15.08.2023 – SOLENNITÉ DE L’ASSOMPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

Assomption de la Vierge, Titien, 1515, Basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari

Paroisses “San Tommaso da Villanova” à Castelgandolfo
Mardi 15 août 2006

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs!

Dans le Magnificat – le grand chant de la Vierge que nous venons d’écouter dans l’Evangile – nous trouvons une parole surprenante. Marie dit: “Désormais, toutes les générations me diront Bienheureuse”. La Mère du Seigneur prophétise les louanges mariales de l’Eglise pour tout l’avenir, la dévotion mariale du Peuple de Dieu jusqu’à la fin des temps. En louant Marie, l’Eglise n’a pas inventé quelque chose “à côté” de l’Ecriture: elle a répondu à cette prophétie faite par Marie en cette heure de grâce.

Et ces paroles de Marie n’étaient pas seulement des paroles personnelles, arbitraires peut-être. Elisabeth avait, comme le dit saint Luc, poussé un grand cri et dit, remplie de l’Esprit Saint: “Bienheureuse celle qui a cru”. Et Marie, elle aussi remplie de l’Esprit Saint, continue et complète ce qu’a dit Elisabeth, en affirmant: “Toutes les générations me diront bienheureuse”. Il s’agit d’une véritable prophétie, inspirée par l’Esprit Saint, et l’Eglise, en vénérant Marie, répond à un commandement de l’Esprit Saint, et fait ce qu’elle doit faire. Nous ne louons pas suffisamment Dieu si nous nous taisons sur ses saints, en particulier sur “la Sainte” qui est devenue sa demeure sur la terre, Marie. La lumière simple et multiforme de Dieu ne nous apparaît de manière juste dans sa variété et dans sa richesse que dans le visage des saints, qui sont le véritable miroir de sa lumière. C’est précisément en voyant le visage de Marie que nous pouvons voir, plus que par d’autres moyens, la beauté de Dieu, sa bonté, sa miséricorde. Nous pouvons réellement percevoir la lumière divine sur ce visage.

Toutes les générations me diront Bienheureuse”. Nous pouvons louer Marie, vénérer Marie, parce qu’elle est “bienheureuse”, bienheureuse pour toujours. Et tel est le contenu de cette Fête. Bienheureuse parce qu’elle est unie à Dieu, qu’elle vit avec Dieu et en Dieu. Le Seigneur, la veille de sa Passion, en prenant congé des siens, a dit: “Je vais vous préparer, dans la grande maison du Père, une demeure. Et il y a de nombreuses demeures dans la maison du Père”. Marie, en disant: “Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole”, a préparé ici sur la terre la demeure pour Dieu: corps et âme, elle en est devenue la demeure et elle a ainsi ouvert la terre au ciel.

Saint Luc, dans l’Evangile que nous venons d’entendre, à travers différentes allusions, fait comprendre que Marie est la véritable Arche de l’Alliance, que le mystère du Temple – la venue de Dieu ici sur terre – s’accomplit en Marie. Dieu habite réellement en Marie, il devient présent ici sur la terre. Marie devient sa tente. Ce que désirent toutes les cultures – c’est-à-dire que Dieu vienne habiter parmi nous – se réalise ici. Saint Augustin dit: “Avant de concevoir le Seigneur dans le corps, elle l’avait déjà conçu dans l’âme”. Elle avait donné au Seigneur l’espace de son âme et elle était ainsi devenue réellement le véritable Temple où Dieu s’est incarné, où il est devenu présent sur cette terre. Et ainsi, en étant la demeure de Dieu sur la terre, en elle est déjà préparée sa demeure éternelle, est déjà préparée cette demeure pour toujours. Et cela est tout le contenu du Dogme de l’Assomption de Marie à la gloire du ciel, corps et âme, exprimé ici dans ces paroles. Marie est “bienheureuse” parce qu’elle est devenue – totalement corps et âme, et pour toujours – la demeure du Seigneur. Si cela est vrai, Marie nous invite non seulement à l’admiration, à la vénération, mais elle nous guide, elle nous montre le chemin de la vie, elle nous montre comment nous pouvons devenir bienheureux, trouver le chemin du bonheur.

Ecoutons encore une fois la parole d’Elisabeth, qui s’achève dans le Magnificat de Marie: “Bienheureuse celle qui a cru”. L’acte premier et fondamental pour devenir demeure de Dieu et pour trouver ainsi le bonheur définitif, c’est croire, c’est la foi, la foi en Dieu, la foi en ce Dieu qui s’est montré en Jésus Christ et se fait entendre dans la parole divine de l’Ecriture Sainte. Croire, ce n’est pas ajouter une opinion à d’autres. C’est la conviction, la foi que Dieu existe n’est pas une information comme les autres. Il y a de nombreuses informations dont il nous importe peu qu’elles soient vraies ou fausses, elles ne changent pas notre vie. Mais si Dieu n’existe pas, la vie est vide, l’avenir est vide. Et si Dieu existe, tout est transformé, la vie est lumière, notre avenir est lumière et nous avons une orientation pour savoir comment vivre. C’est pourquoi croire constitue l’orientation fondamentale de notre vie. Croire, dire: “Oui, je crois que Tu es Dieu, je crois que dans le Fils incarné Tu es présent parmi nous”, oriente ma vie, me pousse à m’attacher à Dieu, à m’unir à Dieu et ainsi à trouver le lieu où vivre, et la manière de vivre. Et croire n’est pas seulement un type de pensée, une idée; c’est, comme je l’ai déjà suggéré, une manière d’agir, c’est une manière de vivre. Croire signifie suivre la trace qui nous est indiquée par la Parole de Dieu. Marie, en plus de cet acte fondamental de la foi, qui est un acte existentiel, une prise de position pour toute la vie, ajoute une autre parole: “Sa miséricorde s’étend sur ceux qui le craignent”. Elle parle, avec toute l’Ecriture, de la “crainte de Dieu”. Il s’agit peut-être là d’une parole que nous connaissons peu et que nous n’aimons pas beaucoup. Mais la “crainte de Dieu” n’est pas l’angoisse, c’est tout autre chose. En tant que fils, nous ne ressentons pas d’angoisse à l’égard du Père, mais nous ressentons la crainte de Dieu, la préoccupation de ne pas détruire l’amour sur lequel est placé notre vie. La crainte de Dieu est ce sens de la responsabilité que nous devons ressentir, la responsabilité de la portion du monde qui nous est confiée dans notre vie. La responsabilité de bien administrer cette part du monde et de l’histoire que nous sommes et de servir ainsi à la juste édification du monde, servir à la victoire du bien et de la paix.

“Toutes les générations te diront bienheureuse”: cela veut dire que le futur, l’avenir appartient à Dieu, qu’il est entre les mains de Dieu, que Dieu l’emporte. Et ce n’est pas le dragon, qui est si fort et dont parle aujourd’hui la première Lecture, qui l’emporte, le dragon qui est la représentation de tous les pouvoirs de la violence du monde. Ils semblent invincibles, mais Marie nous dit qu’ils ne sont pas invincibles. La Femme – ainsi que nous montrent la première Lecture et l’Evangile – est plus forte parce que Dieu est plus fort. Certes, comparée au dragon, ainsi armé, cette Femme qui est Marie, qui est l’Eglise, apparaît sans défense, vulnérable. Et véritablement, Dieu est vulnérable dans le monde, parce qu’il est l’Amour et que l’amour est vulnérable. Et toutefois, c’est Lui qui a l’avenir entre ses mains: c’est l’amour qui l’emporte non la haine, à la fin, c’est la paix qui l’emporte.
Telle est la grande consolation contenue dans le Dogme de l’Assomption de Marie corps et âme à la gloire du ciel. Rendons grâce au Seigneur de cette consolation, mais envisageons également cette consolation comme un engagement pour nous à nous ranger du côté du bien, de la paix. Et prions Marie, la Reine de la Paix, pour qu’elle aide à la victoire de la paix, aujourd’hui: “Reine de la Paix, prie pour nous”. Amen!

Adieu à Benoît XVI, humble serviteur dans la vigne du Seigneur

Benoit XVIBenoit XVI

Adieu à Benoît XVI, humble serviteur dans la vigne du Seigneur

Le pape émérite, âgé de 95 ans, est décédé ce samedi 31 décembre à 9h34 dans sa résidence au Vatican.

Benoît XVI est revenu à la Maison du Père. La Salle de presse du Saint-Siège a annoncé il y a quelques minutes que le décès était survenu à 9h34 au monastère Mater Ecclesiae, à l’intérieur du Vatican, que le pape émérite de 95 ans avait choisi comme résidence après avoir renoncé au ministère pétrinien en 2013.

«J’ai la douleur de vous annoncer que le pape émérite, Benoît XVI, est décédé aujourd’hui à 9:34 heures, au Monastère Mater Ecclesiae, au Vatican. D’autres informations vous seront communiquées dès que possible», peut-on lire dans la note du directeur de la Salle de Presse, Matteo Bruni, publiée dans la matinée.

L’aggravation de la situation

Ces derniers jours déjà, l’état de santé du Pape émérite s’était aggravé en raison de son âge avancé, comme la Salle de presse l’avait signalé en faisant le point sur l’évolution de la situation.

Le pape François lui-même avait voulu partager publiquement la nouvelle de l’aggravation de l’état de santé de son prédécesseur à la fin de la dernière audience générale de l’année, mercredi 28 décembre, lorsqu’il avait invité les gens à prier pour le pape émérite, qui était «très malade», afin que le Seigneur le console et le soutienne «dans ce témoignage d’amour pour l’Église jusqu’à la fin». Sur tous les continents, les initiatives de prière se sont immédiatement multipliées avec des messages de solidarité et de proximité provenant également du monde non ecclésial.

Le salut des fidèles

Lundi matin 2 janvier, la dépouille du pape émérite défunt sera exposée à la vénération des fidèles dans la basilique Saint-Pierre.

Source : VATICANNEWS, le 31 décembre 2022

Le pape émérite Benoît XVI est décédé

le pape émérite benoit XVIle pape émérite benoit XVI (Vatican Media)

Le pape émérite Benoît XVI est décédé

A 9h34 ce samedi 31 décembre, à l’âge de 95 ans, le pape émérite Benoît XVI est décédé au monastère Mater Ecclesiae où il résidait depuis sa renonciation en 2013. Depuis quelques jours son état de santé s’était déterioré.

Andrea Tornielli – Cité du Vatican

La dernière fois que la mort d’un ancien pape ne signifiait pas la fin d’un pontificat, c’était en 1417. Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, est décédé samedi 31 décembre 2022 à 9h34 au Vatican, près de 10 ans après sa renonciation, qu’il avait annoncée par surprise le 11 février 2013 avec la lecture d’une courte déclaration en latin devant des cardinaux ébahis. Jamais, au cours de deux millénaires d’histoire de l’Église, un pape n’avait quitté la chaire parce qu’il ne se sentait pas physiquement apte à supporter le poids de la papauté. D’ailleurs, dans une réponse donnée au journaliste Peter Seewald dans le livre-entretien «Lumière du monde» publié trois ans plus tôt, il avait quelque peu anticipé: «Lorsqu’un Pape arrive à la claire prise de conscience qu’il n’est plus capable physiquement, mentalement et spirituellement de mener à bien la tâche qui lui est confiée, alors il a le droit et dans certaines circonstances même le devoir de démissionner». Bien que l’épilogue de son règne ait été antérieur à la fin de sa vie, ce qui constitue un précédent historique d’une énorme importance, il serait peu généreux de ne retenir Benoît XVI que pour cela.

Le «Teen ager» théologique au Conseil

Né en 1927, fils de gendarme, dans une famille simple et très catholique de Bavière, Joseph Ratzinger a été une figure majeure de l’Eglise du siècle dernier. Ordonné prêtre avec son frère Georg en 1951, il devient docteur en théologie deux ans plus tard et, en 1957, il est autorisé à enseigner la théologie dogmatique. Il est professeur à Freising, Bonn, Münster, Tübingen et enfin Regensburg. Avec lui, disparaît le dernier des souverains pontifes personnellement impliqués dans les travaux du Concile Vatican II. Très jeune et déjà théologien estimé, Joseph Ratzinger avait suivi de près l’assemblée en tant qu’expert du cardinal Frings de Cologne, proche de l’aile réformiste. Il était parmi ceux qui ont fortement critiqué les projets préparatoires préparés par la Curie romaine, balayés ensuite par la décision des évêques. Pour le jeune théologien, les textes «doivent donner des réponses aux questions les plus pressantes et doivent le faire, dans la mesure du possible, non pas en jugeant et en condamnant, mais en utilisant la langue maternelle». Joseph Ratzinger exalte la réforme liturgique à venir et les raisons de son inévitabilité providentielle. Il affirme que pour redécouvrir la vraie nature de la liturgie, il fallait «briser le mur du latin».

Gardien de la foi avec Wojtyla

Mais le futur Benoît XVI a aussi été le témoin direct de la crise postconciliaire, de la contestation dans les universités et les facultés de théologie. Il assiste à la remise en cause de vérités essentielles de la foi et à des expérimentations sauvages dans le domaine liturgique. 1966, un an à peine après la fin du Concile, il disait voir l’avancée d’un «christianisme au rabais».

En 1977, à 50 ans, Paul VI le nomme archevêque de Munich et le crée cardinal quelques semaines plus tard. Jean-Paul II lui a confié en novembre 1981 la direction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. C’est le début d’une collaboration étroite entre le pape polonais et le théologien bavarois, destinée à ne se dissoudre qu’avec la mort de Karol Wojtyla, qui a refusé jusqu’au bout la démission de Ratzinger, ne voulant pas se priver de ses qualités. C’est au cours de ces années que l’ancien Saint-Office met les points sur les «i» dans de nombreux domaines: il freine la théologie de la libération, qui utilise l’analyse marxiste, et prend position face à l’émergence de problèmes éthiques majeurs. L’œuvre la plus importante est certainement le nouveau Catéchisme de l’Église catholique, un travail qui a duré six ans et qui a vu le jour en 1992.

Humble travailleur de la vigne

Après la mort de Jean Paul II, le conclave de 2005 a appelé pour lui succéder en moins de 24 heures un homme déjà âgé – 78 ans – universellement estimé et respecté, même par ses adversaires. Depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, Benoît XVI se présente comme «un humble ouvrier dans la vigne du Seigneur». Etranger à tout protagonisme, il dit n’avoir «aucun agenda», mais veut «écouter, avec toute l’Eglise, la parole et la volonté du Seigneur».

Auschwitz et Regensburg

Plutôt réservé, il ne renonce pas à voyager: son pontificat est itinérant, comme celui de son prédécesseur. Sa visite à Auschwitz en mai 2006 en est l’un des moments les plus émouvants. Ce jour-là, le pape allemand déclare: «dans un endroit comme celui-ci, les mots manquent, seul un silence stupéfiant peut subsister – un silence qui est un cri intérieur adressé à Dieu: « pourquoi as-tu pu tolérer tout cela ? »». 2006 est aussi l’année de l’affaire de Ratisbonne, où un vieux passage sur Mahomet, que le souverain pontife cite sans se l’approprier dans l’université où il fut professeur, est instrumentalisée et déclenche des protestations dans le monde islamique. Par la suite, le Pape multipliera les signes d’attention envers les musulmans. Benoît XVI affronte des parcours difficiles ; il est confronté à la sécularisation galopante des sociétés déchristianisées et aux dissensions au sein de l’Église. Le 16 avril 2008, il est aux Etats unis, célèbre son 81è anniversaire à la Maison Blanche en compagnie du président George Bush Jr, et quelques jours plus tard, le 20 avril, il prie à Ground Zero avec les familles des victimes du 11 septembre 2001.

L’encyclique sur l’amour de Dieu

Si, comme préfet de l’ancien Saint-Office, il a souvent été qualifié de «panzerkardinal», lorsqu’il devient pape, il parle constamment de la «joie d’être chrétien» et consacre sa première encyclique «Deus caritas est», à l’amour de Dieu. «Au début de la vie chrétienne», écrit-il, «il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne». Il trouve également le temps d’écrire un livre sur Jésus de Nazareth, un ouvrage unique publié en trois tomes. Parmi les décisions à retenir, citons le Motu proprio libéralisant le missel romain préconciliaire et l’institution d’un Ordinariat pour permettre aux communautés anglicanes de revenir à la communion avec Rome. En janvier 2009, Benoît XVI décide de révoquer l’excommunication des quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Marcel Lefebvre, parmi lesquels Richard Williamson, un négationniste des chambres à gaz. La polémique éclate dans le monde juif. Le Pape écrit alors aux évêques du monde entier et en assume l’entière responsabilité.

La réponse aux scandales

Les dernières années sont marquées par la résurgence du scandale de la pédophilie et par Vatileaks, la fuite de documents soustraits au bureau du Pape et publiés dans un livre. Benoît XVI s’attaque avec détermination et fermeté au problème de la «saleté» dans l’Église. Il introduit des règles très strictes contre les abus sur les mineurs, demandant à la Curie et aux évêques de changer de mentalité. Il va jusqu’à dire que la persécution la plus grave pour l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais du péché commis de l’intérieur. Il mène également une importante réforme, dans le domaine économique, avec la mise en place d’une réglementation contre le blanchiment au Vatican.

Une Église libérée de l’argent et du pouvoir

Face aux scandales et au carriérisme ecclésiastique, le Pape allemand continue à lancer des appels à la conversion, à la pénitence et à l’humilité. Lors de son dernier voyage en Allemagne en septembre 2011, il appelle l’Église à être moins mondaine: «Les exemples historiques montrent que le témoignage missionnaire d’une Église « démondanisée » émerge plus clairement. Libérée des charges et des privilèges matériels et politiques, l’Église peut mieux se consacrer, et de manière vraiment chrétienne, au monde entier. Elle peut être réellement ouverte au monde… ».

Source: VATICANNEWS, le 31 décembre 2022