Quatrième et dernière prédication de Carême. (Vatican Media)
Carême: par son Ascension, Jésus nous invite à devenir ses témoins
Pour la dernière prédication de Carême de cette année 2025, le père capucin Roberto Pasolini a choisi de méditer sur les épisodes de l’Évangile qui ont suivi la Résurrection. S’arrêtant sur l’Ascension du Seigneur, le prédicateur de la Maison pontificale estime que les chrétiens sont invités à devenir «les témoins et les animateurs d’une humanité nouvelle, en passant par la porte étroite de l’Amour du Christ».
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Les quatre méditations proposées en ces vendredis de Carême avaient pour objectif de «nous aider à rester ancrés et fermes sur l’ancre de notre vie: le Christ», a commenté le père Roberto Pasolini, qui a voulu conclure ce cycle, du baptême de Jésus, sa vie publique et enfin sa résurrection, par une réflexion consacrée à son Ascension.
Ce vendredi 11 avril, le prédicateur de la maison pontificale a débuté en évoquant l’échange entre le Christ ressuscité et Marie-Madeleine, tout près du tombeau du Christ. Marie-Madeleine s’inquiète de l’absence du corps du Christ, pour l’embaumer, et chérir ce cadavre, comme elle chérit sa vie avant la Passion de Jésus. Mais pour le père Pasolini, «cette tendance à embaumer l’absent peut aussi devenir une pathologie dont notre cœur devient gravement malade, empêchant cette réouverture, si douloureuse mais si nécessaire, à laquelle nous sommes appelés après chaque séparation».
Chercher le Christ dans l’humanité
En effet, Marie-Madeleine ne reconnait pas tout de suite le Christ, car elle est enfermée dans son deuil. Mais après plusieurs «retournements» de Marie-Madeleine, évoqués dans une récente catéchèse du Pape François, elle reconnait le Christ, «qui l’appelle par son nom et regarde son visage».
Elle veut alors retenir le Christ, qui l’empêche de le faire: «Ne me retiens pas», lui intime-t-il (Jn 20,17-18). «C’est la dernière et grande tentation que nous pouvons éprouver face à la Pâque du Christ: celle d’empêcher la puissance de son Esprit de nous transformer en créatures nouvelles», souligne le père Pasolini.
Plutôt que de rester avec le Christ ressuscité, Marie court vers «ses frères et sœurs», comme nous devons le faire pour «éviter le risque de transformer Pâques en une forme d’idolâtrie religieuse», poursuit le capucin. En assumant de devenir un homme, Jésus nous appelle «à le chercher partout comme une réalité vivante, en particulier dans le mystère de notre humanité».
Mêler Ciel et terre
Devant des dizaines de membres de la Curie réunis salle Paul-VI au Vatican, ainsi que le dicastère pour le Service du développement humain intégral effectuant ce jour son pèlerinage jubilaire, le prédicateur a continué avec le mystère de l’Ascension. Regarder vers le ciel est le signe d’une nature spirituelle, d’une élévation de l’âme dans l’iconographie traditionnelle, explique le religieux. Pourtant, à l’image des disciples qui regardent vers le Ciel et se font questionner par un ange («Pourquoi vous tenez-vous là à regarder vers le ciel?», Actes des Apôtres 1,9-11), le père Pasolini encourage à «ne plus chercher Dieu dans les hauteurs, mais à reconnaître la gloire de son amour dans les petites choses quotidiennes».
Ainsi, «l’Ascension sert à renverser définitivement l’ordre des choses: la terre et le ciel échangent leurs rôles, l’Esprit habite les réalités visibles, tandis que la chair humaine fait son entrée définitive dans les réalités invisibles, “pour que Dieu soit tout en tous“». Car après l’Ascension, Jésus promet de revenir, un retour qui se fera «par le témoignage vivant des enfants de Dieu», assure le religieux capucin.
«Proclamez la bonne nouvelle à toute créature»
La mission que Jésus confie à ses disciple est de porter l’Évangile à toutes les créatures, pas seulement aux êtres humains, comme saint François prêchait aux oiseaux ou saint Antoine aux poissons. Une perspective «reposante», pour le père Pasolini, et qui permet d’abord «de reconnaître et honorer la vie de l’autre, avant d’espérer ou de provoquer sa transformation». «Si nous regardons les autres en tant qu’êtres humains, en oubliant leur statut originel de créatures, nous pouvons facilement glisser vers le jugement et la prétention à leur égard», ajoute-t-il.
C’est ainsi «une nouvelle opportunité» pour l’Église, celle de «regarder l’histoire de chaque personne avec humilité et respect».
Enfin, le prédicateur de la maison pontificale revient sur l’annonce «aux extrémités de la terre». Cette expression n’est pas à prendre au sens strict, spatio-temporel, mais il s’agit au contraire d’un encouragement à «aller soigneusement et respectueusement au cœur de chaque condition, en embrassant sa complexité».
En conclusion, alors que les recherches scientifiques se poursuivent pour une vie terrestre de plus en plus longue, «le Seigneur Jésus nous montre combien il est précieux de savoir prendre congé et distance, pour demeurer dans une communion plus profonde et plus authentique».
Le père Roberto Pasolini, O.F.M. Cap., prédicateur de la Maison pontificale, propose une prédication les vendredis de Carême pour se préparer à Pâques. Sa prédication est à suivre depuis la salle Paul VI les vendredis 21 mars, 28 mars, 4 avril et 11 avril à 9h.
Un moment des exercices Spirituels prêchés par le père Roberto Pasolini dans la Salle Paul VI du Vatican. (VATICAN MEDIA Divisione Foto)
Carême: la vie n’est pas un film vide de sens
Résumé de la dixième méditation du prédicateur de la Maison pontificale, qui conduit les exercices spirituels de Carême de la Curie romaine, en la salle Paul VI. Le père capucin Roberto Pasolini réfléchit, pour la méditation du vendredi 14 mars, sur la «transformation continue» de la vie, la comparant à une graine qui pousse à travers les joies, les peines, les conquêtes et les échecs. Le Pape François s’unit spirituellement à ces exercices spirituels depuis l’hôpital .
Vatican News
La vie, avec sa beauté et ses difficultés, nous met devant une question cruciale: à quoi sert notre pèlerinage dans ce monde quand tout est voué à s’achever? Sans l’espérance dans l’éternité, le poids de la réalité peut nous écraser ou nous rendre cyniques, nous poussant à la résignation. Saint Paul propose de fixer le regard sur les choses invisibles, qui sont éternelles.
L’humanité est marquée par le déclin physique, mais il existe un renouvellement intérieur qui se produit jour après jour. Tout ce qui semble se dissoudre a en réalité un destin plus grand: Dieu nous a créés pour la résurrection, et cela n’est pas un rêve utopique, mais la logique naturelle d’une existence appelée à la plénitude.
Dans le mystère de la croix et de la résurrection du Christ, Dieu a accompli son dessein d’amour. L’apparente défaite du Crucifié est en réalité la révélation d’un Père qui ne renonce pas à ses enfants. Cela signifie que notre vie n’est pas laissée au hasard, mais qu’elle fait partie d’un projet d’adoption et de rédemption qui fait de nous des enfants aimés et destinés à l’éternité. Tout ce que nous vivons — joies, douleurs, réussites et échecs — fait partie d’une transformation continue, semblable à celle d’une graine qui, mourante, génère une nouvelle vie. Il en va de même pour nous qui, bien que traversant la frontière de la mort, sommes destinés à une vie nouvelle et glorieuse.
Cette transformation n’est pas seulement à venir, mais commence dès maintenant. Dans l’Eucharistie, en effet, se produit un échange mystérieux: nous offrons à Dieu notre vie et nous recevons en échange le Christ lui-même, qui nous transforme dans son amour. A chaque Messe que nous célébrons, tout ce que nous sommes est pris dans la vie du Christ, qui l’emporte avec lui devant le Père. Ce n’est pas un rite symbolique, mais un processus réel de transformation de notre personne, qui fait de nous des participants à la vie éternelle déjà dans le présent.
Nous ne savons pas exactement comment les choses se dérouleront à la fin, mais nous savons que ce que nous serons germe déjà en nous. Nous ne sommes pas destinés au néant, mais à un avenir riche d’espérance. Cette certitude change tout: notre vie n’est pas un film dénué de sens, mais une œuvre écrite et dirigée par un Réalisateur extraordinaire, qui nous invite à fixer le regard sur l’éternité et à marcher vers Lui avec confiance. C’est un fait réel: Dieu a généré des enfants, et parmi ces enfants, il y a aussi nous. L’avenir est devant nous comme un dessein d’amour dévoilé seulement partiellement. Toutefois, ce que nous voyons aujourd’hui est déjà merveilleux : nous sommes des enfants aimés, citoyens du ciel, vivants pour Dieu et pour toujours.
Première prédication de l’Avent, ce 6 décembre en salle Paul VI. (VATICAN MEDIA Divisione Foto)
Prédication de l’Avent, s’ouvrir à l’émerveillement devant la nouveauté de Dieu
Ce matin en Salle Paul VI, la Curie a assisté à la première des trois méditations de l’Avent du nouveau prédicateur de la Maison pontificale, sur le thème «La porte de l’émerveillement». Le père Roberto Pasolini suggère d’écouter les voix des prophètes et de suivre l’exemple de Marie et d’Élisabeth, pour reconnaître «ces semences de l’Évangile» déjà présentes dans la réalité, et pour porter l’espérance au monde.
Alessandro Di Bussolo et Isabella Piro – Cité du Vatican
L’émerveillement devant la nouveauté de Dieu, devant le mystère de l’Incarnation, est «le premier mouvement du cœur à éveiller» pour se mettre en route vers la fête de la Nativité du Seigneur «et franchir la porte du Jubilé avec une vive espérance». Un étonnement comme celui de Marie, après l’annonce de l’ange Gabriel, qui «s’est laissée attirer avec un naturel extrême» par le projet de Dieu et a voulu «y prendre part de manière libre et consciente». Mais pour cela, il faut d’abord desserrer la rigidité du cœur, dire «non» à tout ce qui risque de nous enfermer et de nous alourdir: la peur, la résignation, le cynisme. Ce n’est qu’ainsi que «nous pourrons tout regarder d’un œil nouveau, en reconnaissant les semences de l’Évangile déjà présentes dans la réalité», prêts à porter au monde l’espérance de Dieu. Telle fut l’invitation lancée au Pape et aux membres de la Curie ce vendredi matin par le nouveau prédicateur de la Maison pontificale lors de la première prédication de l’Avent. Ses trois interventions porteront sur «les portes de l’espérance. Vers l’ouverture de l’Année Sainte à travers la prophétie de Noël».
Ouvrir la porte
Après quelques mots de remerciement à son prédécesseur, le Père Raniero Cantalmessa qui fut un prédicateur «de la joie et de la lumière de l’Evangile» pour la Maison Pontificale pendant 44 ans, le Père Roberto Pasolini nous invite à ouvrir «La porte de l’émerveillement», le thème choisi pour sa première prédication, en se mettant d’abord à l’écoute de la voix des prophètes, ensuite du «courage d’être en désaccord» d’Elisabeth, et enfin à «l’humilité de l’adhésion» de Marie. Les prophètes, ceux qui «savent comprendre en profondeur le sens des événements de l’histoire», nous indiquent le défi à relever dans le temps de l’Avent, à savoir, «prendre conscience de la présence et de l’action de Dieu dans l’histoire et réveiller notre émerveillement devant ce que non seulement il peut, mais surtout il veut encore accomplir dans nos vies et dans l’histoire du monde».
Les voix des prophètes, qui admonestent puis ouvrent à l’espérance
Soulignant que, durant ce temps, la liturgie nous fait écouter de nombreux textes prophétiques, le prédicateur insiste sur le fait que leurs voix ne peuvent jamais nous laisser indifférents, car, comme le dit Jérémie, elles produisent en nous deux effets: elles admonestent pour ensuite ouvrir à l’espérance, car «Dieu réaffirme la fidélité de son amour et offre au peuple une nouvelle opportunité».
La difficulté de croire en de nouvelles lueurs
Ce sont des paroles que nous avons surtout du mal à entendre, «quand la voix de Dieu cherche à rouvrir les canaux de l’espérance», parce qu’«accueillir une bonne nouvelle n’est pas facile, surtout quand la réalité est depuis longtemps marquée par la souffrance, la déception et l’incertitude. La tentation de croire que rien de nouveau ne peut arriver s’insinue souvent dans nos cœurs». Pourtant, des voix comme celle d’Isaïe qui nous dit «voici que je fais une chose nouvelle: en ce moment même, elle germe, ne la voyez-vous pas?», nous atteignent ici même, «là où nous sommes tentés de croire que la réalité ne peut plus nous offrir de nouvelles lueurs». Le défi est donc de réveiller «l’émerveillement» devant ce que Dieu désire «accomplir à nouveau dans nos vies et dans l’histoire du monde».
Un moment du premier sermon de l’Avent.
L’exemple d’Elisabeth et de Marie
Pour nous préparer à écouter ces voix prophétiques, le père Pasolini prend l’exemple de deux figures féminines, Elisabeth et la Vierge Marie, en qui se condensent les deux attitudes fondamentales pour générer en nous un dynamisme de salut: Elisabeth a su dire «non» à l’apparente continuité des choses et des liens, tandis qu’en Marie de Nazareth nous voyons la nécessité de «savoir dire “oui” à la nouveauté de Dieu, en formulant un assentiment libre et joyeux à sa volonté».
Elisabeth, le courage d’être en désaccord
Dans sa méditation, le prédicateur de la Maison pontificale retrace l’histoire d’Elisabeth et de son mari Zacharie, telle que décrite par l’évangéliste Luc, avec le prêtre âgé «incrédule à accueillir avec confiance l’annonce d’un événement longtemps désiré, mais peut-être plus considéré comme possible»: la naissance d’un fils. En raison de son manque de foi, il reste muet jusqu’à la circoncision de Jean, le nom indiqué par l’ange. Lorsque les parents demandent que l’enfant reçoive le nom de son père, Zacharie, sa mère Elisabeth intervient: «Non, il s’appellera Jean». Zacharie, rappelle le père Pasolini, signifie «Dieu se souvient», tandis que Jean signifie «Dieu fait miséricorde». Un nom, explique-t-il, qui «déplace l’attention vers aujourd’hui» et «suggère que l’histoire, bien qu’influencée par ses héritages, est toujours capable de se dépasser et de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, s’il y a l’action de Dieu». Zacharie écrit sur une tablette son assentiment au nom de Jean et retrouve sa voix.
Le Pape et la Curie Romaine dans la Salle Paul VI
Découvrir que le meilleur est encore à venir
Pour le prédicateur, la réaction d’Elisabeth suggère «qu’il est parfois nécessaire d’interrompre le cours des choses pour s’ouvrir à la nouveauté de Dieu». «Aujourd’hui plus que jamais, à une époque extraordinaire de l’histoire de l’humanité, explique-t-il, nous avons besoin de retrouver ce type de regard spirituel sur la réalité, où, à côté des graves injustices, des guerres et des violences qui affligent tous les coins du monde, émergent de nouvelles découvertes et des voies prometteuses de libération». En effet, concentrés sur le présent, «nous peinons à investir dans l’avenir et avons tendance à imaginer demain comme une photocopie d’aujourd’hui». Le «non» d’Elisabeth, en revanche, qui remet le sort de Jean entre les mains de Dieu, «nous rappelle que rien ni personne n’est conditionné uniquement par son histoire et ses racines, mais aussi continuellement reconditionné par la grâce de Dieu».
Dire non à l’habitude pour être renouvelé par Dieu
Il y a beaucoup de «non» qui attendent d’être prononcés, poursuit le prédicateur, «non seulement contre le mal explicite, mais aussi contre le mal subtil qui est l’habitude de continuer les choses sans jamais avoir le courage de les repenser sérieusement et de le faire ensemble. Mais pour prononcer ces ‘’non courageux’’, il faut croire que Dieu est à l’œuvre dans l’histoire et que le meilleur est à venir».
Marie, l’humilité de l’adhésion
Enfin, pour parler de la réponse de Marie à l’appel du Seigneur, le père Pasolini relit l’Évangile de l’Annonciation, sous les traits «qui peuvent nous aider à retrouver un peu d’émerveillement devant le mystère de l’Incarnation». Il explique que dans saint Luc, la tâche de l’ange Gabriel semble être «d’entrer dans le cœur de Marie, sans forcer en aucune façon les portes de sa disponibilité, car le dialogue entre eux doit se dérouler en toute liberté» et «dans un climat de confiance», il est demandé à la Vierge de se réjouir, c’est-à-dire de «réaliser quelque chose qui est déjà là: le Seigneur est avec elle». Et c’est là, explique le prédicateur, «la grâce du temps de l’Avent», c’est-à-dire celle de «se rendre compte qu’il y a plus de raisons de se réjouir que de raisons de s’attrister, non pas parce que les choses sont simples, mais parce que le Seigneur est avec nous et que tout peut encore arriver».
Salle Paul VI
L’agitation de la Vierge
Mais aux paroles de l’ange, «Marie entre dans un grand trouble». Pour au moins deux raisons, selon le père Pasolini. La première est que «lorsque quelqu’un nous manifeste son amour, c’est toujours une surprise. L’amour n’est pas un événement évident» et «nous avons besoin de nous sentir reconnus et acceptés pour ce que nous sommes». La deuxième raison de la peur de Marie est «que son cœur sent que le moment est venu de se laisser pleinement redéfinir par la parole de Dieu». C’est comme si, explique-t-elle, «la Parole de Dieu écrivait sur une feuille où beaucoup d’autres affirmations se sont déjà accumulées et organisées au fil du temps, laissant peu de place à une nouvelle affirmation». Mais pendant l’Avent, l’attente et l’écoute servent précisément à «permettre à la voix de Dieu d’entrer en nous pour nous redire ce que nous sommes et ce que nous pouvons être devant sa face».
L’appel à une nouvelle vie
Enfin, l’appel à une grossesse impossible selon les critères humains expose Marie au risque de n’être comprise par personne, voire d’être jugée par tous comme une femme adultère selon les prescriptions de la loi de Moïse. Par métaphore, explique le père Pasolini, cela signifie que «toute annonce de Dieu expose nécessairement à la mort, parce qu’elle contient la promesse d’une vie pleine, entièrement donnée à Dieu et au monde». Et la peur «devant une telle responsabilité» ne peut être surmontée qu’en «considérant la beauté et la grandeur de ce qui nous attend». Mais pour s’ouvrir à tout cela, souligne le prédicateur, «nous ne pouvons pas nous limiter à dire ces “oui” qui ne nous coûtent rien et qui ne nous privent de rien». Toute «décision authentique selon l’Évangile», en effet, «coûte toute une vie et nous expose au risque de perdre des privilèges et des certitudes». Dire «oui» à Dieu, souligne-t-il, nous expose au risque de «mourir dans les équilibres que nous avons atteints et dans lesquels nous essayons de rester». Or, c’est précisément «le chemin qui nous fait nous redécouvrir nous-mêmes».
Voici la servante du Seigneur
À l’ange, la Vierge répond par son «saint étonnement», en demandant «comment cela va-t-il se passer, puisque je ne connais pas d’homme ?» Elle ne veut pas comprendre en détail le plan de Dieu, mais simplement en devenir une participante libre et consciente. Et l’ange ne lui explique pas comment elle engendrera la chair du Fils de Dieu: il lui annonce seulement que l’Esprit Saint sera son fidèle gardien. En prononçant son «Voici la servante du Seigneur: qu’il m’advienne selon ta parole», Marie «déclare tout son enthousiasme pour l’appel qu’elle vient de recevoir». C’est comme si elle disait à l’ange, «ce que tu m’as proposé d’accepter, en réalité, maintenant c’est moi qui le veux et qui le choisis», explique le prédicateur.
Les annonces que nous recevons dans notre vie
Pour le père Pasolini, «toutes les annonces que nous recevons sur le chemin de la vie ne peuvent que se terminer ainsi. Quand la lumière de Dieu réussit à nous montrer que dans la peur de ce qui nous attend se trouve la fidélité d’une promesse éternelle, l’émerveillement naît en nous et nous nous découvrons capables de prononcer enfin notre ‘’me voici’’».