10.07.2022 – HOMÉLIE DU 15ÈME DIMANCHE ORDINAIRE

Avec le Christ ressuscité, choisis la vie

Par le Père Jean Compazieu

Homélie


Textes bibliques : Lire


Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent du grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Dans la première lecture, Moïse rappelle au peuple d’Israël que cette loi n’est pas au dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle n’est pas au-dessus de nos forces ni hors de notre atteinte. Elle est inscrite au cœur des hommes, même à ceux qui ne le connaissent pas. Avant d’être un visage, Dieu est une voix capable de nous rejoindre au plus proche de notre cœur.

Voilà donc ce grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Les scribes et les pharisiens en discutaient à perte de vue. Pour eux, le prochain c’est celui qui fait partie de leurs proches. L’homme blessé au bord de la route en est exclu. Les deux chefs religieux qui passent devant lui s’en détournent. Ils ne veulent pas se rendre impurs au contact du sang de cet homme ; cette impureté les empêcherait de célébrer le culte dans le temple. Mais aujourd’hui Jésus fait voler en éclat cette mentalité. On ne peut pas vraiment honorer le Seigneur si on abandonne les exclus à leur triste sort. L’amour de Dieu ne peut aller sans l’amour du prochain.

Dans cet évangile, les croyants “de métier” n’ont pas la part belle. Le seul que Jésus nous donne en exemple est un samaritain : c’est un homme méprisé : il fait partie d’un peuple où l’on vit une religion à moitié païenne. Mais la loi d’amour dont parle l’Évangile est aussi inscrite dans son cœur. Il s’est arrêté ; il s’est fait proche de cet homme. Le prochain, c’est celui qui fait preuve de bonté envers le blessé. S’adressant aux chefs religieux, Jésus leur fait comprendre que les belles parlottes ça ne suffit pas. Ce qui est premier c’est l’action, c’est de tout faire pour aider le blessé à revivre et à retrouver sa dignité.

Mais en lisant cet évangile, il nous faut faire un pas de plus. Jésus n’est pas là pour nous donner une leçon d’assistance à personne en danger. Les Pères de l’Eglise ont vu dans ce voyageur blessé l’homme déchu, l’homme du péché. Les brigands ce sont les forces hostiles qui nous détournent de Dieu et nous entrainent au malheur. Mais voilà qu’un samaritain “descendait”. Jésus est descendu du ciel ; il nous a pris en pitié. Le vin et l’huile du Samaritain représentent les sacrements institués par le Christ.

Du coup, aimer mon prochain, c’est aimer le Christ qui s’est fait proche. C’est aussi aimer l’Église car “le Christ et l’Église c’est tout un”. Le Christ est mon prochain ; il m’a soigné, chargé sur sa monture et confié à l’auberge de l’Église. Je lui dois donc toute ma reconnaissance. A sa suite, je dois me faire proche de tous les blessés de la vie pour les servir. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Pour aimer comme le Christ, c’est vers lui que nous nous tournons. Saint Paul nous dit qu’il est l’image du Dieu invisible. Pour comprendre sa lettre, il faut se rappeler que Paul s’adresse à des chrétiens qui viennent du monde païen ; ces derniers se croient soumis à des forces mystérieuses. C’est souvent le cas de nos jours : plus la foi diminue, plus les superstitions prennent de la place. Il suffit de voir tout ce qui se dit sur la fatalité, le destin, les horoscopes et les porte-bonheur (ou malheurs) en tous genres. Mais, nous dit saint Paul, aucune “puissance” ne peut prévaloir sur la souveraineté du Christ. Il reste pour nous le “bon Samaritain” venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus.

Notre responsabilité c’est d’achever cette œuvre créatrice de Dieu. Bien sûr, il ne manque pas de prétexte pour ne rien faire : “Je n’ai pas le temps… Je ne connais pas ces gens-là… Il faut se méfier des inconnus…” A ce moment-là, nous risquons de manquer le rendez-vous le plus important de notre vie. A travers le pauvre, c’est le Christ qui est là. Rappelons-nous de l’évangile du jugement dernier (Mt 25) : “J’ai eu faim… j’étais malade… j’étais étranger… et vous m’avez (ou vous ne m’avez pas) accueilli”. En nous racontant la parabole du bon Samaritain, le Christ voudrait nous inciter à remplir notre vie de l’amour qui est en lui et à nous faire le prochain de ceux et celles qu’il met sur notre route.

Ils sont nombreux ceux et celles qui ont suivi le Christ sur ce chemin. Saint Vincent de Paul y a engagé toute sa vie ; de même Mère Teresa, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre et bien d’autres. Les uns et les autres nous renvoient cette question : “Que fais-tu pour les plus pauvres ?” Il ne manque pas d’organismes qui s’organisent pour la lutte contre la misère. Les chrétiens y sont très présents ; chacun peut trouver sa place que CCFD, au Secours Catholique, ATD Quart Monde.

En ce jour, nous te prions, Seigneur : fais-nous ressembler au samaritain qui fut pris de pitié et releva le blessé. Fais-nous ressembler à Jésus ton Fils qui s’est fait le prochain de chacun de nous. Amen

Père Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 3 juillet 2022

12.06.2022 – HOMÉLIE DE LA SAINTE TRINITÉ

Fête de la Sainte Trinité

Par le Père J’en Compazieu

Avec le Christ ressuscité, éveillons-nous à sa communion avec le Père par l’Esprit

Homélie


Textes bibliques : Lire


En ce dimanche, nous sommes tous invités à la joie. Notre Dieu trois fois saint veut nous faire partager sa sainteté. Elle est offerte à tous, même aux pauvres pécheurs que nous sommes. Notre Dieu nous aime tous au point de nous faire partager sa vie. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons dans les textes bibliques de ce jour.

La première lecture est extraite du livre des proverbes. Lorsqu’il contemplait l’univers, l’homme de l’Antiquité était en admiration de sa beauté grandiose et de son harmonie. Il y voyait la marque de la sagesse de Dieu et de son habileté. C’est cette sagesse de Dieu qui présida à la création du monde. Mais ce qui est encore plus extraordinaire c’est qu’elle reste à l’œuvre tout au long de l’histoire des hommes. La Bible nous révèle Dieu qui s’est lié d’amitié avec le peuple qu’il s’est choisi. En lisant ce texte d’aujourd’hui, nous découvrons le lien d’amour qui unit le Créateur à ses créatures. Cet engagement de Dieu pour les hommes s’est accompli totalement en Jésus. C’est en lui que s’accomplit le salut de l’humanité.

En lisant ce récit, nous comprenons que le vrai Dieu n’est pas celui qui nous surveille pour nous prendre en défaut. Il est au contraire un Dieu passionné par le bonheur des hommes. Il veut leur réussite. Dieu nous aime et veille sur nous par sagesse. Tout au long de notre vie, nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de ce Dieu amour. C’est une école où nous n’aurons jamais fini d’apprendre.

Dans la seconde lecture, saint Paul nous invite à faire un pas de plus. Il déploie sereinement sa foi qui s’enracine dans sa rencontre avec le Christ ressuscité. C’est en lui que nous trouvons la véritable paix. Il ne s’agit pas seulement d’une sérénité humaine ni d’une absence de conflit. Le plus important c’est la certitude d’être aimé de Dieu. Son amour était indéfectible. Même dans les plus grandes détresses, rien ne saurait nous ébranler. Cette assurance ne s’appuie pas sur des mots mais sur les gestes d’amour de Dieu à votre égard : le Christ s’est livré, il a versé son sang « pour nous et pour la multitude ». Par sa mort et sa résurrection, il nous ouvre l’accès au cœur de Dieu. Il nous donne son Esprit comme langage de l’amour du Père. Même en période de détresse, l’espérance ne trompe pas.

L’Évangile nous révèle un Dieu qui s’est fait proche de nous. Il ne se contente pas de nous donner des renseignements sur ce qu’il est. Il est venu à notre rencontre par son Fils Jésus. Il a pris notre condition humaine en toutes choses à l’exception du péché.

Quand nous lisons les Évangiles, nous découvrons que Jésus est attiré par celui qu’il appelle son Père. Il se retire souvent dans la montagne pour le prier longuement. Au jardin de Gethsémani, sa prière sera : “Père, non pas ma volonté mais la tienne !” Un autre jour, il avait dit : “ma nourriture c’est de faire la volonté du Père.” C’est ainsi que toute la vie de Jésus est remplie de son amour pour le Père. C’est là qu’il trouve son vrai bonheur. C’est progressivement que les apôtres entrent dans cette révélation.

Mais Jésus sait que, pour eux, c’est difficile à porter. Il promet l’Esprit de vérité qui les conduira « vers la vérité tout entière ». Une grande mission les attend. Mais ils n’ont pas à être angoissés de ne pas avoir tout compris de ce que Jésus leur a enseigné. L’Esprit de Dieu les accompagnera. Il leur fera se rappeler les paroles de Jésus. Ils vivront des situations nouvelles. Mais l’Esprit Saint les ancrera dans le Christ. Rien ne pourra les séparer de son amour.

C’est ainsi que Jésus nous révèle un Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, un Dieu qui est amour, un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Un jour, Bernadette de lourdes avait du mal à réciter une définition de Dieu apprise par cœur. Comme elle n’y arrivait pas, elle a dit : “Dieu c’est quelqu’un qui nous aime.” Cette réponse n’était pas celle qu’attendait la catéchiste, et pourtant c’était la meilleure. Notre Dieu c’est vraiment quelqu’un qui nous aime. Il s’est révélé comme un Dieu aimant et Sauveur.

Le plus important n’est pas de donner des savantes explications sur la Trinité mais d’accueillir l’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Cet amour que nous recevons de lui nous avons à le rayonner autour de nous. Nous sommes envoyés pour en être les messagers dans ce monde qui en a bien besoin. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint pour qu’ils nous conduisent vers la vérité tout entière. Il nous faut être rempli de cet amour qui est en Dieu pour pouvoir le communiquer aux autres. Tout commence par un temps où nous venons puiser à la Source dans la prière, l’écoute de la parole de Dieu et surtout l’Eucharistie. C’est à ce prix que nous pourrons être l’Église de la Pentecôte.

Que ton Esprit, seigneur, soit sur nous pour accueillir cet amour qui vient de toi. Qu’il nous donne force et courage pour en être les messagers tout au long de notre vie.

Abbé Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 4 juin 2022

17.02.2021 – Mercredi des cendres – Homélie

“Revenez à moi…”

Mercredi des cendres – Homélie

Par l’Abbé Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire


Nous sommes aujourd’hui au premier jour de carême. Pour le comprendre, il nous faut revenir aux textes bibliques qui viennent de nous être proposés. Le grand message du Carême c’est d’abord que Dieu est Amour. Il ne sait pas être autre chose. Il nous aime d’un amour passionné qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Toute la Bible ne cesse de nous renvoyer à cette bonne nouvelle. Dieu est merveilleux parce qu’il n’est qu’amour. Nous pouvons tous nous abandonner à lui. Il n’a d’autre justice que celle de sa miséricorde. Nous sommes tous envoyés pour témoigner de ces merveilles de Dieu. Et comme pour les apôtres au jour de la Pentecôte, ce témoignage joyeux doit susciter l’émerveillement.

Le problème c’est que trop souvent, nous sommes loin de Dieu. Nous organisons notre vie en dehors de lui, sans tenir compte de lui. Dieu voit cela et il en souffre. Quand nous voyons quelqu’un qui ne cesse de commettre des imprudences, nous comprenons qu’il va ruiner sa vie. Nous faisons tout pour l’en empêcher et pour le protéger. Si nous agissons ainsi, c’est parce que nous tenons à lui, surtout si c’est un membre de notre famille.

Cet amour que nous avons les uns pour les autres nous dit quelque chose de celui de Dieu pour nous. Il nous voit nous enfoncer dans le péché et nous détourner de lui. En ce début du Carême, il nous adresse un appel solennel : “Revenez à moi de tout votre cœur.” C’est une supplication pressante de Dieu. L’essentiel c’est de poser notre regard sur Dieu “car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Dieu n’est pas là pour nous punir mais pour nous sauver et nous combler de ses bienfaits.

La lecture de saint Paul aux Corinthiens va dans le même sens. Il nous supplie : “Au nom de Jésus Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu.” Il ne faut jamais oublier que Dieu fais sans cesse le premier pas vers nous. Il a envoyé son Fils pour nous ramener vers lui. Mais rien n’est possible sans notre réponse personnelle. C’est pour cela que Paul nous recommande de ne pas refuser cette réconciliation nous est offerte. Ce temps du Carême est donné pour redécouvrir cette tendresse et cette miséricorde de Dieu. “Là où le péché a abondé, la grâce (l’amour) a surabondé”

L’évangile nous montre ce que doit être une vie de converti. Il s’adresse à ceux qui veulent “vivre comme des justes”. Le “juste” ce n’est pas seulement celui qui est équitable ; c’est celui qi vit en conformité à la volonté de Dieu. Le mot “justice” est équivalent de sainteté. C’est à cela que nous sommes tous appelés. Dieu nous aime tous gratuitement et sans mérite de notre part. Notre réponse doit être gratuite et sans arrière-pensée.

Concrètement, si nous jeûnons, si nous prions, si nous faisons l’aumône, ce n’est pas pour être vus des hommes ; c’est parce que nous avons découvert un trésor bien plus grand. Ce trésor, c’est Dieu lui-même, c’est son amour gratuit. Ce qui fait la valeur de la prière, de l’aumône et du jeûne, c’est l’amour que nous y mettons. L’idéal serait que, durant ce carême, nous posions chaque jour un acte que seul notre Père du ciel connaîtra.

Vivons ce carême comme une marche joyeuse vers la vie et vers Pâques. Car c’est vrai, il s’agit véritablement d’un temps de joie. Seul le péché est triste. Mais ces quarante jours nous sont offerts pour nous bruler au feu de l’amour de Dieu. Nous t’en prions Seigneur : que ce temps de conversion nous tourne d’avantage vers toi et vers le service des hommes. Amen

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 12 février 2021