Le président sud-soudanais, se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix

Le président Sud-Soudanais Salva Kiir accueillant le Pape François au Soudan du Sud, le 3 février 2023. Le président Sud-Soudanais Salva Kiir accueillant le Pape François au Soudan du Sud, le 3 février 2023.

Le président sud-soudanais, se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix

Le chef de l’État du Soudan du Sud, Salva Kiir, saluant la visite du Pape François, qu’il qualifie «d’étape historique», se dit prêt à reprendre les pourparlers de paix, sous la médiation de la communauté de Saint Egidio, avec les groupes d’opposition non signataires.

Paolo Ondarza – Cité du Vatican

Vendredi 3 février, après l’arrivée du Pape François à Juba, Salva Kiir a estimé que la visite du Souverain pontife constituait «un jalon historique», espérant que les «groupes de résistance», de leur côté, «réagissent à ce geste et s’engagent sincèrement, pour parvenir à une paix inclusive», dans ce pays le plus jeune au monde, fondé en 2011. Ces derniers mois, le gouvernement local avait suspendu les négociations menées par la communauté de Saint Egidio en relevant le «manque d’engagement» des groupes Nsssog, (groupes d’opposition non signataires du Soudan du Sud).

Le chemin de la paix

Le président Salva Kiir se souvient de la retraite spirituelle au Vatican en 2019 où le Pape François pour demander la paix a embrassé ses pieds et ceux des vice-présidents désignés présents, dont Riek Machar. Aujourd’hui, dit-il, «Riek et moi-même sommes assis ici, travaillant ensemble pour mettre en œuvre l’accord de paix signé en 2018».

Dialogue et défis

Salva Kiir se dit conscient que tout le monde n’est pas satisfait de la mise en œuvre dudit accord. L’important, déclare-t-il, «c‘est que nous, les parties, travaillons ensemble dans un esprit de dialogue pour surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés». Le président sud-soudanais se dit encore engagé à rétablir fermement la paix au Soudan du Sud. Il rappelle que dans la profonde volonté de poursuivre un «processus politique inclusif dans lequel les voix du peuple sont entendues, en septembre dernier», la «feuille de route-2022 élaborée, se prolonge sur la période de transition de 24 mois» afin de laisser le temps «d’établir des institutions qui permettent des élections transparentes et crédibles».

Après sa rencontre avec le Pape, vendredi 3 février, Salva Kiir a annoncé dans un décret qu’il graciait 71 prisonniers, dont 36 condamnés à mort, mais sans donner davantage de détails.

Importance du pèlerinage œcuménique

Le président du Soudan du Sud espère que la recherche de la paix et de la réconciliation sera favorisée par le pèlerinage œcuménique du Pape, de l’archevêque de Canterbury Justin Welby, et du modérateur de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse Iain Greenshields dans son pays. La visite historique de ces éminents dirigeants chrétiens, affirme-t-il, devrait nous inciter à réfléchir en profondeur à notre histoire récente, notamment en ce qui concerne la noble tâche de consolider la paix et les importants projets de «réconciliation et de pardon au sein de notre peuple».

L’accord de paix revitalisé a été signé le 12 septembre 2018 après 15 mois de négociations. Certains groupes d’opposition, n’y ont pas adhéré. La communauté de Saint Egidio dans sa médiation est intervenue en 2020 en lançant «l’Initiative de Rome». Le 12 janvier de la même année, ces groupes ont signé la Déclaration de Rome qui, pour la première fois, a réuni tous les partis politiques du pays, pour signer un accord de cessez-le-feu. Depuis lors, toujours en présence de la communauté de Saint Egidio, a eu lieu le premier cycle de négociations, la signature de l’Accord politique de Juba, résultat de l’entente entre Salva Kiir et Riek Machar qui a ouvert la voie à un gouvernement d’unité nationale, et la rédaction de la Déclaration de principes politiques.

La période de transition qui devait conduire le pays à des élections en 2023, après plusieurs reports, a été prolongée de 24 mois début août en raison de l’absence de progrès substantiels sur de nombreuses dispositions de l’accord, tandis que les combats entre milices rivales dans les États du Nil supérieur et de Jonglei ont repris le même mois. En novembre dernier, le gouvernement de Juba avait annoncé la «suspension de sa participation aux pourparlers de paix de Rome», accusant les groupes d’opposition Sud-Soudanais non signataires d’un «manque d’engagement».

Source : VATICANNEWS, le 4 février 2023

Rencontre du Pape avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique du Soudan du Sud

Rencontre du Pape avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique du Soudan du Sud

Ce vendredi 3 février 2023 à 16h00 (UTC+1), 17h00 (heure de Djouba), le pape François rencontre les autorités, la société civile et le corps diplomatique dans le jardin du Palais présidentiel à Djouba, au Soudan du Sud. Les enjeux sont grands pour ce jeune pays d’Afrique, qui fait face à des conditions climatiques extrêmes, la pauvreté et les affrontements. Des dizaines de milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, près de 3000 ont trouvé refuge au Soudan voisin. En décembre, le pape François avait appelé à prier pour la paix et la réconciliation nationale. Il tiendra à l’occasion de cette rencontre du 3 février un discours.

Visite de courtoisie du pape François au président de la République du Soudan du Sud

Visite de courtoisie du pape François au président de la République du Soudan du Sud

Ce vendredi 3 février 2023 à 14h45 (UTC+1), 15h45 (heure de Djouba), le pape François effectue une visite de courtoisie au président de la République du Soudan du Sud Salva Kiir. En 2019, déjà, le pape François l’avait rencontré au Vatican avec Riek Machar, chef rebelle désormais vice-président, au Vatican. Le Pape avait alors fait un geste fort : il avait embrassé leurs pieds, les invitant ainsi au pardon, à l’humilité et à un accord de paix pour ce jeune État d’Afrique orientale, miné par la guerre et la pauvreté depuis sa création en 2011.

Cérémonie de bienvenue du pape François à Djouba au Soudan du Sud

Cérémonie de bienvenue du pape François à Djouba au Soudan du Sud

Ce vendredi 3 février 2023 à 14h00 (UTC+1), 15h00 (heure de Djouba), le pape François est accueilli à Djouba, capitale du Soudan du Sud. Dans ce plus jeune Etat au monde, le Saint-Père entame une visite de trois jours. Ce pèlerinage oecuménique est réalisé conjointement avec l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, et le modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse, Iain Greenshields. Il a pour devise « Je prie pour que tous soient un » (Jn 17). La visite pastorale sera une grande première par son caractère oecuménique.

Développement suit.

SOUDAN SUD – Le « voyage œcuménique » du Pape François ouvrira les chemins de la paix

Au Sud-Soudan (pays qui se prépare à recevoir la visite œcuménique du Pape François avec l’Archevêque de Canterbury Justin Welby, Primat de la Communion anglicane, et le Pasteur Iain Greenshields, Modérateur de l’Assemblée générale de l’Eglise d’Ecosse), l’appartenance à différentes communautés de foi représente objectivement un facteur d’unification du tissu et de la vie sociale, dans un contexte dévasté et brisé par des décennies de guerres civiles. Souvent, cette appartenance a également joué un rôle dans la réduction des distances et des oppositions ethniques qui alimentent les conflits. C’est pourquoi, au fil des ans, les leaders des différentes communautés religieuses se sont impliqués dans des tentatives d’initier des négociations de paix. 
C’est sur ce terrain que se déplace et se greffe le « voyage œcuménique » envisagé par le Pape François, l’archevêque Welby et le pasteur Greenshields, comme un signe et une occasion de faire émerger et de soutenir le désir de paix et de bien qui habite le cœur de multitudes qui paient le prix de conflits insensés sur leur peau depuis des décennies.

Il est intéressant de prendre en compte le parcours historique qui voit aujourd’hui diverses Églises et communautés ecclésiales renvoyer aux archives les vieilles rivalités confessionnelles et travailler côte à côte pour tenter d’éteindre les conflits et soutenir la construction d’une coexistence civile pacifique orientée vers le bien commun. 

« L’annonce chrétienne, rappelle le père Christopher Hartley, missionnaire espagnol du diocèse de Tolède, aujourd’hui à Nandi, diocèse de Tombura-Yambio, était déjà arrivée dans l’actuelle région du Sud-Soudan au VIe siècle. Les véritables initiatives d’évangélisation dans l’ensemble du Soudan à l’époque moderne ont commencé au XIXe siècle, pendant la période de l’Empire britannique, avec les missionnaires comboniens arrivés de Vérone et les missionnaires de la Mill Hill Society. Dans de nombreuses régions aujourd’hui incluses dans le Sud-Soudan, l’activité et la présence missionnaires ont acquis une pertinence et une continuité à partir des années 1970. Bien qu’il existe encore une composante de syncrétisme avec des éléments des religions traditionnelles, la foi d’une grande partie de la population chrétienne est admirable et émouvante ».

Environ 6,2 millions de Sud-Soudanais (correspondant à 37,2% de la population nationale de plus de 16 millions) sont catholiques. « Sainte Joséphine Bakhita, la première religieuse combonienne africaine née vers 1845 dans les Monts Nuba, dans l’actuel Sud-Soudan, et Saint Daniel Comboni sont les deux grands martyrs vénérés par les Sud-Soudanais, ici aussi dans le diocèse de Tombura Yambio. Le travail des missionnaires comboniens au Sud-Soudan n’a subi aucun détour, malgré leur expulsion le 6 mars 1964 et la guerre de 1983 », ajoute le père Christopher. « La foi catholique est arrivée pour la première fois avec les missionnaires comboniens à Mupoi, près de Tombura, en 1912. La paroisse de Nandi est la troisième du diocèse et a été établie en 1947, également par les missionnaires comboniens. Mais dans de nombreuses régions du pays, le christianisme n’est arrivé qu’il y a quelques décennies. Il y a des endroits où les missionnaires annoncent Jésus-Christ pour la première fois. Les vocations sacerdotales et religieuses ne manquent pas, il y a de nombreux candidats dans les séminaires du pays, même si parfois la formation est très précaire ». Il n’y a que le Grand Séminaire Saint Paul dans l’archidiocèse de la capitale Juba, et la plupart des diocèses ont plusieurs petits séminaires. En conséquence, la plupart des étudiants du Sud-Soudan vont étudier la théologie entre Juba, Nairobi et Kinshasa. 
C’est précisément l’éducation qui est au centre des préoccupations et des initiatives de l’Église catholique locale. La plupart des mineurs du Sud-Soudan grandissent et sont éduqués dans des établissements scolaires catholiques. « À Tombura, par exemple, il y a plus d’écoles catholiques que d’écoles publiques ».

Les premiers missionnaires comboniens sont arrivés au Soudan en 1842. Ils ont construit des écoles et des hôpitaux pour servir la population locale, encore liée aux croyances et pratiques religieuses traditionnelles. « Grâce aux missionnaires, la plupart des habitants ont abandonné leur religion traditionnelle et sont devenus catholiques ».

En 2005, l’accord de paix global (CPA) entre les régions du sud et le gouvernement de Khartoum a ouvert la voie à l’indépendance du Sud-Soudan, scellée en 2011. Depuis que le pays s’est séparé du Soudan, la plupart des catholiques qui étaient concentrés à Juba et dans les environs ont choisi de rester au Sud-Soudan. 

Anglicans et réformés
D’autres Églises et communautés ecclésiales non catholiques sont arrivées au Soudan à partir de 1899. Les anglicans, par l’intermédiaire de la Church Missionary Society, ont déjà administré le baptême à des dizaines de milliers d’habitants au cours des premières années de leur présence dans la région par la prédication et le travail missionnaire. Actuellement, l’Église épiscopale du Soudan, qui fait partie de la Communion anglicane, est numériquement la deuxième plus grande Église au Soudan et au Sud-Soudan, après l’Église catholique. 

L’Église presbytérienne unie, qui fait partie de la Communion mondiale des Églises réformées, a commencé son travail au Soudan en 1900. Puis, au cours du XXe siècle, des missionnaires de nombreuses autres communautés ecclésiastiques réformées et évangéliques, telles que l’Église soudanaise du Christ, ont atteint le pays, concentrant leurs activités dans le sud. 

Parmi les autres communautés religieuses du Sud-Soudan, les musulmans sont une minorité. Beaucoup d’entre eux vivaient dans le pays avant son indépendance du Soudan en 2011. 

La religion traditionnelle africaine basée sur des croyances animistes, qui diffèrent d’une tribu à l’autre et d’une communauté à l’autre, continue d’être suivie par une grande partie de la population.

Faim, insécurité alimentaire et instabilité politique
« Bien que certaines données semblent indiquer des processus de redressement et de maturation dans ce jeune pays, poursuit le père Christopher, la situation générale reste alarmante. Plus de la moitié de la population est menacée par la faim et vit dans une insécurité alimentaire totale. Environ deux millions d’enfants souffrent de malnutrition ». 

L’instabilité politique, économique et sociale que connaît le Sud-Soudan est principalement due au long conflit entre le président Salva Kiir, de l’ethnie Dinka, et son adjoint Riek Machar, de l’ethnie Nuer. Les deux ennemis mortels se sont rendus au Vatican en 2019 et le pape François leur a embrassé les pieds en les suppliant de faire la paix. Bien qu’au Sud-Soudan, seuls 4 à 5 % de la population aient l’électricité et que l’accès à l’eau soit presque inexistant, le pays est très riche en ressources naturelles, notamment en or, en diamants et en pétrole. Les ressources qui ont été rendues indisponibles en raison de l’insécurité et de l’instabilité politique et sociale ». 

Avant même la naissance du Sud-Soudan en tant qu’État indépendant, le revers de la vie du Soudan dans son ensemble est survenu avec le conflit au Darfour, une région située à l’ouest du pays. Déclenché officiellement en 2003 et déclaré terminé en 2009, le conflit a fait au moins 400 000 morts et environ deux millions de déplacés. Malgré un accord de paix signé en Éthiopie en 2018 et jamais respecté, de fortes tensions ethniques demeurent à ce jour.
Au Soudan du Sud, les combats entre milices rivales ont repris depuis août 2022. Les élections dans le pays, qui ont été reportées à plusieurs reprises, sont prévues pour la fin de l’année 2024.
Né en 2011 entre deux guerres civiles atroces, le Soudan du Sud a accédé à l’indépendance après près de 30 ans de guerre, la capitale est devenue Juba où l’on compte actuellement au moins 50 groupes ethniques. Les femmes ont en moyenne 5/6 enfants et l’espérance de vie n’atteint pas 60 ans.
(AP) (Agence Fides 27/1/2023)

Source : VATICANNEWS, le 27 janvier 2023

Paix et réconciliation invoquées après l’attaque contre le père Carlassare

Le père Carlassare, évêque élu de Rumbeck, à l'hôpitalLe père Carlassare, évêque élu de Rumbeck, à l’hôpital 

Paix et réconciliation invoquées après l’attaque contre le père Carlassare

L’Association des conférences épiscopales d’Afrique de l’Est (Amecea) invoque la paix, la réconciliation et la conversion des cœurs quelques jours après l’attaque dont a été victime le père Christian Carlassare, évêque élu de Rumbeck au Soudan du Sud. 

Vatican News

«Que tous ceux qui sont liés à la fusillade, déclare l’Amecea, soient traduits en justice et que le bon Dieu, qui cherche la réconciliation de toute l’humanité, intervienne pour la conversion de leur cœur».

Outre l’Amecea, la Conférence des évêques du Soudan et du Soudan du Sud appelle à la justice et prie pour les coupables et exhorte les autorités de Juba à «agir sérieusement pour identifier les responsables et les traduire en justice». L’évêque de Tombura-Yambio, Mgr Barani Eduardo Hiiboro Kussala, précise : «nous condamnons fermement cet acte de méchanceté et de barbarie et demandons à tous de se serrer les coudes en cette période difficile, en défendant les valeurs chrétiennes telles que l’amour, la solidarité, l’attention, l’unité, le pardon et la patience».

«Attaquer une personne innocente et sans défense», ajoute-t-il, «est un acte de lâcheté, profondément mauvais». Enfin, Mgr Kussala adresse un grand merci à tous les missionnaires qui travaillent au Soudan du Sud : «les gens les aiment -conclut le prélat – parce que l’Église dans le pays est née et a grandi grâce aux sacrifices de nombreux frères et sœurs missionnaires».

Le père Christian Carlassare, évêque élu de Rumbek, au Soudan du Sud, religieux combonien, nommé le 8 mars dernier et en attente de l’ordination épiscopale prévue pour le 23 mai, a été blessé aux jambes par deux hommes armés qui ont tiré sur lui dans la nuit du 25 au 26 avril, alors qu’il se trouvait à son domicile. Pour l’instant, le prêtre est hospitalisé à Nairobi, au Kenya, pour recevoir les soins nécessaires.

Source: VATICANNEWS , le 1er mai 2021