Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 19,16-22.

En ce temps-là, voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. »

Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « ‘Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage.
Honore ton père et ta mère.’ Et aussi : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même.’ »
Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? »
Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. »

À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Acclamons et partageons la parole de Dieu !
COMMENTAIRE :
Vénérable Madeleine Delbrêl (1904-1964)
missionnaire des gens des rues
Des communautés évangéliques pour notre temps (Communautés selon l’Évangile, éd. du Seuil, 1973, p. 42-47)
Les ruptures du chrétien et de l’Église
Les ruptures nécessaires à l’Église et à un chrétien, les ruptures nécessaires avec le monde pour sauver le monde et les ruptures nécessaires pour que l’Église soit en marche, doivent être placées là où il faut, mais elles sont fondamentales. Je crois qu’il est important que nous prenions conscience des ruptures qui sont les ruptures chrétiennes et sans lesquelles une vie chrétienne n’est pas chrétienne élémentairement, des ruptures qui sont demandées à tout chrétien simplement parce qu’il est un baptisé. On ne peut pas devenir la chair et le sang de l’Église par le baptême, être la chair et le sang de son corps, du corps du Christ, sans qu’il y ait entre le monde et nous des oppositions qui sont des ruptures ; et c’est par ces ruptures que nous devenons aptes à participer à la rédemption du Christ. « En même temps, dit Paul VI, que l’Église prend plus pleinement conscience de certaines exigences intérieures, elle est sollicitée plus fortement par les besoins du monde auquel elle est destinée. » De même, c’est parce que nous sommes baptisés, parce que nous avons reçu le Saint-Esprit, parce que normalement il doit travailler en nous, qu’il doit nous entraîner dans la marche qu’il imprime à l’Église. Or, tout ce qui bouge rompt avec quelque chose. On pourrait dire que la liberté élémentaire, essentielle des enfants de Dieu, a pour rançon des ruptures. Mais une rupture n’est chrétienne que si elle se motive par l’union au Christ et la participation à l’œuvre du Christ. On ne rompt pas pour rompre. Le corps tout entier, toute l’Église du Christ a besoin de ces ruptures fondamentales. (…) Ce sont des ruptures qui doivent nous rendre libres d’appartenir uniquement et définitivement à Jésus-Christ ; des ruptures qui doivent nous donner la liberté d’essayer par sa grâce de vivre une vie toute de charité selon l’Évangile. Ce sont des ruptures qui doivent nous donner la liberté d’être disponibles à sa volonté au plus intime de l’Église.

LECTURES :
Livre d’Ézéchiel 24,15-24.
La parole du Seigneur me fut adressée :
« Fils d’homme, je vais te prendre subitement la joie de tes yeux. Tu ne feras pas de lamentation, tu ne pleureras pas, tu ne laisseras pas couler tes larmes.
Soupire en silence, ne prends pas le deuil ; enroule ton turban sur ta tête, chausse tes sandales, ne voile pas tes lèvres, ne prends pas le repas funéraire. »
Le matin, je parlais encore au peuple, et le soir ma femme mourut. Le lendemain matin, je fis ce qui m’avait été ordonné.
Les gens me dirent : « Vas-tu nous expliquer ce que tu fais là ? Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? »
Je leur répondis : « La parole du Seigneur m’a été adressée :
Dis à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais profaner mon sanctuaire, votre orgueil et votre force, la joie de vos yeux, la passion de votre cœur. Vos fils et vos filles, que vous avez laissés à Jérusalem, tomberont par l’épée.
Vous ferez alors comme je viens de faire : vous ne voilerez pas vos lèvres, vous ne prendrez pas le repas funéraire,
vous mettrez vos turbans, et vous chausserez vos sandales. Vous ne ferez pas de lamentation, vous ne pleurerez pas. Mais vous pourrirez dans vos péchés, et vous gémirez tous ensemble.
Ézékiel sera pour vous un signe : tout ce qu’il a fait, vous le ferez. Et quand cela arrivera, vous saurez que Je suis le Seigneur Dieu.

Livre du Deutéronome 32,18-19.20.21.
Tu dédaignes le Rocher qui t’a mis au monde ;
le Dieu qui t’a engendré, tu l’oublies.
Le Seigneur l’a vu : il réprouve
ses fils et ses filles qui l’ont exaspéré.
Il dit : « Je vais leur cacher ma face
et je verrai quel sera leur avenir ;
oui, c’est une engeance pervertie,
ce sont des enfants sans foi.
Eux m’ont rendu jaloux par un dieu qui n’est pas dieu,
exaspéré par leurs vaines idoles ;
moi, je vais les rendre jaloux par un peuple qui n’est pas un peuple,
les exaspérer par une nation stupide.
