26.05.2024 – HOMÉLIE DE LA FÊTE DE LA SAINTE TRINITÉ – MATTHIEU 28,16-20

L’Esprit entre nous

Par le Fr. Laurent Mathelot

Évangile selon saint Matthieu 28, 16-20

Les couples qui s’aiment savent que former un couple c’est bien plus que faire 1+ 1. Le couple c’est plus que « toi + moi », c’est « toi + moi, avec un cœur autours », qui symbolise l’esprit d’amour entre nous. Former un couple c’est bien plus que sommer deux individualités, c’est créer une réalité nouvelle, qui prend corps, qui croît et qui donne du fruit. Le couple est en soi bien plus que les deux personnes qui le forment, il a une réalité propre, une existence propre. Ce qui forme un couple c’est deux personnes qui fondent d’amour en un seul corps tout en préservant la personnalité de chacun. Et c’est cette nouvelle réalité qui engendre du fruit. Le couple c’est l’amour qui prend corps.

C’est la même chose avec Dieu. Le couple que Dieu veut former avec moi est bien plus que Lui et moi – Dieu d’une part et moi de l’autre – le couple que Dieu veut former avec moi, c’est certes Dieu et moi, mais c’est aussi la réalité de l’Esprit d’amour entre nous.

Nous pourrions ainsi décliner les exemples, une relation parent-enfant c’est bien plus qu’un parent + un enfant, c’est avant tout la réalité de l’esprit d’amour entre eux ; de même les amis, les fraternités d’âmes, ce qui les caractérise ce n’est pas leur somme, mais le concret de l’esprit qui les unit.

A mesure que j’aime mon époux, mon épouse, mon enfant, mon ami, mon frère, ma sœur, à mesure que grandit l’amour entre nous, la relation se personnalise, se concrétise. Elle prend corps ; elle devient un être en soi. « Regarde quel beau couple, ils forment » ; « Vois le bel esprit entre ces deux-là ». Les amitiés, les histoires d’amour sont des états spirituels qui prennent corps, qui naissent, qui vivent, qui grandissent, qui fructifient et qui, parfois hélas, meurent.

Dans le même ordre d’idée, ne parle-t-on pas de corps médical, de corps d’armée pour parler de la réalité concrète de l’esprit d’une corporation ? Enfin l’Église elle-même, qu’un lien spirituel unit, ne se conçoit-elle pas comme le corps du Christ ? Nous professions que les esprits – bons ou mauvais, divins ou diaboliques – prennent corps, nous sommes une religion de l’incarnation. Et les esprits, à mesure qu’ils s’incarnent, changent la réalité, jusqu’à engendrer une réalité nouvelle.

Ainsi, on peut mieux comprendre la Trinité. C’est Jésus, son Père et la réalité de l’Esprit d’amour entre eux. L’amour entre le Père et le Fils, c’est l’Esprit qui prend corps. Comme nous l’avons dit du couple, deux personnes dont l’amour constitue une réalité propre, caractérisée par son esprit, tout en préservant cependant la personnalité de chacun. Comme le couple est formé de deux êtres et de la réalité de l’amour entre eux, nous concevons la divinité formée d’un Père et de son Fils et de la réalité de l’Esprit d’amour entre eux.

Spirituellement, ceci nous invite à concevoir toutes nos relations sur un modèle trinitaire : toi, moi et la réalité de l’esprit d’amour entre nous. Pas simplement toi et moi comme deux individualités qui se côtoient ; chacun de nous, bien sûr, mais aussi la manière dont notre amour s’incarne, se concrétise, existe en tant que tel. Voilà ce qui définit nos relations : deux êtres et la réalité de l’esprit entre eux.

Notre regard s’en trouve tout de suite déployé. Aimer ce n’est pas seulement mon sentiment amoureux. Aimer ce n’est pas seulement l’être que j’aime. Aimer ce n’est n’est pas seulement toi et moi côte à côte. Aimer c’est certes deux êtres qui partagent des sentiments l’un pour l’autre, mais c’est aussi la réalité de cet esprit d’amour, ce qu’il engendre et qui lui est propre.

Ainsi, si ma relation avec Dieu c’est aussi la réalité de l’Esprit d’amour entre nous, ceci me force à l’examen de conscience : quel est le concret de mon amour envers Dieu ? Quels sont les fruits de cet amour ? Qu’engendre-t-il qui lui est propre ?

La vision trinitaire de nos relations, qui penche son regard sur la réalité concrète de l’esprit qui les anime, la beauté des fruits qu’il engendre, l’élan vital qu’il suscite, nous pousse à la croissance spirituelle et donc à rechercher le règne de l’Esprit-Saint entre nous.

Ainsi aimer c’est désirer voir l’Esprit-Saint s’incarner dans toutes nos relations. Certes je t’aime et tu m’aimes mais, au-delà de tout, je souhaite que l’esprit d’amour entre nous soit divin.

Fais Seigneur, que dans toutes nos relations ce soit ton Esprit Saint, la réalité de ton amour, qui s’incarne. Amen.

Fr. Laurent Mathelot

Source : RÉSURGENCE.BE, le 22 mai 2024

26.05.2024 – HOMÉLIE DE LA FÊTE DE LA SAINTE TRINITÉ – MATTHIEU 28,16-20

Laissons-nous conduire par l’Esprit du Père

Pistes pour l’homélie par l’Abbé Jean Compazieu

Textes bibliques : Lire

Nous célébrons aujourd’hui la fête de la Sainte Trinité, Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Des théologiens ont cherché à en donner des définitions très respectables, mais si on ne se sent pas concerné, c’est très décevant. Le plus important, ce n’est pas de comprendre ce mystère mais d’y entrer. Ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est de découvrir que notre Dieu c’est quelqu’un qui se révèle en intervenant dans la vie des hommes. Cette révélation s’est faite très progressivement tout au long de l’histoire.

Dans la 1ère lecture, c’est Dieu lui-même qui se révèle au peuple élu. Ce peuple était esclave en terre étrangère. Mais Dieu a choisi Moïse pour le libérer et le conduire à travers le désert. Au moment où ce message leur est adressé, les Hébreux se préparent entrer dans la Terre promise. Ils sont invités à mesurer toute la générosité de Dieu à leur égard. Il se révèle en faisant alliance avec eux.

Cette bonne nouvelle vaut aussi pour chacun de nous : Aujourd’hui comme autrefois, Dieu voit la misère de son peuple. Il voit tous ces pays qui se font la guerre ; il voit la souffrance de ceux et celles qui ont tout perdu et qui sont jetés à la rue. Et bien sûr, il n’oublie pas les malades, les prisonniers, les exclus… Il continue à nous dire son désir de libérer son peuple et il compte sur nous pour participer à cette mission. Nous sommes envoyés pour communiquer au monde l’amour qui est en Dieu. À travers nous, c’est Dieu qui est là pour lui annoncer la bonne nouvelle du salut offert à tous.

C’est ainsi que Dieu se révèle à nous en nous manifestant son amour. Dans la seconde lecture, saint Paul nous dit que nous sommes adoptés par Dieu. Nous pouvons l’appeler Père. Oui, Dieu est notre Père, un Père qui nous aime tous. Il veut que chacun de ses enfants soit sauvé. Rappelons-nous l’histoire du fils prodigue qui revient vers lui. Cet homme qui était tombé très bas est accueilli comme un fils. Il retrouve sa place de fils dans sa famille. C’est ainsi que Dieu nous aime. Nous sommes ses enfants bien-aimés, des frères du Christ. Cela s’est réalisé grâce à l’action de l’Esprit Saint.

L’Évangile nous dit que le Christ est venu dans le monde pour aider les apôtres à progresser dans la connaissance du vrai Dieu. Maintenant, ils sont envoyés dans le monde entier pour l’annoncer à tous. À sa demande, ils suivent Jésus sur la montagne. Dans le monde de la Bible, la montagne est le lieu de la présence de Dieu. C’est là qu’il se révèle aux hommes. Avec les onze, nous y sommes tous invités pour nous prosterner et adorer. L’adoration véritable consiste à reconnaître Dieu dans ce qu’il est.

Puis c’est l’envoi en mission : “Allez ! De toutes les nations faites des disciples. Baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit.” Il est hors de question de rester plantés là, avec d’éternelles questions sur le tombeau vide. Il est urgent de comprendre que Pâques n’est pas une fin mais un commencement. Tout ce que Jésus a pu faire ou dire au cours de sa vie terrestre était une préparation à cette nouvelle aventure des hommes. Avec la première alliance, Dieu ne s’adressait qu’au petit peuple d’Israël ; la nouvelle alliance est annoncée et offerte à tous les peuples du monde entier.

Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de faire des adeptes mais des disciples du Christ. Nous ne devons pas nous comporter comme des propriétaires de la Parole révélée mais comme des serviteurs. Il n’est pas question d’enrôler mais d’annoncer la bonne nouvelle et de baptiser. Le baptême que nous avons reçu nous a plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. L’Évangile est une histoire d’amour qui n’est jamais achevée, une histoire d’amour toujours nouvelle et toujours ouverte.

Il nous appartient d’être les témoins passionnés de cette histoire d’amour. Pour cette mission, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur nous a promis d’être avec nous tous les jours et jusqu’à la fin du monde. Il nous nourrit de sa Parole et de son Corps. Il est toujours là pour nous donner force et courage en vue de la mission. Et Marie, notre maman du ciel ne cesse de nous redire : “Faites tout ce qu’il vous dira.”

En célébrant cette Eucharistie, nous faisons monter vers Dieu une fervente action de grâce. Nous avons beaucoup reçu de lui. Nous avons été comblés au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Avec Marie, nous pouvons chanter : “Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom.”

Abbé Jean Compazieu

Source : DIMANCHEPROCHAIN.ORG, le 19 mai 2024