CAP FATIMA : Lettre de liaison n° 145 du 4 janvier 2023

« Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. »

Lettre de liaison n° 145 (4 janvier 2023)

À propos des premiers samedis du mois

Depuis maintenant cinq ans, chaque premier samedi du mois, pour vous aider à méditer pendant le quart d’heure demandé par la Sainte Vierge, une méditation empruntée à différentes auteurs vous est proposée. De son côté, l’alliance Salve Corda, créée il y a quelques mois pour faciliter la pratique des premiers samedis du mois, propose également une méditation pour ce jour-là. Comme il ne semble pas indispensable de proposer deux méditations, celle de Cap Fatima et celle de Salve Corda, désormais nous vous proposons soit de prendre celle proposée par Salve Corda, soit de reprendre une de celles déjà diffusées par Cap Fatima.

Le tableau des méditations du site a été complété en intégrant toutes les méditations déjà diffusées par Salve Corda, notamment celle pour le prochain premier samedi, le 7 janvier 2023. Et il sera complété au fur et à mesure. Ainsi, pour faire la méditation de 15 minutes demandée par Notre-Dame, il y a à ce jour plus de 70 méditations à votre disposition.

La lettre mensuelle de Cap Fatima continuera à être publiée quelques jours avant le premier samedi du mois pour constituer un rappel. Elle continuera aussi à proposer un mystère à méditer et un blasphème à réparer.

Reprenons maintenant nos réflexions sur le message de Fatima.

Le message de Fatima

Après avoir rappelé aux petits bergers l’existence du Ciel et du purgatoire, Notre-Dame leur demanda : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? »

L’année précédente, l’Ange avait fait une demande analogue, mais s’était exprimé à l’impératif : « Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. (…) Offrez à Dieu un sacrifice … » Ici, pour bien marquer l’importance de sa demande, Notre-Dame s’exprime sous forme de question, requérant ainsi le consentement des petits voyants afin d’obtenir d’eux une véritable adhésion. C’est en effet un des points essentiels du message de Fatima. Analysons en détail cette phrase que l’on peut découper en trois parties : que faire, comment le faire et pourquoi le faire.

Voulez-vous vous offrir à Dieu ?

La première chose que demande Notre-Dame aux petits voyants est de s’offrir à Dieu. Il est intéressant de noter qu’il y a une progression dans les demandes du Ciel.
Au printemps 1916, l’Ange avait simplement demandé aux petits bergers de prier, et pour cela leur avait enseigné une brève prière : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime … ».
Au cours de l’été suivant, il avait demandé un peu plus ; aux prières, il avait demandé d’ajouter des sacrifices : « Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices ». Et sur une question de Lucie, il avait précisé en quoi consistaient les sacrifices demandés par le Ciel.
À l’automne suivant, en leur donnant la communion, il leur avait demandé un acte encore plus élevé : offrir non plus les mérites de leurs prières et de leurs sacrifices, mais « les mérites infinis du très Saint Cœur de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie ».

La Sainte Vierge, quant à elle, leur demande encore un peu plus : s’offrir eux-mêmes à Dieu. Ainsi, après avoir été préparés pendant un an par les demandes de l’Ange, la Sainte Vierge leur demande un acte d’amour plus parfait : s’offrir soi-même. Certes, les mérites de Notre-Seigneur et de Notre-Dame ont une valeur très supérieure à notre pauvre personne. Toutefois, s’offrir soi-même demande un effort de volonté plus grand que d’offrir les mérites des autres.
Cette demande ne s’adresse pas qu’aux trois petits bergers : Notre-Dame le demande aussi à chacun d’entre nous. Car son message n’est pas que pour Lucie, François et Jacinthe : à travers eux, Notre-Dame s’adresse à toute l’Église.
Cette demande est parfaitement évangélique, car saint Jean nous enseigne qu’« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean XV, 13). De plus, c’est une des grâces que nous demandons à notre Mère du Ciel lorsque nous récitons le rosaire. En effet, la grâce demandée avec la méditation du cinquième mystère douloureux, la Crucifixion, est : le don de soi à l’œuvre de la Rédemption.
Dieu nous a donné son Fils pour nous racheter. En retour, Il nous demande de nous offrir nous-même pour participer avec son Fils à l’œuvre de la Rédemption. C’est exactement ce que demande Notre-Dame aux petits voyants de Fatima.

« S’offrir à Dieu » ne signifie pas nécessairement verser son sang ; car il y a bien des façons de s’offrir, comme par exemple consacrer toute sa vie au service du prochain. Dieu ne demande pas toujours le sacrifice ultime. Ce fut le cas pour François et Jacinthe qui moururent de maladie peu après les apparitions. Mais pour Lucie, elle vécut longtemps et mourut à 95 ans après une vie entièrement consacrée à prier et s’offrir pour la conversion des pécheurs, d’abord chez les sœurs de sainte Dorothée, puis au carmel de Coïmbra.
Pour chacun d’entre nous, Dieu a fixé une vocation particulière et nous demande d’y répondre. Tous ces dons, petits ou grands, qui nous sont demandés sont voulus par Dieu. Nous ne sommes pas tous appelés au martyr, mais nous devons tous nous conformer à sa volonté sur nous, et Lui offrir ce qu’Il nous demande, ce d’autant plus que tout ce que nous sommes ou avons, nous le tenons de Lui.

Pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer

La Sainte Vierge précise ensuite comment s’offrir à Dieu. L’Ange l’avait fait aussi, lors de sa deuxième apparition en précisant les sacrifices demandés par le Ciel. « De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice. (…) Surtout, acceptez et supportez, avec soumission, les souffrances que le Seigneur vous enverra.»
Il est remarquable que la Sainte Vierge utilise une expression quasiment identique à celle de l’Ange : « supporter toutes les souffrances que Dieu voudra vous envoyer », confirmant ainsi son enseignement. Si la première précision de l’Ange sur les sacrifices (« tout ce que vous pourrez ») peut inclure des sacrifices que l’on s’impose, la deuxième précision (« les souffrances que le Seigneur vous enverra ») par contre signifie clairement que les sacrifices demandés sont ceux que nous ne choisissons pas. Ce sont donc toutes les souffrances physiques ou morales, toutes les peines, contrariétés, difficultés, injustices, … que nous rencontrons dans la vie quotidienne. Ce ne sont pas des pénitences que nous pourrions nous imposer (même si de telles pénitences sont tout à fait méritoires), mais l’acceptation des croix que nous rencontrons sur notre chemin, celles « que Dieu voudra nous envoyer ».

Les précisions de Notre-Seigneur

Quelques années après les apparitions, Notre-Seigneur confirma Lui-même les sacrifices qu’Il désirait. Dans une lettre du 28 février 1943, sœur Lucie confia à Mgr Feirrera qui fut un de ses conseillers spirituels :

Voici la pénitence que le Bon Dieu demande aujourd’hui : c’est le sacrifice que chacun doit s’imposer à soi-même pour mener une vie de justice dans l’observance de sa loi. Et Il désire que l’on fasse connaître clairement cette voie aux âmes, car beaucoup donnent au mot « pénitence » le sens de grandes austérités, et comme elles ne se sentent ni force ni générosité pour cela, elles se découragent et se laissent aller à une vie de tiédeur et de péché.
Du jeudi au vendredi, me trouvant dans la chapelle avec la permission de mes supérieures, à minuit, Notre-Seigneur me dit : « Le sacrifice qu’exige de chacun l’accomplissement de son propre devoir et l’observance de ma loi, voilà la pénitence que je demande et que j’exige maintenant ».

Deux mois plus tard, dans une lettre du 4 mai 1943, elle confia au père Gonçalvès, un autre de ses directeurs spirituels qui avait été envoyé au Mozambique deux ans plus tôt :

Il [Notre-Seigneur] désire que l’on fasse comprendre aux âmes que la véritable pénitence qu’Il veut et exige maintenant consiste avant tout dans le sacrifice que chacun doit s’imposer pour accomplir ses propres devoirs religieux et matériels.

Par la suite, sœur Lucie répéta plusieurs fois cette précision du Ciel, notamment à John Haffert, le fondateur de l’Armée bleue :

Par sacrifice, Notre-Dame a dit qu’elle entendait l’accomplissement loyal du devoir d’état quotidien de chacun. (…) Nous devons prier afin d’obtenir les forces pour être capables d’accomplir notre devoir quotidien.

Voici également ce qu’elle écrivit à Mgr Palha :

La pénitence du devoir d’état accompli parfaitement, voilà ce que Notre-Dame réclame. Il y a des âmes qui pensent à de grandes mortifications extraordinaires, à des macérations, dont elles ne se sentent pas capables, si bien qu’elles perdent courage. Lorsque Notre-Dame exige la pénitence, Elle parle de l’exact accomplissement du devoir d’état : c’est cela la sainteté.

Les sacrifices demandés sont donc les efforts que nous devons faire pour :

  • accomplir parfaitement et loyalement notre devoir d’état quotidien,
  • observer la loi de Dieu, notamment la loi morale,
  • respecter les exigences de sa justice.

Toutes ces précisions sont parfaitement dans l’esprit des paroles de l’Ange et de Notre-Dame. Ces demandes du Ciel sont particulièrement simples et à notre portée. Qu’y a-t-il de plus simple ? Qui d’entre nous, même parmi les enfants, est incapable de s’y conformer ?

En acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé,
et de supplication pour la conversion des pécheurs

Après avoir dit ce qu’il faut faire et comment le faire, Notre-Dame précise dans quel but le faire. L’Ange l’avait dit lui aussi.
Au printemps 1916, il avait demandé de prier pour « demander pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui n’aiment pas ».
Et lors de sa deuxième apparition au cours de l’été suivant, il avait demandé de faire des sacrifices « en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ». Ce deuxième but est plus large : non seulement il s’agit de réparer les offenses faites par ceux qui pèchent, mais aussi de demander leur conversion afin qu’ils ne pèchent plus et cessent ainsi d’offenser Notre-Seigneur.
Enfin, lors de sa troisième apparition, il avait enseigné aux petits voyants une prière se terminant ainsi : « Par les mérites infinis de son très Saint Cœur [de Jésus] et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs. »

De son côté, pour définir le but de ces sacrifices, la Sainte Vierge utilise exactement la même expression que l’Ange au cours de sa deuxième apparition : « en acte de réparation pour les péchés par lesquels Dieu est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ». Le but  ainsi défini est double.

Le premier but est de réparer les péchés par lesquels Dieu est offensé. Dans sa première apparition, l’Ange avait parlé de « ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et n’aiment pas ». Dans sa troisième apparition, il avait demandé de réparer « les outrages, sacrilèges et indifférences » envers le Cœur de Jésus. Notre-Dame, quant à elle, ne précise rien sur les péchés à réparer : elle se contente de dire, comme l’Ange au cours de sa deuxième apparition : « en réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé ».

Le deuxième but est d’obtenir la conversion des pécheurs. Ainsi, dans chacune des quatre premières apparitions de Fatima de 1916 et 1917, l’Ange ou Notre-Dame demandèrent aux trois petits voyants de prier ou de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs.
Le père Thomas McGlynn, un dominicain américain qui voulait sculpter une statue de Notre-Dame de Fatima, demanda un jour à sœur Lucie en quoi consistait le message de Fatima. Sœur Lucie lui répondit : « La conversion des pécheurs, et le retour des âmes à Dieu. Cette idée a été répétée dans toutes les apparitions ; c’est pourquoi je considère que c’est l’essentiel du message ». En toute rigueur, la Sainte Vierge n’a abordé ce thème que dans ses deux premières et sa quatrième apparitions. Malgré tout, ce point aura été abordé dans six des neuf apparitions de 1916 et 1917, ainsi qu’au cours des apparitions de Pontevedra et Tuy.

C’est ainsi que par Notre-Dame révéla l’un des points fondamentaux du message de Fatima, à savoir réparer toutes les offenses faites à son Fils et offrir prières et sacrifices pour obtenir la conversion des pécheurs. On est profondément émerveillé d’une telle richesse en si peu de mots, d’une telle cohérence aussi, le tout énoncé très progressivement et de façon très pédagogique. Comme l’Évangile, le message de Fatima est sobre et ne révèle que l’essentiel, évitant les détails superflus afin de nous concentrer sur l’essentiel et nous permettre de mieux le mémoriser pour ensuite l’intérioriser. Il faut vraiment méditer cette phrase et la connaître par cœur. Cette demande du Ciel est si importante qu’elle a été authentifiée par un des miracles les plus extraordinaires de toute l’histoire humaine.

En cette nouvelle année qui commence, prenons la résolution d’y répondre dans la mesure prévue pour chacun d’entre nous par la volonté divine. Et que ces modestes réflexions vous aident à vivre pieusement et saintement la nouvelle année qui commence, sous la protection de la Sainte Vierge.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus

Source : CAPFATIMA, lettres de liaisons

Centenaire des apparitions de Fatima – Lettre de liaison n° 139 (18 juillet 2022)

Centenaire des apparitions de Fatima

Lettre de liaison n° 139 (18 juillet 2022)

Chers amis


L’actualité, une fois de plus, nous conduit à ne pas attendre le prochain premier samedi du mois pour vous envoyer une lettre de liaison. En effet, avec la guerre en Ukraine qui se prolonge, la situation internationale se tend et fait craindre une extension de cette guerre. Suite à la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie le 25 mars dernier, beaucoup fondaient des espoirs de paix à plus ou moins court terme. Et leur déception est grande de voir la guerre se poursuivre. Mais est-ce que ce qu’a demandé la Sainte Vierge a bien été fait ? Hélas non !
En effet, le 13 juillet 1917, Notre-Dame a dit que, pour empêcher la deuxième guerre mondiale, elle viendrait demander « la consécration de la Russie à son cœur Immaculé ET la communion réparatrice des premiers samedis du mois ». Effectivement, elle est venue demander la communion réparatrice le 10 décembre 1925. Remarquons qu’elle a commencé par demander celle des deux demandes qui était la plus facile à réaliser, car elle ne concernait que le monde catholique. Malheureusement, rien ou très peu a été fait à l’époque.
Quatre ans plus tard, le 13 juin 1929, Notre-Dame a demandé la consécration de la Russie. En mai de l’année suivante, le Saint-Père n’ayant toujours rien fait, Notre-Seigneur précisa que la conversion de la Russie ne serait accordée que si, outre la consécration, le Saint-Père approuvait la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois et faisait un acte de réparation. Ainsi, pour obtenir la paix dans le monde, Notre-Seigneur confirmait les deux demandes de Notre-Dame en 1917 : « Si on exécute MES demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. » Mais LES demandes de Notre-Dame ont-elles été réalisées, comme elle l’a demandé ?
La consécration du 25 mars, si elle s’est approchée des demandes de Notre-Dame plus que les précédentes consécrations, n’est malheureusement pas exactement conforme à ces demandes. Notamment, Notre-Dame voulait que seule la Russie soit mentionnée dans l’acte. En conséquence, la valeur réelle de cet acte est incertaine. Malgré tout, acceptons que Dieu, dans sa grande Miséricorde, regardera avec mansuétude l’effort qu’il a demandé de la part du Saint-Siège.
Mais, même en admettant que Dieu accorde une certaine valeur à la consécration du 25 mars dernier, une chose a sûrement profondément blessé la Sainte Trinité : c’est de voir la négligence, pour ne pas dire le refus, de Rome d’approuver la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Sur les dix actes faits entre 1942 et 20221, dix fois l’approbation de la communion réparatrice a été omise ! Est-il possible que ce soit fortuit ?
Or c’est une demande qui ne pose pas de difficulté particulière, d’une part parce qu’elle est strictement interne au monde catholique, d’autre part parce que des dévotions similaires ont déjà été approuvées par l’Église.
En 1836, l’évêque de Paris, Mgr de Quélen, autorisa l’abbé Desgenettes, curé de la paroisse Notre-Dame des Victoires, à fonder une association du Saint et Immaculé Cœur de Marie pour la conversion des pécheurs, laquelle demande à ses membres de communier le premier samedi du mois (voir lettre de liaison n° 18).
Parallèlement, les membres des confréries du Rosaire avaient pour habitude de consacrer quinze samedis consécutifs à la Reine du très saint Rosaire. Chacun de ces samedis, ils recevaient les sacrements et pratiquaient de pieux exercices en l’honneur des quinze mystères du Rosaire. En 1889, Léon XIII accorda à tous ceux qui pratiquaient cette dévotion, une indulgence plénière l’un de ces quinze samedis consécutifs. En 1892, il permit en outre à ceux qui seraient légitimement empêchés le samedi, de faire ce pieux exercice le dimanche, sans perdre les indulgences.
1 Pie XII : 31 octobre 1942, 8 décembre 1942, 7 juillet 1952 ; Paul VI : 21 novembre 1964 ; Jean-Paul II : 7 juin 1981, 8 décembre 1981, 13 mai 1982, 25 mars 1984 ; François : 13 octobre 2013, 25 mars 2022.

Le 1er juillet 1905, saint Pie X accorda une indulgence plénière aux douze premiers samedis faits en l’honneur de l’Immaculée Conception. Puis le 13 juin 1912, cinq ans jour pour jour avant la deuxième apparition de Fatima au cours de laquelle la Sainte Vierge montra aux trois petits bergers son cœur entouré d’épines et leur apprit la volonté de Dieu concernant la dévotion à son Cœur Immaculé, il approuva officiellement la pratique des premiers samedis du mois et accorda une indulgence plénière applicable aux âmes du purgatoire à tous ceux qui accompliraient des exercices de dévotion en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie, en réparation des blasphèmes dont son nom et ses prérogatives sont l’objet. (Voir lettre de liaison n° 100)
Enfin le 13 novembre 1920, Benoît XV accorda de nouvelles indulgences pour la même pratique accomplie huit mois de suite.
Quant à l’acte de réparation demandé par le Sacré-Cœur, ce n’est pas non plus une demande difficile puisque le pape Pie XI a en quelque sorte préparé le terrain par l’encyclique Miserentissimus Redemptor du 8 mai 1928 dans laquelle il demande de réciter un tel acte chaque année le jour de la fête du Sacré-Cœur. Il suffit de le relier aux demandes de Fatima et d’y ajouter la réparation contre les cinq blasphèmes envers Notre-Dame. (Voir une proposition de prière en annexe).
Si, en 1942, il était probablement difficile à Pie XII de connaître précisément les demandes de Notre-Seigneur et Notre-Dame, tel n’était plus le cas après la guerre, étant donné le nombre de livres parus sur les apparitions de Fatima. Depuis, l’actualité a offert au Saint-Siège plusieurs occasions d’approfondir cette question : la demande de consécration de la Russie par plus de 700 évêques au cours du concile Vatican II, l’attentat du 13 mai 1981 contre Jean-Paul II, la béatification puis la canonisation de François et Jacinthe, etc.
De plus, à l’occasion de la consécration du 25 mars dernier, les demandes précises de Notre-Dame ont été rappelés. Ayant constaté que le 25 mars l’approbation et l’acte de réparation ont malgré tout manqué, certains ont affirmé que tout ne devait pas forcément être fait le jour-même. Dont acte. Mais aujourd’hui, qu’est-ce qui empêche d’approuver cette dévotion et d’y associer un acte de réparation ? De plus, François est contraint d’annuler tous ses déplacements : il a donc du temps pour faire cette approbation et cet acte de réparation.
Il y a là un mystère qui ne concerne pas que François, mais tous les papes depuis Pie XI. Car si les conditions pour consacrer la Russie ont pu, à certains moments, être jugées trop difficiles, telles ne sont pas celles pour approuver la communion réparatrice qui est, de plus, la première demande faite par Notre-Dame. Ce refus de Rome est donc proprement incompréhensible et profondément triste.
Alors, pour réparer l’offense faite à Notre-Dame par le refus de réaliser cette demande, pratiquons la dévotion réparatrice du premier samedi du mois.
N’oublions pas aussi que la Sainte Vierge a émis deux demandes pour nous accorder la paix : la consécration au Cœur Immaculé de Marie et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Aussi faut-il que nous les pratiquions assidûment, et plus généralement que nous pratiquions la dévotion au Cœur Immaculé de Marie qui, outre ces deux demandes, comprend la récitation quotidienne du chapelet, l’offrande des sacrifices de la vie quotidienne pour la conversion de pécheurs et le port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel.
Ainsi, nous compléterons, à notre niveau, ce qui a manqué jusque-là aux actes du Saint-Siège. Pour nous aider dans ce but, voici quelques propositions concrètes.
1) Pour la consécration au Cœur Immaculé de Marie
Une consécration au Cœur Immaculé de Marie est proposée le 22 août prochain, fête du Cœur Immaculé de Marie. Cette fête a été instituée par Benoît XV alors que les apparitions de Fatima n’étaient pas encore connues. D’autres organisations, notamment 100 étoiles pour Marie (https://100etoiles.com/), ont également choisi cette date pour demander à tous leurs membres de se consacrer aux Cœurs de Jésus et Marie.
Pour bien faire cette consécration, il est utile de s’y préparer. Pour cela, Cap Fatima propose deux préparations : une de 33 jours qui commencera le 20 juillet ou une de 9 jours qui commencera le 13 août. Pour s’inscrire à l’une de ces deux préparations, cliquez ICI.
Vous pouvez aussi choisir une autre préparation, par exemple celle proposée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort (voir la page du site Consécration mariale montfortaine).
Attention : ces préparations n’ont rien d’obligatoire et ne doivent pas être un obstacle à la consécration. Si vous ne parvenez pas à tout lire ou tout faire au cours de la préparation, ce n’est pas grave. Ce qui est important, c’est de consacrer chaque jour un petit moment à réfléchir, à travers les paroles de l’Ange et de Notre-Dame, au sens de cette consécration. Donc, si vous manquez un ou même plusieurs jours, ou si vous n’en faites qu’une partie certains jours, surtout n’arrêtez pas : continuez ! Le démon n’attend qu’une chose : que vous arrêtiez. Si vous arrêtez, il aura gagné. Mieux vaut une consécration même sans préparation que pas de consécration, sous réserve bien sûr de se consacrer en comprenant bien la portée de cet acte.
Ceux qui sont déjà consacrés auront à cœur de renouveler leur consécration ce jour-là

2) Pour la communion réparatrice des premiers samedis.
Si vous avez des difficultés à trouver ou organiser une messe le premier samedi du mois, nous vous conseillons vivement de contacter l’alliance Salve Corda (https://salve-corda.org/) qui a précisément pour objectif de développer la dévotion réparatrice du premier samedi du mois, en particulier en aidant concrètement ceux qui rencontrent des difficultés pour la pratiquer. Différentes actions sont proposées en fonction des difficultés rencontrées. Elles sont présentées et expliquées sur cette page du site : https://salve-corda.org/les-cites-salve- corda/
Nota : Salve corda recherche des coordinateurs pour les différentes régions. Pour l’instant, seules l’Ile de France, la Picardie et la Bourgogne ont un coordinateur. Si vous avez un peu de disponibilité et êtes convaincu de l’importance de développer les premiers samedis du mois, vous rendriez un grand service à Salve Corda en acceptant d’être un point de contact pour une région. Pour cela, envoyer vos coordonnées à Salve Corda par le formulaire de contact : https://salve-corda.org/contact/


3) Pour ceux qui veulent aller un peu plus loin.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, notamment ceux qui ont l’habitude d’aller à la messe tous les jours, n’oublions pas d’associer le 1er vendredi du mois à la communion réparatrice du 1er samedi. Et la veille, jeudi, essayons de faire une heure sainte, comme l’a demandé Notre-Seigneur à sainte Marguerite-Marie dans une apparition en 1674 :
Tu communieras tous les premiers vendredis de chaque mois.
Et toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j’ai bien voulu sentir au jardin des oliviers. Tu te lèveras entre onze heures et minuit, pour te prosterner pendant une heure avec moi, la face contre terre, tant pour apaiser la divine colère en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour adoucir en quelque façon l’amertume que je sentais de l’abandon de mes apôtres.
Nota : Notre-Seigneur a demandé de faire cette heure sainte le jeudi entre 23 h et minuit, heure de son agonie au jardin des oliviers. Mais l’Église a étendu la possibilité de faire cette heure sainte depuis l’heure des vêpres du jeudi (17 h) jusqu’à l’heure des vêpres du vendredi. Ainsi, lorsqu’il est possible d’avoir une messe le jeudi soir, il suffit d’ajouter une demi-heure avant ou après la messe pour passer une heure avec Notre-Seigneur, comme Il l’a demandé.
De la sorte, avant le premier dimanche du mois, nous pourrons faire l’équivalent d’un petit triduum pascal : heure sainte le jeudi, communion demandée par Notre-Seigneur le vendredi, communion réparatrice demandée par Notre-Dame le samedi, avec si possible récitation de l’acte de réparation proposé en annexe.
4) Demande au pape
S’il est important que chacun d’entre nous pratique assidûment la communion réparatrice du premier samedi du mois, il ne faut pas pour autant négliger la demande de Notre-Seigneur de faire approuver cette dévotion par le Saint-Père lui-même ; dans la mesure de nos possibilités, nous devons œuvrer à cette reconnaissance.
Des amis italiens ont proposé d’adresser au Saint-Siège une demande pour que lors du prochain consistoire, le 27 août, ou au cours de la réunion qui suivra, le pape entouré des cardinaux approuve et recommande la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis du mois et fasse un acte de réparation.
Il faut que, par tous les canaux possibles, cette demande parvienne au Saint-Père et aux cardinaux. C’est le 2 mars que les évêques ukrainiens ont adressé au Saint-Père leur demande de consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie et deux semaines plus tard, le Vatican a annoncé que François ferait cette consécration le 25 mars. Il s’est donc écoulé moins de quatre semaines entre la demande des évêques ukrainiens et la consécration du 25 mars. Or le prochain consistoire est dans six semaines : nous avons donc un peu plus de temps pour agir. D’ici là, il faut utiliser tous les moyens à notre disposition pour faire parvenir cette demande au Saint- Siège.
Si vous avez des suggestions ou des informations susceptibles d’aider ceux qui œuvreront dans ce sens, n’hésitez pas à nous en faire part : nous ferons tout notre possible pour les transmettre ou les mettre en place.
En attendant, prions à cette intention.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie Yves de Lassus

ANNEXE
Acte de réparation au Sacré Cœur de Jésus et Cœur Immaculé de Marie
Nota : Cet acte de réparation n’est que l’acte joint à l’encyclique Miserentissimus Redemptor du 8 mai 1928, que le pape Pie IX a demandé de réciter chaque année le jour de la fête du Sacré-Cœur et auquel il a simplement été ajouté :

  • un préambule pour le relier aux demandes de Notre-Seigneur en mai 1930,
  • l’ajout des cinq blasphèmes contre le Cœur Immaculé de Marie dans la liste des offenses à
    réparer
  • une remise de cet acte entre les mains de Notre-Dame pour qu’elle le présente à son Fils.

Sainte Vierge Marie, notre Mère et notre reine, le 10 décembre 1925, votre Fils demanda à sœur Lucie : « Aie compassion du Cœur de ta Très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu’il y ait personne pour faire un acte de réparation afin de les en retirer. » Vous-même lui avez ensuite confié avec douleur : « Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes m’enfoncent à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler. » Et pour cela, vous avez demandé la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis du mois.
En ce premier samedi du mois, nous sommes venus pour accomplir humblement à vos demandes.
Nous le faisons tout d’abord dans le but de vous consoler et réparer les offenses envers votre Cœur Immaculé et celui de votre Fils.
Nous le faisons ensuite pour obtenir la conversion de la Russie, vous suppliant de la prendre sous votre puissante et maternelle protection, d’en faire votre domaine où vous régniez en Reine, et une terre d’élection et de bénédiction afin qu’elle devienne un ardent apôtre du règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la terre.
Nous le faisons aussi pour obtenir la paix dans l’Église et dans le monde, paix que le monde ne peut donner et que, d’après votre révélation du 13 juillet 1917 à Fatima, vous êtes seule à pouvoir nous accorder, selon une volonté de Dieu Lui-même.
Nous le faisons enfin pour hâter le triomphe de votre Cœur Immaculé et qu’ainsi vous mettiez fin aux désastreuses conséquences des « erreurs répandues dans le monde par la Russie ».
Pour nous accorder toutes ces grâces, outre la consécration de la Russie à votre Cœur Immaculé et l’approbation par le Saint-Père de la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois, votre divin Fils a demandé « un acte public et solennel de réparation aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie ». Nous voulons aussi accomplir humblement cette demande, en nous inspirant de l’acte de réparation au Sacré-Cœur, rédigé par le pape Pie XI le 8 décembre 1928.


Très doux Jésus, Vous avez répandu sur les hommes les bienfaits de votre Charité, et leur ingratitude n’y répond que par l’oubli, le délaissement, le mépris. Nous voici donc prosternés devant votre autel, animés du désir de réparer, par un hommage spécial, leur coupable indifférence et les outrages dont, de toutes parts, ils accablent votre Cœur très aimant. Cependant, nous souvenant que nous-mêmes, nous nous sommes dans le passé rendus coupables d’une si indigne conduite, et pénétrés d’une profonde douleur, nous implorons d’abord pour nous- même votre Miséricorde.
Nous sommes prêts à réparer, par une expiation volontaire, les fautes que nous avons commises, tout prêts aussi à expier pour ceux qui, égarés hors de la voie du salut, s’obstinent dans leur infidélité, refusant de Vous suivre, Vous, leur pasteur et leur chef, ou, secouant le joug si doux de votre loi, foulent aux pieds les promesses de leur baptême.
Nous voudrions expier pour tant de fautes lamentables, réparer pour chacune d’elles : désordres de la conduite, indécence des modes, scandales, corrupteurs des âmes innocentes, profanation des dimanches et des fêtes, blasphèmes exécrables contre Vous et contre vos saints, insultes à votre vicaire et à vos prêtres, abandon et violations odieusement sacrilèges du divin sacrement de votre amour, péchés publics enfin des nations qui se révoltent contre les droits et l’autorité de votre Église. Plus généralement, nous voulons réparer, comme l’a demandé l’Ange du Portugal à Fatima, pour tous les outrages, sacrilèges et indifférences commis envers votre Sacré Cœur.
Nous voudrions aussi réparer pour toutes les offenses faites au Cœur Immaculé de votre très sainte Mère, à savoir les blasphèmes contre son immaculée conception, contre sa virginité perpétuelle, contre sa maternité

divine, les offenses de ceux qui cherchent publiquement à inculquer dans le cœur des enfants l’indifférence, le mépris ou la haine à son égard, enfin les offenses de ceux qui l’outragent directement dans ses saintes images.
Que ne pouvons-nous effacer de notre propre sang tant d’offenses ! Du moins, pour réparer votre Honneur outragé et celui de votre Mère, nous Vous présentons cette même satisfaction que Vous avez offerte à votre Père sur la croix et dont Vous renouvelez l’offrande, chaque jour, sur l’autel. Nous Vous offrons plus particulièrement notre communion réparatrice de ce jour. Nous Vous les présentons, accompagnées de toutes les satisfactions de la Très Sainte Vierge votre mère, des saints et des chrétiens fidèles.
Nous Vous promettons, de tout notre cœur, autant qu’il dépend de nous et avec le secours de votre grâce, de réparer nos fautes passées, celles de notre prochain, l’indifférence à l’égard d’un si grand amour, par la fermeté de notre foi, la pureté de notre vie, la docilité parfaite aux préceptes de l’Évangile, à celui surtout de la charité. Nous Vous promettons aussi de faire tous nos efforts pour Vous épargner de nouvelles offenses et pour entraîner à Votre suite le plus d’âmes possible.
Agréez, nous Vous en supplions, ô très bon Jésus, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie Réparatrice, cet hommage spontané d’expiation ; gardez-nous, jusqu’à la mort, inébranlablement fidèles à notre devoir et à votre service, accordez-nous ce don précieux de la persévérance qui nous conduise tous enfin à la Patrie céleste.


Ô Notre-Dame de Fatima, secours des chrétiens et refuge des pauvres pécheurs, recevez cet acte de réparation ainsi que la communion réparatrice que nous venons de faire. Présentez-les à votre Fils, sachant qu’en passant par vos mains, vous effacerez les imperfections qu’ils contiennent pour les rendre dignes d’être agréés par Dieu.
En outre, nous vous promettons de prier et d’offrir les sacrifices de notre vie quotidienne par amour pour votre Fils, pour obtenir la conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre votre Cœur Immaculé et pour le Saint-Père.
Nous vous promettons aussi de réciter notre chapelet tous les jours pour obtenir la paix.
Enfin, nous vous promettons de répandre autant qu’il dépendra de nous, la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois, si chère à votre Cœur et à celui de votre Fils, afin que, par elle, le plus grand nombre d’âmes obtiennent le salut éternel, car vous avez dit : « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. »
Nous affirmons que nous vous appartenons, que vous pouvez disposer de nous comme vous le voulez pour hâter, par le triomphe de votre Cœur Immaculé, le règne du Cœur de votre adorable Fils dans nos âmes. Comme vous avez révélé aux petits voyants de Fatima : « À la fin, mon Cœur Immaculé triomphera », nous avons l’espérance de recevoir toutes les grâces que vous avez promises. Nous l’espérons, non en vertu de nos mérites dont nous ne saurions nous prévaloir, mais uniquement par l’effet de l’immense bonté de votre cœur maternel.
Pour terminer, c’est avec un cœur d’enfant de Dieu que nous affirmons : nous voulons vivre pour la Très Sainte Trinité, en qui nous croyons, en qui nous espérons, que nous adorons et que nous aimons.
Ainsi soit-il.

Source: CAPFATIMA, lettre de liaison no 139 du 18 juillet 2022

Réflexions sur le film de Marco Pontecorvo, Fatima

Lettre de liaison n° 128 (2 décembre 2021) Chers amis

L’actualité nous conduit à interrompre momentanément nos réflexions sur le message et le secret de Fatima. En effet, plusieurs personnes nous ont récemment demandé ce qu’il fallait penser du dernier film de Marco Pontecorvo, Fatima, diffusé en France depuis le 6 octobre par la société Saje.

Au départ, nous n’étions pas très chaud pour publier une critique de ce film, car il est diffusé par une société qui a le mérite de diffuser de très bons films. Pourtant, devant les demandes reçues, il était difficile de se taire. Après réflexion, il nous a semblé qu’une critique faite le plus charitablement possible pouvait s’avérer utile. En effet, un point de désaccord analysé avec honnêtement et le plus objectivement possible peut conduire à un approfondissement de nos connaissances. L’Église n’a jamais eu peur des critiques et les hérésies l’ont toujours conduite à approfondir sa doctrine. C’est pourquoi nous avons accepté de tenter le difficile exercice d’analyser ce film, espérant que cette analyse qui se veut plus une réflexion sur le message de Fatima qu’une critique du film, puisse être utile aussi bien à ceux qui ont vu le film qu’à ceux qui ne l’ont pas vu.

Pour commencer, il faut reconnaître que ce film a d’indéniables qualités : c’est un très beau film, pourrait-on dire dans le langage courant. Les paysages sont beaux ; l’ambiance de l’époque est très bien rendue ; les personnages sont dans l’ensemble très vrais ; les enfants jouent de façon étonnamment naturelle. Aussi ne s’ennuie-t-on absolument pas en regardant le film, bien au contraire. Mais à côté de ces qualités artistiques et cinématographiques méritées, il a quelques défauts qui ont gêné certains de ceux qui l’ont vu, ce qui les a conduits à nous demander notre avis.

Il faut reconnaître que, si l’histoire est en grande partie inspirée des apparitions de 1916 et 1917 à Fatima, elle n’est pas toujours fidèle. Le film commence avec la première apparition de l’Ange en 1916 et se termine à la fin de la dernière apparition de 1917. Certes, faire un film sur des événements aussi denses nécessite forcément d’adapter plus ou moins les faits pour les faire rentrer dans une durée définie et avec des moyens techniques qui, s’ils sont devenus impressionnants de nos jours, conservent malgré tout des limites, surtout lorsqu’il s’agit de représenter des réalités surnaturelles. Faire quelques adaptions par rapport à la réalité était donc inévitable. Toutefois, ces adaptions ne doivent pas conduire à travestir les faits ou en modifier l’esprit. Or si, en général, le film respecte ce principe, force est de constater que ce n’est pas toujours le cas. En particulier, il y a des coupures dans l’histoire pas toujours bien choisies, des modifications de certains faits profondément regrettables et des scènes totalement inventées. Si elles sont trop nombreuses, ces adaptations peuvent aller jusqu’à dénaturer le message de Fatima. Voyons ce qu’il en est. (Pour ne pas être trop long, nous n’analyserons que les apparitions proprement dites.)

Les apparitions de l’Ange

Le film commence avec la première apparition de l’Ange. Pour ceux qui ne sont pas forcément familiers des

apparitions de Fatima, voici comment Lucie rapporte cette apparition dans ses mémoires.

Nous étions montés sur le versant à la recherche d’un abri, et après avoir goûté et prié, nous avons commencé à voir à quelque distance, au-dessus des arbres qui s’étendaient vers l’est, une lumière plus blanche que la neige, ayant la forme d’un jeune homme. (…) Nous étions surpris et à demi absorbés. Nous ne disions mot. En arrivant près de nous, l’Ange nous dit : « N’ayez pas peur. Je suis l’Ange de la Paix. Priez avec moi. » Et s’agenouillant à terre, il baissa le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne Vous aiment pas. » Après avoir répété cette prière trois fois, il se releva et nous dit : « Priez ainsi. LesCœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. » Et il disparut.

La scène présentée par le film, la toute première du film, est très différente. Lucie est seule dans une grotte souterraine en train de nettoyer des gravures rupestres. L’Ange apparait et dit : « N’aie pas peur. Ne crains rien. Je suis l’Ange de la paix, l’ange du Portugal. » Dans la réalité, l’Ange ne révèle qu’il est l’ange du Portugal qu’au cours de sa deuxième apparition. Puis l’Ange ajoute : « Regarde. » Lucie a alors une vision de la guerre au cours de laquelle elle voit son frère Manuel pendant un combat. L’Ange continue en disant : « Ils ne semblent pas prêts de s’arrêter. » Puis il ajoute : « Nous devons prier » et sans se prosterner jusqu’à terre, il fait réciter la prière « Mon dieu, je crois … » mais en omettant la deuxième partie : « Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas qui n’adorent pas et qui n’espèrent pas. » (Jean-Paul II fit la même omission en citant cette prière de l’Ange dans le sermon qu’il prononça lors de son pèlerinage à Fatima le 13 mai 1982.) Pourquoi avoir supprimé une partie si courte et qui est si importante pour bien comprendre le message de Fatima ? Car cette première prière de l’Ange donne la raison principale de toutes les apparitions Fatima : la conversion des pécheurs.

Juste avant de disparaître, l’Ange ajoute : « Prie pour la paix. » Cette phrase est une invention, car au cours de ses trois apparitions, l’Ange n’a jamais demandé de prier pour la paix, mais pour la conversion des pécheurs, ce qui est bien différent. Dans la réalité, avant de disparaître, l’Ange confia aux petits voyants : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications », précision importante omise dans le film.

Ainsi, dès le début, le film s’écarte sensiblement de l’histoire réelle et les changements apportés modifient profondément l’esprit de cette première apparition. Or aucune contrainte cinématographique n’imposait de telles modifications : il était parfaitement possible de respecter les faits.

Le producteur a, ensuite, choisi de ne pas représenter les deux autres apparitions de l’Ange, celle de l’été près du puit des parents de Lucie, puis celle de l’automne, à nouveau au Cabeço. Dans le film, l’Ange apparaît bien deux autres fois, mais très brièvement et de façon totalement inventée : il apparaît uniquement à Lucie, sans dire un mot, une première fois sur la place du village pendant que l’administrateur égrène la dernière liste de morts, puis au cours d’un interrogatoire des petits voyants après la troisième apparition de 1917.

Ainsi les si riches paroles de l’Ange au cours de ces deux apparitions ne sont pas dans le film. Or dans celle de l’été, l’Ange donne la définition des sacrifices à faire pour les pécheurs. Et dans celle de l’automne, il donne un très bel enseignement sur l’eucharistie. La suppression de ces deux apparitions est très regrettable, car c’est un petit résumé du message de Fatima. De plus, lorsqu’un peu plus tard la mère de Lucie refuse de danser pour fêter le retour du front de plusieurs soldats, on comprend mal d’où vient la réponse de Lucie : « Maman doit faire des sacrifices pour faire revenir Manuel. » Et cette réponse est incorrecte pour plusieurs raisons : d’une part, dans ses mémoires, sœur Lucie ne parle jamais de son frère Manuel, sauf dans le deuxième pour signaler qu’elle était la dernière d’une fratrie de cinq filles et un garçon ; d’autre part, au cours de sa deuxième apparition, l’Ange demanda de faire des sacrifices pour obtenir la conversion des pécheurs : « Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. (…) De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. (…) Surtout, acceptez et supportez, avec soumission, les souffrances que le Seigneur vous enverra. »

Cette première partie du film met donc mal à l’aise. Heureusement, la suite corrige ce début malheureux, mais pas complètement.

Nota 1 : Pour illustrer les suppressions, modifications ou ajouts du film, est donné en annexe 1 un tableau comparant les paroles telles qu’elles sont dans le film et dans les mémoires de sœur Lucie (le 2e et le 4e).

Nota 2 : Pour ce qui ne connaissent pas en détail l’histoire des apparitions, un bref récit de ces apparitions figure sur cette page du site : Brève histoire des apparitions de Fatima.

Les apparitions de Notre-Dame

L’apparition du 13 mai 1917

La première apparition de Notre-Dame réserve quelques surprises. Tout d’abord, après l’éclair annonçant sa venue, la Sainte Vierge n’apparaît pas venant du ciel pour s’arrêter au-dessus d’un petit chêne-vert, mais arrive en marchant. C’est très regrettable, car cela ôte en partie le caractère surnaturel de l’apparition. Il en sera ainsi pour chacune des apparitions suivantes, notamment le 13 octobre où on voit les pieds de Notre-Dame marchant dans la boue ! Certes, il n’était pas facile de représenter une telle scène. Toutefois avec les effets spéciaux dont est capable le cinéma moderne, n’aurait-il pas été possible de présenter quelque chose d’approchant ?

Le dialogue entre Notre-Dame et Lucie est fidèle à trois détails près : dans le film, Notre-Dame dit : « Je viens du ciel », alors qu’en réalité, elle a dit : « Je suis du ciel. » Il y plus qu’une nuance.

Ensuite, l’échange sur le purgatoire est omis. En effet, Lucie ayant demandé si son amie Amélie était au Ciel, Notre- Dame lui répondit : « Elle est au purgatoire jusqu’à la fin du monde. » C’est une omission grave, car les fins dernières, le Ciel, le purgatoire, l’enfer, sont un des enseignements essentiels de Fatima.

L’échange suivant est également omis, à savoir : « Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ? — Lucie : Oui, nous le voulons. — Notre-Dame : Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. » Cette omission est particulièrement regrettable, car les paroles de Notre-Dame font écho à celles de l’Ange dans sa deuxième apparition. Ainsi la conversion des pécheurs, aspect si important du message de Fatima, est une nouvelles fois passée sous silence, alors que l’échange est bref et son inclusion n’aurait pas allongé la durée du film.

Dans ses mémoires, sœur Lucie dit qu’au cours de cet échange, la Sainte Vierge ouvrit les mains faisant pénétrer un reflet de sa lumière dans le cœur des petits voyants qui « se virent eux-mêmes en Dieu ». Cette scène est omise, omission qui sera reproduites dans les apparitions suivantes de juin, juillet et octobre. Ainsi, ce geste si éloquent de la Sainte Vierge ouvrant les mains pour faire comprendre des réalités surnaturelles aux petits voyants et montrer sa puissance, est toujours omis.

Dans le film, l’apparition s’achève par ces paroles de la Sainte Vierge : « Dites le rosaire tous les jours », alors qu’elle a demandé la récitation quotidienne non pas du rosaire, mais du chapelet. Puis, dans le film, la Sainte Vierge ajoute : « Le monde a besoin de paix. », phrase très éloignée du véritable sens du message et que l’on ne trouve jamais dans les propos ou les écrits de sœur Lucie. Ainsi, pour la deuxième fois, le sens du message est orienté, non pas vers la conversion des pécheurs, mais vers la paix.

Nota : Comme pour les apparitions de l’Ange, pour illustrer les suppressions, modifications ou ajouts du film, est donné en annexe 2 un tableau comparant les paroles de Notre-Dame telles qu’elles sont dans le film avec celles du quatrième mémoire de sœur Lucie. De même, pour ceux qui ne se rappelleraient pas le détail des apparitions de 1917, elles sont brièvement exposées sur cette page du site : Brève histoire des apparitions de Fatima.

L’apparition du 13 juin 1917

L’éclair annonçant l’arrivée de Notre-Dame n’est pas représenté, et la Sainte Vierge arrivant en marchant, les personnes présentes n’ont pu observer aucun signe extérieur alors que ces signes sont ce qui a le plus frappé les témoins et sont la marque infaillible que les petits voyants ne mentaient pas. (Les manifestations extérieures étaient les suivantes : l’éclair alors qu’il faisait beau, le globe lumineux se posant sur le chêne-vert, le ploiement des branches du chêne-vert, les réponses de la Sainte Vierge qui étaient audibles bien que non compréhensibles par les témoins.)

Pour la deuxième fois, le film fait dire à Sainte Vierge de réciter le rosaire tous les jours alors qu’en réalité Notre- Dame a demandé la récitation quotidienne du chapelet et non pas du rosaire.

Ensuite, elle annonce qu’un petit paralysé sera guéri. Jacinthe se retourne alors pour annoncer la nouvelle aux témoins les plus proches, attitude qui est non conforme à la réalité. En effet, les petits voyants étaient tellement fascinés par la vision de Notre-Dame que leurs yeux ne pouvaient s’en détacher. Jacinthe est toujours restée parfaitement silencieuse et ne s’est jamais adressé aux témoins pendant toutes les apparitions. Juste après l’apparition, le film montre le petit paralysé guéri et marchant. C’est, là encore, non conforme à la réalité : les miracles n’ont commencé que plus tard, bien après les apparitions.

Le film montre ensuite quelques gouttes de sang traversant la robe de la Sainte Vierge à hauteur du cœur alors que dans ses mémoires, sœur Lucie dit qu’ils virent son cœur entouré d’épines devant la paume de sa main droite.

Quelques instants après, pour consoler Lucie qui se désole d’avoir à rester seule, Notre-Dame lui caresse la joue. Dans les faits, ce geste est impossible puisque la Sainte Vierge est toujours restée au-dessus du petit chêne-vert. Ce geste, complètement inventé, édulcore le caractère surnaturel de l’apparition.

Une fois de plus, les paroles de Notre-Dame sont tronquées. En effet, après avoir appris que Lucie resterait sur la terre, Notre-Dame ajoute : « À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par moi pour orner son trône. » Puis tout à la fin, après le dernier échange : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. » Ainsi, tout ce qui concerne les grâces obtenues par la dévotion au Cœur Immaculé de Marie est omis.

Comme pour la précédente apparition, à la fin de l’apparition, le geste de Notre-Dame ouvrant les mains et communiquant un reflet de sa lumière aux trois enfants est également omis.

L’apparition du 13 juillet 1917

Au début de l’apparition, on voit l’administrateur de Villa Nova de Ourem venu assister aux événements. Dans la réalité, aucun élément de l’histoire de Fatima ne permet de dire que l’administrateur était présent parmi les 5 000page3image1149305856

témoins.
Notre-Dame dit à Lucie : « Sacrifie-toi pour les pécheurs. » (En toute rigueur, elle adresse cette demande aux trois

voyants et non pas uniquement à Lucie). C’est la première fois et la seule de tout le film où il sera question de sacrifice, alors que dans la réalité le mot sacrifice revient deux fois dans les paroles de l’Ange et cinq fois dans celles de la Sainte Vierge.

Puis la Sainte Vierge dit : « Ne te blesse pas avec la corde. » Il y a tout d’abord une erreur dans la chronologie, car ce n’est qu’au cours de la cinquième apparition, le 13 septembre, qu’il sera question de cette corde. De plus, les faits réels sont différents. Ayant constaté que le frottement d’une corde pouvait faire mal, François eut l’idée d’en porter une autour de la taille. Ayant trouvé une corde, il la coupa en trois pour la partager avec ses cousines et tous trois se mirent cette corde autour de la taille. Un peu plus tard, lors de l’apparition du 13 septembre, Notre-Dame leur dit : « Dieu est content de vos sacrifices, mais Il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement durant le jour. » Le sens des paroles de Notre-Dame est, une fois de plus, bien différent.

La première prière enseignée ensuite par la Sainte Vierge est fidèlement reproduite. C’est la seule occasion du film où il est question de la conversion des pécheurs alors qu’en réalité, l’Ange et la Sainte Vierge en ont chacun parlé deux fois.

La vision de l’enfer est plutôt bien représentée, preuve qu’il est possible de présenter des réalités surnaturelles au cinéma. Mais après la vision, les explications de la Sainte Vierge sont sérieusement tronquées : tout ce qui concerne le signe avant-coureur de la deuxième guerre mondiale, les erreurs de la Russie, la communion réparatrice des premiers samedis du mois, la consécration de la Russie et le triomphe final du Cœur Immaculé de Marie est passé sous silence. À la place nous avons droit à une deuxième vision : une scène de guerre avec le pape marchant au milieu de cadavres puis tué au pied d’une croix par des soldats, conformément au texte diffusé par le Vatican le 26 juin 2000.

Enfin, nouvelle omission significative à la fin de l’apparition : il manque la deuxième prière enseignée par Notre- Dame, celle qu’elle a demandé de réciter après chaque dizaine de chapelet : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, … »

Les apparitions d’août et septembre 1917

Marco Pontecorvo a choisi de ne pas représenter la quatrième apparition du 13 août. C’est fort dommage, car c’est la seule apparition dans toute l’histoire de l’humanité qui eut lieu sans voyants. Et les manifestations extérieures observées par les 18 000 témoins furent au moins aussi nombreuses que lors des précédentes apparitions. C’est en outre, une preuve absolue que les petits voyants ne mentaient pas.

À la place, nous avons droit à une scène totalement inventée sur la place de Villa nova de Ourem, située à 3 heures de marche de Fatima (!) : les témoins seraient venus manifester en priant devant la maison de l’administrateur pendant qu’il interrogeait les petits voyants. De plus, cet interrogatoire est presque serein alors que, dans la réalité, il fut très rude. Les menaces de tuer les petits voyants s’ils ne révélaient pas le secret, en les plongeant dans un chaudron d’huile bouillante, ne sont pas représentées. Ensuite seule Lucie est mise dans un cachot, alors que les trois enfants y sont allés.

L’apparition de 19 août aux Valinhos n’est pas représentée non plus. Une fois de plus, c’est regrettable, car d’une part la Sainte Vierge y confirma qu’elle ferait un miracle le 13 octobre ; d’autre part, elle y prononça une phrase particulièrement importante : « Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. », phrase qui résume tout le message de Fatima.

L’apparition du 13 septembre n’est pas non plus représentée, raison probable pour laquelle Marco Pontecorvo a choisi d’avancer l’épisode de la corde à l’apparition du 13 juillet. C’est, une fois encore, très regrettable, car cette apparition fut une merveilleuse « mariophanie », selon la très juste expression du frère Michel de la Sainte Trinité, à cause du nombre de manifestations extérieures que purent observer les 30 000 témoins présents ce jour-là. Outre les signes des précédentes apparitions, il y eut comme un triple encensement du globe lumineux entourant la Sainte Vierge, et une pluie de roses, ce qui fait que les témoins seront plus que deux fois plus nombreux à l’apparition suivante !

L’apparition du 13 octobre 1917

L’ambiance pluvieuse de la dernière apparition est très bien représentée. Mais le fait que les vêtements soient redevenus secs après la danse du soleil n’est pas très explicite. Des exclamations d’un témoin criant à ce moment-là : « Mais je suis tout sec ! » puis en se tournant vers ses voisins : « Et vous aussi », auraient été les bienvenues. La danse du soleil est également bien représentée.

Il y a malgré tout plusieurs omissions. Tout d’abord, dans les paroles de Notre-Dame, il manque la demande de réciter le chapelet tous les jours et la prédiction de la fin prochaine de la guerre pour le Portugal.

La demande concernant les pécheurs de se corriger et de demander pardon est également omise. À la place, nous avons droit à cette phrase : « Je vais les mener à mon fils dans la paix et l’amour. » Outre que cette phrase ne se trouve jamais sous la plume de sœur Lucie, elle marque une fois de plus que la demande de conversion des pécheurs est remplacée par la paix et l’amour.

Enfin, le geste de Notre Dame ouvrant les mains et dirigeant un reflet de sa lumière vers le soleil juste avant le début du miracle, n’est pas non plus représenté.

Conclusion

Si, sur le plan artistique, le film est très réussi, il est bien dommage d’avoir ainsi modifié le scénario. Grâce au très grand nombre de témoins, l’histoire de Fatima est parfaitement connue et a fait l’objet de nombreux livres. Pourquoi ne pas avoir suivi, par exemple, le narratif fait par le chanoine Barthas dans son livre Ils étaient trois petits enfants, ou mieux d’avoir construit le scénario à partir du livre du père de Marchi, Témoignages sur les apparitions de Fatima. Tout est raconté dans le moindre de détail et représente un scénario tout fait. Ces livres, publiés en 1940, se trouvent très facilement.

La plupart des coupures faites sont regrettables. Certes, il n’était pas possible en moins de deux heures de tout raconter. Malgré tout, il aurait été au moins possible de représenter brièvement les apparitions manquantes. Cela aurait conduit à avoir en moyenne une dizaine de minutes entre chaque apparition. Et s’il fallait absolument ne pas rallonger la durée du film, il aurait été possible de raccourcir certaines scènes champêtres parfois longue ou peu en rapport avec l’histoire. Ces scènes sont bien sûr utiles pour bien décrire l’atmosphère dans laquelle eurent lieu les apparitions. Mais il n’était nul besoin d’en avoir autant.

Quant aux modifications apportées aux faits (comme celles de la première apparition de l’Ange ou de la Sainte Vierge arrivant en marchant), elles sont toutes regrettables, car elles édulcorent nettement l’aspect surnaturel des apparitions.

Mais le plus grave est, sans conteste, la suppression d’environ la moitié des paroles prononcées par l’Ange et la Saint Vierge. Cette suppression s’explique difficilement, car la récitation de l’intégralité des paroles de façon posées prend sept minutes. Or le film dure 1 h 45 : rajouter 3 à 4 minutes de dialogue était donc tout à fait possible sans rallonger sa durée outre mesure.

Le plus étonnant est de voir le filtre qui a dû servir au choix des paroles à retenir pour le film. Quasiment tout ce qui concerne le péché, les pécheurs, la nécessité de se convertir a été supprimé, ainsi que tous les détails sur la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Il en résulte un message sensiblement transformé, pour ne pas dire mutilé. C’est particulièrement visible lorsque l’on compare les paroles prononcées dans le film avec celles que sœur Lucie rapporte dans ses mémoires. (Voir annexes 1 et 2)

En conclusion, que reste-t-il ? Un beau film certes, mais qui malgré son titre ne raconte pas fidèlement l’histoire de Fatima, loin s’en faut. Peut-être peut-il contribuer à faire connaître les apparitions de Fatima à ceux qui les connaissent mal ou pas du tout. Mais malgré ses qualités, le film leur donnera une vision édulcorée et déformée du message réellement transmis par l’Ange et Notre-Dame. L’impact du film aurait été beaucoup plus fort et beaucoup plus impressionnant si Marco Pontecorvo avait mieux respecté les faits.

Cette analyse plutôt critique du film nous aura au moins permis de revenir sur les points essentiels du message de Fatima : la nécessité de réciter quotidiennement le chapelet et de faire des sacrifices pour obtenir la conversion des pécheurs, de laquelle découlera la paix pour le monde.

Source: CAP FATIMA, lettre de liaison no 128, le 2 décembre 2021

Samedi 7 novembre 2020 : 1er samedi du mois – Méditation pour le 5E mystère joyeux

CAP FATIMA – Lettre de liaison n° 103 (30 janvier 2020) – Centre Romand de  l'Apostolat Mondial de Fatima

Méditation pour le 5E mystère joyeux 

 Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j. 

Les noces de Cana


1.- Bonté et charité de Jésus et de Marie.

Il se fit des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus fut aussi invité avec ses disciples ; et le vin étant venu à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin.

1. Admirons la condescendance et la charité du Fils de Dieu, qui voulut bien se trouver à ce festin pour avoir l’occasion d’obliger ceux qui l’invitaient, et d’instruire ses disciples. Considérons encore la pureté d’âme, la modestie et la gravité qu’Il conservait à table au milieu de ces démonstrations de joie, nous enseignant ainsi que l’homme spirituel ne permet jamais à son cœur de se livrer tout entier aux réjouissances extérieures, et qu’en lui doit se vérifier cette parole de David : Que les justes, dans leurs festins, se réjouissent devant le Seigneur. La pensée de Dieu est un frein qui les empêche de rien faire qui soit indigne de la sainteté dont ils font profession, et de la présence de Celui qui les regarde.

2. Considérons la tendre compassion et la sollicitude que la Vierge témoigna aux nouveaux époux. Voyant qu’ils manquaient de vin, elle résolut de leur épargner la honte que cet accident imprévu allait leur causer. De son propre mouve­ment, sans attendre que personne le lui demandât, elle s’adressa à son divin Fils, et par un sentiment de reconnaissance pour ceux qui l’avaient invitée, elle Le pria de leur venir en aide dans le besoin où ils se trouvaient. Ce que Notre-Dame fit alors, elle le fait encore tous les jours pour ses serviteurs, dont elle ne peut connaître les misères qu’elle n’en soit émue de compassion, quoique souvent ils oublient ou négligent d’implorer sa miséricorde. Car, selon la pensée de saint Augustin, autant elle est élevée en mérite au-dessus des autres saints, autant elle les sur­passe en amour et en bonté pour les hommes.

Ô Vierge incomparable, comment puis-je vous servir avec si peu de zèle, quand vous montrez tant d’empressement à me secourir ? Si vous ne manquez jamais de récompenser les plus légers services, n’est-il pas juste que je vous rende grâces de tous les bienfaits dont vous me comblez, dans l’espérance où je suis que vous ne cesserez jamais de m’en accorder de plus signalés encore ?

3. Remarquons avec quelle confiance affectueuse, mais soumise, Marie dit à Jésus ces paroles : Ils n’ont point de vin. Elle connaît le cœur de son Fils, une exposition simple de la nécessité présente suffira pour qu’Il y subvienne, aussitôt qu’Il le jugera convenable : Il ne manque pour cela ni de puissance, ni de bonté.

Ô Vierge pleine de miséricorde, vous voyez combien la dévotion et la charité, qui sont comparées dans l’Écriture à un vin généreux et délicieux, me sont nécessaires. Puis donc que vous avez pitié de ceux qui n’ont point de ce vin matériel qui soutient les corps, ne plaindrez-vous pas davantage ceux qui réclament le vin spirituel qui fortifie les âmes ? Vous êtes venue au secours des époux de Cana ; dites en ma faveur à votre Fils béni : « Mon Fils, voilà que mon serviteur manque du vin de l’amour céleste ; donnez-le-lui en abondance, afin qu’il vous serve avec ferveur. »

À l’imitation de la très sainte Vierge, exerçons-nous à cette manière de prier. Elle consiste à représenter à Dieu nos besoins avec confiance, résignation et amour, espérant fermement de sa libéralité et de sa miséricorde qu’il enrichira notre pauvreté au mo­ment le plus opportun. Remplaçons le mot vin par d’autres mots, et disons à Notre-Seigneur : Mon Dieu, je n’ai point de ferveur ; mon Sauveur, je n’ai ni humilité, ni patience, ni obéissance ; voyez mon indigence, et qu’elle excite votre compassion.

2.- Réponse de Jésus à sa Mère.

Jésus répondit : Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? mon heure n’est pas encore venue. Examinons les raisons mystérieuses de cette réponse si sèche et en apparence bien sévère. On peut en assigner trois principales.

1. Le Sauveur du monde voulait déclarer qu’Il était non seulement homme, mais Dieu ; et que, puisqu’il n’ap­partenait qu’à Lui d’opérer l’œuvre miraculeuse qu’on Lui de­mandait, Il prétendait aussi la faire de la manière et à l’heure marquées par sa Providence, sans qu’aucune considération tirée de la chair et du sang pût y rien changer. Par cette conduite, notre divin Maître nous avertit de ne pas nous affliger à l’excès des accidents fâcheux qui nous surviennent, et de ne point mur­murer contre Dieu lorsqu’Il tarde à nous secourir. C’est un désordre intolérable de vouloir Lui prescrire un temps pour venir à nous, et de ne pas attendre patiemment celui qu’Il a déterminé pour nous visiter ; c’est tomber dans la faute que Judith reprocha avec tant de force aux habitants de Béthulie : Qui êtes-vous, dit-elle, pour tenter le Seigneur, et fixer un temps à sa miséricorde ? N’omettons rien de ce qui est en notre pouvoir, puis reposons-nous de tout le reste sur la Providence, et espérons qu’elle viendra à notre secours à son heure : cette heure sera toujours pour nous la meilleure et la plus convenable.

Ô mon aimable Sauveur, qui avez réglé le temps de mes souffrances et le temps de vos miracles, suivez en tout le plan de votre divine sagesse ; ma volonté est la vôtre ; je Vous obéirai toujours, et jamais je ne me dépar­tirai en un seul point de la soumission que je Vous dois.

2. Jésus-Christ voulait nous montrer combien Il était dégagé de cet amour purement humain que les hommes ont d’ordinaire pour leurs parents. Ses paroles furent toujours en ce point conformes aux affections de son cœur. En effet, nous ne lisons nulle part qu’Il ait donné à la très sainte Vierge le nom de mère, qui est un nom plein de tendresse ; tandis que l’Écriture nous dit en propres termes qu’Il l’appela femme, comme Il le fit en cette circonstance et sur le Calvaire, lorsqu’Il la recommanda à son disciple bien-aimé. Dans une autre occasion, l’un de ceux qui écoutaient sa prédication Lui ayant dit : Voilà votre mère et vos frères qui sont dehors et vous cherchent, il lui répondit : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis étendant la main vers ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, est mon frère, ma sœur et ma mère. Apprenons de là à nous détacher entièrement des créatures, et à ne pas même prononcer les noms de mère ou de frère, s’ils agissent d’une manière trop naturelle sur notre cœur. Ce que nous devons désirer au-dessus de tout, c’est d’accomplir la volonté de Dieu dans toute l’acception de ces paroles de Moïse : Celui qui dit à son père et à sa mère : Je ne vous connais pas ; et à ses frères : Je ne sais qui vous êtes, et méconnaît ses propres enfants ; celui-là, Seigneur, garde vos commandements, et observe votre sainte Loi.

3. Jésus répondit de la sorte pour éprouver sa sainte Mère et lui fournir l’occasion de pratiquer héroïquement plusieurs vertus, en particulier, la patience, l’humilité et la con­fiance en Dieu. Nous voyons, en effet, qu’une réponse si peu attendue ne la troubla pas, et ne tira de sa bouche aucune plainte. Elle ne s’en offensa point, et, ce qui est plus surprenant, elle ne perdit pas l’espérance d’être exaucée, comme le prouve l’ordre qu’elle donna immédiatement aux serviteurs. Cet exemple de la Mère du Sauveur est pour nous une admirable leçon de patience et de confiance en Dieu, lors même qu’Il semble ne pas écouter nos prières, ou qu’Il diffère de les exaucer. Rappelons-nous le même exemple quand on nous parlera avec hauteur et avec fierté. Nous devons dans ces rencontres nous ressouvenir de ces paroles d’Isaïe : Votre force, au temps de l’épreuve, sera dans le silence et dans l’espérance. Taisons-nous, et espérons au Seigneur : ce sont là deux puissants moyens pour obtenir de Dieu tout ce que nous pouvons attendre de sa bonté.

3.- Ordre donné par Marie aux serviteurs.

La Vierge dit ensuite à ceux qui servaient : Faites tout ce qu’il vous dira. Remarquons dans ces paroles quatre choses : quelle vertu la Mère de Dieu exerça en cette occasion, combien était sage le conseil qu’elle donna, pour quel motif et en quels termes elle le donna.

1. Elle fit preuve d’une confiance héroïque ; car, supposé que son Fils lui eût répondu en termes exprès : Oui, ma Mère, je ferai ce que vous me demandez, aurait-elle pu parler avec plus d’assurance qu’elle ne le fit après avoir essuyé une sorte de refus ?

2. Elle montra qu’elle connaissait parfaitement la pensée et le cœur de son divin Fils. D’un côté, elle savait que, comme Dieu, Il pouvait créer le vin qui était nécessaire, ou multiplier celui qui restait, et cela sans dire un seul mot aux serviteurs ; mais, d’un autre côté, elle comprenait que Jésus voulait exiger d’eux quelque chose. Car telle est la conduite de Dieu à l’égard des hommes : Il ne les tire pas ordinairement de leur misère, sans qu’ils y contribuent selon leur pouvoir ; Il veut qu’ils s’aident eux-mêmes, afin de se rendre, par leur obéissance et leurs propres efforts, dignes de son assistance.

3. Marie, en donnant à ceux qui servaient aux noces de Cana un conseil si prudent, se proposait de nous apprendre que le moyen le plus efficace pour obtenir de Dieu ce que nous lui demandons, c’est de joindre à la confiance en sa bonté une sou­mission entière à ses ordres. Le Seigneur, dit David, accomplit la volonté de ceux qui Le craignent ; et saint Jean nous assure que, si notre cœur ne nous reproche rien, nous pouvons espérer que Dieu nous accordera toutes nos demandes, parce que nous observons ses commandements, et que nous faisons ce qui Lui est agréables. Le Sauveur Lui-même ne disait-Il pas à ses apôtres : Si vous demeurez en Moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez, et Je vous l’accorderais. C’est donc une maxime générale que, plus nous serons soumis à Dieu et à ceux qui tiennent sa place auprès de nous, plus il montrera d’empressement à combler nos vœux. Par conséquent, ô mon âme, obéis fidèlement à ton Seigneur, si tu veux qu’il soit prompt à te secourir ; car il exauce plus vite une seule prière d’un cœur soumis, que dix mille d’un cœur rebelle à ses volontés.

4. Considérons enfin combien la Vierge aimait le silence, et avec quel soin elle évitait toute parole superflue. Quoi de plus concis et de plus mesuré que ce qu’elle dit en la circonstance présente à son Fils et aux serviteurs ? Méditons surtout, et gravons profondément dans notre cœur cette re­commandation de la plus sage et de la meilleure des mères : Faites exactement tout ce qu’Il vous dira. Oui, efforçons-nous d’ac­complir tout ce que nous dira Jésus, sans en rien omettre, quand Il nous commanderait des choses difficiles, des choses qui nous paraîtraient peu importantes ou hors de propos, soit qu’Il nous parle Lui-même par ses inspirations secrètes, soit qu’Il nous déclare ses volontés par le ministère de nos supérieurs.

Ô Vierge sainte, parfait modèle de toutes les vertus, enseigne-moi à pratiquer celles dont vous me donnez aujourd’hui l’exemple, afin que je me rende agréable à votre Fils, et digne d’obtenir de Lui l’accomplissement de tous mes désirs.

4.- Obéissance des serviteurs au commandement de Jésus. Changement de l’eau en vin.

Or il y avait là six urnes de pierre, destinées aux ablutions en usage parmi les Juifs. Jésus dit à ceux qui servaient : Emplissez d’eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu’au bord. Et Jésus, ayant changé l’eau en vin, leur dit : Puisez maintenant, et portez-en au maître du festin ; et ils lui en portèrent.

1. Considérons l’obéissance des serviteurs, que la Mère de Jésus avait si bien instruits de ce qu’ils devaient faire. Aussitôt qu’ils ont reçu l’ordre du Sauveur, ils l’exécutent sans réplique et sans délai. Ils ne Lui demandent point à quel propos Il leur fait ce commandement ; ni comment cette excessive quantité d’eau pourra remédier au manque de vin ; mais, avec une entière soumission de jugement, ils accomplissent ce qu’Il leur commande. Or, par leur obéissance, ils obtinrent, sans y penser, ce qu’ils souhaitaient. Voyons par là combien il importe que nous obéissions à Dieu et à ses ministres sans rechercher avec curiosité pourquoi ils nous commandent une chose ou une autre. C’est un moyen infaillible de nous défendre des ruses de l’ancien serpent qui trompa Ève en lui demandant pour quelle raison Dieu leur avait défendu, à elle et à son mari, de manger du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal. D’ailleurs, il arrive souvent que, lorsque le Seigneur a l’intention d’exaucer nos prières, il prend plaisir à nous donner des ordres qui semblent incompatibles avec l’objet de nos demandes, afin de nous accoutumer à assujettir notre raison à l’obéissance. Obéissons donc dans les choses qui nous attristent et nous humilient, si nous voulons que notre Père céleste nous exalte et nous console.

2. Admirons la puissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui, par un seul acte de sa volonté, sans toucher l’eau, la changea en vin. Réjouissons-nous d’avoir un maître et un Sauveur si puissant, et prions-Le d’opérer un semblable change­ment dans notre cœur. Demandons-Lui avec instance que, de méchants, tièdes et imparfaits que nous sommes, il nous rende bons, fervents et parfaits, lui promettant de ne point nous opposer à l’action de sa grâce. Car, selon la doctrine de saint Augustin, celui qui nous a tiré du néant et nous a donné l’être sans aucun consentement de notre part, ne nous fera point passer du péché à la grâce, de la tiédeur à la ferveur, si nous lui résistons : c’est là une opération qu’il fait en nous, mais non sans nous.

3. Remarquons avec quelle générosité le Sauveur récompense les services qui Lui sont rendus. Ses hôtes ne Lui ont offert pendant le repas qu’une coupe d’un vin assez médiocre ; et voilà qu’Il leur rend en échange six urnes pleines jusqu’au bord d’un vin excellent. Il en use de la même sorte aujourd’hui lorsque, pour un verre d’eau fraîche donné à un pauvre, Il répand dans notre sein une mesure pleine, pressée et surabondante, et lorsqu’Il donne au religieux le centuple de ce qu’il a quitté pour son amour. Quant aux personnes adonnées à l’oraison, avec lesquelles Il contracte une alliance spirituelle, Il les introduit dans ses celliers mystérieux, et là, Il les enivre d’un vin mille fois plus délicieux que celui dont Il remplit miraculeusement les six urnes des noces de Cana. Ce langage figuré signifie qu’Il leur inspire, dans la ferveur de leur prière, des sentiments et des actes héroïques de six vertus excellentes, qui sont : la charité envers Dieu, la miséri­corde envers le prochain, le zèle de la gloire divine et du salut des pécheurs, la dévotion prompte et fervente pour tout ce qui regarde le service du Très-haut, la reconnaissance des bienfaits reçus, et enfin, une obéissance prête à faire et à souffrir tout ce qui plaira à sa souveraine majesté.

Ô mon Jésus, en qui la libéralité égale la puissance, je ne veux point d’autre Dieu, d’autre Seigneur, d’autre bien que Vous. Faites-moi entrer dans vos celliers, enivrez-moi de vos vins exquis, et, par l’exercice de ces six vertus, élevez-moi à la perfection propre de mon état, afin que, embrasé du même feu que les séraphins, je vole comme eux avec six ailes jusqu’à vous, et que je demeure éternellement uni à Vous, ne cessant jamais de vous aimer et de Vous bénir dans tous les siècles. Ainsi soit-il.

5.- Effets produits par le miracle de Jésus-Christ

Considérons, en dernier lieu, les effets que produisit le miracle opéré par Jésus-Christ.

1. Remarquons quelle fut la joie de la très sainte Vierge lorsqu’elle vit sa prière exaucée et son désir accompli. Oh ! qu’elle se sentit affermie dans la confiance qu’elle avait eue jusqu’alors en Jésus, et quelles actions de grâces elle Lui rendit pour cette faveur signalée. Admirons en même temps ce que peut l’intercession de la Mère bien-aimée du Sauveur auprès de son Fils béni. Il lui avait dit que le temps d’opérer ce miracle n’était pas encore venu ; et néanmoins Il le fit aussitôt qu’elle le Lui eut demandé, avançant, en sa considération et à sa demande, le moment qu’Il avait marqué pour manifester sa gloire. Il est encore bien digne de remarque, que ce fut également par son entre­mise que Jésus-Christ opéra son premier miracle dans l’ordre de la grâce, c’est-à-dire la sanctification de son Précurseur ; et son premier miracle dans l’ordre de la nature, qui est celui dont nous nous occupons. Il avança le temps de ces deux prodiges, à la prière de sa Mère, pour nous apprendre que nous devons re­courir à elle comme à notre médiatrice si nous voulons obtenir promptement les biens spirituels et les biens temporels, et même les grâces extraordinaires qu’Il réserve à ses plus insignes servi­teurs. Quelle ne doit pas être notre joie en pensant que nous avons une mère aussi affectionnée à nos intérêts, et puissante et habile à les ménager !

Ô sainte Mère de Jésus, montrez que vous êtes aussi ma mère ; hâtez par vos prières l’heure de la guérison de mon âme ; délivrez-moi de la tiédeur dans laquelle je languis, afin que je commence à servir votre adorable Fils avec une ferveur qui ne se démente jamais.

2. La vue d’un miracle si éclatant contribua mer­veilleusement à confirmer dans la foi les disciples de Jésus-Christ. Ils crurent en Lui, dit l’apôtre saint Jean ; c’est-à-dire que leur foi prit un nouvel accroissement, qu’ils furent animés d’une sainte ferveur et remplis d’une vive joie, en voyant qu’ils avaient un maître tout-puissant. Désormais, ils étaient heureux d’être en compagnie, assurés que rien ne pourrait leur manquer tant qu’ils marcheraient à sa suite. Ce n’est pas non plus sans raison que Jésus choisit pour objet de son premier miracle une chose matérielle, commune et nécessaire à la vie ; elle était plus propre à fortifier dans la foi, en frappant leurs sens, des hommes encore grossiers et peu versés dans les voies de Dieu, qui, par con­séquent, avaient besoin d’être disposés peu à peu aux choses plus relevées.

3. Enfin, considérons quel fut l’étonnement du maître du festin lorsqu’il goûta ce vin miraculeux. Il le trouva si délicieux, que sans pouvoir tarder longtemps, il appela l’époux et lui témoigna sa surprise en ces termes : Tout homme sert d’abord le bon vin ; et quand on a bu largement, il sert le moins bon : pour vous, vous avez réservé le meilleur jusqu’à cette heure. En effet, bien que le vin du commencement lui eût semblé bon, il lui parut insipide en comparaison de celui qu’on venait de lui présenter. Mais, en parlant de la sorte, il faisait bien voir qu’il ne comprenait pas le dessein de Jésus-Christ, qui avait attendu, pour donner son vin, que le premier fût entièrement épuisé, et qu’on eût bien remarqué qu’il n’en restait plus. Ainsi en usa-t-Il pour deux raisons.
Il voulut d’abord nous apprendre à estimer comme ils le méritent les dons de Dieu : ce que nous ne faisons jamais mieux que quand nous avons reconnu notre misère, et que nous sentons par expérience la vérité de ces paroles du Roi-prophète : Le Seigneur est le refuge du pauvre ; il vient à son secours au moment le plus opportun, au jour de l’affliction.
Il voulut ensuite nous enseigner que Dieu ne communique les délices de l’esprit qu’à ceux qui ont renoncé aux plaisirs des sens ; comme Il ne donna autrefois la manne à son peuple que quand toute la farine emportée de l’Égypte fut consommée. Il y a, dit saint Bernard, deux sortes de vin qui ne se mêlent pas : les conso­lations du ciel, et les douceurs de la terre. Il est nécessaire que nous nous sevrions des secondes pour goûter les premières ; quoiqu’il plaise quelquefois au Seigneur d’intervertir cet ordre, en accordant à certaines âmes les délices spirituels, afin qu’elles se détachent plus facilement de celles des sens.

Ô divin Époux de mon cœur, enivrez-moi du vin céleste ; et que le vin de la terre me paraisse amer et insupportable. Faites-moi sentir combien il est doux d’être tout à Vous ; et qu’à l’avenir je n’éprouve que du dégoût pour les faux biens d’ici-bas. Ô mon âme, rejette avec courage ce qui n’est propre qu’à flatter les sens, afin que, par une mortification continuelle de tes inclina­tions déréglées, tu mérites d’entrer un jour en possession d’un bonheur sans fin. Ainsi soit-il.

Fatima

Source: FATIMA100, le 6 novembre 2020