Cardinal Filoni: au Proche-Orient, la politique de la terre brûlée n’est pas une solution

Bombardements à la frontière avec la bande de Gaza, au sud d’Israël, le 31 octobre 2023. (AFP or licensors)

Cardinal Filoni: au Proche-Orient, la politique de la terre brûlée n’est pas une solution

Le cardinal Fernando Filoni, grand maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, a exprimé sa préoccupation pour la guerre en Terre Sainte, mardi 31 octobre, au Vatican. «Il est impensable de penser qu’Israël n’a pas le droit d’exister, mais cela vaut aussi pour les Palestiniens. Si nous ne surmontons pas la barrière de défense de son propre droit exclusif, nous restons bloqués», a affirmé l’ancien nonce apostolique en Irak et en Jordanie.

Antonella Palermo – Cité du Vatican

Du 6 au 10 novembre prochain, l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem tiendra à Rome sa Consulta ou assemblée générale sur le thème de la formation. «Un moment pour étreindre à distance nos frères et sœurs dans ces lieux chers, pour prier pour la paix», a déclaré mardi le Grand maître de l’Ordre, le cardinal italien Fernando Filoni.

«Dépasser la conception du droit exclusif»

«En ce moment, il est impensable de penser qu’Israël n’a pas le droit d’exister et de rester, mais cela vaut aussi pour les Palestiniens. Il s’agit de deux droits». Le cardinal Filoni s’est dit extrêmement préoccupé par la situation en Terre Sainte, où le rôle des chrétiens devrait historiquement continuer à être celui d’un pont entre les différents groupes ethniques et culturels, multiples dans la région, a-t-il rappelé, ajoutant: «Si nous ne surmontons pas la barrière de défense de son droit exclusif, nous resterons bloqués. Si nous ne sortons pas de cette vision simpliste de contrastes pour voir les droits de tous, nous n’en sortirons pas».

Un conflit resté enfoui dans les tiroirs internationaux

«Nous pensons aussi aux difficultés psychologiques que vivent les deux réalités. Nous voulons les soutenir, les aider, les appuyer et leur dire que nous sommes proches pour que la Terre Sainte continue à être ce qu’elle doit être, un lieu de dialogue et non de conflit», a précisé à Radio Vatican le cardinal Filoni. Face à l’escalade de la haine, l’ancien diplomate du Saint-Siège plaide pour une solution à des problèmes qui, selon lui, sont, pendant longtemps, «restés enfouis dans les tiroirs internationaux, dans les réalités qui auraient pu et dû agir». «Il faut la volonté et la contribution de ceux qui ont la responsabilité des peuples. Nous ne pouvons pas nous refermer sur nous-mêmes», a-t-il noté.

L’un des aspects du drame actuel concerne le piège dans lequel la population de Gaza est enfermée: «On ne peut pas penser résoudre le problème en pensant simplement à tout détruire, on ne peut pas. On ne peut pas penser à laisser mourir Samson et tous les Philistins».

L’Ordre accroît son aide au Proche-Orient

Un flux continu d’argent arrive de toutes les parties de l’Ordre du Saint Sépulcre qui, par l’intermédiaire du Patriarcat, l’affecte aux besoins de ceux qui subissent la terreur de la guerre au Proche-Orient. Dans ce contexte historique de conflits, l’Ordre apporte une aide volontaire extraordinaire aux besoins humanitaires de la région, a déclaré l’ambassadeur Leonardo Visconti di Modrone, gouverneur général de l’Ordre. De cette façon, la vocation première de l’Ordre est encore renforcée: l’engagement dans des initiatives humanitaires qui, à la lumière des urgences découlant de la situation actuelle de violence, vont à l’éducation des nouvelles générations dans les écoles du Patriarcat latin, ouvertes aux étudiants de toutes les confessions, avec un enseignement inspiré par les valeurs évangéliques et les principes du dialogue, de la coexistence pacifique et du respect mutuel. Les ressources financières collectées bénéficient également aux universités, aux paroisses, aux hôpitaux, aux maisons de retraite, aux camps de réfugiés, avec une contribution volontaire annuelle d’environ 15 millions d’euros ces dernières années.

L’Ordre du Saint-Sépulcre face à la nécessité de la formation

L’Ordre compte quelque 30 000 Chevaliers et Dames, tous bénévoles, regroupés dans 64 Lieutenances ou délégations magistrales dans une quarantaine de pays. En expansion en Afrique, en Amérique latine et en Orient, c’est un organe central de l’Église, avec un cardinal Grand Maître nommé par le Pape. «La formation doit faire l’objet d’une plus grande attention, a souligné le cardinal Filoni,notamment en raison du fait qu’il ne s’agit pas d’un ordre honorifique de chevalerie, mais d’une entité active et vitale qui assume un engagement et une responsabilité particuliers en Terre Sainte». Il est donc essentiel de soutenir les Chevaliers et les Dames dans leur dimension spirituelle et communautaire, non seulement au sein de l’Ordre, mais aussi dans leurs diocèses et leurs églises locales. Mgr Tommaso Caputo, archevêque de Pompéi, assesseur de l’Ordre du Saint-Sépulcre, a également souligné que l’appartenance à l’Ordre est une occasion de vivre la fraternité et la charité, et qu’elle «ne doit jamais être une simple frise à exhiber». L’archevêque napolitain a souligné l’importance des figures d’accompagnement dans la redécouverte permanente des racines de la foi chrétienne.

Enfin, il a rappelé l’expérience de Bartolo Longo, fondateur du sanctuaire de Pompéi et premier chevalier laïc béatifié: «Il a toujours ressenti le besoin de se laisser guider dans les ‘choses de Dieu’ par un prêtre, depuis le chemin de la conversion jusqu’aux derniers jours de sa vie.»

Le cardinal Pizzaballa en visioconférence pour l’ouverture de la Consulta

La Consulta (c’est-à-dire l’assemblée générale des lieutenants/délégués magistraux, responsables des différentes structures périphériques de l’Ordre dans le monde) se réunit tous les quatre ans. La nouveauté de cette année est que les Grands Prieurs ont également été invités à la réunion en tant qu’observateurs, afin de souligner la nécessité d’une meilleure coordination entre les composantes laïques et ecclésiastiques. Le programme prévoit une session plénière d’ouverture, avec la participation de représentants de la Secrétairerie d’État et du dicastère pour les Églises orientales; le cardinal Pierbattista Pizzaballa interviendra par vidéoconférence lors de l’ouverture. L’instrumentum laboris préparé par le cardinal Grand Maître sera examiné et discuté, et un document final sera rédigé. À l’issue des travaux, les participants seront reçus en audience par le Pape et se rendront en pèlerinage à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs et au sanctuaire de Notre-Dame du Divin Amour, à Rome.

Source : VATICANNEWS, le 31 octobre 2023

Ordre du Saint-Sépulcre : pour ne pas être « une carcasse sans âme », livre du card. Filoni

Livre du cardinal Filoni sur la spiritualité de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem © Twitter @GM_oessh
Livre Du Cardinal Filoni Sur La Spiritualité De L’Ordre Du Saint-Sépulcre De Jérusalem © Twitter @GM_oessh

Ordre du Saint-Sépulcre : pour ne pas être « une carcasse sans âme », livre du card. Filoni

Participer « à la vitalité de l’Eglise en Terre Sainte »

Ils sont quelque 30 000 « Chevaliers et Dames » d’une quarantaine de pays, organisés en près de 60 Lieutenances, et leur Grand Maître, le cardinal Fernando Filoni, les invite à ne pas être « une carcasse sans âme », dans un livre publié début 2021 aux éditions Salvator*.

L’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, né au XIVe siècle, a une spiritualité propre, qui participe « à la vitalité de l’Eglise en Terre Sainte », explique le cardinal dans un entretien à Zenit : « Ce n’est pas seulement un Ordre honorifique. »

Le Grand Maître exhorte les membres à « revenir à ce que Jésus a fait, à ses actes et à ses paroles », en s’inspirant notamment de la figure de Marie de Béthanie, qui oignit les pieds de Jésus. « S’il manque les motivations profondes d’appartenance, ajoute-t-il, l’Ordre peut être une belle chrysalide, mais une carcasse sans âme. »

Il souligne « l’unicité » de cette institution pluriséculaire rattachée au Saint-Siège, qui « garde en son cœur le mystère de la foi chrétienne » : « Il lui a été donné, depuis Pie IX, de s’occuper de la réalité vivante de l’Eglise en Terre Sainte, en collaboration avec le Patriarcat latin de Jérusalem : écoles, centres sociaux, soutien aux paroisses… je définis cette mission comme le prolongement du Corps du Christ et de sa mystique en Terre Sainte. »

Dans cet ouvrage, le préfet émérite de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples explore la dimension biblique et la dimension ecclésiologique de l’Ordre, ainsi que ses engagements.

*Et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Pour une spiritualité de l’Ordre du Saint-Sépulcre (88 pages ; 8,00 €)

Source: ZENIT.ORG, le 26 mars 2021

L’Ordre du Saint-Sépulcre porte secours aux familles chrétiennes de Terre Sainte

Le cardinal Fernando Filoni, Grand-maître de l'Ordre du Saint-Sépulcre.Le cardinal Fernando Filoni, Grand-maître de l’Ordre du Saint-Sépulcre.  (© 2020 iPhone)

L’Ordre du Saint-Sépulcre porte secours aux familles chrétiennes de Terre Sainte

Le cardinal Fernando Filoni, nouveau Grand Maître de l’Ordre, souligne l’urgence de soutenir les familles chrétiennes vivant dans ces pays pour leurs besoins essentiels. Les priorités sont le soutien à 38 écoles du Patriarcat latin en Palestine et en Jordanie, impliquant 15.000 élèves, et une aide extraordinaire à plus de 10.000 familles.

L’Ordre équestre des Chevaliers du Saint-Sépulcre se met plus que jamais au service du peuple de Terre Sainte. Le Grand Maître, le cardinal Fernando Filoni, a présenté aujourd’hui à Rome un « Fonds de soutien humanitaire Covid-19 » consacré aux besoins des populations de Palestine et de Jordanie touchées par le coronavirus.

Le cardinal italien souligne qu’il est urgent de soutenir les familles chrétiennes vivant dans ces pays pour leurs besoins de base, en particulier pour les personnes qui ont perdu leur emploi en raison de l’effondrement des pèlerinages et du tourisme et de l’impossibilité d’aller travailler en Israël tous les jours. De même, un soutien financier est nécessaire pour garantir les liquidités nécessaires au maintien des 38 écoles du Patriarcat latin de Jérusalem en Palestine et en Jordanie, avec plus de 15 000 élèves et plus de 1 300 enseignants et employés.

Un premier fonds déjà activé en janvier dernier

L’Ordre équestre avait déjà activé un fonds humanitaire de 650 000 dollars, résultat d’un accord entre la Présidence du Grand Magistère et le Patriarcat latin en janvier dernier, avant le déclenchement de la pandémie. Mais ce montant est insuffisant dans les circonstances actuelles, car la Terre Sainte a également été fortement touchée par la pandémie de Covid-19. Il a donc été décidé d’intervenir avec de nouveaux financements. Le cardinal souligne que le « Fonds de soutien humanitaire Covid-19 » devrait aider ceux qui ont perdu leur emploi à répondre aux besoins fondamentaux de leur famille, tels que la nourriture, les produits d’hygiène et de puériculture et les médicaments.

À cet égard, on prévoit qu’environ 2000 familles devront être soutenues par le Patriarcat pendant la crise. Dans le même temps, le Fonds apporterait un soutien financier aux quelque 10 000 familles qui ne pourront plus payer les frais de scolarité. Cette aide sera accordée sur la base de critères favorisant ceux qui ont perdu leur emploi et n’ont pas d’autres moyens de subsistance ».

Les curés locaux seront responsables de la distribution de l’aide

L’Ordre a annoncé que l’aide humanitaire aux familles sera fournie par le Patriarcat à travers les différents curés, en collaboration avec les conseils locaux du Patriarcat. Chaque curé de paroisse présentera un rapport sur l’ensemble des aides distribuées. Le soutien financier aux écoles sera assuré, en même temps, par la coordination sur chaque site scolaire entre les directeurs, les administrateurs scolaires, les travailleurs sociaux et les curés.

Les premiers cas de coronavirus dans la région ont été identifiés dans un hôtel de la région de Bethléem au début du mois de mars. L’Autorité palestinienne a déclaré l’état d’urgence nationale pendant 30 jours à partir du 5 mars 2020, fermant toutes les écoles, universités et lieux de culte.

Une situation critique pour les travailleurs journaliers

L’urgence nationale a été renouvelée le 4 avril pour 30 jours supplémentaires, malgré le faible taux de propagation du virus. «Depuis que la vie s’est arrêtée, écrit Sami El-Yousef, directeur administratif du Patriarcat latin de Jérusalem, toutes les entreprises ont été fermées, ce qui a eu un impact sur pratiquement toute la population. La région de Bethléem a été la plus touchée en raison de sa dépendance du marché du tourisme. Dans d’autres régions, la crise a mis plus de temps à se faire sentir, en particulier dans les régions du nord de la Cisjordanie où ceux qui vont travailler quotidiennement en Israël ont été autorisés à continuer à travailler pendant un certain temps et mais ont ensuite été renvoyés dans les Territoires palestiniens à l’arrivée des fêtes juives», explique-t-il. Ainsi, tous les travailleurs journaliers en Israël ont été privés de leurs revenus sans aucune protection. Heureusement, seuls quelques cas de coronavirus ont été enregistrés à Gaza, territoire qui a peut-être paradoxalement bénéficié de son isolement, le rendant moins exposé à la contagion.

En Jordanie, pays qui se situe également sous la juridiction du Patriarcat latin de Jérusalem, les écoles ont été fermées le 9 mars. À la mi-mars, le gouvernement a déclaré l’urgence nationale et a imposé une fermeture générale le 17 mars. Avant la pandémie, «le chômage en Jordanie était estimé à 19 %, avec des pics de 49 % pour les jeunes de moins de 19 ans et de 39 % pour les jeunes de 20 à 24 ans. Ces chiffres ont au moins doublé au cours des dernières semaines», a déclaré le directeur administratif du Patriarcat latin.

Source: Vaticannews, le 14 mai 2020