Cap Fatima – Lettre de liaison n°161 (02.05.2024)

Cap Fatima – Lettre de liaison n°161

Méditations proposées pour les premiers samedis du mois

L’alliance Salve Corda, dont le but est de propager la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois en créant des cités (voir le site de Salve corda) a proposé à Cap Fatima de méditer ensemble sur le même mystère chaque premier samedi du mois. L’idée nous a paru excellente. C’est pourquoi nous avons interrompu notre série des méditations pour nous caler avec celle de Salve Corda. En conséquence, samedi, il  vous est proposé de méditer sur le 4e mystère joyeux.

Les deux principes de méditer sur un mystère plutôt que sur 15, comme proposé par sœur Lucie (voir page sur les méditations pour les premier samedi du mois), et de respecter l’ordre des mystères quelle que soit la fête liturgique, principes adoptés par Cap Fatima depuis que les rosaires vivants ont été lancés et adoptés également par Salve Corda, seront conservés. Nous continuerons également à offrir chaque communion réparatrice pour réparer un des cinq blasphèmes contre le Cœur Immaculé de Marie.

Suite des réflexions sur le message de Fatima

Le 13 juillet 1917, après avoir montré l’enfer aux petits voyants et surtout leur avoir dit comment l’éviter, Notre-Dame continua :

Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. (…) Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire. (…) Pour l’empêcher, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix.

La Sainte Vierge émet ici plusieurs demandes. En effet, elle commence par dire : « Si l’on fait, ce que je vais vous dire ». Et peu après, elle dit : « Si l’on écoute mes demandes ». Elle demande donc de notre part une certaine participation. S’agissant de notre salut, c’est tout à fait dans l’esprit de l’enseignement constant de l’Église. Car, comme le dit saint Augustin : « Dieu nous a créés sans nous, mais ne nous sauvera pas sans nous ». Pour nous accorder le salut, Dieu veut notre consentement et notre participation. Dans l’Évangile, après avoir entendu Jésus lui dire : « Lève-toi et marche », le paralytique est resté libre de se lever ou pas et ainsi de répondre ou non à la demande de Jésus. Cet exemple doit nous faire comprendre que nous ne pouvons pas être sauvé sans une participation minimale de notre part. Telle est la volonté divine. Et Dieu a confié à sa Mère le soin de nous l’enseigner et de nous dire également ce qu’Il attend de nous pour nous sauver.

La Sainte Vierge précise aussi les conséquences qu’entraînera le fait de suivre ses demandes : d’abord « la conversion des pécheurs et la paix », ensuite « la conversion de la Russie et la paix ».

Ces répétitions avaient sûrement pour but de faire en sorte que les paroles de Notre-Dame se gravent parfaitement dans la mémoire des petits voyants. Mais elles soulignent également l’importance qu’il convient d’y apporter. Notre-Dame dit trois choses :

  • Elle veut la conversion des cœurs, en particulier celle des pécheurs et celle de la Russie,
  • Elle veut nous accorder la paix,
  • Pour nous accorder ces deux grâces, elle demande notre participation.

La conversion des pécheurs

La conversion des pécheurs est vraiment une préoccupation constante de Notre-Dame, car c’est la 4e fois qu’elle en parle. Elle en avait déjà parlé en mai et en juin, et dans la présente apparition, c’est la deuxième fois qu’elle en parle. En effet, juste avant de leur révéler le secret, elle avait dit aux petits voyants :

Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, spécialement chaque fois que vous ferez un sacrifice : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie. »

Ici, la Sainte Vierge ajoute une précision importante : elle révèle que si nous faisons ce qu’elle va demander, beaucoup d’âmes seront sauvées. En d’autres termes, elle engage notre responsabilité. Et elle le redira de façon encore plus nette au cours de l’apparition suivante en disant : « Beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

Ce discours est parfaitement dans la continuité de celui qu’avait tenu l’Ange l’année précédente. En effet, au cours de son apparition de l’été 1916, il avait dit :

De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs.

Nous avons donc une grande responsabilité dans le salut de notre prochain. Ce point est à la fois impressionnant et troublant, mais aussi émouvant et motivant, car Dieu montre ainsi qu’Il a confiance en nous. Il veut sauver le monde et Il veut que ce salut passe d’abord par sa Mère, et ensuite par nous, s’il est possible de s’exprimer ainsi. À sa Mère, Il confie le soin de nous l’enseigner et de distribuer les grâces nécessaires pour le faire. À nous, Il demande de suivre ses enseignements et de ne pas refuser ses grâces.

La paix dans le monde

La paix est également une préoccupation de Notre-Dame. Avant de révéler le secret, elle en avait déjà parlé deux fois. Lors de sa première apparition, ses dernières parole furent pour dire : « Récitez le chapelet tous les jours pour obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. » Et juste avant la vision de l’enfer, elle avait dit : « Continuez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre. » Ici, comme pour le point précédent, elle affirme que si nous faisons ce qu’elle demande, le monde trouvera la paix.

Ces deux points, la conversion des pécheurs et la paix dans le monde, ont un lien très fort entre eux. Ce lien est parfaitement logique, car moins il y aura de pécheurs, plus les raisons des guerres et des désordres disparaîtront. En effet, la guerre est une conséquence de nos péchés. Si donc nous ne péchons plus, les guerres disparaîtront et le monde sera en paix. Et Notre-Dame montre clairement ce lien : non seulement elle affirme que si nous faisons ce qu’elle va nous dire, nous aurons la paix, mais aussi que si nous continuons à offenser Dieu, une guerre pire commencera. Et c’est hélas ce qui se produisit. Car les guerres sont les conséquences de nos offenses envers Dieu. L’Ange avait lui aussi associé la conversion des pécheurs et la paix dans le monde, car en demandant aux petits voyants de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs, il avait aussi parlé de la réparation des offenses faites à Dieu. Et il avait ajouté : « De cette façon, vous attirerez la paix sur votre pays. »

Voilà donc un enseignement qu’il convient de ne pas oublier. Et c’est pourquoi il faut connaître ces demandes de Notre-Dame qui nous vaudront de telles grâces.

Les demandes de Notre-Dame

Dans la première phrase, l’expression employée, « Si l’on fait ce que je vais vous dire », indique des demandes qui vont être faites juste après. Effectivement, Notre-Dame poursuivit en disant : « Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. » Au cours des six apparitions de 1917, c’est la seule fois où elle formulera ces deux demandes.

Dans la deuxième phrase, l’expression employée, « Si l’on écoute mesdemandes », répond à la première et indique à n’en pas douter les demande faites entre temps, à savoir la consécration de la Russie et la communion réparatrice. Mais il faut sans doute aller un peu au-delà et inclure dans les demandes de Notre-Dame, celles qu’elle fit dans les apparitions précédentes et qu’elle avait rappelées juste avant de confier le secret aux petits voyants, ce d’autant plus que ces demandes antérieures ont les mêmes fruits que celles qu’elle vient d’ajouter.

Notre-Dame a donc exprimé quatre demandes :

  • deux avant la révélation du secret : la récitation quotidienne du chapelet et les sacrifices pour la conversion des pécheurs.
  • deux autres révélées dans le secret : la consécration de la Russie et la communion réparatrice, des premiers samedis du mois.

À ces quatre demandes, il convient d’en ajouter une cinquième, celle de ne plus offenser Dieu. En effet, Notre-Dame dit clairement que si nous offensons Dieu, il y aura une nouvelle guerre. En conséquence, si nous voulons la paix, nous devons cesser d’offenser Dieu.  Et Notre-Dame le rappellera au cours de sa dernière apparition en disant : « N’offensez pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car Il est déjà trop offensé. » Cette demande a une importance particulière, car ce sont les toutes dernières paroles que Notre-Dame prononcera à Fatima. Pour avoir la paix, la Sainte Vierge nous demande donc de prier pour la conversion des pécheurs et de cesser d’offenser Dieu ; mais nous aussi, nous sommes pécheurs ; nous devons donc, nous aussi, nous convertir. La conversion des pécheurs n’est pas la seule condition pour avoir la paix : la nôtre en est aussi une.

L’ordre des demandes

Deux demandes ont été exprimées au futur : « Je viendrai demander » ; les autres demandes ont été exprimées au présent. En bonne logique, ces dernières sont prioritaires sur celles exprimées au futur. De plus, ces demandes exprimées au présent ne dépendent que de nous : réciter notre chapelet tous les jours, offrir les sacrifices de notre vie quotidienne pour la conversion des pécheurs et observer la loi divine pour ne plus offenser Notre-Seigneur. Si nous voulons la paix, nous devons donc sans tarder les satisfaire. Il ne tient qu’à nous de le faire ! Personne ne pourra le faire à notre place.
Quant aux demandes exprimées au futur, elles ont été formellement demandées depuis, l’une le 10 décembre 1925 à Pontevedra : la communion réparatrice des premiers samedis du mois, l’autre le 13 juin 1929 à Tuy : la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Nous ne pouvons donc pas les ignorer : nous avons le devoir de nous en préoccuper. Si nous voulons vraiment que le monde retrouve la paix, il convient de nous assurer que toutes ces demandes ont bien été satisfaites et, si ce n’est pas le cas, de voir comment les réaliser ou les mettre en pratique au plus vite.

Et nous devons non seulement les mettre en pratique, mais aussi inciter notre prochain à faire de même, en particulier en faisant connaître à nos proches le message de Fatima. Car de notre assiduité à suivre ces demandes de Notre-Dame, dépend la paix pour le monde. Sœur Lucie l’a clairement dit au père Aparicio dans une lettre déjà plusieurs fois citée dans les lettres de liaison : « De la pratique de cette dévotion [la dévotion au Cœur Immaculé de Marie], unie à la consécration au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde la paix ou la guerre. »

Le message de Fatima est donc clair : si nous voulons la paix, nous devons commencer par satisfaire les cinq demandes de Notre-Dame. Ces demandes sont généralement admises. Seule, la consécration de la Russie fait souvent l’objet de débat. Aussi n’est-il sans doute pas inutile de rappeler certains points à ce sujet.

La consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie

Il est vrai que des théologiens renommés ont pu, par leurs écrits, jeter un doute sur la légitimité d’une telle consécration.

Dans son livre Mon Journal du Concile, le père Yves Congar (1904-1995) écrivit : « Je fais campagne autant que je peux contre une consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, car je vois le danger que se forme un mouvement dans ce sens. »
Dans la préface à la version de l’encyclique Redemptoris Mater (25 mars 1987) publiée par les éditions du Centurion, l’abbé René Laurentin affrima : « On ne peut se consacrer qu’à Dieu créateur, non à une créature, car ce serait de l’idolâtrie. » D’ailleurs l’encyclique ne traite nulle part de la “consécration à Marie” et se contente de rappeler la “confiance” que nous devons avoir en la Sainte Vierge.
Dans un texte intitulé Consécration ou confiance, paru le 5 mai 2012, quelques jours après sa mort, le père Stefano De Fiores (1933 – 2012), montfortain, mariologue de renommée internationale et professeur de mariologie à l’Université Grégorienne Pontificale de Rome, s’exprimait ainsi :

Il nous est difficile de comprendre comment certains auteurs proposent de revenir à la “consécration à Marie ou au Cœur Immaculé de Marie », parce qu’à Fatima la Vierge a utilisé ce langage. (…)
En 1917, il était plus que normal de parler comme la Vierge. Nous ne nous permettons pas de critiquer le langage qu’elle a utilisé à ce moment précis de l’histoire. Mais, aujourd’hui l’Église a parcouru un chemin biblico-théologique qui exige un usage plus rigoureux du langage pour parler du Christ ou de Marie.[1]

Autrement dit, malgré les précautions qu’il prend, le père de Fiores affirme que, en 1917, en s’adressant aux petits voyants, la Sainte Vierge a employé un langage manquant de rigueur théologique ou tout au moins méconnaissant les avancées biblico-théologiques faites depuis.

Pourtant, Pie XII, après avoir pris le soin de consulter le Saint-Office sur la possibilité de consacrer le monde à la Sainte Vierge, lequel lui avait répondu « qu’il n’existait aucune objection théologique à ce sujet », consacra le monde au Cœur Immaculé de Marie en 1942. Jean-Paul II, désirant explicitement refaire la consécration de Pie XII,  consacra le monde à Marie en 1982 et 1984. Le 25 mars 2022, François consacra le monde en employant la formule suivante : « Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine. » Il est difficile de croire que trois papes aient pu se tromper en consacrant le monde au Cœur Immaculé de Marie. Le débat est donc clos : les actes des papes montrent que c’est possible. Aussi ne doutons pas de la légitimité d’une telle consécration.

Toutefois, aucune des consécrations faites jusque-là n’a rempli toutes les conditions demandées par Notre-Dame. On ne peut donc pas dire que la consécration de la Russie a été faite comme Notre-Dame l’a demandée. Par contre, ces consécrations ont rempli les conditions fixées par Notre-Seigneur à Alexandrina da Costa (voir lettre de liaison n° 135). Or sur celle de Pie XII, sœur Lucie confia au père Gonçalvès (lettre du 4 mai 1943) : «Il [Notre-Seigneur] promet la fin de la guerre pour bientôt, eu égard à l’acte qu’a daigné faire Sa Sainteté. Mais comme il fut incomplet, la conversion de la Russie sera pour plus tard. » puis au père Aparicio (lettre du 2 mars 1945) : « La consécration de ce pays [la Russie] n’a pas été faite dans les termes demandés par Notre Dame. » Et voici le commentaire qu’elle fit le lendemain de la consécration de 1982 : « Le pape Jean-Paul II a simplement renouvelé la consécration du monde faite par Pie XII le 31 octobre 1942. De cette consécration du monde, nous pouvons attendre quelques avantages, mais pas la conversion de la Russie. » Le même jugement s’applique à la consécration de 1984 puisqu’elle a été faite en reprenant la même forme et les mêmes termes que celle de 1982.

En conséquence, pour la consécration de 2022, qui a les mêmes caractéristiques que celles de 1942, 1982 et 1984, au moins autant que l’on puisse en juger au for externe, il est possible d’en attendre « quelques avantages ». Or, le 29 mars 2022, quatre jours après la consécration, à Istambul, des pourparlers entre la Russie et l’Ukraine ont abouti à la signature d’un accord de paix. Beaucoup ont alors espéré que la guerre allait s’arrêter. Malheureusement, le premier ministre britannique se déplaça à Kiev le 9 avril et fit pression sur le président ukrainien pour qu’il dénonce cet accord, ce que ce qu’il fit peu après, hélas. À compter de ce moment, les pays occidentaux apportèrent leur soutien à l’Ukraine. Toutes les conditions pour le déclenchement d’une nouvelle guerre mondiale étaient alors réunies. Et jamais peut-être, depuis la crise de Cuba, le risque d’un conflit mondial n’avait été aussi fort. Pourtant, le conflit est jusqu’à présent resté circonscrit au territoire ukrainien. Ne faut-il pas voir dans cette non extension au niveau mondial une conséquence de la consécration du 25 mars 2022 ? Mais si nous continuons à négliger les demandes de Notre-Dame, la situation pourrait malgré tout finir par se dégrader irréversiblement.

C’est pourquoi, la demande de Notre-Dame d’une consécration de la Russie garde toute son actualité, mais une consécration respectant toutes les conditions précisées par elle, en particulier celles qui ne furent jamais respectées, à savoir une consécration de la seule Russie, accompagnée d’un acte de réparation pour tout le mal fait par les erreurs répandues par la Russie avant la chute du mur de Berlin puis par l’Occident depuis, et la reconnaissance de la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois. Sans ces conditions, la Russie ne se convertira pas et il n’y aura jamais de véritable paix dans le monde.

Quoi qu’il en soit, pour que de nombreux pécheurs se convertissent et que le monde retrouve la paix, écoutons les demandes de Notre-Dame à Fatima qui ne dépendent que de nous et mettons-les en pratique, à savoir la récitation quotidienne du chapelet, l’offrande des sacrifices de la vie quotidienne pour la conversion des pécheurs et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Ajoutons-y notre consécration au Cœur Immaculé de Marie qui doit précéder la consécration de la Russie, comme le disait le père Alonso, ainsi que le port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, signe de notre consécration au Cœur Immaculé de Marie selon les propres paroles de sœur Lucie.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie


Yves de Lassus

[1] https://www.aldomariavalli.it/2020/05/01/consacrazione-o-affidamento-padre-de-fiores-spiegava/

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