« Qu’est-ce qui nous empêche de célébrer des messes dans les maisons ? »

« Qu’est-ce qui nous empêche de célébrer des messes dans les maisons ? »

« Qu’est-ce qui nous empêche de célébrer des messes dans les maisons ? »

Entretien 

Prêtre des missions étrangères en Inde, actuellement confiné en France, et chroniqueur pour la Croix, le père Yann Vagneux porte son regard de missionnaire sur la prolongation du confinement pour les croyants.

La Croix : Vous êtes missionnaire à Bénarès, en Inde, mais actuellement confiné à Paris. Quel regard portez-vous sur la déception des catholiques privés de messe encore jusqu’au 2 juin ?

Père Yann Vagneux (1) : J’entends bien le cri des chrétiens qui ont besoin de la messe, de se nourrir de l’eucharistie, de pouvoir prier ensemble. Des rassemblements de 10 personnes seront possibles après le 11 mai, alors utilisons cette possibilité, plutôt que d’attendre de retrouver nos grandes églises ! Pourquoi rester paralysé par le contexte et par le droit canonique ? Le droit canon, comme le rappelle le pape François, est d’abord fait pour le « salut des âmes ». Il s’agit de s’adapter.

Ainsi qu’est-ce qui nous empêche de faire des tournées et de célébrer des messes dans les maisons, comme cela se fait en Inde ou en Argentine pendant le temps pascal ? Ce fut la joie du début de mon sacerdoce en retournant dans le barrio où j’ai vécu jadis en Argentine. Les familles se sentaient visitées, considérées, honorées de recevoir le Seigneur chez elles.

On n’imagine pas la force de célébrer dans une maison. Souvent, les fidèles se sentent loin du célébrant, comme des spectateurs passifs dans une église à moitié vide. Or quand on célèbre dans une maison, la proximité est tout autre. La messe réassume toute la vie concrète de la famille, elle ressaisit tout son quotidien. Les Évangiles sont pleins de récits de Jésus entrant dans les foyers.

C’est ce qu’a vécu l’Église primitive, l’Église dans la persécution, l’Église missionnaire aussi. Depuis des siècles, les missionnaires sont allés de lieux reculés en lieux reculés et ont célébré la messe dans les maisons avec des petites communautés rassemblées… Le début de l’aventure missionnaire, c’est cela : on avait établi un programme, il y a eu des blocages, mais le blocage a été une chance pour inventer d’autres choses.

Source et suite sous : La-Croix, le 30 avril 2020

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