18.05.2025 – HOMÉLIE DU 5ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 13,31-33a.34-35

Triomphe et gloire

Homélie par le Fr. Laurent Mathelot

Évangile selon saint Jean 13, 31-33a.34-35

Avez-vous remarqué le nombre de fois que ce passage d’Évangile parle de gloire ? « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt » : cinq fois en une seule phrase.

Qu’est-ce que la gloire ? Nous venons de chanter le Gloria, mais que disons-nous quand nous chantons « Gloire à Dieu » ?

En hébreu, la racine du mot ‘gloire’ signifie ‘être lourd, pesant’. La gloire, c’est littéralement ce qui donne du poids, de la consistance à une personnalité. Et, dans un sens dérivé, la gloire correspond au poids de la renommée, de la fortune, à celui du pouvoir. Mais quel poids ?

La gloire d’une célébrité de la chanson, celle d’un chef d’état n’est pas celle d’un Charles de Foucauld ou d’une Mère Teresa. Mais on pressent très bien que la gloire reste liée au poids de bonnes actions, au bien que l’on a fait. Nous ne parlerions pas de gloire à propos de quelqu’un de célèbre pour ses méfaits.

Dans l’Ancien Testament, la gloire de Dieu est ce qui rend important et qui impose le respect à l’homme. Le plus souvent, la gloire de Dieu est mentionnée en même temps que sa puissance et sa sainteté. Au fond la gloire de Dieu, c’est la force avec laquelle la sainteté se rend visible. Voilà ce qui fait pour nous la gloire de quelqu’un, c’est qu’il témoigne quelque part de puissance divine.

Finalement rendre gloire à Dieu, c’est reconnaître sa présence et son action bénéfique parmi nous. Et tous, nous sommes dans l’espérance d’être un jour glorifiés, c’est à dire d’être éminemment reconnus pour le bien que nous avons fait, finalement pour avoir part à la sainteté divine.

Ainsi, la gloire de quelqu’un, c’est essentiellement l’amour dont il rayonne. On le voit, par contraste, quand telle ou telle personne célèbre tombe de son piédestal à cause de révélations scandaleuses. La vraie gloire, c’est ce qui reste du bien que l’on a fait par amour. Ce n’est pas simplement être célèbre ou connu. C’est être connu pour le bien. Il y a, dans toutes nos familles, et je l’espère pour tous ici, des personnes de bien qui ont rayonné, dans nos vies, de l’amour de Dieu. Des personnes inconnues de beaucoup, mais qui ont pour nous un reflet de gloire divine.

Penchons-nous maintenant sur le moment précis où Jésus prononce ces paroles que nous venons de lire : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié ». Comme dit au début de ce passage, on est au cours de la dernière Cène et Judas vient de sortir de la salle pour trahir. L’Évangile insiste beaucoup pour nous faire comprendre que Jésus est pleinement conscient que c’est une trahison à mort.

Il y avait bien eu avant des menaces. D’abord, tout prédicateur qui attirait le regard des foules attirait aussi le regard des autorités, ce qui n’était pas sans risque. Tout le monde le savait. Ensuite, il y eut toutes les polémiques, les fois où Jésus fut chassé, parfois à coups de pierre, accusé de blasphème. Mais l’instant précis du récit où Jésus dit « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié » est ce moment crucial où tout bascule irrémédiablement pour lui vers l’inéluctable, c’est à dire la mort.

Alors pourquoi revenir, en plein temps pascal où l’on se concentre habituellement sur les apparitions du Ressuscité et où l’on médite essentiellement sur le retour à la Vie, pourquoi revenir en arrière et relire maintenant un épisode de la dernière Cène ? Pourquoi revenir à ce moment tragique où Jésus voit un ami partir le livrer à la mort ?

Précisément parce que le Ressuscité est déjà présent – authentiquement et pleinement présent – dans cet acte inouï d’amour qui consiste à embrasser celui qui vous tue. C’est dès ce baiser avec la mort, que l’amour du Christ déjà triomphe et que la gloire de Dieu est pleinement manifestée.

La résurrection que nous espérons tous n’est pas simplement quelque chose qui pourrait nous arriver au-delà de la mort. La résurrection d’entre les morts, c’est quelque chose qui s’éprouve dès maintenant, à mesure de l’amour divin dont nous sommes capables.

De même que le désamour tue, l’amour est ce qui nous ressuscite. Voilà la gloire de Dieu.

Fr. Laurent Mathelot

Source : RÉSURGENCE.BE, le 14 mai 2025

18.05.2025 – HOMÉLIE DU 5ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 13,31-33a.34-35

À l’image de ton amour

Pistes pour l’homélie par l’Abbé Jean Compazieu


Textes bibliques : Lire


« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Nous pouvons faire de grandes choses, même au service des autres, s’il n’y a pas l’amour, nous ne sommes rien. Nous ne serons reconnus comme disciples du Christ qu’à la façon dont nous nous aimons entre nous. Le pape François nous disait que « l’amour est la carte d’identité du chrétien… c’est l’unique document pour être reconnu comme disciple de Jésus…Si ce document expire et n’est pas renouvelé continuellement, nous ne sommes plus amis du Maître. »

Pour mieux comprendre ce que Jésus attend de nous, c’est vers lui que nous nous tournons. Il « nous a aimés comme on n’a jamais aimé ». Il est allé jusqu’au don de sa vie sur la croix. Aujourd’hui, il nous demande d’aimer les autres « comme » il nous a aimés. Il nous invite à entrer dans sa manière d’aimer ses frères. Cela ne sera possible que si nous cherchons à nous mettre à son école. Apprendre à aimer, c’est un travail de tous les jours.

Le pape François insistait beaucoup sur ce commandement. Il nous rappelait que « seul l’amour nous sauvera ». Nous entendons régulièrement ses appels en faveur des plus faibles. Tout l’Évangile est un message d’amour pour le monde. C’est aussi un appel à aller à contre-courant de la société qui juge et qui condamne. On y insulte les autres avant de les écouter. L’Évangile de ce jour est là pour nous renvoyer aux paroles et à l’exemple du Christ : « Aimez-vous les uns les autres COMME je vous ai aimés ». Les paroles du Christ doivent être notre seule référence car elles sont celles « de la vie éternelle ». C’est pour nous un appel à agir comme lui en nous faisant proches des pauvres, des exclus et de tous ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde.

Nous nous rappelons qu’au moment où Jésus prononce ce discours, il vient de laver les pieds de ses disciples. Lui, le « Maître et Seigneur », s’est mis à leur service. C’est un exemple qu’il leur a donné. Il ne s’agit plus de répéter ce geste mais de faire taire les pleurs et les cris ce ceux et celles qui souffrent. Encore une fois, c’est à nos gestes d’amour, de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Nous sommes envoyés dans le monde pour lui annoncer la bonté du Seigneur, sa tendresse et sa miséricorde. Il faut que cela se voie dans notre vie.

Cette ardeur missionnaire, nous la retrouvons dans la première lecture (Actes des apôtres). Nous y rencontrons Paul et Barnabé qui ont travaillé inlassablement à cette annonce de la bonne nouvelle. Cela n’a été possible que parce qu’ils étaient passionnés de l’amour qui est en Dieu. Ils se sont efforcés de rester en relation avec ceux qui se sont convertis au Christ. Il s’agit maintenant d’organiser leur vie communautaire. Grâce à leur témoignage, la bonne nouvelle de l’Évangile se répand de plus en plus. Mais le plus important, c’est l’action de Dieu dans ces communautés. La mission s’est d’abord son œuvre. Mais tous s’est fait « avec eux ».

La seconde lecture (Apocalypse) nous montre le fruit de la résurrection de Jésus. Elle nous parle de « la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, toute prête comme une fiancée parée pour son époux ». Contrairement à ce qu’on entend dire, l’Apocalypse n’est pas un livre de catastrophe ; c’est d’abord une bonne nouvelle. Elle montre à des chrétiens persécutés l’amour du Christ vainqueur du mal et de la mort. Le Christ ressuscité veut nous associer tous à sa victoire. Le texte d’aujourd’hui se termine par cette affirmation : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Ces nouveautés dont il parle, c’est un monde rempli de joie et d’amour. Il n’y aura plus de souffrances ni de tensions. La rancœur et la haine n’y auront plus leur place. Il ne restera que l’amour qui vient de Dieu et qui transforme tout.

Voilà cette bonne nouvelle que nous entendons en ce dimanche. C’est une immense scène d’amour qui ne demande qu’à enserrer toute une communauté et même le monde entier. Nous ne pourrons en témoigner que si nous puisons à la source de cet amour. Aimer, c’est prolonger Dieu, c’est vivre à sa manière sans exclure personne. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est un amour de plus en plus à la ressemblance de celui de Jésus pour nous.

Chaque dimanche, le Christ nous rassemble pour nous nourrir de sa parole et de son eucharistie. Il vient nous donner force et courage pour aimer comme lui et avec lui. C’est cela qui fait la valeur d’une vie. Que tous ceux qui regardent nos communautés chrétiennes puissent dire : « voyez comme ils s’aiment ». Oui, sois avec nous, Seigneur ; remplis notre vie de ton amour. « Toi qui est lumière, toi qui est l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour. »

Abbé Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 11 mai 2025