25.12.2025 – MESSE DU JOUR DE NOËL À ROME

«Lorsque la fragilité d’autrui pénètre notre cœur, alors la paix commence déjà»

Renouant avec une tradition tenue jusqu’à Jean-Paul II, Léon XIV a célébré ce jeudi matin la messe du jour de Noël. Dans son homélie, le Pape a rappelé combien l’incarnation du Christ était une réalité qui nous engage à cultiver la paix et à se pencher sur les fragilités du monde. 

Olivier Bonnel – Cité du Vatican

En célébrant la messe du jour de Noël ce jeudi matin dans la basilique Saint-Pierre, Léon XIV a renouvellé une tradition qui remonte à son précesseur Jean-Paul II, le dernier à présider l’Eucharistie le jour-même de la nativité, en 1994. Comme la veille au soir où 6000 fidèles avaient pris place pour la messe de la nuit de Noël, la basilique vaticane était pleine à vivre ce moment de joie. Peu avant la célébration, les cloches de la basilique ont sonné à toute volée pour célébrer la joie de Noël. De nombreuses personnes ont également suivi la cérémonie depuis la place Saint-Pierre, sous les parapluies. 

Dans son homélie, le Pape, qui endossait une chasuble autrefois portée par Benoît XIV pour la nuit de Noël, a rappelé combien les Écritures étaient traversées par l’annonce joyeuse du Salut (Is 52, 7), mais aussi la paix que représentait la mission confiée par Jésus à ses disciples (Jn 14, 27). La joie de Noël «c’est un jour nouveau !» a expliqué Léon XIV. «Nous participons nous aussi à ce tournant, auquel personne ne semble encore croire: la paix existe et elle est déjà parmi nous».

Fragile, le Verbe de Dieu parle au monde

«Aujourd’hui, donc, non seulement nous sommes surpris par la paix qui est déjà là, mais nous célébrons comment ce don nous a été fait. En effet, c’est dans le comment que brille la différence divine qui nous fait éclater en chants de joie. Ainsi, dans le monde entier, Noël est par excellence une fête de musique et de chants», a poursuivi le Souverain pontife. 

Le Pape a insité sur une dynamique: le “verbe” est un mot qui agit, et la Parole de Dieu n’est jamais sans effet. «Mais voici la surprise que nous réserve la liturgie de Noël, a confié Léon XIV: le Verbe de Dieu apparaît et ne sait pas parler, il vient à nous comme un nouveau-né qui ne fait que pleurer et vagir. Il «s’est fait chair» (Jn 1, 14) et, même s’il grandira et apprendra un jour la langue de son peuple, pour l’instant, seule sa présence simple et fragile parle».

L’incarnation du Sauveur renvoit ainsi à la «nudité radicale» du Christ, à Bethléem et au Calvaire. «La chair humaine demande des soins, a noté le Pape, invoque l’accueil et la reconnaissance, recherche des mains capables de tendresse et des esprits disposés à l’écoute, désire de bonnes paroles».

Le Pape lisant son homélie lors de la messe de Noël le 25 décembre
Le Pape lisant son homélie lors de la messe de Noël le 25 décembre   (@Vatican Media)

La paix, un don de Dieu qui engage

À travers la venue du Christ, la paix comme don de Dieu est devenue une valeur paradoxale, a encore expliqué l’évêque de Rome: «le don de Dieu nous engage, il cherche à être accueilli et suscite le dévouement». Citant son prédécesseur François et son exhortation apostolique la joie de l’Évangile, Léon XIV a rappelé combien Jésus voulait que nous touchions la misère humaine et renoncions à nos sécurités personnelles ou communautés qui nous laissent à distance des souffrances du monde.  

“Le Verbe a établi parmi nous sa fragile tente. Et comment ne pas penser aux tentes de Gaza, exposées depuis des semaines à la pluie, au vent et au froid, et à celles de tant d’autres réfugiés et déplacés sur chaque continent, ou aux abris de fortune de milliers de personnes sans-abri dans nos villes ?”

Se pencher sur ces blessures est ainsi la condition de la paix, a précisé le Pape: «Lorsque la fragilité d’autrui pénètre notre cœur, lorsque la douleur d’autrui brise nos certitudes granitiques, alors la paix commence déjà».

Noël motive de nouveau une Église missionnaire

Léon XIV a expliqué combien les authentiques messagers de paix avaient suivi le Verbe, et créé un mouvement de fond: «Noël motive de nouveau une Église missionnaire, la poussant sur les chemins que la Parole de Dieu lui a tracés. Nous ne servons pas une parole autoritaire – elles résonnent déjà partout – mais une présence qui suscite le bien, en connaît l’efficacité, n’en revendique pas le monopole».

L’incarnation est donc une exhortation à se mettre en mouvement, un mouvement «qui est un dynamisme de conversation». La Vierge Marie est pour cela, a conclu le Pape, «l’Étoile de l’évangélisation, la Reine de la paix. En elle, nous comprenons que rien ne naît de la démonstration de la force et que tout renaît de la puissance silencieuse de la vie accueillie».

Source : VATICANNEWS, le 26 décembre 2025