Cardinal Tagle: au Congo, j’ai rencontré la joie de la foi

Le cardinal Tagle à Goma, le 13 juin 2023.Le cardinal Tagle à Goma, le 13 juin 2023.

Cardinal Tagle: au Congo, j’ai rencontré la joie de la foi

Le cardinal Tagle a parlé aux médias du Vatican de son récent voyage en République démocratique du Congo en tant qu’envoyé spécial du Pape au Congrès eucharistique national. Le pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation a souligné la richesse du témoignage des chrétiens de ce pays africain qui, malgré les souffrances et les difficultés, vivent avec joie leur foi en Jésus-Christ.

Entretien réalisé par Alessandro Gisotti – Cité du Vatican

Un voyage au cœur de l’Afrique pour témoigner de la proximité de l’Église avec ceux qui souffrent. C’est dans cet esprit que s’est déroulé le récent voyage du cardinal Luis Antonio Tagle en République démocratique du Congo, en tant qu’envoyé spécial du Pape au 3e Congrès eucharistique national, qui s’est tenu à Lubumbashi, dans le sud du pays. Le pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation s’est également rendu à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, où la population souffre depuis des années de la violence et des affrontements armés entre les forces gouvernementales et les miliciens du M23, notamment. Dans cet entretien avec les médias du Vatican, le cardinal philippin a mis l’accent sur la force du témoignage des chrétiens congolais et leur lien privilégié avec le Pape François.

Cardinal Tagle, vous revenez d’une visite en République démocratique du Congo, où vous avez participé au Congrès eucharistique national en tant qu’envoyé spécial du Pape François. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez les Congolais et dans l’Église du Congo ?

Nous avons beaucoup à apprendre du peuple congolais et des catholiques du Congo. Tout d’abord, nous avons constaté leur joie. Une joie mystérieuse, car nous savons que c’est un peuple qui souffre. Quel est donc le secret de cette joie ? La foi et l’espérance qu’ils ont dans le Seigneur, et c’est précisément ce qui est au cœur de l’Eucharistie. Ce fut donc une célébration qui fut aussi un témoignage pour le monde entier de la façon dont la foi, en présence du Seigneur, peut transformer la souffrance en une explosion de joie.

Le Pape François s’est rendu en République démocratique du Congo au début de l’année. Les fruits de ce voyage sont-ils déjà visibles ?

Je dirais que oui. Au-delà du souvenir profondément ancré de la visite du Pape dans l’esprit et le cœur des gens, il y a aussi une adhésion à son message. De nombreuses personnes, y compris des travailleurs sociaux, ont dit que les paroles du Saint-Père ont été pour eux une source d’espoir et que, si elles sont entendues attentivement, elles peuvent offrir un chemin vers la réconciliation et la paix. C’est une chose que j’ai également encouragée. Lorsque j’ai rencontré le clergé, les religieux, je leur ai dit : «S’il vous plaît, ne laissez pas la visite du Saint-Père rester un simple souvenir. Non, transformons-la en un programme pastoral et missionnaire».

Vous vous êtes également rendu à Goma, capitale du Nord-Kivu, une province particulièrement affectée par la violence et les combats. Vous avez témoigné de la proximité du Pape, qui ne s’est finalement pas rendu sur place. Quelle a été la réaction de la population locale à votre visite ?

J’ai été bouleversé, vraiment bouleversé, et j’ai pensé: «Si le Saint-Père était ici, il serait certainement très revigoré et encouragé dans son ministère de Pape». Les gens vivent une situation de grand désespoir et de dénuement, comme dans n’importe quel camp de réfugiés. Nous espérons que tous ceux qui sont impliqués dans le conflit – que ce soient des acteurs locaux ou internationaux, politiques, militaires ou économiques – qu’ils regarderont ces personnes dans les yeux et verront les conséquences de leurs choix. Il ne s’agit pas de chiffres, mais d’êtres humains, et c’est en tant qu’êtres humains qu’ils ont montré leur loyauté envers le Saint-Père. Soit dit en passant, le Saint-Père a mis en œuvre un projet permettant aux gens d’avoir de l’eau propre et potable, et donc… oui, c’est un besoin humain, mais c’est aussi très biblique ! L’eau est un signe de vie, un signe de l’Esprit Saint ; et chaque fois que les gens iront puiser de l’eau, je suis sûr qu’ils prieront pour le Saint-Père.

En tant que pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, quelle est, selon vous, la contribution d’une Église comme celle du Congo, et plus généralement de l’Afrique, au reste de l’Église, en pensant également au Synode sur la synodalité ?

L’Église au Congo – et peut-être pourrions-nous dire dans toute l’Afrique – est une Église vibrante. Dans certaines parties du continent, elle est très jeune. Au Congo, l’Église est pleine d’énergie juvénile ! Il y a des jeunes: ils prient, ils chantent, ils expriment leurs prières au Seigneur même par le mouvement. J’espère que cela apportera cette énergie au Synode et à toute l’Église, qui se concentre maintenant sur la synodalité. Puisse-t-il apporter également cette énergie au reste du monde. Mais en même temps, dans l’esprit de la synodalité, j’espère que la communauté internationale – à commencer par les Églises locales en dehors du Congo – écoutera les cris des pauvres. Cela fait partie de la synodalité de les regarder et de les considérer comme des frères et des sœurs qui sont liés à nous, et de comprendre que notre comportement, nos choix, nos actions, où que nous soyons, ont un impact sur eux. J’espère que cela fera partie du processus synodal.

Source : VATICANNEWS, le 21 juin 2023

Congo : le combat quotidien du père Bashimbé à Bukavu

Congo, RDC, Afrique, religieuse, colombe, paix

Thomas Oswald

À l’extrême Est de la République démocratique du Congo (RDC), le père Floribert Bashimbé tente de venir en aide à ses concitoyens malgré une société menacée par l’effondrement total. Reportage.

Il n’y a plus de place pour s’asseoir dans le bureau du père Floribert Bashimbé, vicaire général de Bukavu. Une épaisse couche de dossiers couvre le canapé et la table basse. Quant à son bureau, il ressemble à une chaîne montagneuse imaginée par Franquin. Au sommet d’une pile plus importante que les autres, le drapeau du Vatican se dresse fièrement, comme planté par un alpiniste victorieux. Chacun de ces dossiers représente l’une des tâches que doit accomplir « Monseigneur » Floribert, qui gère le diocèse de Bukavu, une région du Congo frappée par la guerre civile et la pauvreté. Il sourit : « Ne vous en faites pas, je m’y retrouve, c’est juste une période un peu compliquée ».

RDC, Congo

Le père Floribert

© Sylvain Dorient

À vrai dire, depuis 1995, toute l’histoire de cette région du Congo est compliquée. À cette époque, une guerre civile éclate et elle ne s’est jamais tout à fait éteinte depuis. Des groupes armés venus du Rwanda voisin se sont mis à accaparer des pans entiers de territoire. Ils ont terrorisé les populations, massacrant, pillant, jetant sur les routes des millions de malheureux. 

Bukavu porte les stigmates de cette crise. Ses rues, saturées, rarement goudronnées, sont encombrées de vendeurs à la sauvette qui tâchent de gagner quelques piécettes. Anciens paysans, ils ont fui leur terre la kalachnikov entre les reins et survivent avec presque rien. La population de la ville a quadruplé en un quart de siècle. Les habitats informels s’accumulent le long des pentes des collines. Certaines constructions de bric et de broc, bâties sur d’autres, paraissent suspendues dans le vide, justes soutenues par des câbles rouillés ou des troncs de bois tordus. 

RDC, Congo

© Sylvain Dorient

Au bord de l’anarchie

Le vicaire pilote l’un des 4×4 du diocèse au milieu de ce Capharnaüm. Les taxis, motos et triporteurs bouchent des carrefours « C’est un fléau. Ils se garent n’importe où… On ne sait jamais à l’avance combien de temps va prendre un trajet », s’agace Mgr Floribert derrière le volant. Beaucoup d’entre eux sont des soldats démobilisés, qui montrent peu de civisme… Il retrouve le sourire quand deux grands gaillards efflanqués viennent frapper à sa vitre. « Salut Monseigneur ! Bienvenue ! » Ils ont de larges sourires au milieu de leurs mines patibulaires. Enfants des rues, ils avaient été recueillis par le prêtre qui les a confiés à l’un des orphelinats que gère l’Église. 

Ici, l’Église gère tout, empêchant la société congolaise de s’effondrer tout à fait. C’est elle qui possède la moitié des écoles, la plupart des hôpitaux. Devant le problème de l’accès aux soins des Congolais, elle est en train de mettre en place une mutuelle de santé. Pour cinq dollars par an, elle permettra aux cotisants de bénéficier de soins de base. Elle s’occupe aussi d’organiser les mineurs qui ramassent le coltan en syndicat pour qu’ils défendent leurs droits. 

Ce fameux coltan, indispensable aux engins de haute technologie se ramasse ici avec des moyens de fortune, par des mineurs qui n’ont pas un sou devant eux. Ils creusent à la pelle et à la pioche, au jugé, à la recherche des « pépites » qui les sauveront provisoirement de la faim. Sans conscience de la valeur du minerai qu’ils extraient, incapables de négocier leur richesse, ils sont à la merci des intermédiaires peu scrupuleux qui rachètent le fruit de leur travail à vil prix. 

RDC, Congo

© Sylvain Dorient

Aucune crise des vocations à l’horizon

« Par bonheur, nous avons une Église dynamique et vivante », jamais abattu, le visage du prêtre s’illumine. Ici, les églises sont pleines, les dimanches comme la semaine et les fidèles laissent éclater leur joie, chantant et dansant devant les autels. Les séminaires fournissent chaque année de grandes promotions et il n’y a aucune crise des vocations à l’horizon !  

Le vicaire est reçu en grande pompe pour la cérémonie de prise d’habit de deux sœurs auprès des Filles de la Résurrection. L’une d’entre elle, venant du Rwanda, est joyeusement accueillie avec toutes l’effusion dont savent faire preuve les religieuses congolaises ; chez elle la joie de l’Évangile ne se met certainement pas sous le boisseau ! Cet accueil ne va pourtant pas de soi dans cette région du Congo où la population est martyrisée par des groupes armés d’origines rwandaises. Parmi toutes les missions impossibles confiées à l’Église du Congo, celle de prêcher la fraternité n’est certainement pas la dernière.

Source : ALETEIA, le 22 mai 2023

François aux jésuites de RDC et du Soudan du Sud: le monde va droit vers l’abîme

Rencontre du Pape François avec les jésuites lors de son voyage en RDC et au Soudan du SudRencontre du Pape François avec les jésuites lors de son voyage en RDC et au Soudan du Sud (Vatican Media)

François aux jésuites de RDC et du Soudan du Sud: le monde va droit vers l’abîme 

Dans les deux pays africains qu’il a récemment visités, le Pape a partagé avec les jésuites locaux ses principales préoccupations la dérive guerrière du monde, et la nécessité d’une approche synodale pour la sauvegarde de l’environnement.

Antonella Palermo – Cité du Vatican

Les conflits, la cruauté de la violence, la protection des patrimoines naturels et les maux de l’Église sont quelques-uns des thèmes abordés par le Pape François lors des rencontres qu’il a eues avec des jésuites en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, rencontres qui sont devenues des rendez-vous fixes dans l’agenda de ses voyages apostoliques.

Le monde entier est en guerre, le courage de faire marche arrière

Le 2 février, 82 jésuites de RDC et d’Angola – qui composent la province jésuite d’Afrique centrale – sous la conduite du provincial Rigobert Kyungu, ont rencontré le Saint-Père à la nonciature à Kinshasa. Mgr Donat Bafuidinsoni, évêque d’Inongo, était également présent. Au cours des échanges, la question de la mission de réconciliation et de justice – une des options préférentielles de la Compagnie de Jésus – a fait l’objet d’une grande attention. «Ici, le thème du conflit, des luttes entre factions, est fort. Mais ouvrons les yeux sur le monde: le monde entier est en guerre» a déclaré le Pape, rappelant les conflits en Syrie, au Yémen, en Birmanie, ou encore en Ukraine. «L’humanité aura-t-elle le courage, la force ou même la possibilité de faire marche arrière?»,s’interroge François, en constatant amèrement que «nous allons droit vers l’abîme. […] Je suis désolé de le dire, mais je suis un peu pessimiste».

La production d’armes et la faim dans le monde

«Aujourd’hui, il semble vraiment que le principal problème soit la production d’armes. La faim dans le monde ne diminue pas et nous continuons à fabriquer des armes […]. Et ne parlons pas des armes atomiques! Je crois encore à un travail de persuasion», a souligné le Souverain pontife devant les jésuites congolais, laissant transparaitre l’espoir d’une initiative diplomatique.

Revenant ensuite sur sa rencontre avec les victimes des violences, François avoue avoir été marqué par les témoignages entendus, et par la «cruauté inimaginable» subie par des personnes innocentes. Aux jésuites du Soudan du Sud, il dénonce «une culture païenne de la guerre, où l’on compte le nombre d’armes que l’on possède».

La sauvegarde du fleuve Congo

Le Pape s’est longuement attardé sur la question environnementale, avec toutes ses répercussions économiques, en considérant le bassin du fleuve Congo, et sa forêt, deuxième poumon vert de la planète après l’Amazonie, menacé par la déforestation, la pollution, l’exploitation intensive et illégale. Lorsque la question est posée sur la possibilité d’un Synode sur cette région à l’image de celui organisé pour l’Amazonie, François répond en privilégiant un engagement synodal de la Conférence épiscopale au niveau local.

L’Église n’est pas une multinationale de la spiritualité

Sur les questions liturgiques, le Saint-Père exprime son appréciation du rite congolais, «une œuvre d’art, un chef-d’œuvre», pensé non pas comme une adaptation, mais comme «une réalité poétique et créative». Il revient ensuite sur l’image de l’Église comme hôpital de campagne, invitant à ne pas tomber dans la laideur de l’autoritarisme, «miroir d’une société blessée par la mondanité et la corruption». «L’Église n’est pas une multinationale de la spiritualité. Regardez les saints! Guérissez, soignez les blessures que le monde vit! Servez les gens!», a ajouté François, «le verbe « servir » est très ignatien. « Aimer et servir » est la devise ignacienne. Je veux une Église de service».

Préparatifs en cours pour l’anniversaire du Concile de Nicée

Le Pape se projette en 2025, année du 1700e anniversaire du premier concile de Nicée. Il mentionne que des préparatifs sont en cours avec le patriarche Bartholomée pour le célébrer «en tant que frères», dans l’espoir de parvenir à un accord sur la date de Pâques. Il aborde également une nouvelle fois le sujet de la démission. Il ne pense pas que la démission des papes doive devenir une chose normale: «Benoît XVI a eu le courage de le faire parce qu’il n’avait pas envie d’aller de l’avant à cause de sa santé. Ce n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Je crois que le ministère du Pape est ad vitam. Je ne vois aucune raison pour qu’il n’en soit pas ainsi». Et il pense de même pour le rôle de supérieur général de la Compagnie: «Oui, je suis conservateur sur ce point», dit-il.

L’Afrique a besoin de politiciens non corrompus

Au Soudan du Sud, le 4 février, François a eu une réunion à Juba avec les 11 jésuites travaillant dans le pays et le père Kizito Kiyimba, supérieur de la province d’Afrique de l’Est, qui comprend le Soudan, le Soudan du Sud, l’Éthiopie, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie. L’Afrique doit croître et non être exploitée: c’est le rêve exprimé ici par le Pape pour le continent, un thème sur lequel il avait déjà interagi en novembre dernier lors d’une rencontre en ligne avec des étudiants africains. Vif est le souvenir de ces témoignages qui avaient révélé une intelligence brillante. «L’Afrique a besoin de politiciens qui soient de telles personnes: bons, intelligents, qui font grandir leur pays. Des hommes politiques qui ne se laissent pas abuser par la corruption, surtout. La corruption politique ne laisse aucune place à la croissance du pays, elle le détruit», a-t-il répété avec ses frères jésuites.

Le processus de béatification d’Arrupe continue

Il y avait aussi de la place pour parler du processus de béatification du père Arrupe, avec les jésuites du Soudan du Sud. «Sa cause va de l’avant, a-t-il dit, car une des étapes est déjà terminée. J’en ai parlé avec le père général. Le plus gros problème concerne les écrits du père Arrupe. Il a tellement écrit et il est nécessaire de tout lire. Et cela ralentit le processus». Se souvenir de sa figure donne également au Pape l’occasion de souligner l’importance de la prière, une prière qui s’incarne toujours dans les exigences de la réalité dans laquelle nous nous trouvons. «J’ai peur des prédicateurs de prière qui font des prières abstraites, théoriques, qui parlent, parlent, mais avec des mots vides», souligne François. Cette prière que, avec le courage et la tendresse, saint Ignace voulait chez les jésuites. C’est l’invitation que le Pape adresse aussi à ses compagnons d’aujourd’hui.

Source : VATICANNEWS, le 16 février 2023

RDC : Le message du pape a rendu courage au peuple congolais

Selon la Libre Afrique le pouvoir qui espérait capitaliser sur ce voyage en vue des prochaines élections a été secoué par les discours de François. C’est du moins le point de vue du politologue Jean-Claude Mputu (issu de l’Université de Liège, nde Belgicatho) :

« Ce jeudi, à l’occasion de la rencontre avec la jeunesse congolaise au stade des Martyrs de Kinshasa, à portée de voix du parlement, des milliers de jeunes ont scandé “Fatshi oyebela Mandat esili” (“Fatshi, sache-le, ton mandat est fini”).

Le pouvoir de Félix Tshisekedi, qui espérait transformer cet accueil du pape François en terres congolaises en une démonstration de force de sa “diplomatie galopante”, en est pour ses frais. Le message du pape a revigoré une Église catholique qui semblait à bout de souffle ces derniers mois. “Nous espérons des mots justes pour nous redonner confiance”, nous expliquait dimanche soir, à la veille de l’arrivée du Saint-père à Kinshasa, un évêque congolais, qui avouait : “on est un peu fatigué. On a lutté au côté du peuple pour la démocratie en prenant des risques sous Kabila. On a lutté pour la vérité des urnes et on se retrouve avec un régime qui est entre les mains d’un ancien opposant devenu peut-être pire que son prédécesseur. C’est terriblement usant”.

Quelques heures plus tard, après le premier discours “percutant” du pape face aux autorités et au peuple de Kinshasa, le ton a changé : “François a tout dit… dans les formules de la diplomatie vaticane”. “Il y aura bien un avant et un après voyage du pape au Congo”, explique un prélat.

”Le message du pape démontre que la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a fait un bon travail en amont, explique Jean-Claude Mputu, politologue et chercheur congolais. François a bien été briefé. Son discours transpire de cette connaissance. Ses mots sont justes et il n’épargne personne. La communauté internationale en prend pour son grade sur l’exploitation des richesses du pays. Le pouvoir, corrompu, affairiste et tribaliste, n’est vraiment pas épargné. Le seul gagnant, c’est le peuple”, poursuit-il, jugeant : “il est réconforté, il retrouve de l’énergie pour se battre. La machine est relancée”.

La société civile au centre du combat

Cela signifie-t-il que la Cenco se retrouvera au centre du combat comme en 2016 face au président Joseph Kabila ? “Pas forcément, poursuit Jean-Claude Mputu pour qui ce rôle moteur pourrait revenir “aux laïcs catholiques et protestants associés aux mouvements citoyens.”

Mais les témoins de ces derniers jours à Kinshasa témoignent tous du changement de ton “à différents niveaux de la société”. L’Église catholique, jugée moribonde, a prouvé qu’elle était toujours une des forces essentielles de ce pays. “C’est une institution millénaire, continue M. Mputu. L’Église a son temps. Personne n’a oublié les injures qu’elle a reçues suite à sa position face à la désignation par le pouvoir du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) Denis Kadima. Personne ne peut oublier que la résidence du cardinal a été caillassée par les supporters du pouvoir, c’est unique, c’est gravissime. Aujourd’hui, elle a remis les choses au point”.

Le cardinal sort renforcé

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Ce voyage papal permet aussi au cardinal Ambongo, le successeur de Laurent Monsengwo, de reprendre sa position centrale sur l’échiquier national. L’homme, originaire de l’Équateur, s’est souvent montré très critique face au pouvoir tout en étant moqué par celui-ci et pointé du doigt par les diplomates en poste à Kinshasa pour qui il était mal venu de critiquer le patron de la Ceni. “Pour nombre de diplomates, l’essentiel est d’organiser les élections dans le respect du calendrier. La qualité importe peu”, explique un expert électoral qui avoue “son plaisir d’entendre les mots du pape. Il va obliger tout le monde à se remettre sur de bons rails. On ne peut pas faire n’importe quoi au nom d’un statu quo qui arrangerait tout le monde sur le dos du peuple. C’est insupportable. Oui, il faut avoir un regard critique sur l’organisation de ce scrutin. Oui, il faut oser dire qu’on va droit dans le mur.”

Trop souvent, la communauté internationale n’a présenté que deux options pour ce scrutin. Le premier prévoit le respect du calendrier comme élément essentiel et tant pis si tout est loin d’être parfait. En cas d’échec, le peuple congolais devrait accepter le second scénario qui consiste en un report du scrutin (glissement) avec une transition emmenée par le pouvoir actuel. “C’est se moquer ou, du moins, faire peu de cas du peuple congolais”, explique un activiste qui prône, en cas de non-organisation du scrutin dans les temps, “une vraie transition” sans accepter de laisser le président en place. “Ce serait un chèque en blanc pour ceux qui ne respectent pas les lois et le peuple”. “C’est le message du cardinal qui n’a parlé essentiellement que de deux choses : la souffrance du peuple et la nécessité d’avoir des élections libres et transparentes”, enchaîne Jean-Claude Mputu. Deux semaines avant l’arrivée du pape, catholiques et protestants ont remis un rapport intermédiaire sur les préparatifs électoraux qui fustigeaient le travail de la Ceni. Forts du message papal, catholiques et protestants, qui représentent approximativement 80 % des Congolais, sont appelés à mettre la pression sur un pouvoir qui tente d’organiser son maintien aux affaires “Il n’y aura plus de temps mort”, souligne Jean-Claude Mputu qui s’attend à ce que la pression populaire s’intensifie dès les prochains jours. “La marche de manœuvre de Tshisekedi est limitée, poursuit notre expert électoral. Le cardinal, lui, est intouchable. Il est la figure du pape en RDC et François a dit au visage du monde ce que le cardinal était le seul à dire jusqu’ici. Il est devenu un acteur encore plus essentiel pour l’avenir du processus électoral, pour l’avenir du pays”.  

Il est à noter par ailleurs qu’avant son départ de Kin, « le pape – qui semblait fatigué – a prononcé un dernier discours devant les évêques de RDC. Il les a invités à ne pas se limiter à l' »action politique » pour se concentrer sur le peuple, dans un pays où l’Église fait traditionnellement office de contre-pouvoir, au-delà de son rôle clé dans l’éducation, la culture ou la santé »(Euronews) Nde Belgicatho.

Ref. RDC : Le message du pape a rendu courage au peuple congolais

Isidore Bakanja – Une âme en paix

Isidore Bakanja – Une âme en paix

La République Démocratique du Congo, où le pape se rend en visite pastorale du 31 janvier 2023 au 2 février, est le deuxième pays le plus vaste d’Afrique, grand comme quatre fois la France. Ce géant du continent a réveillé de nombreuses convoitises. Attribué à Léopold II, roi des Belges, après la Conférence de Berlin de 1884, le pays devient rapidement la proie des concessionnaires européens. La population y est exploitée. Simple domestique, Isidore Bakanja extrait le caoutchouc pour le compte d’une société belge. Il n’aurait pas attiré l’attention de son employeur Van Cotter, profondément anticlérical, si ce catholique convaincu n’exerçait pas une influence considérable sur ses compagnons obtenant plusieurs conversions. De Kisangani à Bukavu, ce documentaire va sur les traces d’Isidore Bakanja, de la dévotion au scapulaire, dont le bienheureux congolais était revêtu, et de ce christianisme d’Afrique centrale en plein essor. UNE PRODUCTION KTOTV 2022 – Réalisée par Aurélien Petit

RDC : la vitalité des communautés chrétiennes à Bukavu

RDC : la vitalité des communautés chrétiennes à Bukavu

A Bukavu, à l’est de la République Démocratique du Congo, les communautés chrétiennes sont très vivantes dans la Région du Sud-Kivu, une zone marquée par des conflits armés depuis plus de 25 ans. Malgré la guerre, la pauvreté et les violences au quotidien, l’Eglise se mobilise et soutient la population, un point d’ancrage pour tous et un lieu d’Espérance. Un reportage en partenariat avec l’Aide à l’Église en Détresse.

Rencontre du pape François avec les évêques de République démocratique du Congo

Rencontre du pape François avec les évêques de République démocratique du Congo

Ce vendredi 3 février 2023 à 8h30 (UTC+1), le pape François rencontre les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). C’est par cette rencontre que le pape François termine son voyage en République démocratique du Congo, avant de s’envoler pour le Soudan du Sud, où il répond comme en RDC à l’invitation des chefs d’État et des conférences épiscopales.

Développement suit.

Et soudain, le stade de Kinshasa s’est levé avec le Pape contre la corruption

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TIZIANA FABI | AFP

La rencontre avec les jeunes et les catéchistes dans le stade des Martyrs de Kinshasa ce jeudi 1er février a donné lieu à une séquence électrique. Le pape François, qui venait de dénoncer la corruption, a dû interrompre quelques instants son discours devant les chants et slogans des quelque 65.000 personnes dont certains visaient les responsables politiques. 

« Tous ensemble, disons “Pas de corruption !” » C’est dans un français chancelant que le Pape a demandé à la foule de jeunes de s’engager publiquement contre ce fléau qui ravage la RDC, l’un des pays les plus corrompus au monde selon un classement de l’ONG anticorruption Transparency International.

Dans une ambiance déjà survoltée, c’est tout un stade qui d’un coup est entré en fusion. « Tobayi corruption ! », ont d’abord lancé les milliers de Congolais, avant d’entonner des chants contre la corruption, encouragés par le Pape.

Une foule qui s’embrase

« Kanyaka erli kaka », ce qui signifie « La corruption continue », ont-ils chanté en lingala ou bien encore « Biso ba jeune, posa na insala te » – « Nous, la jeunesse, nous sommes au chômage ». « Ça me plaît cette chanson, vous êtes braves », a alors commenté le pontife, augmentant encore d’un cran le niveau sonore dans le stade vrombissant.

Tentant de reprendre le fil de son discours, le pape François a finalement dû s’interrompre et laisser la foule s’embraser encore. Dans les tribunes du stade, des slogans ont mis en garde directement le président de la République, Félix Tshisekedi. « Cher président, vous devez faire attention », était-il possible d’entendre notamment, selon un membre du staff de Vatican News.

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TIZIANA FABI | AFP

Sentant la situation lui échapper et comprenant manifestement que la foule invectivait des responsables politiques, le Pape de 86 ans a finalement fait signe aux organisateurs pour qu’ils stoppent la ferveur venue des tribunes. C’est ainsi qu’un speaker a appelé la foule au calme. L’improbable séquence d’environ 5 minutes s’est déroulée dans un stade où était notamment présent le Premier ministre du pays, Jean-Michel Sama Lukonde.

C’est bien que le Pape vienne nous parler mais il faudrait surtout que les élites l’entendent !

« C’est bien que le Pape vienne nous parler mais il faudrait surtout que les élites l’entendent ! », confiait quelques minutes auparavant Brenda, une jeune femme de 27 ans, excédée par l’incapacité des gouvernements successifs à proposer un avenir aux jeunes.

Pour elle et ses amis venus au stade des Martyrs, le pape François est comme le « porte-parole de la cause des jeunes en RDC ». « Lui peut le faire car personne ne lui fera du mal… Nous, si nous manifestons, la police sortirait les gaz lacrymogènes… Je ne veux pas risquer ma vie », avouait-t-elle.

Dans ce pays dont les deux tiers de la population a moins de 24 ans, certains d’entre eux n’hésitent plus à penser à l’exil, comme Louisine, 30 ans, et mère de deux enfants avec un mari au chômage. « On a du mal à se nourrir, à nourrir nos enfants… Comment envisager notre avenir dans un pays qui nous rejette ? »

[En images] Le voyage du pape François en RDC et au Soudan du Sud

Le voyage du pape François en RDC et au Soudan du Sud

Source : ALETEIA, le 2 février 2023

RDC – Le viol dans l’est de la RDC est une arme de guerre pour anéantir des communautés entières

« Une action visant à humilier et à tuer une communauté par des actes singuliers et parfois systématiques perpétrés dans tel ou tel village ». C’est ainsi qu’un rapport envoyé à l’Agence Fides, signé par le Père Justin Nkunzi, Directeur de la Commission  » Justice et Paix  » de l’Archidiocèse de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, décrit depuis 2007 (voir Fides 29/10/2007) l’utilisation instrumentale de la violence sexuelle comme arme de guerre. L’objectif est d’anéantir la population locale en tant que communauté et de l’inciter à quitter les zones visées par l’un des 120 groupes armés différents qui sévissent dans les trois provinces de l’est de la République démocratique du Congo.
« La femme est considérée avant tout comme une mère », souligne le rapport. Elle donne la vie. Elle représente tout ce qui est sacré dans la tradition africaine. Dans un tel contexte, la violence à l’égard des femmes est considérée comme un moyen d’infliger la mort à toute une communauté. C’est une façon de frapper au cœur même de la communauté ».
Une situation qui n’a pas du tout changé depuis 2007 (mais les crimes se poursuivent depuis les années 1990). « Dans la culture congolaise, faire violence à une femme, c’est faire violence à sa mère, car c’est elle qui donne la vie et éduque sa progéniture. Le viol est planifié comme une tactique de guerre par des personnes qui connaissent bien la communauté locale. La violence est donc la marque indélébile d’une guerre sans fin. Les victimes sont souvent des enfants, les plus faibles et les plus vulnérables », a déclaré à l’Agence Fides, depuis Bukavu en 2021, le Père Bernard Ugeux, prêtre d’origine belge, appartenant à la Congrégation des Missionnaires d’Afrique (également appelés « Pères Blancs ») (voir Fides 28/12/2021).
Hier, 1er février, la rencontre du Pape François avec certaines des victimes de l’est de la RDC de cette véritable stratégie que l’on pourrait qualifier de « génocide culturel » est un puissant rappel d’une réalité qui ne peut être ignorée. « La guerre (dans l’est de la RDC), dit le Pape, est déclenchée par une avidité insatiable pour les matières premières et l’argent, qui alimente une économie armée qui exige l’instabilité et la corruption ». Quel scandale et quelle hypocrisie : des gens sont violés et tués alors que des entreprises qui provoquent la violence et la mort continuent de prospérer ! »
En 2018, le prix Nobel de la paix a été attribué au Dr Denis Mukwege, médecin et pasteur protestant congolais, né à Bukavu, qui soigne depuis des décennies les femmes et les filles victimes de viols de guerre dans l’est de la RDC, à l’hôpital de Panzi, dans la capitale du Sud-Kivu.
Le docteur Mukwege a souligné (voir Fides 29/10/2012) combien les viols de guerre sont des armes utilisées dans différents conflits dans le monde, de l’ex-Yougoslavie à la Syrie :  » J’ai rencontré des femmes bosniaques et des médecins syriens qui m’ont raconté des viols similaires « .
Un artisan de la paix qui, comme l’a dit le Pape François, « répond au mal par le bien, à la haine par l’amour, à la division par la réconciliation » afin de « transformer la réalité de l’intérieur au lieu de la détruire de l’extérieur ».

Source : Agence Fides, le 2 février 2023

À la cathédrale de Kinshasa, les encouragements du Pape aux religieux congolais

À la cathédrale de Kinshasa, les encouragements du Pape aux religieux congolais

Dernier événement public de cette journée du Pape à Kinshasa, la rencontre ce jeudi après-midi 2 février avec les prêtres, diacres, personnes consacrées et séminaristes de RDC, en la cathédrale Notre-Dame du Congo de Kinshasa. Dans son discours, François est revenu sur les nombreux défis de l’Église congolaise et a rappelé l’importance de servir le peuple, comme témoins de l’amour de Dieu. 

Olivier Bonnel – Cité du Vatican

En cette journée mondiale de la Vie consacrée, c’est devant plus d’un millier de prêtres, religieux et religieuses ou séminaristes que le Pape François a tenu ce jeudi son dernier événement public, depuis la cathédrale Notre-Dame de Kinshasa. «Votre venue en RDC nous redonne des raisons d’espérer et de nous projeter dans l’avenir avec plus de détermination et de dévouement», a expliqué le cardinal Ambongo, archevêque métropolitain de la capitale congolaise dans son mot d’accueil, revenant sur«d’énormes défis» auxquels sont confontés les pasteurs de RDC.

Le Souverain pontife a ensuite délivré une longue réflexion pour saluer la vivacité de cette Église congolaise et encourager ses pasteurs face à ces défis. «En mettant Jésus au centre, le regard sur la vie change et, malgré les souffrances et les peines intérieures, nous nous sentons enveloppés de sa lumière, consolés par son Esprit, encouragés par sa Parole, soutenus par son amour» a t-il expliqué, revenant sur la présentation de Jésus au temple. Malgré les «conditions difficiles et parfois dangereuses» dans lesquelles l’Église congolaise exerce sa mission, «il y a aussi beaucoup de joie dans le service de l’Évangile et les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont nombreuses». 

Dieu ouvre des chemins dans nos déserts

En reprenant les paroles du prophète Isaïe, le Pape a expliqué «combien Dieu ouvre des chemins dans nos déserts et nous, ministres ordonnés et personnes consacrées, nous sommes appelés à être le signe de cette promesse et à la réaliser dans l’histoire du Peuple saint de Dieu». François a ainsi relevé que la mission à laquelle l’Église était appelée était « servir le peuple comme témoins de l’amour de Dieu ».

«À travers vous, le Seigneur veut aujourd’hui encore oindre son peuple avec l’huile de la consolation et de l’espérance. Et vous êtes appelés à vous faire l’écho de cette promesse de Dieu, à rappeler qu’Il nous a façonnés et que nous Lui appartenons, à encourager le cheminement de la communauté et à l’accompagner dans la foi à la rencontre de Celui qui marche déjà à nos côtés», a ajouté le Pape. 

“Dieu ne permet pas aux eaux de nous submerger, ni au feu de nous brûler.”

Être serviteurs du peuple s’incarne dans les prêtres, sœurs, missionnaires qui ont fait l’expérience de la joie de la rencontre libératrice avec Jésus et qui l’offrent aux autres. «Pour vivre ainsi notre vocation, a poursuivi François, nous avons toujours des défis à affronter, des tentations à vaincre. Je voudrais m’arrêter brièvement sur les trois suivantes: la médiocrité spirituelle, le confort mondain, la superficialité».

Vaincre la médiocrité spirituelle passe avant tout par une vie nourrie par la prière: «Le secret de tout, c’est la prière car le ministère et l’apostolat ne sont pas d’abord notre œuvre et ne dépendent pas seulement de moyens humains», a souligné le Saint-Père, invitant son auditoire à cultiver les rythmes liturgiques de la prière qui cadencent la journée, de la messe au bréviaire, sans oublier la confession. Le Pape a aussi conseillé de ne jamais se lasser d’invoquer la Vierge Marie. 

Les dangers d’un confort mondain

Le deuxième défi est celui de vaincre la tentation du confort mondain. Cette mondanité, qui fait rechercher son confort avant tout fait en sorte que l’«on perd de cette façon le cœur de la mission qui est de sortir des territoires du moi pour aller vers les frères et les sœurs, en exerçant, au nom de Dieu, l’art de la proximité». «Il est triste de se replier sur soi-même en devenant de froids bureaucrates de l’esprit», a poursuivi le Pape, parlant même de « scandale » quand cela arrive dans la vie d’un prêtre ou d’un religieux, qui devraient au contraire être «des modèles de sobriété et de liberté intérieure»

«Qu’il est beau en revanche de rester transparent dans les intentions et libéré des compromis avec l’argent, en embrassant avec joie la pauvreté évangélique et en travaillant aux côtés des pauvres ! Et qu’il est beau de rayonner en vivant le célibat comme signe de disponibilité complète au Royaume de Dieu! Que ces vices, que nous voudrions éradiquer chez les autres et dans la société, ne se trouvent jamais enracinés en nous. S’il vous plaît, faisons attention au confort mondain».

Enfin, le troisième défi est celui de vaincre la tentation de la superficialité. «Un don a été mis entre nos mains et il serait présomptueux de notre part de penser pouvoir vivre la mission à laquelle Dieu nous a appelés sans travailler chaque jour sur nous-mêmes, et sans nous former de manière comme il convient à la vie spirituelle à la théologie», a expliqué François, insistant sur une formation solide du clergé, qui est «un chemin à poursuivre toujours, toute la vie».

La vie qui parle avant tout

Ces défis dont je vous ai parlé doivent être affrontés si nous voulons servir le peuple comme témoins de l’amour de Dieu, car le service n’est efficace que s’il passe par le témoignage, a encore expliqué le Pape. «Pour être de bons prêtres, diacres et consacrés, les paroles et les intentions ne suffisent pas : c’est avant tout la vie qui parle». Face aux nombreux défis de ces religieux et personnes consacrèes, François a ainsi expliqué que le ministère auquel ils sont appelés est celui-ci: «Offrir proximité et consolation, comme une lumière toujours allumée au milieu de tant d’obscurité. Et pour être frères et sœurs de tous, soyez-le d’abord entre vous : témoins de fraternité, jamais en guerre ; témoins de paix, apprenant à dépasser aussi les aspects particuliers des cultures et des origines ethniques».

Soyez ainsi, vous aussi: dociles au Dieu de la miséricorde, jamais brisés par les vents des divisions, a conclu le Saint-Père en exhortant ses hôtes à ne pas se décourager: «Vous êtes précieux, importants: je vous le dis au nom de l’Église tout entière. Je vous souhaite d’être toujours des canaux de la consolation du Seigneur et des témoins joyeux de l’Évangile, prophétie de paix dans les spirales de la violence, disciples de l’Amour, prêts à soigner les blessures des pauvres et de ceux qui souffrent».

Rencontre du Pape avec les prêtres, séminaristes et personnes consacrées à Kinshasa

Source : VATICANNEWS, le 2 février 2023