nouveau et éternellement vivant : en tout cela, Lui est « épiphanie » dans laquelle Dieu se manifeste. C’est ce Dieu, que nous, comme les Rois Mages, adorons.

Mais chaque être humain est, dans un certain sens, Epiphanie de Dieu. Dieu a décidé de se révéler en se « cachant » dans chaque homme. Cet écrivain anonyme nous le rappelle et nous invite à chercher et trouver des restes du visage de Dieu dans le visage des frères :

« Il était une fois un moine appelé Epiphane. Un jour il découvrit un don qu’il ne pensait pas posséder : il savait peindre de belles icones. Il  voulait absolument  peindre le visage de Jésus. Mais où trouver un modèle qui exprime, à la fois, la souffrance et la joie, la mort et la résurrection, la divinité et l’humanité.

Epiphane se mit alors en voyage. Il parcourut la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, examinant chaque  visage. Rien : le visage qui pouvait représenter le Christ n’existait pas. Fatigué, il s’endormit en répétant les paroles du psaume : « Je cherche ton visage, Seigneur, montre-moi ton visage! ». Il fit un rêve. Un Ange lui apparut, il le ramena auprès des personnes rencontrées et pour chaque personne il lui indiqua un détail qui rendait ce visage semblable à celui de Jésus : la joie d’un amoureux, l’innocence d’un enfant, la force d’un paysan, la souffrance d’un malade, la peur d’un condamné, la tendresse d’une mère, la consternation d’un orphelin, l’espoir d’un jeune, la joie d’un clown, la miséricorde d’un confesseur, le mystère du visage bandé d’ un lépreux…… Et alors, Epiphane comprit et retourna dans son couvent. Il se mit au travail et l’icone fut prête en peu de temps et la présenta à son abbé. Celui-ci fut surpris: elle était merveilleuse. Il voulut savoir qui était le modèle dont il s’était servi parce qu’il désirait la montrer aux autres artistes du monastère. Le moine répondit « personne, père, ne m’a servi de modèle, parce que personne n’est comme le Christ mais le Christ est semblable à tous. Tu ne trouves pas le Christ dans le visage d’un seul homme, mais tu trouves des fragments du visage du Christ en chaque homme. »

2) Un chemin cohérent à l’idéal.

Les Rois Mages sont un modèle pour nous non seulement parce qu’ils furent des chercheurs de l’Infini, mais parce qu’ils l’ont trouvé en sachant le reconnaître  dans en enfant ou, mieux exprimé, dans cet Enfant. Ils ont été très grands dans leur fidélité au fragile signe d’une étoile, sans se faire conditionner par la nostalgie des les palais qu’ils avaient quittés (cf T.S. Eliot). Ils surent continuer la recherche de l’Exceptionnel, de l’Extraordinaire sur les chemins du quotidien.

Ces trois marcheurs ne se sont pas contentés des richesses et de leur sagesse. Ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses, mais ils voulaient savoir l’essentiel. Ils ont senti le coeur vibrer et se sont déplacés, en accrochant à une étoile au grognement de leurs animaux élevés dans les étables d’Orient. « Où se trouve le Roi des Juifs qui est né? » Ils choisirent le risque de l’inconnu à la sécurité des calculs, avec cette angoisse d’aller trouver un enfant : « la recherche de la Vérité était, pour les Rois Mages, plus importante que la dérision du monde en apparence  intelligent » (Benoît XVI).

Dans leurs humbles pas, l’écho de mille voix résonne, de voix qui chantaient et disaient que tout ceci était pure folie. Le risque de la folie ou la sécurité de l’ignorance : les Rois Mages préfèrent le fragile chemin du ciel à la carte habituelle tracée par les hommes. Ils se sont servis de leur intelligence et de leur sagesse d’une façon qui pouvait apparaître humainement absurde  et peu scientifique et se sont dirigés vers Bethléem. Ils ont échangé la sécurité de leurs habitudes avec le risque d’un voyage périlleux qui devint un pèlerinage.

En effet, le pèlerin n’a pas comme but un lieu touristique, mais un lieu sacré: un Temple où se trouve Dieu. Paul Claudel l’a bien compris  « les choses ne sont plus le mobilier de notre prison mais celles de notre temple », où l’ Enfant Jésus rendit sacré même la paille. La grotte, la paille devenue un lit, les habits nécessaires et essentiels pour le voyage en Judée devient sacrés, se transfigurent autour du noyau  essentiel du mystère de l’Incarnation dans une naissance.

L’Epiphanie n’est pas seulement la manifestation de Jésus Christ, Fils de Dieu incarné et Rédempteur de toute l’humanité mais est aussi la solennité de l’adoration et de la donation.

Le texte de l’Evangile d’aujourd’hui nous rappelle l’arrivée des Rois Mages à la grotte de Bethléem et les trois actions importantes de ces rois devant le Roi des juifs : prostration, adoration et donation.

Prostration : c’est l’attitude d’humble révérence vers une autorité morale et spirituelle. Jésus est reconnu,  par les sages de son temps, l’autorité morale et religieuse à laquelle se confronter.

Adoration : c’est l’autre action que font les Rois Mages devant Jésus. Ils adorent la divinité. Les païens adoraient les idoles. Dans un moment dramatique les Juif se construirent un veau en or et l’adorèrent pendant que Moïse était sur le Mont Sinaï avec Dieu. Toujours l’homme se est construis des fausses idoles et les a travaillé comme une solution possible de ses propres  problèmes existentiels. Aujourd’hui encore, les idoles fascinent, celles du succès, du bienêtre, de la carrière, du pouvoir économique, militaire, politique et religieux et tant d’autres qui mettent l’homme dans la condition d’offenser et de détruire d’autres hommes pour arriver à leurs buts. Au contraire, les Rois Mages adorent le Dieu vivant qui dans cet enfant, pauvre, humble, reposant dans cette crèche attire à juste raison  toute leur attention et leur prière.

Donation : lorsqu’il y a la bonté dans le coeur et l’ouverture à l’autre presqu’instinctivement se déclenche l’action de donner quelque chose de soi à celui qui se trouve en face. Ici les Rois Mages se trouvent en face du Roi des juifs et leur offrent trois dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe, pour faire ressortir sa royauté, sa mission, sa mort et sa résurrection. A travers ces dons se trouve une signification spécifique  qui peut être attribuée à l’ Enfant Jésus, ce Fils d Dieu et Rédempteur de l’humanité. De plus, comme je l’ai mentionné ci -dessus, ils donnent eux-mêmes.

            Voilà la fête de l’Epiphanie qui ouvre indirectement sur une autre et plus importante fête liturgique de l’Eglise catholique : la Pâques de Jésus  qui a donné soi-même, complètement. Nous serons sages comme les Mages si, en prenant Jésus comme Chemin, nous prenons le chemin de la foi, le chemin de la conversion, le chemin de l’amour.

Un exemple spécial de ce chemin d’amour est donné par les Vierges Consacrées dans le monde. Toute leur vie appartient au Seigneur. Par la consécration, elles se sont mises à la disposition de Dieu sans aucune réserve, de façon à ce que toute leur vie exprime prostration, adoration er donation pure et pleine à Dieu. La vie d’une personne consacrée dans le monde témoigne que l’on peut vivre du Christ à chaque instant et vivre dans l’espoir qui vient de la grotte de Bethléem. A ce propos, ce qui est affirmé dans  l’Exhortation post-synodale Vita consecrata est  éclairant. « Celui qui veille pour attendre l’accomplissement des promesses du Christ est en mesure de communiquer l’espérance à ses frères et sœurs, souvent découragés et pessimistes face à l’avenir. Son espérance se fonde sur la promesse de Dieu que contient la Parole révélée : l’histoire des hommes avance vers « le ciel nouveau et la terre nouvelle » (Ap 21, 1). » (Vita consecrata, n. 27)

Lecture Patristique

SAINT LÉON LE GRAND

SERMON 3 POUR L’ÉPIPHANIE

1-3. 5; PL 54, 240-244

Dans tout l’univers, le Seigneur a fait connaître son salut.

La miséricordieuse providence de Dieu a voulu, sur la fin des temps, venir au secours du monde en détresse. Elle décida que le salut de toutes les nations se ferait dans le Christ. ~

C’est à propos de ces nations que le saint patriarche Abraham, autrefois, reçut la promesse d’une descendance innombrable, engendrée non par la chair, mais par la foi ; aussi est-elle comparée à la multitude des étoiles, car on doit attendre du père de toutes les nations une postérité non pas terrestre, mais céleste. ~

Que l’universalité des nations entre donc dans la famille des patriarches ; que les fils de la promesse reçoivent la bénédiction en appartenant à la race d’Abraham, ce qui les fait renoncer à leur filiation charnelle. En la personne des trois mages, que tous les peuples adorent le Créateur de l’univers ; et que Dieu ne soit plus connu seulement en Judée, mais sur la terre entière afin que partout, comme en Israël, son nom soit grand. ~

Mes bien-aimés, instruits par les mystères de la grâce divine, célébrons dans la joie de l’Esprit le jour de nos débuts et le premier appel des nations. Rendons grâce au Dieu de miséricorde qui, selon saint Paul, nous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint ; qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé. Ainsi que l’annonça le prophète Isaïe : Le peuple des nations, qui vivait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Le même prophète a dit à ce sujet : Les nations qui ne te connaissaient pas t’invoqueront ; et les peuples qui t’ignoraient accourront vers toi. Ce jour-là, Abraham l’a vu, et il s’est réjoui lorsqu’il découvrit que les fils de sa foi seraient bénis dans sa descendance, c’est-à-dire dans le Christ ; lorsqu’il aperçut dans la foi qu’il serait le père de toutes les nations ; il rendait gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis.

Ce jour-là, David le chantait dans les psaumes : Toutes les nations, toutes celles que tu as faites, viendront t’adorer, Seigneur, et rendre gloire à ton nom. Et encore : Le Seigneur a fait connaître son salut, aux yeux des païens révélé sa justice.

Nous savons bien que tout cela s’est réalisé quand une étoile guida les trois mages, appelés de leur lointain pays, pour leur faire connaître et adorer le Roi du ciel et de la terre. Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d’obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ. ~

Dans cette recherche, mes bien-aimés, vous devez tous vous entraider afin de parvenir au royaume de Dieu par la foi droite et les bonnes actions, et d’y resplendir comme des fils de lumière ; par Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

[1] Epiphanie est la parole grecque qui signifie “manifestation”.

Source: ZENIT.ORG, le 31 décembre 2021

Noël: « L’humanité du Christ est notre bonheur », par Mgr Follo

Crèche napolitaine, place Saint-Pierre, Noël 2017 @ Vatican Media

Crèche Napolitaine, Place Saint-Pierre, Noël 2017 @ Vatican Media

Noël: « L’humanité du Christ est notre bonheur », par Mgr Follo

« Le Fils de Dieu s’est fait enfant pour que nous puissions l’embrasser »

« Avec la Messe de la Nuit, la liturgie nous introduit au grand Mystère de l’Incarnation. En effet, Noël n’est pas un simple anniversaire de la naissance de Jésus, c’est cela aussi, mais c’est plus, c’est la célébration d’un Mystère qui a marqué et continue de marquer l’histoire de l’homme : Dieu lui-même est venu habiter au parmi nous », explique Mgr Follo.

Plus encore, il invite à « contempler le fait qu’aujourd’hui le Fils de Dieu s’est fait enfant pour que nous puissions l’embrasser, il s’est fait chair pour que nous puissions le manger ».

Comme lecture spirituelle, Mgr Follo propose un sermon de Noël de Julien de Vézelay (+ 1160).

AB

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L’humanité du Christ est notre bonheur (S.T. III q. 9 a. 2.), 

aujourd’hui et toujours.

Messe de la Nuit

Is 9,1-6; Ps 95; Tt 2,11-14; Lc 2,1-14

Noël 2021

Prémisse.

Avec la Messe de la Nuit, la liturgie nous introduit au grand Mystère de l’Incarnation. En effet, Noël n’est pas un simple anniversaire de la naissance de Jésus, c’est cela aussi, mais c’est plus, c’est la célébration d’un Mystère qui a marqué et continue de marquer l’histoire de l’homme : Dieu lui-même est venu habiter au parmi nous (cf. Jn 1, 14), il est devenu l’un de nous. C’est un mystère qui affecte notre foi et notre existence : un mystère que nous vivons concrètement dans les célébrations liturgiques, en particulier dans la Sainte Messe.

Cependant, de nombreuses questions se posent : « Comment est-il possible que je vive maintenant cet événement si loin dans le temps ? Comment puis-je participer fructueusement à la naissance du Fils de Dieu qui a eu lieu il y a plus de deux mille ans ? ».

Le refrain du Psaume responsorial de la Messe de cette Nuit nous fait répéter plusieurs fois : « Aujourd’hui, le Sauveur est né pour nous ». Cet adverbe de temps, « aujourd’hui », revient plusieurs fois pendant toutes les fêtes de Noël et fait référence à l’événement de la naissance de Jésus et du salut que vient apporter l’Incarnation du Fils de Dieu. Dans la liturgie, cet événement dépasse les limites de l’espace et du temps et devient actuel, présent. Son effet persiste, malgré le déroulement des jours, des années et des siècles. Indiquant que Jésus est né « aujourd’hui », la Liturgie n’emploie pas une expression absurde, mais elle souligne que cette Naissance investit et imprègne toute l’histoire. Encore aujourd’hui elle reste une réalité à laquelle nous pouvons arriver précisément dans la liturgie. Pour nous les croyants, la célébration de Noël renouvelle la certitude que Dieu est bien présent parmi et avec nous, encore « chair » et pas seulement loin, dans le passé. Même s’il est avec le Père, il est proche de nous. Dieu, dans cet Enfant né à Bethléem, s’est approché de l’homme : nous pouvons le rencontrer maintenant, dans un « aujourd’hui » qui n’a pas de coucher de soleil.

En cet Enfant Jésus, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, Dieu de Dieu, s’est fait homme. A lui le Père dit : « Tu es mon fils ». L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et entraîne notre passage dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se rendre impuissant et venir à notre rencontre comme un enfant faible, sans défense afin que nous puissions l’aimer. Dieu est si bon qu’il renonce à sa splendeur divine et descend dans une étable, afin que nous puissions le retrouver et que sa bonté nous touche aussi. Il se communique à nous et continue à travailler à travers nous.

Noël c’est ça : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré ». Dieu s’est fait l’un de nous, pour que nous soyons avec lui, que nous lui soyons semblables. Il a choisi comme son signe l’Enfant dans la crèche : Lui, Il est ainsi. De cette façon, nous apprenons à le connaître. Sur chaque enfant brille le rayon de l’ « aujourd’hui », de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre – sur chaque enfant, même sur celui qui n’est pas encore né.

     1) La nuit, dans une grotte, la Vierge Marie donne la lumière à la Lumière.

Le premier Noël[1] de Jésus fut célébré dans une grotte utilisée comme étable parce que Dieu a voulu entrer dans le monde par l’endroit le plus bas : Aucun être humain n’est plus bas que lui en entrant dans le monde de cette façon. A partir de qui est le plus bas, tous sont touchés par son étreinte de lumière, d’amour et de paix. Oui, le Fils de Dieu naît pour nous dans une étable à Bethléem. Lui, qui est pure lumière, splendeur de la vérité et de l’amour, commence à resplendir dans une humble, vraie et pauvre étable.  Le premier endroit où le Fils de Dieu devenu homme est accueilli est celui où l’homme met les animaux. C’est une étable avec de la paille et du foin, avec une odeur âcre et désagréable qui exprime notre petitesse face à la grandeur de Dieu. Un Dieu qui n’a pas peur de se faire envelopper par ces odeurs et qui accueille chaque homme dans sa faiblesse et sa fragilité. Cette étable reélle  devient une habitation royale, où le nouveau-né  Roi des rois est accueilli. Ce petit, armé de son Innocence, est déposé dans la crèche, signe du destin de cet enfant qui devient pain pour nourrir les hommes.

Allons, nous-aussi, avec l’esprit et le cœur à Bethléem (qui signifie Maison du pain). Cet enfant a été déposé dans une mangeoire. Il me semble que ce signe ait une signification : Jésus, nouveau-né, met entre nous la e présence délicate et pacifiante de Dieu, parce que Lui est le Dieu parmi nous, Lui est l’Emanuel, le « Dieu avec nous » pour toujours.

C’est un enfant enveloppé dans un lange qui ne peut rien faire. C’est un enfant ( mot d’origine grecque qui signifie non parlant), qui ne peut rien dire : il peut  seulement être présent. Ce n’est pas une utopie, c’est une présence, qui porte la paix sans l’imposer avec les armes : cet enfant est Dieu puissant, mais désarmé.

Il est pacifiant et désarmé le Fils de Dieu : Jésus (qui signifie Dieu sauve) nous sauve par son humilité et sa douceur, que le mystère de son Noël dans une étable exprime très bien.

C’est notre frère : « Jésus nouveau-né est notre frère de sang » (Card Albert Vanhoye, SI), donc, sa présence est une présence fraternelle. Jésus nous donne cette présence fraternelle qui nous réconcilie avec notre modeste vie quotidienne et nous réconcilie avec les autres. Investir dans la fraternité, est le seul investissement qui produit une vraie croissance humaine.

Ainsi le rêve utopique de l’humanité qui a débuté au Paradis Terrestre- celui de vouloir être comme Dieu, de tout pouvoir et de ne pas mourir- se réalise de façon inattendue, non par la grandeur de l’homme qui ne peut devenir Dieu, mais par l’humilité de Dieu qui descend et entre ainsi en nous dans son humilité et nous élève à la vraie grandeur de son être.

Dans le silence de la nuit, loin des rumeurs et des lumières de la mondanité, recueillons-nous pour apercevoir la lumière du salut qui commence. Avec les oreilles du cœur, écoutons l’invitation des anges à reconnaître que notre Dieu est Lumière vraie et Vie d’ Amour et veut nous indiquer son Chemin pour la rejoindre. Alors, nous aussi nous nous unirons au chant des Anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix aux hommes sur la terre, qu’Il aime ».

    2) Bouleversés par la lumière et par le chant des Anges.

La nuit du premier Noël fut illuminée par la lumière et les chants. Mais avant que Marie et Joseph ne vivent cela, passer la nuit dans une grotte-étable, à Bethléem, ville périphérique de l’Empire Romain, fut certainement une perturbation et une insécurité, parce qu’il n’y avait pas de place à l’hôtel. Mais c’est correct de penser que de tels sentiments soient disparus au fur et à mesure  que grandissait en eux la joie de Jésus, dans ce lieu si pauvre et périphérique.

Bouleversés par la lumière et par le chant angélique, même les bergers furent surpris par la joie apportée par les anges. Cette nuit fut une nuit de surprise et de perturbation mais elle devint une nuit de lumière, de joie, et de bonheur inexprimable. Ils ont obéi à l’annonce des anges non pas pour obéir à un ordre mais par exigence de infini de leur cœur. Le ciel et la terre finalement se rencontrent.

La grotte rejointe, les bergers virent  l’Enfant et crurent. Ils le regardèrent avec les yeux et contemplèrent avec le cœur pur, simple et pauvre, et ainsi surent reconnaître dans les yeux du nouveau-né les yeux de Dieu, dans sa faim celle de Dieu, dans ses petites mains tendues les mains tendues de Dieu vers eux. C’est pourquoi les bergers firent une fête parce que leur apparût « la grâce de Dieu, porteuse de salut pour  tous les hommes, qui nous enseigne à nier l’impiété et les désirs humains, et à vivre avec sobriété, pitié et justice  dans ce monde, dans l’attente de l’espoir béni et de la manifestation de la gloire du nouveau grand Dieu et Sauveur Jésus Christ ».(Tite 2, 11-14)

Nous aussi, nous sommes invités à faire la fête afin qu’elle devient semblable à la  fête des bergers, hommes simples et pauvres, qui se sont réjouis avec Joseph et Marie pour la naissance de cet enfant. Il est venu porter la joie et la paix dans le monde. La lumière festive de l’Enfant n’est pas simplement devant eux mais les enveloppe, entre dans leur vie. Ils accueillent cette annonce qui n’est pas pour eux seuls, mais c’est une lumière qui est pour tout le peuple.  Gardiens d’un troupeau, ils sont maintenant gardiens d’un mystère à connaître  et à irradier à tous ensuite. Imitons-les.

Les lectures de la Messe de la Nuit, citées ci-dessus,  nous disent comment les imiter. Les textes sacrés de la liturgie nous disent qu’en écoutant la Parole et en l’accueillant, comme l’ont fait la Vierge Marie, Joseph et les bergers, la foi nous fait marcher dans les ténèbres. Si cette parole entre dans notre vie, elle nous fait bouger comme il est advenu la nuit du premier Noël. Ce chemin se transforme en une rencontre qui devient vraie dans la nuit de Noël, parce que le Verbe s’est fait chair  – pas comme nous pouvons nous l’imaginer –  mais comme  un petit Enfant fragile qui doit grandir

Le passage d’Isaïe nous parle d’une grande « lumière » , descendue sur la terre. Le prophète nous présente la figure d’un libérateur qui porte en lui  les dons de la lumière, de la joie et de la libération pour un peuple qui est dans les ténèbres et qui n’a plus d’espoir. Finalement, cette lumière est arrivée : le Fils de Dieu est né, Jésus, venu apporter la joie et la paix qui doivent naître avant tout dans notre cœur pour se propager  à tous ceux que nous rencontrons chaque jour en famille, dans les milieux de travail, dans nos communautés et dans l’Eglise.

Dieu qui s’est fait comme nous pour nous faire comme lui, nous offre cet enfant qui est notre frère ; nous devons le reconnaitre, l’aimer, le soigner, le soutenir et le laisser parmi nous et en nous. Aujourd’hui, le Verbe devient chair pour nous aider à grandir chaque jour.

Celui que dans le prologue de son Evangile, Saint-Jean appelle en grec « O Logos »  -traduit en latin  par « Verbum » » et en français par « le Verbe » – signifie aussi  « le Sens ». Donc, nous pourrions comprendre l’expression de Jean de cette façon : le « Sens éternel » du monde est  tangible à nos sens et à notre intelligence : nous pouvons maintenant le toucher et le contempler »   (Benoît XVI). Le « Sens ou signification » s’est fait chair. Il ne s’agit pas d’une idée qui explique le monde, c’est une « Parole »  qui nous est adressée. C’est la Parole qui donne la vie et qui est la vie. C’est la communication faite à chaque être humain de quelque chose de la vie de Dieu.  Ce n’est pas un langage mort et sclérosé, un ordre établi une fois pour toutes comme l’ordre d’un cimetière. C’est une personne qui s’intéresse à chaque personne  en particulier : c’est le Fils du Dieu vivant, qui s’est fait homme à Bethléem et qui est lumière pour tous les êtres humains, lumière d’amour, d’amour miséricordieux et de joie.

Ouvrons les yeux à cette lumière et essayons  de les porter dans le monde à nos frères et sœurs en humanité, en mettant notre vie sous le signe de la miséricorde et de la fidélité.

Les vierges consacrées dans le monde sont des témoins spéciaux de cette vie vécue sous le signe de la miséricorde et de la fidélité. Ces femmes ont consacré elles-mêmes  parce qu’elles savent que l’amour du Christ, leur époux, est riche de fidélité et de miséricorde infinie. Miséricorde, c’est-à-dire pardon et justice qui rend joyeux le cœur de l’homme et le rend capable de donner gratuitement.

Fidélité, soit engagement persévérant et inconditionnel. Dieu s’est révélé une fois pour toutes dans sa Parole. Consécration virginale est se donner complètement et seulement à sa Parole, s’engager vers celui qui s’est engagé envers Celui qui s’est engagé vers nous sans regret. Cela implique être fidèles, persévérants, tenaces, en sachant que la fidélité humaine a son nid dans le cœur de Dieu.

Etre vierges consacrées signifie être signe de la Miséricorde et de la fidélité,  en apportant toujours avec dévotion l’anneau reçu la jour de la consécration : « Recevez cet anneau, signe de votre union avec le Christ. Gardez une fidélité sans partage au Seigneur Jésus ; il vous introduire un jour dans la joie de l’alliance éternelle » (Rituel de la Consécration des vierges, n. 26). Ce signe montre au monde que ces femmes sont aussi le « lieu »  de miséricorde fidèle où la  vie du Christ génère vie ici  sur la terre et pour l’éternité.

Lecture patristique

Julien de Vézelay (+ 1160)

Sermons sur Noël, 1

SC 192, 45.52.60.

Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit était au milieu de son cours rapide, alors, ta Parole toute-puissante, Seigneur, est venue de ton trône royal (cf. Sg 18,14-15). Ce texte de l’Écriture désigne le temps très saint où la toute-puissante Parole de Dieu est venue jusqu’à nous pour nous parler de notre salut; partant du secret le plus intime du Père, elle descendait dans le sein d’une mère. Dieu qui avait parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées dans les derniers temps, dans les jours où nous sommes, nous a parlé par ce Fils (He 1,1-2) dont il dit: Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le (Mt 3,17 Mt 17,5). La Parole de Dieu vient donc à nous de son trône royal: elle s’abaisse pour nous élever; elle s’appauvrit pour nous enrichir; elle se fait homme pour nous diviniser.

Mais, pour que le peuple qui doit être racheté mette toute sa confiance et son espérance dans l’avènement et l’efficacité de cette parole, elle est appelée Parole toute-puissante. Car, si elle n’était pas la Parole toute-puissante, l’homme, damné et voué à toutes les misères, n’espérerait que de façon bien tiède et bien timide qu’elle le délivrerait du péché. Donc, pour que l’homme perdu ait la certitude de son salut, la Parole qui le sauve est appelée « toute-puissante ».

Et voyez quelle toute-puissance: le ciel n’existait pas encore ni ce qui est contenu dans son enceinte (Est 16,10); il parla, et ce qu’il dit exista (Ps 32,9). Ce fut fait de rien(2M 7,28), car la toute-puissance de cette Parole créait, tout ensemble et instantanément, la matière avec la forme. Cette Parole a dit: Que le monde soit, et le monde a été fait. Elle a dit: Que l’homme soit, et l’homme a été fait.

Mais, ce qu’elle avait créé, la Parole ne l’a pas recréé aussi facilement. Elle a créé par son commandement, mais elle a recréé par sa mort; elle a créé en commandant, mais elle a recréé en souffrant. Vous m’avez donné bien de la peine (cf. Ml 2,17) avec vos péchés, dit-elle. La machine du monde ne m’a donné aucune peine pour l’organiser et la gouverner, car je déploie ma vigueur d’un bout du monde à l’autre et je gouverne l’univers avec douceur (Sg 8,1).

Seul l’homme, violateur obstiné de la loi fixée et promulguée par moi, m’a donné de la peine, avec ses péchés. C’est pourquoi, venant du trône céleste, je n’ai pas refusé de me renfermer dans le sein d’une vierge et de m’unir en une seule personne avec l’humanité déchue. Dès ma naissance on m’enveloppe de langes, on me couche dans une mangeoire parce qu’il n’y a pas de place à l’auberge pour le Créateur du monde.

Toutes choses étaient plongées au milieu du silence, c’est-à-dire entre les Prophètes qui ne parlaient plus, et les Apôtres qui parleront plus tard. Ce silence formait donc un « milieu » et une séparation entre la parole de ceux-ci et la parole de ceux-là. Donc, tandis que toutes choses étaient plongées au milieu du silence, la Parole toute-puissante, c’est-à-dire le Verbe du Père, est venue de son trône royal (Sg 18,14-15). Et il est beau que ce soit au milieu du silence que vienne le Médiateur entre Dieu et les hommes (1Tm 2,5), homme vers les hommes, mortel pour sauver les mortels, lui qui, par sa mort, sauvera les morts.

Qu’elle vienne encore maintenant, je l’en prie, la parole du Seigneur, vers ceux qui font silence. Écoutons ce que le Seigneur nous dit au fond de nous-mêmes. Qu’ils se taisent, les mouvements et les cris malencontreux de notre chair; qu’elles fassent silence, les images désordonnées de notre spectacle intérieur, pour que nos oreilles attentives écoutent librement ce que dit l’Esprit, écoutent la voix qui est au-dessus du firmament. En effet, l’Esprit de vie parle toujours à notre âme, et une voix se fait entendre du firmament qui domine nos têtes (cf. Ez 1,26), c’est-à-dire notre esprit. Mais nous, en portant notre attention ailleurs, nous n’entendons pas l’Esprit qui nous parle.

[1] Nous sommes dans le temps liturgique du Noel, qui commence le soir du 24 décembre avec la veille et s’achève avec la célébration du Baptême du Seigneur. Cette période est brève, mais dense de célébration et de mystères et est réuni autour de deux grandes solennités: Noel et Epiphanie. On peut dire que la fête de Noel souligne le fait que Dieu “se cache” dans l’humilité de la condition humaine, dans l’Enfant de Bethléem. Dans l’Epiphanie on montre sa manifestation, l’apparition de Dieu par cette même humanité.

Source: ZENIT.ORG, le 23 décembre 2021

« La Vérité qui sauve la vie en s’incarnant », par Mgr Follo

La Visitation, Magnificat, par Bradi Barth copyright “BRADI BARTH”

La Visitation, Magnificat, Par Bradi Barth Copyright “BRADI BARTH”

« La Vérité qui sauve la vie en s’incarnant », par Mgr Follo

Marie, « Vierge Mère, humble mais élevée plus qu’aucune autre créature »

« Avec l’invitation à faire comme la Vierge Mère qui a apporté à Elizabeth non seulement un message, mais une Présence », Mgr Francesco Follo offre une méditation sur les lectures de ce dimanche 19 décembre 2021, quatrième dimanche de l’Avent, appelé aussi Dimanche de l’Incarnation ou de la Divine maternité de la Bienheureuse Vierge Marie.

Mgr Follo propose, comme lectures patristiques, des Sermons pour l’Avent du Bienheureux Guerric d’Igny ainsi que la Chaîne d’or 9139 sur Luc.

La Vérité qui sauve la vie en s’incarnant

Prémisse.

En ce dernier dimanche de l’Avent, l’Évangile raconte la visite de Marie qui porte en elle le Rédempteur, à sa cousine Élisabeth. Dans la rencontre entre ces deux femmes, il ne faut pas reconnaître qu’un simple geste de courtoisie. Il représente la rencontre de l’Ancien avec le Nouveau Testament. Les deux femmes, toutes les deux enceintes, incarnent en effet l’attente et l’Attendu. La vieille Élisabeth symbolise Israël attendant le Messie, tandis que la jeune Marie porte en elle l’accomplissement de cette attente, pour le bien de toute l’humanité.

Dans les deux femmes ils se rencontrent et reconnaissent d’abord les fruits de leurs entrailles, Jean et Jésus. A ce propos, le poète chrétien Prudentius écrit : « L’enfant contenu dans le sein sénile salue, par la bouche de sa mère, le Seigneur fils de la Vierge » (Apothéose, 590 : PL 59, 970). L’exultation de Jean dans le sein d’Élisabeth est le signe de l’accomplissement de l’attente : Dieu est sur le point de visiter son peuple. Dans l’Annonciation, l’archange Gabriel parle à Marie de la grossesse d’Élisabeth (cf. Lc 1, 36) comme preuve de la puissance de Dieu : la stérilité, malgré son âge avancé, s’est transformée en fertilité.

La Vierge-Mère n’apporte pas à Élisabeth seulement une aide matérielle et un message spirituel. Elle apporte une Présence : La Parole de Dieu faite chair, la Vérité qui sauve la vie, se faisant chair et embrasant le cœur de ceux qui la reçoivent, d’un amour du prochain qui anime la liberté de partager ce qui a été librement reçu. En faisant cela, nous serons les hérauts du monde entier de ce Dieu qui s’est fait Fils de l’homme afin que nous puissions devenir fils de Dieu.

1 Un ‘oui’ de foi qui devient chemin de charité   

Après avoir répondu « oui » à l’annonce apportée par l’ange Gabriel, la Vierge et Mère de celui qui sera appelé « Fils du Très-Haut » va chez sa cousine Elisabeth qui, bien que d’un âge très avancé, attend un enfant. Dès qu’elle voit arriver Marie, la vieille cousine, grâce à un tressaillement de joie de l’enfant qu’elle porte en son sein, reconnaît qu’il y a devant elle quelqu’un de grand. Elisabeth est comblée de l’Esprit-Saint et accueille Marie en s’exclamant d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni » (cf. Lc 1, 41-42). Bénie[1] et bienheureuse parce qu’elle a cru à l’accomplissement des paroles du Seigneur.

Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui est centré sur la scène de la rencontre entre la Vierge Marie et sa cousine Elisabeth. Pour permettre cette rencontre de charité, Marie s’est mise « en chemin de charité », mue par un étonnement plein de gratitude pour ce qui lui était arrivée et pour ce qu’elle portait en son sein. C’est grâce aux pas de la Vierge qu’avant même de naître, Jésus est en chemin sur les routes du monde à la rencontre des hommes. C’est là un exemple de notre « devoir » de nous mettre en chemin sur les routes des hommes pour porter la lumière de l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas.

L’évangéliste Luc ne rapporte pas les paroles de salutations que Marie adresse à Élisabeth quand elle arrive chez elle. Ce silence est riche de signification. Précisément parce que, sans paroles, la salutation de Marie met sa personne au premier plan, et non ce qu’elle aurait éventuellement à dire. Au premier plan est la voix (cf. Lc 1,44) : ce ne sont pas les paroles de Marie qui ont fait tressaillir l’enfant, mais sa voix. C’est dans la voix de Marie que le petit enfant Jean perçoit la présence du Messie attendu.

La salutation de Marie n’est donc pas une simple forme de courtoisie, mais une expression d’amour. La salutation de Marie touche tout l’être d’Élisabeth, causant en elle ce tressaillement de joie, la manifestation de Jean dans le sein de sa mère autrefois stérile. C’est une salutation qui évoque cette vie nouvelle qui a germé dans le sein des deux femmes et qui est le signe du salut inauguré par Dieu.

Élisabeth aussi est saisie d’étonnement devant ce qui est en train de lui arriver et devant la visite du Seigneur porté par sa cousine Marie. C’est un étonnement qui devient une question : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » À cette question, la Vierge répond en entonnant son hymne de foi et d’action de grâce envers Dieu, le Magnificat, qui se trouve immédiatement après le passage de l’Évangile de ce jour. Peut-être ce chant est-il né en Marie pendant son voyage à pied – une distance d’environ 150 kilomètres, pour arriver jusqu’à Ain Karim, village situé à 7 ou 8 kilomètres de Jérusalem, où habitaient Zacharie et Élisabeth.

Quand nous récitons le Magnificat, surtout le soir à la fin des Vêpres, nous cherchons à nous plonger en Marie et à regarder notre vie comme elle regardait la sienne : avec les yeux de la foi. Cherchons à imiter Marie, qui a eu une foi ferme, une charité délicate, une humilité sincère et la joie d’apporter le Christ au monde.

2 Un ‘oui’ humble et virginal, et donc maternel

Dans le Magnificat, la Vierge Marie manifeste les deux lignes directrices fondamentales selon lesquels Dieu agit dans l’histoire. Avant tout, la conscience que le salut découle uniquement de l’initiative gratuite de Dieu et de sa fidélité miséricordieuse. En second lieu, contrairement à la logique humaine, ce salut se réalise dans l’histoire des « anawim » bibliques, c’est-à-dire de ces fidèles qui se reconnaissent « pauvres » non seulement dans le détachement de toute idolâtrie de la richesse et du pouvoir, mais aussi dans l’humilité profonde du cœur. C’est à travers les « pauvres, les purs et les simples de cœur, les humbles, que Dieu réalise son plan de salut pour l’humanité.

Dans son hymne, la Vierge Marie chante que l’humilité est appréciée par Dieu et qu’elle a été choisie pour être la mère de Jésus, parce qu’elle est humble. L’humilité de Marie a été le terrain adapté pour la réalisation du projet de Dieu. Dans une belle homélie, saint Bernard de Clairvaux met en lumière la grandeur de l’humilité en Marie, n’hésitant pas à lui attribuer – à l’humilité – une importance prioritaire y compris devant la virginité : « Quelle belle alliance que celle de l’humilité avec la virginité. L’âme, où l’humilité fait valoir la virginité et dans laquelle la virginité jette un nouveau lustre sur l’humilité, plaît singulièrement à Dieu […] sans l’humilité – le dirai-je ? – la virginité même de Marie ne lui eût point été agréable […] si donc Marie n’était point humble, le Saint-Esprit ne serait pas venu reposer sur elle […] Il est donc bien évident qu’elle n’a conçu du Saint-Esprit, comme elle le dit elle-même, que parce que « Dieu a regardé favorablement l’humilité de sa servante (Luc., I, 48), » plutôt que sa virginité. Elle lui plut sans doute parce qu’elle était vierge, mais elle ne conçut que parce qu’elle était humble, d’où je conclus sans hésiter que c’est à son humilité que sa virginité dut de plaire à Dieu ».

Mais l’humilité n’est pas une fin en soi, elle est finalisée à la splendeur de la charité et en Marie, il y avait l’alliance « d’une très haute charité et d’une très profonde humilité » (saint Bernard de Clairvaux)

Dans la visitation à Élisabeth, Marie, « Vierge Mère, humble mais élevée plus qu’aucune autre créature » (Dante), porte en son sein le Verbe fait chair et elle se fait, d’une certaine manière, « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l’histoire – où le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, s’offre à l’adoration d’Élisabeth, « irradiant » presque sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie (saint Jean-Paul II, encyclique L’Église vit de l’Eucharistie, n.5)

La Vierge Marie n’est pas tant une créature qui sait qu’une créature qui croit, parce qu’elle est pleine de grâce et de foi et ainsi elle devient la figure de l’Église qui, dans la foi, accueille son Sauveur et le porte au monde, pour que l’humanité entière puisse s’en réjouir.

Dans cette pastorale de la Visitation, les Vierges consacrées dans le monde nous sont un exemple, elles qui, par leur travail « séculier », se font missionnaires de l’amour en marchant quotidiennement avec leurs frères et sœurs en humanité, qui peuvent ainsi avoir la joie d’être considérés et aimés.

Cet intérêt leur est inspiré par leur amour virginal pour le Seigneur Jésus, aimé par dessus tout et qu’elles font aimer. Ces femmes consacrées témoignent que le chrétien authentique transforme en charité tout ce qu’il touche : il transforme en charité le travail, la vie, la prière, la relation avec les autres. Tout ce que pratique le chrétien est comme renouvelé, sanctifié et transformé par la force de l’amour.

L’important est que, dans notre prière, le « merci » humble et amoureux ait la priorité. Comme l’a fait Marie qui, par son Magnificat, a dit « merci », en annonçant l’Évangile de la joie : la joyeuse nouvelle de cet amour pour Dieu qui se fait chair pour nous.

L’important est que chacun réponde avec humilité et selon ses capacités. Si nous regardons la scène de la Visitation, nous voyons Zacharie qui répond avec sa difficulté à croire, Élisabeth qui bénit, Marie qui loue, Jean qui « danse ». De diverses manières, chacun d’eux reconnaît et porte le Seigneur dans le monde. Vivons cet avènement de sorte que soit prononcée pour chacun de nous la parole : « Béni – Bénie es-tu parce que tu portes le Seigneur, comme Marie. Nous comprendrons mieux alors ce que dit saint Ambroise : « Si, selon la chair, une seule est la mère du Christ, selon la foi, toutes les âmes engendrent le Christ : que chacune en effet accueille en elle le Verbe de Dieu (Exposition de l’Évangile selon saint Luc, 2, 26-27).

L’important est de garder virginalement et d’alimenter notre mémoire de Dieu, en la gardant en nous-mêmes et en cherchant à la réveiller chez les autres. « C’est beau cela, faire mémoire de Dieu, comme la Vierge Marie qui, face à l’action merveilleuse de Dieu dans sa vie, ne pense pas à l’honneur, au prestige, aux richesses, elle ne s’enferme pas sur elle-même. Au contraire, après avoir accueilli l’annonce de l’ange et avoir conçu le Fils de Dieu, que fait-elle ? Elle part, elle va chez sa vieille parente Élisabeth, elle aussi enceinte, pour l’aider ; et dans sa rencontre avec elle, son premier acte est le souvenir de l’agir de Dieu, de la fidélité de Dieu dans sa vie, dans l’histoire de son peuple, dans notre histoire : « Mon âme exalte le Seigneur… Il s’est penché sur son humble servante… Son amour s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 46.48.50). Marie a mémoire de Dieu. » (Pape François, Homélie du 29 septembre 2013).

Lecture patristique

Bienheureux Guerric d’Igny (+ 1157)

Sermons pour l’avent, 2, 1-4

SC 166, 104-116.

Voici le Roi qui vient, accourons au-devant de notre Sauveur (texte liturgique). Salomon a fort bien dit: Le messager d’une bonne nouvelle venant d’un pays lointain, c’est de l’eau fraîche pour l’âme assoiffée (Pr 25,25). Oui, c’est un bon messager celui qui annonce l’avènement du Sauveur, la réconciliation du monde, les biens du siècle à venir. Qu’ils sont beaux, les pas de ceux qui annoncent la paix, qui annoncent la bonne nouvelle (Is 52,7).

De tels messagers sont une eau rafraîchissante et une boisson de sagesse salutaire pour l’âme assoiffée de Dieu. En vérité, celui qui lui annonce l’arrivée du Seigneur ou ses autres mystères lui donne à boire les eaux puisées dans la joie aux sources du Sauveur (Is 12,3). Aussi, à celui qui lui porte cette annonce, que ce soit Isaïe ou n’importe quel prophète, cette âme répond, semble-t-il, avec les paroles d’Elisabeth, parce qu’elle était abreuvée au même Esprit: Et comment m’est-il donné que mon Seigneur vienne à moi? Car lorsque la voix de ton annonciation est venue à mes oreilles, mon esprit a bondi de joie (cf. Lc 1,43-44) en moi-même, dans l’enthousiasme d’aller à la rencontre de Dieu son Sauveur. <>

Que notre esprit exulte donc d’une vive allégresse, qu’il accoure au-devant de son Sauveur, qu’il adore et salue celui qui vient de si loin, en l’acclamant par ces paroles: « Viens donc Seigneur, » sauve-moi et je serai sauvé (Jr 17,14). Car c’est toi que nous avons attendu. Sois notre salut au temps de la calamité (Is 33,2). C’est ainsi que les prophètes et les justes allaient, avec tant de désir et d’amour, à la rencontre du Christ qui devait venir, en désirant, si c’était possible, voir de leurs yeux ce que, par avance, ils voyaient en esprit. <>

Nous attendons le jour anniversaire de la Nativité du Christ, dont on nous annonce que nous le verrons bientôt. Et l’Écriture semble exiger de nous une joie telle que l’esprit, s’élevant au-dessus de lui-même, s’empresse d’accourir au-devant du Christ qui vient; il se porte en avant par le désir, il s’efforce, sans tolérer aucun retard, de voir déjà ce qui est encore à venir.

Personnellement, je pense en effet que ce n’est pas seulement à propos du second avènement, mais déjà à propos du premier que tant de textes de l’Écriture nous pressent d’accourir à sa rencontre. Comment cela? demandez-vous. Voici: de même que nous accourrons au-devant du second avènement par un élan et une exultation de notre corps, de même devrons-nous accourir à la rencontre du premier par l’amour et l’exultation de notre coeur. <>

Or, selon le mérite et le zèle de chacun, cet avènement du Seigneur est plus ou moins fréquent pendant le temps qui s’écoule entre le premier avènement et le dernier; il nous rend conformes au premier et nous prépare au dernier. Certes, il vient en nous maintenant pour que le premier ne l’ait pas fait venir en vain, et que lors du dernier avènement il ne vienne pas en étant irrité contre nous.

En cet avènement-ci, il s’efforce de réformer notre esprit plein d’orgueil en le rendant conforme à cet esprit d’humilité qu’il a montré dans sa première venue, afin de pouvoir transformer pareillement nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3,21), celui qu’il nous montrera quand il reviendra une seconde fois. <>

Donc puisque le premier avènement est celui de la grâce, le dernier, celui de la gloire, l’avènement présent est à la fois celui de la grâce et de la gloire; c’est-à-dire qu’il nous permet, par les consolations de la grâce, de goûter déjà d’une certaine façon la gloire future. <> Qu’ils sont heureux ceux dont l’ardente charité a déjà mérité de recevoir ce privilège!

Pour nous, mes frères, qui n’avons pas encore la consolation d’une expérience aussi élevée, pour que nous demeurions patients jusqu’à l’avènement du Seigneur, ayons, en attendant, la consolation d’une foi solide et d’une conscience pure qui nous permettra de dire, avec autant de félicité que de fidélité, comme saint Paul: Je sais en qui j’ai mis ma foi, et je suis sûr qu’il est assez puissant pour garder mon dépôt jusqu’à ce jour-là, c’est-à-dire jusqu’à l’avènement de gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et Sauveur (2Tm 1,12 Tt 2,13), à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Lecture patristique

Chaîne d’Or 9139

Sur Luc 1, 39-45

  1. Ambroise. L’ange qui annonçait à Marie des choses aussi mystérieuses, lui donne pour affermir sa foi, l’exemple d’une femme stérile qui était devenue mère. A cette nouvelle, Marie s’en va vers les montagnes de Judée. Quoi donc ? Est-ce qu’elle ne croit point aux paroles de l’ange ? Est-ce qu’elle n’est point certaine de la divinité de son message ? Est-ce qu’elle doute de l’exemple qu’il lui donne ? Non, c’est un saint désir qui la transporte, c’est un sentiment religieux du devoir qui la pousse, c’est une joie divine qui lui inspire cet empressement  » Marie partit et s’en alla dans les montagnes,  » etc. Toute remplie de Dieu qu’elle est, où pourrait-elle diriger ses pas, si ce n’est vers les hauteurs.

Origène. (hom. 7.) Jésus qu’elle portait dans son sein, avait hâte lui-même d’aller sanctifier Jean-Baptiste, qui était encore dans le sein de sa mère :  » Elle s’en alla en toute hâte,  » etc.

  1. Ambroise. La grâce de l’Esprit saint ne connaît ni lenteurs ni délais. Apprenez de la Vierge chrétienne à ne point vous arrêter sur les places publiques et à ne prendre aucune part aux conversations qui s’y tiennent.

Théophyl. Elle va vers les montagnes, parce que c’est là qu’habitait Zacharie :  » En une ville de Juda, et elle entra dans la maison de Zacharie.  »

  1. Ambroise. Apprenez aussi, femmes chrétiennes, les soins empressés que vous devez à vos parentes, lorsqu’elles sont sur le point d’être mères. Voyez Marie, elle vivait seule auparavant dans une profonde retraite, aujourd’hui ni la pudeur naturelle aux vierges ne l’empêche de paraître en public, ni les montagnes escarpées n’arrêtent son zèle, ni la longueur du chemin ne lui fait retarder le bon office qu’elle va rendre à sa cousine. Vierges de Jésus-Christ, apprenez encore quelle fut l’humilité de Marie. Elle vient vers sa parente, elle vient, elle la plus jeune, visiter celle qui est plus âgée, et non seulement elle la prévient, mais elle la salue aussi la première :  » Et elle salue Elisabeth.  » En effet, plus une vierge est chaste, plus aussi son humilité doit être grande, plus elle doit avoir de déférence pour les personnes plus âgées ; celle qui fait profession de chasteté, doit aussi être maîtresse en humilité. Il y a encore ici un motif de charité, le supérieur vient trouver son inférieur pour lui venir en aide, Marie vient visiter Elisabeth, Jésus-Christ, Jean-Baptiste.
  2. Chrysostome. (sur. Matth., hom. 4.) Disons encore que Marie cachait avec soin ce que l’ange lui avait dit, et ne le découvrait à personne ; elle savait qu’on n’ajouterait point foi à un récit aussi merveilleux, et elle craignait qu’il ne lui attirât des outrages, et qu’on ne l’accusât de vouloir ainsi pallier son crime et son déshonneur.

Grec. (Géom., comme précéd.) C’est près d’Elisabeth seule qu’elle va se réfugier ; elle avait coutume d’en agir ainsi à cause de sa parenté qui les unissait, et plus encore à cause de la conformité de leurs sentiments et de leurs mœurs.

  1. Ambroise. Les bienfaits de l’arrivée de Marie et de la présence du Seigneur se font immédiatement sentir :  » Aussitôt qu’Elisabeth eut entendu la voix de Marie qui la saluait, son enfant tressaillit,  » etc. Remarquez ici la différence et la propriété de chacune des paroles de l’auteur sacré. Elisabeth entendit la voix la première, mais Jean ressentit le premier l’effet de la grâce ; elle entendit d’après l’ordre naturel, mais Jean tressaillit par suite d’une action toute mystérieuse ; l’arrivée de Marie se fait sentir à Elisabeth, la venue du Seigneur à Jean-Baptiste.

Grec. (ou Géom., comme précéd.) Le prophète voit et entend plus clairement que sa mère, il salue le prince des prophètes, et au défaut de la parole qui lui manque, il tressaille dans le sein de sa mère (ce qui est le signe le plus expressif de la joie) ; mais qui jamais a ressenti ces tressaillements de la joie avant sa naissance ? La grâce produit, des effets inconnus à la nature : le soldat renfermé dans les entrailles de sa mère reconnaît son Seigneur et son roi dont la naissance approche, l’enveloppe du sein maternel n’est point un obstacle à cette vision mystérieuse ; car il le voit non des yeux ou du corps, mais des yeux de l’âme.

Origène (Ch. des Pèr. gr.) Il ne fut pas rempli de l’Esprit saint avant l’arrivée de celle qui portait Jésus-Christ dans son sein, et c’est au même instant qu’il en fut rempli et qu’il tressaillit dans les entrailles de sa mère :  » Et Elisabeth fut remplie de l’Esprit saint.  » Nul doute qu’Elizabeth n’ait dû à son fils d’avoir été elle-même remplie de l’Esprit saint.

  1. Ambroise. Elisabeth s’était dérobée aux regards du monde du moment qu’elle avait conçu un fils, elle commence à se produire, glorieuse qu’elle est de porter dans son sein un prophète ; elle éprouvait alors une espèce de honte, maintenant elle bénit Dieu :  » Et s’écriant à haute voix, elle dit : Vous êtes bénie entre toutes les femmes,  » elle s’écrie à haute voix, aussitôt qu’elle ressent l’arrivée du Seigneur, parce qu’elle crut à la divinité de l’enfantement de Marie.

Origène. (Ch. des Pèr. qr.) Elle lui dit  » Vous êtes bénie entre toutes les femmes ; elle est la seule qui ait reçu et qui ait pu recevoir une si grande abondance de grâce, car elle seule est la mère d’un enfant divin.

Bède. Elisabeth la bénit dans les mêmes termes que l’ange Gabriel, pour montrer qu’elle est digne de la vénération des anges et des hommes.

Théophyl. Mais les siècles précédents avaient vu d’autres saintes femmes qui ont donné le jour à des enfants souillés par le péché ; elle ajoute donc :  » Et le fruit de vos entrailles est béni.  » Ou dans un autre sens elle venait de dire :  » Vous êtes bénie entre toutes les femmes ;  » elle en donne maintenant la raison comme si quelqu’un la lui demandait :  » Et le fruit de vos entrailles est béni,  » etc., c’est ainsi que nous lisons dans le psaume 117 :  » Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Le Seigneur est le vrai Dieu, et il a fait paraître sa lumière sur nous,  » car suivant l’usage de l’Écriture, et a le même sens que parce que.

Origène. Elle appelle le seigneur le fruit des entrailles de la mère de Dieu, parce qu’il n’a point un homme pour père, et qu’il est né de Marie seule, car ceux qui sont nés d’un père mortel, sont considérés comme ses fruits.

Grec. (ou Géom.) C’est donc ici le seul fruit vraiment béni, parce qu’il a été produit sans le concours de l’homme et l’influence du péché.

Bède. C’est ce fruit que Dieu promettait à David en ces termes :  » J’établirai sur votre trône le fruit de vos entrailles.  »

Eusèbe. Le Christ est le fruit des entrailles de Marie, cette vérité suffit pour détruire l’hérésie d’Eutychès : car tout fruit est de même nature que la plante ; par une conséquence nécessaire, la Vierge est donc de même nature que le nouvel Adam qui vient effacer les péchés du monde. Que ceux qui se forment l’idée d’une chair fantastique en Jésus-Christ, rougissent de leur opinion en considérant l’enfantement véritable de la mère de Dieu, car le fruit provient de la substance même de l’arbre. Où sont encore ceux qui osent dire que le Christ n’a fait que passer dans la Vierge comme par un canal. Qu’ils apprennent de ces paroles d’Elisabeth remplie de l’Esprit saint, que le Sauveur est le fruit des entrailles de Marie.

 » D’où me vient que la mère de mon Seigneur vienne à moi ?  »

  1. Ambroise. Ce n’est point par ignorance qu’elle parle ainsi, elle sait que c’est la grâce et l’action de l’Esprit saint qui ont porté la mère du Seigneur à venir saluer la mère du prophète pour la sanctification de son enfant, mais elle reconnaît hautement qu’elle n’a pu mériter cette grâce, et que c’est un don purement gratuit de la miséricorde divine :  » D’où me vient cet honneur ?  » c’est-à-dire, à quelles oeuvres de justice, à quelles actions, à quelles vertus en suis-je redevable ?

Origène. (Ch. des Pèr. gr.) Elisabeth partage ici les sentiments de son fils, car Jean lui-même se sentait indigne que Jésus-Christ descendît jusqu’à lui. En proclamant mère du Seigneur Marie, qui était vierge, elle anticipe sur l’événement par une inspiration prophétique. Reconnaissons ici une disposition toute providentielle qui conduit Marie chez Elisabeth, pour que Jean-Baptiste, encore dans le sein de sa mère, rende témoignage au Seigneur, car dès lors le Sauveur investit Jean-Baptiste du titre et des fonctions de prophète, comme l’expliquent les paroles suivantes :  » Aussitôt que la voix de votre salutation,  » etc.

  1. Augustin. (à Dardanus, lett. 57.) Pour parler ainsi, comme l’Évangéliste le déclare, Elisabeth a été remplie de l’Esprit saint, et c’est lui, sans aucun doute, qui lui a révélé la signification de ce tressaillement mystérieux de son enfant, tressaillement qui lui annonçait la venue de la mère du Sauveur, dont son fils devait être le Précurseur et le héraut. L’explication d’un si grand mystère a pu être connue des personnes plus âgées, comme Marie et Elisabeth, sans l’être de l’enfant lui-même ; car Elisabeth ne dit point : L’enfant a tressailli dans mon sein par un mouvement de foi, mais  » a tressailli de joie.  » Nous voyons tous les jours tressaillir, non seulement des enfants, mais même des animaux, sans que ni la foi, ni la religion, ni aucune cause intelligente y aient la moindre part ; mais ici le tressaillement est extraordinaire et d’un genre tout nouveau, parce qu’il se produit dans le sein d’Elisabeth, et à l’arrivée de celle qui devait enfanter le Sauveur de tous les hommes. Ce tressaillement donc, qui fut comme le salut rendu à la mère du Seigneur, a eu pour cause, comme tous les miracles, un acte de la puissance divine dans cet enfant, et non un mouvement naturel de l’enfant lui-même. Et alors même qu’on admettrait dans cet enfant un usage prématuré de la raison et de la volonté, qui aurait pu lui permettre, dès le sein de sa mère, un sentiment de connaissance, de foi, de sympathie, on devrait l’attribuer à un miracle de la puissance divine, et non à une simple action des lois naturelles.

Origène. (Ch. des Pèr. gr.) La mère du Sauveur était venu visiter Elisabeth, pour voir la conception miraculeuse que l’ange lui avait annoncée, et s’affermir ainsi dans la foi au miracle bien plus surprenant dont une vierge devait être l’objet. C’est cette foi qu’Elisabeth célèbre par ces paroles :  » Et vous êtes bienheureuse d’avoir cru, parce que les choses qui vous ont été dites de la part du Seigneur s’accompliront en vous.  »

  1. Ambroise. Vous le voyez, Marie n’a nullement douté, mais elle a cru, et a recueilli le fruit de sa foi.

Bède. Rien d’étonnant si le Seigneur, Rédempteur du monde, commence par sa mère l’oeuvre de sa rédemption ; c’est par elle que le salut devait être donné à tous les hommes, il était juste qu’elle reçût la première le fruit du salut de l’enfant qu’elle portait dans son sein.

  1. Ambroise. Bienheureux vous aussi qui avez entendu et qui avez cru ; car toute âme qui croit, conçoit et engendre le Fils de Dieu, et mérite de connaître ses oeuvres.

Bède. Toute âme aussi qui a conçu le Verbe de Dieu, monte aussitôt par les pas de l’amour jusqu’aux sommets les plus élevés des vertus, pénètre dans la ville de Juda, c’est-à-dire, dans la citadelle de la louange et de la joie, et y demeure comme pendant trois mois dans la pratique parfaite de la foi, de l’espérance et de la charité.

  1. Grégoire. (sur Ezech., hom. 4.) L’inspiration prophétique d’Elisabeth s’étendit à la fois au passé, au présent et à l’avenir. Elle connut que Marie avait ajouté foi aux promesses de l’ange ; en la proclamant mère du Seigneur, elle comprit qu’elle portait dans son sein le Rédempteur du genre humain ; et en prophétisant tout ce qui devait s’accomplir en elle, elle plongea son regard jusque dans les profondeurs de l’avenir.

[1] Dans la tradition biblique, bénir signifie – en premier lieu – dire du bien de quelqu’un, faire l’éloge, complimenter et, ensuite, cela signifie dire du bien à quelqu’un ou souhaiter. La bénédiction comme louange fait référence à une réalité actuelle, tandis que la bénédiction comme souhait interpelle et engage le futur. Le souhait de la bénédiction, bénir, signifie exercer une souveraineté sur l’histoire de quelqu’un, engager et décider son avenir. L’usage juif de ce verbe « bénir » est fréquent dans la vie et accompagne les personnes aimées d’un souhait, d’une bénédiction.

Source: ZENIT.ORG, le 17 décembre 2021

« La raison de notre joie c’est le fait que Dieu nous est proche », par Mgr Follo

Couronne de l'Avent, audience du 23 déc. 2020 © Vatican Media

Couronne De L’Avent, Audience Du 23 Déc. 2020 © Vatican Media

« La raison de notre joie c’est le fait que Dieu nous est proche », par Mgr Follo

« Notre cœur purifié, devenons des cyrénéens et des samaritains »

Par O

« La joie chrétienne naît de la certitude que Dieu est proche et vient habiter parmi nous », insiste Mgr Francesco Follo dans cette méditation sur les lectures de dimanche prochain, 12 décembre 2021, 3e dimanche de l’Avent.

Comme lecture patristique Mgr Follo propose une lecture d’Origène sur saint Luc.

La raison de notre joie c’est le fait que Dieu nous est proche

1) Dieu est proche : Réjouissez-vous !

Ce troisième dimanche de l’Avent[1]constitue une invitation à la joie, parce que la visite de Dieu dans le monde est proche. La proximité de Dieu n’est pas une question d’espace ou de temps, mais c’est une question d’amour : l’amour rapproche. Aussi le prochain Noel nous fera souvenir de cette vérité fondamentale de notre foi et, devant la crèche, nous pourrons savourer la joie chrétienne, en contemplant dans le nouveau le visage du Dieu qui par et pour amour s’est fait proche de nous.

Dans quelques jours, Jésus, l’Evangile de la joie, vient habiter parmi nous. Le premier qui se réjouit de cette visite fut Jean le Baptiste, qui exulta de joie dans les entrailles de sa mère lorsqu’il perçut la présence du Sauveur au sein de sa mère qui était venue rendre visite à sa cousine Elisabeth.

Que, dans le désert, Jean le Baptiste mène une vie austère, mais qui n’est pas triste pour autant, ne doit pas nous induire en erreur. Il est vrai que ses vêtements sont en poils de chameau, qu’il mange des sauterelles, mais il est tout aussi vrai qu’il annonce la joie de Jésus présent. Déjà petit, Jean (= Dieu est miséricorde) avait accueilli le Christ naissant et avait ressenti une joie naissante. Devenu adulte, ce prophète prépare la voie au Christ et l’indique en disant : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ».  Comment pourrait-il annoncer cette nouvelle joyeuse et ne pas être dans la joie ?

A la question de plusieurs personnes qui se rendent chez lui pour apprendre à vivre une vie vraie : « Maître, que devons-nous faire ? » (Lc 3,10.12.14), nous pourrions répondre que non seulement Lui indique ce qu’il faut faire en donnant des conseils pratiques et profonds (je l’expliquerai plus loin), mais il fait siennes les paroles de la première et deuxième lecture et il répond :

« Réjouissez-vous… Soyez toujours heureux dans le Seigneur… »(So 3,14; Phil 4,4). Ces mots donnent la clé de lecture de son « évangile » fait de comportements concrets, pour une conversion qui touche la simplicité du quotidien.  La vie quotidienne n’est jamais banale lorsque chaque geste en est fait selon l’Evangile. Dans ce cas, le geste tout simple ouvre la fenêtre sur l’infini.

2) Que faire ?

Si le prophète Sophonie (première lecture) nous invite à dire « oui » à Dieu, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jean le Baptiste nous invite à dire « oui » au prochain, en répondant à la question : « que faire ? ».

Cette question : « Que devons-nous faire ? » est adressée à Jean par trois catégories de personnes.

La première est celle de la foule, des gens normaux.

La deuxième est celle des publicains, la catégorie de gens riches qui géraient les impôts. Catégorie la plus détestée parce qu’ils encaissaient l’argent des taxes pour l’oppresseur et, souvent, ils empochaient l’argent, volaient et trompaient les personnes.

La troisième catégorie, enfin : les soldats, qui, avec les armes, peuvent obtenir tout ce qu’ils veulent, même ce que, normalement, on ne peut obtenir avec de l’argent.
A ceux-là, Jean le Baptiste répond en donnant trois indications qui sont toujours d’actualité.

La première : « Celui qui a deux tuniques, en donne une à celui qui en n’en a pas et celui qui a de quoi manger, fasse de même ». En d’autres termes, nous sommes invités à partager. Si le partage était constamment pratiqué, la face de la Terre serait différente. La règle principale pour une écologie humaine, pour habiter humainement la terre est celle de s’occuper les uns des autres en appliquant la règle d’or : « Fais aux autres ce que tu veux qu’il te soit fait ». N’oublions pas « qu’il y a plus de joie dans l’acte de donner que dans celui de recevoir » (Act 20,20) et ainsi la charité apporte plus de satisfactions que l’égoïsme.

La deuxième indication est adressée aux publicains mais elle est également valable pour tous : « N’exigez pas plus que ce que vous avez droit ». C’est un conseil si simple qu’il peut sembler banal, évident.

Au contraire, il est vraiment important parce que si l’on est honnête, on ne cédera pas à l’avidité de l’argent qui rend l’homme insatisfait et corruptible, se moquant de la loi, exploitant les personnes et se vendant pour accumuler le plus d’argent possible. Le bon chemin indiqué par Jean le Précurseur est d’être honnêtes, tenaces et simples en tout, jusque dans les petites choses.

La troisième instruction est adressée aux soldats. A ceux qui assument des rôles d’autorité, Jean demande de ne pas profiter de la force en imposant sa propre volonté.

Ainsi, le Baptiste demande concrètement à tous d’avoir un comportement honnête et respectueux, qui exprime un sentiment de fraternité et, partant, d’accueil de la paternité commune de Dieu.

Son sens concret se manifeste aussi par l’invitation au baptême par immersion, un geste palpable qui rend visible à soi-même et aux autres notre propre désir d’abandonner le péché et de commencer une nouvelle vie, afin d’accueillir le Christ et son Règne des cieux.

3) Joie et Miséricorde

Jean dit que « un plus fort que moi viendra et vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu ». Jésus est le plus fort, parce qu’il est Dieu, un Dieu d’amour qui parle au cœur et gagne avec la force du pardon. Il est plus fort parce qu’il a le pouvoir de la Miséricorde.

Celui de Jean est un baptême de pénitence, bien différent du sacrement que Jésus institua. Avec le baptême du Christ nous sommes immergés non simplement dans les eaux du Jourdain pour proclamer notre engagement de conversion, mais dans le sang rédempteur du Christ qui se propage sur nous, nous purifie et nous sauve. Grâce à Jésus, et à son baptême, nous gagnons la dignité et la joie de nous reconnaître comme « fils de Dieu » et de l’être vraiment. La Miséricorde est le vêtement de lumière que le Père nous a donné au baptême.

Le baptême de Jean -avec de l’eau- purifie et prépare le croyant au baptême de Jésus- dans le Saint Esprit- qui est un don radical et absolument gratuit de la miséricorde divine qui fait de nous une seule chose avec Lui et en Lui.

Souvenons-nous de notre baptême par lequel nous sommes immergés au sein de l’Amour miséricordieux de Dieu qui nous garde comme la pupille de ses yeux. Vivons la miséricorde comme un « deuxième baptême », qui utilise en guise d’eau nos larmes de pécheurs repentis.

Avec notre cœur purifié, devenons des cyrénéens et des samaritains en témoignant, avec les œuvres tour comme avec notre vie donnée et offerte au Christ et avec Lui, pour le salut du monde. La Miséricorde est le nom de Dieu (Pape François). De la Miséricorde divine qui pacifie nos cœurs, jaillit la paix dans le monde, la paix entre les peuples, les cultures et les différentes religions.

Ainsi, les Vierges consacrées dans le monde sont bel et bien des apôtres « particulières » de la Miséricorde divine parce qu’elles ont pris au sérieux l’invitation de Saint-Paul aux Romains : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait » (Rm 12, 1 – 2).

Dans cette offrande complète d’elles-mêmes, grâce au don de la virginité, les Vierges vivant dans le monde consacrent au Seigneur et à son Règne toutes leurs forces d’amour.

Conscientes que le Seigneur, dans sa miséricorde, les a choisies, leur a pardonné leurs péchés, les a embrassées et ré-embrassées, elles peuvent offrir, avec leur prière et leur vie de bonté et de droiture, la tendresse de la miséricorde aux personnes rencontrées dans leur vie quotidienne. (cf rituel de la consécration des vierges n° 24)

Grâce au don de leur virginité, ces femmes consacrées aiment le Seigneur d’un cœur pur, non partagé, et deviennent ainsi des êtres proches des autres par amour pour Lui, qui est Miséricorde infinie.

Je souhaite à ces femmes, mais à nous tous également, de devenir des êtres de la Miséricorde de Dieu. Revêtus du vêtement brillant de la Miséricorde, nous apporterons au monde l’annonce joyeuse que Dieu est dans la joie lorsqu’il peut pardonner, parce que : « La joie de Dieu est de pardonner » (Pape François).

Imitons Jésus Christ qui est venu « porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » (Lc 4,18-19).

En Lui, dans son mystère pascal de mort et de résurrection, le sens le plus profond du jubilé trouve son plein achèvement. Lorsque l’Eglise, au nom du Christ, convoque un Jubilé, nous sommes alors tous invités à vivre un moment extraordinaire de grâce. L’Eglise même est appelée à offrir abondamment des signes de la présence et de la proximité de Dieu, à réveiller dans nos cœurs la capacité de voir l’essentiel.

Elle est appelée à être  lieu de fête et de pardon, en particulier en cette période de l’année qui « est le temps pour l’Eglise de retrouver le sens de la mission que le Seigneur lui a confié le jour de Pâques : être  instrument de la miséricorde du Père » (Pape François, Homélie des Premières Vêpres du Dimanche de la Divine Miséricorde, 11 avril 215).

Lecture Patristique

Origène (+ 253)

Homélies sur saint Luc, 26, 3-5

SC 87, 340-342.

Le baptême par lequel Jésus baptise est dans l’Esprit Saint et dans le feu (Lc 3,17). Si tu es saint, tu seras baptisé dans l’Esprit Saint ; si tu es pécheur, tu seras plongé dans le feu. Le même baptême deviendra condamnation et feu pour les pécheurs indignes ; mais les saints, ceux qui se convertissent au Seigneur avec une foi entière, recevront la grâce du Saint-Esprit et le salut.

Donc, celui qui est dit baptisé dans l’Esprit Saint et dans le feu tient la pelle à vanner et va nettoyer son aire à battre le blé ; il amassera le grain dans son grenier; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas (Lc 3,17-18).

Je voudrais découvrir pour quelle raison notre Seigneur tient la pelle à vanner, et par quel souffle la paille légère est emportée ça et là, tandis que le blé, plus lourd, s’accumule en un seul lieu, car, si le vent ne souffle pas, on ne peut séparer le blé de la paille

Je crois que le vent doit s’entendre comme les tentations qui, dans la masse mélangée des croyants, révèlent que les uns sont de la paille, les autres, du froment. Car, lorsque votre âme a été dominée par une tentation, ce n’est pas la tentation qui l’a changée en paille, mais c’est parce que vous étiez de la paille, c’est-à-dire des hommes légers et sans foi, que la tentation a dévoilé votre nature cachée. En revanche, quand vous affrontez courageusement les tentations, ce n’est pas la tentation qui vous rend fidèles et constants ; elle révèle seulement les vertus de constance et de courage qui étaient en vous, mais de façon cachée. Penses-tu, dit le Seigneur, que j’avais un autre but, en parlant ainsi, que de faire apparaître ta justice (Jb 40,3 LXX)? Et il dit ailleurs : Je t’ai affligé et je t’ai fait sentir la faim pour manifester ce que tu avais dans le coeur (Dt 8,3-5).

De la même manière, la tempête ne rend pas solide l’édifice bâti sur le sable (Mt, 7,24-25). Mais, si tu veux bâtir, que ce soit sur la pierre. Alors, quand la tempête se lèvera, elle ne renversera pas ce qui est fondé sur la pierre ; mais pour ce qui vacille sur le sable, elle montre aussitôt que ses fondations ne valent rien. Aussi, avant que ne s’élève la tempête, que se déchaînent les rafales de vent, que débordent les torrents, tandis que tout demeure encore en silence, tournons toute notre attention sur le fondement de l’édifice, construisons notre demeure avec les pierres variées et solides des commandements de Dieu; quand la persécution se déchaînera et qu’une cruelle tourmente s’élèvera contre les chrétiens, nous pourrons montrer que notre édifice est fondé sur la pierre, le Christ Jésus.

Mais si quelqu’un le renie – que ce malheur nous soit épargné ! – qu’il le sache bien : ce n’est pas au moment où son reniement est devenu visible qu’il a renié le Christ; il portait en lui des semences et des racines de reniement déjà anciennes; mais c’est plus tard qu’on a découvert ce qu’il portait et qui, alors, devenait public.

Aussi, prions le Seigneur pour que nous soyons un édifice solide, qu’aucune tempête ne peut renverser, parce que fondé sur la pierre, sur notre Seigneur Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.

NOTE

[1] Ce dimanche s’appelle dimanche du “Gaudete” ( = joie)

Source: ZENIT.ORG, le 10 décembre 2021

« Laisser le Seigneur prendre soin de nous », par Mgr Follo

Vitrail du Coeur du Christ @ sacrecoeur-paray.org

Vitrail Du Coeur Du Christ @ Sacrecoeur-Paray.org

« Laisser le Seigneur prendre soin de nous », par Mgr Follo

« La vie est un don, pas un spectacle »

Mgr Francesco Follo invite à « ne pas prendre soin de nous », mais à « laisser le Seigneur prendre soin de nous », dans ce commentaire des lectures de la messe de dimanche prochain, 7 novembre 2021, 32e dimanche du temps ordinaire.

Comme lecture patristique, l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, propose une page de saint Paulin de Nole (+ 431).

La vie est un don, pas un spectacle

1) La vraie humilité.

L’Evangile, proposé dans la liturgie de ce dimanche,  relate deux scènes de la vie qui sont toujours d’actualité et nous invitent à un examen de conscience sur ce qui fait de nous des chrétiens: l’humilité et le dévouement. En effet, à nous aussi Jésus dit ce qu’il enseigna à ses disciples, dans le temple de Jérusalem : « ‘Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés’. Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. ». (Mc 12,38-44)

Dans la première scène, le Christ parle des scribes. Son but est de dénoncer certaines manières d’agir, que l’on peut trouver chez n’importe quel homme religieux, et à toute époque. On reconnaît tout de suite ces hommes à leur attitude arrogante, un défaut qui pourrait nous faire sourire mais, hélas, toujours actuel.

Les scribes s’exhibent dans des habits recherchés, prétendent déférence et vénération. Mais le plus grave c’est qu’ils ont introduit dans leur vie la supercherie (« ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières »). Une double tromperie, celle de séparer le culte de Dieu et la justice : ils prient Dieu mais nuisent aux pauvres. Et, pire encore, ils se donnent l’illusion d’aimer Dieu et leur prochain, alors qu’en fait ils n’aiment que leur personne. L’autorité morale dont jouissent ces scribes, leur doctrine, tout est utilisé pour les mettre en lumière, tout est instrumentalisé à leur avantage. Même les critères de justice finissent par se mélanger à leurs intérêts personnels.

Je crois qu’il est important de relever que le but du Rédempteur n’est pas simplement d’inviter à l’humilité, en dénonçant l’arrogance et l’hypocrisie des scribes. Après avoir stigmatisé les scribes en disant qu’ils étaient de faux et mauvais maitres, il parle dans la deuxième scène d’une pauvre veuve, montrant que c’est elle qui est dans le juste en enseignant à tout donner. De cette façon, avec un « tout petit » exemple, nous pourrons comprendre le grand exemple du Christ qui s’est livré jusqu’à mourir pour nous et ainsi nous donner la vie.

La scène se déroule dans la cour du temple de Jérusalem auquel les femmes avaient accès elles aussi. Dans cette cour, étaient alignés treize paniers destinés aux offrandes. Les gens y jetaient de l’argent sous le regard d’un prêtre du Temple qui vérifiait l’authenticité des pièces et annonçait tout haut le montant de la somme, pour la foule qui assistait au « spectacle ». Jésus, Grand prêtre du nouveau testament, est lui aussi assis devant les treize petits coffres, mais il ne fait pas l’éloge – comme font les autres – de l’offrandes généreuse qui est faite et dont le prêtre vient d’annoncer le montant.

Le Fils de Dieu ne regarde pas les apparences, car Dieu regarde le cœur (cf. 1 Sam16,7) et il vante le geste d’une veuve qui fait don d’à peine quelques pièces. Cette veuve est une pauvre femme qui n’a plus personne, plus d’attache, mais une foi en Dieu si grande que, même si ces petites pièces sont tout ce qu’elle possède, elle les offre à Dieu parce qu’elle est sûre de Lui appartenir.

2) Une vraie dévotion.

Le geste de la femme n’est pas spectaculaire, mais un vrai geste de piété que Jésus reconnaît et indique comme étant un vrai beau geste, «  un geste authentique » car sûr, droit, ordonné, dévoué, humble, en un mot: total. La veuve jette dans le trésor du temple tout ce qu’elle possède et jette en Dieu tout ce qu’elle est. Tout ce que cette veuve possède et qu’elle est, dont elle fait don totalement, nous renvoie à cette mesure de l’amour du Christ, qui consiste à donner sa propre vie. Aimer vraiment, c’est tout donner, sans compter, sans rien attendre en retour, comme ici, comme le Seigneur fait toujours avec nous.

Relatif aux quatre adjectifs utilisés pour qualifier ce geste « d’authentique », j’ajouterais qu’il est :

  • humble, parce que fait sans prétentions et parce que Dieu « se tourne vers la prière du spolié, et ne méprise pas sa prière” (Ps 102,18);
  • dévoué, parce que débordant de charité, autrement dit d’amour de Dieu et du prochain, vécu comme un don de soi ému;
  • ordonné, car rien ne passe avant Dieu et qu’en Dieu elle aime son prochain;
  • droit, parce qu’elle demande le bien. La prière est une « demande  Dieu de choses qui sont un bien pour nous » (Saint Jean Damascène);
  • sûr, car parti d’un cœur sûr d’être écouté : « Il m’appelle, et moi, je lui réponds » (Ps91,15).

Ce vrai geste de dévotion, total, est «  utilisé » par le Magistère. Jésus l’utilise pour enseigner que son critère pour mesurer le monde n’est pas la quantité mais le cœur. Aux yeux de Celui qui regarde le cœur, la quantité n’est qu’apparence. Ce n’est pas l’argent qui compte, mais tout l’amour mis dans le geste,  toute la vie que renferme celui-ci. Comme dit saint Jean de la Croix: « A la fin de notre vie nous serons jugés sur la quantité d’Amour », et l’épisode d’aujourd’hui comme la description du Jugement dernier: « J’avais faim, soif, etc., et vous m’avez donné à manger, à boire, etc. » nous rappellent que l’évangile peut être vécu grâce à un morceau de pain ou dans un verre d’eau fraîche, donnés seulement par amour,  grâce à deux pièces de monnaie, données de tout son cœur.

L’important est de donner, en y mettant tout son cœur.  Tout donner comme la veuve de l’Evangile d’aujourd’hui, ou la moitié de ses biens comme a fait Zachée, importe peu à  Jésus, car Il ne mesure pas. Il demande d’être aimé avec tout le cœur, avec toute l’âme, de tout notre être. Raison pour laquelle, il loue le geste de la veuve et dit à Zachée qui a donné la moitié de ses biens: « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison » (cf. Lc 19, 9).

La charité ne fonctionne pas au poids ou quand on a le temps. Le don, qui a « du poids » aux yeux du Christ, est celui que nous faisons en nous donnant à Lui, « dans un abandon total et une confiance amoureuse » (cf. M. Teresa de Calcutta) On peut aussi donner la vie, comme dit saint Paul, mais si notre cœur ne connaît pas la charité ou si l’on est généreux pour s’entendre dire des compliments, pour faire bien … laissons tomber. Nos offrandes à l’Eglise et aux pauvres peuvent être riches, mais si notre cœur n’est pas en Dieu, ces biens ne sont que poussière. Jésus nous dit de donner beaucoup de ce que nous avons, mais tout ce que nous pouvons, avec joie.

Enfin, je crois qu’il est juste de souligner que la veuve citée par Jésus dans l’Evangile d’aujourd’hui ressemble à l’Eglise-Epouse. Elle est à son image,car elle se donne entièrement à l’Epoux qui est en Jésus Christ, le Fils de Dieu, qui s’est fait pauvre pour elle.

C’est donc de cette femme, de son exemple, que les femmes consacrées  dans le monde doivent s’inspirer pour vivre leur vocation d’épouses. Elles aussi, comme cette femme, sont appelées à témoigner qu’aucune autre présence ne trouvera désormais place en elles et que, comme cette femme, elles mettent tout à la disposition de Dieu et de son royaume. Leur vie devient une réponse très concrète au Christ qui leur dit : « Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse, tu m’as ravi le cœur d’un seul regard » (Ct 4,9) et par leur vie, comme l’épouse du cantique des cantiques à son bien-aimé, elles demandent toujours: « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras; Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine.! » (Ct 8,6). En effet: « Je suis à mon bien-aimé, mon bien-aimé est à moi » (Ct 6,3). La virginité révèle l’intégrité, la sainteté et la vérité d’une personne, elle permet de vivre pour le Seigneur, de témoigner que le cœur humain est fait par Dieu et pour Dieu, de servir Dieu de tout son cœur dans un dévouement total, en commençant par donner deux petites pièces de monnaie.

Traduction d’Océane Le Gall

Lecture Patristique: saint Paulin de Nole (+ 431)

Donner avec générosité-Epître 34, 2-4 

(CSEL 29, 305-306)

Qu’as-tu donc que tu n’aies reçu? demande l’Apôtre (1Co 4,7). Voilà pourquoi, mes bien-aimés, il ne faut pas que nous gardions jalousement nos richesses comme si elles étaient nôtres, mais que nous les prêtions, puisqu’elles nous ont été confiées. Car on nous en a confié la charge, et nous avons l’usage d’une richesse commune, non la possession éternelle d’un bien propre (cf. 1Co 9,17). Si tu reconnais que ce bien n’est à toi ici-bas que pour un temps, tu pourras le posséder éternellement dans le ciel. <>

Rappelons-nous cette veuve qui se préoccupait des pauvres sans se soucier d’elle-même. Ne pensant qu’à la vie future, elle abandonna tous ses moyens d’existence, comme le Juge lui-même l’a attesté. Les autres, en effet, avaient donné du surplus de leurs biens. Cette femme, qui avait pour toute fortune deux petites pièces de monnaie, était peut-être plus dépourvue que beaucoup de pauvres, mais les richesses de son cœur dépassaient celles de tous les riches. Elle n’avait en vue que les richesses de la récompense éternelle. Elle ne désirait que le trésor céleste et, d’un seul coup, elle s’est dépouillée de tous ses biens, ceux qui viennent de la terre et qui retournent à la terre.

Prêtons donc au Seigneur les biens que nous avons reçus de lui. Nous ne possédons rien, en effet, qu’il ne nous ait donné, et nous n’existons que parce qu’il le veut. En particulier, comment pourrions-nous penser avoir quelque chose à nous, alors que nous avons contracté une dette plus grande et spéciale, et que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes? Car Dieu nous a créés, mais il nous a aussi rachetés.

Eh bien, réjouissons-nous d’avoir été rachetés à grand prix, en vérité, par le sang du Seigneur lui-même. Ce qui fait que nous ne sommes plus des esclaves sans valeur. Être libre de la justice est en effet une liberté plus vile que l’esclavage, puisqu’une pareille liberté fait de l’homme un esclave du péché et un prisonnier de la mort. Aussi, rendons au Seigneur ce qu’il nous a donné; donnons à Celui qui reçoit en tout pauvre; donnons, dis-je, avec joie, pour recevoir de lui dans l’allégresse, comme il l’a promis.

Source: ZENIT.ORG, le 5 novembre 2021

« Le pouvoir de l’amour s’exerce par le service », par Mgr Follo

Reliquaire de Ste Teresa de Calcutta, canonisation, 5 sept. 2016 © capture de Zenit / CTV

Reliquaire De Ste Teresa De Calcutta, Canonisation, 5 Sept. 2016 © Capture De Zenit / CTV

« Le pouvoir de l’amour s’exerce par le service », par Mgr Follo

Mère Teresa, pour comprendre ce que les disciples ont eu du mal à comprendre

« La prière et le service aux autres ne sont pas des dimensions opposées, mais des aspects essentiels de notre vie en tant que don et non en tant que pouvoir », fait observer Mgr Francesco Follo dans cette méditation sur l’Evangile de dimanche prochain, 17 octobre 2021 (29e dimanche du Temps ordinaire – Année B).

Pour l’observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris (France), « Mère Teresa de Calcutta, proclamée sainte le 5 septembre 2016 par le pape François, a annoncé l’Évangile avec sa vie entièrement donnée aux pauvres, mais en même temps elle était enveloppée dans (par) la prière. Cette sainte nous aide à comprendre ce que les disciples de Jésus ont eu du mal à comprendre ».

Comme lecture patristique, Mgr Follo propose une page de saint Jean Chrysostome.

AB

Le pouvoir de l’amour s’exerce par le service

             1) Se mettre au service de Dieu enveloppés dans (par) la prière.

Le récit de l’Evangile de ce XXIXe dimanche (Mc 10,35-45) semble nous répéter certains mots que le Christ a déjà exprimé précédemment : « Quiconque veut être le premier d’entre vous sera le serviteur de tous » (Mc 10,44). Ces paroles de Jésus aux disciples indiquent le chemin qui mène à la « grandeur » évangélique. C’est le chemin que le Christ lui-même a parcouru jusqu’à la Croix ; un chemin d’amour et de service, qui renverse toute logique humaine : Soyez le serviteur de tous !

Mère Teresa de Calcutta s’est toujours laissée guider par cette logique. Cette Fondatrice des Missionnaires de la Charité qui -il y a 18 ans- fut proclamée « Bienheureuse » en ce même XXIXe dimanche de 2003, par le Pape Jean-Paul II, a été au complet service de l’amour. Dans son homélie de ce dimanche-là, ce Pape a dit « Je suis personnellement reconnaissant à cette femme courageuse, que j’ai toujours sentie à mes côtés. Icône du Bon Samaritain, elle allait partout pour servir le Christ en les plus pauvres des pauvres. Même les conflits et les guerres ne pourraient pas l’arrêter ». Avec le témoignage de sa vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l’Église passe par la charité, nourrie de prière et d’écoute de la parole de Dieu. Emblème de ce style missionnaire est l’image qui dépeint la nouvelle Bienheureuse qu’elle a, d’une main, celle d’un enfant et, de l’autre, glisse le chapelet. Contemplation et action, évangélisation et promotion humaine » (19 octobre 2003).

Mère Teresa de Calcutta, proclamée sainte le 5 septembre 2016 par le pape François, a annoncé l’Évangile avec sa vie entièrement donnée aux pauvres, mais en même temps elle était enveloppée dans (par) la prière. Cette sainte nous aide à comprendre ce que les disciples de Jésus ont eu du mal à comprendre.

Ils ne comprennent pas le Christ qui annonce sa Passion. La réaction des apôtres, à la troisième prédiction de la Passion est pire que les précédentes.
Après la première, il y eut une discussion entre Jésus et Pierre. Ceux-ci pensaient encore comme les hommes et non comme Dieu et, donc, voulait convaincre le Christ de ne pas aller mourir.
Après la seconde, il y eut l’incompréhension de tous les apôtres, occupés à se disputer en raison de celui qui serait le plus grand.
Après la troisième, c’est comme si Jésus n’avait rien dit. Bien au contraire, Jacques et Jean veulent que Jésus fasse leur volonté. En effet, ils demandent à Jésus : « Nous voulons nous asseoir un à ta droite et un à ta gauche » (Cf. Mc 10,37) pendant que les autres se fâchent en raison de cette requête.
La réaction n’est certainement pas en ligne avec l’amour humble prêché par le Maître. Jésus rassemble patiemment autour de lui les autres apôtres et s’adressant aussi bien aux deux qui cherchaient le pouvoir et l’honneur qu’aux dix autres, irrités par cette requête peut-être parce qu’elle avait été faite avant qu’ils ne puissent la faire eux-mêmes, explique que l’apôtre le plus grand est celui qui sert.
Qui est le plus grand ? Dans le Règne de Dieu, celui qui sert est grand et le meilleur service est celui de donner sa vie. Déjà, servir c’est un peu mourir, c’est la croix quotidienne. Mais si l’on accepte cette croix, nous nous unissons au service que le Christ offre à toute l’humanité, manifestant l’amour gratuit et miséricordieux de Dieu.

Avec patience, Jésus enseigne que pour être grand avec Lui et comme Lui, il faut exercer l’autorité comme Lui l’a fait : en servant. Car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45). Cette phrase est le point culminant de l’enseignement tout entier de Jésus. C’est une phrase qui va au-delà du simple exercice de l’autorité fait avec patience, douceur et humilité. C’est de cette façon que l’auteur de l’Imitation du Christ la commente : « Si tu veux régner avec Jésus, porte la croix avec Lui. Seuls les serviteurs de la croix trouvent le chemin de la béatitude et de la vraie lumière » (Cf. Cap 56).
Pour participer à sa grandeur, Jésus ne nous demande pas seulement de faire comme Lui, mais d’’être comme Lui : des serviteurs. « Chacun peut être grand, parce que chacun peut servir. Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme pour servir. Il est seulement nécessaire d’avoir un cœur plein de grâce » (Martin Luther King) régénéré par l’amour du Christ sur la croix.

2) L’autorité appartient à celui qui aime et l’exerce dans le service[1].
Dans le Christianisme, l’autorité est conçue et vécue comme exercice de l’amour, parce que pour le Christ, qui L’aime est celui qui peut et doit guider ses autres amis en se faisant leur serviteur.
Cela est l’enseignement qui vient du texte de Saint-Marc que nous examinons aujourd’hui. Aux disciples qui demandent à Jésus de partager Sa grandeur, Lui, il répond en enseignant que la grandeur est dans le service et que le service est un chemin de croix, c’est-à-dire de don de soi pour que l’ami vive. Ce n’est pas beau de souffrir, mais c’est un devoir, beau et joyeux, même si le prix à payer est le renoncement de soi-même : « Il est plus joyeux de donner que de recevoir » (Actes20,35). Cet enseignement vient aussi de la part d’un non chrétien comme le poète indien Tagore : « Je rêvais d’une vie qui fût joie. Je me suis réveillé. La vie était service. J’ai servi et dans le service j’ai trouvé la joie ». Et M. Teresa de Calcutta a complété en disant : « Là où Dieu est, il y a amour. Et là où il y a amour, il y a toujours le service. Le fruit de l’amour est le service, le fruit du service est la paix ».
La vraie grandeur, qui est celle de Dieu, est celle d’être serviteur de l’amour, parce que servir, est, dans le Nouveau Testament, la traduction concrète d’aimer. Aimer veut dire servir l’autre. Au contraire l’égoïsme signifie se servir de l’autre.
Dans la mentalité dominante, l’autorité est conçue et exercée comme pouvoir, presque synonyme de domination et, dans ce sens, elle est le contraire du service. Mais prenons en considération que même Jésus a une grande autorité et a agi avec autorité[2]. Cependant Jésus a aussi été celui qui a présenté le Nouveau Testament surtout en faisant recours à l’hymne du serviteur souffrant (Is 52,13-53,12), comme une personne qui a donné sa vie pour les autres, en exprimant grandement la vérité qu’il n’y a de meilleur ami que celui qui donne sa vie pour les autres. « Voici mon serviteur que je soutiens, celui que j’ai élu et qui me plait » (Is 42,1). C’est Dieu qui parle et présente « son » serviteur : c’est Lui qui l’’a choisi, c’est Lui qui le soutient.
Chaque vocation dans l’Ecriture est toujours en vue d’une mission pour affronter celle qui a besoin de la grâce. Dieu dit que son serviteur est une « bonne chose » et qu’il a posé en lui son Esprit. « Ecoutez-moi, écoutez attentivement, lointaines nations ; le Seigneur m’a appelé du sein maternel, dès le ventre de ma mère il a prononcé mon nom » (Is 49,2). Il a fait de ma bouche une épée aiguisée, il m’a caché à l’ombre de sa main, m’a fait devenir une flèche aigue, il m’a mis dans son carquois. (Ibid)
En bref, pour nous, le serviteur est un homme, choisi parmi les hommes ; il n’est ni meilleur ni plus capable que les autres ; c’est Dieu qui va à sa rencontre, qui le purifie et le rend capable de lui dire oui ; l’appel à être saint se concrétise dans la mission aux autres, en tant qu’envoyé de Dieu. Cette mission consiste avant tout à annoncer la parole, à prêter sa voix à Dieu, à être son témoin. Selon l’Evangile, l’autorité est donc une qualification que Dieu donne pour un service. Si nous voulions nous exprimer avec une page de l’évangile de Saint-Jean, nous pourrions nous référer au lavement des pieds, le soir de la dernière cène au cénacle.
L’épisode du lavement des pieds nous renvoie à l’évangile de Marc, où Jésus s’inquiète d’être assimiler aux grands de la terre : il ne veut pas être servi, mais servir. En donnant sa vie, il veut démontrer qu’il sait porter jusqu’aux extrêmes conséquences la vérité à laquelle il s’est consacré et la mission que le Père lui a confiée. Il veut nous faire comprendre que la vie chrétienne est une vie dans la joie, parce que servir Dieu, le prochain, et l‘église donne de la joie. « Qui donne aux autres, qu’il le fasse avec simplicité, qui aide les pauvres, qu’il le fasse avec joie ». (Rm 12,7-8).

  3) Le service des vierges consacrées[3].
En réfléchissant à la grandeur des vierges consacrées et à comment elles exercent l’amour serviable, j’ai pensé qu’il était important d’écrire les choses suivantes. Les vierges consacrées dans le monde consacrent leur vie et toutes leurs forces d’amour à Dieu et à son règne. Elles témoignent que chaque vocation est un accueil de la charité de Dieu et est une réponse à Lui dans le service aux autres. Elles rappellent la source théologale de l’amour surtout à travers la virginité qui rappelle cette virginité du cœur et des affections qui naissent et qui se nourrissent de la féconde et intime communion avec le Seigneur
Ces femmes suivent en particulier l’exemple de Notre Dame. La Vierge Marie a répondu « Oui » à la proposition d’« être pour l’autre ». Non seulement elle a compris la portée et la grandeur de l’appel de Dieu mais dans ses paroles : « Me voilà, je suis la servante de Dieu » elle a interprété d’une façon exemplaire la vraie attitude de service demandé par Dieu. Un service actif, silencieux qui, sous la croix est devenu coopérant de la volonté du Père, et peut être, comme jamais encore, ces paroles n’ont résonné dans son cœur à ce moment-là : « Me voici je suis la servante de mon Seigneur. »
Qui aime sert tout le monde et comme le Christ, va à la recherche en particulier des exclus, des pêcheurs. Avec leur vie chaste elles proclament que Dieu les regarde, les aime et les sauve.
Leur importance n’est pas mesurée par ce qu’elles produisent, mais par l’esprit et par le panache qui les anime et par la communion ecclésiale qu’elles vivent.
Leur vocation est un « service » qui démontre par la consécration et par la vie qui en découle que l’on peut passer d’un « moi » possessif à un « moi » oblatif.
Ces femmes montrent comment l’on fait pour aimer le prochain comme soi-même. Il suffit d’aimer Jésus, parce que qui aime vraiment, aime aussi ceux que l’Aimé aime.
Ceci enseigne ainsi le Rite de la consécration des vierges. Grâce à ce rite l’Eglise célèbre la décision d’une femme de donner au Christ-époux sa propre virginité et, en invoquant sur elle le don de l’’Esprit, la dédie pour toujours au service cultuel du Seigneur et à un service d’amour en faveur de la communauté ecclésiale et du monde.
La consécration est une réponse à l’appel de Dieu Père « source pure d’où naît le don de l’intégrité virginale ». A travers le Christ, Lui appelle les vierges « pour un dessin d’amour (….) pour les unir plus intimement à lui et les mettre au service de l’église et de l’humanité »(Rite de la consécration des vierges, n29 – Homélie) . Pour cela, l’église invoque sur elles toutes les vertus, grâces et charismes dont elles ont besoin pour vivre leur vocation, en priant de cette façon : « Concède, Père, par don de ton Esprit qu’elles soient prudentes dans la modestie, sage dans la bonté, austère dans la douceur, chastes dans la liberté. Ferventes dans la charité ne mettent rien avant ton amour, vivent dans la louange sans désirer la louange ».( Ibid, n.38- de la prière de consécration

Lecture Patristique

Saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélie contre les Anoméens, 8, 6

PG 48, 116-111.

Voyant que Jacques et Jean s’étaient écartés de leur groupe et intriguaient pour obtenir les honneurs les plus élevés, les dix autres disciples donnèrent libre cours à leur colère. C’est alors que Jésus entreprit de corriger les passions déréglées des uns et des autres. Il les appela donc et leur dit: Les chefs des nations païennes commandent en maîtres. Les grands font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut être le premier sera le dernier de tous (Mc 10,42-44).

Manifestement, en convoitant ainsi les premières places, les plus hautes charges et les honneurs les plus élevés, les deux frères voulaient, à mon avis, avoir autorité sur les autres. Aussi Jésus s’oppose-t-il à leur prétention. Il met à nu leurs pensées secrètes en leur disant : Celui qui veut être le premier sera le serviteur de tous (Mc 10,44). Autrement dit : « Si vous ambitionnez le premier rang et les plus grands honneurs, recherchez le dernier rang, appliquez-vous à devenir les plus simples, les plus humbles et les plus petits de tous. Mettez-vous après les autres. Telle est la vertu qui vous procurera l’honneur auquel vous aspirez. Vous en avez près de vous un exemple éclatant, puisque le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mc 10,45). Voilà comment vous obtiendrez gloire et célébrité. Voyez ce qui m’arrive : je ne recherche ni honneur ni gloire, et pourtant le bien que je réalise ainsi est infini. »

Nous le savons : avant l’Incarnation du Christ et son abaissement, tout était perdu, tout était corrompu ; mais, après qu’il se fût humilié, il a tout relevé. Il a aboli la malédiction, détruit la mort, ouvert le paradis, mis à mort le péché, déverrouillé les portes du ciel pour y ramener les prémices de notre humanité. Il a propagé la foi partout dans le monde. Il a chassé l’erreur et rétabli la vérité. Il a fait monter sur un trône royal les prémices de notre nature.

Le Christ est l’auteur de biens infiniment nombreux, que ni ma parole, ni aucune parole humaine ne saurait décrire. Avant son abaissement, il n’était connu que des anges, mais, depuis qu’il s’est humilié, la race humaine tout entière l’a reconnu.

NOTES

[1] On peut penser au passage qui suit la Résurrection, sur la rive du Lac de Tibériade où Jésus Christ demande à Pierre : « M’aimes-tu ? ». « Oui. » « Sois le berger de mes brebis ».

[2] C’est Marc lui-même qui se réfère au fait que Jésus enseigne depuis le début avec autorité (1,27).

[3] L’Ordo Virginum est une forme de vie consacrée ; dans le code de droit canonique, il est inséré au can.604 dans la partie III « Les instituts de vie consacrée et de société de vie apostolique (Libvre II : « De Populo Dei ») : « A ces différentes forme de vie consacrée s’ajoute l’ordre des vierges les quelles, émettant le saint vœu de suivre le Christ au plus près, sont consacrées à Dieu par l’Evêque diocésain selon le rite liturgique approuvé et unies dans des noces mystiques au Christ, fils de Dieu, se dévouant au service de l’Eglise ».

Source: ZENIT.ORG, le 14 octobre 2021

«Comment peut-on avoir une vie qui ne meure pas?», par Mgr Follo

Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

Mgr Follo, 28 Juin 2020 © Anita Sanchez 

«Comment peut-on avoir une vie qui ne meure pas?», par Mgr Follo

Suivre le Christ « avec les yeux, avec les pieds, avec le coeur »

Mgr Follo invite à « comprendre que suivre le Christ, ce n’est pas seulement vouloir vivre quelque chose de plus que « ne pas voler », « ne pas tuer », etc., mais laisser ce que nous avons pour être avec Lui ».

L’Observateur permanent du SaintSiège à l’UNESCO, à Paris, Mgr Francesco Follo commente ainsi l‘Evangile de dimanche, 10 octobre 2021.

Mgr Follo invite à suivre le Christ « avec les yeux, avec les pieds, avec le coeur ».

Comme lecture patristique, Mgr Follo propose un commentaire de saint Jean Chrysostome: en somme, « qui perd gagne »!

AB

Une question incontournable : 

« Comment peut-on avoir une vie qui ne meure pas ? »

         1) Le chemin.

Dans le récit de l’Evangile de ce dimanche, nous voyons de nouveau le Christ sur le chemin de Jérusalem. On voit aussi qu’un jeune homme court vers le Messie (sa course nous dit au moins deux choses : cette personne a un désir très fort de rencontre, et elle ne veut pas perdre cette rencontre, c’est-à-dire que le jeune homme a vraiment à cœur de pouvoir rencontrer Jésus. Il termine à genoux devant Jésus. Cette personne sait très bien à qui il veut aller, quelle est la fin de sa course, avec un fort désir d’une rencontre qui se termine devant de Jésus).

Cette personne va vers le Rédempteur car les richesses qu’il possède ne lui donnent pas le plein bonheur, ni la vie qui ne meurt pas. Allez vers lui pour savoir comment avoir une vie pleine et épanouie : une vie éternelle. Cet homme est riche mais, bien qu’il soit jeune, il savait qu’il aurait dû abandonner ses richesses. « Je crois qu’il fut appelé dans une sorte de jugement par la peur de la mort et rongé au milieu de ses délices, en pensant devoir quitter ses biens. Il les avait amassés, sans même savoir pour qui, et il désirait quelque chose d’éternel » (Saint Augustin). Donc en voyant que tout ce qu’il possédait lui échappait des mains, il demanda au Seigneur : « Bon Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?», comme s‘il disait : « Je pourrais être bien, mais tout ce que je possède peut facilement disparaître. Dis-moi comment je peux prendre possession de ce qui sera à jamais ; dis-moi comment je peux prendre possession de ce que je ne perdrai jamais » (Id.).

C’est ainsi que ce jeune homme riche court à la rencontre de Jésus, se met à genoux devant Lui et, à celui qui est le Chemin, demande le sens, la direction de la vie.

Le Christ lui répond en citant certains des Dix Commandements, ceux aillant une signification de par leur dimension sociale, et qui concernent l’amour du prochain, banc de preuve de l’amour de Dieu : « Connais les commandements : ne pas tuer, ne pas commettre d’adultère, ne pas voler, ne pas faire de faux témoignages, ne pas frauder, honore ton père et ta mère … ».

Le jeune homme répond qu’il a respecté ces commandements. Jésus lui propose alors d’aller plus loin, et de rendre l’amour pour Dieu plus radical et profond, en mettant cet amour à la première place parmi les valeurs de la vie, suggérant : « Vas, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi ».

L’exigence clé pour suivre Dieu et de Lui donner la primauté, le reste n’est qu’un plus. On peut avoir ou non des richesses, mais il est nécessaire que le cœur ne soit totalement lié, absorbé par les richesses, par les biens de la terre. Il faut désirer ce « trésor qui est dans le ciel ». Le cœur de l’homme, comme Saint Augustin l’enseigne, est fait pour Dieu, et c’est vers Lui qu’il doit aspirer, tout en se « servant » de réalités temporelles. Alors laissons le Seigneur pénétrer dans nos cœurs avec l’épée de Sa parole, parce qu’à la lumière de Sa sagesse nous pouvons évaluer les choses terrestres et éternelles, et devenir libres et pauvres pour Son royaume. (Prière de la messe d’aujourd’hui).

Jésus invite ce jeune homme et ses disciples, y compris nous, à le suivre pour la totalité du voyage avec une rigueur qui est sans précédent. Dans un récit similaire à celui de Saint-Marc, l’évangéliste Luc écrit : « Alors qu’il était en chemin, sur la route, un homme lui dit : « Je te suivrai partout où tu iras ». Jésus lui dit : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de l’homme n’a pas où poser sa tête » … Un autre Lui dit : « Je te suivrai, Seigneur, mais d’abord permets-moi de prendre congé de ma maison ». Jésus lui répondit : « Quiconque regarde en arrière, tout en mettant la main à la charrue, n’est pas apte au royaume de Dieu » (Lc 9, 57-58 … 61-62.).

En effet, suivre le Christ signifie en fait d’être prêt à vivre quelque chose de plus que le « tu ne voleras pas », « Tu ne tueras point », etc. Outre le fait de ne pas commettre le mal, nous devrions nous poser la question de savoir comment bien faire et surtout comme « être » de vraies personnes dans l’amour.

Jésus avait déjà annoncé que pour sauver sa vie il fallait être prêt à la perdre pour et par son amour – C’est à dire : pour Le suivre il est nécessaire de se renier et prendre sa propre croix (Mc 8,34 – 35).

2) Suivre avec les yeux, suivre avec les pieds, suivre avec le coeur.

L’homme riche qui est allé chez le Christ était authentique et c’est un regard plein d’amour qu’il obtint de la part de Jésus. Avec ce regard c’est comme si le Christ lui disait : « Une seule chose te manque, et elle est décisive pour toi. Renonce à posséder, investis dans le trésor du ciel, et ton cœur sera libre et tu pourras me suivre. Mais ni le regard, ni les paroles de Jésus n’eurent d’effets. Cet homme, certes attristé, a cependant préféré retourner à la sécurité que la richesse lui procurait. Il n’a pas pu ou voulu comprendre qu’il lui était offert un bien incomparablement plus précieux et autrement plus durable que toutes ses richesses : l’amour du Christ qui communique la plénitude de Dieu (Ep 3,18 à 19). Au lieu d’accepter la proposition de communion qui était implicite dans la demande du Christ à le suivre, cet homme a choisi la solitude.

Pourtant, le Christ l’avait regardé avec amour. Jésus regarda le riche et le regard de Jésus était comme une caresse, un baiser … baiser que le maître donnait au disciple usuellement, au temps de Jésus, comme dans le cas de Judas (Mc 14,45 et par.). Nous pourrions interpréter ce regard comme saint Bède le Vénérable l’a fait en commentant le regard de Jésus sur le publicain Matthieu (cf. Mt 9,9 : « Jésus vit un publicain, lui fit miséricorde, et l’appela en lui disant : « Suis-moi » (Homélies 21, CCL 122,150). Jésus ne lui a pas dit : « Tout va bien, mais si tu veux faire quelque chose de plus, vas vendre tes biens … », mais : « Il te manque une chose, laisse tout et suis-moi » (Mc 10,21). Voilà où Jésus avait apporté le jeune homme avec son regard empli d’amour miséricordieux. Malheureusement, cet homme ne crut pas à ce regard et à ces paroles. Il devint triste et se retira vers l’arrière (cf. Mc 10, 22). Il ne crut pas à ce regard, il ne crut pas à cet amour et n’a pas été capable de le suivre avec les pas du cœur.

Ce jeune homme riche n’eut pas eu le courage d’embrasser le Christ et sa proposition de vie évangélique, et la raison est clairement indiqué : « Parce qu’il avait de grands biens. ». Le détachement des biens, la pauvreté, est une condition indispensable pour suivre le Christ ; et cela pour trois raisons :

  1. La foi en Dieu qui est Père providentiel, qui se souciant des oiseaux et des lis des champs, il a encore plus soin de chacun de nous.
  2. Une exigence de fraternité : comment peut-on continuer à posséder tout ce que l’on a, quand on remarque que tout autour de nous il y a des frères qui manquent du nécessaire ?
  3. Une exigence de liberté. Nous sommes liés à trop de choses (et il ne s’agit pas seulement de l’argent) qui absorbent tout notre temps et notre attention, comment pouvons-nous alors trouver l’espace et le goût pour les choses de Dieu ?

Ces trois raisons peuvent être résumées en un mot : la virginité, que Jacopone de Todi appela : pauvreté amoureuse (povertà innamorata).

         3) La virginité : la pauvreté de soi pour la plénitude de Dieu.

La virginité est « la pauvreté amoureuse qui permet d’avoir toute chose dans un esprit de liberté » (Jacopone de Todi, O amor de povertate). La virginité est la modalité d’accueilir le regard et l’amour du Christ sur soi-meme, en Le suivant inconditionnellement, sans demander de garanties ou avoir des voies de fuite. Une vierge consacrée laisse tout, même sa propre chair pour suivre Jésus, sans nostalgie et sans hésitation, sur le Chemin qu’il est, Lui. Le détachement nécessaire est un gain, une bonne affaire, non pas une perte. Et cela est profondément vrai, même d’un point de vue tout simplement humain : dans la sobriété de ces biens que l’Evangile appelle richesses on trouve la possibilité d’autres biens beaucoup plus importants et humains, essentiels pour l’homme comme l’air que nous respirons : le temps offert à Dieu, la joie de la fraternité, la libération de l’angoisse de la possession, la liberté, la sérénité.

Celle qui, par la virginité, met Dieu en premier dans sa vie, devient une partie de Sa « famille », où elle trouve des frères et des sœurs, des pères et des mères à vénérer, des maisons et des champs où travailler. Elle trouve l’amour. La virginité n’est pas une négation de l’amour, elle est la plénitude et la totalité de l’amour. C’est pour cela que le Rituel de la consécration des Vierges demande de prier ainsi : « Ferventes dans l’amour, ne préfèrant absolument rien à ton amour » (Prière de consécration des vierges, dans le Pontifical romain, réformée conformément aux décrets du Concile Vatican II et promulgué par le Pape Paul VI, consécration des Vierges, Libreria Editrice Vaticana, Cité du Vatican 1980, n. 38, p. 77).

Lecture patristique

Saint Jean Chrysostome (+ 407)

Homélie sur le débiteur de dix mille talents,3 (PG 51, 21)

Perdre pour gagner

En réponse à la question que lui posait un homme riche, Jésus avait révélé comment on peut parvenir à la vie éternelle. Mais l’idée d’avoir à abandonner ses richesses rendit cet homme tout triste, et il s’éloigna. Alors Jésus déclara: Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu (Mc 10,25).

A son tour, Pierre s’approche de Jésus. Lui qui s’est dépouillé de tout en renonçant à son métier et à sa barque, ne possède même plus un hameçon. Et il pose cette question à Jésus: Mais alors, qui peut être sauvé (Mc 10,26)?

Remarque la réserve et le zèle du disciple. Il n’a pas dit: « Tu ordonnes l’impossible, ce commandement est trop difficile, cette loi est trop exigeante. » Il n’est pas non plus resté silencieux. Mais, sans manquer au respect qu’un disciple doit à son Maître, il a dit: Mais alors, qui peut être sauvé?montrant par là combien il était attentif aux autres. C’est qu’avant même d’être le pasteur, il en avait l’âme. Avant d’être investi de l’autorité, il possédait le zèle qui convient à un chef, puisqu’il se préoccupait de la terre entière.

Un homme riche, propriétaire d’une fortune considérable, aurait probablement demandé cela par intérêt, par souci de sa situation personnelle et sans penser aux autres. Mais Pierre, qui était pauvre, ne peut être soupçonné d’avoir posé sa question pour de pareils motifs. C’est le signe qu’il se préoccupait du salut des autres, et qu’il désirait apprendre de son Maître comment on y parvient. D’où la réponse encourageante du Christ: Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu (Mc 10,27). Il veut dire : « Ne pensez pas que je vous laisse à l’abandon. Moi-même, je vous assisterai dans une affaire aussi importante, et je rendrai facile et aisé ce qui est difficile. »

Source: ZENIT.ORG, le 8 octobre 2021

« Vivre avec Celui qui donne Vie à la vie », par Mgr Follo

Mgr Francesco Follo 13/12/2017 @Oss_romano

Mgr Francesco Follo 13/12/2017 @Oss_romano

« Vivre avec Celui qui donne Vie à la vie », par Mgr Follo

Commentaire des lectures de dimanche, 22 août 2021

Vivre avec Celui qui donne Vie à la vie

1) Une question qui nous inquiète depuis des siècles 

Nous avons écouté l’enseignement de Jésus sur le Pain de vie: Pendant quatre dimanches Il nous a communiqué la réalité de l’amour que Dieu a pour chacun de nous.

L’amour dont le Christ nous a parlé n’est pas seulement ‘parole’: il s’agit d’un Amour qui va au-delà de n’importe quelle attente, de n’importe quelle imagination. Le Sauveur est l’Amour qui nous donne lui-même, qui partage notre vie – ou, plutôt c’est Lui qui nous fait partager Sa Vie : “Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle” (Jn 6,54)

La nourriture qu’Il nous propose provoque des réactions négatives: malheureusement Jésus n’a pas été compris par Ses contemporains : la même chose se passe aujourd’hui, étant donné que beaucoup de monde n’arrive pas à Le comprendre. Aujourd’hui même, beaucoup se plaignent en disant: “Ta Parole est trop dure! Qui est-ce qui peut l’écouter? – beaucoup de Ses disciples Le quittèrent et n’allaient plus avec Lui” (Jn 6,60-66)

La Parole de Jésus n’est pas dure1. Notre cœur, au contraire, est très dur : il se renferme et refuse d’écouter tandis que la Parole du Seigneur est plus douce que le miel (cf. Ps 119, 103). Ce n’est pas trop difficile d’accueillir Sa Parole et de la vivre au jour le jour. Avec Son enseignement exigeant, le Christ nous offre en fait une vie heureuse – Il ne nous donne pas une vie facile.

Lorsque le Sauveur, avec tendresse, douleur et fermeté, s’adresse à nous, en nous posant la question: “Vous aussi, vous voulez me quitter?” (Jean 6,67), nous devons répondre rapidement : “A qui irions-nous? Toi seul, tu as les Paroles qui donnent la vie ”, à savoir, les Paroles qui nous donnent une vie ‘heureuse’.

En effet, Sa demande va au-delà du fil du temps, dépasse les siècles et s’adresse à nous, aujourd’hui. Il nous interroge et attend notre décision. Si nous sommes en train de méditer ce passage de l’évangile, cela signifie que nous-même, nous devrions être prêts à répéter la réponse de l’apôtre Pierre: « A qui irions-nous? Toi seulement, tu as les Paroles qui donnent la vie éternelle » (Jn 6,68).

Il y des milliers de paroles qui résonnent tout autour de nous mais, seules, les Paroles de Christ peuvent vaincre le temps. Il n’y a que Ses Paroles qui savent expliquer notre vie, survivre à l’usure et rester pour l’éternité.

Comme Saint Pierre, adhérons aux Paroles du Christ sans aucune crainte, ni sans aucune hésitation.

1 La dureté du discours dont parle l’Evangile ne se réfère à l’Eucharistie seulement, à savoir à la Présence du Christ dans le Pain et le Vin- une présence jugée impossible. La difficulté du discours se rapporte au chapitre sixième de Saint Jean, où l’on parle de:

  • –  l’expérience du salut qui va au-delà des attentes de la foule
  • –  la présence du Fil de Dieu dans le fils du charpentier
  • –  la nécessité di partager Son Existence qui nous est donnée

Comme Saint Pierre, répondons au Messie avec des paroles qui expriment notre foi de disciples : « Toi seul, tu as les Paroles de vérité », parce que nous reconnaissons dans la foi que Lui seul est l’unique sauveur, l’unique qui rend Dieu présent parmi nous.

Comme Saint Pierre, nous avons conscience de notre fragilité, et nous pouvons répéter la réponse cet Apôtre, pourvu que nous fassions confiance au Saint Esprit et à sa puissance qui se révèle dans la Communion avec Jésus. La foi nous est don de Dieu à l’homme – et en même temps, c’est grâce à la foi qu’Il nous donne, que nous pouvons faire confiance à Dieu dans la liberté. La foi est écoute docile de la Parole qui est la lampe de nos pas et lumière sur notre chemin (Ps 119, 105).

Chacun de nous doit donner une réponse personnelle à cette provocation inquiétante qui résonne dans notre cœur. En fait, le Messie ne se contente pas d’une appartenance superficielle et formelle. Une première adhésion enthousiaste ne lui suffit pas non plus. Il faut, au contraire, prendre part à « Sa façon de penser et à Son vouloir» pour toute la vie.

Le suivre remplit le cœur de bonheur et donne plein sens à notre existence. Mais elle comporte alors de la fatigue, des renoncements et des difficultés parce qu’il faut aller très souvent à contrecourant.

2) Des Paroles de Vie qui donne vie à notre vie

Lorsque Jésus posa la question: « Vous aussi, vous voulez me quitter? », Saint Pierre ne répondit pas seulement: « Toi seul, Tu as les Paroles de la vie éternelle ». Le Chef des Apôtres ajouta aussi: « et nous avons cru et nous savons que Tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,69).

Expression que Saint Augustin explique ainsi : « Par la Grace de Dieu et par inspiration du Saint Esprit, Saint Pierre a compris. Pourquoi qu’Il a pu comprendre? Parce qu’il a cru. Tu as les Paroles de la vie éternelle. Tu nous donnes la vie éternelle parce que Tu nous offres Ton Corps et Ton Sang. Et nous avons cru et su. Il ne dit pas: nous savons et donc, nous croyions, mais il dit: nous avons cru et su. Nous avons cru pour pouvoir connaître. Si nous avions voulu connaitre avant de croire, nous n’aurions réussi ni à connaitre, ni à croire. Qu’est-ce que nous croyons et qu’est-ce que nous connaissons? que Tu es le Christ, le Fils de Dieu, (c’est à dire que Tu es la Vie éternelle même et que Tu te donnes Toi-même à nous en Ta chair et Ton sang. (Commentaire sur l’évangile de Jean, 27, 9)

L’attitude qui synthétise les paroles de Pierre est celle de nous agenouiller devant le Saint- Sacrement pour l’adorer humblement et en silence, en cultivant dans notre cœur le désir d’être en pleine communion avec Lui (et non d’être dans le doute).

L‘Amen’ que l’Eglise nous fait dire lorsque nous allons recevoir la Communion, a ainsi une signification profonde qui répète la profession de foi de Saint Pierre: “Lorsque tu prends le Corps du Christ et que tu réponds ‘Amen’, cela signifie que tu reconnais que tu es en train de prendre le Corps du Christ. Lorsque tu te présentes pour Le recevoir, l’Evêque dit : ‘Le corps du Christ !’. Et toi, tu réponds: ‘Amen’. C’est-à-dire : c’est vrai, je le sais. Il faut donc que ton esprit garde ce que ta parole reconnaît » (Saint Ambroise).

La Mère de Dieu qui a prononcé son ‘fiat’, son ‘oui’, nous donne l’humilité de cœur pour reconnaitre le désir et la grandeur du Don divin qui nous est offert dans le Pain de Vie.

Même Saint Pierre renouvelle son ‘fiat’, son « oui » au Christ, en donnant la réponse sur laquelle nous sommes en train de méditer. Comment pouvons-nous l’imiter? Il faut que nous fassions complètement confiance au Christ et que nous soyons disposés à renouveler notre ‘oui’ par la prière, l’adoration Eucharistique et la Communion, puisque nous disons: ‘Amen’, c’est à dire que nous disons: ‘oui’ lorsque nous recevons la Communion

Suivant l’exemple de la Vierge Marie et de Saint Pierre, faisons nous aussi confiance au Christ.

La Liturgie d’aujourd’hui nous offre aussi un autre exemple: celui des Israelites à Sichem : avant d’entrer en Terre Promisse, Josué leur impose de choisir. « Qui est-ce que vous voulez servir? – choisissez-le aujourd’hui ». Devant cette alternative, les Israelites firent confiance au témoignage de leurs pères qui avaient été libérés de l’esclavage subi en Egypte. Ils avaient fait confiance au Seigneur et L’avaient suivi même si ils n’avaient pas encore tout compris à l’égard de Sa Parole.

Un exemple particulier qui nous montre comment mettre le Christ est ‘au centre’ de notre vie nous est offert par les Vierges consacrées vivant dans le monde. Ces femmes ont compris que seul, le Seigneur est celui qui a des Paroles qui rendent la vie « vivante ». Par leur vie consacrée, elles nous témoignent que le Christ est le cœur même du monde entier.

Chaque jour, s’adressant au Christ, chacune d’elles dit: “Toi seul, Tu as les Paroles de la vie éternelle” (Jn 6,68). Elles le disent pas tant avec des paroles mais avec leur propre vie pleinement offerte à l’Epoux. Leur vie virginale se réfère au Christ parce qu’elles se nourrissent de Sa Parole et de Son Pain qui ne meurent jamais. Ces femmes nous démontrent que, seul, le Christ a les ‘Paroles de vie éternelle” non seulement parce qu’Il soigne leur âme et leur corps, mais surtout, parce que le Christ est le sens de la vie de l’homme, Il est son étoile la plus brillante. En cela, ces femmes professent l’orgueilleuse conscience que le Christ est le véritable ‘Homme nouveau’ dont le projet de vie est la voie et la vérité de l’expérience humaine puisque Lui, Il est la vie en plénitude.

Elles peuvent nous le témoigner grâce à leur propre existence, puisque elles peuvent croitre, elles savent espérer et aimer. Si le Christ est le médecin, Il l’est parce qu’Il est le don du Père pour chaque homme et femme. Si le Christ est la vérité, Il l’est parce qu’Il se montre comme Vérité attrayante pour le cœur de chaque homme.

Si le Christ est la voie, Il l’est parce qu’Il a donné l’esprit de l’amour qui nous conduit dans le cœur de Dieu-même. Si le Christ est tout ceci, alors, Il est la vie-même : la vie bonne et pleine. Ces femmes consacrées nous témoignent que seul le Christ peut nous donner la paix et la joie puisqu’Il est ‘Parole de vie’. Elles ont offert leur propre vie à l’Amour : donc elles peuvent partager l’amour qu’elles reçoivent dans leur existence, chaque jour.

Nous aussi nous pouvons vivre la même expérience, grâce à l’Eucharistie du dimanche, devant à ce rite qui nous parait parfois dur et étrange. La tentation de suspendre la pratique de la messe et de ce sacrement en attendant de mieux comprendre indique une perspective illusoire : en effet, seulement si nous faisons l’expérience du Sacrement nous pouvons approfondir sa signification. Seulement si nous écoutons le Christ et que nous abandonnons à Lui, nous pouvons découvrir que Lui-même s’abandonne à nous dans la Communion. Alors seulement nous pourrons comprendre que seul, le Seigneur a les Paroles qui rendent la vie vivante.

Lecture patristique

Saint Cyrille d’Alexandrie (+ 444)

Commentaire sur l’évangile de Jean (4, 4 PG 73, 613 617)

A qui donc irions-nous? demande Pierre. Il veut dire: « Qui nous instruira comme toi des divins mystères? » ou encore: « Auprès de qui trouverions-nous quelque chose de meilleur? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Elles ne sont pas dures, comme le disent ces autres disciples. Au contraire, elles conduisent à la réalité la plus extraordinaire de toutes, la vie éternelle qui est sans  fin, vie exempte de toute corruption.

Ces paroles nous montrent bien que nous devons nous asseoir aux pieds du Christ, le prenant pour notre seul et unique maître, et nous tenir constamment près de lui sans nous laisser distraire. Il doit devenir pour nous le guide parfaitement capable de nous conduire à la vie qui n’aura pas de fin. De cette manière, en effet, nous monterons jusqu’à la divine demeure du ciel et nous entrerons dans l’Église des premiers-nés, pour faire nos délices des biens que l’esprit humain ne peut comprendre.

De soi, il est évident que la volonté de suivre le Christ seul et de lui être toujours uni, est chose bonne et salutaire. Néanmoins, l’Ancien Testament va aussi nous l’apprendre. De fait, au temps où les Israélites, affranchis de l’oppression égyptienne, se hâtaient vers la terre promise, Dieu ne les laissait pas faire route en désordre, et le législateur ne leur permettait pas d’aller n’importe où, à leur gré; sans guide, en effet, ils se seraient à coup sûr complètement égarés. <>

Remarque comment ils reçoivent l’ordre de suivre, de se mettre en marche au moment où la nuée prend son départ, de faire encore halte avec elle, puis de prendre du repos avec elle. Vraiment, en ce temps-là, les Israélites trouvaient leur salut en restant avec leur guide. Aujourd’hui, nous faisons également le nôtre en refusant de nous séparer du Christ. Car c’est lui qui s’est manifesté aux anciens sous les apparences de la tente, de la nuée et du feu. <>

Les Israélites devaient exécuter les ordres: il leur était défendu de se mettre en route de leur propre initiative. Ils devaient s’arrêter avec la nuée, par égard pour elle. Cela devait encore servir d’exemple, afin que vous compreniez cette parole du Christ: Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur (Jn 12,26). C’est en marchant toujours avec lui que le disciple donne la preuve qu’il est fidèle à le suivre et assidu à se tenir près de lui.

Or, la marche en compagnie et à la suite du Christ Sauveur ne s’entend nullement dans un sens matériel, mais s’effectue plutôt par le moyen des œuvres qu’engendre la vertu. Les disciples les plus sages s’y sont fermement engagés de tout leur cœur. Ils ont refusé de se retirer avec ceux qui manquaient de foi et couraient à leur perte.

Ils s’écrient à bon droit: Où irions-nous? En d’autres termes: « Nous serons toujours avec toi, nous nous attacherons à tes commandements, nous accueillerons tes paroles, sans jamais récriminer. Nous ne croirons pas, avec les ignorants, que ton enseignement est dur à entendre. Nous ferons plutôt nôtre cette pensée: Qu’elle est douce à mon palais, ta promesse: le miel a moins de saveur dans ma bouche! » (Ps 118,103).

Source: ZENITH, le 19 août 2021