Chine: consécration du nouvel évêque de Zhengzhou

Une catholique chinoise en prière. (AFP or licensors)

Chine: consécration du nouvel évêque de Zhengzhou

Le père Wang Yuesheng avait été désigné par le Pape le 16 décembre dernier, la publication de la nomination intervient le jour de la consécration, ce jeudi 25 janvier dans le cadre de l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine.

Le père Wang Yuesheng est le nouvel évêque de Zhengzhou, dans la province chinoise du Henan. Il a été consacré ce mercredi 25 janvier 2024. Sa nomination épiscopale par le Pape remonte au 16 décembre dernier mais est rendue publique au moment de la consécration du nouveau pasteur diocésain. Elle s’est déroulée dans le cadre de l’Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine.

Le nouvel évêque, âgé de 57 ans, est né à Zhumadian (Henan) le 27 février 1966, informe le bulletin de la Salle de presse du Saint-Siège. Il a suivi des cours de philosophie et de théologie au séminaire du Centre Sud de 1987 à 1993. Il a été ordonné prêtre à Hankou, le 17 octobre 1993. Il a été curé de la paroisse de Zhengzhou. Depuis décembre 2011, il est curé du district de Huiji, à Zhengzhou.

10 à 20 000 catholiques baptisés à Zhengzhou

L’agence Fides rappelle qu’après la reprise de la vie ecclésiale amorcée à la fin des années 1970, «le diocèse de Zhengzhou n’a plus eu d’évêques, mais seulement des administrateurs diocésains». Depuis les années 1980, plusieurs églises ont été restaurées ou construites ex nihilo. La vie ecclésiale a continué à battre son plein, mais sans retrouver l’intensité de l’épanouissement qui semblait se manifester dans les années 1950. À l’époque, sur une population de 4 millions d’habitants, on comptait plus de 20 000 catholiques baptisés. Aujourd’hui, sur une population qui a plus que doublé, selon les estimations de diverses sources, le nombre de catholiques baptisés varie de 10 à 20 000.

Depuis la signature de l’Accord provisoire entre la République populaire de Chine et le Saint-Siège, le 22 septembre 2018, rappelle Fides, agence du dicastère pour l’Évangélisation, il n’y a plus en Chine d’ordinations épiscopales illégitimes, celles célébrées sans le consentement du Pape, qui avaient provoqué de douloureuses déchirures parmi les catholiques chinois depuis la fin des années 1950. Depuis cette signature, six nouvelles ordinations épiscopales ont eu lieu en Chine. Au cours de la même période, six évêques dits «clandestins», nommés dans le passé sans tenir compte des protocoles de l’État, ont demandé et obtenu la reconnaissance de leur rôle par les autorités civiles. Parmi eux, Mgr Peter Jin Lugang, évêque de Nanyang, aussi originaire du Henan, qui a été officiellement reconnu par le gouvernement le 30 janvier 2019.

Source : VATICANNEWS, le 25 janvier 2024

Chine : Des directives indiquent aux religions la manière d’appliquer la nouvelle loi sur l’éducation patriotique

Les Croyants Doivent Comprendre Qu’en Chine, « L’État Est Plus Grand Que La Religion, Et La Loi De L’État Est Plus Grande Que Les Règles Religieuses » © RT

Chine : Des directives indiquent aux religions la manière d’appliquer la nouvelle loi sur l’éducation patriotique

Les religions sont maintenant informées de la manière de la mettre en œuvre

La « Loi sur l’éducation patriotique », une création du Département central de la propagande du Parti communiste chinois (PCC), a été approuvée dans une version révisée le 24 octobre 2023 par le Comité permanent de la 14e Assemblée populaire nationale et est entrée en vigueur le 1er janvier 2024. Elle a été saluée comme l’une des lois chinoises récentes les plus significatives, car elle réorganise tout le travail de propagande interne du Parti. Comme l’a expliqué Bitter Winter lors de l’adoption de la loi, le terme « éducation » ne se réfère pas uniquement aux écoles.

Le 4 janvier 2004, la 25e réunion de la Conférence nationale commune des groupes religieux s’est tenue à l’Association islamique de Chine. Les cinq religions autorisées ont publié des lignes directrices sur la manière dont les communautés religieuses doivent appliquer la loi sur l’éducation patriotique, faisant d’elles, plus encore qu’auparavant, des porte-parole de la propagande du Parti. Comme l’indiquent les lignes directrices, les croyants doivent comprendre qu’en Chine « l’État est plus puissant que la religion, et la loi de l’État est plus forte que les règles religieuses ».

La « loi sur l’éducation patriotique de la République populaire de Chine » est la première loi de notre pays relative au patriotisme. La formulation et la mise en œuvre de la loi sur l’éducation patriotique, ainsi que la promotion et la protection de l’éducation patriotique dans cette nouvelle période, au sein de l’État de droit, sont d’une grande importance et d’une portée considérable pour transmettre et faire progresser l’esprit national, rassembler la force du peuple, promouvoir l’édification d’un pays fort et le rajeunissement national. Afin d’étudier, de diffuser et d’appliquer consciencieusement la loi sur l’éducation patriotique, de transmettre l’esprit patriotique dans les cercles religieux de notre pays et d’élever la conscience nationale, la conscience civique, la conscience de l’État de droit et les sentiments patriotiques du clergé religieux et des croyants, nous établissons les directives suivantes :

Adhérer aux principes du patriotisme, de l’amour du parti et de l’amour du socialisme

Renforcer l’éducation patriotique et comprendre profondément que sans le Parti communiste chinois, il n’y aurait pas de Chine nouvelle, pas de socialisme aux caractéristiques chinoises, qu’il serait impossible de réaliser le grand rajeunissement de la nation chinoise, et qu’il n’y aurait pas de perspective de vie harmonieuse pour les différentes religions de notre pays aujourd’hui, ni de vie épanouie pour le très grand nombre de croyants. Les communautés religieuses de notre pays doivent apprendre, réfléchir et mettre en pratique la pensée de Xi Jinping sur le socialisme chinois pour une nouvelle ère, en particulier les importants exposés du secrétaire général Xi Jinping sur le travail religieux, soutenir fermement ces « deux piliers » et les préserver pour sauvegarder l’unité nationale et la paix. Nous devons nous concentrer sur l’unité nationale, comprendre l’idée de construire un pays socialiste moderne de manière globale et réaliser le grand rajeunissement de la nation chinoise en tant que thème spécifique, renforcer la direction idéologique, la promotion culturelle, la direction éducative et la formation pratique, construire un fort sentiment de communauté de la nation chinoise, et renforcer continuellement notre respect pour la grande patrie, l’identité de la nation chinoise, la culture chinoise, le Parti communiste chinois et le socialisme avec des caractéristiques chinoises.

Adhérer à la belle tradition du patriotisme et la perpétuer 

Les milieux religieux de notre pays ont une longue et profonde tradition de patriotisme. Le bouddhisme prône « la dignité de la terre, le bénéfice et l’amour du peuple », le taoïsme insiste sur « l’aide au monde et le bénéfice au peuple, la protection du pays et l’amour du peuple », l’islam prône que « le patriotisme fait partie de la foi », le catholicisme souligne que « le patriotisme est un commandement de Dieu » et le christianisme [protestant] exige qu’« un bon chrétien soit un bon citoyen ». Telles sont les richesses spirituelles durables des communautés religieuses de notre pays. Nous devrions an alyser en profondeur les valeurs patriotiques contenues dans la pensée religieuse chinoise, faire connaître officiellement l’histoire glorieuse de l’unité et des luttes des communautés religieuses de notre pays sous la direction du Parti communiste chinois, et raconter des témoignages marquants de patriotisme, d’amour de la religion et de dévouement à la société avec cœur et âme, afin que le patriotisme devienne la croyance ferme, la force spirituelle et l’action consciente du clergé et des croyants.

Persister à enrichir la religion de notre pays de l’excellente culture traditionnelle chinoise

Renforcer la confiance culturelle en soi, transmettre et développer l’excellente culture traditionnelle chinoise, promouvoir les valeurs fondamentales du socialisme, renforcer la formation idéologique religieuse, analyser en profondeur le contenu des enseignements et des règles propices à l’harmonie sociale, au progrès de l’époque et à une civilisation saine, et ajuster les enseignements et les principes pour qu’ils soient conformes au développement et au progrès des exigences chinoises contemporaines et à l’interprétation officielle de l’excellente culture traditionnelle chinoise. Promouvoir l’approfondissement et la stabilisation de la sinisation de la religion dans notre pays. Renforcer l’étude et l’utilisation de la langue parlée et écrite commune du pays par les communautés religieuses dans le processus d’interprétation et de prédication des Écritures, inviter le clergé et les croyants à réciter les œuvres classiques chinoises, et organiser des initiatives d’apprentissage et de découverte de l’excellente culture traditionnelle chinoise. Célébrons ensemble la fête du printemps, la fête des lanternes, la fête de Qingming, la fête des bateaux-dragons, la fête de la mi-automne et d’autres fêtes importantes. Grâce à des activités culturelles folkloriques pittoresques, nous pouvons découvrir la culture traditionnelle et renforcer notre sentiment d’appartenance à notre pays.

Poursuivre l’éducation patriotique et pratiquer des activités patriotiques

Profiter pleinement des commémorations des grands événements historiques nationaux, des cérémonies commémoratives publiques nationales, des activités d’éducation patriotique, etc. pour mener une éducation patriotique complète et inspirer le patriotisme au sein du clergé et des croyants. Poursuivre l’éducation sur l’histoire du Parti, l’histoire de la Chine nouvelle, l’histoire de la réforme et de son ouverture, l’histoire du développement socialiste, l’histoire du développement de la nation chinoise, et l’éducation sur le thème de l’amour du Parti, du patriotisme et du socialisme, et continuer à promouvoir ces idées dans les communautés religieuses. Intégrer le patriotisme dans l’ensemble du processus d’éducation et d’enseignement dans les écoles religieuses et dans les différentes matières et contenus pédagogiques.

Mettre en œuvre une surveillance globale et stricte des religions, renforcer le développement des communautés religieuses et créer une bonne image du patriotisme et de l’amour de la religion au sein de la communauté religieuse

Mener des activités de promotion et d’éducation sur l’État de droit socialiste et guider le clergé et les croyants pour qu’ils prennent fermement conscience du fait que l’État est supérieur à la religion, que la loi de l’État est supérieure aux règles religieuses et que le peuple est le premier citoyen. En nous appuyant sur les magazines, les sites web, les documents publics, etc. parrainés par les communautés religieuses, nous produirons, diffuserons et publierons d’excellents ouvrages sur des thèmes patriotiques, créerons des rubriques spéciales, renforcerons la promotion et l’information, défendrons le thème principal du patriotisme et nous nous efforcerons de promouvoir globalement la construction d’un pays fort et la grande cause du rajeunissement de la nation. Nous apporterons sagesse et force.

Association bouddhiste de Chine

Association taoïste de Chine

Association islamique de Chine

Association catholique patriotique chinoise

Conférence des évêques catholiques de Chine

Mouvement patriotique des trois égoïsmes

Association chrétienne de Chine

Association nationale des associations chrétiennes de jeunes hommes chinois

Association nationale des associations chrétiennes de jeunes femmes de Chine

Source : ZENIT.ORG, le 4 janvier 2024

CHINE/VATICAN – 5 ans depuis l’accord sur les nominations des évêques chinois. Missionnaire Heyndrickx : nous soutenons le Pape dans le dialogue avec la Chine

Knack.be

par Gianni Valente
Louvain (Agence Fides) – Le 22 septembre 2018, il y a exactement cinq ans, les représentants du Saint-Siège et de la République populaire de Chine signaient à Pékin l’Accord provisoire sur les procédures de nomination des nouveaux évêques chinois. Cet accord a été prolongé à deux reprises, en 2020 et 2022. Et la nature provisoire très confirmée de l’instrument incite à éviter les évaluations définitives de son application. L’anniversaire de la signature est cependant l’occasion de recueillir les suggestions et les réflexions du grand missionnaire belge Jeroom Heyndrickx, de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie (Missionnaires de Scheut). Le Père Jeroom a presque 92 ans et a consacré toute sa longue vie au service de l’Eglise en Chine.

Père Jeroom, nous avons appris hier que deux évêques chinois participeront au synode qui va s’ouvrir à Rome. Et aujourd’hui, cela fait cinq ans que la première signature de l’accord provisoire entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques chinois a eu lieu. Que pensez-vous de cette coïncidence fortuite ? 
JEROOM HEYNDRICKX: La présence de deux évêques de Chine continentale au prochain Synode est évidemment un fruit clair de l’accord du Pape François (2018)avec la Chine pour initier un dialogue et des échanges continus. Un autre fruit concret est la récente visite des évêques chinois à Louvain – après laquelle ils ont également visité l’Église de France pendant trois jours et ont eu trois rencontres aux Pays-Bas. À l’invitation du cardinal De Kesel, quatre évêques chinois ont obtenu l’autorisation des autorités civiles chinoises de se rendre à Louvain au début du mois de septembre afin d’étudier les moyens de réactiver les échanges et la collaboration fructueux et significatifs avec la Fondation Verbiest.

Des opinions et des commentaires continuent de circuler sur l’accord, qui passent à côté de son cœur et perdent de vue son objectif principal. Quel est le cœur de l’accord ?
HEYNDRICKX: Grâce à cet accord, tous les nouveaux évêques catholiques ordonnés le sont en pleine communion avec le Pape et sont désormais légitimes et reconnus à la fois par le Saint-Siège et par la Chine. L’un des principaux obstacles à une plus grande unité dans l’Église est ainsi levé. Ainsi, un mouvement historique vers une plus grande unité dans l’Église se déroule sous nos yeux.

Plusieurs observateurs soulignent que depuis la signature de l’accord, il y a eu peu de nouvelles commandes
HEYNDRICKX: Il est vrai que le dialogue avec la Chine n’a pas progressé aussi facilement, même après l’accord du Pape. Pourquoi devrions-nous le cacher? Nous sommes nous aussi déçus qu’il n’y ait pas eu plus d’évêques nommés pour occuper les sièges vacants dans plus de 25 diocèses en Chine. Nous pensons également que la pratique de la liberté de croyance religieuse est trop limitée en Chine. Certains partis politiques des pays occidentaux se concentrent toutefois exclusivement sur ces aspects de l’Accord. Ils critiquent les efforts du Pape pour dialoguer et promouvoir les objectifs spirituels de l’Église. Pourquoi ? Peut-être pour promouvoir leur propre objectif politique. Mais des faits tels que la récente visite d’évêques catholiques chinois en Europe prouvent que leurs critiques ne sont pas fondées.

Pouvez-vous nous parler des journées passées avec les évêques chinois en Belgique ?
HEYNDRICKX: A Louvain, les rencontres avec le Cardinal De Kesel et les missionnaires du CICM (Scheut) en Belgique se sont déroulées dans un climat de fraternité chrétienne, à la recherche des voies à suivre pour que les Eglises de Chine et d’Occident puissent se confirmer mutuellement dans la foi. Aujourd’hui, les Églises occidentales se réjouissent (et ont besoin !) de cette confirmation dans la foi. Elles sont inspirées et confirmées par la foi des chrétiens de Chine, tandis que l’Église de Chine se sent renforcée par l’accueil fraternel qu’elle reçoit en Occident.
L’atmosphère et l’esprit des rencontres tout au long de la visite doivent être comparés aux soixante dernières années de tension et de suspicion réciproques, de division au sein même de l’Église entre « officieux » et « officiels », « légitimes » et « illégitimes ». Nous ne pouvons pas être aveugles et ne pas reconnaître ce pas de géant qui, sans l’accord du Pape, n’aurait pas eu lieu. Parvenir à une plus grande unité au sein de l’Église, surmonter les malentendus en son sein, est un accomplissement missionnaire de ce Pape. Et ce n’est pas tout. Nous devons ouvrir les yeux sur les autres développements remarquables de ces jours-ci.

En tant que missionnaire, vous avez suivi de près le « nouveau départ » de l’Église en Mongolie dans les années 1990, où le Pape François s’est rendu début septembre…
HEYNDRICKX: J’ai été surpris par le puissant témoignage que cette visite a envoyé à l’Église et au monde entier. Cela m’a rappelé la fois où, en octobre 1991, j’ai été envoyé par le Saint-Siège et le supérieur de ma congrégation missionnaire pour visiter Oulan-Bator et explorer les voies de l’évangélisation en préparation de la nouvelle mission mongole des Missionnaires de Scheut. J’ai eu l’honneur d’être reçu par le vice-premier ministre de l’époque, le ministre Dorligjav, et j’ai été impressionné par ses paroles. Il m’a dit : « Père, notre pays a été sous le régime athée soviétique pendant soixante-dix ans. Maintenant que nous avons été libérés, nous ne reviendrons pas à notre ancien régime avec le bouddhisme comme religion d’État. Nous sommes désormais une république indépendante avec une liberté de croyance. Afin d’offrir à notre peuple la possibilité de croire en la religion chrétienne, nous invitons les missionnaires à venir ici. Vous êtes les bienvenus, mais n’oubliez pas que notre peuple est soit bouddhiste, soit athée. Ne soyez pas agressifs dans vos intentions d’évangélisation. Joignez-vous plutôt aux efforts de notre pays pour s’occuper des pauvres. Aidez-nous dans les domaines de la santé et de l’éducation ». Et c’est exactement ce que la petite communauté ecclésiale d’Oulan-Bator fait depuis 1992 : ouvrir des écoles, répondre aux besoins des pauvres, s’occuper des handicapés, des orphelins et des jeunes abandonnés.

Depuis la Mongolie également, le Pape a adressé un message au peuple chinois et aux catholiques chinois. Quelle est la bonne voie à suivre ?
HEYNDRICKX: L’accord entre le Saint-Siège et la Chine a maintenant cinq ans. Des faits tels que la participation d’évêques chinois au synode et la visite d’évêques chinois à Louvain, en France et aux Pays-Bas nous ouvrent les yeux et révèlent que les réalisations sont plus nombreuses que nous ne le pensions. Il est évident que, malgré certaines nouvelles négatives qui nous parviennent de Chine, les contacts ouverts entre l’Église chinoise et l’Église universelle ont augmenté de manière significative ces dernières années. Il est évident que cela est dû au dialogue positif permanent du pape François avec la Chine. Nous sommes tous invités à en prendre davantage conscience et à soutenir le travail inlassable du pape au service de l’Église. Le fait que l’amélioration de la situation ne progresse que lentement ne doit pas nous surprendre. Les deux parties – le Saint-Siège et la République populaire de Chine – tentent de surmonter le choc Est-Ouest du XIXe siècle, la guerre de l’opium et toutes les inimitiés, les préjugés mutuels et l’incompréhension qui en ont découlé. Le Pape agit en pionnier En ce sens, le Pape agit en missionnaire « pionnier » pour la Chine à notre époque, et c’est là qu’il a besoin et mérite le plein soutien de toute l’Église, au lieu de se tenir à distance et d’observer ce qui se passe. Notre créativité missionnaire trouvera des moyens de construire des routes là où il n’y en a pas.

Source : Agence Fides, le 22 septembre 2023

CHINE – « À vin nouveau, outres neuves ». La première congrégation de religieuses de Chine, dans la province de Shaanxi, célèbre les 100 ans de sa fondation

Xi’an (Agence Fides) – Une célébration vécue sous le signe de la gratitude, demandant au Christ lui-même de renouveler l’élan missionnaire des débuts, pour annoncer l’Évangile dans le vaste horizon de la Chine d’aujourd’hui : c’est dans cet esprit que les Sœurs Franciscaines Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, première congrégation féminine chinoise de la province de Shaanxi en Chine continentale, ont partagé les célébrations du 100ème anniversaire de la fondation de leur institut religieux.

La célébration commémorative a eu lieu le 16 septembre, à la veille de la mémoire liturgique des stigmates de saint François, qui tombe le 17 septembre, coïncidant avec la date de la fondation.

Sept évêques de la province de Shaanxi, 120 prêtres et plus d’un millier de fidèles de diverses régions du pays, ainsi que des représentants de neuf congrégations féminines travaillant en Chine continentale ont participé à l’eucharistie solennelle, se rassemblant autour des sœurs franciscaines du Sacré-Cœur en ce moment si heureux et si important pour elles.

Le 17 septembre 1923, Eugenio Massi, OFM (1875-1944), Vicaire apostolique de Zhongjing (devenu Vicariat apostolique de Xi’an, capitale de la province et mission franciscaine historique en Chine), et le missionnaire franciscain espagnol Francisco Ormazabal ont fondé la première congrégation provinciale de femmes dans le but de confier la prédication de l’Évangile à des femmes consacrées locales.

La commémoration du 100e anniversaire de la fondation a débuté le 13 septembre par une veillée dédiée au Sacré-Cœur. Les 14 et 15 septembre, plusieurs réunions, cours et séminaires ont été organisés sur les thèmes de la mission et de la promotion des vocations.

Au cours de l’une des réunions, un clip vidéo réalisé par les sœurs et intitulé « Follow Me » a été présenté, qui contenait également les vœux et les félicitations des évêques de la province. Mgr Antonio Dang Mingyan, évêque du diocèse de Xi’an, a présidé l’eucharistie du 16 septembre.

Dans son homélie, il a passé en revue les 100 ans d’engagement missionnaire et caritatif des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur, les exhortant à embrasser avec une nouvelle ferveur l’œuvre de l’annonce de l’Évangile du salut.

Les Missionnaires franciscains du Sacré-Cœur de Jésus consacrent leurs ressources humaines et spirituelles au service pastoral dans les paroisses, les orphelinats, les jardins d’enfants, les foyers pour malades du sida et une quarantaine de petites cliniques disséminées dans la campagne où ils soutiennent les soins de santé. Une petite imprimerie permet de produire des bulletins pour les paroisses et des subventions pour le travail apostolique, tandis qu’un petit atelier d’art qu’elles dirigent produit des images sacrées et des statues de saints et de la Vierge Marie.

Pour financer leurs initiatives, les sœurs produisent également des vêtements liturgiques et suivent toutes des formations, notamment pour obtenir l’agrément de l’État qui leur permettra d’enseigner la langue chinoise, la médecine traditionnelle et la peinture dans les lycées. (NZ)

Source : Agence Fides, le 19 septembre 2023

De retour de la Chine, le cardinal Zuppi invite tout le monde à s’impliquer pour paix

Le cardinal Matteo Zuppi.

De retour de la Chine, le cardinal Zuppi invite tout le monde à s’impliquer pour paix

Envoyé par le Pape à Pékin dans le cadre d’une mission de dialogue pour la paix en Ukraine, le cardinal Matteo Zuppi est de retour en Italie. Dans une interview accordée à TV2000, la chaîne de télévision de la Conférence épiscopale italienne (CEI), l’archevêque de Bologne a exhorté «à trouver la clé d’une paix juste et sûre».

Vatican News

Après deux jours de mission à Pékin, le cardinal Matteo Zuppi est rentré en Italie ce vendredi 15 septembre pour ensuite se rendre à Palerme, où il a présidé la messe à l’occasion du trentième anniversaire du martyre du bienheureux Giuseppe Puglisi. Envoyé par le Pape François à Pékin pour une mission de dialogue en vue d’instaurer une paix juste en Ukraine, le président de la Conférence épiscopale italienne a affirmé que le «gouvernement chinois a manifesté une grande attention» au terme de son séjour. 

Trouver une clé juste et sûre pour la paix

Le cardinal Zuppi a fait part d’une «discussion franche avec l’envoyé pour l’Ukraine, des échanges de points du vue importants, notamment sur les perspectives d’avenir». Il a exhorté «tout le monde à suivre cette direction», celle de «trouver la clé d’une paix juste et sûre».

L’archevêque a souligné l’importance de sa rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, car «la paix se fait par le dialogue» a-t-il expliqué. C’est «une déclaration positive qui va dans la direction souhaitée» par le Pape François.

Pour la paix, tout le monde doit s’impliquer

Sur le front diplomatique, a conclu le cardinal Zuppi, «la balle n’est pas seulement dans le camp ukrainien. Tout le monde doit participer. L’Ukraine a déjà participé et a également présenté ses propositions. En réalité, pour la paix, tout le monde doit s’impliquer».

Le président russe Vladimir Poutine, lors de sa rencontre hier avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko à Sotchi, a déclaré que la Russie «n’a jamais refusé les négociations sur l’Ukraine, si ils veulent [négocier], qu’ils le disent», rapporte l’agence de presse Tass. Au cours de la précédente visite, entre le 28 et le 30 juin, le cardinal Zuppi avait rencontré à deux reprises le conseiller en politique étrangère du Kremlin, Yuri Ushakov, puis Maria Llova-Belova, commissaire russe aux droits de l’enfant (sur le problème des enfants ukrainiens déportés en Russie), et enfin le patriarche Kirill de Moscou.

Source : VATICANNEWS, le 16 septembre 2023

Le cardinal Zuppi attendu à Pékin pour une nouvelle étape dans sa mission de dialogue

Le cardinal Zuppi le 6 juin dernier à Kiev, reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky

Le cardinal Zuppi attendu à Pékin pour une nouvelle étape dans sa mission de dialogue

Après l’Ukraine, la Russie et les États-Unis, l’archevêque de Bologne, envoyé spécial du Pape François pour la paix en Ukraine sera en Chine les 13 et 14 septembre. «Un pas de plus dans la mission du Pape de soutenir les initiatives humanitaires et la recherche des voies qui peuvent mener à une paix juste» en Ukraine, précise le Saint-Siège. 

Vatican News

Le cardinal Matteo Zuppi est en route pour la Chine. Le Saint-Siège a communiqué ce mardi 12 septembre son voyage à Pékin qu’il doit effectuer du 13 au 15 septembre. L’archevêque de Bologne, par ailleurs président de la conférence des évêques italiens (CEI) poursuit sa mission de dialogue sur le dossier de la guerre en Ukraine. Le cardinal italien est accompagné d’un official de la Secrétarie d’État. Cette visite, à la demande de François est «un pas de plus dans la mission du Pape de soutenir les initiatives humanitaires et la recherche des voies qui peuvent mener à une paix juste» souligne un communiqué. 

Ces dernières semaines, le cardinal a effectué des missions à Kiev, Moscou et Washington. Avant de s’envoler pour la Chine, l’archevêque de Bologne a participé à la rencontre internationale pour la paix organisée par la Communauté Sant’ Egidio dont il est membre, et qui se tient cette année à Berlin. Il avait à ce titre répondu à notre consoeur de Vatican News – Radio Vatican, Francesca Sabatinelli. «Il y aura toujours une poussée vers une paix juste et sûre, a-t-ilexpliqué, avec l’engagement de ceux qui sont plus importants, comme la Chine». 

La paix doit être choisie par les Ukrainiens

«La paix, a-t-il ajouté fermement, requiert l’effort de tous, mais elle ne peut jamais être imposée par quiconque, elle doit être la paix choisie par les Ukrainiens avec les garanties, l’engagement et l’effort de tous». Avant sa première étape à Kiev début juin, cette mission voulue par le Saint-Père avait été présentée par le Saint-Siège avec pour objectif de «soutenir les initiatives dans le domaine humanitaire afin d’alléger les souffrances des personnes les plus touchées et les plus fragiles, en particulier les enfants».

Depuis Berlin, le président de la CEI était aussi revenu sur l’expression utilisée par le Pape François d’une «paix créative» pour expliquer également que les chemins de la paix elle-même sont parfois «imprévisibles et nécessitent l’engagement et l’implication de tous et une grande alliance pour la paix pour pousser dans la même direction», comme le fait le Pape avec le cardinal Aumônier Konrad Krajewski, «avec la charité, avec les nombreux soutiens, et aussi avec cette mission d’aider à pousser dans la seule direction qui nécessite l’implication de tous et qui est celle de la paix» a-t-il souligné.

Source : VATICANNEWS, le 12 septembre 2023

Le cardinal Zuppi attendu à Pékin pour une nouvelle étape dans sa mission de dialogue

Le cardinal Zuppi le 6 juin dernier à Kiev, reçu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le cardinal Zuppi attendu à Pékin pour une nouvelle étape dans sa mission de dialogue

Après l’Ukraine, la Russie et les États-Unis, l’archevêque de Bologne, envoyé spécial du Pape François pour la paix en Ukraine sera en Chine les 13 et 14 septembre. «Un pas de plus dans la mission du Pape de soutenir les initiatives humanitaires et la recherche des voies qui peuvent mener à une paix juste» en Ukraine, précise le Saint-Siège. 

Vatican News

Le cardinal Matteo Zuppi est en route pour la Chine. Le Saint-Siège a communiqué ce mardi 12 septembre son voyage à Pékin qu’il doit effectuer du 13 au 15 septembre. L’archevêque de Bologne, par ailleurs président de la conférence des évêques italiens (CEI) poursuit sa mission de dialogue sur le dossier de la guerre en Ukraine. Le cardinal italien est accompagné d’un official de la Secrétarie d’État. Cette visite, à la demande de François est «un pas de plus dans la mission du Pape de soutenir les initiatives humanitaires et la recherche des voies qui peuvent mener à une paix juste» souligne un communiqué. 

Ces dernières semaines, le cardinal a effectué des missions à Kiev, Moscou et Washington. Avant de s’envoler pour la Chine, l’archevêque de Bologne a participé à la rencontre internationale pour la paix organisée par la Communauté Sant’ Egidio dont il est membre, et qui se tient cette année à Berlin. Il avait à ce titre répondu à notre consoeur de Vatican News – Radio Vatican, Francesca Sabatinelli. «Il y aura toujours une poussée vers une paix juste et sûre, a-t-ilexpliqué, avec l’engagement de ceux qui sont plus importants, comme la Chine». 

La paix doit être choisie par les Ukrainiens

«La paix, a-t-il ajouté fermement, requiert l’effort de tous, mais elle ne peut jamais être imposée par quiconque, elle doit être la paix choisie par les Ukrainiens avec les garanties, l’engagement et l’effort de tous». Avant sa première étape à Kiev début juin, cette mission voulue par le Saint-Père avait été présentée par le Saint-Siège avec pour objectif de «soutenir les initiatives dans le domaine humanitaire afin d’alléger les souffrances des personnes les plus touchées et les plus fragiles, en particulier les enfants».

Depuis Berlin, le président de la CEI était aussi revenu sur l’expression utilisée par le Pape François d’une «paix créative» pour expliquer également que les chemins de la paix elle-même sont parfois «imprévisibles et nécessitent l’engagement et l’implication de tous et une grande alliance pour la paix pour pousser dans la même direction», comme le fait le Pape avec le cardinal Aumônier Konrad Krajewski, «avec la charité, avec les nombreux soutiens, et aussi avec cette mission d’aider à pousser dans la seule direction qui nécessite l’implication de tous et qui est celle de la paix» a-t-il souligné.

Source : VATICANNEWS, le 12 septembre 2023

L’ACCORD DU VATICAN AVEC LA CHINE S’EFFILOCHE DAVANTAGE

George Weigel

L’ACCORD DU VATICAN AVEC LA CHINE S’EFFILOCHE DAVANTAGE

16 août 2023

Le dernier coup auto-infligé à la politique chinoise du Vatican s’est produit à la mi-juillet, lorsque le Saint-Siège a annoncé que le pape François avait « reconnu » l’évêque Joseph Shen Bin comme évêque de Shanghai – en dépit du fait que l’évêque avait été « transféré » au diocèse le plus important et le plus prestigieux de Chine par le régime de Xi Jinping, et non par le pape. Quelques jours plus tard, America publiait une longue analyse de cette courbette romaine par Gerard O’Connell, son correspondant au Vatican. O’Connell, pour sa part, s’est appuyé sur ce que Vatican News a décrit comme une interview du secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, mais qui était en fait une interview automatique, le cardinal ayant envoyé les questions-réponses pré-écrites aux divers instruments des médias du Vatican pour qu’ils les publient. 

Une révélation frappante dans cette auto-interrogation est venue lorsque le cardinal Parolin a noté que deux précédents transferts d’évêques en Chine « ont été effectués sans l’implication du Saint-Siège », et a déclaré que « cette façon de procéder semble ne pas tenir compte de l’esprit de dialogue et de collaboration établi de la part du Vatican et de celle de la Chine au fil des ans ». 

On ne peut que répondre : quel « esprit de dialogue et de collaboration » ? Le Vatican croit-il sérieusement qu’un régime totalitaire – qui exerce la surveillance la plus étendue au monde sur sa propre population, construit des camps de concentration génocidaires pour les minorités ethniques et religieuses, bloque les enquêtes internationales sur son rôle dans la propagation mondiale du Covid-19 et annonce publiquement que toutes les religions en Chine doivent être « sinisées » (c’est-à-dire subordonnées à l’idée que le régime se fait de la Chine et de ce qu’elle devrait être) – est vraiment intéressé par le « dialogue et la collaboration » ? Même si cette hypothèse naïve avait été le postulat de départ du Vatican dans les négociations qui ont conduit à l’accord de 2018 entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, les violations ultérieures de cet accord par la Chine et sa répression des catholiques à Hong Kong et ailleurs n’auraient-elles pas dû entraîner un réexamen critique de ce postulat ? 

Le Saint-Siège n’a-t-il rien appris du comportement des régimes totalitaires au cours de l’histoire, qui ont tous, sans exception, cherché à subordonner les communautés chrétiennes à l’idéologie du régime, qu’il s’agisse du nazisme, du léninisme ou de la « pensée Xi Jinping » ?

Je comprends les contraintes du langage diplomatique dans une négociation difficile. Néanmoins, il y a quelque chose d’autodénigrant et d’imprudent sur le plan stratégique (sans parler de l’aspect moral) dans le fait de pousser le langage diplomatique à l’extrême en disant, comme l’a fait le cardinal, que la conversation entre le Vatican et Pékin se poursuivrait, « en faisant confiance à la sagesse et à la bonne volonté de tous ». De quelle « sagesse » ou « bonne volonté » Pékin a-t-il fait preuve depuis 2018 ? Son programme actuel visant à amener le clergé catholique de Hong Kong sur le continent pour qu’il reçoive une formation en sinisation est-il l’expression d’une bonne volonté ou un exercice de coercition et d’intimidation ?

La même incapacité – ou le refus obstiné – de saisir la nature d’un régime comme celui de Xi Jinping était évidente dans l’espoir du cardinal que des « statuts adéquats » seraient élaborés pour une conférence épiscopale chinoise. Mais imaginons, pour les besoins de l’argumentation, que des statuts « adéquats » selon les normes des juristes canoniques romains aient été élaborés et qu’une conférence épiscopale chinoise ait été créée; compte tenu du bilan du régime de Xi Jinping depuis la signature de l’accord entre le Vatican et la Chine en 2018, comment une personne raisonnable pourrait-elle imaginer que ces statuts seraient respectés et que la conférence fonctionnerait conformément à ce que le cardinal Parolin a appelé sa « nature ecclésiale et sa mission pastorale » ? Combien de fois faut-il se faire taper sur les doigts avant de reconnaître que son « partenaire de dialogue » ne respecte pas les règles du Marquis de Queensberry ?

Ensuite, le cardinal Parolin a demandé aux autorités chinoises d’établir un « bureau de liaison stable » pour le Saint-Siège en Chine continentale, qui rendrait le dialogue entre le Vatican et Pékin « plus fluide et plus fructueux » : une demande, selon Gerard O’Connell, que le régime chinois a déjà rejetée tout en exigeant que le Saint-Siège ferme son « bureau d’étude » à Hong Kong. À quoi servirait ce « bureau de liaison stable » ? S’agit-il de l’ouverture d’une brèche vers le Saint-Graal diplomatique que certains diplomates italiens du Vatican recherchent depuis longtemps : une ambassade du Saint-Siège à Pékin ? Mais il faudrait pour cela rompre les relations diplomatiques du Saint-Siège avec Taïwan, la première démocratie chinoise de l’histoire. Et malgré les fantasmes d’une « place à la table » du Vatican, une ambassade n’ajouterait rien à l’influence du Saint-Siège sur le régime de Pékin, tout en étouffant davantage la voix publique du Vatican.

Il y a peu d’enthousiastes de la politique chinoise actuelle au sein du collège des cardinaux, et un examen de cette politique est impératif pendant le prochain interrègne papal. Cette discussion devrait commencer par la compréhension du fait que, quelles que soient ses nobles intentions, la politique actuelle est un échec qui porte atteinte à l’autorité morale et au témoignage de l’Église.

La chronique de George Weigel « The Catholic Difference » est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l’archidiocèse de Denver.

Source : First Things, le 16 août 2023

Le Vatican et la Chine communiste vers la normalisation : un pari dangereux

Lu sur la « Nuova Bussola Quotidiana » :

« Le cardinal Zuppi se rendra en Chine pour une médiation sur la guerre en Ukraine. Mais pour l’avenir, des plans sont en cours pour l’ouverture d’un « bureau de liaison permanent du Saint-Siège en Chine ». Une manière de normaliser les relations, au détriment de Taïwan.

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L’actualité du moment dans les médias suite à l’information vaticane est le voyage imminent du cardinal Matteo Maria Zuppi à Pékin. Pour le moment, il n’y a pas de communication officielle sur la nouvelle mission du président de la conférence épiscopale italienne, mais elle a été confirmée par le cardinal Pietro Parolin lors d’une réunion informelle, officieuse, entre des journalistes accrédités à la Cité du Vatican et le secrétaire de État du Saint-Siège.

Quel est le but de la visite ? Après des voyages en Ukraine, en Russie et aux Etats-Unis, l’archevêque de Bologne devrait se rendre en Chine communiste, pour poursuivre son engagement en faveur de la paix à travers une « mission humanitaire ». Un déplacement à Pékin dans le cadre de la mission pour la crise ukrainienne a été évoqué immédiatement après la rencontre à Washington avec le président Joe Biden. Maintenant, il y a confirmation. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître le rôle incontestable que Pékin peut jouer dans la crise ukrainienne, compte tenu également du soutien discret que la Chine offre à la Russie. C’est plutôt une reconnaissance du rôle international de Pékin tout court, pas une petite nouveauté compte tenu du fait que le Saint-Siège et la Chine continentale n’ont pas de relations diplomatiques. Ce ne serait évidemment pas la première fois que des fonctionnaires du Vatican se rendraient en Chine, mais jusqu’à présent, il s’agissait de missions spéciales liées à des entretiens sur la situation de l’Église en Chine ou à la participation à des conférences internationales.

La date exacte du voyage n’est pas encore connue, mais les cercles du Vatican le considèrent déjà comme un fait, étant donné que la République populaire de Chine a confirmé sa disponibilité. Reste à préciser les modalités de la visite et qui accueillera l’homme de Sant’Egidio, une communauté qui n’est pas hostile au régime communiste. En tout état de cause, la valeur à attribuer à cette visite du cardinal Zuppi dépendra beaucoup de la Chine, qui l’accueillera et du temps qui lui sera accordé.

Mais en même temps, il est clair qu’il est impossible d’imaginer une visite de « l’envoyé du pape » à Pékin sans lui attribuer également une « mission politique » concernant les relations bilatérales entre la Chine et le Saint-Siège, surtout après que le pape François a fait une geste extrêmement conciliant en reconnaissant Joseph Shen Bin comme évêque de Shanghai, nommé unilatéralement par le régime chinois en avril dernier.

Comme on s’en souvient, l’annonce de la nomination était accompagnée d’un entretien ad hoc avec le cardinal secrétaire d’État du Vatican, Pietro Parolin, qui espérait surtout que Pékin ne procéderait pas à des nominations unilatérales d’évêques en violation des accords provisoires secrets signés en 2018 et renouvelé en 2020 et 2022. Parolin a également indiqué trois questions à résoudre par le dialogue avec le gouvernement chinois : « la conférence épiscopale ; la communication des évêques chinois avec le Pape ; évangélisme ». Mais surtout, il a lancé une proposition audacieuse et dangereuse , « l’ouverture d’un bureau de liaison stable du Saint-Siège en Chine ».

Cela fait donc vraisemblablement partie de l’agenda que le cardinal Zuppi aimerait aborder avec les autorités chinoises. Le fait que ce soit le Cardinal Parolin qui ait donné les thèmes et annoncé le voyage signifie qu’il tient à souligner que tout se passe dans l’harmonie et sous la direction de la Secrétairerie d’État et non en la contournant, mais les faits parleront pour cela.

Le fait est cependant que la proposition d’ouvrir un bureau du Vatican à Pékin sonne comme une tentative d’ouvrir une voie qui conduira à la normalisation des relations diplomatiques et au transfert de la nonciature de Taiwan vers la Chine continentale. Une décision risquée étant donné que jusqu’à présent, le régime communiste n’a offert aucun signe d’intérêt pour ce type de dialogue et, en effet, avec ses actions, il démontre tout le contraire.

On rappelle que Pékin a posé deux conditions pour rétablir les relations avec le Saint-Siège : qu’il « ne s’immisce pas dans les affaires religieuses en Chine » et que, conformément à la politique d’ une seule Chine de Pékin , il rompe les relations diplomatiques avec le gouvernement taïwanais . Une relation qui débuta en 1942 et se consolida neuf ans plus tard, avec l’expulsion de Pékin de l’archevêque Antonio Riberi et qui conduisit à l’établissement définitif de la nonciature à Taipei.

Comme nous l’avons rappelé à maintes reprises, le vrai problème consiste dans l’absence de volonté de la part du régime communiste d’accorder ne serait-ce qu’un minimum de liberté aux catholiques chinois pour suivre leur foi en communion avec l’Église universelle (les persécutions se sont même intensifiées après la signature des accords de 2018), face à un Saint-Siège plutôt disposé à tout concéder, comme l’a dénoncé à plusieurs reprises l’évêque émérite de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen.

Malgré la rhétorique du régime communiste chinois, la réalité est que Taiwan n’est pas seulement un pays autonome avec une démocratie forte qui respecte les droits de l’homme et donc aussi les libertés religieuses. Dans le monde chinois, il est le seul allié fiable d’une Église souffrant d’une sinisation vertigineuse et imparable. C’est cette lumière de liberté qu’il faut protéger et renforcer pour qu’elle éclaire tout le peuple chinois, et non l’inverse. »

Source : La Nuova Bussola Quotidiana , le 25 juillet 2023

L' »accord » entre la Chine et le Vatican ne fonctionne pas : un cas révélateur

Cathédrale St-Ignace, siège de l’évêché de Shanghai

De Courtney Mares sur The Tablet :

Le pape confirme l’installation d’un évêque nommé à Shanghai sans l’approbation du Vatican

L’évêque Joseph Shen Bin a été installé à Shanghai en avril, en violation de l’accord provisoire conclu entre le Saint-Siège et Pékin.

Le pape François a décidé d’approuver la nomination de l’évêque de Shanghai installé par les autorités chinoises sans l’aval du Vatican.

Le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, a annoncé samedi que le pape François souhaitait « remédier à l’irrégularité canonique créée à Shanghai, en vue du plus grand bien du diocèse et de l’exercice fructueux du ministère pastoral de l’évêque ».

Mgr Parolin a déclaré que « l’intention du pape est fondamentalement pastorale » et permettra à l’évêque de « travailler avec plus de sérénité pour promouvoir l’évangélisation et favoriser la communion ecclésiale ».

Mgr Joseph Shen Bin a été installé à Shanghai en avril, en violation de l’accord provisoire conclu entre le Saint-Siège et Pékin sur les nominations épiscopales. Il s’agit de la deuxième nomination non autorisée par les autorités chinoises au cours de l’année écoulée.

Le 15 juillet, le pape François a officiellement confirmé Shen Bin dans ses fonctions à Shanghai.

Mgr Parolin a déclaré que le Vatican avait décidé « de prendre du temps avant de commenter publiquement l’affaire » afin d’évaluer la situation pastorale à Shanghai, qui n’a plus d’évêque depuis plus de dix ans.

Dans une interview accordée à Vatican News, Mgr Parolin a déclaré qu’il était « indispensable que toutes les nominations épiscopales en Chine, y compris les transferts, se fassent par consensus, comme convenu, et en maintenant vivant l’esprit de dialogue » entre le Saint-Siège et la Chine.

Le Saint-Siège a d’abord conclu un accord provisoire de deux ans avec Pékin sur la nomination des évêques en 2018, qui a été renouvelé en 2020, puis en 2022.

Un mois après que le Saint-Siège a accepté de renouveler l’accord en octobre dernier, le Vatican a déclaré que les autorités chinoises avaient violé les termes stipulés dans l’accord en installant l’évêque John Peng Weizhao en tant qu' »évêque auxiliaire de Jiangxi », un diocèse qui n’est pas reconnu par le Vatican.

Mgr Parolin a expliqué que le texte de l’accord provisoire est resté confidentiel « parce qu’il n’a pas encore été définitivement approuvé ».

« Il s’articule autour du principe fondamental des décisions consensuelles concernant les évêques », a-t-il déclaré.

« Nous essayons donc de clarifier ce point, dans le cadre d’un dialogue ouvert et d’une confrontation respectueuse avec la partie chinoise.

Interrogé sur les autres sujets à aborder avec la Chine, Mgr Parolin a cité l’évangélisation, la conférence épiscopale et la communication entre les évêques chinois et le pape.

Le cardinal a appelé à la création d’une conférence épiscopale chinoise dotée de « statuts adaptés à sa nature ecclésiale et à sa mission pastorale » et à l’établissement d’une communication régulière entre les évêques chinois et le Pape.

« En effet, force est de constater que trop de suspicions ralentissent et entravent le travail d’évangélisation : Les catholiques chinois, même ceux définis comme ‘clandestins’, méritent la confiance, parce qu’ils veulent sincèrement être des citoyens loyaux et être respectés dans leur conscience et dans leur foi », a déclaré Mgr Parolin.

Malgré les violations de l’accord, Mgr Parolin a ajouté que le Saint-Siège était « déterminé » à poursuivre le dialogue avec la Chine.

« En effet, le dialogue entre le Vatican et la Chine reste ouvert et je crois qu’il s’agit d’une voie qui est d’une certaine manière obligatoire », a-t-il déclaré.

« Pour le rendre plus fluide et plus fructueux, il me semble que l’ouverture d’un bureau de liaison stable du Saint-Siège en Chine serait extrêmement utile.

« Je me permets d’ajouter qu’à mon avis, une telle présence ne favoriserait pas seulement le dialogue avec les autorités civiles, mais contribuerait également à la pleine réconciliation au sein de l’Église chinoise et à son cheminement vers une normalité souhaitable.

Shen Bin, 53 ans, a été consacré évêque en 2010 avec le consentement du pape et des autorités chinoises. Il a été évêque de Haimen jusqu’en avril de cette année, date à laquelle il a été transféré à Shanghai « sans l’intervention du Saint-Siège ».

Depuis 2022, Shen Bin est le président d’un groupe appelé le Conseil des évêques chinois, une conférence épiscopale sanctionnée par l’État et non reconnue par le Vatican. Il était auparavant vice-président de l’Association catholique patriotique chinoise (CCPA), créée par le Parti communiste chinois et placée sous le contrôle du Département du travail du Front uni.

Un mois après l’installation de Shen Bin, des fonctionnaires de la Conférence consultative politique du peuple chinois se sont rendus à Shanghai pour évaluer les progrès de la « sinisation » dans le diocèse.

Lors de sa cérémonie d’installation, l’évêque a déclaré qu’il « continuerait à perpétuer la belle tradition de patriotisme et d’amour de l’Église catholique de Shanghai, à adhérer au principe d’indépendance et d’autonomie, à adhérer à la direction du catholicisme de mon pays en Chine, et à mieux promouvoir l’héritage sain de l’évangélisation catholique de Shanghai ».

Le diocèse de Shanghai est fonctionnellement vacant depuis la mort de l’évêque Aloysius Jin Luxian en 2013. Mgr Jin avait été nommé évêque de Shanghai en 1985, pendant la période de libéralisation de Deng Xiaoping, mais il n’a été reconnu par le Saint-Siège qu’en 2005.

Mgr Joseph Xing Wenzhi, qui a été ordonné avec l’approbation du pape et du gouvernement, a été nommé évêque auxiliaire de Shanghai en 2005 dans l’espoir apparent de succéder à Mgr Jin, mais il a disparu de la scène publique en 2011.

L’évêque Thaddeus Ma Daqin, successeur de Xing en tant qu’auxiliaire de Shanghai, a dénoncé l’ACCP lors de sa messe d’ordination le 7 juillet 2012. Le soir même, il a été assigné à résidence au séminaire de Sheshan, où il se trouve encore aujourd’hui.

Source : The Tablet, le 16 juillet 2023