La liturgie, « cet événement humain et divin à la fois »

Le Card. José Tolentino de Mendonça Wikimedia Commons © ANTÓNIO0196
Le Card. José Tolentino De Mendonça Wikimedia Commons © ANTÓNIO0196

La liturgie, « cet événement humain et divin à la fois »

Le pape remet le Prix des Académies pontificales, pour l’architecture sacrée

« Nous savons combien l’environnement de la célébration est important pour favoriser la prière et le sens de la communion : l’espace, la lumière, l’acoustique, les couleurs, les images, les symboles, le mobilier liturgique constituent des éléments fondamentaux de cette réalité, de cet événement, humain et divin à la fois, qui est précisément la liturgie ». C’est ce que rappelle le pape François dans un récent message aux représentants des Académies pontificales.

Voici le message que le pape François a adressé au Cardinal José Tolentino de Mendonça, préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation et président du Conseil de Coordination des Académies Pontificales, mardi 14 mars 2023, à l’occasion de la XXVIe séance publique solennelle des Académies pontificales. Il a remis les médailles d’Or et d’Argent du Prix des Académies pontificales, à des artistes impliqués dans l’architecture sacrée.

Le pontife a rappelé deux aspects s’appliquant aux questions architecturales et artistiques : le premier concerne la nécessité de « redécouvrir le langage symbolique et de pouvoir le comprendre », c’est-à-dire, « retrouver la capacité de placer et de comprendre les symboles de la liturgie » car, a-t-il souligné, le « langage symbolique de la liturgie » est devenu « presque inaccessible à l’homme moderne ».

Le second aspect essentiel, a poursuivi le pape François, est celui de « l’inspiration de la créativité artistique et architecturale qui, dans la vision chrétienne, jaillit précisément de la vie liturgique, de l’action de l’Esprit et non de la seule subjectivité humaine » : « l’art de célébrer doit être en accord avec l’action de l’Esprit », a affirmé le pape, en reprenant une formule dans sa Lettre apostolique Desiderio desideravi.

Message du pape François

A mon cher frère

Cardinal José Tolentino de Mendonça

Préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation

Président du Conseil de Coordination des Académies Pontificales

À l’occasion de la XXVIe Réunion publique solennelle des Académies pontificales, j’ai le plaisir de vous adresser, Monsieur le Cardinal, mes meilleurs vœux pour votre service en tant que Président du Conseil de coordination des Académies pontificales. En effet, avec votre nomination en tant que Préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation, vous avez également assumé cette tâche, à réaliser dans l’esprit et selon l’approche de la Constitution apostolique Praedicate Evangelium (cf. art. 162). En même temps, je désire exprimer ma gratitude au cardinal Gianfranco Ravasi, qui a présidé pendant quinze ans le Conseil de coordination, donnant un élan remarquable à la vie des Académies pontificales et rehaussant la valeur des Sessions publiques. Je salue donc avec une profonde gratitude les distingués présidents et membres présents, ainsi que les distinguées autorités et toutes les personnes qui participent à cette rencontre traditionnelle, au cours de laquelle, à tour de rôle, chaque Académie présente un thème en rapport avec son propre domaine d’activité.

L’Insigne Académie pontificale des Beaux-arts et des Lettres des Virtuoses au Panthéon, la plus ancienne des institutions représentées au sein du Conseil, a été le protagoniste de cette séance publique. Le Président, le Professeur Pio Baldi, et les Académiciens ont sollicité, pour cette édition du Prix, les propositions de ceux qui, à divers titres, sont impliqués dans l’architecture sacrée, et donc dans la conception, l’aménagement, l’adaptation liturgique, la rénovation et la réutilisation des espaces destinés au culte, en tenant compte des nouvelles exigences et des langages architecturaux contemporains.

Le thème est toujours aussi important et actuel, car le débat sur les propositions de renouvellement de l’architecture sacrée, qui a la tâche ardue de créer, surtout dans les nouveaux quartiers, tant dans la périphérie des villes que dans les petites villes, des espaces adéquats dans lesquels la communauté chrétienne peut dignement célébrer la sainte liturgie selon les enseignements du Concile Vatican II, est toujours vivant et parfois même animé.

Nous savons combien l’environnement de la célébration est important pour favoriser la prière et le sens de la communion : l’espace, la lumière, l’acoustique, les couleurs, les images, les symboles, le mobilier liturgique constituent des éléments fondamentaux de cette réalité, de cet événement, humain et divin à la fois, qui est précisément la liturgie.

Je voudrais pour cela me référer à la récente Lettre apostolique Desiderio desideravi, consacrée précisément à la formation liturgique du Peuple de Dieu, pour souligner deux aspects qui peuvent certainement s’appliquer aussi aux questions architecturales et artistiques. En premier lieu, il est essentiel de redécouvrir le langage symbolique et de pouvoir le comprendre : « La perte de la capacité de comprendre la valeur symbolique du corps et de toute créature rend le langage symbolique de la liturgie presque inaccessible à l’homme moderne. Il ne s’agit cependant pas de renoncer à ce langage : il n’est pas possible d’y renoncer car c’est ce que la Sainte Trinité a choisi pour nous rejoindre dans la chair du Verbe. Il s’agit plutôt de retrouver la capacité de placer et de comprendre les symboles de la liturgie » (n. 44).

Un autre aspect essentiel est celui de l’inspiration de la créativité artistique et architecturale qui, dans la vision chrétienne, jaillit précisément de la vie liturgique, de l’action de l’Esprit et non de la seule subjectivité humaine : « Il est nécessaire – poursuit la Lettre apostolique – de savoir comment l’Esprit Saint agit dans chaque célébration : l’art de célébrer doit être en accord avec l’action de l’Esprit. C’est seulement ainsi qu’il sera libéré du subjectivisme […] et du culturalisme […]. L’artisan n’a besoin que de technique ; l’artiste, en plus des connaissances techniques, ne peut manquer d’inspiration, qui est une forme positive de possession : l’artiste, le vrai, ne possède pas un art, il est possédé par lui » (nos 49-50).

En acceptant maintenant les propositions que les Académies pontificales ont formulées pour le Prix de la présente édition, j’ai le plaisir de décerner, avec la Médaille d’Or du Pontificat, le Prix des Académies Pontificales au Studio OPPS, pour une intervention de rénovation et d’adaptation liturgique de la chapelle de la Fondation Saints François d’Assise et Catherine de Sienne à Rome.

Je suis également heureux de décerner la Médaille d’argent du Pontificat à l’architecte Federica Frino, pour le projet de la nouvelle église Saint Thomas à Pontedera.

Cher Frère, je vous souhaite, ainsi qu’à chacun des Académiciens, un engagement fructueux dans leurs domaines respectifs de recherche et de service et, en vous confiant à la protection maternelle de la Vierge Marie, Temple et Arche de la Nouvelle Alliance, je me recommande à vos prières. De tout cœur, je vous accorde, ainsi qu’à toutes les personnes présentes, ma bénédiction apostolique.

Source : ZENIT.ORG, le 15 mars 2023

Samedi Saint : le Saint-Suaire de Turin au coeur d’une liturgie

Le pape François vénère le Saint-Suaire @ sindone.org 2015

Le Pape François Vénère Le Saint-Suaire @ Sindone.Org 2015

Samedi Saint : le Saint-Suaire de Turin au coeur d’une liturgie

« Confiance dans la bonté et la miséricorde de  Dieu »

Mgr Cesare Nosiglia, archevêque de Turin et évêque de Suse (Italie), en a fait l’annonce en direct streaming : « Samedi Saint, le Saint-Suaire sera exposé à la vénération des fidèles lors d’une prière en direct sur les réseaux sociaux et à la télévision. C’est lui-même qui présidera la liturgie à 17 heures dans la chapelle de la cathédrale de Turin, où est conservé le Saint-Suaire », indique Vatican News ne italien.

Confiance dans la bonté et la miséricorde de  Dieu

À l’issue de la diffusion en direct, dialogue et réflexion se poursuivront sur les réseaux sociaux avec l’intervention d’experts et de voix de « témoins », a-t-il ajouté:

« Chers amis présents dans le monde entier, je vous attends samedi pour élever à Dieu, à travers la contemplation du Saint-Suaire, une prière unanime avec son fils Jésus notre frère et Sauveur. Oui, le Saint-Suaire le redit toujours à notre coeur : l’amour est plus fort ». Dans son annonce, Mgr Nosiglia a précisé qu’il avait recueilli les milliers de demandes qui lui sont parvenues de la part de personnes de tous les âges, de pouvoir prier devant le Suaire pour « implorer du Christ mort et ressuscité – que le Saint-Suaire nous présente de manière si vraie et concrète – la grâce de vaincre le mal comme il l’a fait lui-même, confiant dans la bonté et la miséricorde de  Dieu ».

La passion et la mort de Jésus, par amour

« Grâce à la télévision et aux réseaux sociaux, a dit l’archevêque, ce temps de contemplation rendra disponible à tous, dans le monde entier, la vue du Saint-Suaire qui nous rappelle la passion et la mort du Seigneur, mais qui ouvre aussi notre coeur à la foi en sa résurrection ».

L’annonce pascale que le Suaire nous conduit à vivre est « L’amour est plus fort » et ceci, a-t-il souligné, nous remplit le coeur de reconnaissance et de foi. « Oui, l’amour avec lequel Jésus nous a donné sa vie et que nous célébrons pendant la Semaine Sainte est plus fort que toutes les souffrances, toutes les maladies, toutes les contagions, toutes les épreuves et les découragements. Rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de cet amour, parce qu’il est fidèle à jamais et nous unit à lui par un lien indissoluble ».

Confiance et espérance

Dans son message pour l’ostension de 2013, le pape François avait écrit que, dans le Suaire, « c’est lui qui nous regarde pour nous faire comprendre quel grand amour il a eu pour nous, en nous libérant du péché et de la mort », nous invitant à avoir confiance, à « ne pas perdre l’espérance ; la force de l’amour de Dieu et du Ressuscité vainc tout ».

Bien davantage qu’une ostension

Aussitôt après son annonce, Mgr Cesare Nosiglia précise que la liturgie prévue sera un remerciement à Jésus pour le don de sa vie ainsi qu’une demande d’aide pour ce que nous vivons tragiquement. Le choix du Samedi Saint est emblématique, explique-t-il, parce que le Suaire représente aussi cette journée particulière de silence et de méditation sur le mystère de la mort et dans l’attente de la résurrection. « Nous voulons, dit-il, introduire ainsi dans la veillée pascale ».

Dans la seconde partie de la liaison à partir de la Chapelle turinoise, samedi, il sera possible d’assister au débat entre experts : une place particulière sera faite à ceux qui vivent de plein fouet le drame actuel non seulement dans les difficultés, mais aussi dans la dimension de l’espérance et de la foi : médecins et acteurs pastoraux, familles, personnes âgées, ainsi que de nombreux messages de solidarité.

En réalité, conclut l’archevêque, ce sera « beaucoup mieux » qu’une ostension dans la mesure où nous pourrons voir le Saint-Suaire de près et où ces images « rejoindront le coeur et les tristesses de toutes les personnes qui nous suivront. Ce sera une façon de rester avec le Seigneur le jour où nous attendons sa résurrection ».

Source : Zenit.org, le 6 avril 2020, par Hélène Ginabat