23.02.2025 – HOMÉLIE DU 7ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – LUC 6,27-38

Miséricordieux comme le Père

Pistes pour l’homélie par le père Jean Compazieu


Textes bibliques : Lire


En écoutant l’Évangile de ce dimanche, Beaucoup peuvent se dire que c’est le monde à l’envers ; il accumule des situations impossibles à gérer au premier abord : aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous calomnient, présenter l’autre joue à celui qui a frappé la première. Nous vivons dans un monde où beaucoup ne pensent qu’à se faire justice.

Pour comprendre cet Évangile, c’est vers le Christ qu’il nous faut regarder : il a été harcelé tout au long de son ministère ; il a été rejeté, humilié et condamné à mourir sur une croix. Sa dernière prière a été : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » Son amour est allé jusqu’au pardon et au don de sa vie. Lui-même nous demande de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés (Autant qu’il nous a aimés).

Nous ne devons jamais oublier que l’Évangile c’est d’abord le livre de la miséricorde de Dieu. C’est en le lisant et en le relisant régulièrement, nous découvrons cette révélation : tout ce que Jésus a dit et accompli est une expression de cette miséricorde du Père. Il a accueilli les exclus, il a pardonné ; il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il est venu nous combler de la surabondance de son amour, et tout cela sans mérite de notre part.

Mais tout n’a pas été écrit dans ce livre.L’Évangile de la miséricorde reste un livre ouvert ; il doit être rempli de tous les signes d’amour du Christ. Ces gestes concrets d’amour que nous sommes appelés à donner sont le meilleur témoignage de la miséricorde. C’est ainsi que nous deviendrons des témoins vivants de l’Évangile, des porteurs de la bonne nouvelle. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Comment parler de la miséricorde de Dieu si nous-mêmes nous ne pardonnons pas ?

Certes, nous pouvons nous interroger : sommes-nous capables d’être miséricordieux comme le Père ? Pouvons-nous nous comporter, dans le monde actuel, comme Jésus, le Christ ? Ce qui paraît impossible aux hommes, laissés à eux-mêmes, est possible à Dieu. Oui, nous le pouvons, si nous nous laissons transformer par l’Esprit Saint ; il est la force de Dieu à l’intime de nous-mêmes ; il est puissance de vie pour le corps du Christ, l’Église du Seigneur.

Cette vérité, nous la déclarons dans la préface pour la réconciliation : « Dieu, Père tout-puissant…, ton Esprit travaille le cœur des hommes pour que les ennemis se parlent à nouveau, les adversaires se tendent la main, et que les peuples cherchent à se rencontrer. Oui, c’est ton œuvre, Seigneur, quand l’amour l’emporte sur la haine, quand la vengeance fait place au pardon, et la discorde se change en amitié. »

« Son amour est de toujours à toujours »(psaume 117/118). C’est vrai, la miséricorde de Dieu est éternelle. Elle ne finit pas ; elle ne s’épuise pas ; elle ne se fatigue jamais ; elle nous apporte force et espérance dans les moments d’épreuves. Nous sommes certains que Dieu ne nous abandonne jamais. Nous devons le remercier pour ce si grand amour qu’il nous est impossible de comprendre : Dieu a oublié nos péchés, il les a pardonnés ; et aujourd’hui, il nous invite à en tirer les conséquences.

Pour cela, deux attitudes sont nécessaires : reconnaître nos propres torts et oublier les offenses des autres. Tout au long de sa vie et surtout au moment de sa Passion, Jésus n’a eu d’autre attitude que celle de l’amour et de la miséricorde. Avant de mourir, il a eu cette prière : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Nous ne devons pas recevoir cet Évangile comme une simple leçon de morale. Ce que Jésus nous dit, il l’a vécu. Il attend de nous que nous ayons le même regard que lui, les mêmes sentiments et les mêmes gestes que lui à l’égard des bons et des méchants. Son amour pour nous et pour le monde est comme un feu qui vient brûler nos rancœurs, nos rancunes et toutes les formes de violences qui empoisonnent notre vie.

La prière de saint François d’Assise nous inspire toujours : « Seigneur, fais de moi un artisan de paix ; là où il y a la haine, que je mette l’amour ; là où il y a l’offense, que je mette le pardon ; là où il y a le mensonge, que je mette la vérité, etc. »

Déjà, au temps de la première alliance, David a eu un comportement exemplaire, digne de Dieu. David, jalousé par le roi Saül, a la grandeur d’âme de demander à son compagnon d’arme d’épargner Saül. David agit en artisan de paix. Ainsi, loin de perdre pied, laissons descendre en nos consciences ces paroles inouïes : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 16 février 2025

02.02.2025 – HOMÉLIE DE LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE – LUC 2,22-40

Jésus lumière du monde

Textes bibliques : Lire


Pistes pour l’homélie par le Père Jean Compazieu


Le 2 février, les chrétiens célèbrent la présentation de Jésus au Temple. A l’époque, tous les parents faisaient cet acte d’offrande de leur fils premier né. Mais cette fête d’aujourd’hui n’est pas un simple rappel de l’événement. Il faut surtout y voir une révélation sur le mystère de Jésus. Nous y découvrons le vieillard Siméon qui reconnaît en lui la Lumière du monde. C’est pour cette raison que cette fête est appelée “la Chandeleur”, la fête de la Lumière.

Cette lumière avait été annoncée par le prophète Malachie (1ère lecture). Ce livre jette un regard très critique sur les prêtres de l’époque qui exercent dans le temple de Jérusalem. Il dénonce les magouilles, les fraudes, les injustices. Tout cela ne va pas durer. Le mal ne peut pas avoir le dernier mot. Dieu saura bien envoyer un messager pour remettre les choses à leur place. Bien sûr, le rêve de Malachie se limitait à une restauration et à un retour des valeurs du passé. Plus tard, on verra Jésus qui arrive au temple. Les chrétiens découvriront en lui celui qui est la Lumière du monde. Ils comprendront que le temple que Jésus veut purifier c’est chacun de nous.

La lettre aux Hébreux (2ème lecture) insiste avec force sur le mystère de Jésus. Il est celui qui a voulu partager avec nous “la condition humaine”. Il a voulu être solidaire de nous jusqu’à l’extrême. Il n’a pas échappé à la mort qui fait partie de notre condition. Siméon avait bien entrevu cette issue fatale en prophétisant que l’enfant serait signe de division. Mais cette destinée ne s’est pas arrêtée à la mort. Jésus appartient pleinement à la famille humaine et pleinement à la famille de Dieu ; de ce fait, il est celui qui ouvre les portes du temple céleste. Désormais avec lui et en lui, les frères de Jésus ont accès à Dieu lui-même.

C’est ainsi qu’en ce jour, Jésus nous est présenté comme la “lumière des nations”. C’est important pour nous car nous vivons dans un monde qui perd ses repères. Chaque jour, les médias nous en donnent de tristes exemples. Cela ne sert à rien de se lamenter. Nous avons bien mieux à faire : comme le vieillard Siméon, nous sommes appelés à montrer Jésus au monde. Un jour, le Cardinal Barbarin disait que nous n’avons pas une obligation de résultat mais une obligation de témoignage. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de dire.

Le principal travail c’est Dieu qui le fait dans le cœur de chacun. La Lumière du monde c’est lui. Comme Siméon, nous pouvons dire : “Mes yeux ont vu ton salut que tu préparais à la face des peuples.” L’Ancien Testament nous a révélé un Dieu qui a fait alliance avec son peuple choisi. Avec la venue de Jésus, cette alliance s’élargit : elle n’est pas offerte au seul peuple élu mais à tous les peuples du monde. Grace au Christ, l’humanité est convoquée pour devenir l’unique peuple de la nouvelle alliance. C’est de cette bonne nouvelle que nous avons tous à témoigner.

Plus tard, Jésus dira : “Je suis la Lumière du monde”. La lumière ça éclaire et ça fait vivre. Une personne qui vivrait en permanence dans une pièce sombre finirait par tomber malade. Le Christ se présente à nous comme cette lumière qui nous montre le chemin, qui éclaire notre conscience et qui nous fait vivre. C’est cette lumière de Dieu qui nous a été transmise au jour de notre baptême. Et c’est pour cette raison que nous la ranimons le 2 février.

Cette fête d’aujourd’hui fait naître en chacun de nous un grand désir de rencontrer Jésus et de nous laisser transformer par la Lumière qui est en lui. Nous le rencontrons dans la liturgie qui nous fait parcourir les étapes de sa vie. Nous le rencontrons aussi dans les sacrements : le baptême qui fait de nous des fils de Dieu, le sacrement du pardon qui nous purifie. Mais par-dessus tout, Jésus vient à nous par l’Eucharistie : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui.” (Jn 6. 56) Nous avons tous besoin de cette rencontre “source et sommet de toute vie chrétienne” (Concile Vatican II)

Avec Siméon, nous sommes tous invités à prendre l’enfant Jésus dans nos bras pour le contempler et rendre grâce à Dieu. Le Salut qui nous est annoncé en ce jour n’est pas une simple théorie mais quelqu’un. Il est livré entre nos mains de pécheurs. Il attend de nous que nos bras soient grands ouverts pour accueillir son Salut. A la fin de chaque messe, nous sommes envoyés pour le montrer et le communiquer à notre monde. Cette mission nous concerne tous, quel que soit notre âge. Mais la rencontre de Siméon et Anne nous montre l’importance des “seniors” dans la transmission de la foi. Beaucoup d’enfants n’ont entendu parler de Jésus que par leurs grands parents. Nous avons là le visage d’une Église dont le renouvellement repose aussi sur les plus âgés de ses membres.

Nous vivons dans un monde qui est souvent indifférent à la présence de Dieu. Nous te prions Seigneur, envoie ton Esprit Saint : qu’il fasse de nous des témoins de la Lumière, des apôtres de Jésus auprès de tous ceux qui attendent leur délivrance. Amen

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 26 janvier 2025

15.08.2024 – HOMÉLIE DE LA SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION

Le puissant fait pour nous des merveilles

Homélie par le Père Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire

Cette fête de l’Assomption est l’une des mieux célébrées en l’honneur de la Vierge Marie. Ils sont nombreux ceux et celles qui profitent de l’occasion pour se rassembler à Lourdes et sur les lieux de pèlerinages et invoquer sa protection. C’est que Marie tient une place toute spéciale. L’Église est comme une grande famille. Dieu est le Père. Marie y joue un rôle maternel. La fête d’aujourd’hui nous donne l’occasion de réfléchir à ce rôle que Dieu a confié à Marie.

L’Assomption c’est la fête de Marie qui entre corps et âme dans la gloire de Dieu auprès de son fils ressuscité. C’est à partir du cinquième siècle que les chrétiens se sont mis à la célébrer. Ils ne pouvaient admettre que le Christ ressuscité ait pu laisser le corps de sa mère se décomposer dans la terre. Quand le pape Pie XII promulgua le dogme de l’Assomption de Marie le 1er novembre 1950, il ne fit que ratifier cette tradition : Marie est entrée corps et âme dans la gloire de Dieu. L’Assomption est une fête exceptionnelle à laquelle tous les chrétiens sont invités.

La bonne nouvelle c’est que Marie n’a fait que nous y précéder. Ce bonheur qui est le sien, nous y sommes tous appelés. Ce que Dieu a réalisé pour Marie nous est également destiné. Avec Marie, notre vie actuelle est une marche à la suite du Christ vers cette grande fête que Dieu nous prépare. Dans l’évangile, Jésus se présente à nous comme Le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est par lui que nous passons pour aller au Père. Et Marie est toujours là pour nous renvoyer sans cesse à lui. Comme aux noces de Cana, elle nous redit inlassablement : “Faites tout ce qu’il vous dira.” Son message à Lourdes, Fatima et ailleurs nous renvoie à l’évangile. Il est un appel à la prière, la pénitence et la conversion.

L’évangile de ce jour nous rapporte le récit de la Visitation et la prière du Magnificat. Marie se rend chez sa cousine Élisabeth devenue enceinte du futur Jean Baptiste. Elle y va bien sûr comme aide ménagère, mais aussi pour communier avec elle au merveilleux bonheur de la vie. Elle rend grâce car dans le monde de Dieu, les premiers sont les derniers. Les exclus, les petits, les humbles ont la première place dans son cœur. Marie se reconnaît proche d’eux. Elle le montre dans sa prière mais aussi dans son engagement. C’est cet amour qui l’a poussée à faire ce long déplacement pour se rendre chez sa cousine Élisabeth.

La Vierge n’a pas changé. Si nous l’appelons, elle accourt vers nous. Et Jésus est toujours en elle ou à ses côtés. Oui, bien sûr, nous ne sommes pas Élisabeth et Marie n’est pas notre cousine. Mais elle est encore plus puisqu’elle est notre mère. C’est Jésus qui l’a voulu ainsi lorsqu’il était sur la croix. S’adressant à Jean, il dit : “Voici ta mère”. Et à Marie : “Voici ton fils.” A partir cette heure-là, le disciple la prit chez lui. A travers lui, c’est toute l’humanité que Jésus confiait à sa mère. Alors n’hésitons pas à prendre Marie chez nous et à lui donner la place d’honneur. Nous pourrons toujours compter sur elle.

La Visitation c’est tous les jours, quand une personne vient à nous avec Jésus en elle. Quand l’Amour s’approche de nous, c’est quelque chose d’extraordinaire. Rappelons-nous du témoignage de Mère Teresa qui a consacré toute sa vie au service des plus pauvres parmi les pauvres. Elle passait de longues heures en prière devant le Saint Sacrement. Puis avec ses sœurs, elle partait vers les plus miséreux pour leur apporter soulagement et réconfort. La Visitation c’est quand nous allons vers l’autre pour l’aider mais aussi pour lui porter ce Dieu Amour et le faire resplendir dans la mesure où il nous habite. Ce n’est pas nous qui aimons mais toujours lui en nous.

Tout cela doit donner une nouvelle orientation à la manière dont nous vivons les uns avec les autres. Si nous voulons honorer Marie, il ne faut pas oublier qu’elle est notre mère à tous, y compris de ceux que nous n’arrivons pas à supporter. Comment honorer Marie en ce 15 août si nous avons un regard et des paroles méprisantes pour telle ou telle catégories de personnes. Comment l’appeler “Reine de la Paix” si nous sommes fâchés avec un voisin ? Comme le Christ, Marie souffre de ces divisions qu’il y a dans le monde, dans nos communautés et nos familles.

Mais avec elle, il n’y a pas de situation désespérée. Quand tout va mal, quand nous sommes sur la croix, elle est là. Elle se tient debout pour nous aider à traverser l’épreuve. Quand nous sommes en manque de paix et de joie, elle est encore là. Comme aux noces de Cana, elle dit à Jésus : “Ils n’ont plus de paix et de joie.” Et Jésus nous rend la paix et la joie. Quand nous sommes tombés au plus bas, elle se baisse pour nous ramasser. Elle ne craint ni notre péché ni notre douleur. Elle qui a misé toute sa vie sur l’amour, elle nous aide à nous remettre debout pour reprendre notre route à la suite du Christ.

En ce jour, nous rendons grâce au Seigneur pour ce cadeau merveilleux qu’il nous fait en nous donnant Marie pour mère. Cette fête de l’Assomption vient raviver notre lien profond à Jésus Christ et notre désir de le suivre fidèlement tout au long de notre vie. On a aussi appelé cet événement “la dormition de Marie”. La mort c’est fermer les yeux à ce monde pour les rouvrir à Dieu. Cette fête doit renouveler et renforcer notre confiance en lui. Ne craignons pas l’avenir ni le jugement de Dieu. Oublions nos péchés ; brûlons les au feu de la Miséricorde. Nous serons jugés sur l’amour et seulement sur l’amour. C’est l’Amour qui nous prendra et nous emportera. L’heure où nous quitterons la terre sera notre Assomption.

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN, le 7 août 2024

17.12.2023 – HOMÉLIE DU 3ÈME DIMANCHE DE L’AVANT – JEAN 1, 6-8.19-28

NOËL, UNE FENÊTRE QUI S’OUVRE À L’AMOUR; UN AMOUR ESPÉRÉ ET RECONNU: CHANGEZ VOS CŒURS !

Par le Père Jean Compazieu

Pistes pour l’homélie


Textes bibliques : Lire


En ce 3ème dimanche de l’Avent, nous entendons des appels à la joie. Alors beaucoup se posent la question : comment être dans la joie avec tout ce qui nous arrive ? Ma maladie, la solitude, la précarité, les violences, les guerres, les persécutions ? Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent dans le désespoir. Et pourtant, c’est là au cœur de nos épreuves et de nos inquiétudes que la voix des prophètes vient nous rejoindre.

C’est ce message que nous retrouvons dans la première lecture : bien avant la venue de Jésus, le prophète s’adresse à un peuple qui vient de vivre une situation dramatique. Ce peuple a été déporté en terre étrangère. Pendant cinquante ans, il y a souffert de l’injustice, de l’oppression et de la pauvreté. Or c’est là que le prophète Isaïe intervient : il annonce la bonne nouvelle aux pauvres, réconforte les cœurs brisés, libère les captifs et annonce un temps de grâce pour ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur.

Cette bonne nouvelle est toujours d’actualité dans le monde tourmenté qui est le nôtre : le Seigneur est là, au cœur de nos vies. Il est la bonne nouvelle annoncée aux pauvres, aux exclus et à tous ceux et celles qui souffrent. Il est venu rendre à tous les hommes leur liberté et leur dignité d’enfants de Dieu. Comme disait le pape Jean-Paul II, “il est celui qui a donné Dieu aux hommes et les hommes à Dieu”. C’est un don que lui seul peut nous faire.

Voilà une bonne nouvelle qu’il faut faire circuler de toute urgence : “le Seigneur fera germer la justice devant toutes les nations”. Cette justice, cette paix et cette fraternité, c’est comme des graines qu’il nous faut cultiver avec beaucoup de soin. Cela se traduit par des gestes d’accueil et de partage envers celui qui est exclu. La joie chrétienne est un don de Dieu. Mais Dieu ne l’accorde qu’à ceux qui remportent la victoire sur leur égoïsme.

La deuxième lecture est une lettre de saint Paul écrite pour une communauté persécutée. Il exhorte les chrétiens à puiser aux sources de la joie qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Pour obtenir cette joie, il faut prier sans relâche et la demander. C’est important car elle est avant tout un don de Dieu. C’est pour cela que Paul nous recommande de prier sans cesse. Il nous faut parvenir à faire de la prière une habitude quotidienne. C’est là que nous apprenons à être présents à Dieu dans nos paroles, nos silences, nos manières d’agir et de ressentir. Le Seigneur est toujours là, bien présent, mais trop souvent nous sommes ailleurs. En ce temps de l’Avent, il nous appelle à revenir à lui. C’est dans le contact régulier avec lui que nous trouverons la vraie joie.

L’Évangile de ce dimanche est une annonce de Celui qui apporte la vraie joie au monde. Non, il ne s’agit pas de Jean Baptiste ; ce dernier n’est que le témoin de la Lumière. Sa mission, c’est de la montrer et de lui rendre témoignage : “Au milieu de vous, se tient celui que vous ne connaissez pas”. De même que l’arbre de vie était au milieu du jardin d’Éden, de même Jésus est au milieu de nous. Il se propose à tous. Tous peuvent avoir accès à lui. C’est l’abaissement d’un Dieu qui s’est fait homme et qui a vécu trente ans comme un homme.

Jean Baptiste est venu annoncer la Lumière dans un monde de ténèbres. Il est venu annoncer la Parole dans un monde de silence. Il faut savoir que, depuis longtemps, il n’y avait plus de prophète pour parler de la part de Dieu. Mais l’Évangile de ce dimanche nous annonce le changement : En Jésus, c’est Dieu qui vient à nous. Il est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu. Avec lui, la bonne nouvelle sera annoncée aux pauvres, aux exclus, aux prisonniers. Plus tard, Jésus dira que le Fils de l’homme n’est pas venu pour les bien-portants mais pour les malades.

Voilà ce message de joie qui nous rejoint dans un monde qui souffre de la violence, de l’injustice et de l’égoïsme. Mais comme Jean Baptiste, nous sommes appelés à rendre témoignage à Celui qui est la source de toute joie. Notre mission c’est de les conduire à Jésus ; mais si nous voulons être crédibles, il faut que son passage dans notre vie l’ait transformée, libérée, illuminée. Pour resplendir de la lumière de Dieu il nous faut rester en relation constante et intime, “prier sans relâche”, toujours revenir à Dieu.

Dans quelques jours, nous allons fêter Noël. Le plus important n’est pas de préparer une fête mais d’accueillir Celui qui vient chercher et sauver ceux qui étaient perdus. C’est là, dans le désert de nos vies, qu’il nous faut réentendre ce message de Jean Baptiste : “Au milieu de vous, se tient Celui que vous ne connaissez pas”. Notre mission, c’est de révéler cette présence du Christ dans notre monde. Les plus beaux cadeaux, les plus fastueux réveillons ne peuvent pas vraiment nous combler. C’est seulement auprès du Seigneur que nous trouverons la vraie joie. Lui seul peut nous aider à évangéliser Noël car il en est le principal acteur. Nous sommes tous invités et attendus à la crèche. Que le Seigneur nous donne de répondre généreusement à son appel.

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 10 décembre 2023

29.10.2023 – HOMÉLIE DU 30ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – MT 22, 34-40

LE GRAND COMMANDEMENT ?

Par le Père Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire


“Dans la loi, quel est le grand commandement ?” La question méritait d’être posée car, dans le livre de la Loi, il y en a 613. Ils ont été ajoutés progressivement pour répondre à des contextes différents. Dans toutes les civilisations, on a créé des lois pour protéger les faibles. Ce qui est nouveau ici, c’est le fondement de cette loi : elle concerne un peuple qui a fait la double expérience de l’esclavage en Égypte et de la libération par Dieu. Le Seigneur s’est révélé comme celui qui entend la plainte des humiliés et qui leur rend leur liberté et leur dignité. À travers la loi, Dieu continue à prendre la défense des humiliés.

Toutes les lois bibliques sont émaillées de rappels, rappel de la souffrance endurée quand on était esclave en Égypte, rappel de Dieu libérant son peuple. Si Dieu a libéré son peuple, c’est parce qu’il a entendu le cri des malheureux. Il est concerné par la souffrance humaine. Pour l’instant, il faut encore des menaces pour que la loi soit respectée : “Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera”. Mais peu, l’homme éduqué par Dieu et par la loi n’aura plus besoin de menace car il aura appris à voir en tout homme un frère.

Dans la seconde lecture, Paul montre précisément aux Thessaloniciens ce qu’est l’amour de Dieu. Il leur souhaite de répondre dignement à cet amour qui est en lui. Ils sont tous appelés à devenir pour ceux qui les entourent des modèles de foi et d’amour. Ils viennent d’être libérés des idoles aliénantes. Ils sont maintenant invités à se tourner vers le vrai Dieu et à travailler activement à l’avènement de son Royaume. C’est important pour nous aujourd’hui. Nous vivons dans un monde difficile : les chrétiens y sont critiqués, tournés en dérision ou persécutés. C’est un test de la vraie foi : on n’y échappe pas ; cela arrive sans l’avoir cherché. C’est la logique de l’Évangile qui ne cesse jamais de se vérifier.

Dans l’Évangile, nous entendons Jésus répondre à la question des pharisiens : “quel est le grand commandement ?” s’ils interrogent Jésus, ce n’est pas pour approfondir l’enseignement de la loi mais pour tendre un piège Jésus : Ils le voyaient accomplir chaque jour des œuvres de miséricorde ; il était très proche des blessés de la vie, des malades et des égarés, des infréquentables. Il guérissait le jour du Sabbat. On lui reproche d’en faire trop au détriment de la loi de Dieu.

Dans sa réponse, Jésus rappelle ce qui est dit dans le livre du Deutéronome : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit (versets 37-38). Il aurait pu s’arrêter là, mais il ajoute quelque chose qui n’avait pas été demandé par le docteur de la loi : “le second commandement lui est semblable… Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Jésus met ces deux commandements ensemble pour nous révéler qu’ils sont inséparables et complémentaires. On ne peut aimer Dieu sans aimer le prochain. Et on ne peut aimer le prochain sans aimer Dieu.

Pour vivre cet Évangile, c’est vers le Christ que nous nous tournons. Ce qu’il nous demande, il l’a vécu jusqu’au bout. Au soir du jeudi saint, il disait : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.” Il ne s’agit plus d’une simple loi écrite mais d’une personne qui se donne. Le Christ continue à insuffler son Esprit Saint à ses fidèles pour animer leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Il s’identifie à notre prochain et il nous appelle à le reconnaître dans les autres. Ce que nous avons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’avons fait.

C’est à notre amour pour les petits et les exclus que nous serons jugés. Et à travers eux c’est le Christ qui est là. Il nous appelle tous à aimer Dieu au quotidien et en toutes circonstances. Dans le même temps, il nous appelle à aimer au quotidien tous nos frères proches et lointains. Il importe que notre charité soit active et généreuse. Les organismes de solidarité sont là pour nous aider à la rendre plus efficace. Le Seigneur est là pour nous accompagner et nous montrer le chemin.

Par la communion, c’est Jésus qui vient vivre en nous. Il vient en nous pour aimer notre Père et tous nos frères et sœurs de la terre. Nous lui rendons grâce : Béni sois-tu, Seigneur pour cet amour. Tu nous envoies le rayonner autour de nous. Garde-nous fidèles à cette mission. Qu’elle soit le programme de toute notre vie. Amen

Père Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 22 octobre 2023

22.10.2023 – HOMÉLIE DU 29ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – MATTHIEU 22,15-21

Soyons des disciples missionnaires à la foi active et la charité efficace

Pistes pour l’homélie par le Père Jean Compazieu


Textes bibliques : Lire


En ce 29ème dimanche du Temps ordinaire, nous entendons des textes bibliques qui nous interpellent. Ils nous rappellent l’importance que nous avons aux yeux de Dieu et le rôle que nous avons auprès des autres ; ce sont les paroles de la première lecture : “Je t’ai appelé par ton nom. Je t’ai donné un titre ; je suis le Seigneur et il n’en est pas d’autre.” Cette bonne nouvelle a été annoncée à un peuple qui vient de passer 50 ans en exil sur une terre étrangère. Ce peuple anéanti et humilié va pouvoir retrouver sa dignité et sa fierté. Ce qui est extraordinaire, c’est que Dieu se sert d’un roi païen pour réaliser son projet de salut. Cyrus, roi de Perse est devenu l’homme providentiel qui permettra au peuple d’Israël de retrouver sa terre.

À travers ce texte du prophète, nous entrevoyons un autre libérateur : il s’agit de Jésus lui-même. Avec lui, ce n’est pas seulement Israël qui est sauvé. Il est venu pour tous les peuples du monde. Il nous voit plongés dans notre péché, loin de Dieu. Il a livré son Corps et versé son Sang pour nous et pour la multitude. Il veut associer tous les hommes à sa victoire sur la mort et le péché. La journée missionnaire est là pour nous appeler à être  missionnaires.

Nous sommes envoyés pour annoncer “la joie de l’Évangile” ; c’est l’appel que nous adresse inlassablement le pape François : “la joie de l’Évangile remplit le cœur de ceux qui rencontrent Jésus.” C’est cette joie que nous avons à communiquer et à rayonner dans ce monde qui en a bien besoin. Devant ce désert spirituel, la tentation est grande de se décourager et de dire que ça ne sert à rien. Mais dans ce désert, “il faut des hommes de foi, qui par l’exemple de leur vie, montrent le chemin vers la Terre promise et ainsi, tiennent en éveil l’espérance”. (Pape François)

C’est de cette espérance que Paul témoigne dans la 2ème lecture ; il découvre chez les chrétiens de Thessalonique une foi active. Il a annoncé l’Évangile à des gens qui ne le connaissaient pas. Ces païens ont accueilli la Bonne nouvelle et se sont convertis à Jésus Christ. Mais il découvre que le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur des hommes.

Cette annonce de l’Évangile n’a pas été facile pour les envoyés. Ils se sont trouvés affrontés à des gens qui ont cherché à le discréditer. C’est ce qui s’est passé pour Jésus tout au long de son ministère. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons les pharisiens et les partisans d’Hérode se mettre d’accord pour lui tendre un piège ; ils commencent par faire l’éloge de sa franchise, de sa rectitude et de son intégrité ; mais ce langage flatteur vire progressivement vers un complot contre Jésus : “Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur César ?”

Ces oppositions à l’Évangile sont toujours d’actualité : la tentation est grande de mettre hors circuit ceux qui nous remettent en question et nous poussent à changer. Quand la parole de l’Église nous dérange, on fait tout pour la discréditer. Mais rien ne doit arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Le Christ compte sur chacun de nous pour être les témoins et les messagers de ces paroles de la Vie Éternelle.

Dans l’Évangile de ce jour, Jésus remet les choses “à l’endroit” : “Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.” Certains pourraient croire que Jésus nous invite à un partage clair entre les deux domaines. Pour beaucoup c’est “la semaine à César et le dimanche à Dieu. »  Mais ce n’est pas cela que Jésus nous demande. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, “c’est reconnaître, face à n’importe quel type de pouvoir que Dieu est le Seigneur de l’homme et qu’il n’y en a pas d’autre” (pape François). Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est s’ouvrir à sa volonté et coopérer à son Royaume de miséricorde, d’amour et de paix.”

Rendre à césar ce qui est à césar, c’est participer à l’organisation de la société dans laquelle nous vivons, c’est assainir les relations en les fondant sur la loyauté, c’est assumer nos tâches dans les divers domaines de la vie sociale, économique et familiale. Nous avons tous à lutter pour que la dignité des plus pauvres soit reconnue et respectée. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés comme messagers de l’Évangile. À l’occasion de cette semaine missionnaire, nous sommes mis devant nos responsabilités. Le Christ nous veut en état de mission quels que soient notre et notre situation.

En célébrant cette Eucharistie, nous voulons, Seigneur, te rendre ce qui te revient. Nous t’offrons tous les actes de foi, d’espérance et de charité qui émaillent de nos vies et de celles de tous nos frères. Avec toi nous nous engageons à tout faire pour que l’amour l’emporte sur la haine et la violence. Sois avec nous pour que l’Évangile soit annoncé dans le monde entier. Amen

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 15 octobre 2023

15.10.2023 – HOMÉLIE DU 28ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – MATTHIEU 22,1-14

« Heureux les invités au repas du Seigneur »

Pistes pour l’homélie du Père Jean Compazieu


Textes bibliques : Lire


Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à l’espérance. Ils nous rejoignent dans a situation qui est la nôtre. Dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe s’adresse à un peuple qui vit une situation difficile. Son message cherche à le raffermir dans sa foi. Il annonce l’intervention de Dieu qui opèrera un renversement radical non seulement du sort d’Israël mais aussi de tous les peuples. C’est un monde nouveau qui est en train de naître, un monde où rien n’est perdu de ce qui est beau et bon, un monde le mal est exclu.

Cette proposition de salut est comparée à un festin offert à tous les peuples. Ce sera une vie entièrement nouvelle, en totale communion avec Dieu. Ce repas célèbrera la disparition définitive de l’humiliation, de la souffrance et de la mort. En communion les uns avec les autres, nous célèbrerons la grandeur de Dieu. À nous de diffuser cette bonne nouvelle si nous voulons hâter ce jour du grand festin entrevu par Isaïe.

C’est aussi cette bonne nouvelle que saint Paul a annoncée au monde païen de ton temps. Sa vie était loin d’être une succession de festins. Sa plus grande préoccupation était que l’invitation du Christ soit proclamée dans le monde entier. Il a vécu des moments difficiles ; il a connu des privations ; il a souffert les persécutions. Mais il trouve sa force en Dieu. Lui seul peut nous combler pleinement. Sa grâce nous suffit.

L’évangile nous présente un roi qui célébrait noces de son fils. Ce roi, c’est Dieu. Il invite l’humanité entière à la noce de son Fils Jésus. Envoyé par le Père, Jésus a épousé notre humanité par son incarnation. Et le Père veut absolument que tous en bénéficient et s’en réjouissent. C’est donc toute l’humanité que Dieu veut rassembler auprès de lui. Les paroles de Jésus sont très claires : “Allez donc à la croisée des chemins ; tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noces.”

La mission de l’Église, notre mission à tous, c’est d’être les messagers de cette invitation. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cette bonne nouvelle et de l’espérance qui nous anime. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint. Nous ne pouvons pas être disciples du Christ sans être missionnaires. C’est toute notre vie qui doit contribuer à l’annonce de Jésus.

Voilà donc cette invitation à la fête. Mais l’évangile nous montre l’obstination de ceux qui se sont éloignés de la bonne nouvelle. Nous sommes surpris et même choqués devant l’attitude désinvolte des invités de cette parabole. On leur propose quelque chose d’extraordinaire qui va transformer leur vie ; or voilà qu’ils n’ont pas le temps, ils sont débordés de travail, accablés de soucis. Pire, ils se retournent contre les messagers porteurs de cette bonne nouvelle qui insistent et ils les maltraitent sauvagement. C’est une allusion à tous les martyrs d’autrefois et à ceux d’aujourd’hui.

Nous aussi, nous trouvons facilement des excuses pour ne pas répondre à l’invitation du Seigneur. Je n’ai pas le temps de prier ni d’aller à la messe d’aller à la messe parce que j’ai trop de travail ou encore parce que j’ai des invités. On oublie alors que l’Eucharistie est vraiment le rendez-vous le plus important de la semaine. Le Christ est là présent ; il rejoint les communautés chrétiennes réunies en son nom. Il vient nous redire l’amour passionné de Dieu pour tous les hommes. Malheureusement, beaucoup préfèrent être tranquillement installés chez eux et éviter tout ce qui dérange leur tranquillité.

Bien sûr, Jésus ne force personne à venir à ses noces. Mais il poursuit inlassablement son invitation. Il ne peut pas se résigner à nous voir malheureux loin de lui. Dieu est amour. Il ne peut pas ne pas aimer. Toute la Bible nous montre Dieu s’adressant aux hommes en termes d’amour et d’alliance. C’est comme un feu que rien ne peut arrêter.

La deuxième partie de l’évangile nous montre le rassemblement dans la salle des noces. Nous assistons à l’entrée du Roi. Et là, il y a un problème. L’un des convives n’a pas son vêtement de noces. Alors on se pose la question : Comment reprocher à un homme que l’on a ramassé sur la route de ne pas avoir son vêtement nuptial ? Si Jésus a ajouté cette exagération, c’est qu’il a un message important à nous transmettre.

Jésus vient en effet nous rappeler que nous devons nous habiller de justice, porter des fruits de droiture. Porter le vêtement de noces, c’est être converti. Cet habit nuptial nous est fourni par le sacrement de la réconciliation. C’est là que nous retrouvons notre dignité d’enfants de Dieu. N’oublions jamais que le Seigneur est toujours là pour nous revêtir de sa lumière et de sa gloire.

En ce mois du Rosaire, nous nous tournons aussi vers la Vierge Marie. Qu’elle nous accompagne sur ce chemin de conversion. Confions-lui les drames et les espérances de notre monde. Prions-la aussi pour ceux qui sont persécutés à cause de leur foi. Elle sera toujours là pour nous renvoyer au Christ. “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.”

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 9 octobre 2023

21.05.2023 – HOMÉLIE DU 7ÈME DIMANCHE DE PÂQUES – JEAN 17, 1B-11A

Réjouissons-nous, Christ est ressuscité !

Il nous porte dans sa prière ! Alléluia !

Du Père Jean Compazieu


Pistes pour l’homélie

Textes bibliques : Lire

Ce 7ème dimanche de Pâques nous prépare à la grande fête de la Pentecôte qui sera célébrée dimanche prochain. Ce jour-là, les apôtres se mettront à proclamer avec force et courage les merveilles de Dieu. En attendant, ils sont réunis en un même lieu pour un temps de prière. Le livre des Actes énumère chacun des onze apôtres (les douze moins Judas). Dès le début, ils ont été choisis par Jésus. Il les a formés et leur a donné des instructions.

Le Livre des Actes mentionne également la présence de quelques femmes. C’est vraiment exceptionnel dans le monde Juif. C’est une manière de dire qu’elles ont un rôle essentiel dans l’Église. Il y a également Marie, la mère de Jésus et quelques membres de sa proche famille. Toutes ces personnes sont réunies pour participer fidèlement à la prière. Les uns et les autres se préparent à la manifestation de la gloire divine qu’ils découvriront quelques jours plus tard. C’est de cette merveille qu’ils auront à témoigner jusqu’aux extrémités de la terre.

Mais il ne peut y avoir de mission sans ce temps de prière. C’est par là qu’il faut commencer. C’est vrai aussi pour nous. Cela vaut la peine de se poser quelques questions : Est-ce que nous prions ? Comment prions-nous ? Le Père Guy Gilbert a écrit dans un de ses livres qu’une journée sans prière, ça ne vaut pas grand-chose. Si nous prions, ce n’est pas d’abord pour adresser des demandes à Dieu. Il sait de quoi nous avons besoin avant que nous lui demandions. Le plus important c’est de nous accorder à son amour et de nous en imprégner. Nous ne serons des témoins rayonnants et lumineux que si nous accueillons la lumière qui vient de lui.

Dans sa lettre, l’apôtre Pierre insiste sur ce point : il rappelle aux chrétiens la nécessité d’être vraiment reliés au Christ. Ils en ont bien besoin car ils sont affrontés à toutes sortes de persécutions. Mais Jésus avait prévenu : “le serviteur n’est pas au-dessus de son maître”. Le Seigneur Jésus a connu la persécution, le rejet et la croix. Il en sera de même pour des générations de chrétiens. Aujourd’hui encore, de nombreux chrétiens continuent à être persécutés et mis à mort en Afrique, en Chine, en Corée du Nord et dans de nombreux pays islamistes. Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent chaque jour avec la peur au ventre. A travers eux, c’est la famille des chrétiens, notre famille, qui est éprouvée. Ensemble, en communion avec eux, nous prions et nous supplions le Seigneur : qu’il nous garde fermes dans la foi jusqu’au jour où sa gloire se révèlera à tous.

Dans l’Évangile, nous découvrons la prière de Jésus : elle nous le montre en totale communion avec son Père. Ils sont liés l’un à l’autre dans une communion éternelle. Les évangiles nous disent que Jésus passait parfois des nuits entières à prier son Père. Cette union dépasse tout ce que nous pouvons vivre à notre niveau. Elle nous dit l’intensité de la prière de Jésus et nous en sommes éblouis. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’il veut nous associer tous à sa prière. C’est avec lui que nous connaîtrons le bonheur de prier.

Cette prière de Jésus se situe à un moment important de sa vie : il se prépare à passer de ce monde à son Père. Sa mort sur la croix ne sera pas un échec mais une élévation. Ce sera la grande victoire de l’amour sur la mort et le péché. Au moment le plus dramatique de sa vie, Jésus veut partager à ses disciples sa joie d’avoir accompli sa mission. La bonne nouvelle a été annoncée aux pauvres. Les petits et les exclus ont été les premiers à l’accueillir. C’est pour toutes ces merveilles que Jésus rend grâce. En lisant cet Évangile, nous découvrons ce que doit être la vraie prière. Trop souvent, elle n’est que plainte et requête. Nous ne devons jamais oublier que la plus belle expression de la prière c’est la louange et l’action de grâce. Nous sommes invités à suivre l’exemple de Jésus qui rendait grâce avant de demander.

Dans cette prière que nous adressons au Père, nous devons souligner le rôle important de Marie, la mère de Jésus. Elle était présente dans le groupe des apôtres. Elle l’est aussi dans l’Église d’aujourd’hui pour accompagner et soutenir notre prière. Nous ne pouvions rêver meilleur accompagnement. Comme autrefois, elle continue à nous renvoyer au Christ et à son Évangile ; elle ne cesse de nous redire : “faites tout ce qu’il vous dira.” Et ce que Jésus nous dit, c’est de nous remplir de la source d’eau vive qui est en Dieu.

Avec Marie et avec toute l’Église, nous nous tournons vers toi, Seigneur ; nous nous préparons à accueillir le don de ton Esprit. Fais que notre cœur soit disponible et accueillant pour que notre vie dise quelque chose de ton amour. Amen

Père Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 26 mai 2023

13.11.2022 – HOMÉLIE DU 33ÈME DIMANCHE ORDINAIRE – LUC 21,5-19

Acclamez le Seigneur car il vient !

Homélie


Textes bibliques : Lire


Nous approchons de la fin de l’année liturgique. Chaque année, la liturgie nous annonce le basculement vers le monde nouveau. Le prophète Malachie (1ère lecture) s’adresse à des croyants qui ne savent plus très bien où ils en sont. Les hommes ont longtemps cru pouvoir espérer une justice immédiate, une rétribution de leur vivant. Mais il a bien fallu se rendre à l’évidence : les justes qui restent fidèles au Seigneur sont persécutés. Par contre, les impies et les partisans du mal prospèrent.

Mais Dieu a une bonne nouvelle pour nous : le mal n’aura pas le dernier mot. Les croyants ne doivent pas désespérer. Un jour, Dieu manifestera qu’il sait faire la différence : il l’emportera sur les forces de destruction qui agitent les hommes et le monde. Ce sera l’établissement tant espéré de la justice de Dieu. Elle marquera sa victoire sur les ténèbres, sur le mal et sur la mort. Plus tard, Jésus annoncera que ce salut n’est pas que pour les fidèles ; il est offert à tous les hommes. Le Seigneur attend patiemment que tous se convertissent à son amour.

À l’époque de saint Paul, on pensait que ce retour du Seigneur était pour bientôt. Pour certains, c’était devenu un prétexte pour ne rien faire. On estimait que cela ne servait à rien de faire des projets, d’entreprendre ou de travailler. Dans sa lettre, Paul vient les recadrer ; lui-même se donne comme exemple : il a toujours exercé une activité pour ne pas peser sur les ressources de la communauté. Il les invite à travailler pour manger le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné. Les chrétiens doivent être présents dans le monde par une vie de travail exemplaire. L’apôtre a des paroles dures pour les paresseux : “Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus.”

Dans l’Évangile de ce jour, nous avons entendu parler de catastrophes : il y aura la ruine du temple de Jérusalem, des guerres, des famines, des persécutions. En cette journée des pauvres, le pape nous appelle à une vraie solidarité envers les personnes déplacées ou exilées : « La guerre en Ukraine est venue s’ajouter aux guerres régionales qui sèment la mort et les destructions. À cause d’une superpuissance qui entend imposer sa volonté, des millions de gens sont déracinés… Ceux qui restent dans les zones de conflit vivent chaque jour avec la peur, le manque de nourriture, d’eau et de soins médicaux. » Saluant « la disponibilité des populations qui ont ouvert leurs portes pour accueillir des millions de réfugiés, au Moyen Orient, en Afrique centrale et maintenant en Ukraine, le pape reconnaît les difficultés pour assurer la continuité du secours, mais souligne le devoir chrétien de persévérer : « Pour nous, la générosité trouve sa motivation la plus forte dans le Fils de Dieu. De riche qu’il était, dit saint Paul, il s’est fait pauvre, pour nous enrichir par sa pauvreté. »

Le Seigneur est toujours bien présent au cœur de nos vies. Aucune épreuve ne peut nous séparer de son amour. Quand tout va mal, il est celui qui nous donne le courage de travailler à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. En ce temps de violences et dans nos jours de faiblesse, nous avons du mal à le reconnaître. Le jour du Seigneur semble tarder. Mais n’oublions jamais : Il n’y a pas d’autre sauveur à attendre que Jésus mort sur la croix et ressuscité.

Ceux qui se réclament de lui seront victimes de persécutions. Depuis de nombreux mois, nous voyons bien qu’elles ont pris une ampleur effrayante, surtout dans les régions de culture islamique. Nous pensons aussi aux chrétiens de Chine, de Corée du Nord et de bien d’autres pays. Et même dans nos pays d’Europe, le fait d’être chrétien est de plus en plus souvent motif d’exclusion.

Jésus nous annonce des temps difficiles. Nous aurons à lutter contre les forces du mal qui cherchent à nous détourner de lui. Le danger viendra également des “divertissements de ce monde” qui risquent d’en égarer beaucoup. Ce sont là des idoles qui viennent piéger notre attention et nous avaler tout entier. “Prenez garde !” nous dit Jésus. La seule attitude qui convient, c’est celle du veilleur. Nous sommes appelés à être ceux qui guettent l’aube du jour du Seigneur.

La liturgie de ce dimanche nous rappelle que nous sommes invités à avancer humblement et avec courage en nous ressourçant chaque jour à la Parole de Dieu. Cette Parole est “lumière pour nos pas”. Chaque dimanche, le Seigneur nous donne rendez-vous pour l’Eucharistie source et sommet de toute vie chrétienne. Puis il nous envoie pour agir comme lui et avec lui au service des autres. C’est avec lui que nous pourrons rester en éveil pour témoigner de l’espérance qui nous anime.

“Fais paraître ton jour… Seigneur !” À ce monde que tu fais chaque jour avec tendresse, donne un cœur de chair, donne un cœur nouveau. Sur les hommes qu’il t’a plu de créer à ton image, envoie ton Esprit, un Esprit nouveau. Amen

Père Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 6 novembre 2022

24.07.2022 – HOMÉLIE DU 17ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – LUC 11,1-13

« Le jour où je t’appelle, réponds-moi Seigneur. »

Par le Père Jean Compazieu

Homélie


Textes bibliques : Lire


L’Évangile de ce dimanche nous parle de Jésus qui prie seul à l’écart. “Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : Seigneur, apprends-nous à prier comme Jean Baptiste l’a appris à ses disciples.” Et il répond : “Lorsque vous priez, dites : Père.” Ce mot est le secret de la prière de Jésus. Il est la clé qu’il nous donne lui-même. C’est ainsi que nous pourrons, nous aussi, entrer en dialogue confidentiel avec le Père qui l’a accompagné toute sa vie.

Les premières demandes nous disent que nous devons nous préoccuper de règne de Dieu, de sa gloire et de sa volonté. Nous sommes invités à donner toute sa place à Dieu dans notre vie. Il ne demande qu’à y exercer sa seigneurie d’amour. C’est dans notre vie que la sainteté de Dieu doit être manifeste. A travers ces demandes, nous exprimons notre reconnaissance au Père qui nous comble de son amour.

Trois autres requêtes viennent compléter cette prière que Jésus nous enseigne. Ces trois requêtes concernent le pain, le pardon et l’aide dans les tentations. C’est absolument important car on ne peut pas vivre sans pain ; on ne peut pas vivre sans pardon ni sans l’aide de Dieu dans les tentations. Mais saint Cyprien nous dit que le pain le plus essentiel c’est celui de l’Eucharistie. Nous devons souhaiter que les chrétiens se nourrissent de ce pain pour être transformés par le Christ. C’est là qu’ils trouvent la lumière et la force de sa grâce.

Le pardon est avant tout celui que nous recevons de Dieu : il se montre Père quand il libère nos cœurs et nous fait revivre. Nous sommes tous des pécheurs pardonnés par l’infinie miséricorde du Père. Ce pardon nous rend capables de gestes concrets de réconciliation fraternelle. Si nous ne reconnaissons pas que nous sommes pécheurs pardonnés, nous ne pourrons jamais accomplir des gestes de réconciliation fraternelle. C’est en accueillant le pardon de Dieu que nous apprenons à pardonner à nos frères.

“Et ne nous laisse pas entrer en tentation…” Nous savons que nous sommes tous exposés aux pièges du mal. Cette tentation c’est celle du désespoir ; c’est quand nous pensons que Dieu nous abandonne. Jésus nous apprend à nous tourner vers le Père pour lui demander de nous libérer de ce mal qui cherche à nous détruire.

L’enseignement de Jésus se poursuit par deux paraboles. Il rend pour modèle l’attitude d’un ami à l’égard d’un autre ami puis celle d’un père à l’égard de son fils. Nous y trouvons une invitation à avoir confiance en Dieu qui est Père ; il sait mieux que nous-mêmes de quoi nous avons besoin. Mais comme pour Abraham dans la première lecture, nous devons lui présenter nos demandes avec audace et insistance. C’est notre façon de participer à son œuvre de salut.

Comprenons bien : le but n’est pas de convaincre Dieu mais de fortifier notre foi et notre patience. C’est une lutte avec Dieu pour les choses importantes de notre vie. Comme Abraham (1ère lecture), nous sommes invités à nous tenir en présence du Seigneur ; la mission des communautés chrétiennes c’est précisément d’intercéder pour ce monde que Dieu a tant aimé. La prière que nous adressons pour eux à notre Père nous aide à changer notre regard sur eux. Comme Abraham, nous avons la ferme espérance que le petit reste des fidèles peut sauver la multitude.

Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus précise que ce qu’il faut surtout demander c’est l’Esprit Saint. C’était la prière des apôtres qui se préparaient à la Pentecôte. En communion les uns avec les autres, nous supplions le Père : Donne-nous ton Esprit Saint. Qu’il soit avec nous pour vivre cette semaine avec sagesse et amour en faisant la volonté de Dieu.

Dans sa lettre aux Colossiens, saint Paul nous rappelle que nous sommes associés à la victoire du Christ sur la mort et le péché. C’est au nom de cette bonne nouvelle que nous pouvons nous unir à sa prière confiante pour nous et pour le monde entier. Cette prière, nous la faisons passer par Marie. Toute son existence a été entièrement animée par l’Esprit de Jésus. Qu’elle nous apprenne à nous tourner vers notre Père avec confiance et persévérance.

Père Jean Compazieu

Source: DIMANCHEPROCHAIN, le 17 juillet 2022