19.03.2023 – La joie d’une conscience purifiée – Homélie

les deux aveugles à Jéricho
Les deux aveugles à Jéricho, par James Tissot (1836-1902) – Brooklyn Museum

Le père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Notre-Dame de Compassion à Paris, commente les lectures du 4e dimanche de carême (Jn 9, 1-41). L’aveugle-né guéri par Jésus, c’est le genre humain blessé par le péché originel. Saint Joseph lui-même connut cette blessure dans son tourment de père inquiet, mais confiant dans la joie de la guérison promise par son fils adoptif.

Quand le 19 mars, fête de saint Joseph, tombe un dimanche, le dimanche de carême prévaut dans la hiérarchie des fêtes sur la fête du saint qu’on reporte au lendemain, le lundi. Mais nous ne pouvons pas ne pas en tenir compte dans notre prière et dans notre prédication : de même, lorsqu’un événement exceptionnel se produit, le prêtre modifie son homélie. Je me souviens, après les attentats du 13 novembre, de la stupeur provoquée par les prêtres qui n’en avaient pas parlé le dimanche… Enfin ! nous ne sommes pas hors-sol ! Nous ne parlons pas dans le vide, j’espère. Revenons donc à saint Joseph : où est-il dans cet évangile ?

Joseph, cet autre aveugle

Il est, il a été un aveugle-né. C’est l’interprétation traditionnelle de cette guérison : la libération du péché originel. Dans cinq des six sermons que l’on a de saint Augustin sur ce texte, l’aveugle de naissance est le genre humain. C’est la différence entre Joseph et Marie qui en a été préservée : elle est la seule créature à avoir été préservée du péché originel par une grâce qui venait déjà de la mort de son Fils — c’est le dogme de l’Immaculée Conception. Pas Joseph. La question est donc de savoir quand Joseph a-t-il été délivré du péché originel ? 

Pour lui, comme pour les saints de l’Ancien Testament, on peut relever des événements décisifs, proprement « cruciaux » dans leur vie, quand par exemple Abraham s’est rendu au Mont Moriah pour offrir son fils en sacrifice : « Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, dit le Seigneur, je te comblerai de bénédictions » (Gn 22, 17). Pour Moïse quand il s’est retrouvé coincé devant la Mer Rouge, à la merci de Pharaon. Les fils d’Israël crièrent vers le Seigneur et dirent à Moïse : « Quel mauvais service tu nous as rendu en nous faisant sortir d’Égypte ! » (Ex 14, 11). Nous entendons ces deux récits dans la nuit de Pâques, avant le baptême des catéchumènes. Le roi David a eu le cœur déchiré quand le fils de son union avec Bethsabée a été frappé par la maladie, ou quand son autre fils Absalon s’est retourné contre lui. Terrible épreuve des parents qui en amène certains à s’en laver les mains, comme les parents de l’aveugle : « Comment peut-il voir, qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer » (Jn 9, 21).

Le tourment de Joseph

Il faut avoir éprouvé l’impuissance et l’angoisse pour crier vers le Seigneur, on le lit dans tant de psaumes, le psaume 33 en particulier : « Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre. » « Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. » « Je cherche le Seigneur, il me répond ; de toutes mes frayeurs, il me délivre. » Le sacrifice d’Abraham ne dit rien de sa prière et son combat intérieur, des affres ressenties au long du trajet qui a duré trois jours, mais qu’on peut imaginer comme on peut imaginer le tourment de Joseph, le dilemme dans lequel il s’est trouvé lorsqu’il a su que Marie était enceinte par l’action de l’Esprit saint. Seul devant ses responsabilités, devant son indignité, personne à qui parler.

Nous fêtons saint Joseph le 19 mars une semaine avant l’Annonciation : il ne suffisait pas que Marie dise oui, il fallait aussi trouver, préparer l’homme juste capable de veiller sur l’enfant et sa mère. Qu’est-ce qu’un bon père ? Celui qui s’inquiète et fait confiance. L’évangile de saint Matthieu raconte la venue de l’Ange dans un songe parce que Joseph était dans la nuit, le moment où les angoisses affluent. Ceux qui ont été en prison en témoignent : la nuit est terrible. C’est vrai aussi à l’hôpital. Qui n’a pas fait l’expérience des angoisses de la nuit, n’a jamais été malade, endetté, menacé, abandonné. Jésus lui-même fait l’aveu de cette souffrance : « J’étais en prison, j’étais malade, j’étais pauvre, dans les ténèbres et l’angoisse » (cf. Mt 25).

Une autre guérison, dans la joie

Il est bon de comparer cette guérison de l’aveugle-né avec une autre guérison d’aveugle de l’évangile, de Bartimée à la sortie de Jéricho : « “Fils de David, Jésus, prends pitié de moi !” Jésus s’arrête : “Appelez-le.” L’aveugle jette son manteau, “bondit et courut vers Jésus” » (Mc 10, 50). Il bondit de joie ! Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon libérateur ! Voyez comment la délivrance intervient dans une situation de blocage. Libérer signifie remettre en marche. Ces deux aveugles sont assis, bloqués : à la porte du Temple à Jérusalem, au bord de la route à la sortie de Jéricho, deux lieux symboliques. Jésus les relève : il les remet debout, sur leurs pieds, en route. Les deux étaient des mendiants pour survivre. Parfaite image du désir le plus profond de l’être : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande Jésus à Bartimée (Mc 10, 51). La liberté a besoin de ce désir : Seigneur, aide-moi ! Combien de fois par jour crions-nous ainsi vers lui ? 

La liberté retrouvée

Les deux font confiance. La liberté est un don de Dieu, à ceux qui mettent en lui leur confiance. Ils étaient méprisés, maltraités. Ce n’est pas de cela qu’ils sont délivrés, plutôt de leur sentiment de solitude et d’abandon. Dieu s’est approché d’eux. Cette liberté recouvrée n’est pas celle qu’Israël attendait, du peuple tout entier. Elle n’est pas plus celle des impies ou des païens : « Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme, dit saint Paul, au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres » (Gal 5, 13). C’est une liberté intérieure, liberté d’aimer et d’être aimé, liberté de conscience car c’est notre conscience que le Christ est venu délivrer, du péché et de l’angoisse. 

Se relever : debout, en route ! Implorer Dieu : Seigneur aide-moi ! Faire confiance au Seigneur : il t’appelle ! Retrouver la joie d’une conscience purifiée. « Seigneur, répands sur nous ta miséricorde, en délivrant notre conscience de ce qui l’inquiète et en donnant plus que nous n’osons demander » (prière d’ouverture du 27e dimanche ordinaire).

Source : ALETEIA , le 18 mars 2023

15.01.2023 – HOMÉLIE – Les cinq sens spirituels

TISSOT-JEAN-BAPTISTE-JESUS
Brooklyn Museum – James Franco Tissot (1836-1902), Saint Jean-Baptiste voit Jésus de loin).

Le père Christian Lancrey-Javal commente l’évangile du 2e dimanche du temps ordinaire. Si Jean-Baptiste a reconnu Jésus, c’est parce qu’il avait développé au désert une sensibilité spirituelle dont nous n’avons aucune idée. Ses « sens de l’âme » étaient particulièrement aiguisés.

Il a fallu du courage à cette paroissienne qui avait perdu son mari il y a deux ans, et qui souffre autant de son absence que du comportement de ses enfants à son égard, il lui a fallu du courage pour venir me dire qu’elle l’avait vu : « Vous allez me prendre pour une folle. Mais j’ai vu mon mari. » Je l’ai écoutée et je l’ai rassurée : cela arrive. Assez souvent : quatre ou cinq fois par an des personnes viennent, très embarrassées, me raconter de telles visions ou apparitions. Je leur déconseille d’en parler à leur entourage qui les prendrait effectivement pour folles. Ces visions sont des phénomènes classiques de la vie spirituelle, secondaires dès lors qu’elles ne disent rien de Dieu, qu’elles diffèrent des visions des prophètes que la Bible appelle d’ailleurs des « voyants ». Lors de la Passion du Christ, « les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : “Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ?” » (Lc 22, 64).

La vision de Jean-Baptiste

Toutes les personnes qui ont eu une ou des visions, ont entendu des paroles, eu des « locutions » — ne les oublient jamais, et les redoutent encore, en ont une appréhension sacrée. A contrario, ceux qui les recherchent sont des inconscients. Les rechercher est interdit, pour notre bien, comme toute entrée par effraction dans le monde des esprits. Ne jouez pas à cela, c’est jouer avec le feu, le feu éternel préparé pour le Diable et les démons (Mt 25, 41). Jean Baptiste, lui, a vu le Christ. Il l’a reconnu, non parce qu’ils étaient cousins, mais parce que Jean priait et vivait au désert et il y avait développé une acuité, une sensibilité spirituelle dont nous n’avons aucune idée, nous qui passons des heures devant les écrans, envahis et gavés d’images et de sons. C’est un problème de santé publique, « on prépare des générations de sourds », s’alarment les médecins ; c’est surtout un problème de santé de l’âme, alors que dimanche prochain sera le dimanche de la Parole de Dieu. 

Les générations des siècles passés n’avaient pas plus envie de lire que nous : la lecture comme la musique, la littérature comme les grandes œuvres musicales ont toujours été réservées à des privilégiés qui ne savent pas leur bonheur et leur chance. En revanche, elles avaient pour elles la connaissance de phrases-clés de l’évangile — comme ce dimanche : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (au singulier, peccatum mundi, le péché originel dont nous avons été délivrés à notre baptême) — des paroles vitales qui nous permettront au soir de notre vie de nous prosterner devant le Christ quand nous le verrons de nos yeux : Jésus, c’est toi le Fils de Dieu ! Sauve-moi !

Pour entrer en relation

Le pape François a consacré l’année dernière une série de catéchèses à la vieillesse. Il a évoqué le 30 mars 2022 la façon dont « l’Esprit Saint aiguise les sens de l’âme, malgré les limites et les blessures des sens du corps » : cette acuité est donnée à tout âge, à ceux qui s’emploient, comme Jean-Baptiste par sa rigueur ascétique, à limiter les sens du corps pour épanouir les sens de l’âme, les sens spirituels. Que sont ces sens spirituels et quel est leur lien avec les sens corporels ?

La spiritualité est une sensibilité aux choses de Dieu et à son amour : elle est naturelle et tout autant se forme et se travaille : elle s’aiguise. « J’ai peur, disait saint Augustin, j’ai peur de Dieu quand il passe. — Comment cela, tu as peur ? Oui, j’ai peur de ne pas m’en rendre compte et de le laisser passer. » Les sens spirituels ne sont pas ceux indiqués sur Internet ou dans les livres de développement personnel, qui mélangent imagination, conscience, intuition, alors que les sens de l’âme ont ceci en commun avec les sens du corps (la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût) qu’ils sont faits pour entrer en relation. Pourquoi avons-nous un corps, pourquoi sommes-nous des créatures corporelles et sensibles ? Pour communiquer entre nous, parce que nous sommes des êtres de relation. 

Les cinq sens de l’âme

Le premier sens spirituel est le regard d’amour, quand nous regardons avec les yeux du cœur : la charité, c’est trouver l’autre aimable, et l’aimer. Vous trouvez que Jean-Baptiste n’était pas aimable ? Parce qu’il traitait les Pharisiens d’engeance de vipères ? Ce n’est pas manquer à la charité que de mettre en garde les brebis contre les loups, au contraire. C’est le regard d’amour.

Le deuxième sens spirituel est l’écoute patiente. « Une vieillesse — disait le pape François à propos de Syméon et Anne — qui s’est préparée à la rencontre de Dieu ne manquera pas cette rencontre : elle sera plus prompte, elle aura plus de sensibilité. » L’écoute patiente, et, à la fin, intérieure.

Après le regard (d’amour), l’écoute (patiente), l’odorat ? Disons le flair, pour savoir ce dont l’autre a besoin, quel est le service à lui rendre. Être aimable, patient et serviable : Jean-Baptiste est le plus grand des enfants des hommes pour avoir rendu le plus grand service, montrer le Christ. Comme le Curé d’Ars : je te montrerai le chemin du Ciel. Le regard d’amour, l’écoute patiente, le flair pour rendre service.

Le « toucher » spirituel est tout en retenue, qui effleure, signe de délicatesse, d’indulgence et de tolérance. Il n’appuie pas si ça fait mal. Jean-Baptiste ne demandait pas plus aux personnes que ce qui leur était possible. Toucher le cœur avec douceur. 

Enfin, le goût est lié à la mémoire, aux bons souvenirs : ce sens de l’âme remplit de gratitude et de fidélité. De son enfance, Jean Baptiste gardait le souvenir de parents fidèles au Seigneur. Il a donné lui-même le témoignage de la fidélité jusqu’au martyre.

Les cinq sens de l’âme sont le regard d’amour, l’écoute patiente, le flair pour rendre service, la douceur de l’indulgence, le goût de la fidélité. Pour s’en souvenir, pensez à l’hymne de saint Paul aux Corinthiens : l’amour prend patience, l’amour rend service, il supporte tout, il ne disparaît jamais. L’amour, la patience, le service, l’indulgence, la fidélité. Aimable, patient, serviable, indulgent, fidèle.

Source : ALETEIA, le 14 janvier 2023

Ne dites pas « Courage ! », dites « Confiance ! »

les deux aveugles à Jéricho

Domaine public – Les deux aveugles à Jéricho, par James Tissot (1836-1902), Brooklyn Museum.

Ne dites pas « Courage ! », dites « Confiance ! »

Par le Père Christian Lancrey-Javal

La guérison de l’aveugle Bartimée, dans l’évangile du 30e dimanche ordinaire, nous invite à méditer sur la confiance (Mc 10, 46b-52). La confiance ne vient pas du courage, explique le père Christian Lancrey-Javal, c’est le courage qui vient de la confiance.

Il y a quarante jours, le 14 septembre, nous fêtions la Croix glorieuse. Nous étions quarante jours après la fête de la Transfiguration où le Christ avait manifesté sa Gloire, et nous voici à présent à la sortie de Jéricho, à la fin de la montée de Jésus vers Jérusalem, appelés comme Bartimée à ouvrir les yeux. Le basculement s’est fait avec la profession de foi de Pierre à Césarée de Philippe : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ » (Mc 8, 29). 

Six jours après, Jésus est transfiguré devant eux, sur une haute montagne que nous disons être le Mont Thabor mais qui est plus vraisemblablement l’Hermon, au-dessus de Césarée de Philippe, et qui culmine à 2.800 mètres et non à 600 mètres comme le Thabor. En situant la Transfiguration au Mont Thabor, près de Nazareth, la Tradition entendait donner la priorité à l’Incarnation, plus qu’à la Rédemption. Peu importe, comme dit le Psaume : « Seigneur, Dieu de l’univers, qui est comme toi ? Le Thabor et l’Hermon, à ton nom, crient de joie » (Ps 88, 13).

La vérité et la charité

L’Hermon est la montagne du retour de l’Exil, ou de l’Exode. Et même si Jésus et ses disciples sont revenus en Galilée (Mc 9, 30), « partant de là, ils viennent dans le territoire de la Judée et au-delà du Jourdain » (l’actuelle Jordanie), avant de monter à Jérusalem (Mc 10, 32). Et ils passent naturellement par Jéricho. Jéricho est une ville à forte valeur symbolique, la ville la plus vieille du monde, la plus « basse » aussi, à 300 mètres sous le niveau de la mer, symbole d’enfermement ou de délivrance, comme le rappelle la Lettre aux Hébreux : « Grâce à la foi, les remparts de Jéricho tombèrent après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours » (He 11, 30).

Dans l’Église, nous avons manqué et nous manquons de courage, à tous les étages, à cause d’une idée fausse de l’unité. D’une peur de ce qui divise.

Et pourtant du passage de Jésus à Jéricho, nous ne saurons rien. L’Évangile dit que « Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho » (Mc 10, 46a). Et la suite immédiate nous amène à Bartimée, « tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse » (Mc 10, 46b). Cette foule nombreuse a été attirée comme à chaque fois par sa prédication et ses guérisons. Les deux : sa prédication et ses guérisons. Comme les deux commandements de l’amour, comme la vérité et la charité : la prédication et les guérisons. Cette prédication est itinérante, en chemin, et c’est pourquoi on cherche à faire taire Bartimée dont les cris empêchent d’entendre Jésus. Et les guérisons expliquent que l’ordre de Jésus : « Appelez-le » soit ainsi interprété et transmis si positivement : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » 

Confiance et courage

Le terme traduit par « Confiance ! » peut se traduire aussi par « Courage ! ». Courage ! Il vous arrive peut-être comme à moi de le dire dix fois par jour, en fin de conversation, au moment de se quitter, comme un bel… encouragement. En travaillant sur cette homélie, je me suis dit que j’allais essayer de le remplacer par Confiance ! Plutôt que de dire Courage ! dire Confiance ! Eh bien… cela ne marche pas. Ou cela ne marche qu’avec les personnes qu’on connaît, qu’on peut aider, qui peuvent compter sur nous. On peut dire Courage ! à un inconnu, bien plus que Confiance ! —Courage !renvoie l’autre à lui-même : Courage, tu ne pourras compter que sur toi… Tandis que Confiance ! signifie : tu pourras compter sur moi ou sur d’autres, sur la Providence.

Essayez. Surtout si vous êtes fatigués d’entendre répéter : Courage ! dans un monde dont ce n’est pas la qualité première, qui préfère, au nom de l’unité, éviter tout ce qui peut contrarier, diviser ou exclure. Dans l’Église, nous avons manqué et nous manquons de courage, à tous les étages, à cause d’une idée fausse de l’unité. D’une peur de ce qui divise. Ne chasser personne. On a vu le résultat. L’unité ne peut se faire au détriment de la fidélité. Dehors les agresseurs !

La confiance est une aventure

Cela dit, la confiance ne vient pas du courage ; c’est l’inverse : le courage vient de la confiance. En particulier pour nous croyants. Puis-je vous rappeler à nouveau que tous les baptisés ont la foi : c’est le don du baptême. Que demandez-vous au Seigneur ? Le baptême. Que donne le baptême ? La foi. Et tous les baptisés ont reçu la force du Christ pour faire face aux épreuves comme aux tentations.

« Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » La confiance qui nous est faite donne la force de se lever quand nous sommes accablés, perdus, désorientés. Retrouvez au Livre des Juges l’histoire de Gédéon. « L’Ange du Seigneur lui apparut et lui dit : “Le Seigneur est avec toi, saint homme, vaillant guerrier !” — “Pardon mon Seigneur ! répond Gédéon : si le Seigneur est avec moi, d’où vient tout ce qu’il nous arrive ?” […] “Va, dit le Seigneur, va avec la force que j’ai mise en toi” » (Jg 6, 12-14) Le Seigneur n’explique pas : il s’engage. Que préférez-vous dans l’épreuve ? Une explication ou un soutien ? La confiance est une aventure : ose-la !

Les trois conditions de la confiance

Évidemment, il est facile de se moquer après coup — comme devant Jésus en Croix : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut pas se sauver lui-même ! » (Mc 15, 30). Tout croyant se verra moqué sur sa foi, et connaîtra trouble et combat : Pourquoi est-ce que cela m’arrive à moi ? Pourquoi Dieu permet-il cela ? Il y a trois réponses qui sont trois conditions de la confiance. La première est : Souviens-toi ! La première condition de la confiance est la mémoire. J’ai confiance en celui, celle ou ceux qui ont été là quand il le fallait, quand j’en avais besoin, qui ne m’ont pas menti. Confiance en Dieu qui ne ment pas. La deuxième raison est l’intelligence, pour savoir en quels domaines faire confiance : quelles sont les zones de confiance, les domaines de compétence. Bartimée ne demande ni argent, ni travail, ni une épouse ni des enfants, ni une maison, ni rien de ce qui fait notre vie. Il veut voir Dieu. La troisième condition est l’engagement de notre volonté. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » lui demande et nous demande Jésus. Aie confiance en moi comme j’ai confiance en toi : Dieu nous fait confiance. Même si nous ne le méritons pas.

Pour aujourd’hui, retenez ceci : le courage vient de la confiance. Aie confiance et prends courage.

Source: ALETEIA, le 23 octobre 2021