01.11.2022 – ANGÉLUS À ROME

Angélus de la Toussaint: la paix s’obtient en désarmant les cœurs

Avant de réciter la prière de l’angélus en ce mardi 1er novembre où l’Église universelle honore la foule innombrable des saints, le Pape François a proposé une méditation sur les caractéristiques «des artisans de paix» que sont les saints. Devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre, le Souverain pontife a invité chacun «à démilitariser» son cœur, afin d’y faire une place pour la grâce de la paix et du pardon.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

«Alors que nous célébrons tous les saints, nous pourrions avoir une impression trompeuse, pensant que nous célébrons ces sœurs et ces frères qui, dans la vie, étaient parfaits, toujours droits, précis, « amidonnés »», constate d’emblée François, réfutant cette vision stéréotypée d’une «sainteté parfaite» à l’opposé de l’Évangile. Ainsi le Pape explique combien les Béatitudes de Jésus (cf. Mt 5, 1-12), qui représentent «la carte d’identité des saints», montrent le contraire, en parlant «d’une vie à contrecourant et révolutionnaire».

La paix pousse dans le silence

Par exemple, à travers la béatitude «Heureux les artisans de paix» (v. 9), «nous voyons que la paix de Jésus est très différente de ce que nous imaginons», note François, détaillant cette autre vision de la paix du Christ. «Souvent, ce que nous voulons, c’est être en paix, être laissés seuls, n’avoir aucun problème mais être tranquilles. Jésus, en revanche, ne dit pas ‘’heureux ceux qui sont en paix’’, mais ceux qui font la paix, les bâtisseurs, les artisans de paix».

Une différence de taille, la paix doit être construite et comme toute construction nécessite«engagement, collaboration, patience», énonce le Pape, citant le Livre de Zacharie dans l’Ancien Testament: «Nous voudrions que la paix tombe d’en haut, mais la Bible parle de « semence de paix » (Za 8,12), parce qu’elle germe du terrain de la vie, de la semence de notre cœur»; la paix pousse dans le silence, jour après jour, à travers les œuvres de justice et de miséricorde, comme nous le montrent les témoins lumineux que nous célébrons aujourd’hui, poursuit le Successeur de Pierre.

“La paix pousse dans le silence, jour après jour, à travers les œuvres de justice et de miséricorde.”

«Démilitariser le champ du cœur»

Si nous sommes portés à croire que la paix vient par la force et le pouvoir: pour Jésus, c’est le contraire. «Sa vie et celle des saints nous disent que la semence de paix, pour pousser et porter du fruit, doit d’abord mourir», assure François, rappelant que la paix ne s’obtient pas en conquérant ou en vainquant quelqu’un: «elle n’est jamais violente, elle n’est jamais armée».

Le Pape de s’interroger: «Comment devient-on alors un artisan de la paix?» Tout d’abord, il faut désarmer le cœur, répond-il. Parce que nous sommes tous «équipés de pensées agressives et de mots tranchants», et nous pensons nous défendre «avec les barbelés de la plainte et les murs en béton de l’indifférence», la semence de paix appelle «à démilitariser le champ du cœur».Comment? En nous ouvrant à Jésus, qui est «notre paix»; en nous tenant devant sa Croix, qui est la chaire de la paix; en recevant de lui, dans la Confession, «le pardon et la paix». Être des saints ne relève finalement pas de notre capacité, car «c’est Son don, c’est une grâce».

L’artisan de paix vainc sur Terre comme au Ciel

Appelés fils de Dieu, ces artisans de paix, ajoute François, ne semblent pas à leur place dans le monde. «Ils ne cèdent pas à la logique du pouvoir et de la prédominance». Et si au Ciel ils seront les plus proches de Dieu, en réalité, même sur Terre, «le prévaricateur reste les mains vides, tandis que celui qui aime et ne blesse personne sort en vainqueur».

“La paix ne s’obtient pas en conquérant ou en vainquant quelqu’un: elle n’est jamais violente, elle n’est jamais armée.”

Source: VATICANNEWS, le 1er novembre 2022

Comment les saints du Ciel s’invitent dans nos existences

SAINTS

© Philippe Lissac / Godong

Comment les saints du Ciel s’invitent dans nos existences

Par Fr. Jean-Thomas de Beauregard, op 

Chaque jour, la mémoire d’un saint empêchait cet homme de commettre l’irréparable. L’histoire que raconte le Fr. Jean-Thomas de Beauregard, religieux dominicain du couvent de Bordeaux, en commentaire des lectures de la solennité de la Toussaint nous invite à écouter cet appel que la vie des saints fait résonner dans nos vies.

Dans la solitude d’un petit appartement, un homme avait médité depuis quelques temps déjà de commettre un crime. Il savait sur qui, comment et quand il voulait perpétrer cet assassinat. Le jour venu, alors qu’il s’apprêtait à passer la porte de son appartement, son regard se posa par hasard sur le calendrier punaisé au mur à côté de la porte. « Tiens, c’est la fête de saint Vincent de Paul », se dit-il machinalement. Comme il mettait la main sur la poignée de la porte, il hésita : « Non, je ne peux pas faire ça aujourd’hui, il me regarde depuis là-haut, l’autre, avec ses pauvres. » Trois jours plus tard, ayant repris de l’assurance, il allait de nouveau sortir pour mettre à exécution son noir dessein, lorsqu’il vit inscrit sur le calendrier : « Saint Jérôme ». « Ah non, là je ne peux pas, c’est toute la Bible qui serait contre moi ! » Le lendemain, rebelote : « La petite Thérèse, qui a prié pour le criminel Pranzini ? Tant pis, ce ne sera pas encore pour aujourd’hui. »

L’efficace intercession de tous les saints

Et c’est ainsi que jamais le crime ne fut commis. Chaque jour, un saint empêchait cet homme de commettre l’irréparable. La simple lecture sur un calendrier du nom d’un seul de ces centaines de milliers d’enfants de Dieu éveillait dans l’âme pourtant bien sombre de cet homme une crainte religieuse, ou bien un sursaut d’humanité, peut-être même à la fin des fins, un élan de générosité et de bonté. C’est aussi simple que ça, la communion des saints que nous fêtons le jour de la Toussaint : les saints du Ciel intercèdent auprès de Dieu pour que puissions leur ressembler un peu. En leur ressemblant un peu, nous parvenons à ressembler un peu au Christ, qui nous livre son autoportrait dans le discours des Béatitudes.

Pour façonner progressivement en nous cette sainte et divine ressemblance, les saints du Ciel s’invitent discrètement dans nos existences. Bergson, philosophe juif agnostique mais fasciné par la sainteté chrétienne, l’avait compris : « Ils [les saints] ne demandent rien, et pourtant ils obtiennent. Ils n’ont pas besoin d’exhorter ; ils n’ont qu’à exister. Leur existence est un appel. » Savons-nous écouter cet appel que la vie des saints fait résonner dans nos vies ?

Qui sont-ils ces saints du Ciel ?

Mais au fait, qui sont-ils, ces saints du Ciel ? Sont-ils seulement ceux que nous voyons sur les vitraux de nos églises ? Non. Les saints sont la foule immense (Ap 7, 9) de ceux qui ont pris au sérieux le scandale de la Croix. Ils ont trempé leur vêtement dans le sang de l’Agneau (Ap 7, 14). Les saints, ce sont ces hommes, ces femmes, ces enfants, qui d’âge en âge éprouvent la morsure du mal, refusent son absurdité et brûlent de lui arracher autrui.

Le saint est cet être paradoxal qui n’est jamais plus singulier, jamais plus personnel, jamais plus original, que lorsqu’il est parfaitement conforme au Christ.

Avec cela, les saints sont des êtres ordinaires. Mais ils savent lire ce que l’Esprit saint a écrit en lettres de feu, en caractère indélébile, le jour de leur baptême : le nom de Jésus, et comme entrelacé avec le Saint-Nom du Sauveur, leur propre nom. Ces lettres écrites sur le cœur constituent une convocation : il faut toute une vie pour répondre à cet appel à la sainteté. Cet entrelacement du nom propre et du nom du Christ dessine une vocation : imiter le Christ jusqu’à lui ressembler de plus en plus, tout en demeurant éminemment singulier. Le saint est cet être paradoxal qui n’est jamais plus singulier, jamais plus personnel, jamais plus original, que lorsqu’il est parfaitement conforme au Christ. C’est d’ailleurs le propre de l’amitié : une fidélité entière dans une liberté entière. 

Et les saints de la Terre ?

Voilà pour les saints du Ciel. Mais les saints de la terre, alors, qui sont-ils ? Bernanos répond : « C’est vous, chrétiens, que la liturgie de la messe déclare participants à la divinité, c’est vous, hommes divins, qui depuis l’Ascension du Christ êtes ici-bas sa personne visible. » C’est la mission du chrétien, et c’est la mission du saint : rendre le Christ visible pour tous les hommes, ouvrir une brèche dans le Ciel. Il ne suffit pas de prêcher le dogme et la morale par des mots. Certes, il faut parler : « c’est de nous qu’il dépend que la parole éternelle retentisse ou ne retentisse pas. » Mais les mots ne suffisent pas. C’est toute notre vie qui doit être le dogme incarné, la morale vécue, un pur reflet de la vie divine.

N’est-ce pas là trop sublime, trop grand, pour nous qui sommes si faibles et si petits ? Oui, bien sûr, c’est trop sublime et c’est trop grand ! Mais d’abord, la douleur de ne pas être à la hauteur de notre vocation est déjà le premier pas vers la sainteté. Si nous ne savions que regretter, dans les larmes, de ne pas être des saints, nous serions déjà un peu saints. Et puis, cette impuissance à nous conformer à notre vocation nous oblige à nous tourner vers Jésus. La sainteté, c’est impossible ? Oui, pour les hommes c’est impossible. Mais pour Dieu rien n’est impossible. Alors il faut demander. Il faut désirer la sainteté. Désirer la sainteté n’a rien d’orgueilleux, puisque nous savons qu’un tel désir ne peut être exaucé que par une grâce imméritée.

Le trésor des baptisés fidèles

La sainteté, voilà la véritable aventure ! Non pas un exploit individuel, mais une épopée communautaire. Si chacun est saint au terme d’une réponse personnelle à l’appel du Christ, cette réponse n’est possible qu’en raison de la communion des saints. Si je crois, si j’espère, si j’aime, c’est parce que d’autres autour de moi, au Ciel et sur la terre, me tendent la main. Si je crois, si j’espère, si j’aime, c’est parce que l’Église du Ciel et de la terre met dans la balance tout le poids accumulé au long des âges, tout le poids des actes de foi, d’espérance et de charité posés par les plus humbles chrétiens. Ma liberté ne penche du côté de Jésus que par la fidélité de tous les baptisés, ce trésor dans lequel je puise. Voulons-nous être des saints ? Regardons le calendrier punaisé sur le mur de notre appartement. Ça nous empêchera peut-être de commettre un crime. Ça nous donnera peut-être l’élan nécessaire pour être fidèle à notre vocation. Et s’il n’y a que 365 jours dans l’année, rien ne nous interdit d’ajouter notre propre nom au calendrier des saints. Après tout, pour Dieu, 1000 ans sont comme un jour, et un jour est comme 1000 ans, il y a donc de la place pour tout le monde dans notre Église qui est l’Église des saints.

Source: ALETEIA, le 31 octobre 2021

Laissez-vous attirer par votre « famille d’âmes » !

Fred de Noyelle / Godong

Laissez-vous attirer par votre « famille d’âmes » !

Fr. Jean-Thomas de Beauregard, op 

Les saints du Ciel nous sont donnés par Dieu comme une famille pour nous attirer à Lui, chacun selon leur chemin spirituel. Le jour de la Toussaint, c’est leur fête et la nôtre !

Le romancier catholique Georges Bernanos écrivait un jour : « Notre Église est l’Église des saints. Qui s’approche d’elle avec méfiance ne croit voir que des portes closes, des barrières et des guichets, une espèce de gendarmerie spirituelle. Mais notre Église est l’Église des saints. […] Qui ne voudrait avoir la force de courir cette admirable aventure ? Car la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure. Qui l’a une fois compris est entré au cœur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle une autre terreur que celle de la mort, une espérance surhumaine. Notre Église est l’Église des saints. Mais qui se met en peine de saints ? »

Notre Église est l’Église des saints. Le malheur, c’est que nous l’oublions parfois.

Confesser la sainteté de l’Église, et affirmer que la sainteté est le cœur vibrant de l’Église n’exigeait pas moins de foi surnaturelle de la part de Bernanos en 1934 que de notre part à nous en 2020. À cette époque comme aujourd’hui, la médiocrité et le péché des chrétiens, et trop souvent des prêtres ou des évêques, défiguraient hideusement le visage de l’Église. Mais Bernanos en avait la conviction, notre Église est l’Église des saints. Le malheur, c’est que nous l’oublions parfois. Le glissement de sens qui fait que la Toussaint est synonyme chez nos contemporains déchristianisés de mémoire des morts plutôt que de fête des vivants et de célébration des saints, est un chef d’accusation : qui se met en peine de saints ?

Une chose est sûre : les saints, eux, supplient sans cesse à notre intention le bon Dieu qu’ils contemplent pour l’éternité. Thérèse de Lisieux nous le rappelle, qui promettait qu’elle passerait son Ciel à faire du bien sur la terre. Fort heureusement, elle n’est pas la seule à s’acquitter de cette mission, et des milliers de saints célèbres ou anonymes occupent leur éternité à intercéder pour nous auprès de Dieu, en attendant que nous puissions les rejoindre. La fête de la Toussaint est l’occasion de manifester pleinement cette communion mystérieuse.closevolume_offhttps://www.dailymotion.com/embed/video/x7o5dfs?ads_params=main&api=postMessage&autoplay=true&controls=false&id=sw_infeed_v_el_x7o5dfs&mute=true&origin=https%3A%2F%2Ffr.aleteia.org&sharing-enable=false&syndication=273773

Une communion sans confinement

Cette réalité de la société invisible des saints et des anges m’est d’un grand soutien, puisqu’aujourd’hui comme tous les jours depuis une semaine et pour encore quelques jours, je célèbre la messe dans la solitude de ma cellule. La quarantaine qui m’est imposée m’empêche de célébrer cette solennité au milieu des frères de mon couvent. Mais les restrictions sanitaires du moment ne peuvent m’empêcher de célébrer l’Eucharistie en communion avec toute l’Église au Ciel et sur la terre.

La communion des saints s’expérimente donc avec une acuité particulière dans ces temps étranges que nous vivons.

C’est aussi l’occasion de prier en intercession pour tous ceux qui expérimentent cette solitude de manière plus douloureuse : il en est pour qui la quarantaine ou le confinement n’ont rien changé à leur quotidien, privé de véritable contact humain et de la chaleur d’une présence amicale. Quelle que soit la pertinence du reconfinement national qui s’appliquera dès demain, il importe que la fête de la Toussaint, peut-être la dernière à pouvoir être célébrée ensemble dans une église avant un moment, nous rappelle cette réalité mystérieuse de la communion des saints qu’aucun confinement ne peut entamer.

Des « familles d’âmes »

La communion des saints s’expérimente donc avec une acuité particulière dans ces temps étranges que nous vivons. Mais même ainsi, c’est un mystère qui nous dépasse infiniment. L’Apocalypse suggère une foule immense, innombrable, d’hommes et de femmes réunis autour du Trône et devant l’Agneau pour une louange éternelle (Ap 7, 2-4.9-14). Si le voyant de l’Apocalypse, qui réussit à unir dans une même vision des siècles d’histoire sainte et une multitude de lieux différents ne parvient pas à dénombrer cette foule des saints, a fortiori nous risquons d’être un peu perdus. La communion des saints est un ensemble tellement vaste que l’esprit humain peine à s’y retrouver.

Pour éviter que l’immensité du mystère nous décourage d’y entrer de tout notre cœur, Dieu a voulu qu’il existe des familles d’âmes. Jésus le suggère : « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures. » Une famille d’âmes se reçoit, se découvre, par des lectures, par des rencontres, par la prière. Dans chaque famille d’âmes, celles qui sont déjà au Ciel ont pour mission d’y attirer celles qui sont encore en chemin sur la terre. Les âmes saintes attirent, non pas à elles, mais à Dieu. C’est la loi de l’attraction céleste, bien plus puissante que la terrestre. Les saints attirent, mais ne séduisent pas : la séduction est toujours ambiguë, tandis que l’attraction connote une simplicité sans détours. Parce qu’ils vivent de la charité même de Dieu, les saints attirent les cœurs sans les violenter, ils aiment les âmes sans les tenir enchaînées. C’est aussi un critère de discernement pour le choix d’un accompagnateur spirituel…

Choisir les saints qui vous attirent

La bienveillance des saints à notre égard sait rester délicate et discrète. Ils ne s’imposent pas. Ils savent par expérience qu’il y a, dans notre cœur, de la résistance à la grâce. Parce qu’ils nous précèdent là où nous voudrions atteindre, les saints pourraient nous imposer leur voie particulière. Mais ils savent que l’aventure de la sainteté emprunte toujours un chemin unique, façonné par les chutes et les relèvements. Ce serait d’ailleurs une illusion que de vouloir imiter un saint dans le détail de sa vie ; c’est de son esprit qu’il faut se nourrir pour affronter des situations toujours nouvelles avec les ressources d’une physionomie spirituelle qui nous est propre.

Certains saints peuvent être les compagnons d’une vie, d’autres les compagnons d’un instant ; leur humilité n’en prend pas ombrage, et ils ne s’en vexent pas.

Les saints savent aussi que les contours et la composition d’une famille d’âmes peut évoluer. Une famille d’âmes est chose mouvante autant que fragile. Certains saints peuvent être les compagnons d’une vie, d’autres les compagnons d’un instant ; leur humilité n’en prend pas ombrage, et ils ne s’en vexent pas. En effet, les saints véritables se réjouissent qu’une âme choisisse un autre saint pour maître ou pour ami. La famille d’âmes est inclusive et supporte les adoptions soudaines comme les éloignements progressifs avec la souplesse que donne la grâce. Elle n’est pas cette « cellule de base » de la société céleste, expression trop souvent appliquée par les chrétiens à la famille humaine sans voir que sa note de protection chaleureuse sonne à certaines oreilles blessées comme une note d’enfermement — pour ceux qui sont à l’intérieur — et d’exclusion — pour ceux qui sont à l’extérieur –. Non pas cellule de base, donc, mais foyer de communion. 

Une affinité secrète

Pour un religieux d’un ordre ancien, une famille d’âmes est donnée d’emblée. Souvent, c’est précisément l’affinité secrète avec les âmes des saints de l’ordre qui détermine, pour un jeune que Dieu appelle à se donner entièrement, le lieu dans lequel il pourra se donner. En entrant chez les Prêcheurs, le dominicain entre en conversation avec Dominique, Thomas d’Aquin, Catherine de Sienne, Fra Angelico, Pier-Giorgio Frassati et tant d’autres, qui le soutiendront de leur présence et de leurs enseignements aux heures dures de sa vocation. Mais sa famille d’âmes pourra s’étendre bien au-delà des frontières de l’Ordre : Journet, Bernanos, Élisabeth de la Trinité et Thérèse de Lisieux, Jean Bosco, Vincent de Paul, Marie-Madeleine… Ma famille d’âmes dessine un portrait spirituel aux contours mouvants, dont Dieu seul connaît les exactes proportions, la part de ressemblance et la part de dissemblance. Une famille d’âmes est une escorte vers le Ciel.À chacun de découvrir la sienne, pour vivre des Béatitudes dès ici-bas et jusque dans l’éternité. Amen.

Source: ALETEIA, le 1er novembre 2020

Fête de la Toussaint: les catholiques de France en quête de consolation

Un homme dépose une bougie devant la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, le 30 octobre 2020.Un homme dépose une bougie devant la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice, le 30 octobre 2020. 

Fête de la Toussaint: les catholiques de France en quête de consolation 

La fête de la Toussaint est célébrée ce week-end en France avec une gravité particulière, dans le contexte doublement douloureux du reconfinement et de la menace terroriste qui est de nouveau apparue au grand jour avec l’attentat survenu jeudi matin dans une église de Nice. Les catholiques ont reçu de nombreux signes de soutien et la sécurité des lieux de culte et des cimetières a été renforcée.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

L’attentat qui a coûté la vie à trois personnes jeudi matin dans la basilique Notre-Dame de l’Assomption à Nice a suscité une onde de choc en France et au-delà. Venu sur les lieux dans l’après-midi, le président de la République Emmanuel Macron a félicité les forces de l’ordre pour leur intervention efficace, qui a probablement permis de limiter le nombre de victimes, et il a exprimé «le soutien de la Nation toute entière aux catholiques de France et d’ailleurs». Il a tenu à souligner que même si chacun est libre de croire ou non, «toutes les religions doivent pouvoir s’exercer librement», et que les catholiques doivent pouvoir se rassembler en toute sécurité durant les messes de la Toussaint. Au lendemain de cette tragique attaque, le président français s’est entretenu par téléphone avec le Pape François.

Le chef de l’État a annoncé le renforcement du dispositif de protection pour les lieux de culte, ainsi que pour les écoles en vue de la rentrée scolaire ce lundi, avec notamment le passage de 3 000 à 7 000 militaires mobilisés dans le cadre de l’opération Sentinelle. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé aux préfets de renforcer la protection des lieux de culte afin de prévenir le risque d’actes de mimétisme, comme cela est souvent le cas après des attentats très médiatisés. Les policiers municipaux sont invités à exercer une surveillance renforcée près des églises et des cimetières.

Peu après l’attentat de la basilique Notre-Dame de l’Assomption, nous avons interrogé le père dominicain Yves-Marie Lequin qui vit à Nice où il est aumônier des artistes. Une …

Honorer les défunts emportés durant la pandémie

Le recueillement dans les cimetières prend cette année un relief particulier compte tenu des frustrations engendrées par la limite de 20 personnes fixée pour les cérémonies d’obsèques durant le premier confinement, au printemps dernier. De nombreux proches de personnes victimes du coronavirus, ou décédées de toute autre cause durant cette période de crise, n’ont pas pu leur rendre hommage au moment de leur enterrement. Beaucoup vivent donc ces traditions de la Toussaint et de la Commémoration des défunts, le 2 novembre, comme une étape importante dans leur processus de deuil.

Dans son discours du 28 octobre, tout en annonçant la mise en place d’une nouvelle période de confinement sur l’ensemble du territoire métropolitain à partir de la nuit de jeudi à vendredi, le président de la République avait précisé que les célébrations religieuses et les visites dans les cimetières resteraient possibles en ce week-end de la Toussaint, incluant le 2 novembre, jour de la commémoration des fidèles défunts. Répondant favorablement à une demande du président de la Conférence épiscopale, l’exécutif en France, bien que le pays régi par le principe de la laïcité, a donc adopté paradoxalement une position plus souple que la Pologne, dont le gouvernement, qui revendique un attachement aux valeurs catholiques, a ordonné la fermeture des cimetières ce week-end au nom du principe de précaution.

Par ailleurs, la nouvelle jauge dérogatoire pour les célébrations d’obsèques durant ce deuxième confinement en France sera de 30 personnes, ce qui laisse un petit peu plus de souplesse. Sur le plan religieux, les obsèques restent le seul motif de rassemblement autorisé, dans le respect toutefois des règles de distanciation sociale et en évitant toute effusion affective risquant de donner lieu à des contacts physiques.

Une messe pour la France célébrée vendredi soir à Reims

Dans ce contexte si particulier cette année, une messe pour la France retransmise par la chaîne KTO a été célébrée vendredi 30 octobre en la cathédrale de Reims, un lieu symbolique de l’histoire de France, puisqu’il a accueilli le sacre des rois mais aussi une messe pour la réconciliation franco-allemande en 1962, en présence du général de Gaulle et du chancelier Adenauer, quelques décennies après la destruction de la cathédrale par un bombardement allemand lors de la Première Guerre mondiale.

La messe de vendredi soir a été célébrée en présence des autorités politiques locales, mais aussi des principaux responsables du culte musulman à Reims. En signe de respect pour les victimes catholiques de l’attentat de Nice, le président du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui avait demandé aux musulmans de France de s’abstenir d’organiser toute festivité pour la commémoration de la naissance du Prophète, ce vendredi 29 octobre.

Dans son homélie, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a mis l’attentat de Nice en lien avec le ressentiment anti-français qui s’exprime dans certains pays majoritairement musulmans, dans le contexte de la publication des caricatures de Mahomet. «Si pour beaucoup de Français, l’Église catholique et la France sont deux réalités différentes, bien distinctes, qu’il faut tenir séparées l’une de l’autre le plus possible, pour beaucoup à l’étranger, l’Église, c’est la France et la France, c’est l’Église», a souligné l’archevêque. «Malgré nos petitesses, nos fautes, les erreurs et les crimes de notre pays s’il en a commis au cours de son histoire, par la grâce du Christ mort et ressuscité, retentit l’exclamation du vigneron qui est avant tout une promesse : « Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir! » » «En demandant à Dieu de nous bénir, qu’il renouvelle nos forces d’engagement et de service. Qu’il nous donne un coeur ferme et droit», a-t-il conclu.

La condamnation et les condoléances exprimées par plusieurs conférences épiscopales européennes à la suite du tragique attentat de Nice, en France, sont unanimes. Cette attaque à …

Une Toussaint vécue dans un climat douloureux

C’est donc dans un climat d’une gravité particulière que les catholiques français se rassembleront ce week-end pour la dernière fois de l’année liturgique, puisque les messes publiques seront par la suite suspendues jusqu’à la fin du mois de novembre. La reprise des messes pour le temps de l’Avent est espérée, mais loin d’être acquise.

Pour sa part, l’évêque de Nice, Mgr André Marceau présidera dimanche à 18h la messe de la Toussaint en la basilique Notre-Dame de l’Assomption, en présence des curés de Nice et des paroissiens locaux. La messe sera précédée d’un rite de réparation, toute atteinte à la vie humaine dans une église étant, par définition, une profanation.

Le traumatisme est immense à Nice, où l’attentat du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais est aussi resté dans les mémoires. Vendredi, Jean-François Fouqué, catholique niçois et membre de l’Ordre des Chevaliers du Saint-Sépulcre, nous confiait ces quelques mots sur la réaction immédiate de la communauté catholique locale après ce nouvel attentat: «Comme le 15 juillet 2016, et comme pour le Père Hamel où nous étions restés ouverts pendant 24h de prière, hier, à partir de 17h, bravant l’interdiction municipale, nous avons accueilli à la cathédrale Sainte-Réparate celles et ceux qui voulaient se recueillir, celles et ceux qui, meurtris, voulaient prier et partager la prière des chrétiens, la prière de l’Église et l’adoration du Saint-Sacrement. Le maire avait fait fermer l’ensemble des édifices religieux comme une réponse instantanée utile à décourager tous les déséquilibrés du moment qui voudraient imiter l’abject terroriste et par là même permettre aux effectifs de police de se concentrer sur d’autres objectifs.J’ai dû expliquer au commissaire de police qui voulait que nous restions fermés que notre mission dans la tempête n’est pas de masquer la lumière, et que cette cathédrale ouverte et ces gens qui prient sont de frêles navires tournés vers l’unique phare. L’exemple de nos frères persécutés en Orient a été un soutien.»

Source: VATICANNEWS, le 31 octobre 2020