Exhortation sur sainte Thérèse de Lisieux, la grâce de la confiance

Exhortation sur sainte Thérèse de Lisieux, la grâce de la confiance

L’exhortation apostolique consacrée à sainte Thérèse de Lisieux intitulée «C’est la confiance» est parue dimanche 15 octobre, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de la sainte normande, mais aussi du centenaire de sa béatification. En 27 pages en français, le Pape ausculte le génie spirituel et théologique de Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face.

Delphine Allaire – Cité du Vatican

«Seule la confiance, et “rien d’autre”, il n’y a pas d’autre chemin pour nous conduire à l’Amour qui donne tout.» La date de cette publication, mémoire de sainte Thérèse d’Avila, a pour but de présenter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus «comme un fruit mûr de la réforme du Carmel et de la spiritualité de la grande sainte espagnole», explique le Souverain pontife en préambule, touché par «la lumière et l’amour extraordinaires» rayonnant de la jeune religieuse morte à 24 ans, patronne des missions, patronne de la France. Lire l’intégralité de l’exhortation. 

L’évangélisation «par attraction»

Dès le premier chapitre, le Pape revient sur l’âme missionnaire de la carmélite entrée dans les ordres«pour sauver les âmes».[1] Les dernières pages de l’Histoire d’une âme[2] sont un testament missionnaire, affirme François, saluant sa manière de concevoir l’évangélisation «par attraction»,[3]«non par pression ou prosélytisme».

«Cette grâce libère de l’autoréférentialité», note le Saint-Père, sondant le cœur de Thérèse dans lequel «la grâce du baptême devient ce torrent impétueux qui se jette dans l’océan de l’amour du Christ, emportant avec lui une multitude de sœurs et de frères».

La primauté de la grâce divine sur l’action humaine

Le Pape François revient sur «la petite voie» de la confiance et de l’amour, cœur de la spiritualité thérésienne. Thérèse raconte cette découverte de la petite voie dans l’Histoire d’une âme :[4] «Je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle».[5]

«Face à une conception pélagienne de la sainteté,[6] individualiste et élitiste, plus ascétique que mystique, qui met surtout l’accent sur l’effort humain, Thérèse souligne toujours la primauté de l’action de Dieu, de sa grâce», observe le Souverain pontife, précisant que cette façon de penser ne contredit pas l’enseignement catholique traditionnel sur la croissance de la grâce. Mais Thérèse préfère souligner la primauté de l’action divine et enseigne au fond que, puisque nous ne pouvons avoir aucune certitude en nous regardant nous-mêmes,[7] nous ne pouvons pas non plus être certains de posséder des mérites.

«L’attitude la plus appropriée est donc de mettre la confiance du cœur hors de soi-même, en la miséricorde infinie d’un Dieu qui aime sans limites et qui a tout donné sur la Croix de Jésus-Christ»,souligne le Pape, estimant que telle confiance illimitée encourage ceux qui se sentent fragiles, limités, pécheurs «à se laisser conduire et transformer pour atteindre le sommet».

L’abandon quotidien

23. Le Successeur de Pierre invite à ne pas comprendre la confiance que Thérèse promeut «seulement par rapport à la sanctification et au salut personnels», mais dotée d’un sens intégral qui embrasse la totalité de l’existence concrète et s’applique à toute notre vie où nous sommes souvent envahis par les peurs, par le désir de sécurité humaine, par le besoin de tout contrôler. C’est là qu’apparaît l’invitation à un saint «abandon», qui libère «des calculs obsessionnels, de l’inquiétude constante pour l’avenir, des peurs qui enlèvent la paix».

L’héroïsme du feu et de la foi dans la nuit

25. Thérèse a aussi vécu la foi la plus forte et la plus certaine «dans l’obscurité de la nuit et même dans l’obscurité du Calvaire». Son témoignage atteint son apogée dans la dernière période de sa vie, dans sa grande «épreuve contre la foi»,[8]commencée à Pâques 1896. Dans son récit [9], elle relie cette épreuve à la douloureuse réalité de l’athéisme en cette fin du XIXe siècle, «âge d’or» positiviste et matérialiste. Lorsqu’elle écrit que Jésus avait permis que son âme «fût envahie des plus épaisses ténèbres»,[10] elle désigne ces ténèbres de l’athéisme et le rejet de la foi chrétienne. «Thérèse perçoit, dans ces ténèbres, le désespoir, le vide du néant [11]»,assure le Saint-Père, rappelant comment «l’experte en science de l’amour» a vaincu le mal. «Le récit de Thérèse montre le caractère héroïque de sa foi, sa victoire dans le combat spirituel face aux tentations les plus fortes. Elle se sent la sœur des athées et se met à table, comme Jésus, avec les pécheurs (cf. Mt 9, 10-13)».

«Elle vit, même dans l’obscurité, la confiance totale de l’enfant qui s’abandonne sans crainte dans les bras de son père et de sa mère». Pour Thérèse, en effet, Dieu brille avant tout par sa miséricorde, clé pour comprendre tout ce qui est dit de Lui. Selon le Pape, c’est l’une des découvertes les plus importantes de Thérèse pour le peuple de Dieu. «Elle est entrée de manière extraordinaire dans les profondeurs de la miséricorde divine et y a puisé la lumière de son espérance sans limites».

Espérance et charité

29. Le Souverain pontife rappelle à cet égard que le péché du monde est certes immense, mais il n’est pas infini comme l’est l’amour miséricordieux du Rédempteur. «Thérèse est témoin de la victoire définitive de Jésus sur toutes les forces du mal par sa passion, sa mort et sa résurrection. Mue par la confiance, elle ose écrire: ‘’Jésus, fais que je sauve beaucoup d’âmes, qu’aujourd’hui il n’y en ait pas une seule de damnée. Jésus, pardonne-moi si je dis des choses qu’il ne faut pas dire, je ne veux que te réjouir et te consoler’’.[12]»

31. L’Histoire d’une âme est aussi un témoignage de charité, relève le Successeur de Pierre. L’acte d’amour “Jésus, je t’aime”, continuellement vécu par Thérèse comme une respiration, est la clé de sa lecture de l’Évangile. Elle habite l’Évangile avec Marie et Joseph, Marie Madeleine et les Apôtres.

La grâce dans la plus grande simplicité

36. Thérèse vit la charité dans la petitesse, dans les choses les plus simples de la vie quotidienne. «En effet, alors que les prédicateurs de son temps parlaient souvent de la grandeur de Marie de manière triomphaliste, éloignée de nous, Thérèse montre, à partir de l’Évangile, que Marie est la plus grande dans le Royaume des Cieux parce qu’elle est la plus petite (cf. Mt 18, 4), la plus proche de Jésus dans son humiliation», écrit encore le Saint-Père, ajoutant: «Elle voit que, si les récits apocryphes sont remplis de passages frappants et merveilleux, les Évangiles nous montrent une existence humble et pauvre, vécue dans la simplicité de la foi». Ainsi Marie a été la première à vivre la «petite voie» dans la foi pure et l’humilité, rappelle encore le Pape.

Le corps et le cœur de l’Église

38. François développe ensuite l’amour de Thérèse pour l’Église, hérité de sainte Thérèse d’Avila: «Elle a pu atteindre les profondeurs de ce mystère». 39. Au chapitre 12 de la première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, l’Apôtre utilise la métaphore du corps et de ses membres pour expliquer que l’Église comprend une grande variété de charismes ordonnés selon un ordre hiérarchique. Mais cette description ne suffit pas à Thérèse, note le Pape. Elle poursuit ses recherches, lit l’“hymne à la charité” du chapitre 13, y trouve sa réponse: «La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’amour. Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est éternel!»

40. «Ce n’est pas le cœur d’une Église triomphaliste, c’est le cœur d’une Église aimante, humble et miséricordieuse», remarque le Saint-Père, jugeant qu’une telle découverte du cœur de l’Église est aussi une grande lumière pour nous aujourd’hui, «afin de ne pas nous scandaliser des limites et des faiblesses de l’institution ecclésiastique, marquée par des obscurités ou des péchés». «“Je serai l’amour” est le choix radical de Thérèse, sa synthèse définitive, son identité spirituelle personnelle», proclame François.

À la fin, seul compte l’amour

45. C’est ainsi la confiance qui nous conduit à l’Amour, libère de la peur, aide à détourner le regard de nous-mêmes, écrit le Saint-Père. «Cela nous laisse un immense torrent d’amour et d’énergies disponibles pour rechercher le bien des frères. Et ainsi, au milieu de la souffrance de ses derniers jours, elle pouvait dire: «Je ne compte plus que sur l’amour».[13] À la fin, seul compte l’amour. La confiance fait jaillir les roses et les répand comme un débordement de la surabondance de l’amour divin.»

Au chapitre 4, le Pape François aborde sainte Thérèse non seulement comme une mystique, mais comme une «Docteur de la synthèse» 47. L’exhortation permet au Pape de rappeler que, dans une Église missionnaire, «l’annonce se concentre sur l’essentiel, sur ce qui est plus beau, plus grand, plus attirant et en même temps plus nécessaire. La proposition se simplifie, sans perdre pour cela profondeur et vérité, et devient ainsi plus convaincante et plus lumineuse».[14] «Le cœur lumineux c’est la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus Christ mort et ressuscité».[15]

Docteur synthétique géniale 

48. Tout n’est pas central, car il y a un ordre ou une hiérarchie entre les vérités de l’Église, rappelle François -et «ceci vaut autant pour les dogmes de foi que pour l’ensemble des enseignements de l’Église, y compris l’enseignement moral»-,[16] mais le centre de la morale chrétienne est la charité, réitère le Pape. 49. Et François d’affirmer là que l’apport spécifique de la petite Thérèse comme sainte et comme docteur de l’Église n’est pas «analytique, comme pourrait l’être par exemple celui de saint Thomas d’Aquin».«Son apport est plutôt synthétique, car son génie est de nous conduire au centre, à l’essentiel, au plus indispensable», conclut le Souverain pontife.

Audace et liberté intérieure

50. «Théologiens, moralistes, penseurs de la spiritualité, ainsi que les pasteurs et chaque croyant dans son milieu, nous devons encore recueillir cette intuition géniale de Thérèse et en tirer les conséquences tant théoriques que pratiques, tant doctrinales que pastorales, tant personnelles que communautaires. Il faut de l’audace et de la liberté intérieure pour y parvenir», exhorte le Pape. 52. Du ciel à la terre, l’actualité de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face demeure dans toute sa «petite grandeur», ajoute-t-il, concluant l’exhortation par cette litanie pour notre temps:

«En un temps qui nous invite à nous enfermer dans nos intérêts particuliers, Thérèse nous montre qu’il est beau de faire de la vie un don. À un moment où les besoins les plus superficiels prévalent, elle est témoin du radicalisme évangélique. En un temps d’individualisme, elle nous fait découvrir la valeur de l’amour qui devient intercession. À un moment où l’être humain est obsédé par la grandeur et par de nouvelles formes de pouvoir, elle montre le chemin de la petitesse. En un temps où de nombreux êtres humains sont rejetés, elle nous enseigne la beauté d’être attentif, de prendre soin de l’autre. À un moment de complexité, elle peut nous aider à redécouvrir la simplicité, la primauté absolue de l’amour, la confiance et l’abandon, en dépassant une logique légaliste et moralisante qui remplit la vie chrétienne d’observances et de préceptes et fige la joie de l’Évangile. En un temps de replis et d’enfermements, Thérèse nous invite à une sortie missionnaire, conquis par l’attrait de Jésus Christ et de l’Évangile.»

[1] Ms A, 69v°, p. 187.

[2] Cf. Ms C, 33v°-37r°, pp. 280-285.

[3] Cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium(24 novembre 2013), n. 14 : AAS 105 (2013), pp. 1025-1026.

[4] Cf. Ms C, 2v°-3r°, pp. 237-238.

[5] Ibid., 2v°, p. 237.

[6] Cf. Exhort. ap. Gaudete et Exsultate (19 mars 2018), nn. 47-62 :AAS 110 (2018), pp. 1124-1129.

[7] Le Concile de Trente l’expliquait ainsi : « Quiconque se considère lui-même, ainsi que sa propre faiblesse et ses mauvaises dispositions, peut être rempli d’effroi et de crainte au sujet de sa grâce » (Décret sur la justification, IX : DS, n. 1534). Le Catéchisme de l’Église Catholique le reprend lorsqu’il enseigne qu’il est impossible d’avoir une certitude sur nos propres sentiments ou sur nos œuvres (cf. n. 2005). La certitude de la confiance ne se trouve pas en nous-mêmes ; le propre moi ne fournit pas la base de cette certitude, qui ne repose pas sur une introspection. D’une certaine manière, saint Paul l’exprimait ainsi : « Je ne me juge même pas moi-même. Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur » (1 Co 4, 3-4). Saint Thomas d’Aquin l’expliquait ainsi : puisque « la grâce est de quelque manière imparfaite en ce sens qu’elle ne guérit pas totalement l’homme » (Summa I-II, q. 109, art. 9, ad 1), « il reste aussi une certaine obscurité d’ignorance dans l’intelligence » (ibid., co).

[8] Ms C, 31rº, p. 277.

[9] Cf. ibid., 5rº-7vº, pp. 240-244.

[10] Ibid., 5vº, p. 241.

[11] Cf. ibid., 6vº, pp. 242-243.

[12] Pri 2, p. 958.

[13] LT 242, à Sœur Marie de la Trinité (6 juin 1897), p. 599.

[14] Exhort. ap. Evangelii gaudium(24 novembre 2013), n. 35 : AAS 105 (2013), p. 1034.

[15] Ibid., n. 36 : AAS 105 (2013), p. 1035.

[16] Ibid.

Source : VATICANNEWS, le 15 octobre 2023

Thérèse, Rome et le monde

Thérèse, Rome et le monde

par Gianni Valente

Rome (Agence Fides) – Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, proclamée par le Pape Pie XI co-patronne des missions avec Saint François Xavier, a vécu une bonne partie de sa courte et fragile vie (elle est morte à 24 ans de la tuberculose) entre les murs d’un monastère. Mais avant de commencer son temps de réclusion, la sainte de Lisieux, dont on célèbre aujourd’hui la mémoire liturgique, a su puiser dans la mémoire apostolique et martyriale de l’Église de Rome qui, par tradition, au mois d’octobre, appelle également toutes les communautés catholiques du monde à collecter des aides pour les œuvres missionnaires. Cela s’est passé en novembre 1887, alors que Thérèse avait 14 ans et que le pape Léon XIII célébrait son jubilé sacerdotal. 

Parmi les nombreux pèlerinages organisés pour rendre hommage au souverain pontife âgé, il y a eu celui organisé par le diocèse français de Coutances. Thérèse Martin y a participé avec son père Louis et sa sœur Céline. 
Thérèse part pour Rome avec un « plan » bien à elle : si elle en a l’occasion, elle veut parler au vieux pontife et lui demander directement la permission de devenir carmélite à l’âge de quinze ans. 
Depuis le récit de son voyage en Italie, consigné dans son journal, l’Histoire d’une âme, les pages dans lesquelles Thérèse décrit sa rencontre et sa conversation avec le pape sont devenues célèbres. Mais les détails les plus évocateurs du récit de l’adolescente sont peut-être ceux qui décrivent son pèlerinage vers les souvenirs chrétiens disséminés autour de la Ville éternelle : « Ah, quel voyage ! Il m’a plus appris par moi-même que les longues années d’études », écrit Thérèse. Et elle ajoute : « J’ai vu de belles choses, j’ai contemplé les merveilles de l’art et de la religion, j’ai surtout marché sur la terre même des apôtres, la terre trempée dans le sang des martyrs, et mon âme s’est dilatée au contact des choses saintes ».

Le voyage du groupe, qui a commencé à Paris, s’arrête à Milan, Venise, Padoue et Bologne avant d’arriver à Rome. Le train arrive à Rome de nuit, et Thérèse Céline et son père Louis trouvent un hébergement dans un hôtel de la Via Capo le Case, une rue qui donne également sur un côté du palais de la Propaganda Fide. Ils restent dans la ville pendant sept jours. Ses notes de voyage uniques, confiées à son journal, relatent non seulement sa rencontre avec le pape Léon XIII, mais aussi le Colisée et les Catacombes, les basiliques Sainte-Cécile et Sainte-Agnès, ainsi que la basilique Sainte-Croix de Jérusalem. 

Au Colisée, la jeune fille de Lisieux raconte comme une aventure audacieuse son départ du groupe pour descendre avec Céline parmi les ruines : « Je vis enfin, écrit Thérèse cette arène où tant de martyrs avaient donné leur sang pour Jésus et j’étais déjà prête à baiser la terre qu’ils avaient consacrée, mais quelle déception ! Le centre n’est qu’un amas de ruines que les pèlerins ne peuvent que regarder, parce qu’une barricade les empêche d’y pénétrer ; après tout, personne ne ressent la tentation d’entrer parmi ces ruines. Était-on donc venu à Rome pour ne pas descendre dans le Colisée ? Cela me paraissait impossible » : Thérèse n’écoute plus les explications du guide et commence à chercher un moyen de sortir des sentiers protégés et de descendre dans les ruines. Il enjambe la clôture, emmenant Céline avec lui, et « nous voilà en train d’escalader les ruines qui s’écroulaient sous nos pas. Papa nous regarda, étonné de notre audace, et nous dit de faire demi-tour, mais les deux fugitifs n’entendirent plus rien ». Les deux sœurs se mirent à la recherche d’un pavé, marqué d’une croix, que le guide avait indiqué « comme celui où les martyrs ont combattu », et l’ayant trouvé, « nous nous agenouillâmes sur cette terre sacrée, nos âmes se confondant en une seule prière. Mon cœur battait la chamade lorsque j’approchais mes lèvres de la poussière rougie par le sang des premiers chrétiens, je demandais la grâce d’être moi aussi martyre pour Jésus, et je sentais au plus profond de mon cœur que ma prière était exaucée. Tout cela, poursuit Thérèse, s’est fait en très peu de temps ; après avoir ramassé quelques pierres, nous sommes retournées dans les murs en ruine pour recommencer notre entreprise hasardeuse. Le Père, nous voyant si heureuses, ne pouvait nous faire aucun reproche, et je voyais bien qu’il était fier de notre audace…. Le bon Dieu nous a visiblement protégés, car les pèlerins, un peu éloignés, ne se sont pas aperçus de notre absence (…) ». 

Pour Thérèse, écrit Giovanni Ricciardi, il ne suffit pas de savoir ou de voir de loin. Devant les reliques des martyrs, elle ressent le besoin de s’approcher, de toucher de ses propres mains ». Ce sera également le cas aux catacombes de San Callisto. 
«» 
« Ils sont tels que je les avais imaginés en lisant la description de la vie des martyrs », dit Thérèse. Là aussi, les deux sœurs laissent le cortège de pèlerins s’éloigner un peu, descendent au fond de l’ancienne tombe de sainte Cécile et ramassent un peu de terre. « Avant le voyage à Rome, écrit Teresa, je n’avais pas de dévotion particulière pour cette sainte, mais en visitant la maison transformée en église [la basilique Sainte-Cécile du Trastevere], le lieu de son martyre, et en apprenant qu’elle a été proclamée reine de l’harmonie non pas à cause de sa belle voix ou de son talent pour la musique, mais en souvenir du chant virginal qu’elle a fait entendre à son Époux céleste caché au fond de son cœur, j’ai ressenti pour elle plus que de la dévotion : une véritable tendresse d’amie. .. Elle est devenue ma sainte préférée, ma confidente intime… ». Thérèse se souvient également d’un détail de la Passio de sainte Cécile, qu’elle a peut-être lu dans la vie des martyrs : « Cécile portait toujours l’Évangile du Christ caché dans son sein et, nuit et jour, elle ne cessait de parler du Seigneur dans ses prières et lui demandait très souvent de la conserver dans sa virginité. 
Cette même proximité de sœur, Thérèse l’a ressentie et proclamée avec sainte Agnès lors d’une visite à la basilique dédiée à la sainte sur la Via Nomentana. Cette visite, raconte Thérèse, me fut d’une grande douceur, c’était une amie d’enfance que je visitais chez elle, je lui parlais longuement de celle qui portait si bien son nom [Sœur Agnès, déjà au Carmel à l’époque], et j’ai fait tous mes efforts pour obtenir une relique de cette angélique patronne de ma très chère mère, j’aurais voulu la lui porter, mais il ne nous a pas été possible d’avoir autre chose qu’une pierre rouge détachée d’une riche mosaïque dont l’origine remonte au temps de sainte Agnès et qu’elle devait elle-même regarder souvent ». 

Thérèse exerce la même manière physique et vitale d’aborder les souvenirs chrétiens devant les reliques les plus précieuses, les dernières et les plus chères des souvenirs de son pèlerinage romain : « Dans l’église de Santa Croce in Gerusalemme, nous pouvions voir quelques fragments de la vraie croix, deux épines et un clou sacré enfermés dans un magnifique reliquaire en or ciselé, mais sans verre, alors j’ai trouvé le moyen, en vénérant la précieuse relique, d’insérer mon petit doigt dans un espace du reliquaire, et j’ai pu toucher le clou qui baignait dans le sang de Jésus. J’étais vraiment trop audacieux ». Mais « le Seigneur voit le fond des cœurs », ajoute-t-elle, « il sait que mon intention était pure, et que pour rien au monde je n’aurais voulu lui déplaire, j’ai agi avec lui comme une enfant qui croit que tout est permis et considère les trésors du Père comme les siens ». « J’ai toujours dû trouver le moyen de toucher à tout », conclut Thérèse.

Source : Agence Fides, le 1er octobre 2023

L’exhortation apostolique sur Thérèse de Lisieux bientôt disponible!

Antoine Mekary | ALETEIA

En juin dernier, François avait exprimé son intention de dédier à sainte Thérèse une lettre apostolique. Lors de l’angélus ce dimanche 1er octobre, il a annoncé que le document paraîtrait le 15 octobre 2023.

Le pape François dit lui-même de Thérèse qu’elle est sa sainte préférée. Quel est votre saint ou votre sainte favori(te) ? « Sainte Thérèse de Lisieux« , répond-il sans hésiter dans le livre-entretien Des pauvres au pape, du pape au monde (Éditions du Seuil) paru le 1er avril 2022. « Vous dites cela parce que certains d’entre nous sommes Français ? », demande l’un de ses interlocuteurs – des pauvres conduits par l’association Lazare. « Pas du tout ! s’exclame alors le Pape. Allez dans ma chambre et vous verrez qu’il y a là beaucoup de choses de la petite Thérèse. »

En effet, François possède des livres sur la jeune carmélite normande, des reliques, mais aussi des images pieuses de Thérèse déguisée en Jeanne d’Arc qu’il a coutume de glisser dans ses courriers… Et bientôt, une lettre apostolique viendra de nouveau manifester sa dévotion envers la sainte Française.

Le zèle missionnaire de Thérèse

Pourquoi la petite Thérèse le fascine-t-elle tant ? La réponse réside dans le zèle missionnaire de Thérèse, que François souhaite ériger comme modèle pour chaque chrétien. « Elle est la patronne des missions, bien qu’elle ne soit jamais partie en mission », soulignait-il le 7 juin 2023 lors de l’audience générale en présence des reliques de Thérèse. « Son cœur était vibrant, était missionnaire. Dans son « diaire », elle raconte qu’être missionnaire était son désir et qu’elle voulait l’être non seulement pour quelques années, mais pour le reste de sa vie, voire jusqu’à la fin du monde. »

« Faire aimer Jésus et intercéder pour que les autres puissent l’aimer. »

Les chrétiens sont invités à se laisser guider par le témoignage de Thérèse dans leur vocation missionnaire. Pour le Pape, le missionnaire n’est pas seulement celui qui part au loin, « qui parcourent de longues distances, apprennent de nouvelles langues, font de bonnes œuvres et sont doués pour l’annonce ». C’est plutôt « celui qui vit, là où il se trouve, comme instrument de l’amour de Dieu ; c’est celui qui fait tout pour que, par son témoignage, sa prière, son intercession, Jésus soit manifesté. » Celui qui ne procède pas par prosélytisme mais par attraction : « La foi nait par attraction, on ne devient pas chrétien parce qu’on y est forcé par quelqu’un, non, mais parce qu’on est touché par l’amour ». En juin dernier, François rappelait l’objectif quotidien de Thérèse : « Faire aimer Jésus » (Lettre à Céline, 15 octobre 1889), et intercéder pour que les autres puissent l’aimer. 

« Sainte de la confiance »

Rendant hommage à « la sainte de la confiance », le pape a souhaité que Thérèse de l’Enfant-Jésus « nous aide à avoir confiance et à travailler pour les missions ». Le pontife argentin a alors indiqué la date du 15 octobre pour la publication du document qui s’inscrit dans le cadre du 150e anniversaire de la naissance de la carmélite, et du 100e anniversaire de sa béatification (29 avril 1923).

Source : ALETEIA.ORG, le 1er octobre 2023

Koekelberg (23 septembre – 8 octobre) : Quinze jours avec Thérèse

Quinze jours avec Thérèse

A l’occasion du double anniversaire célébré en 2023, un programme particulièrement riche et varié est organisé pendant quinze jours autour du 1er octobre, fête de Ste Thérèse. Des activités pour jeunes, familles et tout public prendront place du 23 septembre au 8 octobre 2023. Les reliques de la Carmélite prêtées par Lisieux seront pendant tout ce temps à la Basilique de Koekelberg (petite exception : le jeudi 28 septembre elles voyageront entre 15h30 et 21h30).

Prier Ste Thérèse et lui demander son intercession, comme c’est le cas lors des soirée Pétales de roses.

PENDANT TOUTE LA QUINZAINE
  • possibilité de vénérer les reliques de sainte Thérèse – heures d’ouverture de 8h à 18h. (sauf le jeudi 28 septembre, les reliques seront parties après 15h30)
  • Exceptionnellement, la nuit du 29 au 30 septembre, une nuit de prière suivra la soirée de guérison
  • exposition photos et textes « brûlure d’amour » prêtée par les Amis du Carmel de Lisieux (visite accompagnée à 10h FR, 14h NL, 15h FR, 16h FR).
  • vêpres à 17h
  • confessions de 14h30 à 17h
ÉVÉNEMENTS PHARES
 THÉRÈSE VIENT REJOINDRE CHACUN

Source : THÉRÈSE2023.BE