ÉVANGILE
« Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Mc 4, 35-41)

Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Acclamons et partageons la parole de Dieu !

COMMENTAIRE :
Saint Grégoire de Nysse (v. 335-395)
moine et évêque. – L’hiver est maintenant fini (La Colombe et la Ténèbre, trad. Canévet, éd. du Cerf, 1992 ; p. 61-62)
« Quel est donc celui-ci, pour que même les vents et la mer lui obéissent ? »
« Voici que l’hiver est passé, dit [l’Époux], la pluie s’en est allée, elle a disparu d’elle-même » (Ct 2,11). Le mal porte plusieurs noms selon la diversité de ses effets. Il est hiver, pluie et averse, et chacun de ces noms symbolise respectivement une tentation différente. On l’appelle hiver pour symboliser la multitude des formes du mal. (…) Que dire des tempêtes qui surviennent en mer en hiver ? Soulevée des abîmes, la mer se gonfle et imite les rochers et les montagnes en dressant au-dessus de l’eau ses sommets. Elle s’élance contre la terre comme une ennemie, se précipitant sur les côtes et les ébranlant des coups successifs de ses flots, comme d’autant d’attaques de machines de guerre. Mais interprétons ces maux de l’hiver et tous ceux qu’on pourrait y ajouter, en les transposant dans leur sens symbolique. (…) Qu’est-ce que cette mer aux flots grondeurs ? Qu’est-ce encore que cette pluie, et que sont ces averses de pluie ? Et comment la pluie cesse-t-elle d’elle-même ? Le sens profond de toutes ces énigmes de l’hiver est en rapport avec quelque chose d’humain et qui concerne la liberté de notre volonté. (…) La nature humaine au commencement fleurissait (…) mais l’hiver de la désobéissance ayant desséché la racine, la fleur tomba et fut dissoute dans la terre ; l’homme fut dépouillé de la beauté immortelle et l’herbe des vertus fut desséchée, l’amour de Dieu s’étant refroidi, tandis que l’iniquité croissait ; des passions sans nombre furent soulevées en nous par les souffles hostiles et entraînèrent les naufragés funestes des âmes. Mais lorsque vient celui qui apporte le printemps à nos âmes, lui qui, lorsqu’un vent mauvais réveille la mer, menace le vent et dit à la mer : « Silence ! Calme-toi ! » (Mc 4,39), aussitôt tout revient au calme et à la sérénité, et notre nature se remet à verdir et à se parer de ses propres fleurs. Les fleurs de notre vie sont les vertus, qui maintenant fleurissent et produisent leurs fruits « en leur saison » (Ps 1,3). C’est pourquoi le Verbe dit : « Voici que l’hiver est passé ».

LECTURES :
Deuxième livre de Samuel 12,1-7a.10-17.

En ces jours-là, le Seigneur envoya vers David le prophète Nathan qui alla le trouver et lui dit : « Dans une même ville, il y avait deux hommes ; l’un était riche, l’autre était pauvre.
Le riche avait des moutons et des bœufs en très grand nombre.
Le pauvre n’avait rien qu’une brebis, une toute petite, qu’il avait achetée. Il la nourrissait, et elle grandissait chez lui au milieu de ses fils ; elle mangeait de son pain, buvait de sa coupe, elle dormait dans ses bras : elle était comme sa fille.
Un voyageur arriva chez l’homme riche. Pour préparer le repas de son hôte, celui-ci épargna ses moutons et ses bœufs. Il alla prendre la brebis du pauvre, et la prépara pour l’homme qui était arrivé chez lui. »
Alors, David s’enflamma d’une grande colère contre cet homme, et dit à Nathan : « Par le Seigneur vivant, l’homme qui a fait cela mérite la mort !
Et il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis une telle action et n’avoir pas épargné le pauvre. »
Alors Nathan dit à David : « Cet homme, c’est toi ! Ainsi parle le Seigneur Dieu d’Israël :
Désormais, l’épée ne s’écartera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme.
Ainsi parle le Seigneur : De ta propre maison, je ferai surgir contre toi le malheur. Je t’enlèverai tes femmes sous tes yeux et je les donnerai à l’un de tes proches, qui les prendra sous les yeux du soleil.
Toi, tu as agi en cachette, mais moi, j’agirai à la face de tout Israël, et à la face du soleil ! »
David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas. »
Cependant, parce que tu as bafoué le Seigneur, le fils que tu viens d’avoir mourra. »
Et Nathan retourna chez lui. Le Seigneur frappa l’enfant que la femme d’Ourias avait donné à David, et il tomba gravement malade.
David implora Dieu pour le petit enfant : il jeûna strictement, et, quand il rentrait chez lui, il passait la nuit couché par terre.
Les anciens de sa maison insistaient auprès de lui pour qu’il se relève, mais il refusa, et ne prit avec eux aucune nourriture.
Psaume 51(50),12-13.14-15.16-17.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur,
et ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.
