Devant des détenues, le Pape invite à ne pas se fatiguer de demander pardon

Devant des détenues, le Pape invite à ne pas se fatiguer de demander pardon 

Le Pape François a présidé la messe du Jeudi Saint, appelée in Coena Domini dans la prison pour femmes de Rebibbia à Rome. Devant une assemblée composée des détenues et du personnel pénitentiaire, le Saint-Père a insisté sur la nécessité de demander pardon à Dieu et de l’imiter dans la vocation du service. 

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Comme en 2023, François a célébré la messe du Jeudi Saint dans une prison, celle de Rebibbia à Rome. Sous une grande tente, dans la cour centre pénitentaire, il a présidé la messe en présence de 200 personnes dont les femmes détenues, leurs proches, d’anciennes détenues et le personnel du centre carcéral. La prison pour femmes de Rebibbia compte 370 détenues, et est l’un des deux grands centres de la capitale italienne.

Jésus pardonne tout, pardonne toujours 

Le Souverain pontife est arrivé dans l’après-midi à la prison et a salué les femmes dans l’assemblée, avant de prendre place près de l’autel dressé pour l’occasion. Après la lecture de l’Évangile de la Cène, le dernier repas du Christ, tiré du récit de saint Jean, François a voulu attirer l’attention sur deux moments particuliers.

D’abord, le lavement des pieds des disciples par Jésus avant le dernier repas. «Jésus s’humilie avec le geste du lavement des pieds», explique François. «Avec ce geste, il nous fait comprendre le sens de sa venue: il n’est pas venu pour être servi mais pour servir» a-t-il poursuivi.

Ensuite, François s’arrête sur l’épisode de la trahison de Judas. «C’est l’égoïsme et l’argent qui le poussent à faire ce geste malheureux» assure-t-il, mais c’est un geste qui a permis au Christ de montrer son amour absolu. «Jésus pardonne tout, pardonne toujours, insiste le Saint-Père, c’est à nous de demander pardon».

Le Pape a salué les femmes détenues avant la messe in Coeli Domini.

Le Pape a salué les femmes détenues avant la messe in Coeli Domini. 

Ne pas se lasser de demander pardonner

Le Pape a évoqué une anecdote pour illustrer son propos. Il s’est souvenu avoir rencontré une femme très âgée et sage, qui lui avait dit: «Jésus ne se lasse jamais de se pardonner mais c’est nous qui nous fatiguons de demander pardon». Suivant cet exemple, il a demandé à chaque fidèle présent de demander au Seigneur «la grâce de ne pas nous fatiguer de demander pardon», peu importe les fautes et les péchés commis. 

Aux femmes condamnées à une peine de prison devant lui, le Pape a conclu en insistant sur la vocation du service, à l’image du geste du lavement des pieds.

Lavements des pieds

Juste après une courte homélie, le Pape a procédé au lavement des pieds de douze femmes prisonnières, âgées de 40 à 50 ans de onze nationalités différentes. L’émotion se lisait alors sur les visages de ces femmes, dont certaines ont laissé couler des larmes. La messe a ensuite été dite par Mgr Diego Ravelli, maitre des célébrations liturgiques pontificales. 

Elle s’est terminée par un mot de remerciement de la directrice du centre carcéral, prononcé au nom des femmes prisonnières et du personnel. Un panier de denrées cultivées dans le potager du centre par les détenues a ensuite été offert au Pape, de même qu’un chapelet aux couleurs de l’arc-en-ciel et deux étoles fabriquées dans l’atelier de couture. Pour sa part, le Saint-Père a offert une peinture représentant la Vierge Marie et l’enfant Jésus. 

Source : VATICANNEWS, le 29 mars 2024

09 AVRIL 2020 – MESSE DE LA CENE DU SEIGNEUR

Le Pape François encourage les prêtres à «donner leur vie en servant»

Lors de la messe de la Cène du Seigneur, célébrée dans une grande sobriété en la basilique Saint-Pierre, le Pape François a développé une homélie basée sur un appel lancé aux prêtres à «se laisser laver les pieds par le Seigneur».

Alors que durant les années précédentes, le Pape François aimait célébrer cette liturgie dans des lieux symboliques des périphéries de la société (prisons, centre d’accueil de réfugiés, établissement de soin pour personnes âgées), il l’a cette fois célébrée en la basilique Saint-Pierre, sur l’autel de la Chaire, devant quelques personnes se tenant à distance les unes des autres, comme lors de la messe des Rameaux dimanche dernier. Le cadre liturgique était extrêmement sobre et dépouillé, omettant notamment le rite du lavement des pieds, conformément aux dispositions prises par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements dans ce contexte de pandémie de coronavirus, et qui sont valables au Vatican comme dans le reste du monde.

Le Pape François a centré son homélie, prononcée sans texte écrit, sur ces trois axes: «L’Eucharistie, le service, l’onction». Il a expliqué que «le Seigneur veut rester avec nous, dans l’Eucharistie, et nous devenons toujours tabernacles du Seigneur: nous portons le Seigneur avec nous au point que Lui-même nous dit que si nous ne mangeons pas son corps et que nous ne buvons pas son sang, nous n’entrerons pas dans le Royaume des Cieux.»

Se laisser laver par le Seigneur

Chaque disciple du Christ est invité à servir, mais il est aussi invité à se laisser servir par le Seigneur. «Si moi je ne laisse pas le Seigneur être mon serviteur, me laver, me faire grandir, me pardonner, je n’entrerai pas dans le Royaume des Cieux», a expliqué le Pape, tout en reconnaissant que ce paradoxe apparent «est difficile à comprendre».

François a exprimé sa proximité pour les prêtres, en expliquant que, du plus récemment ordonné jusqu’au Pape, tous partagent la même mission, et sont «oints pour l’eucharistie». Il a dit espérer que la messe chrismale du diocèse de Rome puisse se dérouler avant la Pentecôte, car dans le cas contraire, elle devra être repoussée à l’an prochain.

Dans le contexte tragique de la pandémie de Covid-19, qui affecte durement le clergé, l’évêque de Rome a évoqué «les prêtres qui offrent la vie pour le Seigneur, les prêtres qui sont serviteurs. Ces jours-ci, plus de 60 sont morts ici, en Italie, en portant l’attention aux malades dans les hôpitaux. Aussi avec les médecins, les infirmières, les infirmiers: ce sont les saints de la porte d’à côté, des prêtres qui ont donné la vie en servant».

Apporter le pardon et la consolation au Peuple de Dieu

François a souligné l’importance de la proximité sacerdotale, des bons prêtres qui servent parfois dans plusieurs villages à la fois, mais qui connaissent intimement les gens au point de se souvenir du nom de leurs chiens… Il a aussi évoqué les «prêtres calomniés» qui se font agresser dans la rue en étant assimilés à ceux qui ont fait «de mauvaises choses», et les «prêtres pécheurs, qui avec les évêques et le Pape pécheur n’oublient pas de demander pardon et apprennent à pardonner, parce qu’ils savent qu’ils ont besoin de demander pardon et de pardonner».

Le Pape a aussi fait allusion aux «prêtres qui souffrent de certaines crises, qui ne savent pas quoi faire: ils sont dans l’obscurité. Aujourd’hui, vous tous, frères prêtres, vous êtes avec moi sur l’autel, vous, consacrés.»

Il les a invités à se laisser laver les pieds par le Christ, et à prendre des risques dans le pardon et la consolation. «Et si vous ne pouvez pas donner un pardon sacramentel en ce moment, donnez au moins la consolation d’un frère qui accompagne et qui laisse la porte ouverte pour qu’il revienne», a exhorté François.

«Je remercie Dieu pour la grâce du sacerdoce, nous tous. Je remercie Dieu pour vous, les prêtres. Jésus vous aime bien. Il demande seulement que vous vous laissiez laver les pieds», a conclu le Pape.

Source : Vaticannews, le 9 avril 2020