Le Pape invite Caritas à retrouver le vrai sens de la charité

Le Pape lors de l'audience à Caritas Internationalis le 11 mai 2023.Le Pape lors de l’audience à Caritas Internationalis le 11 mai 2023. (Vatican Media)

Le Pape invite Caritas à retrouver le vrai sens de la charité

C’est à un retour aux sources que le Pape François a appelé Caritas Internationalis à l’occasion de sa 22e assemblée générale. Le Saint-Père a rappelé le vrai sens de la charité, exhortant les 400 délégués réunis jusqu’au 16 mai à coopérer à l’ensemencement de l’Église universelle en annonçant l’Évangile par de bonnes œuvres. 

Xavier Sartre – Cité du Vatican

«À l’origine de toute notre activité caritative et sociale se trouve le Christ»: le Pape François souligne dans un discours consigné aux participants réunis dans la salle Clémentine du Palais apostolique, ce qui est à l’origine de la création de Caritas Internationalis par Pie XII, au lendemain des «horreurs» et des «dévastations» de la Seconde guerre mondiale. Nourris par l’Eucharistie, «nous pouvons entrer dans le mystère joyeux et grandiose de la “restitution”, du souvenir reconnaissant et gratifiant qui nous fait rendre grâce à Dieu en choisissant de regarder notre frère qui souffre, qui a besoin de soins, qui a besoin de notre aide pour retrouver sa dignité de fils, racheté “par le sang précieux du Christ”».

Pour répondre à l’amour de Dieu, nous pouvons devenir «le signe et l’instrument de cet amour pour les autres», explique François. «Il n’y a pas de meilleure façon de montrer à Dieu que nous avons compris le sens de l’Eucharistie que de remettre aux autres ce que nous avons reçu», ajoute-t-il. Ce qui distingue Caritas des autres ONG, «c’est sa vocation ecclésiale et ce qui spécifie au sein de l’Église son service par rapport aux nombreuses institutions et associations ecclésiales dédiées à la charité, c’est sa tâche d’assister et d’aider les évêques dans l’exercice de la charité pastorale, en communion avec le Siège Apostolique et en harmonie avec le Magistère de l’Église», explicite le Pape.

Le vrai sens de la charité

Invitant les délégués présents à relire l’exhortation post-synodale Amoris laetitia et son quatrième chapitre, le Pape cite saint Paul et son Hymne à la charité dans lequel l’apôtre souligne que «le manque de charité vide toute action de son contenu»«Sans la confession de la foi en Dieu le Père, (…) sans l’expérience de l’amitié avec le Christ, (…) sans la conduite de l’Esprit (…), il ne reste que l’apparence» et cela fait courir le risque

C’est bien «la charité qui nous fait être», insiste François. «Lorsque nous accueillons l’amour de Dieu et l’amour en lui»«nous percevons clairement que chaque vie est inaliénable et apparaît comme une merveille aux yeux de Dieu». C’est cet amour qui «nous permet de reconnaître dans l’étranger que nous croisons sur notre chemin le visage d’un frère», poursuit-il. «À la lumière de l’amour de Dieu, la physionomie de l’autre sort de l’ombre, sort de l’insignifiance et acquiert de la valeur, de l’importance», et «nous trouvons la force et le courage de répondre au mal qui opprime les autres, de s’engager en y mettant notre visage, notre cœur, en retroussant nos manches». Cet amour nous incite aussi «à ressentir comme nôtres les blessures que nous voyons sur son corps et nous pousse à verser l’huile de la fraternité sur les blessures invisibles que nous lisons en filigrane dans l’âme de l’autre».

Vivre vraiment la charité

Sachant cela, un chrétien vit-il de la charité, se demande François. Rien de plus simple: «Regarde alors s’il est prêt à aider volontiers, le sourire aux lèvres, sans rouspéter et sans se mettre en colère», sans oublier la patience, car «la charité est patiente». Il faut aussi «sortir de l’autoréférentialité», qui ne signifie pas seulement «contenir la tyrannie de l’égocentrisme» mais «laisser émerger les qualités et les charismes d’autrui»«Vivre la charité, poursuit le Pape, signifie être magnanime, bienveillant, reconnaître que pour travailler ensemble de manière constructive nous devons d’abord donner de l’espace à l’autre». C’est aussi ne pas être jaloux, ne pas se vanter, ne pas chercher son intérêt mais s’efforcer de «promouvoir le bien d’autrui», ne pas tenir compte du mal reçu, de pas succomber aux ragots. C’est enfin savoir «distinguer le péché du pécheur afin que l’un soit condamné et l’autre sauvé».

La charité, «don définitif», nous pousse à faire «un bien qui est fait au nom de Dieu» et qui est «la bonne part de nous-mêmes qui ne sera pas annulée, qui ne sera pas perdue».

Le rôle essentiel des laïcs

Fort de ce rappel, le Pape développe alors ce que Caritas Internationalis doit faire: «Coopérer à l’ensemencement de l’Église universelle en annonçant l’Évangile par de bonnes œuvres», se penser «dans un processus constant et continu de conversion missionnaire». Les défis existent: celui d’un «laïcat conscient et mûr», car «les laïcs peuvent exprimer, avec une liberté créative, le cœur maternel de l’Église et sa sollicitude pour la justice sociale, en s’engageant dans la tâche ardue de changer les structures sociales injustes et de promouvoir le bonheur de la personne humaine».

Dernière recommandation du Pape, préserver «l’unité». Malgré les nombreuses identités qui composent Caritas Internationalis, «vivez la diversité comme une richesse, la pluralité comme une ressource», «rivalisez d’estime les uns pour les autres, en laissant les conflits vous conduire à la confrontation, à la croissance, et non à la division», exhorte François.

Source : VATICANNEWS, le 11 mai 2023

UKRAINE – Le président de Caritas Ukraine demande la solidarité et des prières pour les familles des victimes

Caritas

UKRAINE – Le président de Caritas Ukraine demande la solidarité et des prières pour les familles des victimes

Mariupol (Agence Fides) – « Cette nouvelle dramatique laisse la famille Caritas horrifiée et choquée. Nous nous associons à la douleur et à la solidarité avec la souffrance des familles et de nos collègues de Caritas Ukraine qui vivent cette tragédie ».

C’est par ces mots que le Secrétaire Général de Caritas Internationalis, Aloysius John, exprime la douleur de la Confédération à l’annonce de la mort de deux employées de Caritas Ukraine Mariupol. On ne le sait que depuis quelques heures, mais l’attaque tragique a probablement eu lieu le 15 mars, lorsque des coups de feu ont été tirés depuis un char sur le bâtiment du centre Caritas de Mariupol, tuant les deux employés et cinq de leurs proches. A ce jour, en raison de l’absence de communication avec la ville de Mariupol et de l’impossibilité d’accéder aux locaux du centre Caritas, le bureau national de Caritas Ukraine ne dispose pas encore d’éléments suffisants pour déterminer ce qui s’est passé et continue de collecter des informations. On peut supposer que les travailleurs de Caritas et leurs familles s’étaient réfugiés dans le centre pendant le bombardement de la ville.


Caritas Internationalis réitère son appel incessant à la paix. « Le ‘martyre’ en Ukraine, comme l’a appelé le Pape François, doit prendre fin, et il doit prendre fin maintenant – souligne le Secrétaire Général. La communauté internationale doit faire l’impossible pour arrêter immédiatement ce massacre. Il faut donner une chance à la paix. Les conflits armés et la violence ne sont pas la solution. Les vies humaines doivent être sauvegardées, la dignité humaine respectée et la sécurité des civils garantie ».


Depuis le début du conflit, les deux organisations Caritas présentes en Ukraine, Caritas Ukraine et Caritas-Spes Ukraine, se sont tenues aux côtés de la population et ont jusqu’à présent, également en coopération avec la Confédération Caritas, apporté une aide humanitaire à environ 600 000 personnes.


La présidente de Caritas Ukraine, Tetiana Stawnychy, appelle à une attention particulière en mémoire des victimes. « Nous avons besoin de votre solidarité et de vos prières pour les familles des victimes, pour la communauté de Caritas Mariupol et la communauté de Caritas Ukraine ».

Source: Agence Fides, le 12 avril 2022

Appel du cardinal Tagle après l’attaque d’un centre de la Caritas à Marioupol

Des habitantes de Marioupol quittent leur ville, le 10 avril 2022.Des habitantes de Marioupol quittent leur ville, le 10 avril 2022.

Appel du cardinal Tagle après l’attaque d’un centre de la Caritas à Marioupol

Le président de Caritas International réagit suite à la destruction d’un centre de la Caritas dans la ville ukrainienne de Marioupol, qui a fait sept morts. 

Alessandro Gisotti – Cité du Vatican

«Cette nouvelle dramatique laisse la famille Caritas horrifiée et choquée. Nous nous associons à la douleur et à la solidarité avec la souffrance des familles et de nos collègues de Caritas Ukraine qui vivent cette tragédie». C’est par ces mots que le Secrétaire général de Caritas Internationalis, Aloysius John, a exprimé ses condoléances pour la mort de deux travailleurs de Caritas Ukraine à Marioupol. Selon les sources locales de Caritas, le 15 mars dernier, un char russe a tiré des coups de feu sur le centre Caritas de Marioupol, tuant deux employés et cinq membres de leurs familles qui s’étaient réfugiés dans le bâtiment. La nouvelle a été communiqué lundi 11 avril. «Nous avons besoin de votre solidarité et de vos prières pour les familles des victimes», a déclaré quant à elle la présidente de Caritas Ukraine, Tetiana Stawnychy. Le cardinal Luis Antonio Tagle, président de Caritas Internationalis, souligne au micro de Radio Vatican la valeur du témoignage de ceux qui aident le peuple ukrainien au péril de leur vie.

Le centre Caritas de Marioupol a été détruit. Au moins sept personnes sont mortes, dont deux femmes membres du personnel. Quels sont vos sentiments à l’égard de cette tragique nouvelle?

Je ressens une profonde tristesse et un choc à l’annonce de l’attaque qui a entraîné la perte de vies humaines. Caritas internationalis exprime sa plus profonde sympathie et sa proximité aux familles de ceux qui ont perdu la vie et de ceux qui ont été blessés. Notre tristesse se transforme en un appel à la communauté internationale pour qu’elle mette tout en œuvre afin de mettre fin à cette violence, de renouer le dialogue et de reconnaître chaque personne comme un frère et une sœur.

Qu’avez-vous envie de dire aux femmes et aux hommes qui, chaque jour, au risque de leur vie, font de leur mieux pour aider le peuple ukrainien?

Aux femmes et aux hommes qui risquent leur vie, nous adressons un mot de sincère gratitude. Vous faites une action sainte, une œuvre sainte ! Pour chaque bonne action accomplie de manière désintéressée, vous semez des graines de vérité, de justice, d’amour et de paix qui changeront le monde. Dieu veillera à ce que vos efforts ne soient pas vains. Vos efforts porteront leurs fruits.

Que pouvons-nous faire pour honorer le sacrifice de ces travailleurs humanitaires de Caritas et de toutes les victimes de cette terrible guerre?

Nous honorons le sacrifice des travailleurs humanitaires en priant pour eux et pour leurs familles. Nous croyons que Dieu entend le cri des pauvres et des justes. Nous leur rendons hommage en affirmant la valeur du service rendu par les organisations humanitaires, qui doit être respecté. Nous les honorons en priant Dieu et en appelant les personnes de bonne volonté à penser et à travailler pour la paix.

Source: VATICANNEWS, le 12 avril 2022

Caritas Internationalis, auprès des pauvres et vulnérables depuis 70 ans

Des jeunes de Caritas au Liban. Des jeunes de Caritas au Liban.  

Caritas Internationalis, auprès des pauvres et vulnérables depuis 70 ans

Le 12 décembre, Caritas Internationalis fêtera son 70e anniversaire. Son secrétaire général Aloysius John parle aux médias du Vatican de l’importance de cet anniversaire et des défis les plus urgents pour la Confédération Caritas en ces temps de pandémie.

Entretien réalise par Alessandro Gisotti – Cité du Vatican 

Répondre aux besoins humanitaires apparus à la fin de la Seconde Guerre mondiale et fournir une assistance aux victimes du conflit. Lorsque Pie XII la créa le 12 décembre 1951, c’étaient là les premiers objectifs de Caritas Internationalis. Une confédération d’organisations Caritas nationales – qui des 13 entités initiales est passée à 162 aujourd’hui – qui, au cours de ces 70 ans, a de plus en plus élargi son champ d’action et multiplié ses secteurs d’intervention. Au centre, aujourd’hui comme au commencement, se trouve le témoignage concret de la charité pour que les personnes – surtout les plus vulnérables – puissent faire l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu. Aujourd’hui, Caritas Internationalis a publié le programme des événements et des initiatives qui marqueront le 70e anniversaire de sa naissance. C’est l’occasion de parler avec son secrétaire général, Aloysius John, des défis qui attendent Caritas à l’avenir, à commencer par la crise humanitaire mondiale déclenchée par la pandémie.

Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Caritas Internationalis naissait. 70 ans après sa fondation, quelles sont les valeurs à la base de votre Confédération, aujourd’hui comme à l’époque?

Caritas Internationalis est née comme «la main attentive et aimante» de l’Église pour servir et promouvoir la personne humaine et en particulier les personnes pauvres, marginalisées et les plus vulnérables de la société. Au cours de ces 70 années, notre Confédération a été guidée par des valeurs fondatrices telles que la sauvegarde de la dignité humaine, les droits humains fondamentaux et la justice sociale. Ces valeurs sont toujours restées le fondement de notre travail, qui a évolué au fil des ans, en suivant les signes du temps et en recherchant un développement constant pour mieux servir notre prochain dans le besoin. Au cœur de notre mission se trouve, et se trouvera toujours, la rencontre avec les pauvres, comme nous l’a également rappelé le pape François en 2019 lors de notre dernière Assemblée générale. «On ne peut pas vivre la charité sans relations interpersonnelles avec les pauvres», nous a-t-il dit,«parce qu’en vivant avec les pauvres, on apprend à pratiquer la charité avec l’esprit de pauvreté, on apprend que la charité est un partage».

Au cours de ces 70 années, Caritas Internationalis a été présente dans toutes les grandes crises humanitaires. Quel est, selon vous, le plus grand défi à relever aujourd’hui dans un monde marqué par des transformations rapides et profondes?

Le travail humanitaire a considérablement évolué depuis 1951 et nous sommes aujourd’hui confrontés à des crises complexes et durables, qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine. Les divisions politiques, les guerres, les conflits religieux se mêlent aux effets du changement climatique, ce qui entraîne une augmentation spectaculaire du nombre de réfugiés et de déplacés internes. Nous sommes également confrontés à de graves inégalités et à l’émergence de nouvelles formes de pauvreté et de vulnérabilité. Alors que nous continuons à servir et à accompagner les personnes plongées dans ces souffrances, nous cherchons à relever le défi de susciter au sein de notre société moderne un sentiment de solidarité à leur égard. D’autre part, le défi le plus urgent, face à l’immense souffrance humaine, est de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation de notre mission.

Le Covid-19 a également mis à mal les activités caritatives et humanitaires. Comment Caritas Internationalis a-t-elle fait face à la crise et comment se prépare-t-elle à la période post-pandémique?

Notre Confédération a été confrontée à une crise sans précédent qui a vu presque toutes les Caritas du monde s’engager dans la lutte contre la pandémie. Un signe concret de soutien et d’espoir est venu du Saint Père, qui a souhaité inclure Caritas Internationalis dans la Commission Covid-19 du Vatican. À la demande du Pape, et en collaboration avec le Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, nous avons créé un fonds pour soutenir 40 projets Caritas. Ce geste de solidarité a motivé d’autres acteurs locaux à se joindre à Caritas pour offrir leur soutien. Au Bangladesh, par exemple, des restaurateurs musulmans ont soutenu l’organisation Caritas locale en donnant de la nourriture pour les réfugiés. La réponse immédiate à l’urgence a tout de suite été accompagnée d’une réflexion sur l’avenir. Encouragés par l’invitation du pape François à «penser au nouvel avenir» post-pandémique, nous avons créé un groupe de réflexion et nous réfléchissons à la manière dont le travail de Caritas sera affecté par cette nouvelle réalité.

L’Église est globalement engagée dans le processus synodal souhaité et initié par le Pape François. Quelle est la contribution qu’une réalité ecclésiale mondiale telle que Caritas Internationalis peut apporter à la synodalité?

Le Pape François a souligné que le processus synodal, qui implique toute l’Église, a pour premier point l’écoute. La capacité d’imaginer un nouvel avenir pour l’Église dépend donc en grande partie du lancement d’un processus d’écoute, de dialogue et de discernement communautaire. En cela, Caritas Internationalis peut contribuer à la réflexion au sein des communautés chrétiennes à la base et dans les paroisses, en favorisant avant tout le dialogue et la solidarité avec les personnes les plus vulnérables en leur sein.

Un anniversaire, c’est l’occasion de faire le point mais aussi de se relancer. Sur quoi Caritas Internationalis va-t-elle se concentrer dans les années à venir ? Y a-t-il une campagne particulière que vous lancez pour marquer cet anniversaire?

Cette pandémie nous a montré que si nous ne prenons pas soin de l’humanité et de la création, nous deviendrons tous de plus en plus vulnérables. Aujourd’hui, le monde a plus que jamais besoin d’une conversion radicale des cœurs et des esprits et d’une réconciliation avec la Création. Dans le cadre de notre action caritative, nous nous engageons tout particulièrement à promouvoir une civilisation de l’amour et de soin pour l’humanité et pour notre maison commune. C’est sur ces points que reposera notre prochaine campagne mondiale, que nous lancerons effectivement à l’occasion de cet anniversaire, et qui s’étendra jusqu’en 2024.

Source: VATICANNEWS, le 26 octobre 2021