Le président de l’Académie pontificale pour la vie se prononce en faveur de la légalisation du suicide médicalement assisté

Archevêque Vincenzo Paglia, grand chancelier de l’institut pontifical Saint Jean Paul II, à une conférence de presse (photo: Daniel Ibáñez/CNA / EWTN)

Du National Catholic Register (Shannon Mullen/Hannah Brockhaus) :

Le président de l’Académie pontificale de la vie estime que le suicide médicalement assisté est « faisable ».

Dans son allocution du 19 avril, Mgr Paglia a souligné que l’Église n’est pas un « distributeur de pilules de vérité » lorsqu’il s’agit de s’engager avec une société pluraliste sur les questions morales les plus difficiles du moment.

23 avril 2023

L’archevêque Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, s’est prononcé en faveur de la légalisation du suicide médicalement assisté, le qualifiant de  » faisable  » malgré les enseignements clairs de l’Église catholique qui s’y opposent.

« Personnellement, je ne pratiquerais pas l’assistance au suicide, mais je comprends que la médiation légale peut être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions où nous nous trouvons », a déclaré Mgr Paglia dans un discours prononcé le 19 avril lors du Festival international du journalisme à Pérouse, en Italie.

Les remarques de l’archevêque italien faisaient partie d’une présentation qui incluait un documentaire sur un Italien qui s’est rendu en Suisse pour mourir par suicide assisté. 

Le journal italien Il Riformista a publié le texte du discours de Mgr Paglia samedi. 

Selon le Catéchisme de l’Église catholique, « l’euthanasie intentionnelle, quels qu’en soient les formes et les motifs, est un meurtre » et « gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect dû au Dieu vivant, son Créateur » (CEC 2324).

Plus récemment, en 2020, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a affirmé cet enseignement dans sa lettre Samaritanus bonus, « sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie », qui a été approuvée par le pape François.

« La valeur infrangible de la vie est un principe fondamental de la loi morale naturelle et un fondement essentiel de l’ordre juridique », affirme la lettre. « Nous ne pouvons pas choisir directement de prendre la vie d’autrui, même s’il le demande ».

Plus tôt cette année, lors de l’audience générale du 9 février, le pape François a déclaré que les mourants avaient besoin de soins palliatifs, et non d’euthanasie ou de suicide assisté, affirmant : « Nous devons accompagner les personnes vers la mort, mais pas provoquer la mort ou faciliter le suicide assisté. »

Dans son intervention du 19 avril, Mgr Paglia a souligné que l’Église n’est pas un « distributeur de pilules de vérité » lorsqu’il s’agit de s’engager avec une société pluraliste sur les questions morales les plus difficiles du moment.

« La pensée théologique évolue dans l’histoire, en dialogue avec le Magistère et l’expérience du peuple de Dieu (sensus fidei fidelium), dans une dynamique d’enrichissement mutuel », a déclaré Mgr Paglia.

 Mgr Paglia a rappelé la décision du pape François, en 2018, de réviser le Catéchisme de l’Église catholique pour affirmer que la peine de mort est « inadmissible ».

« La contribution des chrétiens se fait au sein des différentes cultures, ni en haut – comme s’ils possédaient une vérité donnée a priori – ni en bas – comme si les croyants étaient porteurs d’une opinion respectable, mais désengagée de l’histoire », a poursuivi Mgr Paglia.

« Entre les croyants et les non-croyants, il existe une relation d’apprentissage mutuel », a déclaré Mgr Paglia.

 « En tant que croyants, nous posons donc les mêmes questions qui concernent tout le monde, sachant que nous sommes dans une société démocratique pluraliste. Dans ce cas, à propos de la fin de la vie (terrestre), nous nous trouvons tous confrontés à une question commune : Comment pouvons-nous parvenir (ensemble) à la meilleure façon d’articuler le bien (plan éthique) et le juste (plan juridique), pour chaque personne et pour la société ?

Mgr Paglia a critiqué l’expansion des lois dans certains pays pour permettre l’euthanasie involontaire. Dans le même temps, il a déclaré qu’il n’était « pas exclu » que la légalisation du suicide assisté « soit possible dans notre société », à condition que certaines conditions énoncées dans un arrêt de la Cour constitutionnelle italienne de 2019 soient remplies.

Plus précisément, il a déclaré, en citant les directives de la Cour, que la personne doit être « maintenue en vie par un traitement de survie et souffrir d’une pathologie irréversible, source de souffrances physiques ou psychologiques qu’elle considère comme intolérables, mais pleinement capable de prendre des décisions libres et conscientes ». La Chambre des représentants italienne a déjà approuvé une telle législation, mais pas le Sénat, a-t-il noté.

Ce n’est pas la première fois que les remarques de Mgr Paglia sur le suicide assisté suscitent la controverse. En 2019, répondant à une question sur le suicide assisté et sur la possibilité pour un catholique ou un prêtre catholique d’assister à la mort d’une personne par suicide assisté, Mgr Paglia a déclaré à un petit groupe de journalistes qu’il serait prêt à le faire, car « le Seigneur n’abandonne jamais personne ».

« En ce sens, accompagner, tenir la main de quelqu’un qui est en train de mourir, est, je pense, un grand devoir que chaque croyant devrait promouvoir », avait-il déclaré à l’époque, ajoutant que les croyants devraient également offrir un contraste avec la culture du suicide assisté.

Plus récemment, en août 2022, Mgr Paglia a été vivement critiqué par les opposants à l’avortement pour avoir qualifié, lors d’une interview à la télévision italienne, la loi 194 – la loi de 1978 légalisant l’avortement en Italie – de « pilier de la société ». Dans une déclaration ultérieure, l’Académie pontificale de la vie a affirmé que ce commentaire avait été pris hors contexte.

Source : National Catholic Register, le 23 avril 2023

Haïti: « un enfer incroyable et terrible », visite de Mgr Vincenzo Paglia

Mgr Vincenzo Paglia en Haïti © Vatican News

Mgr Vincenzo Paglia En Haïti © Vatican News

Haïti: « un enfer incroyable et terrible », visite de Mgr Vincenzo Paglia

« Aujourd’hui, toute aide peut être utile »

« J’ai trouvé un pays très triste, surtout dans son âme. Tout le monde m’a dit qu’une petite visite comme la mienne fait susciter l’espoir. Vraiment, c’est un pays qui est détruit à l’intérieur des personnes, et à l’extérieur. J’ai visité quelques quartiers périphériques, inhumains, sans aucune structure, sans rue, sans service d’hygiène… Il n’y a aucune attention à la santé ou à un minimum d’humanité. Les jeunes n’ont pas de travail. Certainement ce pays est résilient, mais si nous le laissons seuls, ce pays ne peut pas ressusciter »: c’est ce dont témoignage Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pour la vie, par téléphone, au micro de Radio Vatican. Il a constaté sur place « un enfer incroyable et terrible ».

Il déplore la violence omni-présente: « C’est une violence qui devient une structure du pays. Et c’est impossible d’éliminer la violence si aucune perspective de développement n’arrive, surtout pour les jeunes. La violence est devenue l’unique manière de gagner quelque chose. Et évidemment, la violence ne peut que générer de la violence. Et alors, quel est le futur? Le rêve de la majorité, c’est d’aller aux États-Unis. Alors il y a une incroyable population, des milliers et des milliers de personnes qui quittent le pays pour aller aux États-Unis, avec un coût du voyage qui est plus dur que celui de la Méditerranée chez nous. »

Il a constaté l’engagement des organisations catholiques: « J’ai trouvé plusieurs organisations catholiques qui essayent de donner un petit espoir, et ça c’est très important. Évidemment, la politique et les accords internationaux sont nécessaires, mais aujourd’hui, toute aide peut être utile. »

Radio Vatican constate « l’indifférence » face au cri des pauvres: « Exactement, c’est ça le drame. Le Pape François, il y a quelques années, a parlé de l’indifférence comme l’un des plus grands péchés diaboliques de la société contemporaine. Haïti est vraiment l’un des plus petits pays, et personne n’écoute le cri de ce peuple qui attend un futur plus humain. C’est ça, à mon avis, la responsabilité des États-Unis, de l’Europe, des Nations-Unies. La globalisation nous a lié les uns les autres. On ne peut pas, avec responsabilité, le peuple d’Haïti continuer à descendre dans un enfer incroyable et terrible. »

Source: ZENIT.ORG, le 23 octobre 2021

Académie pour la vie: «Vieillesse: notre futur. La condition des personnes âgées après la pandémie»

Mgr Vincenzo Paglia © Vatican Media
Mgr Vincenzo Paglia © Vatican Media

Académie pour la vie: «Vieillesse: notre futur. La condition des personnes âgées après la pandémie»

Présentation au Vatican le 9 février 2021

«Vieillesse: notre futur. La condition des personnes âgées après la pandémie »: c’est le titre du nouveau document de l’Académie pontificale pour la vie qui sera présenté au Vatican mardi prochain, 9 février 2021, à 11h30, lors d’une conférence de presse en streaming.

Le document sera présenté par Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, accompagné de Mgr Bruno-Marie Duffè, secrétaire du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral et du prof. Etsuo Akiba, maître de conférences à l’Université de Toyama (Japon), membre de l’Académie pontificale pour la vie.

Source: ZENIT.ORG, le 5 février 2021

Mgr Paglia : la fraternité est indispensable pour la survie de l’humanité

Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la Vie.Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie. 

Mgr Paglia : la fraternité est indispensable pour la survie de l’humanité

Dans son récent e-book intitulé « Pandémie et fraternité. La force des liens humains rouvre l’avenir », Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, invite à activer « l’antivirus de la solidarité » et appelle à une vision bioéthique mondiale.

Fabio Colagrande – Cité du Vatican

La pandémie nous a montré notre fragilité en tant qu’individus. La société, les structures et les superstructures que nous avons créées pour défendre notre vie, avec tous ses privilèges, étaient également vulnérables. Selon Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, la seule réponse possible, tournée vers l’avenir, est celle qui repose sur la fraternité et la solidarité, comprises non pas seulement comme des valeurs chrétiennes, mais comme des fondements sur lesquels repose la survie de l’humanité.

L’archevêque italien en parle dans l’essai récemment publié, Pandémie et Fraternité. La force des liens humains rouvre l’avenir (Piemme-Molecole). Le texte, qui s’inspire d’une récente Note de l’Académie elle-même, vise à ouvrir une discussion éthique et culturelle sur la période post-pandémique et les critères d’un nouveau départ. Les concepts centraux sont la «mondialisation de la fraternité» et la diffusion de «l’antivirus de la solidarité», comme l’explique lui-même le président de l’Académie pour la Vie au micro de l’antenne italienne de Radio Vatican.

Entretien avec Mgr Paglia

«Lorsque le Pape François a dit dans sa prière du 27 mars dernier que nous allions tous à une vitesse supersonique, pensant que nous étions en bonne santé dans un monde malade, il nous a rappelé qu’en réalité nous n’étions pas en bonne santé. Il y avait un virus parmi nous, avant le coronavirus, que j’appellerais le virus de l’individualisme et de la solitude qui en découle, qui en réalité avait déjà radicalement affaibli notre société. Après tout, le coronavirus a fait ressortir, explosé, cette fragilité inhérente à la nature de chacun d’entre nous que nous ne voulons pas voir ni même envisager. Dans ce sens, il y a un renseignement à utiliser à ce moment.

Le coronavirus est une molécule, même pas vivante, un parasite qui, en un clin d’œil, a mis tout et tous à genoux, montrant que si la fragilité n’est pas reconnue à la fin, nous en subissons les conséquences. Si la fierté omnipotente de chacun d’entre nous continue à guider nos choix, à orienter le sens même de la vie, il est finalement évident que les fruits sont ce que nous avons vu. Je dirais donc que cette pandémie nous montre la vérité sur qui nous sommes. Et en ce sens, la nécessité d’appeler à l’aide, la nécessité de se soutenir mutuellement, de ne plus se soumettre à aucun individualisme, à aucune souveraineté, à aucune autodétermination, est enfin sous les yeux de tous. Nous ne pouvons plus continuer comme nous l’avons fait jusqu’à présent.

Vous appelez à une vision bioéthique globale. Qu’est-ce que cela signifie ?

Lorsque nous regardons notre vie, notre monde, le sens de nos journées, nous devons tenir compte du fait que nous sommes connectés les uns aux autres. Chacune de nos actions n’est jamais seulement la nôtre, mais appartient toujours aux autres, pour le meilleur ou pour le pire. C’est pourquoi tous les choix – politiques, économiques, sociaux et individuels – s’ils ne tiennent pas compte d’une vision universelle du bien commun, ou plutôt de la fraternité, risquent de ne causer que des dégâts. La fraternité est un terme qui, selon moi, devrait impliquer tous nos choix de manière radicale. Une fraternité entre les peuples, au sein des réalités associatives des villes, la fraternité entre l’homme et la création, la fraternité comme redécouverte du destin commun de tous.

Mettre en place une bioéthique globale, c’est comme retrouver le rêve de Dieu au début de la création. Toute la création est la maison commune de l’humanité. L’alliance de l’homme et de la femme doit être responsable pour toutes les générations et doit être responsable de la garde de cette maison. Tout cela a été négligé. L’une des raisons de la pandémie est, selon beaucoup, la dévastation du climat. La mort des personnes âgées dans des maisons de retraite est l’une des conséquences de la dévastation des relations entre les générations. Nous avons prolongé la vie, ce qui est excellent, mais nous avons ensuite déposé ceux à qui nous avons fait ce cadeau dans des lieux de « fin de vie », en doublant en quelque sorte la cruauté.

Dans ce volume, vous consacrez également beaucoup d’espace à ce que l’on pourrait appeler une guérison spirituelle et vous commentez quatre psaumes: 13, 22, 130 et 143. Pourquoi ?

Je crois que ce moment de fragilité maximale peut être représenté avec l’image du cri de Jésus sur la croix, qui incarne tous les peuples de tous les temps. C’est une image qui représente une prière, une demande d’aide. Le même que celui que le Pape François a exprimé le 27 mars sur la place Saint-Pierre, vide, en montrant le cri de l’homme vers Dieu. En ce sens, la tradition judéo-chrétienne nous a laissé un patrimoine d’invocation extraordinaire qui, en ce moment, retrouve une grande puissance. C’est pourquoi j’ai voulu mentionner dans cette réflexion quatre psaumes d’invocation, même dramatiques, car le monde entier en a besoin.

J’ai été impressionné par le fait que la diffusion télévisée de cette prière du Pape, ce vendredi soir, a été vue par des millions et des millions d’Italiens, dont beaucoup ne sont certainement ni croyants ni catholiques. Le Livre des Psaumes, avec ses invocations à Dieu, peut être un vademecum important car il recueille nos peurs, nos souffrances, nos cris, nos espoirs, nos angoisses. J’ai toujours été impressionné par ce que mon cher ami Elio Toaff, rabbin de Rome, me disait. Il m’a dit que depuis qu’il était enfant, son père lui avait conseillé de toujours emporter le Livre des Psaumes avec lui. Il lui avait expliqué que là, c’est comme si toute vie était enfermée et que les Psaumes vous aidaient à l’affronter. Toaff m’a dit que lorsqu’il a été capturé et sur le point d’être abattu, il a demandé aux gardes s’il pouvait réciter un psaume avant de mourir. Il est parti prier et, par miracle, un des soldats l’a invité à s’échapper. Avec cet épisode, il a exprimé sa profonde religiosité, la conviction que Dieu vous aide vraiment dans la vie. Mais je crois que le Livre des Psaumes de cette époque peut vraiment être un vademecum extraordinaire, même pour ceux qui ne croient pas.»

Source: Vaticannews, le 29 avril 2020