13.07.2025 – 15ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – LUC 10, 25-37

Le Dieu étranger

Évangile selon saint Luc 10, 25-37

Homélie par le Fr. Laurent Mathelot

Un docteur de la Loi – c’est à dire un homme instruit, un théologien – entre en discussion avec Jésus. C’est une joute oratoire, le pilpoul juif traditionnel, encore pratiqué de nos jours dans les écoles talmudiques. Sa question est : « que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ». Jésus le renvoie à la Loi, le domaine d’expertise de ce savant : « aimer Dieu de tout son cœur de toute son âme et de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même ». Remarquons que ce n’est pas Jésus qui invente le commandement d’aimer. L’amour du prochain est déjà un commandement de l’Ancien Testament (Lévitique 19,18).

Le savant renchérit : qui est mon prochain ? En deux questions, on est arrivé à la pierre d’achoppement entre Jésus et le judaïsme traditionnel, qui restera pierre d’achoppement entre Juifs et Chrétiens, à savoir celle de l’universalité du Salut. Mon prochain, est-ce n’importe qui ou seulement un proche ? Jésus répond par une parabole.

Il met en scène un Samaritain, c’est à dire, pour ce docteur de la Loi, non seulement un étranger mais, pire, un hérétique. Juifs et Samaritains se vouaient en effet une haine religieuse féroce. Précédemment, dans l’Évangile (Luc 9,51-56), Luc a déjà rapporté l’histoire d’un village de Samaritains ayant refusé de recevoir Jésus et ses disciples … parce qu’ils se rendaient à Jérusalem ! Pour ceux qui écoutent cette parabole, le Samaritain, c’est avant tout un ennemi religieux. Aujourd’hui peut-être, Jésus invoquerait-il plutôt un Musulman ou un athée … En tous cas, un personnage qui dénote religieusement dans le récit.

A la toute fin de la parabole, c’est Jésus qui pose une question : « Qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » … Si on n’est pas attentif, on ne se rend pas compte qu’il a inversé la logique. On s’attendrait à ce qu’il demande : « Qui a considéré l’homme blessé comme son prochain ? » « Lequel du Samaritain, du Prêtre ou du Lévite a aimé cet homme comme Dieu lui demande d’aimer ? » Mais ce n’est pas la question qu’il pose. « Qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Autrement dit : « qui l’homme blessé considère-t-il, lui, comme le prochain qu’il va aimer comme lui-même ? »

L’enjeu n’est pas de remarquer que le Samaritain – ce méprisable étranger – a considéré l’homme blessé comme son prochain, l’a aimé et l’a très généreusement aidé ; cela va de soi pour Jésus. Non ! Ce qu’il fait ici, c’est répondre à la question initiale du docteur de la Loi : « que dois-je faire pour être sauvé ? » Jésus répond : « Comme cet homme blessé, tu dois aimer celui qui te semble étranger – religieusement autre – et qui fait pourtant preuve de pitié envers toi »

On se rend compte ainsi que le Bon Samaritain n’incarne pas seulement le commandement d’aimer son prochain, d’être charitable au-delà des conventions et des clivages – je le redis, pour Jésus cela va de soi. Non ! Le Bon Samaritain, l’étranger qui sauve, l’homme qui semble religieusement étrange et qui pourtant secourt, c’est le Christ lui-même. Et le lecteur attentif aura remarqué que, dans la parabole, le Bon Samaritain propose de repasser régler le solde des dépenses : c’est évidement une image du retour du Seigneur à la fin des temps, de la manière dont il agira envers nous, pour solde de tous comptes.

Un Dieu qui nous sauve arrive forcément, à un moment donné dans notre vie, comme l’étranger que nous méprisons. Dieu est quelque part toujours un « hérétique » par rapport à mon propre conformisme religieux, à l’idée préconçue que j’ai de vivre la religion. C’est précisément comme ça qu’il me sauve : en étant quelque part étranger à ma manière propre d’envisager mon salut. Sinon pourquoi ne pas me laisser agir seul, puisqu’il m’a voulu libre, capable d’amour et de discernement ? Un Dieu qui me sauve doit être un Dieu qui me sauve aussi de moi-même, de mes propres stéréotypes religieux, de mes propres enfermements spirituels.

Le Christ, bien sûr, veut se faire le prochain de tous – je l’ai dit : c’est le coté évident, allant-de-soi de la parabole – mais il faut aussi que, quelque part, Dieu me bouscule, m’indispose jusqu’à m’irriter de sa présence, pour me sortir de mon conformisme religieux, synonyme de sclérose spirituelle. Dieu n’est pas seulement à l’image des gens que j’aime ; il est aussi à l’image des gens que j’aime le moins et qui me dérangent.

La parabole du Bon Samaritain ne nous demande pas tant d’aller sauver le monde qu’elle nous avertit que le sauveur du monde arrive toujours, à un moment donné, comme l’étranger que l’on méprise.

Seigneur, tu es le véritable Bon Samaritain, celui qui nous sauve en bousculant nos conformismes religieux, convertis-nous à ton amour sans frontières. Amen.

Fr. Laurent Mathelot OP

Source : RÉSURGENCE.BE, le 8 juillet 2025

13.07.2025 – 15ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – LUC 10, 25-37

Tu aimeras…

Textes bibliques : Lire


Pistes pour l’homélie par l’Abbé Jean Compazieu


Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent du grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Dans la première lecture, Moïse rappelle au peuple d’Israël que cette loi n’est pas au-dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle est inscrite au cœur des hommes, même à ceux qui ne le connaissent pas. Avant d’être un visage, Dieu est une voix capable de nous rejoindre au plus proche de notre cœur.

Voilà donc ce grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Les scribes et les pharisiens en discutaient à perte de vue. Pour eux, le prochain c’est celui qui fait partie de leurs proches. L’homme blessé au bord de la route en est exclu. Les deux chefs religieux qui passent devant lui s’en détournent. Ils ne veulent pas se rendre impurs au contact du sang de cet homme ; cette impureté les empêcherait de célébrer le culte dans le temple. Mais aujourd’hui Jésus fait voler en éclat cette mentalité. On ne peut pas vraiment honorer le Seigneur si on abandonne les exclus à leur triste sort. L’amour de Dieu ne peut aller sans l’amour du prochain.

Dans cet évangile, les croyants “de métier” n’ont pas la part belle. Le seul que Jésus nous donne en exemple est un samaritain : c’est un homme méprisé : il fait partie d’un peuple où l’on vit une religion à moitié païenne. Mais la loi d’amour dont parle l’Évangile est aussi inscrite dans son cœur. Il s’est arrêté ; il s’est fait proche de cet homme. Le prochain, c’est celui qui fait preuve de bonté envers le blessé. S’adressant aux chefs religieux, Jésus leur fait comprendre que les belles parlottes ça ne suffit pas. Ce qui est premier c’est l’action, c’est de tout faire pour aider le blessé à revivre et à retrouver sa dignité.

Mais en lisant cet évangile, il nous faut faire un pas de plus. Jésus n’est pas là pour nous donner une leçon d’assistance à personne en danger. Les Pères de l’Église ont vu dans ce voyageur blessé l’homme déchu, l’homme du péché. Les brigands ce sont les forces hostiles qui nous détournent de Dieu et nous entrainent au malheur. Mais voilà qu’un samaritain “descendait”. Jésus est descendu du ciel ; il nous a pris en pitié. Le vin et l’huile du Samaritain représentent les sacrements institués par le Christ.

Du coup, aimer mon prochain, c’est aimer le Christ qui s’est fait proche. C’est aussi aimer l’Église car “le Christ et l’Église c’est tout un”. Le Christ est mon prochain ; il m’a soigné, chargé sur sa monture et confié à l’auberge de l’Église. Je lui dois donc toute ma reconnaissance. A sa suite, je dois me faire proche de tous les blessés de la vie pour les servir. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Pour aimer comme le Christ, c’est vers lui que nous nous tournons. Saint Paul nous dit qu’il est l’image du Dieu invisible. Pour comprendre sa lettre, il faut se rappeler que Paul s’adresse à des chrétiens qui viennent du monde païen ; ces derniers se croient soumis à des forces mystérieuses. C’est souvent le cas de nos jours : plus la foi diminue, plus les superstitions prennent de la place. Il suffit de voir tout ce qui se dit sur la fatalité, le destin, les horoscopes et les porte-bonheur (ou malheurs) en tous genres. Mais, nous dit saint Paul, aucune “puissance” ne peut prévaloir sur la souveraineté du Christ. Il reste pour nous le “bon Samaritain” venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.

Notre responsabilité c’est d’achever cette œuvre créatrice de Dieu. Bien sûr, il ne manque pas de prétexte pour ne rien faire : “Je n’ai pas le temps… Je ne connais pas ces gens-là… Il faut se méfier des inconnus…” A ce moment-là, nous risquons de manquer le rendez-vous le plus important de notre vie. A travers le pauvre, c’est le Christ qui est là. Rappelons-nous de l’évangile du jugement dernier (Mt 25) : “J’ai eu faim… j’étais malade… j’étais étranger… et vous m’avez (ou vous ne m’avez pas) accueilli”. En nous racontant la parabole du bon Samaritain, le Christ voudrait nous inciter à remplir notre vie de l’amour qui est en lui et à nous faire le prochain de ceux et celles qu’il met sur notre route.

Ils sont nombreux ceux et celles qui ont suivi le Christ sur ce chemin. Saint Vincent de Paul y a engagé toute sa vie ; de même Mère Teresa, Sœur Emmanuelle et bien d’autres. Les uns et les autres nous renvoient cette question : “Que fais-tu pour les plus pauvres ?” Il ne manque pas d’organismes qui s’organisent pour la lutte contre la misère. Les chrétiens y sont très présents ; chacun peut trouver sa place que CCFD, au Secours Catholique, ATD Quart Monde.

En ce jour, nous te prions, Seigneur : fais-nous ressembler au samaritain qui fut pris de pitié et releva le blessé. Fais-nous ressembler à Jésus ton Fils qui s’est fait le prochain de chacun de nous. Amen

Abbé Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN, le 6 juillet 2025

10.07.2022 – HOMÉLIE DU 15ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – ÉVANGILE DE LUC 10, 25-37

Évangile de Luc 10, 25-37

Parabole du Bon Samaritain
Commentée par le Pape François

Par le Fr Raphael Devillers

L’abandonné

  1. Jésus raconte qu’il y avait un homme blessé, gisant sur le chemin, agressé. Plusieurs sont passés près de lui mais ont fui, ils ne se sont pas arrêtés. C’étaient des personnes occupant des fonctions importantes dans la société, qui n’avaient pas dans leur cœur l’amour du bien commun. Elles n’ont pas été capables de perdre quelques minutes pour assister le blessé ou du moins pour lui chercher de l’aide. Quelqu’un d’autre s’est arrêté, lui a fait le don de la proximité, a personnellement pris soin de lui, a également payé de sa poche et s’est occupé de lui. Surtout, il lui a donné quelque chose que, dans ce monde angoissé, nous thésaurisons tant : il lui a donné son temps. Il avait sûrement ses plans pour meubler cette journée selon ses besoins, ses engagements ou ses souhaits. Mais il a pu tout mettre de côté à la vue du blessé et, sans le connaître, il a trouvé qu’il méritait qu’il lui consacre son temps.
  2. Parmi ces personnes à qui ressembles-tu ? Nous devons reconnaître la tentation, qui nous guette, de nous désintéresser des autres, surtout des plus faibles. Disons-le, nous avons progressé sur plusieurs plans, mais nous sommes analphabètes en ce qui concerne l’accompagnement, l’assistance et le soutien aux plus fragiles et aux plus faibles de nos sociétés développées. Nous sommes habitués à regarder ailleurs, à passer outre, à ignorer les situations jusqu’à ce qu’elles nous touchent directement.
  3. Une personne est agressée dans la rue et beaucoup s’enfuient comme s’ils n’avaient rien vu. L’unique chose qui leur importe, c’est d’éviter des problèmes…Comme nous sommes tous fort obnubilés par nos propres besoins, voir quelqu’un souffrir nous dérange, nous perturbe, parce que nous ne voulons pas perdre notre temps à régler les problèmes d’autrui. Ce sont les symptômes d’une société qui est malade, parce qu’elle cherche à se construire en tournant le dos à la souffrance.
  4. Regardons le modèle du bon Samaritain. C’est un texte qui nous invite à raviver notre vocation de citoyens et du monde entier. C’est un appel toujours nouveau, même s’il se présente comme la loi fondamentale de notre être : que la société poursuive la promotion du bien commun et, à partir de cet objectif, reconstruise inlassablement son ordonnancement politique et social, son réseau de relations, son projet humain. Par ses gestes, le bon Samaritain a montré que « notre existence à tous est profondément liée à celle des autres : la vie n’est pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre ».
  5. Cette parabole est une icône éclairante, capable de mettre en évidence l’option de base que nous devons faire pour reconstruire ce monde qui nous fait mal. Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est d’être comme le bon Samaritain. Toute autre option conduit soit aux côtés des brigands, soit aux côtés de ceux qui passent outre sans compatir avec la souffrance du blessé gisant sur le chemin. La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. En même temps, la parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine.
  6. Le récit nous révèle une caractéristique essentielle de l’être humain: nous avons été créés pour une plénitude qui n’est atteinte que dans l’amour. Vivre dans l’indifférence face à la douleur n’est pas une option possible ; nous ne pouvons laisser personne rester ‘‘en marge de la vie’’.

Une histoire qui se répète

  1. Chaque jour, nous sommes confrontés au choix d’être de bons samaritains ou des voyageurs indifférents qui passent outre. Et si nous étendons notre regard à l’ensemble de notre histoire et au monde de long en large, tous nous sommes ou avons été comme ces personnages : nous avons tous quelque chose d’un homme blessé, quelque chose d’un brigand, quelque chose de ceux qui passent outre et quelque chose du bon Samaritain.
  2. Il est impressionnant que les caractéristiques des personnages du récit changent totalement quand ils sont confrontés à la situation affligeante de l’homme à terre. Il n’y a plus de distinction entre l’habitant de Judée et l’habitant de Samarie, il n’est plus question ni de prêtre ni de marchand ; il y a simplement deux types de personnes : celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre et celles qui détournent le regard. Nos masques, nos étiquettes et nos accoutrements tombent : c’est l’heure de vérité ! Allons-nous nous pencher pour toucher et soigner les blessures des autres ? Allons-nous nous pencher pour nous porter les uns les autres sur les épaules ?
  3. L’histoire du bon Samaritain se répète : il devient de plus en plus évident que la paresse sociale et politique transforme de nombreuses parties de notre monde en un chemin désolé, où les conflits internes et internationaux ainsi que le pillage des ressources créent beaucoup de marginalisés abandonnés au bord de la route. Dans sa parabole, Jésus se fie au meilleur de l’esprit humain et l’encourage à adhérer à l’amour, à réintégrer l’homme souffrant et à bâtir une société digne de ce nom.

Les personnages

  1. La parabole commence par une allusion aux brigands. Nous avons vu avancer dans le monde les ombres épaisses de l’abandon, de la violence au service d’intérêts mesquins de pouvoir, de cupidité et de clivage. La question pourrait être celle-ci : laisserons-nous gisant à terre l’homme agressé pour courir chacun nous mettre à l’abri de la violence ou pour poursuivre les brigands ? L’homme blessé sera-t-il la justification de nos divisions irréconciliables, de nos indifférences cruelles, de nos affrontements internes ?
  2. La parabole nous fait ensuite poser un regard sur ceux qui passent outre. Il existe de nombreuses façons de passer outre: l’une consiste à se replier sur soi-même, à se désintéresser des autres. Dans certains pays ou milieux, il y a un mépris envers les pauvres et envers leur culture, et un mode de vie caractérisé par le regard dirigé vers l’extérieur, comme si on tentait d’imposer de force un projet de société importé. L’indifférence de certains peut ainsi se justifier, car ceux qui pourraient toucher leur cœur par leurs revendications n’existent tout simplement pas. Ils se trouvent hors de l’horizon de leurs intérêts.
  3. …Et il s’agissait de personnes religieuses, ils œuvraient au service du culte de Dieu : un prêtre et un lévite. C’est un avertissement fort : c’est le signe que croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté. Une personne de foi peut ne pas être fidèle à tout ce que cette foi exige d’elle, et pourtant elle peut se sentir proche de Dieu et penser avoir plus de dignité que les autres. Mais il existe des manières de vivre la foi qui favorisent l’ouverture du cœur aux frères ; et celle-ci sera la garantie d’une authentique ouverture à Dieu. Saint Jean Chrysostome est parvenu à exprimer avec beaucoup de clarté ce défi: « Veux-tu honorer le Corps du Christ ? Ne commence pas par le mépriser quand il est nu. Ne l’honore pas ici [à l’église] avec des étoffes de soie, pour le négliger dehors où il souffre du froid et de la nudité ». Le paradoxe, c’est que parfois ceux qui affirment ne pas croire peuvent accomplir la volonté de Dieu mieux que les croyants.
  4. Le cercle est fermé entre ceux qui utilisent et trompent la société pour la dépouiller et ceux qui croient rester purs dans leur fonction importante, mais en même temps vivent de ce système et de ses ressources. C’est une triste hypocrisie que l’impunité du crime, de l’utilisation d’institutions à des fins personnelles ou corporatives. L’imposture du ‘‘tout va mal’’ a pour réponse ‘‘personne ne peut y remédier’’, ‘‘que puis-je faire ?’’. On alimente ainsi la désillusion et le désespoir, ce qui n’encourage pas un esprit de solidarité et de générosité. Enfoncer un peuple dans le découragement, c’est boucler un cercle pervers parfait : c’est ainsi que procède la dictature invisible des vrais intérêts cachés qui s’emparent des ressources et de la capacité de juger et de penser.
  5. Regardons enfin l’homme blessé. Parfois, nous nous sentons, comme lui, gravement blessés et gisant à terre au bord du chemin. Nous nous sentons aussi troublés par nos institutions désarmées et démunies, ou mises au service des intérêts d’une minorité, de l’intérieur et de l’extérieur. En effet « dans la société globalisée, il y a une manière élégante de tourner le regard de l’autre côté qu’on adopte souvent : sous le couvert du politiquement correct ou des modes idéologiques, on regarde celui qui souffre sans le toucher, on le voit à la télévision en direct, et même on utilise un langage apparemment tolérant et plein d’euphémismes ».

Recommencer

  1. Nous ne devons pas tout attendre de nos gouvernants ; ce serait puéril. Nous disposons d’un espace de coresponsabilité pour pouvoir commencer et générer de nouveaux processus et transformations. Aujourd’hui, nous nous trouvons face à la grande opportunité de montrer que, par essence, nous sommes frères, l’opportunité d’être d’autres bons samaritains. Que d’autres continuent à penser à la politique ou à l’économie pour leurs jeux de pouvoir ! Quant à nous, promouvons le bien et mettons-nous au service du bien !… »
Fr Raphael Devillers