Le pape François et les limites de la synodalité

Le changement de dernière minute du calendrier de l’assemblée du Synode a montré un avantage et une limite de la synodalité. L’avantage est que l’écoute conduit aussi à modifier les décisions et à redéfinir ce qui était prévu. La limite est que, de cette manière, il ne semble pas y avoir, ni ne peut y avoir, de projets à long terme. Tout reste provisoire, instantané, indéfini, et seule une personne d’une hiérarchie supérieure peut véritablement remettre de l’ordre. Ainsi, alors que tout le monde s’écoute, c’est le pape, et lui seul, qui peut prendre des décisions, en ramenant tout à lui.

C’est d’ailleurs ce que le pape François a toujours fait jusqu’à présent. Le Conseil des cardinaux s’est souvent réuni, mais le pape a pris des décisions de réforme avant les réunions, où il les a présentées après coup, ou même soudainement, comme lorsqu’il a publié à la surprise générale le texte de la constitution apostolique Praedicate Evangelium.

C’est d’ailleurs un style de gouvernement qui a été testé lors du Consistoire de 2022. Pour la première fois depuis le début du pontificat, le pape François a voulu que les cardinaux se réunissent pour discuter entre eux, et la discussion a porté sur la réforme de la Curie. Mais les cardinaux ne pouvaient pas s’exprimer en assemblée générale. Ils ont été divisés en groupes linguistiques. Certains ont été contraints de remettre leur discours.

La méthodologie de ce synode est similaire. Les pères synodaux sont immédiatement divisés en cercles plus petits, en groupes de 11 ou 12 personnes. Chaque cercle ne discute cependant que d’un seul des « sous-thèmes » des modules dans lesquels la discussion a été divisée scolairement, et lorsqu’il passe au module suivant, il ne discute que d’un seul module, et ainsi de suite. En fait, personne n’a vraiment une vision globale du débat, mais chacun a une vision d’une partie particulière du débat qui a eu lieu dans son cercle.

Bien sûr, le Pape est toujours au centre, mais le point est précisément celui-ci : le Pape ne doit pas faire partie du processus synodal, mais il est appelé à garantir l’unité. L’unité est réalisée lorsque chacun a une vision complète, et non partielle, des débats.

Cette situation permet, d’une certaine manière, la formation de lobbies de communication organisés qui tendent à manipuler les situations à leur avantage. La campagne pour l’inclusion des LGBT a bénéficié de la nouvelle selon laquelle le Pape a rencontré le cofondateur et le personnel de New Ways Ministry, la campagne pour une « structure plus synodale de l’Église » a été menée par des journalistes progressistes allemands et latino-américains qui soutiennent une réforme de l’Église également en termes de démocratisation, et ainsi de suite. Tout le monde peut dire quelque chose sur le Synode parce que le Synode sur la communion, la mission et la participation est né sans direction, mais avec l’intention claire de faire parler tout le monde.

Non, ce n’est pas un talk-show, ni un Parlement – le préfet de la communication Ruffini le répète toujours – mais l’impression que l’on a est précisément celle d’un lieu où l’on discute sans décider. En effet, le Synode n’aura pas de pouvoir décisionnel, mais seulement consultatif.

Que veut donc le pape ? Réunir un grand Parlement et prendre ensuite ses propres décisions, tout en donnant l’impression que tout a changé ?

La question est légitime, si l’on considère que le pape François lui-même a dit que la « synodalité » (ou la « vie de l’Église », comme le Secrétariat général du Synode préfère l’appeler) n’était que le deuxième thème choisi pour le Synode, le premier étant la question du sacerdoce.

Pourquoi donc le pape François a-t-il choisi de parler de synodalité ? Cette question est également légitime. L’ouverture présumée de cette réunion synodale, qui comprend toutefois une élite sélectionnée de l’Église, donne à beaucoup l’impression de pouvoir participer pour la première fois aux décisions de l’Église. Mais cet aspect, sur lequel on insiste beaucoup, pose déjà quelques problèmes.

L’Église, en effet, n’est pas une structure démocratique, où chacun doit avoir une voix et où ceux qui ont une voix doivent se sentir satisfaits. Ce n’est pas un lieu où l’on pense à obtenir des parcelles de pouvoir et de responsabilité. Il s’agit plutôt d’une assemblée où l’on sert, et où l’on sert en fonction de ses compétences, sans distinction de sexe, de race et de sexualité.

La crise sous-jacente à ce Synode est une crise de la foi, qui entraîne une crise culturelle. Dans la pratique, le débat au Synode a atteint le paradoxe positiviste : tout est analysé partie par partie, mais on perd la vision d’ensemble et on risque de faire des dégâts. Avant, l’idée était de faire une analyse globale et ensuite d’aller dans les détails.

Avec le Concile Vatican II, on a essayé de partir du particulier pour arriver à l’universel, et les constitutions conciliaires sont un vrai joyau en ce sens. Mais c’est un joyau parce que le particulier est invariablement devenu universel, et non l’inverse, et qu’il l’est devenu avec le soutien d’un projet culturel qui semble aujourd’hui manquer.

Que fait-on, en effet, quand on a plus d’opinions que d’idées ? On choisit des thèmes populaires et populistes, comme l’accueil des migrants, la question de la communion pour les divorcés-remariés, l’idée d’un changement de doctrine, même si ce changement n’arrive jamais.

La culture, quant à elle, permet un sens commun dans le débat, ainsi qu’une compréhension contextualisée des faits. Elle n’évite pas les divisions, mais permet aux divisions de s’absorber et de se comprendre. La culture est synodale.

C’est une crise de la foi qui naît du fait que la foi catholique n’est connue que par la tradition ou les préjugés. C’est une crise de foi qui affecte les prêtres et, par conséquent, les évêques. C’est une crise de la foi qui est enregistrée dans les chiffres de la participation à la messe – de plus en plus bas, ce qui est également un signe de mauvais soins liturgiques.

La synodalité, cependant, ne se donne pas le temps de la construction culturelle. Obsédé par la réponse à l’ici et maintenant, le Synode se retrouve à discuter de divers sujets et à devoir inclure tout le monde, tout en changeant le calendrier pour donner plus de discernement aux pères synodaux. Ou bien le Secrétariat général du Synode a-t-il besoin de discernement ?

La synodalité est une limite, et pratiquée de cette manière, elle a une limite encore plus grande. Il y a une forte fragmentation, et cela peut vraiment conduire à une Église qui se replie sur elle-même et sur quelques grands thèmes, en perdant de vue le débat commun.

Pourtant, le moment est venu de reconstruire. Pas à partir du Synode, sans doute, car celle du Synode risque de devenir une dictature de la majorité. Mais il faut reconstruire. D’autre part, l’Apocalypse demandait : « Quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur cette terre ? »

Source : D’Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican, le 23 octobre 2023

La paix en Terre Sainte et au Moyen-Orient au coeur de la prière du synode

La paix en Terre Sainte et au Moyen-Orient au coeur de la prière du synode

Lors de la prière d’ouverture des travaux du Synode jeudi 12 octobre, dans la Salle Paul VI au Vatican, sa Béatitude le Cardinal Louis Raphaël Sako, Patriarche de Babylone des Chaldéens, a prié spécialement pour la paix dans le monde, en particulier en Terre Sainte, mais aussi en Ukraine, sans oublier les violences en Irak, en Iran et au Liban. 

Vatican News

La journée de travail de ce jeudi 12 octobre du synode des évêques s’est ouverte par une prière dite par Sa Béatitude le cardinal Louis Raphael I Sako, Patriarche de Babylone des Chaldéens. Dans la salle Paul VI, le chef du synode de l’Église chaldéenne a prié pour la paix, à la lumière des tragiques événements de ces derniers jours entre Israël et la bande de Gaza. 

Le Cardinal Sako prie pour la paix dans le monde

Le Patriarche de Babylone des Chaldéens invite ce jeudi à prier pour la paix dans le monde, en particulier en Terre Sainte, mais aussi en Ukraine, sans oublier les violences en Irak, en Iran et au Lyban. «Les gens attendent avec beaucoup d’espoir de vivre dans la dignité et la fraternité, et pas toujours dans la peur et l’inquietude. La solidarité, c’est aussi la solidarité avec tous ceux qui ont peur et qui souffrent», a-t-il souligné, priant pour l’avènement d’un monde uni dans la paix et la concorde à cause du Seigneur Jésus-Christ.

Les intentions de prière de la présidente du Mouvement des Focolari, Margaret Karram, ont convergé vers le drame vécu actuellement par les peuples d’Israël et de Palestine, en proie à une violence inouïe, en particulier les enfants, les blessés, les otages, les disparus et leurs familles. «Aide-nous, Seigneur, à nous engager dans la construction d’un monde fraternel pour que ces peuples et tous ceux qui vivent les mêmes conditions de conflit, d’instabilité et de violence puissent trouver le chemin du respect des droits de l’homme où la justice, le dialogue et la réconciliation sont les outils indispensables à la construction de la paix», a-t-elle conclu.

Pour la paix en Arménie et en Artsakh

Samedi 7 octobre, l’archevêque Khajag Barsamian, représentant de l’Eglise arménienne auprès du Saint-Siège, avait aussi prié pour la paix et la justice dans le monde, avec une attention particulière pour l’Arménie et la région du Haut Karabakh, qui souffrent actuellement de la guerre, de l’injustice, de la douleur et de la violence. À genoux en signe d’adoration, l’assemblée avait prié pour que le Seigneur accorde au monde entier la stabilité et la paix, et qu’il garde son Église Sainte inébranlable.

Source : VATICANNEWS, le 12 octobre 2023

Cardinal Hollerich: «Nous sommes tous invités à faire partie de l’Eglise»

Le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode, durant son intervention

Cardinal Hollerich: «Nous sommes tous invités à faire partie de l’Eglise»

Rapporteur général du synode, le cardinal luxembourgeois a ouvert lundi matin la quatrième congrégation générale consacrée à la poursuite de l’étude de l’Instrumentum Laboris. «Certains observent que les tensions vont augmenter, mais nous ne devons pas avoir peur tant que nous sommes des frères et des sœurs qui marchent ensemble» a-t-il souligné, mettant en avant l’invitation à donner des « réponses concrètes » et à montrer l’amour de Dieu « même à ceux qui semblent menacer notre identité ». 

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Ce  » todos, todos  » exprimé par le Pape François à Lisbonne pour indiquer l’ouverture totale des portes de l’Église à toute personne sur la face de la terre, le cardinal Jean-Claude Hollerich l’a réitéré lors de l’assemblée du Synode : «Todos…. Tout le monde…. » Même ceux qui « dérangent » parce qu’ils semblent, par leur façon d’être, « menacer notre identité ». «Si nous nous comportons comme Jésus, nous témoignerons de l’amour de Dieu pour le monde. Si nous ne le faisons pas, nous ressemblerons à un club identitaire».

Deuxième phase des travaux

Après la pause dominicale, le cardinal luxembourgeois, rapporteur du Synode sur la synodalité, a ouvert ce lundi matin 9 octobre les travaux de la quatrième congrégation générale, consacrés au deuxième module de l’Instrumentum Laboris, le document de travail des pères et mères synodaux. «Une communion qui rayonne. Comment être plus pleinement signe et instrument de l’union avec Dieu et de l’unité du genre humain», tel est le thème du module en question, le B1, sur lequel se concentreront les petits cercles – à partir de cet après-midi – et les interventions dans la salle.

Participants au synode, lundi 9 octobre
Participants au synode, lundi 9 octobre

Quelques participants positifs de Covid

La présentation du module a été confiée à Mgr Hollerich. Le cardinal a été introduit par le cardinal secrétaire général, Mario Grech, qui a annoncé l’absence de quatre participants parce qu’ils ont été testés positifs au Covid-19. « Après avoir entendu l’avis des médecins, il n’y a pas d’alarmes », a-t-il rassuré, invitant néanmoins à des « mesures de prudence » telles que le port d’un masque et la désinfection des mains. «Pas de Covid» pour le Pape qui devait assister à la Congrégation générale ce matin : c’est ce qu’a déclaré le directeur du Bureau de presse du Vatican, Matteo Bruni, qui a expliqué que le Souverain pontife avait déserté la session au dernier moment en raison d’«engagements imprévus».

Du « je » au « nous

Les mots d’ouverture du cardinal Grech et l’introduction du président délégué, l’archevêque de Perth, Mgr Timothy John Costelloe, ont été suivis par le discours du cardinal Hollerich, lui-même suivi d’une pause de silence, de la lecture de l’Évangile de Jean (4:7-30), d’une méditation du père Timothy Radcliffe et d’un « aperçu théologique » de la professeur Anna Rowlands. Il y a également eu quatre témoignages de trois membres de l’Assemblée, qui ont partagé l’expérience de leur Église locale en relation avec les thèmes du module B1.

Précisant la méthode de travail et les changements dans la composition des cercles mineurs, le cardinal Hollerich a souligné que si, avec les travaux du premier module, l’assemblée a «repris contact avec l’expérience du peuple de Dieu cheminant ensemble depuis deux ans», avec cette deuxième partie, l’assemblée entrera plutôt dans le vif du sujet avec l’examen de la première des trois questions issues de la phase consultative, à savoir celle de l’écoute du peuple de Dieu. Les participants au Synode devront donc se confronter dans les prochains jours «à des questions précises et concrètes», forts aussi du «climat de collaboration»construit la semaine dernière dans lequel, a-t-il dit, « nous avons commencé à tisser des relations et à construire des liens, nous avons commencé à passer du je au nous».

La salle Paul VI où se retrouvent les membres du synode

La salle Paul VI où se retrouvent les membres du synode

Dieu aime chaque créature

Le cardinal Hollerich s’est ensuite attardé sur le thème de la « communion », qui est au centre de cette deuxième partie de l’Instrumentum laboris: «Le Dieu trinitaire a créé l’humanité, chaque être humain ; et ce Dieu, qui est amour, aime toute la création, chaque créature et chaque être humain d’une manière particulière. L’amour de Dieu est si grand que sa force salvatrice réside dans la manière dont il se manifeste. En tant qu’Église, en tant que peuple de Dieu, nous sommes dans cette dynamique du salut. Et c’est dans cette dynamique que réside la base de l’unité de la race humaine», a déclaré le cardinal.

L’histoire d’une famille africaine en Europe

Il a raconté une expérience personnelle pour souligner le fait que c’est l’histoire de chacun, partagée de manière « synodale », qui aide à répondre aux questions de l’Instrumentum. C’est l’histoire d’une famille qui a quitté l’Afrique pour s’installer dans un pays européen: «Ils ont lutté pour trouver une paroisse dans laquelle vivre leur foi. La paroisse catholique qu’ils avaient fréquentée au début était une paroisse de pratiquants qui allaient à la messe, mais la communauté n’offrait pas un sens plus profond de la communion. Ils se sont sentis méprisés parce qu’ils avaient des habitudes religieuses différentes. Ils se sont sentis complètement exclus», a expliqué Mgr Hollerich.

a famille a été accueillie dans une communauté méthodiste où elle a reçu «une aide concrète pour faire ses premiers pas dans le nouveau pays». Avant tout, a souligné le cardinal, « ils ont été accueillis comme des frères et des sœurs, et non comme des objets de charité, ils n’étaient pas simplement un moyen pour des gens qui voulaient faire le bien. Ils ont été accueillis comme des êtres humains qui marchent ensemble».

L’histoire est symbolique: «Lorsque j’ai entendu ce témoignage, mon pays et mon Église me sont venus à l’esprit. Il se serait probablement passé la même chose chez nous, à la différence près que nous n’avons pas d’église méthodiste pour les accueillir», a avoué le rapporteur général.

« Tous… tous… tous… »

Il a relancé ensuite le message du Pape lors des JMJ de Lisbonne, également réitéré lors de la messe d’ouverture du Synode le 4 octobre: «Tout le monde est invité à faire partie de l’Église ». « Todos… todos… tous… ». « Jésus a étendu cette communion à tous les pécheurs. Sommes-nous prêts à faire de même ? Sommes-nous prêts à le faire avec des groupes dont nous pourrions nous sentir irrités parce que leur façon d’être semble menacer notre identité », a demandé le cardinal.

Moment de prière pour l'assemblée synodale

Moment de prière pour l’assemblée synodale

Le dialogue œcuménique

Cette communion se reflète également dans l’œcuménisme. Autres questions posées par le rapporteur général du synode: «Comment pouvons-nous vivre notre foi profondément dans notre culture sans exclure les personnes d’autres cultures? Comment pouvons-nous nous engager avec des femmes et des hommes d’autres traditions religieuses pour la justice, la paix et l’écologie intégrale?»

Non aux réflexions comme traités théologiques

La réflexion sur ces questions est l’enjeu de cette deuxième semaine de travail synodal, a souligné Mgr Hollerich. «Nous devons penser, nous devons réfléchir, mais notre réflexion ne doit pas prendre la forme d’un traité théologique ou sociologique. Nous devons partir d’expériences concrètes, dit-il, de nos expériences personnelles et surtout de l’expérience collective du peuple de Dieu qui s’est exprimé lors de la phase d’écoute».

Ne pas craindre les tensions

Ce lundi après-midi et demain matin mardi 10 octobre, les participants au synode travailleront en cercles mineurs. La composition a changé: ils ne sont plus divisés par préférence linguistique, mais aussi par « thème ». «Cependant, nous ne serons pas sur des planètes différentes… La spécificité de chaque groupe rendra l’échange en plénière plus important», a expliqué le cardinal Hollerich. «Quelqu’un m’a dit qu’avec la B1, les tensions augmenteront. Ne craignons pas les tensions», a-t-il conclu, «elles font partie du processus tant que nous nous considérons comme des frères et des sœurs qui marchent ensemble».

Source : VATICANNEWS, le 9 octobre 2023

Synode, bénédiction des couples homosexuels… Le pape répond à cinq cardinaux conservateurs

Les faits 

Cinq cardinaux ont adressé à deux reprises des demandes de clarifications doctrinales au pape François, en juillet puis en août, liées au Synode sur la synodalité. Le Vatican a publié, lundi 2 octobre, la réponse du pape François.

Le Synode sur la synodalité n’est pas encore ouvert mais les débats ont déjà commencé. Quelques heures après la révélation par cinq cardinaux de sensibilité conservatrice de dubia, (« doutes », en latin) envoyées en juillet puis août sur des questions se rapportant au Synode, le dicastère pour la doctrine de la foi a publié, lundi 2 octobre, la réponse du pape François.

Les cardinaux Robert Sarah, Raymond Burke, Walter Brandmüller, Juan Sandoval Íñiguez et Joseph Zen, réclamaient du pape une clarification sur plusieurs points : les évolutions doctrinales en fonction de la culture et de l’époque, l’ordination des femmes, la bénédiction des couples homosexuels, l’absolution sacramentelle et la synodalité comme dimension constitutive de l’Église catholique.

« Vous démontrez une certaine forme de synodalité »

Sur ce dernier point, la réponse de François est sans appel. « Bien que vous reconnaissiez que l’autorité suprême et complète de l’Église est exercée (…) par le pape(…) avec ces dubia, vous démontrez vous-mêmes votre besoin de donner librement votre avis et de collaborer, et revendiquez donc une certaine forme de « synodalité » dans l’exercice de mon ministère », écrit François dans un document daté du 25 septembre, insistant sur le caractère « essentiel » de la synodalité dans la vie ecclésiale.

Face aux cardinaux qui s’inquiètent que la doctrine catholique puisse évoluer avec l’air du temps, le pape en réaffirme le caractère « immuable » et « obligatoire ». Toutefois, « les changements culturels et les nouveaux défis historiques (…) peuvent nous inciter à rendre plus explicites certains aspects de sa richesse débordante… Il est inévitable que cela puisse conduire à une meilleure expression de certaines affirmations du Magistère », estime-t-il.

Vers une bénédiction ad hoc pour les couples homosexuels ?

Poursuivant ses réponses, il ajoute au sujet de la bénédiction des couples homosexuels – réclamée notamment par le chemin synodal allemand – que l’Église reconnaît seulement le mariage entre un homme et une femme et que « l’Église évite tout type de rite qui pourrait contredire cette conviction » tout en indiquant que « la charité pastorale ne doit pas manquer ». Ce faisant, le pape invite à rechercher certaines bénédictions qui pourraient entrer dans ce cadre : « La prudence pastorale doit discerner adéquatement s’il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne transmettent pas une fausse conception du mariage ».

Alors que les cardinaux soulevaient également un doute sur le sacrement de pénitence et réconciliation, notamment au sujet de la repentance, le pape leur adresse une réponse assez sèche. « La repentance est nécessaire à la validité de l’absolution sacramentelle et implique l’intention de ne pas pécher, écrit-il. Mais il n’y a pas de mathématiques ici et je dois rappeler encore une fois que le confessionnal n’est pas un bureau de douane. Nous ne sommes pas des maîtres, mais d’humbles administrateurs des sacrements. »

Un calendrier qui ne doit rien au hasard

Cette responsa ad dubia est intervenue à peine quelques heures après que les responsables catholiques ont révélé l’existence de questions envoyées au Vatican au mois de juillet, et seulement deux jours avant l’ouverture du Synode sur la synodalité, dont les débats commenceront mercredi 4 octobre.

Dans une lettre aux fidèles, ces cardinaux justifiaient la révélation de ces dubia par la « gravité » des éléments qu’elles soulèveraient. « Nous jugeons qu’il est de notre devoir de vous informer, fidèles, pour que vous ne soyez pas sujets à la confusion, à l’erreur et au découragement, mais plutôt pour que vous puissiez prier pour l’Église universelle et, en particulier, pour le pontife romain », écrivaient les cardinaux, inquiets de « plusieurs déclarations de prélats haut placés, se rapportant au prochain Synode des évêques, ouvertement contraires à la constante doctrine et discipline de l’Église ».

Interrogé par le National Catholic Register, le cardinal Burke, parmi les signataires de ces « doutes », a précisé que cette initiative n’était pas destinée à « prendre position contre le pape François »« Il serait très dommage que le débat se concentre sur la personne du pape au lieu des questions doctrinales et disciplinaires les plus graves posées par la session imminente du Synode des évêques », a-t-il ajouté.

Une forte utilisation des dubia

Tout au long du pontificat du pape François, l’exercice des dubia, permis dans le droit canonique, s’est durablement installée. Déjà en 2016, les cardinaux Burke et Brandmüller avaient, avec deux autres membres du collège cardinalice décédés depuis, demandé au pape des précisions quant à l’interprétation de l’exhortation apostolique Amoris laetitia, notamment au sujet de l’accès des divorcés remariés aux sacrements.

Cinq ans plus tard, le dicastère pour la doctrine de la foi avait, dans une responsa ad dubia, écarté définitivement la bénédiction des couples homosexuels. La même méthode avait été utilisée la même année, en 2021, pour préciser l’application du motu proprio Traditionis custodes restreignant la célébration de la messe tridentine.

Source : LA CROIX, le 2 octobre 2023

Si des laïcs votent aussi, ce ne sera plus le synode des évêques

De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Si les laïcs votent aussi, ce n’est plus le synode des évêques

28-04-2023

Changement des cartes sur la table avec le processus synodal en cours : les quotas féminins (proportion en fonction du genre) et laïcs dénaturent effectivement le corps établi par saint Paul VI et régi par le droit canonique. Et si l’on voit bien où l’on veut en venir, poussons cependant un soupir de soulagement : une assemblée ainsi redéfinie ne « fait » pas de magistère.

Dans une autre et énième interview, celle du 10 mars dernier d’Elisabetta Piqué avec François, le pape avait annoncé le  » suffrage universel  » dans les assemblées synodales de l’Église catholique :  » tous ceux qui participent au synode ont le droit de vote. Homme ou femme. Tout le monde, tout le monde. Ce mot « tout le monde » est décisif pour moi ».

Un peu plus d’un mois plus tard, le Secrétariat du Synode, moyennant quelques modifications (le document dans les différentes langues avec les modifications peut être téléchargé ici), a annoncé la transformation de la catégorie des auditeurs en véritables membres avec droit de vote. Selon les souhaits du Pontife, « tout le monde » pourra donc voter. Mais comme, comme dans toute république bananière, le permis de « tout le monde » n’est donné que par le patron, même le Pape a jugé bon de ne pas déroger à la coutume : les 70 nouveaux membres votants non évêques sont décidés par lui. Synodalité donc, mais sans exagération. Scaraffia s’en est également rendu compte : « Je trouve de plus en plus incroyable ce fait du pape synodal centralisateur. Ce n’est pas incroyable, c’est typique d’un certain courant sud-américain.

Toujours dans le respect scrupuleux de la bureaucratie parallèle nécessaire à tout gouvernement dictatorial, le pouce vers le bas ou vers le haut sera exercé par le pape sur une liste de 140 personnes, explique le Secrétariat, « identifiées (et non élues) par les sept Réunions internationales des Conférences épiscopales et l’Assemblée des patriarches des Églises orientales catholiques (20 pour chacune de ces réalités ecclésiales) ». La moitié des élus doit nécessairement être dans le quota rose. Une folie, une dette payée au politiquement correct.

Les 70 seront issus d’une sorte de présélection, sur la base de la « culture générale » des candidats (test avec croix ou réponse libre ?), de « leur prudence » (c’est-à-dire le degré de soumission), mais aussi de leurs « connaissances, théoriques et pratiques » (de quoi ? Sujet de choix ?), et enfin de « leur participation à divers titres au processus synodal », condition fondamentale pour comprendre si le candidat a déjà fait preuve d’une loyauté absolue envers le système. Orthodoxie, intégrité de la vie morale, mérites particuliers au service du prochain : des critères dépassés. Et, ce qui n’est pas moins important, au Synode se rendra non pas une représentation de l’Église réelle, mais l’Église « individuée », c’est-à-dire celle qui a été sélectionnée selon les critères tout à fait vagues et subjectifs mentionnés ci-dessus.

Revenons au quota féminin : 35 choisies, auxquelles s’ajoutent, en vertu d’un autre changement voulu par le pape, 5 religieuses élues par les organisations de supérieures majeures (qui seront rejointes par autant d’homologues masculins) et l’élue par excellence, la sous-secrétaire Sœur Nathalie Becquart, première femme à avoir le droit de vote dans un synode d’évêques par la volonté du pape. À l’époque, en février 2021, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, avait déclaré : « Avec la nomination de Sœur Becquart et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte, nous verrons ensuite quelles autres étapes pourront être franchies à l’avenir ». Les mystérieuses mesures futures, du moins les plus proches, étaient déjà assez évidentes : si un laïc peut voter à un synode d’évêques, on ne voit pas pourquoi 70 ne pourraient pas voter, et peut-être même la moitié des membres demain. Qu’ils soient hommes ou femmes.

Avec le vote des laïcs au sein du Synode, nous pouvons supposer sans risque qu’il ne s’agit plus du Synode des évêques, tel qu’il est défini et réglementé par les canons 342-348. Le canon 342 est presque tautologique : « Le synode des évêques est une assemblée d’évêques qui […] se réunit à des moments déterminés pour favoriser une union étroite entre le Pontife romain et les évêques eux-mêmes ». Et voilà que même la Constitution apostolique Episcopalis Communio, signée par François, enseigne que les membres du Synode des évêques sont les évêques, selon le can. 346, auxquels s’ajoutent les membres des instituts religieux cléricaux. Il y a également d' »autres participants », y compris des laïcs, qui n’ont toutefois pas le droit de vote.

Malgré les assurances « de maintenir la spécificité épiscopale de l’Assemblée convoquée à Rome », il n’est pas au pouvoir du Pape d’ordonner qu’une réalité soit différente de ce qu’elle est ou de supprimer le principe de non-contradiction. Le Synode des évêques est tel parce qu’il compte des évêques parmi ses membres ; si un quota, qui semble être d’environ 1/4, n’est pas constitué d’évêques, ni lié à la constitution hiérarchique de l’Église par l’ordre sacré, alors il ne s’agit plus du Synode des évêques, mais de celui des chrétiens. Ce qui n’est ni mieux ni moins bien, mais simplement autre chose.

La décision du pape François nous fait donc pousser un soupir de soulagement. La direction que prendra le Synode à partir de là, en termes de contenu et de discipline, est assez claire, et ce n’est pas une bonne perspective. Mais maintenant au moins nous savons que le document qui sortira de l’Assemblée ne sera tout simplement pas un document du Synode des évêques, et donc que toute ratification par le Souverain Pontife (cf. can. 343) sera tout simplement nulle et non avenue.

Deuxième considération : le sacerdoce féminin est plus proche qu’on ne le pense. Et la position négative exprimée par François n’est pas du tout rassurante. D’abord parce que le pape a montré qu’il pouvait tranquillement dire et écrire une chose et faire (ou laisser faire) exactement le contraire. La question de la bénédiction des couples de même sexe est assez évidente. Tout comme la Constitution apostolique mentionnée plus haut. Par ailleurs, il est un fait que plus d’une prémisse a été posée dans le sens de conférer les ordres sacrés aux femmes : la réouverture de la question du diaconat féminin, avec la mise en place, en avril 2020, d’une nouvelle commission d’étude sur le sujet ; puis le Motu Proprio Spiritus Domini (2021), qui a admis les femmes aux ministères de lecteur et d’acolyte (voir ici et ici) ; puis la nomination de trois femmes au Dicastère des évêques (voir ici). Et maintenant, les femmes (et les laïcs en général) sont mises sur un pied d’égalité avec les évêques, en tant que membres d’un Synode des évêques. Beaucoup, beaucoup trop de fenêtres Overton ont été ouvertes.

Enfin, comme l’a écrit le frère Gerard Murray, la possibilité pour les laïcs de voter pendant l’Assemblée du Synode des évêques a radicalement déformé sa nature, puisque le Synode n’est plus la communion des pasteurs de l’Église avec le pape pour discuter et trouver des solutions aux besoins de l’Église universelle, dans le cadre de leur mission divine de « sanctifier, enseigner et gouverner le troupeau du Christ ». Ce qui doit être constitué est tout à fait différent : « des personnes qui ne sont pas sacramentellement conformées par l’Ordre Saint au Christ, le Grand Prêtre », mais qui seront « traitées juridiquement comme des égaux des évêques ». Le rapporteur général du synode, le cardinal Jean-Claude Hollerich, s’est empressé de mettre les mains dans le cambouis, déclarant qu’il s’agirait d’un « changement important, mais pas d’une révolution ». Ce qui, en mode communicationnel orwellien, signifie : c’est une révolution, mais vous ne devez pas le penser.

Au contraire, la vérité est clairement exprimée par Frère Murray : « Cette innovation doit être rejetée par les évêques de l’Église. Elle est en conflit avec l’enseignement dogmatique de l’Église sur la nature du sacrement de l’ordre, en particulier sur la nature de l’épiscopat ».

Source : la Nuova Bussola Quotidiana, le 28 avril 2023

Les « amis » romains du pape sont ses ennemis

Du Dr Joachim Heimerl sur kath.net/news :

Les « amis » romains du pape sont ses ennemis

28 avril 2023

« Au fond, l’Allemagne est perdue pour l’Eglise catholique : les décisions de la ‘voie synodale’ sont désormais appliquées à la lettre… les voix d’avertissement, comme celle du cardinal Arborelius (Stockholm), ne sont pas entendues ». Par Joachim Heimerl

Quiconque suit l’actualité ecclésiale de ces dernières semaines remarque que le pape François prend de plus en plus ses distances avec les exigences de réforme que la dérive synodale allemande a engendrées : Il n’y aura pas de « diacres » ou de « prêtres », les « laïcs » pourront certes faire office de lecteurs ou – dans des cas exceptionnels – donner la Sainte Communion, mais ils ne pourront pas prêcher ni même baptiser.

Ce qui devrait être particulièrement décevant pour les « synodaux » avides de pouvoir, c’est le fait qu’ils ne soient pas associés à la nomination des évêques et qu’ils ne puissent pas s’établir comme nouveaux souverains à la place du Christ dans un système de « conseil » ecclésiastique. – L’Eglise n’est pas un concert de désirs et encore moins un concert « teutonique » ; en fait, tout le monde le sait, sauf en Allemagne où l’on ne semble pas le savoir.

Le fait que la ligne papale ne soit pas très bien accueillie au pays de Luther ne devrait surprendre personne, et encore moins le pape, comme on peut le supposer.

Au fond, l’Allemagne est perdue pour l’Eglise catholique : les décisions de la « voie synodale » y sont désormais appliquées à la lettre ; même le pape n’y peut rien. D’autres voix d’avertissement, comme celle du cardinal Anders Arborelius (Stockholm), ne sont pas non plus entendues en Allemagne.

En revanche, c’est justement à Rome que l’on espère trouver de l’aide : le prochain synode des évêques doit devenir le moteur romain des souhaits de réforme allemands.

Mais le pape signale clairement que ce ne sera pas le cas : François s’efforce manifestement de freiner les forces centrifuges dans l’Eglise avant le synode afin d’éviter un éclatement définitif.

Ce sont sans doute les Allemands qui comptent le moins, mais plutôt le fait que l’Eglise universelle dans son ensemble n’a pas compris que la « synodalité » n’est pas une force de démolition et qu’une « Eglise synodale » n’est justement pas une Eglise « parlementaire », c’est-à-dire une Eglise « protestante ».

En d’autres termes, le problème du pape n’est pas tant les Allemands que ceux qui annoncent déjà une « nouvelle foi » au Vatican, comme les cardinaux Grech et Hollerich, qui occupent justement les postes clés du synode mondial, ou encore le préfet du dicastère de la liturgie, le cardinal Roche.

On sait que Roche poursuit la liturgie traditionnelle avec une haine baveuse, tout comme l’idéologie oblique avec laquelle il défend cette position. Selon Roche, la foi de l’Eglise aurait en effet « considérablement changé » après le Concile Vatican II et, pour cette raison, la « vieille » messe ne lui conviendrait plus. Quiconque s’intéresse de près aux textes conciliaires sait que c’est absurde, mais que cela n’impressionne pas Roche non plus.

Ce n’est pas Roche lui-même qui importe dans tout cela, mais le fait qu’il fasse partie, avec Grech et Hollerich, des représentants d’un nouveau type, impensable il y a encore quelques années, mais qui a désormais pris le contrôle de la Curie.

Il est sans aucun doute vrai que les ennemis de l’Eglise sont assis sur les sièges épiscopaux allemands. Mais il est également vrai qu’ils planifient également le renversement à Rome et qu’ils le propagent à grand renfort médiatique : Hollerich lui-même évoque sans cesse une « révolution » ecclésiale, qui se manifeste actuellement par le fait que les laïcs ont désormais le droit de vote au synode des évêques.

En fait, rien ne s’oppose à cette participation des laïcs, et ce d’autant moins que le synode s’occupe, à la demande du pape, de la « participation synodale ». Ce qui est toutefois fatal, c’est que des subversifs comme Hollerich instrumentalisent publiquement de telles décisions afin d’attiser de manière ciblée les « attentes de réforme » et d’augmenter la pression sur le pape. Le fait que « synodal » soit désormais synonyme d' »hérétique » dans le langage ecclésiastique est surtout de son fait ; en tant que « rapporteur général » du synode, il veille en premier lieu à ce que celui-ci tourne au désastre catholique.

Celui qui a de tels « amis » n’a certainement pas besoin d’ennemis ; le pape ne fait pas exception à la règle. Alors qu’il s’agit pour lui, en plus de la « participation », de la « mission », il s’agit pour Hollerich et ses hommes d’imposer leurs positions hérétiques et de détruire l’Eglise ; leurs véritables alliés se trouvent en Allemagne et non, comme ils aiment le suggérer, sur le siège apostolique.

Il est certain que cela préoccupe de plus en plus le pape ; François ne veut en aucun cas entrer dans l’histoire comme le pape d’un schisme. Il est actuellement douteux qu’il y parvienne, d’autant plus que le « document de travail » du synode mondial sera publié en mai. Il est clair que ce document portera la signature hostile à l’Eglise de Hollerich. Il est également clair que la pression sur François devrait alors encore augmenter, certainement aussi au nord des Alpes. – L’Eglise est confrontée à une épreuve de vérité que seul Dieu peut encore éviter.

Joachim Heimerl (voir lien) est prêtre et professeur d’université.

Source : kath.net/news, le 28 avril 2023

Lucetta Scaraffia : les membres laïcs – hommes et femmes – voteront lors du prochain Synode, mais ils seront choisis par le haut.

« Lucetta Scaraffia: lors du prochain synode, les membres laïcs voteront – hommes et femmes – mais choisis d’en haut :

(AdnKronos) Les innovations introduites en vue du prochain Synode des évêques « ont un impact significatif dans le sens où les femmes et les laïcs pourront voter. Mais ils seront choisis d’en haut, par le Pape lui-même ». Lucetta Scaraffia, historienne, qui a toujours été à l’avant-garde pour que les femmes soient reconnues de manière substantielle et significative dans l’Église, freine tout enthousiasme face aux innovations introduites lors du prochain synode des évêques en octobre. « Il y a une forte compression de la centralisation. Ce sera le pape lui-même qui indiquera quels représentants des dicastères devront y participer alors qu’avant c’étaient les dicastères qui le faisaient – précise à Adnkronos l’historien qui a également consacré un livre au synode et à sa dynamique -.Les femmes seront alors 50 % des 70 membres non-évêques qui participeront : elles resteront toujours une minorité, une minorité. De plus, ce sont des femmes choisies par le Pape qui ne consulteront pas les nombreuses organisations et associations de femmes qui existent dans l’Église. Cette centralisation peut réduire considérablement la portée de l’innovation. Je trouve aussi incroyable ce fait du Pape synodal qui centralise de plus en plus ».

Lucetta Scaraffia rapporte son expérience lors d’un synode passé pour mettre en évidence ce qui doit être corrigé : les religieux l’ont rapporté. Je ne vois aucun changement à ce système aujourd’hui. J’ai beaucoup protesté à l’époque et ils m’ont fait parler. Nous devrons voir ce qui se passe. » De manière générale, en pensant aux changements introduits, Scaraffia parle d’une « amélioration, mais il y a un resserrement de la centralité. La vie catholique est pleine d’organisations de femmes, pourquoi ne pas leur demander qui choisir ? Et puis il n’y a pas de nouvelles règles pour les groupes de travail ».

Source: Il Sismografo, le 26 avril 2023

Prier pour l’unité, prier pour le synode

Le logo du synode sur la synodalité.Le logo du synode sur la synodalité.

Prier pour l’unité, prier pour le synode

Dans une lettre conjointe, le cardinal Koch, Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le cardinal Grech, Secrétaire général du Synode des évêques, invitent tous les chrétiens à prier pour l’unité et à continuer de cheminer ensemble. 

« Le dialogue entre les chrétiens de différentes confessions, unis par un seul baptême, occupe une place particulière dans le parcours synodal» peut-on lire dans cette lettre commune signée par le Président du Conseil Pontifical pour l’unité des chrétiens et le Secrétaire Général du Synode des évêques. En effet, tant la synodalité que l’œcuménisme sont des processus invitant à « marcher ensemble». Si «une Église synodale est une Église qui écoute» (Pape François, 17 octobre 2015), cette écoute devrait concerner la totalité de ceux qui portent le nom de chrétiens, puisque tous les baptisés participent à un certain degré au sensus fidei» précise la lettre, adressée aux responsables de l’œcuménisme des conférences épiscopales et synodes. 

Dans une démarche œcuménique, «l’un des dons que les catholiques peuvent recevoir des autres chrétiens est précisément leur expérience et leur compréhension de la synodalité» expliquent encore les cardinaux, qui soulignent aussi que «l’organisation synodale de l’Église catholique à tous les niveaux a des implications œcuméniques significatives car elle en fait un partenaire de dialogue plus crédible». 

Selon les cardinaux Koch et Grech, «le processus synodal lui-même est une occasion de favoriser les relations œcuméniques à tous les niveaux de l’Église, puisque la participation de délégués œcuméniques est devenue une pratique habituelle, non seulement au Synode des évêques mais aussi dans les synodes diocésains».

Des pistes pour vivre l’unité et la synodalité

Dans leur lettre, les deux cardinaux dressent une série de propositions afin de vivre concrètement cette unité et cette synodalité. Ils invitent d’abord les évêques diocésains à informer les responsables des communautés chrétiennes identifiées dans leur région à faire connaître le processus synodal en cours, à les encourager aussi à envoyer des réflexions écrites et à organiser des sessions d’écoute. 

Les évêques sont par ailleurs invités à accueillir les représentants des autres confessions chrétiennes lors des réunions de la conférence épiscopale ou du synode consacrée au processus synodal au niveau diocésain et à faire part de leurs observations en vue de la préparation de la synthèse de ces rencontres. Pour nourrir cette réflexion, le Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens et le Secrétarait général du Synode proposent une prière inspiré du thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens cette année: 

Père céleste,
comme les mages se dirigeaient vers Bethléem conduits par l’étoile,
que ta lumière céleste
guide aussi l’Église catholique à cheminer avec tous les chrétiens en ce temps de synode.
Comme les mages étaient unis dans leur adoration du Christ,
conduis-nous plus près de ton Fils pour que nous soyons plus proches les uns des autres,
afin que nous devenions signe de l’unité que tu désires pour ton Église et pour toute la création.
Nous te le demandons par le Christ notre Seigneur.

Amen

Source: VATICANNEWS, le 17 janvier 2022