SAINT JOSEPH

Par le père Joseph-Marie Verlinde

Joseph, l’instrument de la promesse annoncée par les prophètes (1/9)

Domaine public

Fondateur et prieur de la communauté monastique de la Famille de saint Joseph, le père Joseph-Marie Verlinde nous introduit dans la grande figure de saint Joseph, auquel le pape François a consacré une année spéciale à l’occasion du 150e anniversaire de sa proclamation comme Patron de l’Église universelle. Qui était Joseph ? Partout présenté dans l’Écriture comme « Fils de David », c’est par lui que Jésus s’inscrit dans la promesse de Dieu, annoncée par les prophètes.

Selon les promesses de Dieu, le Messie devait naître de l’arbre de Jessé (Is 11,1), dans la lignée de David. C’est par Joseph, lui-même « de la maison et de la descendance de David » (Lc 2,4), que s’accomplissent toutes ces promesses. L’évangéliste Matthieu,après avoir affirmé lui aussi dès le premier verset de son Évangile que Jésus est « fils de David », justifie son propos en déclinant la longue lignée de la Maison de David jusqu’à Joseph. Cet unique renseignement que nous ayons sur la famille de Joseph justifie pleinement le choix divin. Rien ne nous est dit sur l’apparence de Joseph ni sur son âge au moment de contracter mariage avec Marie ; mais la tradition — juive et chrétienne — nous permet de faire parler quelque peu le silence des Évangiles.

Appelé « Fils de David »

Il est frappant que l’Ange s’adresse à Joseph en précisant d’emblée « fils de David » (Mt 1, 20), comme pour suggérer dès ses premiers mots le contexte de sa visite. La tradition juive croyait en effet que le Messie serait issu de la lignée du roi David ; elle s’appuie sur la promesse faite par Dieu lui-même à David par l’intermédiaire du prophète Nathan,que nous trouvons au deuxième livre de Samuel : « Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable pour toujours son trône royal. Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. S’il fait le mal, je le corrigerai avec le bâton, à la manière humaine, je le frapperai comme font les hommes. Mais ma fidélité ne lui sera pas retirée, comme je l’ai retirée à Saül que j’ai écarté de devant toi. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours » (2 S 7, 12-16). Le premier livre des Chroniques reprendra cette prophétie (1Ch 17, 1-15) ainsi que le prophète Amos (Am 9,11).

Un prince héritier ?

Le premier verset de l’Évangile s’ouvre par l’annonce de la « Table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham ». On comprend qu’il ait été important pour Matthieu de décliner toute la généalogie de Joseph, remontant à David et même à Abraham, pour justifier ce verset aux consonances messianiques : « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16). Marie est peut-être aussi, selon la tradition classique, de la descendance de David par son père et de celle d’Aaron par sa mère, mais si l’Évangile insiste seulement sur Joseph, en disant qu’il était de Bethléem et pas seulement de la descendance de David, mais « de la maison et de la descendance de David » (Lc 2,4), c’est selon une hypothèse intéressante — qui reste encore à valider — pour dire qu’il était dans le groupe des princes héritiers légitimes du trône de David et cette hypothèse renforcerait l’importance du titre par lequel l’Ange s’adresse à Joseph dans le récit de Matthieu : « Fils de David » (Mt 1,20). Ces considérations rejoignent ce que des spécialistes ont développé au cours du colloque « Archéologie, histoire et héritage culturel de Nazareth » en 2010 à Nazareth à propos de l’étymologie du nom de « Nazareth », autour des racines hébraïques NSR, qui peuvent signifier « consécration », mais aussi « couronne », et qui aurait pu être à côté de Megiddo le lieu de résidence d’été des héritiers de David dans le Royaume du Nord.

À la mort de Joseph, c’est Jésus le « Fils de David »

Jésus a, semble-t-il, attendu la mort de Joseph pour commencer sa mission publique. Quand il sort de Nazareth, c’est lui dorénavant qui sera appelé par ce nom de « Fils de David » : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » (Lc 18,38-39) et c’est avec ce titre qu’il va se révéler au monde comme « le roi des Juifs » (Lc 23,3 ; 37-39 ; Jn 18,33).

Source : ALETEIA.ORG, le 27 décembre 2020

Ce que nous dit le silence de Joseph (2/9)

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Les Écritures, qui constituent notre seule source d’information directe concernant saint Joseph, nous invitent à l’écoute de son silence. Joseph peut être regardé comme le chérubin qui veille sur l’Arche de la Nouvelle Alliance et sa contemplation du mystère de Dieu le conduit naturellement au silence de l’émerveillement.

Les Évangiles sont particulièrement discrets à propos de Joseph : seuls Matthieu et Luc le citent directement ; l’évangéliste Marc est totalement muet à son sujet, et saint Jean ne le cite que deux fois, indirectement : « Jésus, fils de Joseph » (Jn 1, 45 ; 6, 42). Son nom est pour toujours indissociablement uni à ceux de Marie et de Jésus dans une commune mission : rendre possible par leurs « fiat » respectifs, le salut du genre humain : « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus » (Mt 1, 6).

Le silence de Joseph

Les récits inspirés ne nous précisent ni le lieu, ni la date de sa naissance ; il n’a laissé aucun écrit et l’Évangile ne cite de lui aucune parole. Puisque Joseph ne dit rien — ou plutôt : puisque les Évangiles ne nous rapportent de lui aucune parole —, c’est donc à l’écoute de son silence que nous sommes invités. Mais un silence éloquent, à l’image peut-être du silence du Père, qui ne parle que par le don de son Fils, par la bouche de son Fils, par l’offrande de son Fils. « Le silence de Joseph a une portée particulière, insiste Jean-Paul II : grâce à lui, on peut saisir pleinement la vérité contenue dans le jugement que l’Évangile émet sur Joseph : le “juste” (Mt 1, 19). Il faut savoir lire cette vérité, car en elle est contenu l’un des témoignages les plus importants sur l’homme et sur sa vocation » (Exhortation apostolique sur la figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Église, Redemptoris Custos, 15 août 1989).

Le Chérubin qui veille

Bien plus que Moïse ou Élie, saint Joseph a vécu en présence de Dieu : on peut même dire qu’aucun homme n’a été si profondément en contact avec le Dieu fait homme et avec Celle dont il a pris chair. Dans l’Ancien Testament, Dieu a voulu fixer le lieu de sa présence au milieu de son peuple dans l’Arche de l’Alliance, figure de la Vierge Marie, que protègent deux Chérubins, qui pourraient être regardés d’une certaine manière, comme l’image de saint Joseph et peut-être de saint Jean : les deux grands saints qui ont été appelés à veiller attentivement sur la première et sur la dernière partie de la vie de la Vierge Sainte choisie par l’Éternel pour y faire sa demeure.

De la contemplation au silence de l’émerveillement

Dans l’ordre de la hiérarchie céleste, viennent les Anges, les Archanges, les Principautés, puis les Puissances, Vertus et Dominations, puis les Trônes, Chérubins et Séraphins. Si les Anges et Archanges sont très engagés dans l’action au service de Dieu, comme le sont tous les missionnaires et apôtres dans l’Église, les Chérubins appartiennent à la première hiérarchie des neuf Chœurs des Anges, qui, étant entièrement tournés vers Dieu, sont si unis à Lui et tellement plongés dans la contemplation de son mystère qu’ils en restent presque silencieux, comme les religieux et les contemplatifs. Le silence de Joseph et celui de saint Jean, qui tarda tant à publier son Évangile, disent sans doute quelque chose de ce primat de la contemplation et de l’union à Dieu, qui doivent être regardés comme fondamentaux, quelle que soit la vocation chrétienne. Dieu nous préfère à nos œuvres, quelles qu’elles soient, et parce que Marie a choisi « la meilleure part » (Lc 10, 42) comme saint Joseph. « Que celui qui n’a pas de maître dans l’oraison prenne ce glorieux saint pour guide, il ne risquera pas de s’égarer », nous dit sainte Thérèse d’Avila (Vie, ch.6).

Les Chérubins sont aussi ceux qui gardent la porte du Paradis (Gn 3, 24) et le chemin de l’arbre de vie. L’Église, qui a vocation à guider notre route, nous dévoile de plus en plus clairement Joseph dans les temps qui sont les nôtres, depuis Pie IX qui l’a proclamé patron de l’Église universelle en 1870.

Source : ALETIA.ORG, le 28 décembre 2020

Pourquoi Joseph se maria jeune ? (3/9)

Jean-Baptiste Wicar | Public Domain

Joseph n’était sans doute pas vieux quand il épousa Marie. C’était probablement un jeune homme dans la force de l’âge, qui formait avec Marie un couple d’apparence normale, pour cacher, garder et protéger le secret de Dieu de tout mal et de toute curiosité.

C’est saint Matthieu qui donne à saint Joseph la plus grande place dans son récit. Il est probable que pour écrire son Évangile, il a eu recours au « livret de famille » de saint Joseph, comme saint Luc à celui de la Vierge Marie, chacun des évangélistes nous présentant les événements retenus de telle manière que nous puissions en dégager la signification pour notre salut.

Dans la force de l’âge

Contrairement à une iconographie symbolique répandue, Joseph n’était sans doute pas vieux quand il épousa Marie. Au moment de devenir « époux de Marie », Joseph est probablement un jeune homme dans la force de l’âge, comptant vraisemblablement une bonne vingtaine d’années : le Talmud, qui explicite la Tradition juive, recommande en effet de se marier de bonne heure. L’âge de 18 ans est préconisé, à condition que le futur époux et père soit capable de pourvoir aux besoins matériels d’une famille : « Un homme doit en premier lieu bâtir sa maison, ensuite planter une vigne, ensuite se marier. » Le grand âge de Joseph, dans une certaine iconographie ou dans le Protévangile de Jacques (9,2), est un langage symbolique qui veut signifier l’absence de relations charnelles entre les époux, mais n’a nullement l’intention de suggérer que le saint Joseph de l’histoire était un vieillard au moment d’épouser Marie.

Pour préserver Marie

Ce souci de souligner la filiation divine du Christ et la conception virginale de Marie se retrouve dans les apocryphes qui ont contribué à nourrir le culte de saint Joseph mais qui l’ont parfois aiguillé sur des pistes peu fécondes : le Protévangile de Jacques, le Pseudo Matthieu, le Livre de la Nativité de Mariel’Histoire de Joseph présentent ainsi saint Joseph sous les traits d’un vieillard veuf ayant eu plusieurs fils et filles. Mais outre le fait que le Talmud condamne sévèrement l’excessive différence d’âge entre les époux, un tel mariage ne remplirait pas son rôle providentiel, à savoir de préserver aux yeux des hommes l’honneur et la dignité de Marie. Dans les catacombes, Joseph est d’ailleurs représenté comme un homme jeune en pleine vigueur, et jamais sous les traits d’un vieillard. Et quand il apparaît comme à Cotignac en 1660 à Gaspard Ricard, il se présente aussi selon les termes du récit sous la forme d’un homme robuste et « d’imposante stature ».

Pour protéger le secret de Dieu

Joseph en silence cachera, gardera et protègera le secret de Dieu de tout mal et de toute curiosité. Dans la seconde homélie Missus est sur les gloires de la Vierge Marie, saint Bernard ajoute un argument moins scripturaire mais très intéressant : « Il était nécessaire que Marie fut fiancée à Joseph, puisque c’était le moyen de soustraire aux chiens un saint mystère, de faire constater par son propre époux la virginité de Marie, et de ménager en même temps la pudeur et la réputation de la Vierge. Par ce moyen, les secrets desseins de Dieu ont un témoin, se trouvent soustraits à la reconnaissance de l’ennemi, et l’honneur de la Vierge Mère est conservé sans tache » (n. 13). Les « chiens » ne sont autres que les démons ; « l’ennemi » identifie Satan, qu’il convenait de garder éloigné du mystère. Connaissant la prophétie d’Isaïe : « Voici que la jeune fille concevra, et elle enfantera un fils » (Is 7, 14), il aurait soupçonné la Vierge Marie, enceinte sans être engagée dans le mariage, d’être celle que désignait le prophète. Mais le démon ne se méfierait pas de ce jeune couple accueillant un enfant : quoi de plus ordinaire ? Ainsi, sans le saint mariage de Marie et de Joseph, « les démons n’auraient point ignoré ce qu’ils auraient eu un moyen de connaître. Or il fallait que le Prince de ce monde ne fût point instruit, pendant quelque temps du moins, du secret des desseins de Dieu. Ce n’est pas que Dieu ait appréhendé, s’il agissait ouvertement, d’être entravé dans son entreprise par le démon, mais c’est que, faisant tout ce qu’il veut, non seulement avec puissance, mais encore avec sagesse, il voulut, dans l’œuvre merveilleuse de notre rédemption, faire éclater sa prudence non moins que sa puissance, de même que, en toutes ses œuvres, il se plaît à observer certaines convenances des choses et de temps dans l’intérêt de la beauté de l’ordre même » (Ibid.).

Source : ALETEIA.ORG, le 29 décembre 2020

Ce que nous dit la beauté de saint Joseph (4/9)

© Bartolomé Esteban MURILLO – Aurimages
Saint Joseph de Murillo.

L’homme du silence, patron de la vie cachée, devait être un homme beau et sa beauté parlait pour lui.

Quelque chose de la beauté de David (1 S 16,12) a pu passer à ses descendants, et aussi à Marie, que la Tradition nomme « la plus belle des femmes » (Ct 1, 8). Pour imaginer reconstituer le personnage de Joseph, le père Denis Buzy (1883-1965) — qui fut supérieur général des Prêtres du Sacré-Cœur de Bétharam — se laisse conduire par un raisonnement partant des Écritures : « David était beau (1 Sm 16,12), beau de visage, beau de cheveux, qu’il avait blonds ; beau de taille, qu’il avait avantageuse, même en ce printemps de sa jeunesse ; beau de force, car il se mesurait avec le lion ou l’ours du désert. La beauté de David a passé à tous ses descendants ; l’Écriture le signale, même quand ses fils ont fait de cette dangereuse beauté un usage criminel. […] Nous pouvons dès lors supposer que cette beauté initiale, raffinée par des siècles de royauté et de malheurs, se conserva et se perpétua en l’époux de “la plus belle des femmes“ (Ct 1, 8). » Quant à Jésus, le fils « fils de Joseph » (Lc 4, 22) et de Marie, il devait être aussi d’une beauté incomparable. « Il devait en être ainsi, précise le père Buzy, puisque la tige de Jessé allait, après un millénaire de préparation et d’élaboration, s’épanouir en une fleur merveilleuse, et que la Vierge Mariedevait donner le jour à Jésus, le plus beau des enfants des hommes (Ps 44, 3). Fils de David, choisi par Dieu pour devenir le père nourricier du plus beau des enfants, qui pourrait douter que Joseph n’eût reçu cet héritage de sa race ? Il devait être beau de jeunesse, beau de visage, beau de taille, beau de force, beau de candeur. Il était beau. Et la vertu ajoutait son charme à cette beauté . »

Image de la beauté de Dieu

Les Grandeurs de saint Joseph de Jean-Jacques Olier (1608-1657), fondateur de la communauté et du séminaire de Saint-Sulpice, comptent sans doute parmi les plus belles pages sur l’époux de Marie. Pour M. Olier, saint Joseph devait rendre perceptibles pour l’Enfant divin, les perfections adorables de Dieu son Père, « ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion ». Pour pouvoir être ainsi « l’image universelle de Dieu le Père en terre », saint Joseph a dû recevoir de Dieu une ressemblance de sa nature invisible et cachée : « Dieu le Père forme exprès de ses mains pour se figurer soi-même à son Fils unique, et lui mettre sans cesse devant les yeux son vrai portrait et son image comme une compensation dans le temps de son absence et une sorte de soulagement durant les années de son pèlerinage » (les Grandeurs de saint Joseph I 1, 1). Pour Jean-Jacques Olier, de tels privilèges mettent saint Joseph hors d’état d’être compris par les esprits des hommes. C’est donc par la foi que nous sommes invités à vénérer en saint Joseph ce que nous ne saurions comprendre.

Le regard clair, plein de noblesse

Dans son ouvrage La Vierge Marie, Jean Guitton (1901-1999) s’imagine « un Joseph jeune et fort, sylvestre, vivace comme ce berger libanais qui est décrit dans le Cantique. Plusieurs jeunes héros que la vie m’a permis de connaître aux champs et dans les armées, m’ont proposé ce genre d’homme au clair regard : paysans, soldats, aviateurs ; le mâle et le pur, associés dans un même éclat ».

Dans une lettre qu’il écrit le 24 mars 1911 depuis Prague à son ami Sylvain Pitt, Paul Claudel (1868-1955) se risque à quelques confidences sur la manière dont il se représente saint Joseph : « C’était à la fois un ouvrier et un gentilhomme. Il était souriant et silencieux, avec un grand nez noble, des bras musculeux et des mains dont un doigt était souvent enveloppé d’un linge comme il arrive à ceux qui travaillent le bois. Je le vois dans sa boutique un matin de soleil, j’entends la scie et le bruit sonore des morceaux de bois, j’entends un enfant qui vient le chercher et qui crie : “Joseph ! Joseph !” Sa boutique devait être chérie des enfants comme le sont toujours celles des menuisiers. »

Le patron de la vie cachée

« Puis, poursuit Claudel, je le vois qui revient de Jérusalem à l’étonnement de tout le monde, avec sa fiancée si jeune et si douce. Je les vois quand ils arrivent et la voisine complaisante qui avait préparé le ménage. Que de commentaires sur tout cela le soir à la fontaine ! Joseph est le patron de la vie cachée, l’Écriture ne rapporte pas de lui un seul mot. C’est le silence qui est père du Verbe. Que de contrastes chez lui ! Il est le patron des célibataires et celui des pères de famille, celui des laïcs et celui des contemplatifs ! Celui des prêtres et celui des hommes d’affaires. Car Joseph était charpentier. Il était obligé de discuter avec les clients et de signer de petits contrats, de poursuivre les débiteurs récalcitrants, de plaider, de compromettre, d’acheter ses fournitures au meilleur compte en réfléchissant sur les occasions, etc. »2


2 P. Claudel, Positions et propositions, II, Gallimard, Paris, 1934, p. 147-148.

Source : ALETEIA.ORG, le 30 décembre 2020

Saint Joseph, un vrai père de famille (5/9)

© Pascal Deloche / Godong
Joseph avec l’enfant Jésus.

Pour assurer leur mission, Jésus et Marie avaient besoin d’un père et d’un époux. Joseph a naturellement été comblé par Dieu de toutes les grâces nécessaires à ce rôle unique.

Jésus vrai Dieu et vrai homme, devait avoir une vraie famille. Pour pouvoir s’épanouir humainement, le Fils de Dieu incarné a dû bénéficier, comme tout homme, du ministère de maternité et de paternité. Il faut rappeler ici la doctrine des deux consciences de Jésus. Lorsque le Verbe se fait chair, il ne perd en rien sa conscience divine en tant que Fils de Dieu. Mais il prend également conscience humaine de soi, en animant le corps qu’il reçoit de la Vierge Marie.

L’homme Jésus avait besoin d’un père

L’Incarnation respecte pleinement les lois de la croissance humaine. Cette prise de conscience se fait progressivement selon les lois de la psychologie que l’Incarnation a pleinement respectées. C’est pourquoi l’Enfant avait besoin non seulement d’une mère, mais aussi d’un père, pour « grandir en taille, en grâce et en sagesse sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52). Les avancées de la psychologie ont permis de reconnaître le rôle primordial du père dans l’élaboration de la structure psychique de l’enfant : il représente pour celui-ci l’altérité et plus largement : l’ouverture au monde. C’est en réponse à la parole du père, qui l’invite à risquer une parole qui lui soit propre, que l’enfant peut exercer sa liberté et accéder à son identité.

Dieu a logiquement comblé Joseph de toutes les grâces nécessaires à sa mission unique. Celui à qui Dieu a confié « ses deux trésors les plus précieux », Jésus et Marie, a forcément reçu dès l’aube de sa vie, toutes les grâces qui lui seraient nécessaires pour assurer son ministère d’époux de la Vierge et de père du Fils de Dieu. Certains saints — et pas des moindres puisqu’il faut compter parmi eux saint François de Sales, docteur de l’Église, et saint Padre Pio — sont allés jusqu’à considérer que, pour être le digne époux de la Vierge Immaculée, saint Joseph a dû jouir de la même grâce, et être préservé lui aussi de tout péché dès sa conception. L’Église ne s’est cependant jamais prononcée sur ce point ; la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854, par laquelle le pape Pie IX définissait le dogme de l’Immaculée Conception de Marie, semble même l’exclure implicitement puisqu’elle parle du « privilège unique » accordé à la Vierge Marie en vue de sa maternité divine.

Une grâce singulière

Il est certain que saint Joseph a reçu toutes les grâces qui lui furent nécessaires pour accomplir sa mission unique aux côtés de la Vierge Marie. Saint Bernardin de Sienne (1380-1444) développe à ce propos un raisonnement exemplaire : « C’est une règle universelle, pour toutes les grâces accordées à quelque créature raisonnable, que, lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour l’honorer d’une grâce singulière ou l’élever à un état sublime, toujours elle accorde à cet élu tous les dons qui sont nécessaires à sa personne et à l’accomplissement de sa mission, et elle l’orne libéralement de ces dons. Ce principe s’est surtout vérifié en saint Joseph, père putatif de Notre Seigneur Jésus-Christ et véritable époux de la Reine du monde. Choisi par le Père éternel pour être le fidèle nourricier et le gardien de ses plus grands trésors, c’est-à-dire de son Fils et de son épouse, il s’est acquitté très fidèlement de son office. Aussi le Seigneur lui a-t-il dit : “Serviteur bon et fidèle, entre dans la joie de ton Seigneur”. »

L’Homme nouveau devait naître au sein d’une famille

Il a plu à Dieu de tout restaurer en Christ (Col 1, 16-21). Jésus ressuscité est le premier-né de l’humanité nouvelle, recréée à l’image et à la ressemblance de Dieu. À l’aube de la nouvelle création, il convenait de trouver un nouveau couple, restauré dans la grâce en vertu de l’œuvre de Rédemption de Celui qu’il devait accueillir : Jésus-Christ notre Sauveur. À l’aube des temps nouveaux apparaît ainsi non pas une Vierge solitaire, mais un couple, dont va naître le Sauveur. L’Enfant est né dans le sein de la Vierge Marie, « accordée en mariage à Joseph » (Lc 1, 27) : la précision est importante. L’Homme nouveau devait naître au sein d’une famille qui réalise pleinement le dessein de Dieu sur l’homme et la femme, révélé au livre de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Gn 1, 27).

Source : ALETEIA.ORG, le 31 décembre 2020

Saint Joseph aussi a connu des épreuves (6/9)

© Sylvain Collet / Aurimages
La mort de saint Joseph par Leloir, Petit Palais.

Les épreuves n’ont pas été épargnées à Joseph : celle de la « nuit spirituelle » qu’il vécut lors des événements de l’Incarnation, mais aussi la pauvreté, le danger, l’angoisse.

Joseph fut « secoué par une tempête de pensées contradictoires » chante l’Hymne acathiste. Ce fut une véritable « nuit spirituelle ». Le pape François raconte : « L’évangéliste Matthieu présente les faits qui ont précédé la naissance de Jésus du point de vue de saint Joseph, fiancé à la Vierge Marie. Ils vivaient à Nazareth mais ils n’habitaient pas encore ensemble, parce que le mariage n’était pas encore accompli. Entretemps, Marie, après avoir accueilli l’annonce de l’Ange, tomba enceinte par l’action de l’Esprit Saint et lorsque Joseph se rend compte de cela, il est totalement déconcerté. L’Évangile n’explique pas quelles ont été ses pensées, mais il nous dit l’essentiel : il cherche à faire la volonté de Dieu et il est prêt au renoncement le plus radical. Au lieu de se défendre et de faire valoir ses droits, Joseph choisit la solution qui pour lui représente un énorme sacrifice. Et l’Évangile dit : « Parce que c’était un homme juste, il ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret » (Mt 1, 19). Cette courte phrase résume un drame intérieur véritable, si nous pensons à l’amour de Joseph pour Marie ! Mais même dans cette circonstance, Joseph veut faire la volonté de Dieu et décide, certainement avec une grande douleur, de répudier Marie en secret » (Angelus du 22 décembre 2013).

Une épreuve comparable à l’épreuve d’Abraham

« Il faut méditer sur ces paroles, poursuit le Pape, pour comprendre quelle a été l’épreuve à laquelle Joseph a dû faire face les jours qui ont précédé la naissance de Jésus. Une épreuve semblable à celle du sacrifice d’Abraham, lorsque Dieu lui a demandé son fils Isaac (cf. Gn 22) : renoncer à la chose la plus précieuse, à la personne la plus aimée. Mais, comme dans le cas d’Abraham, le Seigneur intervient : il a trouvé la foi qu’il cherchait et il ouvre une voie différente, une voie d’amour et de bonheur : “Joseph, lui dit-il, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit saint” (Mt 1, 20). Cet Évangile nous montre toute la grandeur d’âme de saint Joseph. Il était en train de suivre un bon projet de vie, mais Dieu lui réservait un autre dessein, une mission plus grande. »

Joseph, l’homme fidèle et juste qui a préféré croire au Seigneur plutôt que d’écouter les voix du doute et de l’orgueil humain

« Joseph était un homme qui écoutait toujours la voix de Dieu, profondément sensible à sa volonté secrète, un homme attentif aux messages qui lui parvenaient du plus profond de son cœur et d’en-haut. Il ne s’est pas obstiné à suivre son projet de vie, il n’a pas laissé la rancœur empoisonner son esprit, mais il s’est mis à la disposition de la nouveauté qui lui était présentée d’une façon déconcertante. Et c’est ainsi que Joseph est devenu encore plus libre et encore plus grand. En s’acceptant selon le dessein du Seigneur, Joseph se trouve pleinement lui-même, au-delà de lui-même. Sa liberté de renoncer à ce qui est sien, à la possession de sa propre existence, et sa pleine disponibilité intérieure à la volonté de Dieu, nous interpellent et nous montrent le chemin. Marie est la femme pleine de grâce qui a eu le courage d’avoir totalement confiance dans la Parole de Dieu ; Joseph, l’homme fidèle et juste qui a préféré croire au Seigneur plutôt que d’écouter les voix du doute et de l’orgueil humain » (ibid).

Bien d’autres épreuves au service du Seigneur

Homme de prière et de foi, il a fait face aux inattendus de sa mission en répondant sans délai aux appels de Dieu, quand il fallut marcher avec Marie enceinte vers Bethléem, dans la pauvreté de l’étable où elle devra accoucher, dans la fuite en Égypte pour échapper à Hérode, dans une vie de réfugié en une terre étrangère, puis dans un labeur quotidien à Nazareth, ou dans la surprise du recouvrement de Jésus au Temple après trois jours passés à le chercher, comme en une anticipation de l’attente de la Résurrection. Car quand la Vierge Marie « saisie d’émotion » s’écrie : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, nous te cherchions angoissés » (Lc 2,48), elle exprime évidemment la douleur profonde et la peur qu’elle a partagées avec saint Joseph. Mais selon l’affirmation de l’Écriture et la foi de l’Église, Joseph est toujours resté au milieu de ces épreuves diverses, «un homme juste » qui a pleinement su répondre à la mission immense et si décisive que le Ciel lui avait confiée.

Source : ALETEIA.ORG, le 1er janvier 2021

Joseph, le nouvel Adam (7/9)

© Nancy Bauer – shutterstock
Vitrail représentant le mariage de la Vierge et de Joseph.

Selon la Tradition, Jésus est le « Nouvel Adam », et Marie « la Nouvelle Ève », mais la sainteté du couple formé par Joseph et Marie répare aussi d’une certaine manière le mal qui est né du couple d’Adam et Ève.

La sainteté du couple formé par Joseph et Marie répare aussi le mal né du couple d’Adam et Ève. C’est ensemble, dans leur communion d’amour, que Marie et Joseph reflètent cette parfaite image de Dieu qui attire le Verbe éternel et le conduit à « se faire chair et à planter sa tente parmi nous » (Jn 1, 14). Le pape Paul VI se plaisait à associer étroitement Marie et Joseph dans leur ministère respectif au service du Mystère de l’Incarnation : « Voici qu’au seuil du Nouveau Testament comme à l’entrée de l’Ancien se dresse un couple. Mais, tandis que celui d’Adam et Ève fut la source du mal qui a déferlé sur le monde, celui de Joseph et de Marie est le sommet d’où la sainteté se répand sur toute la terre. Le Sauveur a commencé l’œuvre du Salut par cette union virginale et sainte où se manifeste sa toute-puissante volonté de purifier et sanctifier la famille, ce sanctuaire de l’amour et ce berceau de vie. »

Le prototype de la famille chrétienne

Le pape Jean Paul II prolonge cette doctrine lorsqu’il donne la Sainte Famille en modèle à toutes les familles chrétiennes : « Puisque, en définitive, l’essence de la famille et ses devoirs sont définis par l’amour, c’est dans la Sainte Famille, cette « Église domestique” (cf. Lumen Gentium, 11), que toutes les familles chrétiennes doivent trouver leur reflet. En elle, en effet, “par un mystérieux dessein de Dieu, le Fils de Dieu a vécu caché durant de longues années. Elle est donc le prototype et l’exemple de toutes les familles chrétiennes” » (cf. Familiaris consortio, 8 et Redemptoris Custos, 7). C’est au sein d’une famille que le Fils de Dieu a voulu s’incarner, pour jouir de la tendresse et de l’assistance d’une vraie mère et d’un vrai père, tous deux indispensables pour que l’Enfant puisse « grandir en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52).

Le pouvoir de nommer Jésus

Restant plus proche du récit évangélique, saint Jean Chrysostome (344-398) paraphrase le dialogue du Messager divin et de Joseph : » Retiens, lui dit l’Ange, cette épouse que tu voulais renvoyer, car Dieu même te la donne, et non ses parents. Il te la donne non pour l’union charnelle, mais seulement pour demeurer avec toi ; il l’unit avec toi par moi qui te parle. Non seulement elle est pure de tout commerce illicite, mais sa fécondité est au-dessus des lois de la nature. N’éprouve donc aucune tristesse de la conception si heureuse de ton épouse, mais livre-toi à une grande allégresse, car “ce qui a été engendré en elle est de l’Esprit saint. Elle enfantera un fils à qui tu donneras le nom de Jésus”. Car bien que cet enfant soit conçu du Saint Esprit, ne crois pas néanmoins que tu sois dispensé d’en prendre soin, et de le servir en toutes choses. Bien que tu sois étranger à sa naissance, et que Marie soit toujours demeurée parfaitement vierge, je te donne néanmoins à l’égard de cet enfant la qualité de père en tout ce qui ne blessera point celle de la Vierge, et je te laisse le pouvoir de le nommer. C’est toi qui lui donneras son nom ; bien qu’il ne soit pas ton fils, tu ne laisseras pas d’avoir pour lui l’affection et le soin d’un père. C’est pour cette raison que je te permets de le nommer toi-même, afin de t’unir très étroitement avec cet enfant. »


2 PG LVII, Hom. IV, 41 sq, cité par Mgr Villepelet, Les plus beaux textes sur Saint Joseph, éd. du Vieux Colombier, Paris, 1959, p. 27.

Source : ALETEIA.ORG, le 2 janvier 2022

Joseph, le plus grand saint de la chrétienté (8/9)


© Zvonimir Atletic – shutterstock

Comme Jean-Baptiste, Joseph s’efface finalement pour que Jésus soit pleinement révélé. Après Marie, il est incontestablement le plus grand saint de la chrétienté et c’est très justement qu’il a été proclamé Patron de l’Église universelle.

Les Évangiles ne nous disent rien des derniers instants de saint Joseph, qui disparaît discrètement de la scène évangélique. Il convenait en effet qu’il s’efface pour que tous les regards se concentrent sur Jésus, puisque c’est en lui que nous pouvons voir le Père (Jn 14, 9). La moyenne d’âge des hommes au Ier siècle de notre ère en Palestine, était d’environ 50 ans. Dans l’hypothèse où Joseph se serait marié, comme le veut le Talmud, vers l’âge de 20 ans, il atteint le demi-siècle lorsque Jésus a 30 ans. Il n’est donc pas impossible que Notre-Seigneur ait attendu le départ de son père pour commencer son ministère public. La discrétion de saint Joseph dans les Évangiles est importante : à l’image du Père des cieux qui nous renvoie vers son Fils, « parfaite effigie de sa Substance » (He 1, 3), Joseph garde le silence et s’efface en présence du Verbe incarné venu nous révéler « son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu » (cf. Jn 20, 17).

« L’Ombre du Père »

Qui mieux que lui a connu l’Immaculée son Épouse, et Jésus l’Enfant divin qui lui fut confié ? Le cœur de Marie est étroitement uni à celui de son Fils ; mais il l’est également à celui de son Époux Joseph ; d’où il suit que le Cœur très chaste de Joseph bat à l’unisson des Cœurs de Marie et de Jésus, comme l’a bien vu une dévotion récemment reconnue au Brésil par l’évêque local (Itapiranga). Joseph a parfaitement éteint en lui tout mouvement de volonté propre, pour se soumettre entièrement à la volonté de Dieu, et devenir ainsi le fidèle collaborateur de son dessein de salut, au point qu’on a pu le nommer « l’ombre du Père ». Qui d’autre que saint Joseph peut s’arroger la gloire d’avoir nourri du pain de la terre celui qui est le Pain du Ciel ? D’avoir initié aux Écritures celui qui est le Verbe de Dieu fait chair ? D’avoir sauvé des mains d’Hérode le Sauveur des hommes ?

Patron de l’Église universelle

Et comme « les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 29), saint Joseph continue à exercer au Ciel ces ministères en faveur des membres du Corps du Christ, comme il le fit pour la Tête. C’est bien pourquoi, sur la demande des Pères du Concile de Vatican I, le pape Pie IX proclama saint Joseph patron de l’Église universelle (décret Quemadmodum Deus du 8 décembre 1870). Un demi-siècle plus tard, le pape Benoît XV invitait tous les chrétiens, spécialement les travailleurs et les agonisants, à prendre saint Joseph comme modèle et patron, puisque « la dévotion à saint Joseph conduit normalement à Marie et à Jésus » (Motu proprio Bonum sane du 25 juillet 1920).

Dans tous les canons eucharistiques de la messe

Le pape François a inauguré son pontificat le 19 mars 2013, jour de la saint Joseph, en y voyant « une coïncidence très riche de signification » ; il a inscrit dans ses armes pontificales à côté de Jésus et Marie une fleur de nard « symbolisant Joseph » d’après une tradition sur le « bâton de Joseph » répandue dans les pays hispaniques, la fleur de nard disant la pureté et l’amour (Ct 1, 12 ; 4, 13-14 ; Mc 14, 3 ; Jn 12,3) ; il a consacré l’État du Vatican à saint Joseph le 5 juillet 2013 ; et il a fait publier le 1er mai 2013 par la Congrégation pour le culte Divin et la discipline des Sacrements un décret demandant « que le nom de saint Joseph, Époux de la Vierge Marie, soit désormais ajouté aux canons de la troisième édition typique du missel romain, après le nom de la bienheureuse Marie toujours Vierge ». Ce geste est loin d’être anodin parce que ce n’est pas tous les jours que l’Église change la lex orandi, la loi de la prière, qui est lex credendi, norme de la foi ! Par cet acte extraordinaire au sens propre, l’Église semble vouloir reconnaître toujours davantage la place vraiment unique de saint Joseph dans l’économie de l’Incarnation rédemptrice.

Source : ALETEIA.ORG, le 3 mars 2021

Le grand avenir de la dévotion à saint Joseph (9/9)

© Fallaner, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

Tardive, la dévotion à saint Joseph a un bel avenir. Intentionnellement ou non, Marie à Cana a repris les mots de la Genèse adressés au Patriarche Joseph : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Gn 41, 55).

La dévotion à Saint Joseph a été tardive mais elle promet de se révéler bientôt. « Le voile qui couvre le nom et la puissance du vénérable Joseph durant les premiers âges chrétiens apparaît comme le prolongement du silence dans lequel il a enveloppé sa carrière mortelle ; c’est la continuation de cette vie cachée dont les splendeurs devaient d’autant plus émerveiller l’intelligence et le cœur des fidèles que la révélation en aurait plus longtemps été contenue », explique le cardinal Pie (1815-1880). Désormais, il nous faut tous « revenir à Nazareth » (Lc 2, 39).

Revenir à Nazareth

En méditant sur le mystère de la vie cachée, nous devons comprendre que, si Jésus a passé trente longues années à Nazareth, ce n’était pas seulement pour préparer sa vie publique, mais surtout pour nous indiquer la route à suivre. Jésus est en effet pour nous « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) dès le premier moment de sa conception, et pas seulement durant les trois années de sa vie missionnaire. En demeurant ainsi sous l’autorité de Joseph et de Marie, Notre Seigneur nous invite à faire de même : c’est à Nazareth, à l’école des parents de Jésus, que le germe de vie divine reçu au baptême, peut grandir, mûrir, s’épanouir, afin de porter tous les fruits que Dieu est en droit d’en attendre. Nous devons tous être très désireux de grandir, comme Jésus et avec lui, « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52), à l’école de la Sainte Famille.

« Faites tout ce qu’il vous dira »

Marie a repris pour Jésus les mots de Pharaon au sujet du patriarche Joseph pour nous inviter à suivre son Fils Jésus à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2, 2). Elle n’avait de cesse de méditer toutes les paroles de l’Ancien Testament dans son cœur. Lorsqu’elle a constaté que Dieu lui demandait de se marier avec Joseph, Marie a certainement immédiatement repensé à toutes les paroles de l’Ancien Testament qui n’avaient cessé de nourrir sa jeunesse, spécifiquement celles consacrées au patriarche Joseph, vendu par ses frères à une caravane d’Ismaélites se dirigeant vers l’Égypte, revendu à un fonctionnaire égyptien, invité par le Pharaon à interpréter les songes des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, gagnant finalement la confiance totale de Pharaon qui l’établit comme son premier ministre, lui donnant « autorité sur tout le pays d’Égypte ». Durant les sept années d’abondance, Joseph « rassembla à l’intérieur des villes la nourriture qui venait de la campagne. Ainsi Joseph entassa une quantité de blé impossible à compter, comme le sable de la mère : oui c’était vraiment sans mesure » ! Or, dans la Bible, au chapitre 41 de la Genèse, versets 53 à 55, nous pouvons lire : « Après les sept années d’abondance du pays d’Égypte, arrivèrent les sept années de famine, comme l’avait annoncé Joseph. C’était la famine dans tous les pays, mais en Égypte, il y avait du pain. Puis l’Égypte à son tour connut la faim et le peuple fit appel à Pharaon pour avoir du pain. Le pharaon dit à toute l’Égypte : “Allez trouver Joseph, faites ce qu’il vous dira”. »

Joseph, intercesseur

Ce sont précisément les mots que Marie reprendra à son compte à Cana. D’une certaine façon, Marie est la première à nous inviter à nous tourner vers Joseph, à le prier, à faire tout ce qu’il nous dira, si nous voulons rencontrer son fils Jésus. Avec Marie, avec notre pape François, allons donc retrouver Joseph, méditons avec lui les événements de la Sainte Famille de Nazareth, implorons sa protection, demandons son aide, laissons-nous guider par lui : Il intercédera auprès de son fils Jésus pour nous et nos familles ! Cette demande de Marie est aussi celle de Jésus, comme nous le rappelle cette magnifique statue de l’église Saint-Joseph à Nazareth.

Source : ALETEIA.ORG, le 4 janvier 2021

LA SAINTE FAMILLE

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ

« Beaucoup de personnes se demandent : pourquoi la famille est-elle aussi importante ? Pourquoi l’Église insiste-t-elle tant sur le thème du mariage et de la famille ? La raison est simple, même si tous ne parviennent pas à le comprendre : de la famille dépend le destin de l’homme, son bonheur, la capacité de donner un sens à son existence. Le destin de l’homme dépend de celui de la famille et c’est pour cette raison que je ne me lasse jamais d’affirmer que l’avenir de l’humanité est étroitement lié à celui de la famille » (Jean-Paul II).

Depuis ses origines, l’histoire de l’homme est substantiellement une histoire d’amour ; car « Dieu a créé l’homme à son image » (Gn 1, 27), et malgré les défigurations que le péché lui a fait subir, cette image demeure toujours vivante au fond de chacun de nous. Or la famille est le premier lieu où se vit l’amour, où il manifeste sa mystérieuse fécondité, où il se transmet et s’apprend. 

Le Fils de Dieu lui-même a voulu initier sa course au sein d’une famille. La Providence aurait pu choisir d’autres circonstances pour accomplir le mystère de la Rédemption ; mais elle a voulu honorer en tout premier lieu la famille domestique de sa visite, pour signifier à toutes les générations sa suréminente dignité, comme fondement de la « famille de Dieu » (Ep 2, 19) et de toute société humaine.

Au cœur des lectures de ce jour où nous fêtons la Sainte Famille, modèle des familles chrétiennes, se situe l’enfant, don de Dieu, signe d’Alliance.

Vu les circonstances extraordinaires de la conception de leur enfant, les prescriptions de la Loi ne concernent pas vraiment Marie et Joseph. S’ils se rendent au Temple pour y accomplir ce que prescrit la Loi, c’est avant tout pour rendre grâce à Dieu de sa confiance et du don qu’il leur a fait. La joie devait illuminer le visage de cette jeune fille et de ce jeune homme venus présenter leur nouveau-né au Seigneur : le don de la vie n’est-il pas le bien le plus précieux ? L’enfant n’est-il pas « le printemps de la famille et de la société », selon l’heureuse expression qui constituait le thème de la rencontre mondiale des Familles, lors du Jubilé de l’An 2000 ?

Le vieillard Siméon exulte de joie en accueillant dans ses bras cet enfant, ce fils d’homme qui porte en lui la semence de Vie divine. Grâce à lui désormais, la mort ne sera plus qu’un passage, une naissance à une autre Vie, définitive cette fois, d’où sera bannie toute souffrance, car « Dieu lui-même essuiera toute larme de nos yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien a disparu » (Ap 21, 4).

Chaque enfant reprend le flambeau des générations qui passent et s’éteignent, assurant ainsi la continuité de la vie triomphante. Mais chaque enfant apporte aussi son lot de difficultés, de souffrances, que les parents auront à assumer, en plus du poids – souvent très lourd – des autres fardeaux qu’ils ont à porter. La Sainte Famille n’en fut pas épargnée, loin de là : la fuite en Egypte, l’incompréhension des habitants de Nazareth, l’hostilité croissante des chefs religieux, jusqu’au drame de la Passion, que la Vierge a vécu comme un martyr : « Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée ».

Pourtant, jamais il n’y eut sur les lèvres de Marie ou de Joseph, le moindre murmure : leur foi en la bienveillance de Dieu est demeurée inébranlable, lui qui fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment (cf. Rm 8, 28). Cette confiance leur permettait de rendre grâce en toutes circonstances, anticipant le précepte de l’Apôtre : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit » (1 Th 5, 17-18).

Certes l’héroïcité des vertus est un don de la grâce, qui ne s’acquiert qu’au terme d’un long et patient cheminement, fait de chutes et de relèvements. Mais Dieu est fidèle, et sa miséricorde demeure toujours disponible ; comme le Bon Berger, il accompagne son troupeau sur le chemin de l’Evangile, ramène les brebis égarée, et prend soin de celles qui sont blessées (Ez 34, 15). N’est-il pas étonnant que la famille, qui toujours et partout a été célébrée comme le sanctuaire de la vie, soit devenue de nos jours un lieu où rôde la mort ? N’est ce pas un signe éloquent de la crise de l’espérance que traverse notre société marquée par la « culture de la mort » ?

La menace qui pèse sur la vie de l’enfant, fruit et incarnation de l’amour, n’est-elle pas la preuve irréfutable que notre société a perdu le sens du mystère de la personne humaine ? Lorsqu’un groupe humain revendique conjointement le « droit » à l’enfant et le « droit » de l’éliminer, il reconnaît ouvertement qu’il ne considère plus cet enfant comme une fin en soi, mais simplement comme un moyen au service de la satisfaction des désirs des parents.

Il est urgent que les hommes et les femmes de notre temps reprennent conscience de la grandeur de la vocation de l’homme et de la femme, appelés à devenir les proches collaborateurs de Dieu dans l’acte de procréation de leurs enfants. Par sa seule présence, l’enfant est signe de la fécondité de l’Alliance ; de l’alliance matrimoniale entre l’homme et la femme, mais aussi de l’Alliance nuptiale entre Dieu et l’humanité : « A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise » (Ep 5, 32).

Le mariage est pour les époux chrétiens, leur façon spécifique d’être disciples de Jésus, de contribuer à l’édification du Royaume de Dieu, de marcher vers la sainteté à laquelle tout baptisé est appelé. C’est pourquoi les époux chrétiens ont aujourd’hui une mission spécifique urgente : au cœur du monde, ils ont à être une “bonne nouvelle pour le troisième millénaire” en étant des témoins convaincus et cohérents de la vérité sur la famille » (Jean-Paul II).

Puissent les époux chrétiens découvrir à l’école de Nazareth « ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable » (Paul VI), et puissent-ils vivre cette vocation et cette mission qui leur est propre, dans la paix, la joie et la fécondité de l’Esprit.

Source : homelies.fr – archive 2008

Le grand avenir de la dévotion à saint Joseph (9/9)

saint joseph
© Fallaner, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons

Le grand avenir de la dévotion à saint Joseph (9/9)

Par le Père Joseph-Marie Verlinde 

Tardive, la dévotion à saint Joseph a un bel avenir. Intentionnellement ou non, Marie à Cana a repris les mots de la Genèse adressés au Patriarche Joseph : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Gn 41, 55).

La dévotion à Saint Joseph a été tardive mais elle promet de se révéler bientôt. « Le voile qui couvre le nom et la puissance du vénérable Joseph durant les premiers âges chrétiens apparaît comme le prolongement du silence dans lequel il a enveloppé sa carrière mortelle ; c’est la continuation de cette vie cachée dont les splendeurs devaient d’autant plus émerveiller l’intelligence et le cœur des fidèles que la révélation en aurait plus longtemps été contenue », explique le cardinal Pie (1815-1880). Désormais, il nous faut tous « revenir à Nazareth » (Lc 2, 39).

Revenir à Nazareth

En méditant sur le mystère de la vie cachée, nous devons comprendre que, si Jésus a passé trente longues années à Nazareth, ce n’était pas seulement pour préparer sa vie publique, mais surtout pour nous indiquer la route à suivre. Jésus est en effet pour nous « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6) dès le premier moment de sa conception, et pas seulement durant les trois années de sa vie missionnaire. En demeurant ainsi sous l’autorité de Joseph et de Marie, Notre Seigneur nous invite à faire de même : c’est à Nazareth, à l’école des parents de Jésus, que le germe de vie divine reçu au baptême, peut grandir, mûrir, s’épanouir, afin de porter tous les fruits que Dieu est en droit d’en attendre. Nous devons tous être très désireux de grandir, comme Jésus et avec lui, « en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes » (Lc 2, 52), à l’école de la Sainte Famille.

« Faites tout ce qu’il vous dira »

Marie a repris pour Jésus les mots de Pharaon au sujet du patriarche Joseph pour nous inviter à suivre son Fils Jésus à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » (Jn 2, 2). Elle n’avait de cesse de méditer toutes les paroles de l’Ancien Testament dans son cœur. Lorsqu’elle a constaté que Dieu lui demandait de se marier avec Joseph, Marie a certainement immédiatement repensé à toutes les paroles de l’Ancien Testament qui n’avaient cessé de nourrir sa jeunesse, spécifiquement celles consacrées au patriarche Joseph, vendu par ses frères à une caravane d’Ismaélites se dirigeant vers l’Égypte, revendu à un fonctionnaire égyptien, invité par le Pharaon à interpréter les songes des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, gagnant finalement la confiance totale de Pharaon qui l’établit comme son premier ministre, lui donnant « autorité sur tout le pays d’Égypte ». Durant les sept années d’abondance, Joseph « rassembla à l’intérieur des villes la nourriture qui venait de la campagne. Ainsi Joseph entassa une quantité de blé impossible à compter, comme le sable de la mère : oui c’était vraiment sans mesure » ! Or, dans la Bible, au chapitre 41 de la Genèse, versets 53 à 55, nous pouvons lire : « Après les sept années d’abondance du pays d’Égypte, arrivèrent les sept années de famine, comme l’avait annoncé Joseph. C’était la famine dans tous les pays, mais en Égypte, il y avait du pain. Puis l’Égypte à son tour connut la faim et le peuple fit appel à Pharaon pour avoir du pain. Le pharaon dit à toute l’Égypte : “Allez trouver Joseph, faites ce qu’il vous dira”. »

Joseph, intercesseur

Ce sont précisément les mots que Marie reprendra à son compte à Cana. D’une certaine façon, Marie est la première à nous inviter à nous tourner vers Joseph, à le prier, à faire tout ce qu’il nous dira, si nous voulons rencontrer son fils Jésus. Avec Marie, avec notre pape François, allons donc retrouver Joseph, méditons avec lui les événements de la Sainte Famille de Nazareth, implorons sa protection, demandons son aide, laissons-nous guider par lui : Il intercédera auprès de son fils Jésus pour nous et nos familles ! Cette demande de Marie est aussi celle de Jésus, comme nous le rappelle cette magnifique statue de l’église Saint-Joseph à Nazareth.

Source: ALETEIA, le 4 janvier 2021