
Le déconfinement, motif de rupture entre Emmanuel Macron et les catholiques ?
Enquête
Nombre d’évêques et de fidèles catholiques s’insurgent de la décision du gouvernement de maintenir l’interdiction des cultes publics jusqu’à début juin en raison du Covid-19. Découlant d’incompréhensions entre l’épiscopat et l’exécutif, ces tensions risquent toutefois de fâcher durablement des catholiques.
« Nous ne sommes pas dans un bras de fer. » Évoquant les relations entre le gouvernement et la Conférence des évêques de France (CEF), le père Thierry Magnin, porte-parole de cette dernière, joue l’apaisement dans un contexte tendu. Jeudi 30 avril, après un entretien avec le ministre de l’intérieur, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a lui aussi appelé à « ne pas durcir les choses ».
Depuis qu’Édouard Philippe a annoncé que la reprise des cultes n’aurait pas lieu avant le 2 juin, des catholiques expriment leur colère. Évêques, prêtres ou laïcs estiment que la reprise des messes dominicales aurait dû avoir lieu dans la foulée du 11 mai et de l’amorce de déconfinement.
Pourtant, la décision du premier ministre ne paraît pas si inattendue, compte tenu de ce qui avait filtré des échanges des jours précédents entre les représentants des cultes et l’exécutif. Mais cette séquence semble avoir tourné à l’incompréhension, voire au dialogue de sourds.
Une « écoute favorable » mais pas d’engagement
Lundi 20 avril, Mgr de Moulins-Beaufort présentait aux services de Matignon des propositions circonstanciées pour une reprise du culte aussi sûre que possible sur le plan sanitaire, dès le début du déconfinement. Les représentants de la CEF en ressortaient visiblement optimistes sur leurs chances d’être entendus, témoignant d’une « écoute favorable ». Tandis qu’au sein de l’exécutif, on précisait bien qu’« aucun engagement n’a été pris », qu’il s’agisse de l’application des mesures suggérées ou du calendrier.
Source et suite : La-Croix, le 1er mai 2020