
Arrivée de la Troménie de Sainte Anne à Sainte-Anne-d’Auray le 25 juillet 2025
En lançant la Troménie de Sainte-Anne, Mgr Centène, évêque de Vannes, avait pour objectif de raviver la foi des paroisses, et de toucher le cœur des Bretons. Un double objectif pleinement atteint alors que ce pèlerinage de quatre mois s’achève ce week-end à Auray pour célébrer les 400 ans des apparitions de sainte Anne.
Ramener les Bretons au Christ par sainte Anne. Telle était la principale ambition de la Troménie de Sainte-Anne, ce pèlerinage d’envergure identifiable à sa calèche transportant une statue de sainte Anne et tirée par un cheval de trait qui a sillonné le diocèse de Vannes pendant quatre mois et demi. Une initiative inédite lancée par le diocèse de Vannes et le sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray à l’occasion du 400e anniversaire des apparitions de sainte Anne.
Ce vendredi 25 juillet marque le dernier jour de la Troménie. Attirant plus d’une centaine de pèlerins, elle est arrivée en début d’après-midi au sanctuaire de Sainte-Anne-d’Auray, après 115 jours de marche, 1.800 kilomètres parcourus et 130 paroisses traversées. À quelques heures de l’arrivée, Aleteia a interrogé Rémi Seigle, le responsable de la Troménie missionné par l’évêque, sur les fruits humains et spirituels de la Troménie de Sainte-Anne.
Des paroisses animées d’un nouveau feu missionnaire
Un des premiers fruits observés par Rémi Seigle est la constitution, au sein des paroisses du diocèse de Vannes, d’un réseau dynamique de bénévoles, en plus des équipes déjà existantes. « Grâce à la Troménie, des équipes ont été montées dans chaque paroisse afin d’accueillir le passage de la Troménie, les personnes ont fait connaissance, il y a désormais un réseau qui n’existait pas avant », souligne l’organisateur. En accueillant la Troménie, chaque paroisse a également redécouvert l’esprit de pèlerinage. « Les paroisses ont pu redécouvrir ce qu’était un pèlerinage, la marche à pied, l’effort, l’esprit fraternel », se réjouit Rémi Seigle.
Des paroisses qui ont redécouvert aussi le sens de l’accueil. Guillaume, 18 ans, a rejoint la Troménie sur les derniers tronçons. Avec sa cornemuse, il joue aux abords des habitations pour annoncer le passage de la calèche. Auprès de chaque paroisse traversée, il découvre une Église locale vivante et fraternelle, où l’accueil n’est pas seulement logistique, mais profondément humain : « on est reçu comme des frères », confie-t-il.

Troménie de Sainte Anne
D’un point de vue spirituel, le plus enrichissant pour les paroisses aura sans doute été la découverte de la puissance de l’adoration. Chaque journée de la Troménie se clôture par une veillée de prière. Dans deux tiers des cas, les paroisses avaient prévu des veillées d’adoration devant le Saint-Sacrement. « Et lorsqu’il y a une adoration eucharistique, il y a un regain de ferveur et d’évangélisation », constate Rémi Seigle. De véritables redécouvertes spirituelles ! « Dans certaines paroisses, il n’y avait pas eu d’adoration depuis plusieurs années », souligne le responsable. Et de citer aussi ce village, Allaire, que la Troménie a traversé la jour de la Fête-Dieu et qui n’avait pas connu de procession depuis une quarantaine d’années pour cette fête.
Des Bretons rencontrés, visités et touchés
Le second objectif de Mgr Centène était de réveiller la foi des Bretons et de les ramener au Christ par sainte Anne. Pour l’évêque, l’évangélisation passe par la rencontre. Un des grands enseignements de ce pèlerinage ? Les rencontres se sont faites davantage pendant la marche plutôt que lors des stands dédiés montés à l’arrivée de la calèche dans les paroisses. « On avait misé sur nos stands mais les plus belles rencontres se sont faites pendant la marche », raconte Rémi Seigle. « D’ailleurs Jésus évangélisait en marchant ! », souligne-t-il. Sur les derniers tronçons, de plus en plus de fidèles rejoignent la marche. Depuis le secteur de Carnac, une centaine de personnes marchent derrière la calèche tous les jours. Guillaume, le jeune joueur de cornemuse, est témoin de cette affluence. « On sent qu’il se passe quelque chose, une ferveur tranquille », remarque-t-il. Il est aussi touché par les visages qu’il rencontre au bord des chemins. « Ces gens qui viennent voir passer sainte Anne, parfois en silence, parfois avec les larmes aux yeux… c’est très fort. »

Laure-Emmanuelle Gache
Pendant la marche, des petites équipes d’évangélisateurs abordent les personnes croisées au long du chemin. « On croise 300-400 personnes tous les jours, et tous les jours, j’ai pu mesurer combien les gens étaient touchés. Les réactions hostiles se comptent sur les doigts d’une main. Certains étaient indifférents, mais dans la grande majorité, les Bretons ont été interpellés, sainte Anne leur parle. » Un de ses plus beaux souvenirs ? Ce paysan sur son tracteur, en plein travail dans son champ, qui, voyant passer la calèche sur laquelle trônait sainte Anne, descend, se décoiffe, fait un signe de croix puis retourne sur son tracteur.
Ecoles et EHPAD, des lieux de grâces
Presque chaque jour, la Troménie visite une école ou un EHPAD. Une manière de rendre sainte Anne présente au milieu des élèves et des personnes âgées. Là encore, la Troménie a atteint son but. La calèche s’est rendue dans une centaine d’écoles (écoles primaires principalement et quelques collèges) du diocèse de Vannes. « Dans chaque école, les enfants étaient très bien préparés, ils ont prié, chanté, marché avec nous, les enseignants se sont vraiment mobilisés et on a ressenti une vraie soif », assure Rémi Seigle.

Quant aux EHPAD – pas moins de 70 établissements ont reçu la visite de sainte Anne –, c’est là que les rencontres ont été les plus émouvantes. « On a mis du temps à comprendre, on ne l’a pas fait tout de suite mais dans les dernières semaines : nous prenions la statue de sainte Anne et nous l’amenions devant chaque résident, un par un », témoigne Rémi Seigle. C’est un des souvenirs que Céline, 42 ans, originaire d’Arradon, conservera de la Troménie : « la statue de sainte Anne a été portée près de chaque résident. J’ai vu des regards briller, des larmes silencieuses, des mains tendues. Cette émotion dans leurs yeux… je ne l’oublierai jamais », confie-t-elle.
La foi des Bretons s’est illustrée aussi à travers les intentions de prière, très nombreuses, glissées chaque jour dans la boîte aux lettres sur la calèche prévue à cet effet. « La boîte était pleine tous les soirs, il y a une soif d’absolu », constate le responsable du pèlerinage. Chaque soir, les pèlerins priaient et confiaient à sainte Anne les intentions des fidèles. Au terme de quatre mois et demi de marche, de rencontres et de prière à sainte Anne, Rémi Seigle est confiant et ouvert à la grâce. « On a semé, le résultat ne nous appartient pas, sainte Anne, c’est l’école de la patience ! »
Source : ALETEIA, le 25 juillet 2025